Halloween approche, c’est pour moi l’occasion parfaite de vous parler de cette lecture récente qui m’a beaucoup séduite.
Spirale, ou Uzumaki en japonais, est un manga de Junji Itō, le maître de l’horreur japonais. Bien qu’il fut publié en 1998, le manga est de nouveau disponible en librairie à l’occasion d’une réédition, c’est donc le moment idéal pour le (re)décourvrir ensemble, non ?
Des amants fusionnels, un grain de beauté enivrant, un étrange phare… Dans cet ouvrage de courtes histoires s’assemblent pour n’en former qu’une : celle de la bourgade de Kurouzu où, petit à petit, d’étranges phénomènes prennent place. En effet, la ville est victime d’un mal profond, terrible et indicible : La Spirale. Loin des clichés de l’horreur, l’auteur ne mise pas, enfin pas dès le départ 🙂 , sur des dessins sanglants pour perturber son lecteur mais laisse plutôt un doux mal être s’installer, dans la ville comme chez ce dernier.
« Mais quand nous cessâmes de leur résister [..] Mes cheveux prirent la forme de spirale »Comme nous parlons d’un manga il est important d’évoquer le style graphique, celui-ci est particulièrement agréable à l’œil et c’est ce qui m’a poussé à acquérir ce livre.
En effet les visages doux des personnages et les représentations perturbantes des victimes de La spirale s’équilibrent pour immerger le lecteur dans la malédiction tourbillonnante qui atteint le village.
Tel quel, le manga vaut le détour et est très agréable à lire. Mais ce n’est pas tout, en effet une fois la lecture terminée on nous propose un essai de Masaru Sato, ancien diplomate et écrivain, traitant de Spirale. Une autre dimension s’offre à nous et permet une double lecture. Un parallèle se crée entre Spirale et la société Japonaise, la société capitaliste dans laquelle nous vivons en général. En proposant une relecture complète de l’ouvrage où “Spirale” deviendrait “Capital”.
La spirale appelle la spirale, plus les gens vont dans son sens plus la malédiction se propage, elle se nourrit des souffrances et de la haine des habitants entre eux. En effet les habitants, tous victimes de la spirale se liguent les uns contre les autres, c’est leur individualisme qui les tuera et fera d’eux des monstres de la spirale. Ça ne vous rappelle rien ? Le discours d’un certain économiste russe peut être ?
Un autre exemple très concret du parallèle s’observe avec cet extrait du livre premier du Capital de Karl Marx;
Je vous l’accorde: Beurk.
En tant que capitaliste, il n’est que capital personnifié ; son âme et l’âme du capital ne font qu’un.
Je me permets un léger spoil visuel afin d’appuyer mon propos (ne m’en voulez pas) avec ce panel du manga qui semble avoir été dessiné pour illustrer la phrase précédente. Monsieur Saito n’as qu’un but : fusionner avec la Spirale.
Ainsi pour ses visuels, son message critique et son intrigue je vous invite à jeter un œil sur cet ouvrage, le genre du manga gagne en popularité mais reste parfois jugé “enfantin”, j’espère vous avoir démontré le contraire aujourd’hui.
À votre avis, sommes-nous destinés à sombrer comme les habitants de Kuzouru sous l’influence de la Spirale/Capital ? C’est la question que l’œuvre semble inviter le lecteur à se poser et sur laquelle nous pouvons, nous aussi, engager une réflexion.