« J’ai tendance à dire que je mesure une Kylie Minogue et que j’en pèse trois. »

« On achève bien les gros » est un film de Gabrielle Deydier co-réalisé avec Laurent Follea et Valentine Oberti, sorti en 2019. Il retrace la vie de Gabrielle obèse depuis son adolescence et son parcours dans un corps que la société discrimine et cache. 

Gabrielle Deydier, autrice de « On ne nait pas grosse » nous présente aujourd’hui « On achève bien les gros » un film qui n’est pas sur la perte de poids, au contraire, il parle de son quotidien, de son adolescence. Gabrielle se présente à nous comme tel « Je m’appelle Gabrielle, j’ai 39 ans (aujourd’hui 42) je mesure 1 mètre 54 et pèse 125 kilo ». Comme le dit si bien Gabrielle on ne nait pas grosse. Les problèmes commencent à ses 16 ans, ses parents sont maigres faisant tous les deux entre du 34 et du 36 et ont la remarque facile, son père rappelait régulièrement a sa mère qu’elle avait trop de fesses, qu’elle était trop grosse, Gabrielle adolescente sportive et complexée suite à une remarque de ses parents sur son poids (à l’époque elle faisait 65 kilos)  décide d’aller chez un professionnel de santé afin de commencer un régime, ce dernier lui diagnostique à tort un problème hormonal et c’est ainsi que suite à ce mauvais diagnostic commence le parcours de Gabrielle. En trois mois Gabrielle prend ses 30 premiers kilos.

Commence alors les premières remarques grossophobes, à son arrivée au lycée en première, Gabrielle se retrouve convoquée chez l’infirmière, cette dernière lui affirme que les gros puent et qu’ils ont des mycoses malodorantes, qu’avec son poids elle ne pourrait pas faire la randonnée avec sa classe, qu’elle les ralentirait trop. Par conséquent ses années lycée furent très compliquées, alors quand suite à la parution de son livre Gabrielle est invitée par une de ses anciennes professeures à venir parler de discrimination et de grossophobie, elle va devoir refaire face à un moment particulièrement douloureux de sa vie.

Parmi les différents moments de ce documentaire un passage m’a particulièrement percuté lors de mon premier visionnage, Gabrielle nous explique que rien n’est conçu pour les personnes obèses, les sièges de cinéma de théâtre, dans les salles d’attente les chaises avec des accoudoirs, que quand elle cherche un appartement ses plus grandes préoccupations sont « Est-ce que je vais rentrer dans la douche? Est-ce que je peux rentrer dans les toilettes? » . J’ai réalisé que effectivement rien n’est fait pour eux, j’ai passé 3 ans à créer des objets, des endroits en arts appliqués et jamais on a pris en compte la contrainte du poids, on prend en compte l’accessibilité pour les personnes âgées, les jeunes enfants, etc… mais je n’ai aucun souvenir que dans le cahier des charges de nos exercices on ait pensé à eux, qu’on ait analysé des objets et des lieux en pensant à eux…

« Il y a 10 millions de personnes obèses en France et il y a personne qui se demandent où elles sont, enfin les gens sont toujours étonnés quand je donne ce chiffre mais elles sont où ?  Bah elles sont pas dans l’espace public, elles peuvent pas se l’approprier, quand elles se l’approprient elles se font insulter. »

Ceci n’est qu’un extrait des sujets traités dans ce film, Gabrielle a tellement d’autres choses à nous dire sur son long parcours entre la discrimination à l’emploi, les troubles du comportement alimentaire, la chirurgie bariatrique, et elle tient à nous rappeler que sont film est la pour lutter contre les discriminations et qui est là pour l’intégration des personnes obèses à la société, que ce n’est en aucun cas l’apologie de l’obésité, que ce n’est pas un mode de vie et qu’elle ne le souhaite à personne, mais qu’ils sont bien là et eux aussi ont le droit de vivre.

Je vous invite donc à aller voir « On achève bien les gros » disponible gratuitement sur la chaine Youtube d’Arte.

Bon visionnage !

Merci de m’avoir lu

Solène LEIBEL – DNMADE14JO – Décembre 2021

Une réflexion sur « « J’ai tendance à dire que je mesure une Kylie Minogue et que j’en pèse trois. » »

  1. Cet article est selon moi pertinent étant donné qu’il soulève une problématique que je n’avais pas encore observée. En effet, quelle est la place des morphologies de type « non standard » dans l’ergonomie et la domotique du quotidien ? On entend souvent parler des plaintes sur la taille des vêtements en fast fashion, inadaptés pour les trop grands, trop petits, trop gros ou trop minces. Mais on oublie souvent les événements du quotidien que souligne cet article et qui créent un véritable handicap. Depuis quelques temps maintenant,une grande vague d’idéologie « healthy » pousse les personnes dans l’extrême opposé c’est à dire l’anorexie. Il est important de rappeler que l’extrême est rarement une bonne idée. En conclusion, cet article est très intéressant pour le côté « nouveau » qu’il avance.

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