Armand Colin

Armand Colin est né à Tonnerre où son père tenait une petite librairie au pied de la rue Saint-Pierre. Une rue de la ville porte son nom (mais la rue Saint-Pierre où son père tenait boutique à conservé sa dénomination  originelle à la demande de la famille). Armand Colin  est cité dans le « Dictionnaire biographique généalogique et historique de l’Yonne » écrit par Paul Camille Dugenne (quatre volumes), publié par la  SGY :

COLIN Armand Auguste

° Tonnerre, 31 VIII 1842 ; † Paris, VI 1900.

– f. d’Édouard Télesphore, libraire, & Marie Augustine Hirmelin.

– Élève au collège Sainte-Barbe et au lycée Saint-Louis, travaille dans deux grandes librairies avant de fonder sa propre maison d’édition « Armand Colin » dont la devise est « Labeur sans soin, labeur de rien », rue Condé (1870), puis rue de Mézières (1877). Il publie des ouvrages pour les classes primaires profitant de la loi de 1881 réorganisant et rendant obligatoire l’enseignement primaire. Sa production passe de 60 000 volumes en 1872 à 139 000 en 1878. Parmi ses succès, l’atlas Foncin, puis l’atlas et les cartes Vidal-Lablache, l’histoire d’Ernest Lavisse, l’enseignement scientifique de Paul Bert et une collection (qui précède Que sais-je) de très haute qualité, dont les chefs de section sont entre autres : Gaston Bachelard (Philosophie), Pierre Renouvin (Histoire et Sciences économiques), Pierre Montel (Mathématiques), Georges Champetier (Chimie). À l’édition, il ajoute une branche « Matériel scolaire ». Il fonde Le Petit Français illustré, Journal des Écoliers et Écolières, qu’il dirige pendant 12 ans. Il obtient un diplôme de Mérite à l’Exposition de Vienne (Autriche), une médaille d’argent de la Société pour l’instruction élémentaire, un diplôme d’honneur à l’Exposition de Compiègne, et une médaille de Vermeil à l’Exposition de Versailles (1877).

– Il est avec P. Foncin un des fondateurs de l’Alliance française, et trésorier ; membre du Conseil d’administration de l’institut commercial ; membre de la commission des valeurs de Douane ; membre fondateur de la ligue des Droits de l’Homme.

¥ (ca. 1872) Blanche Badin, f. de Jules, & Pauline Lheureux.

[SAHT, 34/J. Fromageot, D]

Généalogie de la famille COLIN :

Les ancêtres d’Armand Colin se trouvent dans le nord-est de l’Yonne sur les cantons de Cruzy-le-Châtel, Ligny-le-Châtel, Tonnerre. L’ancêtre connu le plus lointain, Claude COLIN, est né au début du 18e siècle ; on le trouve marié à Anne REGNARD, il est cité lors du mariage de son fils Nicolas, procureur fiscal, le 14 janvier 1744 à Cruzy avec Madeleine THIERRY. Le couple aura au moins deux enfants, Jean Baptiste et Louis. Louis COLIN épouse Thérèse Elisabeth LEGER, le 12 octobre 1778, à Saint-Vinnemer. Leur fils, Louis Michel se marie avec Nicolle Pauline LEGER le 26 janvier 1807 à Saint-Vinnemer avant de décéder le 4 septembre 1835 à Ligny le Châtel. Ce couple COLIN x LEGER, a trois enfants, au moins :

– Nicolas, né le 3 mai 1808 à Cruzy-le-Châtel

– Charles Narcisse, né le 10 mai 1810 à Cruzy-le-Châtel

– Edouard Théléphore, né le 13 novembre 1817 à Cruzy-le-Châtel qui épouse Rosalie Augustine HERMELIN le 9 novembre 1838 à Cruzy-le-Châtel. Auguste Armand COLIN est le fils de ce dernier couple, né le 31 août 1842 à Tonnerre.

 

Tonnerre : la rue Saint-Pierre, rue natale d’Armand Colin

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Armand COLIN,

D’après une page ‘Facebook’ :

Les débuts

A la naissance d’Armand Colin, en 1842, son père Edouard Colin, exerçait le métier de libraire à Tonnerre (Bourgogne). En 1850, ce dernier décide de renoncer à la libraire et de quitter la Bourgogne pour la capitale française où il devient commissionnaire de compagnies d’assurances des bords de Seine, jusqu’en 1870. En 1860 à la mort de sa mère, Armand achève sa scolarité au Collège Sainte-Barbe sans aucun diplôme. En 1866 il se retrouve chez Charles Delagrave, vieille connaissance d’école, lequel vient de racheter le stock de la maison Dezobry et entreprend de vendre livres et matériels scolaires, un autre « barbiste » est embauché, Fernand Nathan.

En 1870, le père d’Armand quitte les assurances et dépose une demande de brevet de librairie sur Paris ; c’est donc au 16 rue Condé qu’Edouard Colin va installer sa librairie. Le nom du jeune Armand Colin apparaît pour la première fois en tant qu’éditeur dans le Catalogue général de la librairie de 1870, à propos d’une série de traités du mathématicien Joseph Adhémar (1797-1862). L’année suivante, deux livres porteront son estampille, un livre d’histoire religieuse, de Mathieu Tidon, et un ouvrage, de Jules Tardieu,  sur le conflit franco-prussien qui vient de se terminer. Guerre à laquelle le jeune éditeur avait pourtant participé en tant qu’engagé volontaire dans le 20ème bataillon de la 1ère compagnie de la Garde nationale.

C’est grâce à Auguste Merlette, professeur de science, et Aimé Hauvion, un de ses anciens élèves, tous deux à l’origine d’un hebdomadaire l’enseignement primaire, L’Encyclopédie des Ecoles, qu’il va publier à la rentrée de 1872, le Manuel de grammaire signé sous le nom de « Larive et Fleury ».

La réussite d’Armand Colin

Au lendemain de la défaite face à la Prusse, les Français cherchent, par le biais d’une meilleure instruction, les voies d’une émancipation intellectuelle et les ventes de manuels scolaires triplent entre 1870 et 1874. Armand Colin impose sa marque grâce à la clarté de son texte, au soin apporté à ses illustrations, à la pertinence de ses exercices, voire à son type de couverture.

De plus il a appris auprès de son père et de Delagrave combien le sens du contact personnel est important et il envoie à tous les instituteurs de France un spécimen gratuit de son manuel avec une notice.

En 1873, Armand Colin s’associe à Louis Le Corbeiller qui apporte un tiers du capital de la société, fixé à 190 000 francs, les deux autres tiers étant aux mains d’Armand, mais la responsabilité de la direction est partagée à égalité. Leur collaboration continuera jusqu’en 1899, date à laquelle Le Corbeiller s’effacera au profit de son gendre, Henri Bourrelier.

Armand Colin se voit décerner, en 1889, la Médaille de bronze de l’économie sociale grâce à la mise en place d’une caisse de retraite pour le personnel, de salaires plus élevés qu’ailleurs, de prêts pour l’achat de livres, un congé annuel de huit jours, des avances pour ceux qui souhaitent prendre des cours du soir, des rabais de 50% pour l’acquisition de la production interne et enfin des dons au moment d’une naissance, d’un mariage ou d’un décès.

Armand Colin soigne ses relations avec l’appareil ministériel, et insiste pour que ses manuels soient retenus par la commission d’examen de la Ville de Paris.

Pour les illustrations du Petit français illustré il fait appel à Christophe, l’inventeur de La Famille Fenouillard, du Sapeur Camembert, du Savant Cosinus, de Plic et Ploc. Premiers titres et premiers jalons dans l’histoire de la BD.

Pas moins de 50 millions de volumes, soit le quart du marché du livre scolaire, seront vendus par la maison Armand Colin entre 1872 et 1889. Le catalogue passe de l’enseignement primaire, secondaire, au supérieur et s’étend à toutes les disciplines des lettres, de l’histoire, de la géographie, des langues, anciennes et vivantes, et des sciences.

Il crée en 1892 lors d’un vent de réformes sur les universités, la Revue universitaire, qui sera suivie de la Revue d’histoire littéraire, des Annales de géographie, de la Revue de métaphysique et de morale, de la Revue philosophique, la Revue politique et parlementaire.

La vie personnelle d’Armand Colin

Deux mois après la naissance de la société, Armand se marie à Blanche Badin. De dix ans sa cadette, elle est issue d’une famille de vieille souche parisienne. Le couple a deux filles, Jeanne et Alice, et mène un train de vie très bourgeois.

Jeanne, épouse, en 1894, Max Leclerc, fils de la grande bourgeoisie qui signe chez Armand Colin, L’Education des classes moyennes et dirigeantes en Angleterre, Choses d’Amérique, Lettres du Brésil.

Alice, épouse Victor Bérard, qui signe en 1902, chez Armand Colin, Phéniciens et Odyssée, puis Les Navigations d’Ulysse.

Armand Colin s’implique dans l’affaire Dreyfus en se mettant, dans L’Aurore, en tête des signataires de la deuxième protestation en faveur du « maintien des garanties légales des citoyens contre tout arbitraire » tout en stigmatisant les « irrégularités » du procès de Dreyfus, en 1894, devant le conseil de guerre. Il figure au rang des dreyfusards aux côtés de ses gendres, Bérard a signé la première protestation, le 14 janvier, au lendemain de la lettre de Zola, Leclerc la suivante avec son beau-père.

Armand Colin, l’un des premiers membres de Ligue des Droits de l’Homme, rejoint également l’Alliance française, qu’il considère comme le prolongement de ses travaux d’éditeur.

A l’Exposition Universelle de 1900, l’Alliance française rend hommage à l’éditeur qui lui a fourni des centaines de manuels, Mais cet hommage, le destin a voulu qu’Armand n’ait pas eu le temps de l’entendre.

Il décède le 18 juin 1900.

La succession d’Armand Colin

A la mort d’Armand Colin en 1900, son catalogue est riche de 1 100 titres.

Max Leclerc est le dauphin désigné par Armand Colin, ainsi qu’Henri Bourrelier qui succède à son beau-père Louis Le Corbeiller. Leur association va durer vingt-six ans.

En 1910, ils décident d’adopter un nouveau logo dessiné par René Ménard, autour duquel s’enroule la devise « Labeur sans soin, Labeur de rien ». En 1913, la société emménage boulevard Saint-Germain, au 103.

Jusqu’à la Première Guerre Mondiale, Armand Colin & Cie, jouit d’une belle santé, toutefois la Grande Guerre fait des dégâts sur le plan humain et financier. Vingt-deux employés sont morts dans les tranchés, pendant ces quatre années, l’activité est suspendue. Au sortir de la guerre le redémarrage s’avère lent. Pourtant c’est à ce moment que naît l’idée d’une collection originale : une vulgarisation de qualité sous la forme de livres bon marché (15 francs) à la pagination réduite, et au format de poche, destinés aux jeunes sortis de l’école, désirant s’instruire mais empêchés de suivre des cours à l’université. Une maxime résume l’esprit : Vulgariser sans abaisser.

Max Leclerc souhaitait passer la relève à son fils aîné, André, mais ce dernier meurt subitement en 1924 d’une septicémie, Max s’en remet donc à son deuxième fils, Jacques. Henri Bourrelier souhaite également se retirer et céder la place à son fils, Michel. Un conflit d’intérêt naît entre Max et Henri sur les sommes investies ; à la suite d’un procès un accord à l’amiable est trouvé. Max rachète les parts d’Henri qui ne pourra pas transmettre le témoin à son fils.

Max Leclerc décède le 6 juin 1932. Jacques Leclerc reprend le flambeau, accompagné par l’adjoint de son père, René Philippon.

La guerre 1939-1945, la librairie Armand Colin l’a vécue dans les fers de la censure. A la fin de cette dernière, René Philippon est déféré devant les tribunaux en tant que président du Syndicat des éditeurs, cité à comparaître sous l’accusation d’atteinte à la sécurité de l’Etat, et la Librairie se retrouve sur le devant de la scène. Le reproche fait a René est d’ « avoir collaboré avec l’ennemi en imposant la mise en vente de publication crées par la propagande allemande et en s’associant à la convention de censure du 28 septembre 1940 et à l’établissement des listes Otto, ainsi qu’à la participation à des manifestations culturelles organisées par l’occupant ». Toutefois la Cour de Justice l’acquitte.

En peu de temps la maison redore son blason grâce à de nouveaux ouvrages et de nouveaux auteurs.

En 1963 Armand Colin fusionne avec les éditions Bourrelier crées en 1963 par le fils d’Henri Bourrelier. La société est conduite par Jean-Max Leclerc, tout juste sorti d’HEC qui succède à son père Jacques. Ce dernier met en place la collection « U » qui ravit la vedette aux autres. Dominique le frère de Jean-Max devient directeur général et sa fille Caroline intègre également l’équipe et créée la collection « Cursus », qui fait son apparition en librairie en 1988.

Toutefois, en 1987, la maison devait abdiquer son indépendance et Jean-Max la céder à Masson. Le nouvel ensemble devient le principal éditeur français d’ouvrages universitaires et de sciences humaines avec un chiffre d’affaire de 600 millions de francs.

En 1994 après la mort prématurée de Jean-Max Leclerc, le groupe de la Cité s’empare de Masson-Colin . Le groupe de la Cité, CEP communication, transfère les activités scolaires d’Armand Colin chez Nathan et les fonds droit et sciences humaines de Masson passent dans l’escarcelle « U ».

La sphère éditoriale connaît un nouveau développement avec la reprise en 2004 par Hachette-Livre, d’Armand Colin, Dunod, Larousse, suite à l’acquisition d’une part importante du groupe Editis. Colin hérite du secteur universitaire de Nathan, la collection « Fac », la collection « Circa », la collection « 128 », « Essais et recherches » dirigée par François de Singly et auquel contribue le sociologue Jean-Claude Kaufmann et du fonds de la maison Sedes, spécialisée dans les ouvrages pour les concours d’enseignements.

Quelques dates

• 1842 : Naissance, le 31 août, à Tonnerre (Yonne)

• 1850 : Arrivée à Paris.

• 1870 : Armand Colin se lance dans l’édition à son compte. Il s’installe au 16 de la rue Condé.

• 1872 : Première édition de la grammaire Larive et Fleury.

• 1873 : Débuts officiels de l’association Armand Colin – Louis Le Corbeiller

• 1877 : La librairie s’installe rue de Mézières.

• 1880 : Armand Colin emménage boulevard Saint Germain

• 1883 : Armand Colin rejoint l’Alliance Française

• 1884 : Publication du « Petit Lavisse »

• 1898 : Armand Colin signe dans L’Aurore, le 19 janvier la protestation contre l’irrégularité du procès Dreyfus. Il adhère à la ligue des droits de l’Homme.

• Louis Le Corbeiller se retire.

• 1900 : Mort, le 18 juin, d’Armand Colin. Max Leclerc, gendre d’Armand Colin et Henri Bourtelier, gendre de Louis Le Corbeiller, sont à la tête de la Librairie.

• 1913 : La Librairie Armand Colin est installée boulevard Saint Germain.

• 1926 : Rupture entre Max Leclerc et Henri Bourrelier. Max Leclerc est seul aux commandes.

• 1929 : Premier numéro, le 15 janvier, des annales co-dirigées par Marc Bloch et Lucien Febvre.

• 1932 : Mort, le 6 juin, de Max Leclerc. Son fils Jacques lui succède.

• 1938 : Rupture entre Jacques Leclerc, d’un côté, Marc Bloch et Lucien Febvre, de l’autre. Les Annales ne renoueront avec Armand Colin qu’en 1958

• 1944 : Bloch fusillé, le 16 juin, par les nazis à Saint Didier de Formans (Ain)

• 1945 : Procès, le 29 novembre, de René Philippon, président du Syndicat des éditeurs et bras droit de Jacques Leclerc. Il est acquitté.

• 1949 : Publication de la Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II de Fernand Braudel.

• 1956 : Mort de Jacques Leclerc. Son fils Jean-Max, lui succède. A ses côtés, son frère cadet, Dominique, est directeur de la production. Il sera plus tard directeur général.

• Mort de Lucien Febvre.

• 1960 : Premiers titres de la collection U.

• 1963 : Armand Colin rachète les éditions Michel Bourrelier

• 1987 : Masson absorbe Armand Colin

• 1992 : Mort de Jean – Max Leclerc

• 1994 : Le groupe de la cité rachète le groupe Masson – Armand Colin

• 2004 : A l’occasion de la cession Vivendi, reprise par Hachette-Livre d’Armand Colin

     

Tonnerre : La rue Armand-Colin.

 

About cm1

R. Timon, né en 1944 a été instituteur, maître formateur, auteur de manuels pédagogiques avant d’écrire pour le Webpédagogique des articles traitant de mathématiques et destinés aux élèves de CM1, CM2 et sixième.

Category(s): éditeurs

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