Léon Dubreuil

Léon Dubreuil

(1880-1967)

            Léon Dubreuil, comme nombre d’inspecteurs d’académie eut une carrière itinérante. Fidèle à ses origines vendéennes, la majorité de ses publications a trait à la Chouannerie et l’histoire de la Révolution dans l’Ouest de la France, cependant au cours de son bref passage dans l’Yonne, il a cosigné, avec Jeanne Séguin, un Département de l’Yonne. C’est sans doute à cette occasion qu’il a approfondi ses connaissances de Paul Bert dont il a écrit une biographie.

Nous remercions monsieur Chiron qui nous a révélé cet auteur et à qui nous devons la plupart des renseignements ci-dessous.

                   Léon Dubreuil est né à La Verrie (Vendée) le 26 novembre 1880 au carrefour du Poitou, de l’Anjou et de la Bretagne où son père, Firmin, est directeur d’école. Ce dernier ne fréquente l’église que pour le dimanche de Pâques. Dans ses ancêtres, il compte certaines personnes de sensibilité contre-révolutionnaire et cite l’un d’entre eux qui participa au soulèvement mené en 1832 par la duchesse de Berry. Il passe son enfance en Vendée à Bouin dans le Marais breton (en face de l’île de Noirmoutier) où son père est nommé, il s’agit alors d’un village de plus de 2 500 habitants. Bouin appartenait avant la Révolution aux marches communes de la Bretagne et du Poitou, il a été marqué par un massacre de républicains captifs et un assassinat de royalistes prisonniers durant les guerres de Vendée.

              Il fait sa scolarité secondaire au lycée de Nantes de 1891 à 1900 (soit quarante après le passage de Clemenceau dans cet établissement), il relate les souvenirs de sa scolarité dans l’enseignement secondaire dans un numéro de la revue Les Annales de la Société académique de Nantes. Il y dépeint entre autre son professeur d’allemand Maurice Potel, qui revenant de la cour de Russie où il avait été lecteur, arborait une épingle de cravate avec trois diamants que lui avait offerte l’impératrice. Il passe l’ensemble de sa scolarité dans ce lycée en compagnie du futur peintre Jacques Patissou, qui deviendra par ailleurs professeur de peinture à l’École polytechnique.

                        Professeur d’histoire-géographie dans divers lycées de province, il devient inspecteur d’académie de la Lozère puis de l’Yonne dans les années vingt et inspecteur d’académie de l’Eure puis de la Côte d’Or dans les années trente. Afin de ne pas rentrer en conflit ouvert avec le président du Conseil général, son intervention publique est soit lente et timide, soit inexistante, pour défendre un inspecteur de circonscription (qu’il avait d’ailleurs connu auparavant dans l’Yonne puisque Victor Voiron a été inspecteur primaire à Auxerre de 1923 à 192Smilie: 8) très actif militant de la Ligue de l’enseignement attaqué par les conseillers généraux adversaires de l’école publique sur le prétexte que par la route et non par un chemin de terre il y a une distance entre deux écoles qui justifie selon l’usage que les enfants ne soient pas regroupés dans une seule. Une belle bataille commence à front renversé, les partisans de l’école privée en ville accusent l’inspecteur primaire connu pour sa laïcité intransigeante de sacrifier l’école publique dans un village bourguignon où l’enseignement catholique n’a jamais existé. L’attitude de Léon Dubreuil le fait dénoncer par les élus et journaux du parti socialiste et du parti communiste comme complice des réactionnaires, le syndicat des instituteurs de la Côte d’Or emboîte le pas, l’amicale des inspecteurs primaires en prenant partie pour un de ses adhérents met en cause la gestion (ou la non-gestion) du problème qui a été faite par Léon Dubreuil. L’inspection générale se rend sur place en la personne d’Ab Der Halden, elle juge qu’il n’est plus possible que Léon Dubreuil reste le supérieur hiérarchique de cet inspecteur vue la détérioration extrême de leurs relations en raison de cette affaire. Dans l’atmosphère de préparation aux élections législatives de 1936, l’inspecteur de circonscription est déplacé à Trévoux dans l’Ain où lui sont offertes des conditions assez particulières d’exercice et à son arrivée au ministère Jean Zay le nomme à Vienne dans le Rhône sur un poste attrayant. Des proches du gouvernement de Vichy sauront rappeler cette histoire et il se verra déplacer à Embrun, ceci l’amènera à demander immédiatement sa retraite. La carrière de Léon Dubreuil souffre de ces évènements, ils arrivent au moment où son ambition de devenir inspecteur général pouvait se réaliser. Il est toujours inspecteur d’académie à Dijon lorsqu’il prend sa retraite au cours de la Seconde Guerre mondiale.

                 Léon Dubreuil décède le 6 mars 1967 à Bain-de-Bretagne après avoir fourni régulièrement durant sa vie active des études historiques et géographiques autour de la Bretagne et particulièrement sur les personnages de cette région ayant pris la tête des partisans de la Révolution, une monographie avec un livre de souvenirs (imprimé à Auxerre en 1930) et des articles sur certains habitants et le village aujourd’hui vendéen de Bouin des marches poitevines et bretonnes, un ouvrage sur la vie de Renan, un copieux volume sur Paul Bert en 1935. À la mort de Léon Duringer en 1919, il donne un article dans La Gerbe sur ce chansonnier, connu sous le nom de Léon Durocher, co-fondateur de l’association « Les Bretons de Paris » et son aîné au lycée de Nantes. Ses ouvrages historiques sont le fruit d’un travail s’appuyant exceptionnellement sur des pièces d’archives, il y adopte des thèses favorables aux idées révolutionnaires sans nier l’existence d’exactions dans la répression des Vendéens et Chouans.

                   En matière de manuels scolaires, outre sa collaboration avec Jeanne Séguin (alors professeur à l’École normale de filles d’Auxerre) pour une histoire et géographie intitulée Département de l’Yonne parue en 1928, on lui doit en compagnie de C. Charlot Mon livre unique de géographie pour les classes primaires élémentaires de niveau cours moyen et cours supérieur pour 1938 et La Question écrite d’histoire au brevet élémentaire en 1939 avec Ch. Galubet. Le livre de géographie de Léon Dubreuil est vaut pour ses idées claires, ses intertitres qui servent de résumé, ses cartes très schématiques, des lectures (elles n’apparaissent pas à l’image mise sur le site) qui pour chaque chapitre apportent de la vie ; il constitue un ensemble dégraissé et efficace.

Outre son dossier professionnel et celui de l’inspecteur primaire Voiron déposés aux archives nationales, nous avons consulté divers ouvrages de sa plume et sa très courte biographie dans l’ouvrage Un Grand Lycée de province : le lycée Clemenceau de Nantes.

[Alain Chiron]

 

Extrait de la bibliographie de Léon Dubreuil :

a) Ouvrages à caractère pédagogique :

L. Dubreuil & J. Séguin, Département de l’Yonne, 1928, Impr. André Lesot, 8 pages

Ch. Galubet. & L. Dubreuil, La Question écrite d’histoire au brevet élémentaire, 1939

C. Charlot & L. Dubreuil, Mon livre unique de géographie, CM & CS, 1938, Aubier [surchargé: Nathan], 252 pages

b) Ouvrages suscités par le séjour de L. Dubreuil dans l’Yonne :

L. Dubreuil,  Paul Bert et l’enseignement secondaire féminin, 1931, Paris, Marcel Rivière

L. Dubreuil,  Un Artisan des lois laïques : Hippolyte Ribière, 1933, Paris, Marcel Rivière

L. Dubreuil,  Paul Bert, 1935, 288 pages, chez Félix Alcan, Bernigaud & Privat  imp. à Dijon

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Etat civil : naissance, La Verrie (85)

« L’an 1880, le 26 novembre à 4 heures du soir /…/ a comparu DUBREUIL Firmin[1], 28 ans, instituteur, demeurant au chef-lieu de cette commune lequel nous a présenté un enfant du sexe masculin né ce jour sur les 4 heures du matin de lui et de NEAUX Céline, son épouse, 23 ans, propriétaire /…/ a donné les prénoms de Léon Aristide Firmin. Témoins COUTAN Victor, 24 ans, instituteur adjoint, ami ; CHAMBIRON Henri, tisserand, 40 ans, ami.

Mentions marginales :

Marié le 5 août 1907 à Guingamp avec Marie Yvonne LOUBAUD

Décédé à Bain-de-Bretagne, le 6 mars 1967


[1] Directeur d’école publique à Bouin (Vendée) est officier des Palmes académiques en 1904. [Source INRP]

 

 

 

About cm1

R. Timon, né en 1944 a été instituteur, maître formateur, auteur de manuels pédagogiques avant d’écrire pour le Webpédagogique des articles traitant de mathématiques et destinés aux élèves de CM1, CM2 et sixième.

Category(s): biographie

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