Dans cet article, je vais vous parler du travail de Clément Poplineau, 28 ans, il sort des Beaux Arts de Bruxelles et aujourd’hui il réalise différentes productions artistiques, mais surtout des tableaux.
Ayant grandi dans les banlieues lyonnaises, son art est directement inspiré de son milieu, il représente sa communauté, les galères que les jeunes comme lui connaissent, la culture de la rue et ses problèmes : les préjugés, la précarité ou l’échec. Clément n’a pas choisi de faire du rap, mais à travers ses œuvres, il revendique les mêmes notions d’oppression, de pouvoir, de révolte et de lutte des classes, mais aussi d’éducation à l’art. Il souhaite prouver que venant de n’importe quel milieu l’art est accessible.
« On n’est toujours pas dans l’art. Dans la musique oui, le rap c’est ce qui se vend le plus. C’est bien, mais trop sectaire, comme si on ne pouvait faire que du rap ou devenir footballeur. »
Clément Poplineau peint dans un style inspiré des portraits de la Renaissance, à cette époque seuls les nobles étaient représentés, Clément lui peint ses amis, des jeunes issus de quartiers populaires que les médias et les politiques définissent comme « en marge de la société ». C’est sa manière de lutter contre les inégalités.
J’ai choisi de vous présenter deux œuvres de cet artiste.
« AMINEKE », huile sur toile/broderies – 2018
Cette peinture représente un de ses amis, sans papiers, actuellement en prison. Clément a brodé sur le fond de la toile des motifs berbères. Il a fait ce choix, car pour son ami Amine la seule chose qu’il connaissait de l’art ce sont les tapisseries de sa région natale du Maroc. Avec cette représentation artistique, il souhaitait faire exister Amine différemment qu’avec l’étiquette du banlieusard clandestin. Je trouve cette peinture particulièrement touchante par son histoire car malheureusement il y en a des centaines d’autres comme celle d’Amine, des jeunes immigrés qui se retrouvent dans les banlieues, dans des situations de précarité et qui deviennent délinquants. L’intégration des broderies qui contraste avec le reste de la peinture qui est sombre la rende encore plus puissante.
« 10H DE GARDAV DANS LA SABAT « , résine/haschisch – 2020
Ici on reconnaît un modèle de basket emblématique de la culture urbaine, une Nike air max moulée en résine avec dans la semelle une barrette de shit. Son idée était de cacher la drogue tout en la mettant en valeur grâce à la transparence de la chaussure. L’artiste s’est amusé du fait que la vente de shit soit interdite, mais que son œuvre soit en galerie donc potentiellement achetée. Cette œuvre a un côté un peu provocateur assez plaisant.
Ce qui m’a plu dans le travail de Clément Poplineau est sa façon de mélanger la peinture classique avec des scènes ultra contemporaines de banlieues qui donnent un effet anachronique assez inattendu. En effet, il est assez rare de voir des artistes illustrer ce genre d’images. J’apprécie également la manière qu’il a d’utiliser son art pour essayer d’abolir certains préjugés sur les quartiers populaires, ses œuvres visent un public déjà initié à l’art avec les techniques qu’il utilise, mais aussi les jeunes des quartiers populaires qui peuvent s’identifier aux images représentées.
« Je suis peintre mais mon objectif c’est de ramener les frérots au musée, que la vision qu’ont les jeunes des milieux populaires change, comme celui du public. Ce que je veux avoir dans mon travail, c’est une portée sociale. »
Si ça vous a plu, vous pouvez retrouver tout le reste du travail de Clément Poplineau sur son instagram @clementpoplineau
Iman AMRANE, DNMADE2 Bij, octobre 2021