« Quel long chemin j’ai dû parcourir pour te trouver !
Et toi qui fuyais, fuyais… dire que tu n’as jamais rien compris ! »
Et si le bonheur le plus total était là, sous vos yeux depuis le début, mais que vous refusiez de le voir ? Vous qui croyiez être à la poursuite du bonheur, c’est en fait lui qui vous poursuivait !
C’est la question que pose la nouvelle éponyme du recueil le K, de l’auteur italien Dino Buzzati. Le recueil est un classique dans la littérature fantastique, rempli d’histoires très courtes et d’apparence simples, mais qui abordent des thèmes très profonds, souvent métaphysiques. J’en conseille d’ailleurs la lecture à tous les curieux, car le livre est rapide à lire, et ne manque pas de faire réfléchir.
Le K raconte la fuite interminable d’un marin, Stefano Roi, qui navigue sur les mers du monde entier pour échapper à une créature qui le poursuit, le K. Un K est une sorte de squale à mufle de bison, qui se choisit une victime, et ne s’arrête pas de la poursuivre tant qu’elle ne l’a pas dévorée. Le comble, c’est que seule la victime du K peut le voir, étant invisible pour toute autre personne.
Dès 12 ans, Stefano aperçoit un K qui suit le bateau dirigé par son père, marin lui aussi. Lorsque celui-ci l’apprend, il ramène son fils sur la terre ferme et lui demande de ne plus jamais monter sur un bateau, que le métier de marin n’est pas fait pour lui. Stefano passe donc les années suivantes sur le continent, voyant le K qui l’attend au loin chaque fois qu’il s’approche de la mer. Une fois son père décédé, il décide de devenir marin et d’embrasser son rêve, quitte à devoir fuir toute sa vie en naviguant sans jamais s’arrêter. Pendant plus de 50 ans il voyage sur toutes les mers, avec le K toujours derrière lui.
Une fois très vieux et proche de la mort, il choisit de mourir sans décevoir le K, et part seul sur une barque pour aller à sa rencontre.
TOUT ÉTAIT FAUX !
Il apprend alors qu’il s’était trompé toute sa vie, le K le suivait simplement pour lui remettre un cadeau : La Perle de la Mer, qui donne à celui qui la possède, réussite, richesse et bonheur pour le reste de sa vie ! Stefano a gâché sa vie entière à fuir le bonheur sans le savoir, en refusant son destin.
Dino Buzzati apporte avec cette nouvelle une réflexion philosophique sur le bonheur. Dans sa quête de bonheur, Stefano n’a jamais su comprendre qu’il était juste derrière lui, cherchant inexorablement à le rattraper. Alors, il ne faut pas chercher le bonheur, car il n’est pas là où on le cherche. Le bonheur est un état d’âme, déjà présent en chacun, qu’il faut réussir à accepter. Accepter son destin plutôt que de le fuir était la réponse au bonheur de Stefano.
Cette vision du bonheur se rapporte à celle du sage Confucius, selon qui le bonheur consiste à savoir s’accepter soi-même et accepter le moment présent, Il ne faut pas le voir comme un but à atteindre.
“Tous les hommes pensent que le bonheur se trouve au sommet de la montagne alors qu’il réside dans la façon de la gravir.”
Confucius
Je n’ai donc qu’un conseil à vous donner : acceptez votre destin, acceptez votre bonheur intérieur, (et lisez le K), alors vous serez heureux !
Baptiste MARTIN DNMADe2bij – Février 2021