Le zinc, matériau immatériel ?

Aujourd’hui je veux vous faire découvrir le Paris vu du ciel avec ses toitures emblématiques d’un gris bleuté que leur procure le zinc. Si emblématiques que les toits de Paris ont été proposés pour une candidature au patrimoine mondial des biens immatériels de l’UNESCO présentée par la France…

Les toits de Paris font partie intégrante du paysage urbain de la capitale et participent à son caractère unique. Alors que la plupart des toits français sont en terre cuite de couleur orange, les toits de Paris sont gris. Mais pour les apercevoir, il vous faudra lever la tête de temps en temps, prendre de la hauteur via la tour Eiffel ou encore, depuis votre canapé, regarder Belmondo galopant sur les toits de la capitale dans « peur sur la ville ».

Mais comment Haussmann a réussi « son Paris » ?

Dans les années 1840, Napoléon III et le baron Haussmann veulent modifier l’apparence de la capitale en prenant Londres pour exemple. C’est à cette époque que les toits de Paris trouvent leur origine, pour un motif qui n’avait rien à voir avec l’esthétique : Le baron Haussmann a tout simplement cherché à transformer Paris à moindre coût !

Pas cher, plus léger que les charpentes traditionnelles (en bois recouverte de tuiles), facile à travailler et à installer, très efficace contre les infiltrations d’eau, le zinc devient le matériau idéal pour recouvrir les toits des nouveaux immeubles de l’époque, les fameux immeubles Haussmanniens !

Mais pourquoi ne pas remplacer ce matériau par des tuiles ou des ardoises comme c’est le cas ailleurs en France ? Parce qu’aujourd’hui, les artisans couvreurs-zingueurs parisiens tentent de prouver leur savoir-faire. La raison est à la fois architecturale et historique mais plus du tout financière puisque le zinc a bien changé de valeur ! Il fait parti, à l’heure actuelle, des matériaux haut de gamme utilisés pour la couverture.  Sous le Baron Haussmann, 37500 habitations ont été reconstruites pour les bourgeois qui avaient besoin de « chambres de bonnes » installées dans les combles. D’où la nécessité de réduire la charpente et d’avoir cette toiture légère et fine en zinc pour gagner de la place. Aujourd’hui plus de bonnes mais des petites chambres toujours bien utiles pour augmenter le parc locatif et pour les petits budgets…

C’est pourquoi cette candidature à l’UNESCO aurait pu apporter la lumière sur les toits de Paris, sur un métier peu reconnu et qui risque de disparaître. En lice donc pour le patrimoine immatériel de l’UNESCO de 2022, les toits de Paris avec les couvreurs-zingueurs comptaient sur ce classement pour redonner du souffle à la profession qui manque cruellement de main d’œuvre. Rappelons que le patrimoine immatériel est la clé de la sauvegarde par la transmission, de génération en génération, de manière à laisser une place à l’évolution naturelle du savoir et du savoir-faire.

Mais c’était sans compter sur d’autres candidatures présentées aussi : la fête vinicole « le Biou d’Arbois » et la baguette de pain. Et c’est finalement cette dernière qui a eu la préférence pour candidater. Certes la baguette de pain est une institution française. Elle représente la France dans le monde entier et ma gourmandise aurait pu me la faire préférer aussi mais j’aurais bien aimé que les toits de Paris soient sélectionnés pour faire perdurer leur 150 ans d’histoire. La disparition des toits emblématiques de Paris est plus probable que la disparition de la baguette de pain qui n’a plus de réputation à se faire. « Les toits de Paris sont uniques au monde. Il faut faire connaître cela aux jeunes. A travers le classement du savoir-faire, c’est aussi un éclairage apporté sur les toits de Paris » a dit Gilles Mermet responsable de la candidature à l’UNESCO et je suis tout à fait d’accord avec lui. C’est un patrimoine qu’il faut absolument préserver, ils font partie de notre identité, il ne faut pas les laisser tomber et continuer à les entretenir. Dommage qu’il faille en arriver à candidater pour les mettre en lumière mais cela aura au moins eu le mérite de parler un peu de toits dans les journaux ! De plus ils n’ont pas dit leur dernier mot puisque leur première candidature date de 2014 !

En attendant de les voir entrer au patrimoine immatériel de l’UNESCO ou d’aller faire un tour dans la capitale (pensez à lever les yeux ou aux visites guidées des toits), je vous propose une petite visite virtuelle.

https://artsandculture.google.com/streetview/toits-du-palais-garnier/MwHej74z895Uvg?hl=fr&sv_lng=2.331656506485047&sv_lat=48.87223414775861&sv_h=169.6947612995985&sv_p=-29.730898427377852&sv_pid=N9hs0LHI4AAAAAGuvISryg&sv_z=0.9999999999999997

BOULET Valentin DN MADE 1 Horlogerie, avril 2021

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