Rougissant seras tu devant l’éclatant Rubis sanglant

Contexte sanitaire oblige, plus besoin d’avions pour partir en exploration à l’autre bout du monde alors profitons des riches expositions de la Capitale. Elles fascinent et dominent notre domaine de la joaillerie, les « Pierres précieuses » sont mises à l’honneur à la grande galerie de l’évolution à Paris. C’est alors que nous descendons pour la visite dans les profondeurs de la terre, au niveau inférieur du musée, là où entrent en collision les plaques tectoniques qui génèrent les immenses chaînes de montagnes, en dessous : des squelettes, des mammifères et des dinosaures du Rez de chaussée. Première découverte, dans une salle sombre et ronde, l’éclatant clip de la fleur de Fuchsia Van Cleef illuminée de rubis somptueux en serti mystérieux et d’une cascade de diamants.   


Celle-ci est accompagnée d’un rubis brut encré dans le marbre qui nous révèle une beauté au naturel qui nous ensorcelle. Et l’histoire de ces rubis se déroule dans nos oreilles où l’on nous raconte les origines de ces pierres de « collision », issues de roches métamorphiques, les différents gisements… Puis des noms tels que « Mogok », « sang de pigeon » me font sourire et retiennent mon attention. En effet ces précieux rubis me fascinent et nourrissent mes folles envies d’aventure et de conquête de connaissance, précisément depuis mars 2020, lorsque j’ai écouté l’épisode #27 « Le Mystère de la Vallée des rubis » du podcast

« Les Baladeurs ».  

Reprenons géographiquement : La localité de Mogok est située au cœur d’une vallée cachée dans les montagnes brumeuses du nord de la Birmanie et c’est de ces terres secrètes que sont issus les rubis les plus rouges, les plus rares et les envoûtants du monde. Et c’est en suivant attentivement la voix de Hugo Nazarenko, reporter français bercé par les récits d’aventure deJoseph Kessel  que je découvre ce monde Atlantide. Il retourne en 2018 en Birmanie avec une seule idée en tête, suivre les traces de Kessel et c’est depuis le toit de son hôtel qu’il lit le roman « La vallée des Rubis » avec, en vue, la jungle dense et sa vallée dissimulée, là où quelque part sont cachés ces trésors.


Sa détermination pour découvrir la vallée est sans frein et c’est en arpentant Rangoun et le marché de Ningalabar qu’il soutire des contacts auprès des habitants. Tous lui parlent d’une femme, une grande marchande de pierres qui est originaire de la vallée et qui sait comment s’y rendre, on l’appelle « The Queen of Rubis ». Puis c’est lorsqu’il la trouve, cette femme charismatique au doigt orné d’un énorme rubis qu’il retrouve son âme d’enfant rêvant lorsqu’elle lui raconte son enfance et la première fois qu’elle a trouvé un rubis dans une plaque d’égout.  Elle le fait passer derrière le comptoir et lui sort une boite avec d’énormes pierres, des Rubis « Sang de pigeon » éclatant d’un rouge franc teinté d’une pointe de bleu. Kessel décrit leur histoire :

 » La légende assure qu’aux temps immémoriaux un aigle géant, survolant le monde, trouva dans les environs de Mogok une pierre énorme, qu’il prit d’abord pour un quartier de chair vive tant elle avait la couleur du sang le plus généreux, le plus pur. C’était une sorte de soleil empourpré. L’aigle emporta le premier rubis de l’univers sur la cime la plus aiguë de la vallée. 

Ainsi naquit Mogok …  »

 

Les yeux écarquillés, je les imagine et les associe à la vitrine de l’exposition mais il manque cette immersion totale, l’imaginaire ne fait pas tout; et mon âme solitaire fervente d’exotisme, de rencontres et de trésors alimente mon projet d’y aller un jour à mon tour. 

Et comme  Kessel l’a dit: « Les grands voyages ont ceci de merveilleux que leur enchantement commence avant le départ même. On ouvre les atlas, on rêve sur les cartes. On répète les noms magnifiques des villes inconnues… »

En 1955 à l’époque où Kessel entreprend son voyage, la destination est en dehors des clous, Mogok est nom de légende connu seulement des téméraires, la vallée est prodigieuse et ses entrailles ruissellent de pierres… Ce mythe, ce mystère, dans des terres perdues aux conditions de vie plus que primitives sont sillonnées par les plus dangereux dacoïts, bandits sans foi ni loi, et infestées de rebelles…

Dorénavant, la Région abrite près de 3 quarts des rubis de la planète et fait vivre plus de 100 000 personnes. Lorsque c’est à Hugo de la découvrir, la vallée est jalousement contrôlée par la junte militaire au pouvoir, elle fait face à  un phénomène qui pourrait changer son destin ; les pierres se raréfient. 

Ces 2 histoires sont pour moi un appel qui résonne entre les montagnes de la vallée qui m’interpelle et réveille mes élans de liberté. Je ressens comme Kessel et  Hugo le besoin d’aller à la rencontre de cette culture, d’échanger avec ces birmans plein d’honneur et d’humilité; de voir, d’apprendre l’origine et ces trésors de pierres, de ces mythes; d’arpenter ces dédales de collines sauvages et exotiques pleines de couleurs, de richesses et de vie.

Car, « Voyager, c’est partir à la découverte de l’autre. Et le premier inconnu à découvrir, c’est vous. » -Victor Hugo

Laurie C. – DNMADe2 Jo – oct 2020

 

Un festival artistique en plein désert

« Desert X AlUla »  est un festival qui expose des œuvres contemporaines dans un cadre impressionnant mais qui pourtant pose problème.

C’est donc dans un oasis du désert saoudien que sont exposées les œuvres d’une quinzaine d’artistes contemporains arabes qui sont venus se confronter à l’histoire ancienne de la région. Le lieu classé au patrimoine mondial de l’Unesco vieux de 7 000 ans se trouve au nord-ouest de l’Arabie saoudite plus précisément dans la région de Médine. Vous le remarquez comme moi, ce paysage est juste incroyable avec ces rochers aux airs de grand canyon, arches panoramiques, hameaux abandonnés. L’exposition s’est terminée le 7 mars dernier.

Elle a été organisée par la biennale « désert x » (Californie, la plupart des autres éditions étaient à Coachella) et le gouvernement Saoudien pour « créer des ponts et des dialogues culturels entre artistes arabes ».

Entre deux falaises se dressent des installations monumentales qui se jouent de l’imagination et la compréhension des spectateurs comme avec les balançoires Superflex ou l’œuvre « A Concise Passage » de Rashed Al Shashai ou encore les trampolines de Manal Al Dowayan sans oublier l’œuvre de Mohammed Ahmed Ibrahim qui redessine à sa façon l’architecture de l’endroit.

 

Rashed Al Shashai, A concise Passage 

Superflex, One two three Swing

Mais  , il y a un gros mais dans cette histoire, cette initiative saoudienne suscite quelques réactions à l’annonce du projet. Trois des quatorze membres du CA de Desert X ont démissionné. L’un d’eux a même déclaré que cette initiative était comme « conclure un accord avec un gouvernement national anti démocratique ».

Le fait de participer ou non à cette expo nous dirige personnellement vers un choix éthique. Comme l’a fait l’artiste américano-égyptienne Sherin Guirguis qui a affirmé vouloir boycotter le festival à cause de la politique répressive qui continue à punir dans le pays.

De leurs côtés, les artistes sont plutôt confiants, mais ce n’est vraiment pas le même point de vue pour les critiques d’art qui voient cette collaboration « moralement corrompue ». Je pense que vous l’aurez deviné, cette expo est juste magnifique à photographier donc le gouvernement n’a pas pu résister à inviter un énorme groupe d’influenceurs pour faire… sa propagande…. Mais ce sujet mériterait un autre article car si les internautes sont bien habitués aux voyages sponsorisés et publicités plus ou moins déguisées, la pilule saoudienne a ici bien du mal à passer…

Je vous laisse découvrir cette expo avec quelques photos :

Amma Qabel Nasser AlSalem

Gisela Colon, The future is now

Rashed Al Shashai, A concise Passage

el seed , Mirage

Manal Al Dowayan , Now you see me Now you don’t

rayyane tabet, Steel rings

Alexandre Hazemann Dnmade 2  10/2020

Effrayant beau, sacrément délicieux

Ne vous y méprenez pas, il n’est pas question aujourd’hui de vous exposer les répercussions que produisent le tabac chez l’Homme. Même si je dois l’admettre, cela est d’actualité et représente un réel impact sur la santé. Malgré tout, ce n’est nullement de ce sujet que je vais vous parler maintenant, mais d’une surprenante et déstabilisante réalisation. Je l’avoue de prime abord, cette œuvre est plus ou moins intrigante et déconcertante et ramène instinctivement au fait de fumer par la présence de ce cendrier et de ces nombreuses cigarettes. Et pourtant ! Pour ma part, le premier contact avec elle m’a fait passer par moultes émotions : de la surprise, au dégoût, jusqu’à l’admiration. Vous verrez ! Vous m’en redirez des nouvelles ! Le spectateur ne peut qu’être submergé par une multitude de questions qui ont plus ou moins de réponses ; le laissant perplexe, en l’amenant définitivement à l’émerveillement. 

Arrêtons de faire durer le suspense plus longtemps… Et si je vous disais qu’il s’agit en réalité d’une pana cotta à la vanille, gel de lapsang fumé et poudre de meringue et de chocolat. Est-ce que cela vous parle plus ? Toujours pas ! Allez je vous aide… Le trompe l’œil ça vous dit quelque chose? Et oui, cette illusion parfaite est l’œuvre de Ben Churchill. Rien à voir avec l’homme d’Etat britannique de par son nom. Ne serait ce que sa nationalité. 

En effet, ce pâtissier virtuose britannique est surnommé Food Illusionist. Il confectionne des gâteaux en trompe l’œil originaux et détonants. Sa particularité est de préparer des desserts qui imitent à la perfection des objets de notre vie de tous les jours. Mais, en poussant le vice encore plus loin, il a choisi les éléments les moins glamours de notre quotidien. L’autre facette de son art est d’élaborer des pâtisseries qui imitent des plats salés ou sucrés mais en version avariée. Son but est alors de revisiter des desserts traditionnels, mais en version trash les rendant à la fois dégoûtants, fascinants et intensément gourmands.

Aujourd’hui, ce chef autodidacte expose ses créations sur le net, via Instagram (avec plus de 70 000 abonnés), Facebook (plus de 100 000 fans) et Youtube. Devant le succès rencontré, il a même publié en 2017 un livre intitulé Food Illusion vol. 1.

Cette œuvre met en avant un paradoxe qui présente deux formes de vices, l’un lié à la cigarette et l’autre à la nourriture, montrant en somme deux mauvais penchants, des défauts que réprouvent la morale sociale.

Je vous invite, amateur de cuisine ou de sensation, mais aussi tout bonnement par curiosité à visualiser sa recette ainsi que d’autres si cela vous intéresse. Bon appétit!

Je n’ai malheureusement pas eu le privilège de goûter à ces fabuleux desserts mais selon ceux qui l’ont déjà fait, la satisfaction ne se trouve pas seulement dans le visuel mais également dans le goût. Les saveurs se mélangent si parfaitement entre elles, qu’elles forment un tout pétri de gourmandise. Nous contredisons donc la célèbre phrase, tout ce qui est beau est bon. Ben Churchill casse ainsi les codes en offrant à ses clients un visuel déroutant tout en faisant honneur à l’art de la pâtisserie.

Je vous laisse découvrir quelques unes de ses créations qui ne cessent ne nous faire froid dans le dos.

Vous n’êtes pas sans savoir, si vous m’avez lu jusque là, que ceci n’est pas une éponge. Je vous présente ici un gâteau à l’huile, accompagné de sa chapelure à la menthe, mousse de lait sucrée et purée de pommes au four. Cette recette est celle qui l’a fait connaître. Elle est présente dans son livre, il ne reste plus qu’à épater vos convives lors de repas en leur faisant déguster cette éponge comestible qui les surprendront à coup sûr.

La pâtisserie est un monde où la création n’a désormais plus de limites. Il s’est donc attaqué à représenter certains légumes, fruits qui ne sont en réalité rien de ce qu’ils paraissent. Mais vous commencez à connaître le personnage n’est ce pas ! Regardez ! Ces créations ont l’air tout droit sorties du jardin.

             Le Pot Renversé                           Les Champignons                       La Plante                                                     Gâteau au chocolat et à la            Friandises à la noix de coco       Betterave, brownie au chocolat,                betterave                                                                                                    mousse au chocolat, feuilles de menthe           

Vous êtes sûrement comme moi, tous ces ingrédients vous ont bien mis l’eau à la bouche, cela a éveillé vos papilles gustatives et vos yeux ne sont désormais plus trompés… Attendez, je vais vous montrer des desserts qui sont quelques peu déconcertants et repoussants. Excusez-moi d’avance, mais j’étais obligé, tellement la ressemblance est troublante. Voilà les derniers pour la route je ne pouvais pas les ignorer! Quel beau spectacle!

Le Fruit Pourri                              Les Ecrous et les Boulons                      Ver de Terre                                    Parfait à l’orange, poudre de       Chocolat, banane                                        Gâteau au chocolat, gelée de        meringue au chewing-gum                                                                                  fraise et ganache chocolat                                                                                                                                                menthe

Alors pour conclure, seriez-vous réticent à l’idée de déguster une orange moisie, des champignons à la noix de coco, ou une plante verte à dévorer avec sa terre ? Si vous préférez, vous pourriez également retrouver des clous et des écrous à déguster dans votre assiette. Très réalistes, ces desserts trompent autant l’œil que l’estomac. Une nouvelle expérience culinaire plutôt originale qui ne cessera de jouer avec nos sens. L’illusion d’être autre chose.

Bilquez Jorane Dnmade 1 Jo, octobre 2020

Un instrument de musique très particulier

Je vais vous présenter un groupe de musique suédois, Wintergatan (qui signifie « la voie lactée ») dont l’instrument musical est unique en son genre, original et plutôt sophistiqué.

Le genre musical de ce groupe est le folktronica, qui incorpore des éléments de musique folk et électronique grâce à un mélange d’instruments acoustiques et de sons électroniques générés par ordinateur.

Voici un extrait de leur premier album Sommarfågel.

En 2014, Martin MOLIN, qui joue de nombreux instruments de musique, se penche sur la conception d’une boite à musique réunissant plusieurs sons grâce à un système de billes dans un circuit, très complexe, et actionné par une simple manivelle, et en 2016 naît la Marble Machine X.

Après le succès de la présentation de cette dernière, il a en projet de faire une tournée musicale mondiale avec sa machine et son groupe. Cette machine parait un peu farfelue mais est le résultat d’un travail acharné ingénieux qui a nécessité plusieurs années  de recherche, d’essais, de prises et de reprises. Pour faire cette vidéo, il a fallu de nombreuses prises et différents montages pour obtenir un son correct, sans ratés. (Les billes tombaient mal, les instruments mal placés, des courroies qui se détendaient trop vite…)

Il a du reprendre son projet à zéro, pour optimiser et trouver des solutions à sa machine, il ira au Museum Speelklok, qui est un musée de musique mécanique possédant une collection d’instruments atypiques dont la plupart fonctionne encore (boites à musiques, horloges musicales, orgues de barbarie…).

Il remodélise et reprend le design en CAO pour pouvoir l’usiner.  Entre 2016 et 2018, il ne se consacre qu’à ce projet et publie régulièrement l’avancée de son travail.

C’est en 2019 qu’il montre enfin sa machine quasiment terminée. La Marble Machine X 105.

Cet instrument a inspiré d’autres passionnés d’invention et de musique. On tombe sur un instrument créé à partir de recyclage de vieux disques durs. On peut trouver un instrument fabriqué à partir des tours Tesla (électricité). Voici quelques vidéos qui m’ont vraiment étonné !

A l’époque où on achète tout ce qu’on veut en une seconde et un clic, je suis fasciné par ceux qui cherchent encore à innover, inventer, transformer des objets d’une utilité à une autre, juste par passion et pour le plaisir. Le beau est propre à chacun, à vous de décider si cela vous plait autant qu’à moi.

Pierre Barillot – DNMADe2 Ho – Oct 2020

Ni una menos Mexico (« Pas une de moins à Mexico »)

Je souhaite, à travers cet article vous parler d’Andréa Murcia. Photojournaliste pour l’agence Cuartoscuro (Chambre Noire), elle couvre différents sujets. 

Lors d’une interview accordée au journal « La Razon online» le 12 septembre 2020, Andréa Murcia répondait à la question :

« Que trouvez-vous dans la photographie, en tant que ressource journalistique ? Pourquoi ne pas écrire, par exemple ?

– J’écris très mal, j’ai déjà essayé, et pour être honnête, je ne m’en sors pas aussi bien que quand je prends des photos ; La vérité, c’est que je me suis trouvée (grâce à la photo), je m’y développe, je m’y sens bien. Il me semble que c’est l’une des façons de raconter des histoires qui me convient. »

La plupart de ses photos ne sont pas mises en scènes et encore moins retouchées. En les regardant, ce qui m’a marquée, c’est la sincérité de ses clichés. Ce sont des instantanés du moment présent.

                                                    9 juin 2019                                                    7 août 2020

23 avril 2020
Non loin de Mexico, sur près de 30 hectares, environs 800 personnes vivent en triant les ordures. La plupart sans protections quelle qu’elle soit.

Depuis près d’un an, Andea Murcia s’intéresse particulièrement aux marches féministes. Au cours de ces manifestations, un slogan revient régulièrement : «  Ni una menos Mexico » (pas une de moins à Mexico). A travers ses clichés, elle retranscrit la volonté, la colère, la tristesse, la rage, les joies et les peines des manifestantes.

Pour remettre dans le contexte, il y a à peine un an, les meurtres de Karla Ramirez et d’Angélina Estevez sont les meurtres de trop. Elles étaient mère et fille et ont été retrouvées mortes après avoir été violées à Ecatepec, une banlieue ultra-violente de Mexico. Spontanément, afin de dénoncer ces meurtres, un rassemblement a été organisé. Depuis, d’autres manifestations se sont succédées au fil du temps. Les revendications sont diverses mais elles ont toutes un point commun : la lutte féministe.

28 Septembre 2019, aux cris de « Avortement oui, avortement non. C’est à moi de décider », des manifestantes veulent la dépénalisation de l’avortement.

Rassemblement après la dépénalisation de l’avortement par le Congrès d’Oaxaca.

2 novembre 2019, pour la journée des morts, des femmes du collectif « les mâles nous tuent au Mexique » ont organisé des rassemblements pour protester contre les féminicides dans le pays (~ 9 par jour).

25 novembre 2019, des femmes ont manifesté dans les rues de Mexico pour protester lors de la journée internationale pour l’éradication des violences sexuelles envers les femmes.

Plus récemment, le 28 septembre 2020 à Mexico, plusieurs dizaines de femmes ont manifesté lors de la journée internationale pour le droit à l’avortement. Elles exigent d’avoir accès à un avortement légal, sûr et gratuit. Durant ce rassemblement, les manifestantes et les journalistes qui couvraient cet évènement ont été encerclés durant 6h par la police.

 

« Une révolution change tout ce qui nous paraît être l’héritage le plus solide du passé ; non pour « faire du neuf », mais bien pour être fidèle à l’origine même dont nous nous réclamons. »

François Fédier

7 juin 2020

Je vous remercie pour votre lecture. J’espère que vous aurez apprécié les photos malgré le contexte souvent tragique de celles-ci.

Sitographie :

https://www.razon.com.mx/mexico/fotoperiodistas-cndh-andrea-murcia-405049

https://www.instagram.com/usagii_ko/

Maëlle Renaudat -NMADE BIJ1 – Octobre 2020

Entre l’Orient et l’Occident

Hatou, une montre, une nouveauté 2020, une pièce unique, une œuvre d’art !

Son créateur n’est autre que Kari Voutilainen. Un horloger finlandais résidant à Môtiers (chez les Suisses). Il a démarré son entreprise horlogère indépendante en 2002, construisant un nombre limité de chronomètres faits main. Cet horloger est le digne héritier d’Abraham-Louis Breguet, l’un des plus grands maitres horlogers de l’histoire. Ces gardes temps ont un design très moderne, mais s’inscrivent parfaitement dans le style de Breguet, vieux de 250 ans !

 

 

 

 

 

À gauche Abraham Louis Breguet (1747-1823) ; à droite Kari Voutilainen (1962) ; Une ressemblance assez troublante vous ne trouvez pas ?

Pourquoi je vous présente Hatou ? Regardez bien son cadran, c’est un vrai chef-d’œuvre. Il est soigneusement assemblé à la main par l’un des plus grands studios de laque du Japon, le studio Kitamura, qui pratique la technique de laquage japonais Saiei Makie et utilise différents éléments comme le Yakou-gai (coquille de grand turban vert), le Kinpun (poussière d’or), le Jyunkin-itakane (feuille d’or), des feuilles de platines et de la laque noire. Les formes de ce cadran décrivent des vagues, des ondulations et des flots houleux, d’où le nom de Hatou signifiant littéralement « flots », une notion cachée derrière le thème de « la vie ».

Cette tradition illustre la passion de préserver l’âme, l’esprit et l’identité de la culture japonaise traditionnelle exprimée à l’époque Edo, le tous mélangé aux les créations suisses de haute horlogerie de Kari Voutilainen, ces deux mondes s’harmonisent pour devenir l’une des plus belles œuvres d’art mécaniques et visuelles qui unit l’Orient et l’Occident.

Kari Voutilainen n’en est pas à sa première collaboration avec le studio Kitamura, (de gauche à droite ci-dessous) la montre 28 Oukamon, la Yozakura et la Hisui sont elles aussi le fruit de leurs pensées. Le grand thème abordé est toujours le même, la vie, à travers des vagues et des motifs floraux. Mais à mes yeux la plus aboutie reste le modèle Hatou.

Voutilainen a remis au goût du jour et a su éveiller la curiosité du monde Occidental grâce à ces œuvres d’arts d’une beauté exceptionnelle, mélangeant l’Orient et l’Occident. Elles inspireront très certainement les maisons de joaillerie et les grands couturiers.

Vidéo de présentation :

https://www.facebook.com/voutilainen.jp/videos/2100967703369571/

Détails de la montre : Mouvement indiquant les heures et les minutes ; 18000 alt/h ; 21 jewels ; Aiguilles en Or jaune et acier fabriqués à la main ; Cadran créée par l’atelier de laque japonaise Kitamura ; Boîte Titane : 44 mm x 11,7 mm ; Taille du mouvement : 32 mm x 5,60 mm ; Limité à 1 exemple unique

Thomas Maréchal DNMADe1 ho 2020-2021

Double vie

Que faire quand un autre prend le contrôle de votre vie ? C’est la question à laquelle Lubin Maréchal, un jeune homme d’une vingtaine d’années, est confronté dans le roman graphique « Ces jours qui disparaissent » de Timothé Le Boucher.

 Lubin est équilibriste, lors d’une représentation il retombe mal, un coup sans conséquence d’après lui. Mais quand il se lève, le jour suivant il se rend compte qu’en réalité deux jours ont passé. Bientôt, il comprend qu’une autre personnalité prend vie pendant ses absences. Un Lubin plus sérieux, plus appliqué. Une confrontation indirecte les opposera par biais d’écrans sur des questions futiles comme d’autres plus importantes. Le pire arrive quand Lubin constate que ses absences sont de plus en plus longues…

Mais si les véritables qualités de « Ces jours qui disparaissent » ne résidaient pas vraiment dans son scénario fantastique et conceptuel dans l’air du temps ni dans son graphisme aux lignes claires et légères mais bien dans l’impact que ce livre a sur nous, dans le tourbillon de pensées où il nous plonge ?

 La première partie est divertissante, et nous présente des personnages attachants mais elle n’est pas franchement intéressante ou même innovante. C’est dans ça seconde partie que l’histoire gagne en intérêt alors que Lubin est pris dans une spirale infernale de temps perdu et de lutte contre lui-même. C’est là que le récit trouve sa force et sa profondeur : impossible de ne pas continuer la lecture qui pourtant s’apparente désormais à un long cauchemar particulièrement douloureux et surprenant, dont la conclusion ne peut être, on le sent rapidement, qu’atroce. Cette décente frénétique vers une fin redoutée est immanquablement ponctuée de pauses pour s’interroger soi-même sur sa propre existence, et surtout sur la nature de sa relation avec ceux qu’on aime et qui nous aiment.

Lire « Ces jours qui disparaissent » c’est se poser incontestablement des questions essentielles sur l’identité et la dualité qui peut parfois exister en nous et aussi notre façon de gérer notre temps, notre vie, notre propre personne, notre entourage. Mais la lecture de ce récit c’est surtout le sentiment d’avoir vécu une véritable expérience, chose rare qui en fait donc un livre différent que je recommande absolument.

Masson Charlotte DNMADE1 Ho – oct 2020

Duca Lorenz ou l’art du sucre

Quand on ouvre les portes de sa cuisine, on pense tomber sur un lieu où la gastronomie rêgne en maitre… mais pas dans une bijouterie. Et pourtant ce chef cuisinier a retourné son tablier pour faire du sucre un métier d’art.

 

Façonné comme du verre, Travaillé comme du métal, le sucre resplendit de mille feux entre ses mains d’alchimiste.

Un travail novateur où sa curiosité l’a emmené jusqu’à des présentations joaillères. Car si certaines de ses œuvres sont destinées à être dégustées d’autres pourront être portées régulièrement, en fonction de la technique utilisée. Son secret ? Il vous faudra gravir des montagnes d’ingéniosité, traverser des courants d’expérimentations ratées. Un chemin semé d’embuche que seul un alchimiste de l’êxtreme, curieux des matières a su franchir. Un mélange de talent, de volonté et de travail.

Peut-être trouverez-vous la recette secrète de la joaillerie sucrée. Mais trouverez vous celle de la maroquinerie de sucre, son nouveau terrain de jeu ? Duca Lorenz n’a pas dis son dernier mot. Il fabrique désormais des sacs en cuir de sucre, pouvant être portés quotidiennement. Ces objets de luxe brisent l’image que nous avons d’un sucre collant, qui fond à la chaleur et se dissout au contact de l’eau. Ils semblent tout droit sortis de l’irréel.

L’objectif de ses œuvres, en dehors de la prouesse technique, c’est de faire de votre rencontre avec ses créations un moment unique et inoubliable, de vous offrir des émotions sur un plateau d’argent.

Trouvera t-il d’autres mystères bien gardés de cette matière ? Laissons-le tranquillement gravir une autre montagne de savoir, et allez découvrir son site en attendant sa nouvelle découverte:     http://www.ducalorenz.com/

Alicia C. – DNMADe Jo 2 – Oct 2020

Un animé à re-découvrir !

LE ROI ET L’OISEAU

« il n’y a pas de vies supportables sans poésie »

Le Roi et l’Oiseau est un film d’animation français créé par Paul Grimault sur des textes de Jacques Prévert, d’après La Bergère et le Ramoneur de Hans Christian Andersen. Sorti en 1980, sa préparation a commencé dès 1946

Le Roi et l’Oiseau fait partie de l’un de mes tous premiers souvenirs d’enfant en terme de film. En le revoyant il m’a énormément touché. Dès les premières notes de musique, j’étais émue immédiatement, on se remémore et une petite larme coule.

PETIT RÉSUMÉ

« Le roi Charles V-et-Trois-font-Huit-et-Huit-font-Seize règne en tyran sur le royaume de Takicardie. Il est amoureux d’une modeste bergère qu’il veut épouser, mais celle-ci aime un petit ramoneur. Tous deux décident de s’enfuir pour échapper au roi et tentent de se réfugier au sommet de la plus haute tour du palais. Ils seront aidés dans leur aventure par un oiseau qui a toujours osé défier l’autorité du roi. Une folle poursuite s’engage alors entre les gardes, les mystérieuses créatures du roi et nos trois fugitifs… »

UN INCONTOURNABLE DANS L’HISTOIRE DE L’ANIMATION !

Qui aurait cru qu’un film Français soit à l’origine du Studio Ghibli.   Et oui Wau Miyazaki et Isao Takahata vont être époustouflés pas l’animation de ce film et ainsi il trouveront leur vocation après avoir vu cette œuvre. La France n’est pas réputée pour ce genre de film mais pourtant elle regorge de pépites.

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POURQUOI EST-IL « OUBLIE » ?

Même s’il possède de grands moments de poésies, il y a un élément majeur qui peut ennuyer le public principalement visé qui est les jeunes enfants. En effet le rythme est très lent (bien que ce soit voulu) et de longs silences peuvent venir plomber l’ambiance. Cela est diffèrent du rythme des dessins animés habituels du style de Walt Disney par exemple.

SA PARTICULARITÉ

Beaucoup de  beauté et de  poésie et une énorme richesse thématique. Exemple la tour regorge de références artistiques qui s’harmonisent parfaitement. Leur sens ayant parfois une multitude d’interprétations, et le tout aboutissant à un ensemble d’une cohérence et d’une profondeur inimaginable.

Et les personnages ! Le roi est une sorte d’Hitler ou de Mussolini, l’Oiseau le résistant expérimenté de la vie qui se bat pour un idéal, la liberté, quant au jeune ramoneur il se soulève par amour, par désir de vivre. Bien sûr que ce film parle de cette face de la Seconde Guerre Mondiale, mais à l’image d’un conte de fée. C’est d’une sensibilité imparable, d’une mélancolie sublime, parsemé de moments éternels.

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J’invite vraiment les grands enfants à voir ce film avec un regard nouveau !

Sarah DROZ, 2ème année DNMADe joaillerie – oct 2020

 

Quand l’armurerie rencontre l’horlogerie

Dans le domaine du luxe, les collaborations entre deux maisons donnent souvent naissance à des produits remarquables, de par leur prestige et leur exclusivité.

Je vous présente dans cet article le chronomètre FP. JOURNE  HOLLAND & HOLLAND

Ce garde temps est le résultat d’un travail commun entre deux manufactures de luxe :

 FP Journe est une manufacture Genévoise lancée par l’horloger Français éponyme à l’aube des années 2000. Le fer de lance de la maison est sans aucun doute la résonance, qui consiste à imbriquer deux mouvements horlogers en un seul afin de compenser les écarts de marche, fort de nombreuses années de recherches et de nombreux prototypes, FP Journe a réussi le pari de fiabiliser ce concept afin de le proposer dans des montres de (petites) séries.

Holland&Holland est un armurier britannique implanté à Londres depuis 1835. La maison s’est vite imposée dans le domaine de l’armurerie de luxe en déposant de nombreux brevets, en étant fournisseuse officielle de la couronne anglaise et en multipliant les collaborations avec d’autres marques de luxe tel que Jaguar ou encore FP Journe dont on va parler ci dessous.

Le chronomètre FP. JOURNE  HOLLAND & HOLLAND dans sa forme est plutôt classique, une montre affichant les heures et les minutes par le biais de 2 aiguilles, un boitier en acier inox de 39 mm, le tout mu par le calibre F.P. Journe 1304 à remontage manuel. Bref des montres avec ces caractéristiques, la maison en produit depuis des années, et c’est même l’entrée de gamme de la manufacture, alors qui y a t’il pour justifier un prix de 46 000 francs contre 25 000 en temps normal?

Tout réside dans le cadran : la particularité de ces montres produites à 66 exemplaires est la matière utilisée pour la fabrications de celles-ci. Vous cherchez une matière exclusive ? Coûteuse? Prenez de l’or ou du platine, néanmoins dans les quantités nécessaires pour 66 cadrans, se procurer ces matières serait une banalité pour une maison de luxe.

La solution retenue pour garantir la désirabilité est d’utiliser une matière que l’on ne peut pas acheter : le Temps

Je m’explique, les cadrans sont usinés dans deux canons fournis par H&H, des canons centenaires fabriqués en 1868 et 1882. A titre de comparaison un bon vin aura besoin de maturation. C’est un processus que l’on ne peut acheter, seul le passage des années peut effectuer cette transformation du liquide, et cela contribue à l’exclusivité car l’argent n’aura aucune valeur dans ce processus . C’est dans le même esprit que sont façonnés les chronomètres H&H

Ces deux canons on été réalisés selon la technique de l’acier damassé. C’est une sorte de mille-feuilles d’acier : durant la forge de la matière, des barres d’aciers de différentes compositions sont superposées, fusionnées entres elles en étant aplaties. L’opération peut être répété à « l’infini ». Le motif ressortira sous formes de « zébrures » dues aux aciers de différentes couleurs et aux torsions appliquées. Cette technique est très courante dans la coutellerie et l’armurerie du moins dans le positionnement haut de gamme.

Les cadrans ont été ensuite transformés chez les Cadraniers de Genève, entreprise reconnue dans la fabrication de cadrans, puis installés dans les montres lors du montage final. En résulte 66 pièces uniques, porteuses d’un savoir-faire et d’une matière aussi vieille que désirée.

Un article de Joseph RAVEY, DNMADE 2 HO – 2020-21

Jusqu’où peut on aller au nom de l’art ?

Deborah de Robertis, peut-être n’avez vous jamais entendu parler d’elle, mais il y a 6 ans elle était bien présente dans le milieu médiatique. Vous vous demandez qui est-ce ou pourquoi, et bien c’est une artiste performeuse Luxembourgeoise avec une manière d’exprimer son opinion, disons, ouverte d’esprit…


Deborah de Robertis,  fervente de performance dénudée et particulièrement en public, a su surprendre et faire parler d’elle à bien des égards, non pas fan absolue de son « art », et ne voulant surtout pas débattre sur un terrain pouvant se rapprocher du féminisme pour une interlocutrice passionnée (à noter que Deborah de Robertis ne se définit pas comme féministe), je souhaite quand même réagir à la forme directe et provocatrice qu’elle a de faire passer son « message » sans débattre du fond de ce qu’elle peut appeler ses « gestes ».

Pour sa première apparition médiatisée, Deborah de Robertis n’a pas choisi de faire dans la dentelle, c’est devant L’Origine du monde du célèbre peintre Gustave Courbet avec pour fond l’Ave Maria de Schubert accompagnée par sa voix, qu’elle décide de s’asseoir et d’ouvrir (au sens propre, sinon ce serait trop simple) son sexe devant un public mitigé entre applaudissement et stupéfaction.

 « Je suis l’origine / Je suis toutes les femmes / Tu ne m’as pas vue / Je veux que tu me reconnaisses / Vierge comme l’eau / Créatrice du sperme »

Après avoir lu ses quelques lignes et s’être épanoui devant la vidéo je pense que la première question que vous vous posez surement est : Pourquoi ? Pourquoi donc bien exposer son sexe devant tout une salle (remplie en partie de complices, soyons honnête). Et bien l’artiste voit son geste non pas comme une reproduction du tableau original mais comme une réinterprétation de l’œuvre voulant montrer ce que le tableau ne montre pas, soit, je cite :

 «…cet œil enfoui qui au-delà de la chair répond à l’infini, l’origine de l’origine »

L’artiste parle aussi de vouloir « rendre visible le regard posé sur cette femme nue, couchée et observée par Courbet » par là elle entend vouloir voir d’elle-même la réaction et le regard du public sur elle, en faisant cela son « geste » prend une autre tournure et intègre le public à la performance, comme elle a pu le faire auparavant dans Les Hommes de l’art et L’or du temps en filmant le regard d’homme la regardant nue. 

Voilà pour le fond de ce « geste », maintenant on y adhère, on y adhère pas, cela ne regarde que vous, peut-on y trouver une avancée pour l’humanité ou la science, peut être une once de n’importe quelque sorte d’art ou de militantisme. Mais je ne vais pas m’attarder sur le message que veut faire passer l’artiste, je pense juste que cela reste personnel à sa vision du monde actuel et je ne comprends pas vraiment la cohérence de ce qu’elle appelle ses « gestes ».

Cependant je souhaite réagir sur cette façon très insolite que Deborah de Robertis a de faire passer son message, elle vient quand même à l’encontre des lois qui interdisent de s’exhiber en public, et cela au nom de l’art. Je trouve que l’art ne devrait pas permettre de faire ce qu’on veut quand on veut, je pense que l’on doit savoir vivre en société, car la nudité elle en a fait sa signature (et comme beaucoup d’autres artistes utilisant leur corps et la nudité pour faire passer un message ) comme le montre ses autres apparitions en public.

En 2016 elle réitère l’opération encore au musée d’Orsay mais devant l’Olympia de Manet où elle s’allonge nue avant de se faire arrêter par la police et de passer 48 heures en garde à vue.

Ou encore en 2017 au musée du Louvre devant la Joconde où l’artiste écopera d’un procès pour exhibition sexuelle, l’artiste a été relaxée.

Je trouve que toutes ses apparitions sont très provocatrices et irrespectueuses du public, surtout lorsque des enfants peuvent assister contre leur gré à la scène qui peut être perturbante. Et à mon avis la scène peut être réalisée en privé avec le même nombres d’acteurs, le rendu final et le message véhiculé restera le même seulement l’artiste sera moins médiatisée car tout le monde se moque de voir quelqu’un ouvrir les jambes devant L’Origine du monde. Non ?

Hugo J.–DNMADE1 Ho–Oct. 2020

 

Entre peinture et chirurgie, l’art du tatouage en free-hand !

Photo réalisée un an après la session de tatouage et à la suite de deux  séances  de retouches esthétiques.

Partons à la rencontre d’un art très ancien et pourtant mis en avant seulement que depuis quelques années, le tatouage.

Pour ce faire, je tiens à vous présenter cette œuvre réalisée par le talentueux Hugo Feist, tatoueur français basé à Seynod, non loin d’Annecy.

En effet, ce jeune tatoueur n’a plus à prouver son talent et sa réputation n’est plus à faire. Il suffit de le voir à son agenda rempli des mois et des mois à l’avance. Il a été récompensé au salon du tatouage « Montreux2k18 » avec la première place dans la catégorie petite pièce noire et grise mais aussi à deux reprises au salon « The Ink Factory » de Lyon, pour une manche en noir et blanc, puis pour une collaboration avec sa compagne, d’origine américaine, Ivanka Collado.

Avant de s’installer dans son salon de Seynod, Hugo a parcouru le monde en tant que tatoueur itinérant. Il a notamment fait plusieurs arrêts entre le Japon, la Corée ou les Etats-Unis pour parfaire sa technique et affiner son style dans le réalisme en noir et blanc.

Photo du tatouage prise à la fin des 10 heures de travail nécessaires à sa réalisation.

Trêve de mondanités, et intéressons nous plutôt à cette œuvre de dessin architectural. Laissez vos yeux apprécier la profondeur et les jeux d’ombrages réalisés par l’artiste. Le réalisme est rempli à la perfection de part la perspective incroyable entre les arches, les ellipses et les nombreux détails de cette rosasse extérieure de cathédrale gothique.

Pour réaliser cette manche il nous faut donc : un tatoueur talentueux ; un travail de dessin artistique avancé ; de l’expérience ; une excellente vision et réalisation des perspectives et des proportions ainsi que pas moins de 10 heures de travail. A cela, rajoutons ensuite plusieurs éléments d’ornementation autour de la rosasse, et voilà le tour est joué.

Ce tatouage est tout simplement sublime même pour une personne plutôt réfractaire à cette pratique, d’autant plus que sa réalisation ne consiste pas à simplement suivre les lignes d’un calque, mais de plusieurs heures de dessin au feutre de différentes couleurs afin de distinguer les nombreuses profondeurs et lignes de construction. C’est ce qu’on appelle « le free hand ». En effet, au lieu d’imprimer un calque et de le coller sur la partie du corps à tatouer, le tatoueur prend une photo à ses cotés ou un dessin sortit tout droit de son imagination pour ensuite y recopier, tout d’abord au feutre, puis à l’encre, d’un simple regard . Le « free hand », comme on l’appelle, permet de mieux adapter les formes du dessin à la morphologie de la personne. Cependant, elle peut également présenter plusieurs défauts, notamment dans les proportions du dessin, si le tatoueur n’a pas de véritable sens des volumes et des proportions ou s’il ne maîtrise pas complètement cette technique. Il est inutile de vous dire que l’erreur est fatale et définitive dans l’univers du tatouage, on ne peut pas juste jeter notre feuille pour en recommencer une nouvelle. 

S’il vous prenait l’idée de faire un tatouage en noir et blanc de type réaliste, j’espère que vous penserez à ce tatoueur qu’est Hugo Feist car, quitte à vouloir orner sa peau d’un dessin indélébile et d’y mettre le prix, autant qu’il soit considéré comme une véritable œuvre d’art. De plus, certains de ses croquis et projets sont déjà prêt à être tatouer, il ne manque plus que vous pour les porter, si l’un d’entre eux vous plaît. Je vous laisse donc avec quelques échantillons de ses créations, j’espère que cela vous a plu et peut être même inspiré pour de futurs projets personnels.


 

 

 

 

 

  Gaudin Killian, DNMADe 1 Horlo 2020

Spoiler de notre fin…

Et en musique s’il vous plait !

   Mauvaise blague à part, je vais vous parler dans cet article du réchauffement climatique, de la fin de l’espèce humaine et de la société de consommation. Mais attention, pas (trop) de discours culpabilisant pour aujourd’hui, simplement une chanson pour essayer d’éveiller quelques consciences, si c’est encore nécessaire.

Petit briefing sur le groupe de musique québécois Les Cowboys fringantsavant de parler en détail de leur chanson Plus rienFormé aux alentours de 1995, c’est à partir de 1997 qu’il sera composé des cinq membres qui joueront et jouent encore ensemble (bien que Dominique Lebeau ait quitté le groupe en 2007).

Photo de 2019 (de gauche à droite): Marie-Annick Lépine (violon), Jérôme Dupras (basse), Karl Tremblay (chant), Jean-François Pauzé (guitare, auteur principal)

   C’est donc depuis plus de 20 ans que l’on peut écouter leurs chansons, sur des airs mélangeant la country, la folk et le rock alternatif. Parfois avec humour, parfois avec mélancolie, les Cowboys essayent de nous sensibiliser aux différents travers de notre société et en particulier le réchauffement climatique.

Voici la chanson dont je vais parler aujourd’hui : Plus rien, parue dans l’album La grand-messe :

    Sortie en 2004, cette chanson nous met dans le point de vue du « dernier humain de la terre », qui explique comment l’homme a été la cause de sa propre fin. Ce personnage nous raconte l’état de la planète à son époque, et comment les hommes en sont arrivés là : l’appât du gain et l’envie d’argent, le toujours plus que l’on retrouve aisément chez nous et qui nous pousse à consommer et à produire en plus grande quantité, sans se soucier des conséquences de nos actes sur notre planète.

Une petite note positive au milieu de la chanson, très actuelle, évoque les militants écologistes qui essayent de faire changer les choses, d’avertir les populations, malheureusement sans grand résultat.

La suite de la chanson évoque les différentes catastrophes qui pourraient nous tomber dessus un jour et signer la fin de notre espèce, on peut même entendre « Les gens ont dû se battre contre les pandémies » ce qui évoque (presque de manière ironique) la situation actuelle…

   Durant toute la chanson, les instruments dégénèrent, comme l’humanité qu’ils mettent en scène, dans un grand crescendo, jusqu’à ce qu’il ne reste « Plus rien », moment où la partie instrumentale redescend durant le dernier refrain, pour nous laisser seul avec un battement de cœur (la batterie), qui fini lui aussi par s’arrêter…

   Les paroles sont très avant-gardistes et malheureusement très vraies. En effet, il faut se rendre compte que tout ça a été écrit en 2004 ! Il y a 15 ans déjà des personnes parlaient de la destruction de l’écosystème et de l’extinction de notre espèce. C’est quand même fou de se dire que malgré ça, et l’histoire qui leur donne peu à peu raison, encore trop de monde ne se soucie pas ou peu de l’environnement et de l’impact de nos actes sur la nature qui nous entoure.

   Le texte de cette chanson est sans doute inspiré, ou tout du moins similaire, au travail et aux ouvrages de Hubert Reeves, un astrophysicien également canadien, qui a beaucoup parlé de l’autodestruction de l’espèce humaine (si si si c’est intéressant, ça donne pas trop envie d’en finir je vous assure). Si vous souhaitez plus de renseignements au sujet de son travail et de ses conférences, voici le lien de son site.

   Pour finir sur une note un peu plus positive et moins démoralisante, je vous laisse ici quelques chansons des Cowboys fringants, souvent porteuse d’un message, mais d’une façon moins frontale et moins grave :

En berne, Break syndical, 2002

Ti-cul, La Grand-Messe, 2004

8 secondes, La Grand-Messe, 2004

Les étoiles filantes, La Grand-Messe, 2004

Shooters, Que du vent, 2011

L’Amérique pleure, Les Antipodes, 2019

Alexis Ramel-Sartori, DNMADE 1 Ho 2020-2021

« Feu à Volonté! »

« C’est un assassinat sans victime. J’ai tiré parce que j’aimais voir le tableau saigner et mourir ».

Non ! Niki de Saint Phalle n’est pas une meurtrière, mais une artiste engagée qui lutte contre les injustices de notre société. Grâce à l’art elle extériorise toute la colère qu’elle ressent.

Niki de Saint Phalle est une plasticienne, franco-suisse-américaine, née en 1930 et décédée en 2002. Elle est l’épouse du sculpteur Jean Tinguely avec qui elle réalise de nombreuses sculptures-architectures, telles que la fontaine de Stravinsky, le Cyclop ou encore le Jardin des Tarots. Elle est principalement connue pour les Nanas mais également pour ses performances nommées les Tirs qui vont être l’objet de mon article.

Entre 1961 et 1963 l’artiste se bat contre une société qu’elle juge injuste. C’est alors qu’elle a l’idée de créer des tableaux-performances intitulés les Tirs. La première séance a lieu dans la galerie J à Paris lors de l’exposition « Feu à volonté ». Niki de Saint Phalle tire à la carabine sur des toiles où sont accrochés divers objets contenant des poches remplies d’encres de couleurs explosant et colorant les tableaux. Le tout est peint en blanc pour représenter le masque de l’innocence que porte la société. La jeune femme invite plusieurs amis proches à tirer sur la toile, devant un public. Le but de ces performances est de choquer, surprendre les spectateurs et bien entendu de faire passer des messages.

Shooting painting american ambassy (Tir), 1961, peinture, plâtre, chaussures, ficelles, siège en métal, hache, pistolet jouet, grillage, balle et objet divers sur bois, 244,8 × 65,7 × 21,9 cm, Museum of Modern Art, New York

                 

The Construction of Boston (Tir), 1962, peinture et plâtre sur structure métallique, 193 × 63,5 × 63,5 cm, collection privée

King Kong (Tir), 1963, peinture, plâtre et objets divers sur panneau en 5 parties, 276 × 611 × 47 cm, Moderna Muset, Stockholm

 

Ces séances sont riches en émotion. La tireuse d’élite laisse éclater sa rage à travers ses œuvres :

« Papa, tous les hommes, les petits, les grands, mon frère, la société, l’église, le couvent, l’école, ma famille, ma mère, moi-même (…) »

Elle tire sur toutes les injustices qu’elle a subi, comme le viol de son propre père, alors qu’elle n’avait que 11 ans, mais aussi sur l’histoire, la religion et la politique. Elle fait sortir ses démons en faisant pleurer et saigner ses toiles et elle exprime sa révolte contre ce monde submergé par la violence qui a généré des guerres, des massacres et des bombardements :

« Victime ! Prêt ! À vos marques ! Feu ! Rouge ! bleu ! jaune ! la peinture pleure, la peinture est morte. J’ai tué la peinture. Elle est ressuscitée. Guerre sans victime ! »

Niki affirme que la vie n’est jamais comme on l’imagine. Elle vous surprend, vous étonne, vous fait rire ou pleurer quand vous ne vous y attendez pas. C’est ce sentiment qu’elle cherche à créer chez le spectateur, elle veut, surprendre et créer des émotions. Les tirs sont donc un moyen pour Niki de se libérer du chagrin et de la douleur. Et vous, quelles émotions ressentez-vous face à ces performances ? Pensez-vous que l’art peut permettre d’extérioriser notre colère ?

Alizée COUTON-BADINA, DNMADE 1 Bij, Novembre 2020

« Ma théorie est simple : la vie est un récit »

J’aimerais vous parler ici, d’une certaine pièce de théâtre. Je dis « certaine », car elle est vraiment atypique. Exceptionnelle même. Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas une de ces pièces de théâtre ennuyeuses, longues et difficiles à suivre. Non, elle est de celles qui vous restent en tête, qui vous marquent, qui vous touchent, qui vous émeuvent, qui vous transportent, qui vous portent… Le porteur d’histoire. Voici le nom de la pièce dont je souhaite vous parler.

Par une nuit pluvieuse, au fin fond des Ardennes, Henri Martin doit enterrer son père. Il est alors loin d’imaginer que la découverte d’un carnet manuscrit va l’entraîner dans une quête à travers l’Histoire et les continents. Quinze ans plus tard, au cœur du désert algérien, une mère et sa fille disparaissent mystérieusement… Elles ont été entraînées par le récit d’un inconnu, à la recherche d’un amas de livres frappés d’un étrange calice, et d’un trésor colossal, accumulé à travers les âges par une légendaire société secrète.

J’ai découvert cette création il y a deux ans, lors d’un festival de théâtre. Elle a été créée par Alexis Michalik en 2011. Pour ce faire, il a mélangé une écriture à la table, et une écriture au plateau. C’est-à-dire, une combinaison entre l’écriture seul chez soi, et celle avec les comédiens, pour donner une création des dialogues en direct, par l’improvisation des acteurs, dirigée par le scénario préalablement établi par l’auteur. À mon sens, c’est ce qui rend la pièce beaucoup plus vivante et captivante.
Par la suite, la pièce connaît un immense succès. Elle reçoit deux Molières en 2014, ceux du meilleur auteur et de la meilleure mise en scène du théâtre privé, puis en octobre 2018, elle est jouée en tournée en France, au Japon, en Nouvelle-Calédonie, en Suisse, en Corse, au Liban, à Tahiti, à La Réunion, et en Israël

Un voyage unique… cinq comédiens… cinq tabourets… un plateau et deux portants chargés de costumes et du pouvoir illimité de notre imaginaire.

Le Porteur d’Histoire a cette particularité d’aviver la curiosité du public dès les premiers instants. Elle captive son attention, et le fait chercher, courir, vibrer, au rythme effréné de la pièce. On suit l’aventure comme on suivrait un film palpitant, on est pris d’intérêt pour la quête du personnage principal, et on est embarqué dans une histoire fascinante !
Le scénario est absolument sensationnel, de par ses nombreux rebondissements, et son imprévisibilité. La pièce se joue sur une vingtaine de tableaux croisés pour autant de voyages dans l’espace et le temps : des villes et des lieux, des références culturelles, des œuvres littéraires, et des personnalités de l’Histoire…
Le dynamisme de la pièce est travaillé pour éviter l’ennui au public. Michalik a voulu, par le rythme soutenu de sa pièce, combattre les clichés du théâtre interminable, et suivre celui de notre vie actuelle, animé par l’ère d’internet, des séries, des pubs, au montage très serré. Toutefois, il cherche à rendre les choses le plus clair possible à l’aide d’éléments de décor, de bande son, de vidéos, de la mise en scène, de façon à ce que la compréhension soit limpide.
Il y a une vraie volonté derrière cette pièce, de démocratiser le théâtre, et de le rendre narratif. De raconter une histoire, qui puisse émouvoir et toucher un public varié.
Tout est réfléchi pour continuellement capter et garder l’attention du spectateur, car il est impliqué dans la recherche, il se fait surprendre, il est ému, il rit, il tressaille au rythme du récit.
En espérant avoir moi 
aussi, attisé votre curiosité. 🙂

Louison JACQUOT
DN MADE 1 Bij – octobre  2020