La mode, sûrement l’une des industries les plus polluantes du monde moderne, doit évoluer.
Aujourd’hui, l’industrie de la mode repose sur la fast-fashion, c’est à dire le renouvellement ultra-rapide des collections. Elle entraîne l’exploitation de milliers d’ouvrier.e.s payés une misère voire réduits en esclavage (ouïghours) dans des pays pauvres tels que le Bangladesh ou encore la Chine. Au-delà de ses conséquences sociales dramatiques, la fast-fashion représente aussi un impact environnemental phénoménal. Que ce soit au niveau des tonnes de gaz à effet de serre rejetées dans l’atmosphère, de la pollution des sols, des eaux ou encore de la consommation d’eau et d’énergie, l’industrie de la mode est aujourd’hui l’une des plus destructrices.
Pour remédier à cette industrialisation abusive, de nouvelles solutions sont aujourd’hui approchées. L’upcycling et la seconde main, par leur accessibilité financière, représentent aujourd’hui les solutions les plus attractives. La slow-fashion a aussi vue le jour ces dernières années, c’est une mode visant à contrer un modèle de production de masse et standardisé, mettant en avant la qualité des produits, la transparence de la chaîne de valeur ainsi que la diversité et la responsabilité de ses acteurs. La slow-fashion va amener à un renouvellement et une réinvention des textiles.
De nouveaux tissus comme « Chromorphous », sont aujourd’hui développés, dans l’objectif de permettre une mode s’adaptant aux goûts changeants des utilisateurs. À l’image d’un caméléon ce tissu permet à un seul vêtement ou accessoire d’apparaître sous plusieurs aspects. Développé par une équipe de chercheurs du collège d’optique et photonique à l’université Centrale de Floride, cette nouvelle technologie est une révolution. Plus besoin d’acheter la même pièce dans tous ses coloris, un seul modèle les permet tous. Les fils tissés à l’aide de machines à tisser industrielles, abritent des micro-fils métalliques permettant au courant de circuler et de venir chauffer plus ou moins des pigments thermochromiques. Ces pigments varient d’une couleur à une autre en fonction de la température qui leur est transmise. Le tissu est alimenté par une batterie rechargeable cachée à l’intérieur du vêtement ou de l’accessoire. La texture du tissu est semblable à celle du denim, et il peut être lavé et repassé. Les fils modifient la température du tissu de manière rapide et uniforme. Le changement de température est à peine perceptible au toucher. Une application mobile permet à distance, de les commander et de créer alors une multitude de combinaisons de couleurs et motifs. Le tissu reste légèrement plus grossier qu’un tissu classique en coton ou polyester, mais le CREOL travaille à produire des fibres plus minces afin que le matériau soit plus lisse, plus flexible et semblable aux tissus actuellement sur le marché. Le Dr Ayman Abouraddy, professeur d’optique et de photonique au College of Optics & Photonics de l’Université de Floride centrale (CREOL), déclarait :
« Notre objectif est de mettre cette technologie sur le marché pour avoir un impact sur l’industrie textile »
Cette technologie pourrait un jour aller jusqu’à proposer à l’utilisateur de devenir lui même créateur, designer de ces objets, notamment par le biais de l’application mobile, en proposant un espace de libre création, comme une page vierge sur laquelle il serait possible d’inscrire des motifs, couleurs, mots. Cette potentielle évolution de l’application mobile permettrait une réelle collaboration et cocréation entre créateurs de ces vêtements/accessoires connectés et acheteurs. L’accessoire ou le vêtement Chromorphous évolue avec l’utilisateur. il est par conséquent, un objet pour lequel l’acheteur va porter plus d’attachement. Celui-ci s’en séparera donc moins facilement. On retrouve alors bien cet objectif de mode plus durable que vise la slow-fashion.
Lily-Rose H. – DNMADe1JO – Déc. 21
Cet article a le mérite de mettre l’accent sur un des majeurs défauts de l’industrie de la mode : une production trop rapide et éphémère dont l’impact sur l’environnement et les techniques de sous-traitances sont douteuses. C’est donc d’autant plus inspirant de voir que designers et scientifiques s’allient pour concevoir des nouveaux matériaux capables d’évoluer selon les désirs du client et susceptibles de durer dans le temps. La composition et confection du « Chromorphous » est d’ailleurs bien expliquée dans cet article. J’ai même envie de relier l’innovation présentée ci-dessus avec le développement des biotextiles. Ces nouveaux matériaux sont tirés de ressources naturelles et généralement aisément renouvelables. Parmi eux, les textiles tirés des algues sont des plus prometteurs. Des scientifiques ont même mis au point un tissu d’algue qui se régénère grâce à la photosynthèse et qui peut donc évoluer avec son porteur sans qu’il ait à être jeté. En résumé, ces innovations avant-gardistes et responsables représentent probablement le futur du domaine du luxe.