Faut il brûler le Louvre… C’est la question posée aux artistes en 1919 par la revue d’avant-garde « L’esprit nouveau ». Derrière son masque de provocation elle interroge les artistes sur le passé et les traditions.
Et oui ! Faut il se détacher du passé encombrant et asphyxiant ou le considérer comme inspirant ? De nombreux illustres artistes comme Courbet, Pissarro, Cézanne, Marinetti ont exprimé leur envie de brûler le Louvre. Une longue liste, à tel point que l’on peut se demander s’il ne s’agit pas d’un mythe destructif, un passage obligé de l’avant-garde, de la même manière que les compositeurs brûlent une de leur partition durant leur jeunesse.
Pour avoir un autre son de cloche, il était tentant de poser cette même question cent ans plus tard aux Streets artistes qui parcourent les rues à coup de bombes de pochoirs et autres outils d’expressions. Ont-ils réussi à rebondir sur les « œuvres anciennes » pour en créer des nouvelles? La réponse est oui. En effet, le street art puise dans un large répertoire d’image allant de la culture pop à la peinture la plus classique , dont un grand nombre est conservé au Louvre. Notamment la Joconde. Cette peinture d’une femme au regard presque effronté nous en fait voir de toutes les couleurs ! Voici donc une petite compilation des détournements les plus connus de cette œuvre emblématique. Est-ce encore une occasion pour la Joconde de faire parler d’elle ? Evidemment. Suis je jalouse ? Absolument !
Trêve de plaisanterie, attaquons les choses sérieuses. Ci-dessous vous découvrirez l’œuvre de Jo Di Bona. Très coloré et bourrée de clin d’œil à la culture pop, c’est l’exemple parfait pour nous montrer qu’on peut créer quelque chose de très décalé avec un élément classique.
« Chaque artiste a envie de prendre une œuvre capitale comme la Joconde pour en faire sa propre histoire »
Cette phrase de Jo di Bona, street artiste, nous montre qu’il est intéressant de s’inspirer du « vieux » pour créer du « neuf ».
Mais comment parler de détournement de la Joconde sans parler de celui de Marcel Duchamp ? Le célèbre père du mouvement dada avait pour but de bouleverser les foules, tout le monde connait son urinoir… Mais l’œuvre qui va nous intéresser vous vous en doutez… C’est celle ci dessous. Je vous conseille de bien lire les lettres en bas du tableau. Très provocateur Marcel Duchamp attire notre attention sur la question du » genre ». Un fait d’actualité. Comme quoi, parfois, l’ancien influence le nouveau et lui donne des ailes.

Pour continuer dans cette ambiance d’humour potache, passons du constat à la démonstration avec la « Moona Lisa » de Nick Walker. Son œuvre mi trivial mi érotique fait référence à la Vénus Callipyge , cette célèbre statue antique qui soulève son « péplos » laissant échapper… Sa lune !

« J’essaie d’injecter un peu d’humour ou d’ironie dans certaines peintures, histoire de dérider les murs »
On découvre que Nick Walker se sert de la notoriété d’œuvre antique pour véhiculer ses messages enveloppés dans un humour décalé.
Toujours dans l’esprit du dadaïsme, nous allons cette fois nous tourner vers la « Pixeleted Mona Lisa with Deconstructured Donald Duck » d’Ozmo. Usant de bombes aérosols et de peinture acrylique, Ozmo nous donne l’impression que la Joconde est en cours d’achèvement d’un point de vu numérique en totale négation avec le travail manuel de l’artiste. Ainsi il remet en question la tradition de la peinture classique. Il interroge les différentes techniques artistiques mais aussi iconographiques en citant deux célèbres icônes diamétralement opposées de notre culture occidentale.

Pour finir ce petit récit spécial Joconde intéressons-nous à une œuvre du célèbre Banksy. Celui-ci a pris au pied de la lettre ce qui fait la notoriété de la Joconde, à savoir son sourire. Il « se contente » donc de remplacer le visage de notre star par un smiley en respectant la technique « sfumato » empruntée à la renaissance italienne. Ce qui fait l’œuvre ici c’est la performance de Banksy qui consistait à aller l’accrocher furtivement au Louvre, en 2004. Le concept d’œuvre d’art urbain se manifeste ici par la provocation, l’humour et la contextualisation de l’œuvre dans ce qui est le temple de l’art.
« il faut investir le Louvre et non pas le brûler! «
Banksy

Et vous ? Seriez vous capable de brûler le Louvre 🙂 ?
Eve Biehler – DNMADE1 Jo – Oct 21