Comment l’or, matériau, qui depuis des générations attise les convoitises, fait rêver pour sa brillance et ses propriétés, est-il toujours d’actualité dans le monde l’art ?
Ces principales propriétés sont la beauté, le pouvoir et la richesse. Ce métal a l’avantage d’être malléable, résistant et quasi inaltérable. Malgré sa rareté, les artisans l’utilisent depuis toujours.
Un objet ou matériaux précieux se définit par sa valeur monétaire en ce qui concerne notre sujet le coût de l’or sur le marché des échanges. Aujourd’hui, le cours de l’or au kilo est a 52,690 euros : celui-ci varie constamment, il est en perpétuelle évolution. Il se définit également par sa valeur sentimentale au travers de bijoux de famille qui seraient transmis de génération en génération. Enfin sa valeur morale, c’est-à-dire un objet précieux qui peut être une référence symbolique, religieuse ou autres, avec des qualités prédéfinies.
L’or jalonne notre histoire depuis des millénaires. La meilleure illustration est l’utilisation de l’or pour représenter le divin. Il donne de l’éclat à la peinture religieuse, tels que les icônes, un très bel exemple le tableau : « la vierge allaitant entourée des saints » de Maître Santa Barbara. L’utilisation de l’or dans ces œuvres divinise les personnages.
La vierge allaitant entourée de plusieurs saints – Maître de Santa Barbara a Matera
L’or fait également rêver l’humanité, notamment avec la ruée ver l’or dans les années 1800. Ces 8 années d’engouement ont beaucoup inspiré la culture particulièrement en littérature avec Mark Twain ou au cinéma dans des westerns tel que « La piste des géants » (1930) de Raoul Walsh.
Par les différentes monnaies d’échanges ayant existé, le matériau précieux a aussi parcouru notre histoire. Les premières pièces d’or ont été frappées sous l’ordre Crésus de Lydie en l’an 560 avant Jésus Christ. Encore aujourd’hui nous utilisons l’or comme monnaie d’échange à moindre échelle car c’est une ressource épuisable et très convoitée dans d’autres domaines.
Aujourd’hui il est vrai que l’or est majoritairement exploité par les orfèvres et les artisans joailliers ayant des savoirs faire ancestraux. Dans la joaillerie l’or est utilisé pour sa durabilité. Il est inoxydable, brillant, malléable : c’est le métal favori des bijoutiers depuis des millénaires. Grâce à la malléabilité, l’or peut être mis en forme de deux façons : à chaud en le faisant fondre et coulé dans un moule à la cire perdue ou à froid, avec la technique du martelage ou du repoussage. Un exemple de Van Clef and Arpels, la célèbre maison de haute joaillerie, le duo de clips Roméo et Juliette, deux figurines réalisées avec la technique de la cire perdue et par la suite sertie de pierres.
Le duo de clips Roméo et Juliette – Van Cleef and Arpels
Il faut savoir que plus de la moitié de l’or extrait est utilisé par la bijouterie.
L’or est rarement utilisé brut il est souvent mêlé à des métaux comme le cuivre, l’argent ou le platine. Ces alliages permettent d’accroître sa solidité et donc sa durabilité. Grâce à sa principale qualité, la malléabilité, il est aussi particulièrement exploité par les doreurs. En effet, l’or peut s’étaler pour créer une feuille d’un micron d’épaisseur. A petite échelle, les ébénistes ainsi que les restaurateurs d’œuvres d’art utilisent cette technique. Par exemple l’ébéniste du roi soleil, André Charle Boulle réalisa de nombreuses pièces dorées comme la commode pour le Grand Trianon de Versailles.
Commode – Grand Trianon de Versailles – André Charles Boulle
A plus grande échelle, la feuille est aussi utilisée pour recouvrir certaines surfaces de bâtiment car l’or à une propriété anticorrosive. A Paris, la Cathédrale orthodoxe de la Sainte Trinité a été récemment construite avec cinq dômes recouvert d’or mat, obtenu grâce à un alliage d’or et de palladium.
Cathédrale orthodoxe de la Sainte Trinité – Paris
La technique du kinsugi, une méthode japonaise apparue à la fin du 15 siècle inclus également l’or. Elle a pour but de valoriser la restauration de porcelaines ou de céramique fissurées ou cassées avec de la poudre d’or. L’or vient recouvrir la colle et ainsi revaloriser l’objet cassé. Cette technique le rend unique et précieux.
N’importe quel objet devient précieux lorsqu’il est doré ou associé avec de l’or. Prenons l’exemple du pot doré de jean pierre Raynaud à Beaubourg, ce simple contenant a été érigé en œuvre d’art parce qu’il a était doré et mis en scène pour une grande maison de luxe, Cartier.
Pot doré – JR Raynaud
Yves Klein symbolise également l’or avec sa valeur monétaire grâce a sa série de tableaux les Monogolds et plus particulièrement « Le silence est d’or » en 1960. Il dévoile la préciosité de l’or par 2 façons, d’une part par sa brillance comme un soleil pétrifié et d’autre part du fait qu’il est éternel car Yves
Klein a dit « il imprègne le tableau et lui donne vie éternelle » l’or est également éternel en tant que monnaie d’échanges. Un tableau recouvert de feuilles d’or plaquées sur un bois lisse et d’autre positionnées en relief par-dessus représentant de la monnaie.
le silence est d’or – 1960 – Yves Klein
Pour conclure, l’or est précieux grâce à sa valeur marchande, à ses propriétés physiques uniques comme sa malléabilité et son côté anti corrosif, son esthétique séduisante, sa préciosité et son universalité. En revanche, l’or est une ressource épuisable et nous avons déjà utilisé plus de la moitié des ressources terrestres. C’est pourquoi aujourd’hui nous nous demandons, si nous pouvons nous contenter de l’or déjà extrait ou s’il faut penser à une nouvelle façon d’utiliser l’or ou créer un or de substitution ?
Mathilde P. – DNMADE1JO – Février 2022