
Le corps humain nous intrigue, nous attire et nous obsède.
Aujourd’hui, à l’époque de Instagram, des top-modèles, et athlètes, l’obsession du corps est encore plus forte. Mais pourquoi suscite t-il tant d’intérêt ? Comment est-il représenté dans la société et pourquoi cela fait monter une vague de malaise sinon de panique ? Se pourrait t-il que le corps soit simplement « à la mode » ?
L’homme est surtout les femmes mènent un combat avec leurs corps pour qu’ils répondent aux critères de la société. Encore aujourd’hui, je reçois un snap d’une amie, je vais l’appeler « Loulou » (elle n’a jamais peur d’être jugée par quiconque, elle ose et se comporte de manière insolite sans jamais ressentir de la honte) dans lequel elle nous demande, probablement à toute une liste d’amis, si sincèrement on la trouvait grosse. D’un autre coté il y a quelques jours j’ai eu une longue discussion avec une amie très proche qui, elle, se bat avec son corps pour reprendre du poids. Et suite à cela, elle m’a laissé un poème qui décrivait ce duel, cette obsession et cela m’a bouleversé. Et étonnamment hier soir Yseult, une jeune chanteuse auteure-compositeur-interprète, française a publié un podcast parlant de son corps, que je vous invite à aller écouter. En effet elle affirme son identité de femme au delà d’être une femme noire, d’être une femme grosse. Et je retrouve dans ses paroles, le même mal être évoqué plus tôt, la difficulté à s’assumer et à s’aimer. L’esprit et le corps sont comme un couple, c’est un perpétuel je t’aime, moi non plus, c’est encore et toujours réapprendre à aimer son corps et non pas le subir. S’accepter tel que l’on est, tant que notre santé n’est pas remise en question, ne pas contraindre notre corps à s’uniformiser au moule normé de la silhouette à adopter dans cette société.
« Corps » c’est aussi le nom du titre qui a beaucoup fait parler d’elle, elle a su se mettre à nu avec comme pochette un gros plan sur ses bourrelets.
Posée sur de somptueuses notes de pianos, la voix brute et vibrante de Yseult se dévoile et nous transcende. Elle nous emmène gravir les montagnes, les courbes charnelles de son corps pour ressentir aux pics, les sentiments, l’explosion d’émotions qu’il y a en elle.
Suite à cela je suis retournée explorer le livre photographique « Le corps » de William A. Ewing qui m’attendait dans la bibliothèque. Il comporte 365 œuvres photographiques magnifiques, bizarres quelques fois brutales. Une réelle encyclopédie des corps, une poésie de la chair et de sa diversité. On redécouvre les corps dans des cadrages aiguillés; Des fragments de corps, de peau, de silhouettes de toutes couleurs, de toutes textures, de toutes formes, et c’est Beau ! C’est unique !
La réponse que j’ai donné suite au poème si personnel que mon amie m’a partagé, c’est cette chanson « Carcasse » d’Anne Sylvestre.
Cette carcasse, ce corps personnifié, avec lequel elle a cohabité toute sa vie est ici une deuxième personne, une sœur, une meilleure amie, avec qui elle peut être à la fois en accord et d’autres fois complètement étrangère. C’est un réel dialogue avec l’esprit le corps, qui sont contraires et qui pourtant viennent à s’accorder. Ils osent se regarder en face et le conflit cède finalement à l’harmonie.
En espérant que ces chansons et oeuvres auront délivré leurs messages, fait vibrer certains corps, je vous laisse sur cette citation de Victor Hugo.
« Aucune grâce extérieure n’est complète si la beauté intérieure ne la vivifie. La beauté de l’âme se répand comme une lumière mystérieuse sur la beauté du corps. »
Laurie Camelot – DNMADE Bij 2 – Avril 2020