Ce matin lorsqu’on s’apprêtait à prendre l’avion, Julie ma petite sœur s’est attardée sur un écran qui indiquait le tracé de notre vol. Elle m’a demandé à quel pays appartenaient les îles qu’elle voyait à droite et que nous allions survoler.
Le Japon n’y était pas directement indiqué mais je lui ai fait remarquer des villes comme Nagasaki et Hiroshima et plus particulièrement celle de Kobo. A partir de ce moment, ces villes ont fait écho dans sa mémoire car il y a quelques semaines de cela je lui avais fait découvrir un film d’animation Japonais incontournable; « Le tombeau des lucioles »…
En effet il m’a paru important qu’à son âge elle puisse découvrir et ressentir ce chef d’œuvre de Isao Takahata qui nous plonge dans les périodes crues de la seconde guerre mondiale où il retransmet sans hésiter le destin tragique de deux orphelins.
Alors, la gorge serrée, on plonge dans le film et on progresse lentement dans le calvaire du grand frère Seita et de la petite Setsuko. Ils font face aux bombes lâchées par les bombardiers américains, à la mort crue de leur mère brûlée dans leur ville embrasée de Kobe et de leur père mort au combat, à la faim, à la maladie et à l’indifférence qui devient insupportable pour ces êtres si innocents.
On est ému par la complicité de Seitsuko et de son grand frère à qui l’on arrache les piliers de l’enfance mais qui malgré tout essayent tant bien que mal de se créer un bouclier protecteur pour faire face à toutes ces horreurs et les injustices auxquelles ils sont confrontés.
C’est à travers différentes scènes que Takahata passe de détails effroyables de la guerre à des scènes de poésie extrêmement légères telles que la baignade au bord de la mer, la récolte des lucioles au bord du lac étoilé… Ces séquences sont de véritables respirations au cours de l’histoire mais elles s’achèvent cependant toutes sur l’ombre de la mort, omniprésente, s’insinuant dans presque chaque image et chaque réplique.
Pourquoi est-ce que les lucioles meurent-elles si vite? -Setsuko
La beauté et la grâce des graphismes de la scène des lucioles nous a plus particulièrement touchée avec ma sœur car il y a quelques années de cela nous avons pu assister à ce spectacle lors d’un voyage en Malaisie. En effet c’est en s’enfonçant en pirogue dans la mangrove humide de Cherating durant la nuit, que nous avons pu aller à la rencontre de nuées de lucioles vacillant et clignotant autour de nous. Le spectacle était silencieux, majestueux. Les « Fireflyes » mâles, qui eux seuls émettent des signaux lumineux pour attirer les femelles, sortaient des feuillages des arbres et venaient à nous grâce à une torche spéciale à feu rouge qui les appelait. Ils venaient alors se déposer quelques instants sur nos têtes, sur nous bras pour ensuite s’envoler à nouveau dans le ciel et se refléter avec les étoiles sur la rivière.
Instants précieux, qui le sont d’autant plus pour Seita et Setsuko qui persistent à vivre en rêvant et en se questionnant avec leur âme d’enfant mais qui, petit à petit, viennent s’éteindre comme les lucioles dans ce monde où l’on recherche la paix.
Je vous invite vivement à aller voir (si ce n’est pas déjà fait, et encore, revoir c’est toujours génial) ce chef d’œuvre de Isao Takahata, grand maître des studios Ghibli !
PS : Et en plus, pas d’excuse pour les amateurs Netflix il y est depuis peu de temps et à regarder en vostfr c’est encore mieux ! ;))
Laurie Camelot – DNMADe Bij 2 – 2019-20