Illusions ou réalités ?

Une exposition itinérante pour (re)découvrir l’hyperréalisme 

Lorsque l’on pense à l’hyperréalisme, notre vision se limite principalement aux Tourists II (1988) et à la Supermarket Lady (1970) de Duane Hanson, des sculptures plus vraies que nature et critiques de la société de consommation de l’époque. Selon sa définition classique, l’hyperréalisme est un courant artistique apparu aux États-Unis à la fin des années 1960, et caractérisé par une interprétation quasi photographique du visible. Il s’est développé en opposition à l’esthétique dominante de l’art abstrait, c’est également de cette façon que ce sont développés le pop art et le photoréalisme. Mais ce serait une erreur de penser que l’hyperréalisme ne se limite qu’à ce concept ou que c’est un mouvement passé d’époque. Bien au contraire, ce mouvement dépasse largement les frontières de la vraisemblance et de la réalité et s’adapte à la société et ses bouleversements.

C’est justement ces possibilités plus vastes qu’on ne le croit que l’exposition « Hyper Réalisme, ceci n’est pas un corps » nous propose d’explorer. Cette exposition itinérante, qui a déjà connu un certain succès à Bilbao, Rotterdam, Liège, Bruxelles et même Cambera a posé récemment ses valises dans le deuxième arrondissement de Lyon et ce pour environ une demi-douzaine de mois. Elle rassemble le travail d’une quarantaine d’artistes hyperréalistes parmi lesquels on retrouve des pionniers et des figures mythiques de ce mouvement tels que George Segal, Berlinde De Bruyckere, Carole A. Feuerman, Maurizio Cattelan, Ron Mueck, Duane Hanson ou encore John DeAndrea mais également des artistes plus récents.

L’exposition débute en confrontant le spectateur avec une femme plus vraie que nature, de dos, la tête appuyée contre le mur et le visage dissimulé par son pull, comme si elle voulait se protéger de la lumière du jour. Est-elle une autre spectatrice en train d’observer une vitrine miniature encastrée dans le mur, est-elle en train de manipuler une installation de l’exposition interactive ? Pas du tout, il s’agit de Caroline (2014), une création de Daniel Firman qui instaure le cadre de l’exposition. En effet tout au long de l’exposition, la disposition spatiale est conçue afin de surprendre au détour d’un angle ou d’un couloir le spectateur avec une œuvre saisissante de réalité de sorte que, l’espace d’un instant, il se croit confronté à une personne réelle, en chair et en os. Le tout ponctué de citations et d’interviews d’artistes qui donnent plus de sens aux œuvres et aux démarches entreprises par les artistes.

L’exposition se divise en six concepts. Si la première partie s’attarde sur les répliques humaines, la deuxième se concentre sur les représentations monochromes, afin de démontrer que l’absence de de couleurs peut renforcer les qualités esthétiques liées à la forme, bien loin d’atténuer l’effet réaliste et permet de donner un certain anonymat et une dimension collective aux sculptures. On découvre ensuite l’intérêt pour les artistes de se focaliser exclusivement sur des parties spécifiques du corps pour gagner en réalisme et véhiculer un message.

Les nageuses de Carole A. Feuerman sont plus vraies que nature, aves les goutelettes d'eaux sculptées à leur surface on a l'impression de voir des épidermes humides.
CAROLE-A.-FEUERMAN-Catalina,1981 et General’s Twin,2009.

 

Les nageuses de Carole A. Feuerman sont plus vraies que nature, aves les goutelettes d’eaux sculptées à leur surface on a l’impression de voir des épidermes humides.

 

« Les détails font la perfection et la perfection n’est pas un détail » LEONARD DE VINCI

   Viennent ensuite des sculptures aux dimensions exagérées : leur format n’est pas anodin, il vient placer l’accent sur des thèmes existentiels et des moments clés de la vie. 

Woman and child de Sam Jinks, 2010.

 

Cette sculpture de taille réduite d’une grande tendresse parvient à capturer la fragilité de la vie grâce au vieillissement du corps de cette grand-mère finement travaillé et la quasi transparence laiteuse de sa peau.

 

 

 

Ensuite l’exposition connait un certain basculement puisque le concept suivant concerne les réalités difformes. Dans cette partie plus contemporaine, les artistes dépassent à l’aide de l’hyperréalisme les frontières du réel. Ils déforment, contorsionnent, décomposent les corps, afin de soulever des questionnements essentiels sur les progrès scientifiques, les possibilités offertes par les outils numériques et les questions éthiques entrainées par ces avancées, dénonçant ainsi la finitude de notre existence souvent niée aujourd’hui.

Evan Penny,Self Stretch, 2012

 

Evan Penny adapte l’hyperréalisme au monde d’aujourd’hui : ses sculptures semblent avoir des proportions exactes seulement pour un angle de vue. Ainsi de face, cette sculpture semble sorties tout droit d’une photo tandis que lorsque le spectateur se déplace, il réalise que le reste de la sculpture est comme écrasé, aplatit, réduisant donc cet « être humain » à un format en 2D.

 

 

« C’est le regardeur qui fait l’œuvre  » MARCEL DUCHAMP

La dernière partie intitulée « Frontières mouvantes » est l’occasion de s’interroger sur la possibilité de se libérer du cadre tridimensionnel et de la sculpture inanimée et figée pour faire perdurer l’hyperréalisme.

J’ai beaucoup apprécié les concepts présentés dans cette exposition et plus particulièrement les derniers qui ont le mérite de dépoussiérer ce mouvement artistique. Les techniques et les matériaux utilisés questionnent tantôt le rythme consumériste de notre société ainsi que la volonté d’améliorer toujours plus l’apparence humaine. Et puis surtout, les illusions créées par ces œuvres occasionnent des impressions et des émotions qui ne sont pas transmissibles par des photographies c’est pourquoi je vous recommande cette exposition qui est un vrai régal pour les yeux.

« Hyper Réalisme, ceci n’est pas un corps », à la Sucrière à Lyon jusqu’au 6 juin 2022.

ETOLINT Anna DNMADeJO1- Février 2022

À Bicyclette ! … Du petit au gigantesque

Une bicyclette dans un parc … quoi de plus normal !

Au Parc de la Villette, au 19e arrondissement de Paris se trouve une sculpture monumentale très originale car composée de quatre éléments enfouis dans le sol et installés de telle manière qu’il faut avoir pris un peu de hauteur ou un certain recul pour pouvoir comprendre qu’il s’agit d’une bicyclette. « La Bicyclette Ensevelie », œuvre du couple d’artiste Claes Oldenburg et Coosje Van Bruggen est une installation joyeuse qui questionne autant qu’elle attire les promeneurs… Est-ce une installation, une sculpture, une attraction ludique ou tout à la fois ?

 

La Bicyclette Ensevelie est une commande de l’état français sous le premier mandat de François Mitterrand qui souhaitait redonner un souffle nouveau sur l’art français. Commandée en 1985, elle sera inaugurée en 1990 en présence des artistes.

L’installation s’étend sur une surface globale de 46 sur 21.7m et côtoie les œuvres de Bernard Tschumi et Philippe Stark. La sculpture est faite d’acier, d’aluminium, de plastique et de peinture émaillée.

Roue : 2,8 x 16,3 x 3,2m

Guidon et Sonnette : 7,2 x 6,2 x 4,7m

Selle : 3,5 x 7,2 x 4,1m

Pédale : 5,0 x 6,1 x 2,1m

POURQUOI UNE BICYCLETTE ?

Claes et Coosje aiment reprendre des éléments du quotidien et s’adaptent aussi au pays où l’œuvre prendra forme. C’est ainsi que la bicyclette s’impose à eux comme un objet représentant la France.

La bicyclette comme nous la connaissons (à pédales) est inventé en 1861 par Pierre et Ernest Michaud, serruriers parisiens. Cette invention d’abord réservée à une classe sociale aisée (qui l’utilise pour ses loisirs) se popularise rapidement entre 1915 et 1945. On peut d’ailleurs apercevoir cette première bicyclette moderne dans le premier film de l’histoire « La sortie de l’usine Lumière à Lyon » en mars 1895.

Vélocipède de Pierre et Ernest Michaud, 1865 (Musée des arts et métiers, Paris 3e).

Scène du premier film de l’histoire « La sortie de l’usine Lumière à Lyon » en 1895.

Le couple désigne également la bicyclette pour son utilisation dans l’art en France. Coosje et Claes s’appuient sur le travail de Marcel Duchamps et son ready-made « La roue de bicyclette » (1913) et Picasso avec sa « Tête de taureau » (1942) qui tous deux reprennent l’utilisation d’un objet banal de consommation que représente la bicyclette.

Reprendre un objet du quotidien pour le détourner est primordial dans le travail de Claes Oldenburg qui appartient au mouvement Pop Art.

Coosje van Bruggen dit : « … nous travaillons avec des objets intimes : une vis, une brosse à dents, ça tient dans la main… » et Oldenburg ajoute : « Ils ont un rapport à la personne, au corps, au toucher. »

CLAES OLDENBURG (1929 -)

Sculpteur d’origine suédoise puis naturalisé américain, il appartient au mouvement Pop Art dès les années 1960 à son arrivée aux Etats-Unis où il rencontre Allan Kaprow et Jim Dine. Il s’intéresse premièrement aux quartiers défavorisés et crée des œuvres qu’il qualifie de « pauvres » avec des matériaux peu coûteux (bois, cartons, ficelles). Peu à peu Claes se préoccupe de la consommation de masse qu’il voit s’établir partout. Il va donc réaliser des œuvres qui représentent ces objets (hamburgers, téléphones…). Dès 1962 il réalise ses premières sculptures monumentales.

Oeuvres de Claes Oldenburg :

  • Floor Burger, 1962
  • Floor Cake, 1962
  • Toilet, Hard Model, 1966

OLDENBURG Claes (né en 1929), Toilet, Hard Model, 1966,
huile, vernis et feutre sur carton et bois, 115x72x85 cm, Francfort

 

COOSJE VAN BRUGGEN (1942 – 2009)

Sculptrice, peintre, historienne de l’art et critique. Elle se marie à Coosje en 1977 et s’associe à lui pour la suite de sa carrière. La première sculpture qu’ils réalisent ensemble est « Flashlight » pour l’Université du Nevada, Etats-Unis.

Quelques œuvres du couple :

  • Lipstick (Ascending) on Caterpillar Tracks, 1969-74 New Haven, Université de Yale
  •  Clothespin, 1976 Philadelphie, Square Plaza
  • Spoonbridge and Cherry, 1988
  • Saw, Sawing, 1996
  • Dropped Ice Cream Cone, 2001

OLDENBURG Claes & VAN BRUGGEN Coosje, Dropped Ice Cream Cone, 2001,
 aciers, plastique et balsa peints, H : 12,1 m, D : 5,8 m, Cologne (Allemagne), Centre commercial Neumarkt. Un cône monumental de crème glacée semble être tombé sur le bord de la terrasse de l’immeuble et la vanille est en train de fondre sur la façade. 

LE POP ART

Mouvement artistique qui voit le jour en Grande-Bretagne dans le milieu des années 1950 (Richard Hamilton, Eduardo Paolozzi). Le Pop Art émerge rapidement aux Etats-Unis dans les années 1960 avec des artistes comme Andy Warhol, Roy Lichtenstein et Jaspen Johns.

Ce mouvement questionne sur la consommation de masse et l’influence que peuvent avoir les magazines, les publicités et la télévision. Il présente l’art comme un simple produit de consommation : éphémère, bon marché et jetable.

Artistes et Œuvres Pop Art à connaître :

  • Andy Warhol, Campbell’s Soup Cans (1962)
  • Jaspen Johns, Scott Fagan Record (1970)
  • Roy Lichtenstein, Crying Girl (1963)
  • Richard Hamilton, Just what is it that makes today’s homes so different, so appealing, (1956)
  • Eduardo Paolozzi, Meet the People, (1948)

Warhol Andy, Campbell’s Soup Cans, 1962. Acrylique et liquide peint en sérigraphie sur toile (51x41cm)

LE MESSAGE DE LA BICYCLETTE ENSEVELIE

Coosje s’inspire de Molloy, roman de Samuel Beckett publié en 1951 pour le positionnement de l’installation. Pour cela, elle reprend une scène précise où l’anti héros tombe de sa bicyclette et n’arrive plus à reconnaître l’objet après sa chute, étant victime d’un trou de mémoire.

La bicyclette semble abandonnée, la nature ayant repris ses droits et ayant enfoui les restes. C’est une évocation à l’oubli et aussi une représentation contemporaine de la vanité.

L’œuvre in situ investit les lieux et entre en résonnance avec le Parc de la Villette qui est un lieu où se croisent promeneurs à pied et à vélos. Elle se veut ludique et attractive (à noter qu’avant 2007 il était possible pour les enfants de jouer sur l’œuvre). Elle offre aussi une réflexion sur l’archéologie moderne que j’évoquerais plus tard dans un article. Ensevelie, l’œuvre peut alors s’interpréter comme un vestige d’une civilisation passée dont apparaît par fragments archéologiques, des restes que nous foulons, comme le reflet d’une société
périssable qui devient déchet et métaphore de notre propre mort.

L’œuvre est à la fois absente et présente; présente par sa dimension et ses couleurs pop et absente car il est difficile d’en avoir un aperçu global, certains passants ne se rendant pas compte de ce que représente l’installation.

« Changer l’échelle des objets, c’est les rendre plus intéressants, car cela change la relation qu’on a avec eux. Plus proches, ils s’agrandissent ; plus loin, ils rapetissent. » (Claes Oldenburg).

Dessin de Coosje Van Bruggen sur la vue donnant sur le guidon et la sonnette pour l’installation de la bicyclette ensevelie.

Les artistes invitent le spectateur à relier les différentes parties de la bicyclette à l’aide de son imagination. Il prend alors conscience d’un reste, enfoui à la fois rassurant et effrayant.

«… Ces œuvres à grande échelle, oscillant entre l’angoisse et l’euphorie du grotesque, prennent le parti du corps et de l’imagination, exploitent les vertus curatives du comique, contre la sanctification de la raison, de l’ordre et de la morale qui s’est imposée dans l’histoire de l’art abstrait, l’architecture moderniste et l’art des ingénieurs. », Eric Valentin (auteur d’un ouvrage sur Claes Oldenburg).

Je vous invite donc à ouvrir l’œil, voir plus loin et pourquoi pas vous rendre au Parc de la Villette pour découvrir cette splendide bicyclette bleue de vous-même!

Diane C. – DNMADe1JO – Fév 2022

Casser un urinoir… mais encore ?

Les musées, lieux de calme et de sérénité où l’art est mis à l’honneur. Néanmoins, ils sont parfois le théâtre de performances inattendues, malvenues même. Dégradations et vandalismes rythment la vie artistique depuis toujours. Le vandalisme est par définition un acte de destruction, il peut être motivé par des idées intolérantes et haineuses, néanmoins ces actes sont parfois revendiqués par certains vandales comme un acte politique, par d’autres comme une contribution artistique.

Andres Serrano posant à coté de son œuvre vandalisée

Outre les actes de pure contestation violente, comme l’attaque au couteau d’Immersion de Andres Serrano, jugée blasphématoire par des manifestants catholiques, on s’intéresse au vandalisme artistique. Celui-ci n’est-il pas plus qu’une agression, mais aussi un acte qui élève l’œuvre ou en crée une nouvelle ?

Foutain de Duchamp

Le cas du controversé ready-made de Duchamp, Fountain, est un exemple assez concret, en 1993 au Carré d’art de Nice, l’urinoir en porcelaine est attaqué. Pierre Pinoncelli l’homme ayant vandalisé l’œuvre se revendique porte-parole du dadaïsme :

« L’esprit dada c’est l’irrespect. »

Bien qu’il exprime une démarche créative son acte est sans aucun doute discutable. On peut considérer que cela suit la ligne directrice de sa carrière artistique composée de happenings, comme par exemple, une manif anti-pain ou bien une attaque au pistolet à peinture du ministre de la culture André Malraux.

Il explique :

« achever l’œuvre de Duchamp, en attente d’une réponse depuis plus de quatre-vingts ans […] un urinoir dans un musée doit forcément s’attendre à ce que quelqu’un urine dedans un jour. »

Ainsi Pinoncelli se revendique en plein dialogue avec l’artiste original, c’est un motif répétitif dans le vandalisme.

L’art n’est-il pas constamment en mouvement ? Ainsi peut-on réellement condamner cette volonté de faire vivre l’œuvre en la faisant évoluer ?

La question se pose et pourtant le geste de Pinoncelli reste majoritairement condamné, cela à juste titre. Outre son beau discours les actes en disent plus que les mots : il urina dans la Fountain et l’ébrécha à l’aide d’un marteau, souillant et détruisant partiellement l’œuvre. Un dialogue avec M. Duchamp exigerait tout de même du respect pour ce dernier et pour son œuvre ? Non ?

Alors entre dialogue et dada on ne sait plus où donner de la tête.

« J’ai déposé un baiser. Une empreinte rouge est restée sur la toile. Je me suis reculée et j’ai trouvé que le tableau était encore plus beau… Vous savez, dans cette salle vouée aux dieux grecs, c’était comme si j’étais bercée, poussée par les dieux… Cette tache rouge sur l’écume blanche est le témoignage de cet instant ; du pouvoir de l’art. »

L’artiste Rindy Sam revendique un appel de la toile à l’embrasser, elle l’explique dans la citation ci-dessus. Ainsi cette dernière à laisser une trace de rouge à lèvre vermillon sur un monochrome de Cy Twombly. Contrairement à Duchamp, Cy Twombly étant toujours présent au moment des faits il a réagi à l’acte, et ce de façon plutôt négative.

Les œuvres vandalisées peuvent-elles devenir de nouvelles œuvres si l’artiste original ne cautionne pas l’acte ? Cela soulève une question plus large sur la propriété dans le monde de l’art, juridiquement le droit au respect de l’intégrité de l’œuvre permet aux artistes de contester des modifications de leurs œuvres, c’est pourquoi Rindy Sam fut poursuivi en justice. Pour Anish Kapoor, artiste Britannique ayant exposé dans la cour du château de Versailles, le vandalisme que son œuvre a engendré fait par contre partie intégrante de celle-ci. Dans une interview au Figaro il explique :

« Ce vandalisme aveugle prouve le pouvoir de l’art qui intrigue, dérange, fait bouger des limites. Si on avait voulu souligner sa portée symbolique, voilà qui est fait comme jamais auparavant. »

Dirty Corner à Versailles, lorsqu’elle n’était pas encore vraiment « dirty.

En vandalisant une œuvre d’art on admet son influence et son importance, si l’œuvre n’était pas sacralisée auparavant, le vandalisme s’en chargera. L’œuvre porteuse d’un message fort est utilisée pour propulser d’autres messages sur le devant de la scène, que ces derniers soient fondés sur une volonté de faire le bien ou non. Ainsi, Dirty Corner restera affublé d’inscriptions haineuses, comme un symbole de la force de l’art et de son impact, dénonçant au passage les travers humains et le racisme encore trop présent.

Cela nous invite à une interrogation, peut-on trouver du bon dans un acte qui a pour seul but de nuire ?

Merci de m’avoir lu !

Lucie Garcia DNMADEJO1 – Fev 2022

Et si Newton avait tout faux…

Eh oui, aujourd’hui on va s’attaquer à du lourd. A du très très lourd même. On va parler de pierres qui défient la gravité et de personnes qui en font des œuvres d’arts hors du temps…

Empiler des cailloux, c’est pour ainsi dire, le péché mignon de l’Homme depuis tout temps. Cela a commencé avec la construction de dolmens, tel Stonehenge, et continue de perdurer avec la construction de cairns par quelques randonneurs audacieux aux bords des sentiers de montagne.

Ci-dessus, deux œuvres de l’artiste Michael Grab.

Cependant, certains en ont fait une passion;
à tel point qu’ils ont poussé le niveau à l’extrême, jusqu’à allant défier la gravité. C’est ce que l’on appelle plus communément le « stone balancing » ou le « rock balance », en bref : l’équilibre des pierres.

 

Ci-dessus, une œuvre de l’artiste Adrian Gray à Singapour en 2012.

C’est une pratique encore assez méconnue mais qui commence lentement à se démocratiser à travers les paysages montagneux et aquatiques des quatre coins du monde. Une des premières personnes à avoir pratiqué cette discipline est Adrian Gray, un artiste américain, se qualifiant lui-même de « pionnier de l’art du stone balancing« . L’artiste a en effet commencé sa carrière en créant des œuvres éphémères aux alentours de l’année 2002.

De plus en plus d’adeptes veulent s’y essayer et pour cela rien de plus simple : un beau paysage, des pierres astucieusement choisies et une infinie patience. Beaucoup y voit un aspect philosophique et spirituel. Le fait d’empiler des éléments aussi simplistes que des pierres en luttant contre la gravité pour ne pas que tout s’effondre peut aider au bien-être de certaines personnes appréciant cela.

Ci-contre, une photo de l’US National Park Service alertant sur les dangers de cette pratique.

Mais cette pratique, se rependant de plus en plus dans le domaine de l’amateurisme, a un côté double-tranchant. En-effet, certaines personnes mal intentionnées effectuent cette pratique de manière répétée, ce qui a pour conséquences la destruction d’abris d’animaux sauvages et la déformation du paysage naturel.

Ci-dessus, une œuvre de l’artiste Sp Ranza.

Il existe néanmoins un championnat mondial  au Texas réservé aux professionnels qui impose aux participants d’ériger leurs œuvres dans un endroit naturel n’interférant pas ou très peu sur la faune et la flore locale. L’usage de colles ou de matériaux adhésifs est totalement proscrit, seule la « gravity glue » (la gravité dite collante) est autorisée. Le champion d’Europe de ce concours n’est autre qu’un artiste français se présentant sous le pseudonyme de Sp Ranza.

Et vous? Ne vous laisseriez-vous pas tenté par le stone balancing dans un environnement calme, propice à cette activité en luttant avec ferveurs contre la gravité que nous a démontré Newton…?

Mes sources:
https://parismatch.be/actualites/environnement/164408/pourquoi-le-stone-stacking-est-mauvais-pour-lenvironnement
https://www.stonebalancing.com/about-my-art/
– https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/restauration-hotellerie-sports-loisirs/le-stone-balancing-ou-l-art-de-faire-tenir-des-pierres-en-equilibre_3620819.html
– https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89quilibre_de_pierres
– https://thereaderwiki.com/en/Adrian_Gray_(artist)

Arthur WEGBECHER – DNMADE 14 – Janvier 2022

Récupération animiste

L’art sculptural est fascinant par sa capacité d’évocation à travers le modelage de la matière et c’est d’autant plus vrai avec le travail de la sculptrice japonaise Sayaka Ganz.

Née à Yokohama, l’artiste a grandi au Japon mais aussi au Brésil ainsi qu’à Hong Kong. Détentrice d’une maîtrise en études 3D orientées sur la sculpture ainsi que d’un baccalauréat en gravure, elle étudia également le théâtre et l’art dramatique expliquant sa polyvalence ayant à son actif en plus des sculptures, des gravures ainsi que des chants.

Emergence II – 2013 (183cm x 213cm x 213cm) Objets plastiques de récupération, aluminium peint et armature en acier, fil, serre-câbles

Les travaux de la sculptrice ont cette particularité de représenter des animaux en mouvement par l’assemblage d’objets plastiques vivement colorés ou de pièces métalliques récupérées.

L’artiste adore traiter d’un nouveau sujet et s’amuse à créer, qualifiant l’activité à la fois de magnifique et d’excitant. D’abord, elle trie les objets, par couleurs ou encore par matières. Le plastique apparaît alors comme sa matière de prédilection en raison de la variété des formes curvilignes et des couleurs disponibles. Une fois son sujet animalier choisi, elle cherche à réunir autant de sources d’inspirations possible comme la photo, internet et les livres. Elle précise s’appuyer davantage sur des représentations que des descriptions précises. Elle recherche ainsi moins la reproduction conforme de l’animal que ce qu’il évoque dans ses traits caractéristiques. Elle s’intéresse notamment à son squelette afin de le représenter le plus fidèlement possible dans la structure/armature de l’œuvre. Vient ensuite l’étape préféré de Sayaka Ganz où elle donne matière à sa sculpture ;

 « Ce processus est comme un puzzle pour moi. Je m’assure que tous les objets sont correctement alignés pour maximiser l’effet du mouvement, et j’ajoute, recule, ajoute un autre, recule, enlève un morceau, et je continue jusqu’à ce que le morceau semble complètement formé mais pas trop dense. » Sayaka Ganz

Ainsi, Ganz assimile chaque objet à un coup de pinceau, car à l’instar de ceux appartenant à un tableau impressionniste, il semble apparaître une unité dans l’œuvre qui se diffracte à mesure que l’on s’en rapproche. Elle décrit ainsi son style comme « l’impressionnisme 3D », créant une illusion de forme en utilisant des objets comme des coups de pinceau qui deviennent visibles lorsqu’ils sont observés de près.

Nanami – 2017 (152cm x 488cm x 183cm) Objets en plastique de récupération, armature en aluminium peint, fil, serre-câbles

Il se dégage de ses œuvres animalières, une impression de mouvement, comme si des esprits habitaient les sculptures et s’y seraient trouvés figés, pris sur le vif. Il s’agit d’ailleurs de l’effet voulu car représentatif de la vision de l’artiste qui a grandi avec la croyance animiste shintoïste selon laquelle toutes les choses dans le monde ont un esprit.

C’est ainsi que, peinée à la vue des objets délaissés dans la rue, au rebut ou dans les centres de récupérations, elle entreprit de leur donner une nouvelle vie à travers ses créations.

Se faisant, Ganz a pour objectif de transmettre son aspiration au public qui consiste à réintroduire l’importance du monde naturel dans la vie des gens et ce particulièrement dans les zones urbaines. Elle cherche à déclencher par ses œuvres des réactions similaires que l’on pourrait éprouver en contemplant la nature. Montrant la beauté que peuvent prendre les objets banals considérés comme des déchets, elle espère alors provoquer un réexamen de notre rapport au monde car souvent, lorsqu’on on trouve de la beauté dans un objet, on l’apprécie et veille d’avantage à son entretien pour le faire durer. En dernier recours, on cherchera à correctement le faire récupérer ou recycler. De cette manière Ganz, défend la nécessité de changer la valeur que l’on accorde à ce qui nous entoure pour sauvegarder un environnement bien trop souvent malmené par la surconsommation conduisant à la pollution et donc à sa dégradation.

« Mon travail consiste à percevoir l’harmonie, même dans des situations qui semblent chaotiques de l’intérieur. En observant mes sculptures de près, on peut voir des lacunes, des trous et des objets retenus uniquement par de petits points ; éloignez-vous, cependant, et les sculptures révèlent l’harmonie créée lorsque les objets sont alignés dans la même direction générale. De même, il est important de prendre du recul en prenant du recul par rapport aux problèmes actuels et d’avoir une vue d’ensemble. On peut alors percevoir la beauté et les motifs qui existent. » Sayaka Ganz

Stream – 2015 (36 cm x 46 cm) – collagraphe

Un message que je trouve touchant et qui ne manque pas de beauté autant dans le fond que dans la forme à travers ses œuvres. C’est pourquoi, je vous invite à visiter son site où vous aurez l’occasion d’effectuer une visite virtuelle de son exposition : «Reclaimed Creations». Elle regroupe bon nombre de ses sculptures et collagraphes, des gravures basées sur le collage.  

Solveig DUBOIS – DNMADe1HO – Février 2022

Le street artist et l’enfant

 

Ericailcane et Bastardilla, Iconozo, Colombie

Ericailcane, ou Erica Il Cane, est un artiste de rue et graffeur italien originaire de Belluno, en Vénétie. On retrouve son travail un peu partout dans le monde, en Italie, en France, en Grande Bretagne, en Colombie, en Palestine, aux États-Unis… Ses œuvres sont, la plupart du temps, monumentales, et recouvrent les murs de nombreuses villes. Reconnu aujourd’hui comme l’un des grands noms du street art, compagnon de travail du graffeur italien Blu, il est aussi à l’origine de nombreuses illustrations, vidéos et livres.

Ericailcane est né d’un père naturaliste, et cela a son importance : l’artiste a hérité d’un goût obsessionnel pour le vivant, et particulièrement pour le règne animal. Ses peintures murales et ses dessins représentent de façon récurrente des animaux, ou plutôt des créatures inspirées d’animaux, immenses et terrifiantes, des fresques tout droit venues des peintures médiévales de Jérôme Bosch. Ses animaux sont souvent anthropomorphes, ou du moins ont-ils des comportements ou des attributs humains : l’artiste les met en scène dans des situations proprement humaines, les habille, les dote d’objets et d’accessoires. Son pseudo, d’ailleurs, signifie « Erica le Chien » en italien : l’artiste se situe lui-même d’emblée du côté animal. L’objectif semble souvent être de parler de l’homme à travers l’animal, mais aussi de parler du rapport qu’entretient l’homme avec le vivant non-humain.

Ericailcane confronte, au cœur de la ville, le sauvage et le domestique ; il introduit dans l’espace urbain, tout à fait apprivoisé et humanisé, des crocodiles gigantesques et des ours, prédateurs qui en sont normalement exclus. Au milieu des bâtiments en béton et des poteaux électriques de Bogota en Colombie, se dressent un loup et un dinosaure de plusieurs mètres, portant sur un brancard un homme blessé par des grues et des pelleteuses qui creusent son corps. Les deux animaux, disparu depuis longtemps pour l’un et pendant un temps quasiment exterminé par l’homme pour l’autre, encadrent ce personnage qui se détruit lui-même et qui va droit à sa fin.

Bogota, Colombie

Comment reconnaître la patte d’Ericailcane ? Une iconographie fantastique composée d’animaux, un trait à la fois précis et déformant, un dessin qui se tient entre l’illustration jeunesse et le dessin scientifique. L’animal est son domaine : lors de ses collaborations avec Blu, Blu dessine les humains, et lui les animaux. En général, ses peintures murales sont engagées : il y parle d’aliénation, de liberté, d’écologie, mais aussi de prédation, de la place de l’animal domestique dans la société, du rapport à l’animal sauvage. Si vous souhaitez voir un exemple en vrai, une de ses peintures se trouve sur un mur de Besançon : un mouton noir tente de libérer un mouton blanc parqué dans un enclos, en coupant ses barbelés à l’aide d’une pince sur laquelle est écrite une citation de l’anarchiste Alexandre Marius Jacob, « le droit de vivre ne se mendie pas, il se prend ».

Le blog de la galerie Strip Art écrit ainsi : « Globalement, ses œuvres sont monumentales. Si, dans leur style, elles semblent sorties de l’imaginaire d’un enfant, leur interprétation, elle, reste du domaine de l’adulte ». Et ce lien avec l’enfance n’est ni involontaire, ni inconscient. C’est lors d’une exposition au Musée du Temps de Besançon il y a quelques années, en 2017, que j’ai découvert Ericailcane, une exposition dont le nom était « Leonardo/Ericailcane. Potente di fuoco ». Leonardo, c’est le prénom qui se cache derrière le pseudo Ericailcane, et c’est, de fait, l’enfant qu’il était avant d’être un artiste. L’exposition reposait sur une idée tout à fait intéressante : à la suite d’un rangement ou d’un déménagement, le père d’Ericailcane avait retrouvé des dizaines de dessins de Leonardo. Il était assez étonnant de voir que les thèmes du monstre, de l’humain et du non-humain, de l’étrange, questionnaient déjà le petit Leonardo : les dessins d’enfants montrent des hybrides, des êtres composés d’éléments naturels et artificiels – un avion croisé avec un poisson par exemple -, des robots, des monstres, des animaux imaginaires en pagaille. A l’occasion de l’exposition, Ericailcane avait repris chacune de ces créatures et les avait redessinées, presque à l’identique, mais avec son œil d’adulte et son trait d’artiste accompli. Le musée du Temps était bien choisi pour cette évocation du temps écoulé entre l’enfance et la vie adulte, à la fois pour montrer l’évolution et le chemin parcouru, mais aussi pour voir qu’en fin de compte, Ericailcane dessine toujours les mêmes monstres que Leonardo, avec le regard critique et l’expérience de l’adulte en plus. Il affirmait ainsi sa volonté d’exploiter un imaginaire et un visuel fantastiques inspirés de l’enfance, révélant en même temps la capacité de l’enfant à créer et imaginer de l’étrange à partir du familier et de la vie quotidienne, à inventer ce qui n’existe pas. L’imaginaire de l’enfant reste une source d’inspiration toujours abondante.

L’exposition n’existe plus depuis des années, mais il est toujours possible d’aller voir les œuvres murales d’Ericailcane en vrai – à Bogota, mais aussi à Besançon, ou encore à Niort, si on n’a pas le temps d’aller jusqu’en Colombie – ainsi que sur le site de l’artiste, www.ericailcane.org, sur instagram : @potentedifuoco ou encore sur facebook : Ericailcane.

Merci pour votre lecture !

GILBERT Lucille, DNMADe Jo 1, Février 2022

https://www.juxtapoz.com/news/street-art/ericailcane-paints-anarchist-sheep-in-besancon/

http://www.ericailcane.org/

https://www.blog.stripart.com/art-urbain/ericailcane/

Et si le corps disait bien plus que les mots ?

« Il ne s’agit pas d’un art, ni même d’un simple savoir-faire. Il s’agit de la vie, et donc de trouver un langage pour la vie » 

Pina Bausch

Avez-vous déjà essayé de laisser votre corps s’exprimer ? Laisser vos membres bouger au rythme de la musique ? Laisser vos mouvements mettre en exergue vos émotions ? Non ? Et si vous lisiez cet article, vous pourriez peut-être voir la danse d’une toute autre manière.

La même scène répétée sans arrêt, le même geste brutal, la même incompréhension qui s’en dégage comme dans une tourmente. Une danse folle entraînée par une rengaine dans un jeu corporel libre, personnel, puissant, empli d’émotion. Un spectacle envoûtant, perturbant, complexe. C’est là l’entièreté du travail si captivant et délirant d’une des plus grandes chorégraphes du XXème siècle, pilier de la danse contemporaine, dont j’ai eu envie de vous parler aujourd’hui. Son nom, Pina Bausch

Si vous ne la connaissez pas je vous conseille de vous pencher un peu plus sur cette femme au regard impassible d’une prestance sans nom. Créatrice de ce que l’on pourra appeler la danse-théâtre, une danse à l’encontre de tous les codes conventionnels, liant danse contemporaine et théâtre, Pina fait partie de ces gens qui ont changé la vision de la danse, qui lui ont apporté une profondeur bien plus intense que la simple beauté du geste. Il s’agit de travailler le geste, dans sa totalité, explorer toutes les fonctions anatomiques du corps, d’amener le mouvement jusqu’au bout des doigts, de manière à le faire parler, exprimer les émotions des danseurs. Une émotion à double sens qui transcende autant le danseur que le spectateur, plongés tous deux dans des scènes de la vie quotidienne et de la vie de couple dans sa violence la plus belle.

Pina a, dans les scènes qu’elle présente, des situations d’amour intense, charnel, de violence, de déchirure, de haine. Des scènes qui se répètent en boucle, s’accélèrent, se revivent. Des danses, des situations où les cris, les sons appuient le geste. Un mélange de questionnement, de beauté singulière, de folie se dégage de ses œuvres. Le corps alors parle.

Notre chorégraphe a une manière bien à elle d’appréhender la danse et ses danseurs. Tout ce qui peut être présent sur la scène a son importance, décors, danseurs/acteurs. Elle met en avant l’individu dans la pluralité, chaque danseur a son importance. Une danse dans laquelle le ressenti, ce questionnement de beauté singulière et de folie se dégage au travers d’une introspection, d’une dualité, qui se dévoile à nos yeux. Pina Bausch n’impose pas de mouvements, elle soumet une situation à laquelle les danseurs réagissent et pour laquelle ils donnent leur propre interprétation la plus profonde et la plus pure. Elle les pousse, allant même jusqu’à les faire danser les yeux fermés, pour mieux ressentir les émotions, les laisser s’exprimer. Ils agissent alors dans une démarche de quête intrinsèque, et laissent parler leur corps. La situation sera amenée différemment pour chaque danseur, sous les yeux aguerris de Pina Bausch. C’est là toute  la subtilité du travail de la chorégraphe, qui ne monte pas de toute pièce ces tableaux  qui parlent, mais qui sublime le travail de ses danseurs en le poussant toujours plus loin.

La danse peut alors être perçue comme une thérapie dans laquelle le danseur prend conscience de l’entièreté de son corps et de ses émotions. Une pièce qui marque une quête du danseur, de l’homme, du « je » du « nous ».

Il ne suffit pas de danser pour danser, il faut donner du sens à chaque geste, chaque expression, chaque pas comme nous le ferions dans une phrase.

Pina Bausch, m’a permis de comprendre certaines subtilités de langage que notre corps avait à nous offrir, comprendre qu’il n’était pas seulement source de beauté. J’ai aimé sa folie, son audace dans sa façon de travailler, de partager ses idées.

L’avis de chacun , aussi subjectif soit-il , mènera toujours au questionnement face à ce qu’il vient de voir ; c’est là la force des mots dansés de Pina Bausch. Une situation floue qui peut pour autant être perceptible et interprétée de mille façons.  

Fermez les yeux, vivez, ressentez, laissez votre corps dire ce qu’il a envie d’exprimer

Alors ? Qu’attendez-vous ? Dansez !!!

Cabrol Noélie, DNMADE Jo 1, Février 2022

Faut-il distinguer l’homme de l’artiste ?

Certains diront que la séparation homme/artiste est indispensable. Prenons exemple sur l’art musical qui est un milieu parsemé d’artistes pouvant être aussi talentueux que détestables. Quant au public, il n’est pas clair quant à l’écoute de ceux-ci et usent d’arguments bancales pour se justifier.

Kodak Black, xxxtentacion, 6ix9ine, R.Kelly, Nas, et tant d’autres. Tous au cœur d’affaires parfois criminelles, mais tous de talentueux artistes malgré tout, des célébrités notoires ou des piliers culturels.

Alors que faire en tant qu’auditeur ? Il est simple de dire qu’il faut séparer l’homme de l’artiste. Mais ne serait-ce pas cautionner de manière indirecte leur mode de vie, leurs actes ? Doit-on dissocier l’artiste de sa création ou bien prendre l’individu dans sa globalité ?

Pourquoi séparer l’oeuvre de l’artiste ?

Si l’on part de ce principe qu’il faut dissocier le créateur de la création, reste à savoir pourquoi faudrait-il faire une séparation, alors même que l’on ne le fait pas lorsqu’il s’agit d’un simple individu (citoyen lambda). On ne le fait pas car le concept « d’art » se répand dans l’inconscient collectif et octroie une place d’honneur à l’individu devenu un artiste.

Faire de l’art ne serait donc plus considéré comme un « métier », mais plutôt comme un « honneur, quelque chose de sacré ». De ce fait, on pardonnera toujours plus facilement les faux pas d’une star mondiale que les dérives d’un individu lambda puisque l’on se forcera à marquer une séparation nette entre l’artiste et son œuvre.

L’humoriste Blanche Gardin se moquait d’ailleurs de la clémence du jugement réservé aux artistes à l’occasion de son passage aux Molières : « Parce qu’il faut savoir distinguer l’homme de l’artiste… Et c’est bizarre, d’ailleurs, que cette indulgence s’applique seulement aux artistes… Parce qu’on ne dit pas, par exemple, d’un boulanger : ‘Oui, d’accord, c’est vrai, il viole un peu des gosses dans le fournil, mais bon, il fait une baguette extraordinaire.’ ». Cette phrase montre avec force cette immunité dont les artistes bénéficient.

A force de répandre l’idée selon laquelle l’œuvre d’art est neutre, sans valeurs morales ou immorales, les artistes pensent pouvoir dire ou faire ce que bon leur semble. Du moment qu’ils sont des artistes, ou encore des influenceurs, ils seront préservés des lois morales. A l’ère du numérique et de l’omniprésence des réseaux sociaux, devenus les principaux vecteurs de l’indignation populaire, tout va très vite, on apprend une information, on se choque, et sans réfléchir en amont, on réagit aussitôt. En ce qui concerne les artistes, tout s’arrange avec le temps, comme si leur statut d’artiste leur permettait de subir qu’une simple colère éphémère plutôt qu’un déferlement de haine et de révolte. Il faudrait pourtant pouvoir confronter sa passion (donc ici l’écoute de la musique) à la raison commune (jugement de la moralité de l’artiste).

Et si on commençait à assumer au lieu de se chercher des excuses ?

Lorsque l’on veut séparer le créateur de sa création, cela passe par une phase d’acceptation du mode de vie de l’artiste en question. Parler d’écoute ou de « vues », revient à parler de consommation et donc de revenus. Êtes-vous en accord avec le fait de donner de l’argent à un criminel, que ses actes soient présumés ou avérés ? Le fait que l’individu soit un artiste doit-il être pris en considération dans votre jugement ?

Si la réponse est oui, alors assumez le pleinement. Assumez de cautionner indirectement les violences, et de négliger l’intégrité mentale des victimes. Vous assumerez de ne pas prendre en compte ses actes tant qu’il fait de la bonne musique.

Faire la séparation entre l’artiste et l’œuvre est notre droit le plus légitime, mais que l’on tergiverse pour affirmer notre avis en disant des phrases du genre : « Il n’a pas été jugé », « On n’est pas certain », « La victime aurait retiré sa plainte », est absolument inconcevable moralement. Il ne faut pas chercher à s’auto convaincre que notre décision est intelligente et raisonnée mais plutôt affirmer, assumer nos choix. Il est par contre important de marquer une différence entre un condamné ayant purgé sa peine et un artiste en cours de jugement. Le premier a payé pour ses crimes tandis que le second n’est pas encore sûr de d’être condamné. Pour autant, les crimes sont intemporels tout comme la condamnation morale. Un individu ayant purgé sa peine peut reprendre ses activités, voyager, monter sur scène et faire des apparitions médiatiques; l’individu reprend possession de ses droits et cela lui permet de reprendre sa vie là où il l’avait laissée.  Le public est confronté à un choix : continuer à condamner l’artiste moralement ou le pardonner et le laisser reprendre sa vie.

Si l’on condamne l’acte en question comme immoral, l’artiste a tout de même le droit de vivre sa vie sans être constamment pris à partie pour son passé et subir un déferlement de colère à chaque apparition médiatique. Néanmoins, les auditeurs ont aussi le droit de continuer à voir en lui une ordure. La justice se doit d’être impartiale mais le public est quant à lui libre de ses choix.

Si l’on décide de se foutre royalement des crimes commis et donc de contribuer aux finances de l’artiste, indirectement, il faut l’assumer et ne pas se cacher derrière un déni ou une mauvaise foi. Il ne faut pas oublier les crimes d’un individu dès lors que c’est un artiste génial, et ouvrir les yeux quand il s’agit d’un créateur quelconque. Seule une loi morale stricte pourra démanteler ce statut intouchable d’ « artiste ».

Je vous laisse le soin de consulter mon précédent article et de vous demander, dans le cas de Polanski, si on doit ou si on peut faire la distinction entre l’individu et son art.

 https://lewebpedagogique.com/mortofilo/2021/12/23/une-peine-derisoire-de-42-jours/ 

BRIDAY Lisa DNMADEJO1 Février 2022

Un soupçon de couleurs

– Si j’étais un fruit, je serais une pêche, parce que comme elle, je déborde d’énergie.      – Si j’étais un animal, je serais un lion, parce que comme lui, je suis fort en caractère.   – Si j’étais une plante, je serais l’indigotier, parce que comme lui, je rappelle la valeur culturelle et historique des pays d’Afrique de l’Ouest.                                                               –Si j’étais une matière, je serais du coton, parce que comme lui, je protège la peau par ma douceur.                                                                                                                                       –Si j’étais un jeu, je serais de la pâte à modeler, parce que comme elle, je suis le résultat d’une certaine créativité

Qui suis-je ???

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L’éloge du repos !

En effet la montre dont nous allons parler appelle à la détente. Serait-ce une montre uniquement pour les vacances ? Nous donnerait-elle une nouvelle vision du temps ? Nous allons le découvrir.

Kristof Devos

Cette montre «A perfectly useless afternoon » a été imaginée par l’illustrateur et auteur de livres pour enfant Kristof Devos épaulé par l’équipe Mr Jones Watches. A travers cette montre Kristof Devos révèle que le temps passé à se reposer n’est pas du temps perdu.

Qui sont-ils ?

Fondateur de Mr Jones Watches

Mr Jones Watches fait appel à des designers pour imaginer leurs montres, qui sont ensuite fabriquées dans leur petit atelier Londonien. Cette entreprise, ainsi que les designers avec qui ils collaborent, ont l’envie de créer des montres qui se distinguent des autres car aujourd’hui la montre n’est plus un objet purement fonctionnel. En somme ce sont des montres aux cadrans colorés avec un affichage de l’heure toujours très recherché qui donne de la légèreté au monde rigoureux de l’horlogerie. Mr Jones Watches nous propose un large choix de montres automatiques ou à quartz.

 

Average day

Du Story telling !

Chaque montre a un style particulier et raconte une histoire différente. Chacune d’entre elle s’inspire d’une notion philosophique de la vie : Notre mort imminente avec la montre « The accurate », l’humilité avec une autre version de la montre « The accurate », l’absurdité de la vie avec la « Average day » et bien d’autre encore.

 

C’est bon pour le moral !

Pour imaginer le design de cette montre Kristof Devos est parti de cette phrases de l’écrivain chinois Lin Yutang : « Si vous pouvez passer un après-midi parfaitement inutile d’une manière parfaitement inutile, vous avez appris à vivre. »

A perfectly useless afternoon

Le nom de cette montre « A perfectly useless afternoon » est quelque peu contradictoire le mot useless (inutile) associé au mot perfectly (parfait) forme un oxymore. Ne « rien faire » est généralement mal vu par la société, certains en ont presque honte car cela pourrait être lié à de la flemmardise mais avec cette montre, Mr Jones Watches fait l’éloge du repos. Il montre que le temps passé à faire le vide dans nos têtes est du temps bien dépensé.

Nous pourrions également retrouver de la contradiction dans la fonction première de la montre et ce qu’en fait Kristof Devos. Un garde de temps nous sert à rythmer nos journées or cette montre nous donne envie de vacances.

Cette montre nous rappelle que nous avons tous besoin de ces instants où nous ne faisons rien. Ce sont des moments qui nous font profondément du bien et qui sont indispensables pour notre santé mentale.

Quelle heure est-il ?

Cette montre est à quartz mais une nouvelle version automatique est sortie récemment. La lecture de l’heure se fait à travers la jambe du personnage sur la bouée et celle des minutes par le biais du petit canard.

Cette montre contredit les codes de l’horlogerie traditionnelle à travers un cadran loin d’être épuré ainsi que l’affichage de l’heure qui ne se fait pas par le biais d’aiguilles. Pourtant c’est une montre que nous devrions porter quotidiennement pour nous rappeler les bienfaits de ne « rien faire ».

Si cette montre vous plait je vous invite à jeter un œil au site internet de Mr Jones Watches : Mr Jones Watches | The most unusual watches you’ll see today. Où à leur compte instagram : @mrjoneswatches

Léna Bonneau – DNMADe1HO – Février 2022

Boy Erased ou (le) Garçon Effacé

Un début qui nous plonge parfaitement dans l’effacement des personnalités qu’emmène le titre, par ces descriptions étonnantes de ce que doivent être un homme et une femme :

« Hommes : chemise obligatoire, y compris pour dormir. Tee-shirts sans manches (débardeurs ou autres) interdits, même en sous-vêtements. Rasage obligatoire tous les jours. Les pattes doivent s’arrêter au sommet de l’oreille. »

« Femmes : soutien-gorge obligatoire, sauf pour dormir. Jupes jamais au-dessus du genou. Débardeurs acceptés uniquement sous un chemisier. Jambes et aisselles rasées au moins deux fois par semaines. »

Nous remarquons bien à la lecture que Garrard Conley a fait de son livre une reconstitution des événements afin de s’en délivrer, sa nécessité de coucher sur le papier ce qu’il a vécu nous vaut de nous perdre un peu au fil des phrases.

La découverte d’un livre où la chronologie n’est pas toujours respectée, on suit une ligne directrice : son arrivée à Love In Action (LIA), le centre de conversion, jusqu’à son départ de l’établissement. Cette période de deux semaines est coupée par de nombreux flash-back sur les autres périodes de sa vie. Des retours en arrière sur des traumatismes vécus lorsqu’il était encore adolescent, ou encore de la place de l’Église dans sa vie.

Garrard Conley, fils d’un pasteur d’une Église baptiste conservatrice, sait que quelque chose cloche chez lui, il est attiré par les hommes, mais essaie d’étouffer ce sentiment. Pour cela, il a eu une copine, l’a embrassée, mais il reste gêné par la situation, ne parvenant pas à mettre de mot là-dessus. Séparé de sa famille pour l’université, c’est l’un de ses camarades, assez proche intimement qui l’a outé* à ses parents. Cette terrible nouvelle amène ses derniers à trouver la solution de la thérapie de conversion, pour le «guérir», Garrard veut changer, veut se purifier.

Au départ, le jeune homme est donc volontaire pour ce changement, il donnerait tout pour trouver grâce aux yeux de Dieu et de ses parents, nous montrant bien que l’éducation qu’il a reçu a un rôle important. Dans le centre LIA, il n’est question que du message de Dieu, la Bible fait loi : tout est interdit, ou presque ; au travers d’ateliers de groupe où chacun doit confesser ses «mauvaises pensées», «ses péchés», il convient de se renier soit même, de renoncer à son individualité, à sa personnalité pour accéder à la «normalité» et au message de Dieu. La thérapie de conversion à laquelle Garrard est confronté joue sur le dégoût de soi, sur la honte, il s’agit de renier ces «déviances», la torture morale et le regard des autres a une place importante dans le changement. Profondément attaché à ses parents et soucieux de se conformer à l’image du fils idéal qu’ils voudraient avoir, Garrard se soumet à cette thérapie de conversion avant de réaliser, en s’éloignant alors peu à peu de « la parole de Dieu », qu’il lui est impossible de changer et de renoncer à être enfin lui-même.

C’est un récit particulièrement difficile à lire, autant pour ses perturbations chronologiques que pour son contenu brut et poignant, qui d’ailleurs a été adapté au cinéma en 2019, réalisé par Joel Edgerton, regroupe de grands acteurs, comme Nicole Kidman, Lucas Hedges, ou encore Russell Crowe.

Le fait d’être immergé avec tous ces jeunes et moins jeunes au sein de cet établissement dont l’enjeu est de modifier leur orientation sexuelle va nous permettre de vivre une véritable horreur, dont le programme et ses méthodes s’apparentent à de humiliation et de la torture morale.

Ce film est poignant est compliqué à visionner, du moins pour certains, vous êtes avertis, mais je vous encourage à aller le voir ou à lire le livre, je vous laisse avec la bande annonce, afin de vous donner un ordre d’idée dans quoi vous vous lancez !

T. Dausseing, DNMADE Jo 14, Février 2022.

La Street Dance, l’évolution d’un mouvement artistique

Pour cet article je me suis inspirée d’un documentaire sur Arte sur l’évolution de la Street dance. La danse est un courant artistique qui m’inspire car il permet d’exprimer ses émotions, ses passions, ses désirs avec son corps, des mouvements de danse coordonnés en lien avec le rythme musical. La danse nous libère de toutes nos énergies négatives, de plus elle est un remède pour la confiance en soi et redonne la foi puis c’est une bonne activité pour travailler son rythme cardiaque. Depuis de nombreuses décennies, il existe diverses catégories de danses que l’on pratique encore de nos jours, le Hip Hop et le Breakdance sont devenus un mouvement populaire de la Street Dance.

A l’origine

Je vais vous parler de son histoire et vous faire découvrir le cheminement à partir d’où tout a commencé. Le Hip-Hop fut découvert en même temps que la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, en réalité cette culture existe depuis bien plus longtemps. Le jazz se fait peu à peu connaitre grâce aux premières images d’archives, puis sont diffusés au cinéma les Street-Danser d’origine Africaines.

C’est à la fin de la première guerre mondiale dans le quartier Harlem de l’Etat de New York que le jazz fut beaucoup dansé dans certains clubs nocturnes comme le Cotton club qui était uniquement réservé aux blancs néanmoins le Savoy Ballroom a été un lieu révolutionnaire et accessible à tous. L’apparition du jazz se fait dans un espace privé à la Nouvelle-Orléans, certaines danses refont surface, c’est le cas du Lindy Hop.

C’est grâce au Lindy Hop que toutes ces danses modernes apparaissent, les gestes restent similaires au jazz néanmoins le rythme change. Au Savoy on y rencontrait les meilleurs musiciens de l’époque comme les Chick Webb, Benny Goodman ou encore Louis Armstrong qui accompagnaient les plus grandes voix du jazz comme Billie Holiday ou Ella Fitzgerald. Les gens aimaient particulièrement se retrouver dans des clubs pour chanter et danser.

L’origine du Lindy Hop

A l’origine le terme Lindy fait référence à Charles Lindbergh, il réalise en 1927 le premier vol transatlantique, cela remonte à un passé douloureux qui à marqué l’histoire : la période de l’esclavage. Entre-autre les corps des personnes noires étaient montés sur le pont du bateau afin de les faire danser, ceux-ci divertissaient les personnes de couleur de peaux blanches lors des longs voyages.

Leurs fers lourds entravaient leurs pieds ce qui les empêchait de sauter haut ils n’avaient donc le choix de piétiner ce qui donna naissance au Shuffle Américain. Une danse très utilisée encore de nos jours.

Les noirs ne dansaient pas pour leur plaisir mais sous la peine d’être torturés ou vendus aux Européens. A l’époque la danse permettait d’exprimer sa liberté et sa culture, c’était aussi un moyen de survivre. De nombreuses danses apparurent à cette époque, le Cake Walk, les claquettes etc. Les blancs organisaient des concours pour les noirs, le vainqueur remportait une part de gâteau d’où vint le nom Cake Walk puis cette danse apparut en Europe en 1920.

Joséphine Baker

Partie à la conquête de l’Europe juste après l’abolition de l’esclavage, les blancs se teignaient le visage en noir pendant les spectacles c’était une façon cruelle d’imiter les noirs.

La seconde guerre mondiale, le début du Rock’n’roll

C’est la fin de la période du swing, la taille des salles de bal et les orchestres se réduisent le Lindy Hop s’efface et le Rock’n’roll prend place. On apercevait dans les shows télévisés que les danseurs noirs étaient séparés des blancs. Les Américains essayaient d’apprendre à danser comme les noirs, l’arrivé du Rock’n’roll en Europe a permis à de nouvelles danses de se populariser.

Nous le connaissons tous, ce grand artiste doté d’un talent incroyable ! Musicien, chanteur, danseur, auteur/compositeur… James Brown à marqué plusieurs générations lorsqu’il s’associe avec la troupe Soul Train (1971).

C’est une nouvelle génération qui s’installe

Les conditions de vie s’améliorent lors de l’arrivée de François Mitterrand, la banlieue Parisienne découvre la dance grâce à la compagnie Black Blanc Beurre, la troupe perçue comme exotique partit en tournée en Allemagne puis dans toute l’Europe.

Aujourd’hui les styles de street dance se diversifient de plus en plus dans le monde avec les sons électroniques. La danse peut-être utilisée pour la médecine thérapeutique par exemple chez les personnes atteintes d’autisme. Cette thérapie cognitive favorise l’expression corporelle et la communication. D’ailleurs le Breakdance deviendra une discipline pour les Jeux Olympiques de 2024.

La pratique de la gymnastique rythmique et sportive m’a permis de coordonner mon corps et mon mental, grâce aux exercices de souplesse et aux mouvements chorégraphiques. Ce n’est pas seulement un sport mais aussi une danse car on allie mouvements artistiques et musiques. J’ai beaucoup appris lors de cette expérience qui m’a permis de m’ouvrir sur le monde de la gymnastique. J’ai fait de nouvelles rencontres mais la communication restait assez faible car la langue parlée par les gymnastes est très difficile à comprendre et à apprendre. Les journées étaient assez longues en général nous travaillions sur des exercices d’échauffements, ruban, ballon, massue et d’autres activités de bricolage pour se divertir un peu. Le rythme était difficile à suivre et génère du stress et de l’anxiété, mais une fois le niveau acquis j’ai pris goût et plaisir à pratiquer cette discipline et je me suis énormément amusée. Certaines musiques sur lesquelles étaient synchronisées les pas de gymnastique m’ont provoqué un frisson de nostalgie et m’ont donné l’envie de poursuivre. Beaucoup d’émotions sont stimulées lors des représentations, on a besoin de force, de mémoire,  de curiosité, de joie, de passion, de désir, pour du bonheur, du cardio, de la créativité, de la souplesse, de la nostalgie, de la déception, de la tristesse, du stress… Cette expérience fut incroyable et inoubliable !

Grâce à internet, la street dance connait sa consécration et les dernières tendances viennent d’Afrique, là où tout a commencé…

Charline JACQUET – DNMADE1Ho- Février22

Chaos is what killed the dinosaurs darling !

Il y a des jours où je me perds sur internet, c’est comme ca que je suis tombée sur des chansons d’un musical en anglais, intriguée comme souvent je me mets à chercher les paroles, les traduire enfin bref de fil en aiguille me voilà à regarder un musical complètement en anglais avec une qualité vidéo au ras des pâquerettes sur Dailymotion et c’est comme ca que j’ai découvert…

Heathers ou Fatal Games en français est un « teen movie »  et une comédie noire sortie en 1989, film indépendant américain il a été écrit par Daniel Waters et réalisé par Michael Lehmann.

Trigger warnings! Ce film peut-être dur à regarder si tu est sensible à des sujets comme le suicide, la discrimination et les abus sexuels.

Comme dit précédemment j’ai d’abord vu la comédie musicale inspirée du film donc. Mais je ne pouvais pas m’arrêter là, je voulais voir l’œuvre à l’origine, surtout que je l’avais bien aimé ce musical.

Mais du coup Heathers c’est quoi ? Heathers c’est un « teen movie » donc un film à destination des adolescents (14-19 ans) et qui a pour sujet principal l’adolescence elle-même. Jusqu’à la rien de folichon aujourd’hui on en connait pleins des teen movie comme American pie, projet X ou Grease. Dans un teen movie (spécifiquement le teen movie américain) on montre la vie quotidienne d’un adolescent ou d’un groupe ainsi que sa vie scolaire qui là-bas est en plus très codé et ritualisé, jusqu’à la le film suit ces codes mais Heathers a un twist et pour ça je pense qu’un petit synopsis s’impose :

L’histoire prend place dans le lycée de Westerberg à Sherwood, une banlieue de Columbus, dans l’Ohio. Veronica Sawyer fait partie de la bande des plus populaires du lycée composée de 3 filles toutes trois appelé Heathers, Heather Chandler, Heather Duke et Heather McNamara, trois filles riches, hautaines au possible et surtout impitoyables, plus craintes qu’aimées par le reste du lycée. Veronica lassée de leur comportement va chercher une échappatoire pour revenir à sa vie d’avant avec ses amis d’avant qualifiés de « loosers » par les Heathers. Au lycée arrive un nouvel élève, Jason Dean, surnommé JD, le cliché typique du jeune rebelle, Veronica va vite devenir fascinée par ce badboy. L’histoire dérape quand Veronica et JD empoissonnent malencontreusement Heather Chandler avec du déboucheur pour canalisation et se retrouve avec son meurtre sur les bras, pour éloigner tout soupçons d’assassinat, Veronica écrit une fausse lettre de suicide influencée par JD.

« JD that knife is filthy » -Veronica
« What do you think I am gonna do with it, take out her tonsils ? » -JD

Et c’est là que Heathers devient intéressant, on nous parle d’ado certes, mais avec un ton plus sombre que les productions de l’époque (rappelons qu’on parle d’un film qui a plus de 30 ans), on est sur un satire de l’adolescence et du lycée avec ses rituels, ses codes et ses classes sociales, quand les autres teen movie avaient des fins de films parfaites et nous montraient les manigances amusantes d’adolescents. Heathers montre la cruauté et l’obscurité des adolescents, son thème principal étant quand même le suicide, mais en gardant un ton humoristique ce qui lui vaut le titre de comédie noire.

« Whether to kill yourself or not is one of the most important decisions a teenager can make. » -Pauline Fleming

Le film nous incite à chercher un sens au drama de lycée et à la douleur avant de nous révéler qu’il n’y en a pas. On nous fait souvent croire que les personnages ont une profondeur secrète que nous avons négligée comme si la populaire narcissique avait en réalité une raison de l’être, que cette violence avait été amenée par quelques choses, mais Heathers nous montre que ce n’est pas le cas que ces personnages sont aussi mauvais de l’intérieur qu’ils le paraissent de l’extérieur. On voit cela avec la note de suicide de Heather Chandler, tout à coup le lycée se met a agir comme s’ils avaient tous eu tout faux sur le cas de Heather, qu’en réalité personne n’avait vu son mal-être. On se met à idéaliser Heather alors qu’une majorité du lycée la détestait pour ses actes et son attitude. L’entièreté du lycée se met à romancer ces personnes à cause de leur faux suicide

« Fuck me gently with a chainsaw, do I look like Mother Teresa? » -Heather Chandler

La mort d’Heather n’est pas là pour rien, le film va s’en servir pour nous présenter par la suite Marthe, dans cette myriade de personnages clichés que nous montre le film, Martha est la fille oubliée, mise de côté, cruellement surnommée Martha Dumptruck (camion benne) celle qui comprend le mieux que cette dynamique sociale est stupide. Martha n’en a que faire de la hiérarchie sociale du lycée et de ses règles, elle est celle qui a connu la vraie douleur mais qu’on a totalement ignoré contrairement aux populaires comme Heather Chandler qu’on a adulée suite à son faux suicide. Et c’est en mettant en opposition Martha et Heather que le film trouve de la profondeur dans ses propos, mais je vais m’arrêter là sinon je vais commencer à spoiler !

« People will look at the ashes of Westerburg and say; « now there’s a school that self-destructed, not because society didn’t care, but because the school was society. » Now that’s deep. » -JD

Le suicide est un des sujets abordés et surement le thème le plus mis en avant dans le film, mais ce dernier aborde d’autres sujets que je vous laisse découvrir par vous même en le visionnant. Malgré ses thématiques sombres j’ai personnellement passé un bon moment devant Heathers malgré son ancienneté maintenant et c’est une des qualités de ce film : même si le temps passe il reste d’actualité et agréable à regarder, peut-être un de ses talents fut de ne pas prendre des expressions des jeunes de l’époque, mais de se créer les siennes qui sont à mon gout plutôt iconique aujourd’hui. Je vous encourage donc à aller jeter un oeil à Heathers et pourquoi pas au musical qui en découle (les musiques sont très cool =) ) Sur ce bon visionnage et restez curieux !

Solène LEIBEL DNMADEJO1 – Fev 2022

Le Gangsta Blog

Passionné depuis mes 9 ans par les plus grandes pointures du Gangsta-Rap, j’ai décidé d’orienter le sujet de cet article sur des histoires qui ont traversé mon  enfance.

Le Rap est un style de musique très généralement abordé pour des textes provoquants, abordant des thèmes tels que la violence, la drogue, la criminalité, la prostitution, les armes, le racisme, …, et j’en passe !

YG, Schoolboy Q Postpone Music After Nipsey Hussle's Death
Nipsey Hussle, Rappeur de Los Angeles décédé par balle le 31 Mars 2019 devant sa fille par une de ses connaissance affiliée également aux gang des Crips

Los Angeles, très réputée dans le monde pour son industrie cinématographique, connait depuis un demi-siècle un taux de criminalité élevé, de la vermine, des hors-la-loi entièrement déterminés à casser les codes imposés par la société Américaine.

Pourquoi ceci, à cet endroit pourtant si légendaire ?

Les Gangs (En particulier les Crips) :

Les Etats-Unis, historiquement liés à l’esclavage de la population africaine, se sont servi de cette main d’œuvre pour fonder la richesse du pays tel qu’on le voit aujourd’hui. Mais cette puissante richesse est synonyme de colonisation et de maltraitance.

https://i.la-croix.com/x/smart/2020/10/20/1201120375/nombreuses-images-darchives-documentaire-retrace-naissance-mouvement-plonge-lAmerique-annees-1960_0.jpgDans les années 1960 En Californie, de fortes tensions entre blancs et noirs se font remarquer. La rébellion débute et on retiendra la fondation de la Black Panthers Party* en 1966, qui est un moment clé lié à l’histoire des gangs.

* : Mouvement révolutionnaire créé par les Black Panthers, un rassemblement d’Afro-Américains qui se sont battu pour l’égalité des « races » et pour lutter contre la violence des forces de l’ordre envers les personnes de peau noire.

En 1969, Tookie Williams et Raymond Washington associent leur groupe pour fonder le gang des Crips qui, à la base, servait à protéger les gens du quartier des menaces extérieures tels que la police et les bandes délinquantes des autres quartiers. Leur haine pour la société les a menés à monter en puissance via l’illégalité avec le Racket, l’obtention et le trafic d’arme à feux, le crime,…

Raymond Washington, l’un des deux co-fondateur n’aurait jamais voulu que la violence de son propre gang dépasse le stade du combat à main nue et se fasse avec des pistolets et des fusils. Des gens pensent d’ailleurs qu’il aurait été assassiné par une de ses connaissances appartenant au gang, refusant le bridage que Washington voulait imposer à son union.

Il faut croire que l’arrivée des combats armés viendrait des Pirus (première grande famille des Bloods), qui s’en sont servi lors d’un combat contre les Crips afin de compenser le défaut du nombre de membres affiliés.

Bloods & Crips | Spotify
On peut voir ici une intéressante distinction entre les Crips et les Bloods. Le Bleu et le Rouge. A l’époque où la rivalité était a son apogée, si un Crip se vêtait d’une affaire avec un petit détail de la mauvaise couleur, il mettait fortement sa propre vie en danger, au risque de se faire tuer par ses propres frères.

Pablo Escobar a démocratisé l’exportation de la cocaïne sur le marché noir des Etats-Unis et les gangs ont profité de cette opportunité en entrant dans le business. Les Gangster ne sont ni cuisiniers, ni pâtissiers mais connaissent une recette qui va leur permettre de se faire encore plus de monnaie qu’ils nomment « Crack« *.

*: Cocaïne mélangée au Bicarbonate. Les deux ingrédients sont insérés dans de l’eau bouillante. Dès que l’eau est évaporée, le résultat se trouve au fond de la marmite. Cette nouvelle drogue est plus abordable financièrement pour les consommateurs.

Le Rap :

Après le Blues et la Funk, Le Rap vient à nous, Européens,  comme une puissante vague depuis la fin des années 80. Ce style, normalement originaire de la East Coast (New York), traverse le continent Nord-Américain d’Est en Ouest direction Los Angeles. Les Crips, Les Bloods, à ce moment très puissants et fortunés expriment leur vie dans le « Mic » (Micro) et il faut croire que ça a marché. 

Le monde entier connait alors aujourd’hui l’épopée de ces gangs grâce à la musique. C’est cette musique qui m’a permis de me faire prendre connaissance de ces histoires aussi passionnantes que malsaines.

Julien KOLLY, DNMADE1HO – Fév 22

 

 

 

 

Le Jeu de la mort

« Depuis 10 ans, la plupart des chaînes commerciales utilisent l’humiliation, la violence et la cruauté pour fabriquer des programmes de plus en plus extrêmes. À quand le jeu de la mort en Prime time ? »

Je vous présente un reportage qui date d’avril 2009, et qui cherche à traiter des questionnements tels que : où sont les limites de la télévision ? Quel est le pouvoir de cet écran qui nous suit du matin au soir ? A-t-elle une réelle autorité sur nous et dirige-t-elle en quelque sorte notre quotidien, nos actions ? C’est ce qu’ont voulu vérifier une équipe scientifique pluridisciplinaire, dirigée par le professeur de psychologie sociale Jean-Léon Beauvois.

Après un an de recherche, cette équipe a trouvé un protocole expérimental pour savoir si le pouvoir de la télévision pouvait oui ou non pousser une personne à aller vraiment loin. À commettre l’irréparable. Un meurtre. Ils ont décidé de suivre le modèle de l’expérience de Milgram de 1963. Voici un bref récapitulatif pour ceux qui ne connaissent pas cette expérience :

Tout d’abord Milgram a pris deux sujets, un qui devait retenir une liste de mots et un autre qui devait lui poser des questions sur cette liste et infliger au premier une punition par un choc électrique si la réponse était fausse. Plus les erreurs étaient nombreuses, plus le choc était violent. Le sujet qui infligeait les punitions était surveillé par un scientifique, représentant le pouvoir et l’autorité. Mais celui qui recevait les chocs électriques était un acteur. Il simulait des hurlements et n’était pas branché. L’étude de Stanley Milgram a révélé que 62% des gens se soumettaient aux ordres. Ainsi, le scientifique a démontré que tout individu peut commettre les pires atrocités quand c’est une autorité légitime à ses yeux qui le lui ordonne.

Cette expérience a donc été transposée à notre époque, et modifiée sur certains points pour devenir une sorte de jeu télévisé, appelé « La Zone Extrême » avec, comme pour Milgram, un acteur, qui simule des chocs électriques, et avec des sujets, pris un à un et mis à l’épreuve sur un plateau, devant des caméras, sans le savoir. Sur le plateau, ce n’est pas un scientifique qui incarne l’autorité, mais la présentatrice du jeu.

Cette fausse émission est très intéressante aussi parce qu’elle est liée à une autre expérience, celle de Asch, qui date de 1951. Il y a quelques similitudes. Pour l’expérience de Asch, il s’agit d’observer la réaction et les réponses à des questions d’un seul individu face aux réponses d’un groupe composé de plusieurs individus. Le scientifique a voulu voir comment se comporte l’individu, qui est confronté à ses propres idées contre celles du groupe. Cela s’appelle la règle de conformité. La plupart des individus vont se conformer aux pensées des autres pour ne pas être rejetés, expulsés et pour éviter le jugement et le regard extérieur.

Dans « La Zone extrême », les candidats vont devoir faire face à cette règle de conformité. Face à l’animatrice d’une part mais aussi et surtout face au public ! Car le public est là et rajoute sur le candidat une pression encore plus énorme que celle qu’il y avait déjà dans l’expérience de Milgram de 1963 (car enfin dans cette dernière, il n’y avait que les scientifiques qui regardaient les sujets).

Je trouve cette recherche très importante et très intéressante car la population ne se rend pas compte du pouvoir qu’a la télévision sur notre comportement et de son ampleur toujours plus grandissante. Le sociologue nous explique que nous avons des valeurs, que certaines sont compatibles avec les règles du jeu mais que d’autres vont à l’encontre du jeu. Seulement, comme le joueur est seul, face aux caméras, au public, aux techniciens, à l’animatrice, il va se mettre dans un mode « automatique » et il va en quelques sorte trier ces valeurs, essayer d’en oublier quelques-unes, et obéir aveuglément. Jean-Léon Beauvois nous explique que parce que l’individu est seul, et comme tous les êtres seuls confrontés à n’importe quel pouvoir, il n’a pas de défense et devient l’être le plus obéissant.

Découvrez la réaction et les émotions que vont développer les candidats du jeu mais aussi vous découvrirez des pourcentages et des statistiques surprenants et extrêmement troublants ! Ce reportage va parler de l’obéissance et de la désobéissance, de la tricherie, de l’autorité, du pouvoir, de la volonté, des émotions, de la pression… et il y aura même une variante de l’expérience avec l’autorité (l’animatrice du jeu) qui quitte la scène.

Ce reportage nous remet en question, qu’aurions-nous bien pu faire à la place de ces candidats ? Est-ce que nous aurions pu, nous aussi, suivre aveuglément les ordres de l’autorité ?

Se poser des questions oui, mais surtout y trouver des réponses… ?!

C’est là le rôle du Jeu de la mort.

Esther L. – DNMADe1JO – Février 2022