L’exploration urbaine, plus communément appelé Urbex, qui se définit comme étant une visite sans autorisation des lieux délaissés ou abandonnés, d’après plusieurs pratiquant.es, l’exploration des lieux abandonnés était, est, et sera toujours quelque chose qui perdurera, le plus longtemps que l’Homme décidera d’abandonner des bâtisses et autres bâtiments.
Grâce ou à cause des réseaux sociaux (à vous de juger), l’engouement autour de cette activité est grandissante, malgré la médiatisation de celle-ci, qui possède ses propres principes, ainsi qu’un code de conduite visant à préserver les lieux et les protéger au maximum, entre photographes, youtubeurs, amoureux d’histoires, et autres adeptes passionnés, la non-diffusion des coordonnées des spots* est une règle d’or dans cette discipline, afin d’éviter d’attirer les voleurs, les casseurs ou même les squatteurs, mais aussi par respect pour les propriétaires.

Pourquoi apprécier cette discipline?
D’abord il y a l’aspect historique des lieux, qui est étroitement lié à la temporalité, les lieux peuvent être abandonnés depuis des années ou des mois, les urbexeur.ses sont toujours en admiration sur ces lieux dans lesquels le temps semble s’être arrêté. Éprouvant une nostalgie du présent, qui suspend le temps pour celui qui l’observe, un décor actuel mais plongé dans le passé. De plus, nous avons les adeptes de l’aspect esthétique, des lieux chargés d’histoire, de détails, d’objets qui méritent d’être photographiés, ou d’être scénarisés à des fins cinématographiques, et d’autres domaines pour les plus créatifs.
Dominique Hermier, urbexeur et graphiste, nous montre comment il lie ses deux univers pourtant très différents : « En tant que graphiste et directeur de créa, faire se télescoper des univers de pop-culture et photographiques, cela crée des chocs « philoso-graphiques », […], l’urbex est souvent abordée par les photographes, soit sur l’aspect esthétique et historique avec de très belles réalisations photographiques qui montrent le travail du temps et de l’abandon, soit comme support pour des mises en scène avec modèles ravissants et accessoires travaillés. Rarement le volet social et marketing sont mis en avant, et c’est dommage, car c’est l’occasion de montrer notre société sous un angle différent, tout en posant des questions avec un autre vocabulaire graphique. J’ai voulu imaginer la fusion du marketing et de l’urbex… »
L’exploration urbaine à la sauce « Ikea » : que découvriront les urbexeurs de demain ?
Après cette brève information ré-créative, revenons aux différents attraits de cette discipline.
Pour nous, dans cette société, nous avons facilité à imaginer une ville, une usine, un lieu, mais s’y rendre c’est en prendre possession, c’est retrouver un autre rapport à soi par rapport aux objets, se rendre compte à quel point la matérialité des choses est si dérisoire pour l’Homme, du jour au lendemain, un lieu peut être abandonné, pour un manque d’engouement pour celui-ci, un départ en catastrophe, ou seulement parce qu’il ne génère plus d’interactions sociales, ou économiques.
Je ne vais pas vous faire tout un dépliant sur le pourquoi du comment l’Urbex est appréciable, mais n’oublions pas la satisfaction de voir que dans certains lieux abandonnés par l’Homme, la nature reprend ses droits, prenant le contrôle sur les structures, les recouvrant de feuillages, c’est un mélange qui donne place a une magie inédite.
Si vous êtes intéressé.e pour essayer, n’oubliez pas de vous renseigner avant toute chose sur les lieux, de vous faire accompagner de personnes bienveillantes et de confiance, évitez de vous mettre dans de mauvaises situations, s’il n’y a aucun accès vers l’intérieur, admirez l’extérieur. L’adrénaline peut être un sentiment addictif, mais autant positif que négatif, le bon sens et le respect du lieu sont de rigueur, c’est une discipline dangereuse et illégale, c’est quelque chose à prendre en compte dans certaines situations.
Tiphaine Dausseing, DnMade Jo 14 Avril 2022