Parlons peu, parlons art, parlons écologie !


« Et c’est à ce moment-là, en le ramassant et en le retournant dans vos mains, que vous avez réalisé que vous aviez là quelque chose de vraiment mortel. Mais c’était quelque chose que vous pouviez démonter, que vous pouviez déconstruire. C’était un matériau que vous pouviez utiliser pour le façonner et en faire une déclaration. »

groupe Ghost Net

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JGM Gallery en Australie « incoming tide »

Plongez au fin fond des océans au travers de merveilles de la nature, d’animaux, de coraux et de plastique!

Ce n’est pas la fin que vous attendiez ? et bien c’est exactement le but recherché au travers des œuvres du groupe d’artistes que je vous propose de découvrir aujourd’hui.

Alors, on parle écologie?



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RAIE AIGLE ORNÉE, 2022
Filet fantôme, corde de plage et cadre métallique
77cm x 87cm x 13cm



Le groupe « Ghost Net » est un collectif qui rassemble des artistes australiens, autochtones dans un travail autour de la faune marine dans une nouvelle exposition : incoming tide (qui signifie marée montante), avec une nouvelle manière d’alerter sur les problèmes écologiques en nous transportant au fin fond des océans à travers l’art et de somptueuses sculptures imposantes, extravagantes et plastifiées !

Leur but ? dénoncer l’un des plus gros problèmes écologiques : LE PLASTIQUE dans les mers et océans, et plus précisément les filets fantômes.

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Les œuvres d’art sont faites à partir de filets de pêche appelés aussi « filets fantômes » qui sont des objets dangereux mais surtout qui sont invisibles au travers des profondeurs océaniques , causant la mort de tellement d’espèces aussi petites que gigantesques.

Cette gamme de déchets dits « fantômes » représenteraient 46% du continent de plastique du Pacifique Nord. Des filets que les pécheurs perdent ou qui, lors d’une pêche illégale, vont être abandonnés volontairement dans les abysses des mer et océans, et qui viennent s’échouer avec les marées montantes sur les plages (d’où le nom de l’exposition).

Les engins fantômes représenteraient 10% de la pollution marine. Ce qui est énorme ! (Greenpeace)

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FRAGMENT DE RIDEAU 1, 2021/2022
Filet fantôme et corde de plage
155cm x 110cm

Des oeuvres qui dénoncent et que je trouve très intéressantes personnellement, par le fait qu’elles représentent plastiquement l’être tué avec l’objet tueur. Cette oeuvre montre bien cette idée que le filet est dangereux pour toutes les espèces, les oiseaux, les coraux, les poissons. Les prédateurs deviennent des proies à cause de l’homme. C’est une oeuvre qui fait réfléchir sur l’impact de l’homme sur la faune marine. Mais à une échelle plus réduite si l’on réfléchit à nos propres actions, on se dit alors que l’on peut faire des choses, l’oeuvre marche, on peut recycler, réutiliser, avant même de devoir les ramasser sur les plages.. !!! . On peut à notre petite échelle, et si l’on se relie tous, faire beaucoup.

Plusieurs associations ont été créées pour justement recycler ces objets fantômes. Le groupe d’artistes récupère ces tonnes de filets recyclés pour les tisser autour de tiges métalliques et recréer ces animaux des mers et océans.



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Jimmy K. Thaiday, ‘Kenny’, 2022, 152cm x 48cm x 54cm

Ce sont des sculptures colorées, entremêlées, représentant des animaux marins. L’objet se forme par un tissage, comme le filet qui s’enroule autour du corps de l’animal, poissons, requins, raie Manta..  Des sculptures imposantes et colorées qui attirent et percutent l’œil, qui alertent, voguant, toutes espèces confondues, dans la même direction : la mort. C’est alors une métaphore. L’objet tueur, prédateur se transforme alors par le prisme de l’art et de la sculpture en proie océanique.

Plus qu’une œuvre qui dénonce, une œuvre qui agit.

Cette exposition a été installée à la JGM Gallery en Australie de septembre à octobre 2022.

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Cette exposition ne réprésente qu’une partie de l’art du ghostnet, soyez curieux, n’hésitez pas à vous renseigner, et à aller voir ces somptueuses sculptures tissées.

Pour en savoir plus sur les filets fantômes.https://blog.sinplastico.com/fr/toute-la-verite-sur-les-filets-fantomes-les-dechets-plastiques-marinsles-plus-dangereux-puor-les-animaux/

Et sur le travail du ghost net : https://www.museum-lehavre.fr/fr/expositions/lart-des-ghostnetshttp://www.artsdaustralie.com/ghostnet.html



Noelie. C – DNMADE2 – Octobre 2022

Le point d’auto-inflammation

Fahrenheit 451 c’est le genre d’ouvrage qui laisse une trace indélébile dans votre esprit sans qu’on puisse l’expliquer directement. En fait, la raison est plutôt simple : ce roman dystopique aborde un sujet qui concerne chacun d’entre nous, notre liberté d’expression, de réflexion et notre unicité en tant qu’individu.

C’est dans une société étouffée par les réseaux sociaux, le divertissement et l’amusement que Guy Montag vit sa best life de pompier. Cependant, le détachement dont il fait partie est peu commun. Ce dernier, créé par le gouvernement étasunien pour qui la littérature est source de questionnement et d’idéologies déviantes, a pour mission de brûler tous les livres dont la possession est interdite. Comblé Guy Montag est à l’aise dans son travail, compétent, marié et heureux de remplir ses missions quotidiennes (des autodafés), il vit un bonheur simple. C’est quand, au détour d’une rue pour rentrer chez lui, Montag rencontre une jeune fille singulière, qu’il va se mettre à penser, à imaginer et à comprendre ce qui l’entoure. Elle va lui parler de ce qu’il regarde tous les jours sans rien voir : la vie. Il comprend qu’il ne sait rien, ne connait rien du monde, des gens, des autres, du passé, de l’histoire ou de la culture des Hommes… Rien de tout ça, mis à part son quotidien à lui. Un jour la jeune fille disparait mystérieusement, et là, il prend conscience de sa société de consommation et du bonheur factice qu’elle impose à ses gens.

Un rappel à l’ordre pour éviter le pire

Ce roman prend place dans une société qui nous parait corrompue dès lors où les pompiers n’ont pas pour mission d’éteindre les incendies, mais de les allumer. Où le gouvernement exclut la possibilité de détenir des livres : ils donnent la possibilité d’apprendre et de connaître le monde par soi-même, de développer son esprit critique, son imagination, tout un tas de chose en fait… C’est ce « tas de chose » que le gouvernement retire à ses citoyens dans Fahrenheit 451, il a censuré la pensée, la connaissance et les droits du peuple, de manière douce et progressive, en changeant les lois et la constitution au fil des années. C’est un génocide culturel qui vise à effacer les différences entre individus, la possibilité du dilemme, du choix, et à les rendre plus heureux. Cependant un bonheur conféré par la tromperie en est il vraiment un ? Bref, le livre ne se résume pas qu’à cela, mais c’est aussi une mise en garde contre les régimes totalitaires et extrémistes qui visent une unité de la population au mépris de l’individu.

Une intrigue qui résonne à toutes époques

Le propos de Fahrenheit 451 est devenu de plus en plus pertinent au fil des ans, la fiction qui en est porteuse est devenue l’une de ces fables intemporelles où l’Histoire peut venir se mirer.

Farhenheint 451, préface, Jacques CHAMBON

Il est vrai que ce roman d’anticipation dystopique, paru en 1953, se déroule dans un futur lointain dont les dates restes floues. Pourtant aujourd’hui, en 2022, on pourrait penser que c’est une réalité parallèle, ou même une situation actuelle dans certains pays où la liberté d’expression est réduite à son minimum. Il est aussi question de la suprématie des médias, fait bien réel dans notre société ultra-connecté, « du grand décervelage auquel procèdent la publicité, les jeux, les feuilletons, les informations télévisées… » (préface de Jacques Chambon). Par une paresse mentale qui gagne un peu plus chaque nouvelle génération, on préfère écouter ou regarder les informations qui nous sont servies sur un plateau plutôt que chercher par nous même la vérité, la réalité ; c’est un désintérêt envers la littérature qui nous gagne. Est ce parce que cette dernière ne nous est pas bien présenter quand on est encore à l’école ? A savoir… Pour sur, de grands textes nous paraîtrons plus ennuyeux et moins amusants que des vidéos « short » sur internet, mais il nous feraient plus cogiter, ça c’est certain.

Il y a plus d’une façon de brûler un livre.

Ray Bradbury

C’est la psychologie de Guy MONTAG que l’on suit à travers ce récit, sa réaction face à la prise de conscience du fonctionnement de sa société, l’angoisse qui le consume, de se retrouver seul face à des gens qui ne l’écoutent pas, qui sont aveugles et sourds au monde qui les entoure, à lui…

Montag nous montre la voie…

Personne n’écoute plus. Je ne veux pas parler aux murs parce qu’ils me hurlent après. Je ne peux pas parler à ma femme ; elle écoute les murs. Je veux seulement quelqu’un qui écoute ce que j’ai à dire. Et peut-être que si je parle assez longtemps, ça finira par tenir debout. Et je veux que vous m’appreniez à comprendre ce que je lis.

Guy MONTAG, FAHRENHEINT 451

On ressent l’angoisse à laquelle fait face le personnage car on s’identifie à son sentiment d’être seul contre tous, comme dans un drame apocalyptique où l’on est seul et à bout face aux zombies par exemple. Bref, Bradbury nous fait prendre conscience de la chance que l’on a de pouvoir profiter, au travers des livres, de réflexions, de paroles philosophiques qui développent notre esprit critique, de visions du monde propre à d’autres, d’avoir accès à d’autres cultures, d’autres langues etc, etc… Cet ouvrage est une apologie de la liberté d’expression et nous montre que la plupart des traces que nous laissons derrière nous sont fragiles et si on ne veut pas qu’une civilisation, qu’une idée, qu’une ethnie ou autre trace de vie disparaisse, il faut veiller à garder les objets littéraires intacts.

Un livre à lire au moins une fois

Je vous ai présenté ce livre, tant bien que mal, car je pense qu’il doit être lu, sans nécessité vitale, bien entendu (quoique…), mais au moins une fois dans sa vie, même si l’on n’aime pas lire, que ce n’est pas notre style ou qu’on le trouve trop monotone. Il vous marquera pour de bon.

Vous admirerez la virtuosité de Ray Bradbury dans les moments les plus insupportables de l’histoire (pour ma part) : les conversations entre la compagne de Montag et lui même en sont un bel exemple. Ces dernières sont une retranscription de la mentalité engendrée par le manque de culture et de maturité qu’à imposé le gouvernement : les échanges du couple sont plats, sans intérêt, ils ne nous apportent rien et ne font pas avancer Montag dans sa quête de vérité, bref une belle torture mentale que nous sert l’auteur ! Il faut parfois relire certains passages pour en comprendre toutes les nuances, mais surtout pour ne pas perdre le fil de l’histoire ! Enfin ce livre est tout de même incontournable si vous voulez prendre conscience de la chance que l’on a de vivre dans des pays où la liberté d’expressions à tout de même une grande importance, et que l’on es toujours libre de nos choix, avec la capacité d’explorer et de choisir nos influences, nos milieux et nos façons de vivre !

Guenaelle G. – DNMADe1JO- Octobre 2022

Aucune Raison

Je vais vous parler de « Rubber », un film sorti en 2010 et réalisé par Quentin Dupieux.

Affiche du film

A ce nom, les amateurs du cinéma se doutent peut-être déjà du caractère insolite de ce long métrage. Il faut dire que ce réalisateur en a fait sa marque de fabrique car selon lui « il n’y a rien de plus beau dans l’art que de ne pas réfléchir». Et tout est dit ou presque car « Rubber » en est la parfaite illustration.

Alors avis aux adeptes de la cohérence et de la raison, cette comédie d’horreur est faite pour mettre vos nerfs à l’épreuve.

Entrons dans le vif du sujet, l’histoire est celle de Robert, un pneu psychokinétique lancé dans une frénésie meurtrière en plein désert californien…

Comme vous je suppose, j’étais sceptique la première fois que l’on m’a résumée ce film où il serait question d’un pneu tueur aux pouvoirs paranormaux puis j’ai éclaté de rire en apprenant qu’il s’agissait d’un western. Ma curiosité attisée, j’ai fini d’être convaincue avec cette bande annonce aux petits oignons que je vous recommande vivement.

Reprenons le scénario, parce que oui, il y en a un ;

On suit donc Robert qui, en plus de tuer à tout-va, poursuit une jolie fille à ses heures perdues. Des comédiens conscients d’en être tentent de l’arrêter tandis que des spectateurs en jumelles observent le tout. Apparaît alors une double intrigue, l’une autour du pneu et l’autre autour des spectateurs. Les comédiens chercheront d’ailleurs à éliminer les spectateurs espérant ainsi mettre fin à leur travail d’acteurs mais rien dans ce film ne se passe comme prévu.

On pourrait tout à fait résumer ce film à du grand n’importe quoi et pourtant, je trouve qu’il y a un certain génie dans la manière de mettre en scène ce délire assumé. Il faut déjà savoir que Rubber a été tourné à Los Angeles en 14 jours avec seulement deux appareils photos. Les trucages quant à eux sont presque entièrement mécaniques. Pour exemple, le pneu avance avec un moteur et une télécommande à distance tandis que les têtes qui explosent sont des ballons de baudruche avec de l’air comprimé.

Le film dure 1h18, il est donc assez court mais le rythme reste lent avec de nombreuses scènes contemplatives qui mettent l’accent sur l’absurde de la situation. Concernant les cadrages et mises en scène, on observe des reprises des codes du film d’horreur avec par exemple Robert qui apparaît derrière les personnages en fond de plan. On remarque aussi des références au western de par le décor désertique américain et ce qui ressemble à des confrontations de regard. Ces procédés renforcent le décalage entre l’absurde des situations et le sérieux avec lequel elles sont prises, au point qu’elles en deviennent comiques. C’est un humour qui n’est cependant pas au goût de tout le monde.

La confrontation, Robert face à la Police

Concernant la bande originale, elle est signée par Mr. Oizo, le pseudonyme de Quentin Dupieux en musique, l’ambiance vacille entre tranquillité et épouvante. Les acteurs eux ne manquent pas de justesse et dépeignent des personnages à la fois caricaturaux et consternants.

Présentation faite, intéressons-nous au fond ;

Le lieutenant Chad, comédien

Dès le départ, on est prévenu. Pris à parti parmi les spectateurs qui constituent à eux seuls une étrange mise en abîme, on nous assomme d’un :

« Tout les grands films, sans exception, contiennent une part importante de Aucune raison, et vous savez pourquoi? Parce que la vie elle-même est une succession de Aucune raison. Le film que vous vous apprêtez à voir est un hommage à Aucune raison, cette figure de style d’une puissance fantastique.»

Lieutenant Chad

Le ton est donné et il est cohérent avec la gimmick du réalisateur ; faire du contemporain sans spécialement chercher du sens dans ce qu’il entreprend. Il n’empêche que l’on peut se poser la question ; quel sens y-a-t-il à faire un hommage à l’Aucune raison ? Aucun peut-être mais à m’y tenter, j’avancerais l’hypothèse d’une sorte de satire du cinéma en particulier américain, je m’explique ;

  • Le fait que l’« Aucune raison » soit traité comme une figure de style dont l’usage est d’accentuer un propos signifie qu’il y a bien un propos à traiter ici. Or un propos est un discours ayant un but fixe et il me semble que l’on ne se fixe pas de but sans raison.
  • Parmi les grands films cités en introduction, 4 sur 5 sont américains. Et en effet, l’influence du cinéma américain est majeure au point qu’il en mène encore aujourd’hui les tendances et codes.
  • Dans le même esprit, la réplique : « Tu peux si tu le veux mais c’est contre les règles », m’est apparue comme un manière de dénoncer le formalisme des productions cinématographiques.
  • La mise en abîme avec les spectateurs et le fait que l’un des comédiens déclare qu’ils ne sont pas dans la vraie vie tout en demandant à ses camarades de sortir de leur rôle est également un élément mettant en évidence le caractère irréel de l’histoire comme dans toute autre fiction.
  • Un autre point est le traitement des spectateurs, ils nous sont présentés comme des personnes crédules et voraces de spectacles. L’un d’entre eux, mécontent du manque d’action, ira jusqu’à directement s’en plaindre auprès des comédiens et leurs demandera d’accélérer les choses. Cette image peu flatteuse semble ici dénoncer le ridicule d’un public prés à se jeter sur tout ce qu’il leur sera proposé quand certains iront jusqu’à invectiver les réalisateurs lorsqu’un contenu ne répond pas à leur attente.
  • Enfin, le dernier plan du film présente une horde de pneus roulant sur une route menant vraisemblablement à Hollywood, l’iconique panneau étant bien mis en évidence au fond de la scène. Alors a priori, soit l’absurde s’apprête à lancer un assaut sur le cinéma américain trop fermé au concept, soit il s’agit d’une manière saugrenue d’expliquer pourquoi ça serait déjà le cas sans qu’il en ait conscience. L’inconscience serait appuyée par le fait que les comédiens à la fin croient que l’histoire est terminée, Robert le pneu et les spectateurs ayant été éliminés, mais à tort, l’irréalisme poursuivant son invasion en toute impunité.

L’aucune raison serait-elle donc à la fois une manière de lutter et le sujet de dénonciation contre des règles cinématographiques imposées par une hégémonie américaine ? Ou tout cela n’aurait-il réellement aucune raison ?

Solveig DUBOIS – DNMADe24HO – Octobre2022

« La Favorite » de l’Orfèvrerie

Je vous invite dans cet article, à prendre part à l’émerveillement et à l’innovation dans un voyage temporel du siècle des lumières au monde contemporain.

Délicatesse, noblesse, détail et beauté enivrent le travail d’orfèvre de cet artiste qui transpose les plus beaux jardins du classicisme en ornementation de chevelure.

Le styliste barcelonais Alexis Ferrer a développé une méthode d’impression sur cheveux mettant à l’honneur certains tissus de la bourgeoisie française du XVIIIe siècle.

La série photographique baptisée « La favorite » est l’oeuvre du photographe Rafael Andreu, avec les modèles Emma Fuhrmann, Camila Ferreyro et Patrizia Lombardo.

ALEXIS FERRER

« Enfant, je passais la plupart de mon temps dans le salon de ma mère à grandir entre les coiffeurs. Je suis né à Barcelone, l’une des scènes de mode les plus avant-gardistes, ce qui m’a inspiré à repousser les limites du design dans mon imagination. Grandir au milieu de différentes disciplines artistiques telles que le surréalisme de Dalí, le modernisme de Gaudi ou la gastronomie moléculaire de Ferran Adrià, m’a beaucoup influencé, et tout mon travail est toujours lié à la nature. »

Au cours des 20 dernières années, Alexis Ferrer a travaillé sur plus de 1 200 défilés à travers le monde à Barcelone, Paris, Milan et Londres. il a participé à plusieurs événements mode pour Wella, haute-couture à Paris, cinéma et théâtre et à étudié avec Vidal Sassoon à Londres et à Los Angeles. Faisant partie depuis 2012 de la Wella Global Creative Team dirigée par Eugene Souleiman, il à également sa propre entreprise, gérant quatre salons et gérant une équipe de 54 employés. 

LA FAVORITE

En 2012, Alexis Ferrer a été invité à interpréter une collection pour les Wella Trend Vision Awards, pour lesquels il a d’abord commencé à explorer les cheveux comme toile d’impression. « Le but du salon était d’innover avec une technique peu utilisée en coiffure, et l’impression photographique sur cheveux semblait le moyen idéal pour représenter une histoire de manière graphique et impressionnante« . Les images utilisées pour la collection Echo sont tirées des films The Shining et Psycho, tous deux en noir et blanc. Pour la Barcelona Fashion Week 2017, Alexis Ferrer a collaboré avec le designer Txell Miras dont la collection s’est inspirée des conteneurs maritimes et des pêcheurs. Des mannequins ont défilé avec des visages déguisés et des portraits de pêcheurs imprimés sur leurs extensions de cheveux également en noir et blanc.

Je dois admettre que les premières impressions sur les cheveux ont été un véritable défi. Il a fallu deux mois pour obtenir de bons résultats en haute définition, le mélange de la technologie et de nos connaissances dans la coiffure nous ont permis de recréer ces merveilleux motifs sur les cheveux.”

En 2020, après avoir revisité et perfectionné les techniques, travaillé sur l’intensité des couleurs et amélioré la définition, Ferrer a mis à jour son processus d’utilisation d’encres photographiques à des encres générées numériquement, lui permettant d’utiliser la couleur et le design à une nouvelle échelle ; une méthode qui avait été mise au point par le groupe espagnol « head hacker »X-Presion en 2011, et leur a valu un prix à l’Alternative Hair Show l’année suivante. Avec cette méthode, l’ombrage noir et blanc limité des impressions précédentes de Ferrer a été remplacé par des dégradés de couleurs et des motifs complexes numerisés sur des extensions ensuite posés sur les cheveux blonds des modèles Emma Fuhrmann, Camila Ferreyro et Patrizia Lombardo…

 » Nous nous sommes inspirés des jardins du palais du XVIIIe siècle en France », à cette époque, les fleurs et les animaux inspiraient les couturiers pour créer les meilleurs tissus pour la bourgeoisie française. »

INSPIRATION

La collection Echo lors du Wella International TrendVision Award était basée sur la beauté sombre, un voyage vers la partie intérieure de vous-même où se trouvent les sentiments les plus protégés, comme l’angoisse, la peur et la solitude. Intéressés à utiliser les cheveux comme canal pour exprimer ces sentiments intérieurs, Alexis Ferrer à imprimé des images sur les cheveux et ainsi créé l’impact recherché. « J’ai aimé l’idée que les cheveux soient une extension du patron des vêtements« , comme les tissus français qui l’ont inspiré.

L’objectif principal d’Alexis Ferrer est de travailler sur le côté expérimental de la mode est d’apporter de nouvelles idées à l’industrie capillaire. A l’aide de son carnet de croquis, il commence à chercher l’inspiration dans différents domaines artistiques et dans des collection de cheveux déjà existantes. Il se renseigne sur l’histoire, le concept et les techniques créés qui ont inspiré ces coiffeurs et créatifs.

Des oiseaux, des fleurs et des papillons aux tons chauds, des formes inspirées des estampes françaises qui au XVIIIe siècle décoraient les chambres de la bourgeoisie sont celles qui brillent désormais dans ces crinières aux coupes géométriques. Des dessins travaillés numériquement et imprimés sur les cheveux, un travail artistique éphémère et innovant.

« L’un des éléments les plus excitants lorsque vous créez une collection est de créer une nouvelle technique et de la partager. » 

La Favorite a eu un impact sur l’industrie capillaire, la collection a été créée grâce à une combinaison de styles artisanaux mélangés à la technologie. Un mélange parfait pour la nouvelle génération qui recherche de nouvelles frontières de la mode. Cela montre une fois de plus que tout dans la mode reste à inventer et à innover. 

Je vous remercie de l’attention portée à cet article, n’oubliez pas de laisser un commentaire.

Amélie T. – DNMADE2 Jo – Octobre 2022

Les yeux fermés

Prune Nourry est une artiste née à Paris en 1985. Elle vit et travaille aujourd’hui à New York. Reconnue pour ses projets d’art sur le long terme et de grande envergure, elle est par exemple à l’origine de l’Amazone Erogène, une immense installation au Bon marché Rive Gauche, évoquant l’expérience de son cancer du sein : un sein unique, géant, est la cible de 888 flèches suspendues dans les airs, tirées depuis un arc immense. L’artiste invite les femmes atteintes du cancer à se représenter comme des amazones, figures guerrières mythologiques, mutilées d’un sein comme peuvent l’être les malades, et de penser cette amazone comme symbole du combat qu’elles livrent contre leur maladie.

En 2021, Prune Nourry propose à la galerie Templon à Paris une réécriture de la relation entre artiste et modèle. Le Projet Phénix est constitué d’un ensemble de huit bustes et d’un film réalisé avec le réalisateur Vincent Lorca. Dans la galerie, les visiteurs avancent dans le noir, guidés par une corde accrochée le long du mur, et sont parfois invités à toucher, en tendant le bras, un visage en argile. En même temps, un haut-parleur diffuse les dialogues de l’artiste et de ses modèles. Le court-métrage, proposé en audio-description, montre la rencontre et la création des bustes dans l’atelier de l’artiste.

Les modèles, tous aveugles ou malvoyants, sont modelés dans la terre à partir d’une longue étude tactile de leurs visages. Prune Nourry, les yeux bandés, fait glisser ses doigts sur le nez, les pommettes, la bouche, les yeux, et reproduit dans l’argile les traits qu’elle sent. N’ayant jamais vu ses modèles, seul le sens du toucher lui permet de les appréhender, et de réaliser leur portrait. Les autres sens aussi, sans doute, puisque l’artiste les écoute en même temps raconter leur histoire, leurs pensées, s’approche d’eux, les effleure constamment. Les modèles eux-mêmes posent leurs mains sur le visage de Prune Nourry et tentent de visualiser son visage grâce au toucher.

D’ordinaire, l’artiste observe son modèle, à distance, et le regard que ce dernier peut ou non poser sur l’artiste n’a d’importance que pour la position de son propre visage et de ses yeux, que l’artiste copie. Autrement dit, seule l’image du modèle compte, et seul le regard de l’artiste importe. Dans le cadre du Projet Phénix, le portrait est conçu comme une rencontre. La relation que crée Prune Nourry avec ces huit personnes se veut égale et équilibrée ; ce rapport à l’autre que les modèles, aveugles de naissance, à la suite d’une maladie ou d’un accident, entretiennent avec leur entourage, est partagé par leur interlocuteur voyant. L’artiste fait l’expérience de ce mode de relation, qui exclut la vue mais qui, comme l’expriment certains modèles, pousse à porter une attention plus particulière au timbre d’une voix, à la pression d’une poignée de main. L’idée du Projet Phénix est de remettre au centre le contact physique et le sens du toucher dans nos relations, généralement tabou et parfaitement aboli dans le contexte de la pandémie. Naturellement, ces bustes n’ont pas vocation à être vus, mais doivent être touchés, d’où le concept peu commun de l’exposition dans le noir…

On peut imaginer la difficulté d’un tel exercice, pour l’artiste ; et celui ou celle qui a déjà dessiné, peint, sculpté ou modelé un portrait d’un modèle vivant se représente facilement à quel point l’expérience doit être différente. Appréhender un autre corps sans la vue nous semble si peu naturel qu’il nous est assez difficile de nous rendre compte du quotidien d’une personne non-voyante. L’exposition s’est déroulée du 4 septembre au 23 octobre 2021 : il n’est donc plus possible de découvrir les bustes à tâtons, néanmoins le film de Vincent Lorca est disponible sur Youtube (https://www.youtube.com/watch?v=0oLByKfccEU) et donne une bonne idée de la démarche de Prune Nourry.

J’espère que cet article vous a intéressé, merci pour votre attention!

https://www.prunenourry.com/en/projects/projet-phenix

Lucille Gilbert, DNMADE 2 Jo, octobre 2022

La maison Coperni aurait-elle trouvé la recette miracle pour une mode durable et écologique ?

A l’occasion de la Fashion Week de Paris, la maison Coperni a dévoillé comme pièce maîtresse de sa collection Printemps-Ete 2023 une robe épousant parfaitement le corps de la célèbre top modèle Bella Hadid. 

Lors de la Fashion Week de Paris, la maison Coperni a fait l’unanimité en cloturant le défilé de sa collection Printemps-Eté 2023 par un spectacle pour le moins impressionnant. Pour présenter leur dernière création, la top modèle Bella Hadid a pris place au centre de la salle des textiles du Musée des Arts et Métiers, presque entièrement nue. Pendant une dizaine de minutes, un spray a pulvérisé sur la mannequin une étrange matière filandreuse, recouvrant petit à petit son corps. En l’espace de quelques instants, une robe blanche épousant parfaitement Bella Hadid a été créée sur-mesure, à même son corps. Le secret ? La technologie intitulée Fabrican, développée par le designer et docteur Manuel Torres. La matière projetée par le spray est constituée de fibres naturelles ou synthétiques assemblées par différents polymères. Des solvants liquides sont ensuite mélangés avec les fibres et vont s’évaporer au contact du corps, lors de l’utilisation du produit. Ainsi des vêtements sur-mesure, plus inclusifs et adaptés à la morphologie et au goût de chacun peuvent être fabriqués en un instant. N’oublions pas de mentionner la touche de magie verte pour notre notre planète : une fois fabriquée, la matière peut être dissoute et ré-utilisée pour refabriquer à nouveau un vêtement.

Cette technologie est comme une bouffée d’air frais au milieu de l’industrie de la mode, connue pour être la deuxième industrie la plus polluante. Cette innovation serait-elle capable de révolutionner ce milieu peu scrupuleux de l’environnement en le rendant plus écologique ?

En effet, responsable de l’émission d’environ 1,2 milliards de tonnes de CO2 par an, notre situation écologique actuelle demande du changement vers une mode plus verte. La technologie Fabrican semble donc être à la hauteur de ce défi.

Fabrican dress 2007 © photographer Gene Kiegel

Schéma de la chaîne de production et d’utilisation de Fabrican

Mettant un poing d’honneur à s’engager pour notre environnement, l’entreprise propose des fibres pouvant être biodégradables, réduit sa chaîne de production et cherche à limiter son nombre de fournisseurs étrangers, réduisant ainsi les émissions de CO2 liées au transport des matériaux. L’optique de Fabrican est de proposer au grand public un produit permettant de réparer nos affaires, allonger leur durée de vie pour lutter contre la sur-consommation et nous permettre de créer des vêtements recyclables et réutilisables. Ce pourrait donc être la solution pour combler les demandes toujours plus exigeantes des fashionistas à l’affut des tendances toujours changeantes.

Schéma de la chaîne de production et d’utilisation de Fabrican

Cependant, même si la majorité salue cette prestation comme une avancée de la mode dans le développement durable, certains restent dubitatifs. L’intention est bonne mais le procédé peut être critiquable. En effet, les cannettes qui serviraient à rendre cette technologie accessible au grand public ne sont généralement pas recyclables dans les centres de tri traditionnels. Elles doivent, soit être mises en déchetterie, soit être recyclées par des professionnels, amenant dans l’industrie de la mode des déchets compliqués à traiter. De plus, la méthode de projection des fibres requiert l’utilisation de produits chimiques, pas forcément écologiques et, comme l’on peut le voir lors du défilé de Coperni, cela crée beaucoup de particules et de déchets. Enfin, l’utilisation du produit pose question sur son ergonomie. Il ne semble pas envisageable de s’appliquer seul le spray dans le dos par exemple. 

Le défilé Coperni a donc permis de mettre en avant une technologie innovante qui questionne l’industrie de la mode quant à son empreinte carbone et son implication dans une transition écologique durable. Néanmoins, la technologie Fabrican a plutôt servi à faire sensation auprès du public plutôt qu’à présenter un nouveau matériel fiable, durable et écologique dont les créateurs pourraient se saisir. Comme l’explique le co-fondateur et directeur artistique de la maison Coperni, Sebastien Meyer :

« C’est notre devoir en tant que designers d’essayer de nouvelles choses et de montrer un futur possible. Nous n’allons pas gagner de l’argent avec cela, mais c’est un moment magnifique — une expérience qui crée de l’émotion ».

Si, petit à petit, l’industrie de la mode tente de se tourner vers des matériaux plus écologiques et durables, cela reste malgré tout au détriment de l’attraît du spectacle et du buzz.

Harmonie TAKACS – DNMADe1Jo – Octobre 2022

L’artisanat et les métiers d’art face au pouvoir de l’aléatoire !

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Quel est le rôle de l’aléatoire dans une production artisanale ?

 L’aléatoire est une notion qui peut avoir de l’influence dans le processus créatif d’une production artisanale.

Cette notion est tout de même à différencier de celle du hasard. En effet, une expérience aléatoire c’est une expérience dont on connaît tous les résultats possibles mais sans pouvoir prévoir le résultat final. À l’inverse, on peut qualifier le hasard d’un manque de connaissance. C’est-à-dire lorsque l’on ne peut ni prévoir le résultat final ni même toutes les issues possibles.

Dans son processus, il va ainsi y avoir un moment de non contrôle où le créateur va “laisser le hasard faire les choses”.  Il cherche de nouvelles formes à travers plusieurs manipulations expérimentales. C’est ainsi qu’il introduit des techniques artisanales qui se rapprochent plus ou moins du bricolage dans le processus de création. Ces savoir-faire amènent une rigueur qui vient en contradiction avec la part de hasard qui est introduite à un moment précis. C’est de là que naissent des formes et des principes singuliers. 

Et c’est cette singularité que recherche le designer.

Aléatoire et contrôle : Un aléatoire guidé

L’intervention de l’aléatoire dépend du degré de contrôle que possède le créateur.

Jolan Van der Wiel, dans la Gravity Stool de 2011, utilise un aimant afin de “faire pousser” les pieds du tabouret. Dans un premier temps, on pense que les pieds se créent d’eux-mêmes par la technique de l’aimant, donc sans être contrôlés par l’artisan. En réalité, même si la matière réagit différemment et marque ainsi chaque tabouret de pieds tout à fait uniques, la technique est toujours la même et est belle et bien contrôlée par l’artisan.

Processus créatif en vidéo !

Nous pouvons également guider la matière en construisant le projet sur un support de base.

C’est ce que fait Charlotte Kingsnorth pour sa collection d’assises de 2013 nommée Hybreed. Elle utilise d’anciens cadres de chaise sur lesquels elle dépose des formes biomorphiques de tissu qui donnent une forte impression d’aléatoire. On peut d’ailleurs parler de greffe et son degré de maîtrise est assez élevé. Effectivement l’intention est de redonner un corps à ce squelette de bois ainsi qu’apporter du confort. Mais la configuration de ces formes est définie par les besoins du cadre : les trous et les zones à recouvrir ; auxquels se mêlent les envies du designer.

ttp://actualite-design-corbusier-de2017a2019.over-blog.com/2018/04/les-chaises-envahies.html

On remarque donc que dans certains processus créatifs, la place de l’aléatoire est restreinte à une impression que l’usager a. C’est par des formes ondoyantes et mouvantes ainsi que des jeux de courbes et de découpes hors du commun, que l’effet aléatoire se manifeste. Finalement, lorsque l’on creuse on remarque que ce n’est qu’un effet optique et que le créateur garde une maîtrise majeure dans la phase de production que cela soit par la technique utilisée comme pour la Gravity Stool ou au niveau d’une matière plutôt contrainte par son support tel que dans Hybreed.

La technique choisie et mise en œuvre par le créateur décide donc de l’importance et du rôle plus ou moins aléatoire de la matière. Ainsi le résultat est incertain et provoque une singularité dans l’aspect esthétique de la création.

Fidèle à lui, l’aléatoire “plus hasardeux”

Le créateur peut également diminuer le degré de contrôle qu’il possède lors de la production de sa création. Paramètres extérieurs venant en complément du matériau utilisé, accentuation d’une contrainte naturelle, le créateur fait des choix stratégiques afin de laisser faire les choses.

Le feu est un élément souvent utilisé dans la conception de produits artisanaux car il est complètement imprévisible. Ainsi le taux de maîtrise est forcément bas. Par exemple, en 2011 dans le projet Vase de Loris&Livia avec Acne Studio, les vases sont déformés par la chaleur. Par conséquent, c’est la contrainte du feu sur le verre qui crée la déformation et donc la forme finale du produit. Des formes toutes plus alambiquées les unes que les autres sont créées grâce à la réaction imprévue et non contrôlée du vase fondu. « Imprévue » ? Pas exactement. En effet, les designers étaient bel et bien au courant que le verre allait fondre une fois en contact avec le feu, mais ce qu’elles ignoraient c’était la forme finale de chaque vase. Nous sommes bien d’accord qu’il est impossible de pouvoir prédire le rendu final.

Enfin, nous pouvons également remarquer un autre type de contrainte qui est naturellement liée à la matière.

C’est ce que l’on voit dans le luminaire 14% de Laura Strasser en 2013. Les abats-jour sont créés en porcelaine mais cette matière perd 14% de son volume à la cuisson. Alors la designer a voulu faire de cette contrainte une nécessité en utilisant l’abat-jour terminé en tant que moule pour le prochain qui sera alors 14% plus petit que le précédent. Ainsi le modèle du pot de porcelaine est conservé mais seulement la taille diminue. Le luminaire 14% est ainsi une pièce artisanale réalisée en petite série qui remet en question le rôle d’une contrainte technique et le fait d’en jouer pour créer un objet unique. C’est à cette singularité du processus que l’on peut rattacher la notion d’aléatoire : La notion d’aléatoire intervient en dernier, lors de l’assemblage des pots pour fabriquer le luminaire. En effet, les pots sont identiques mais de tailles différentes et disposés ensemble sans trop de réflexion.

Au final, lorsqu’une production artisanale renvoie une impression d’être aléatoire c’est qu’elle a été produite avec plus ou moins de contrôle de la part du créateur. Bien que l’effet aléatoire soit maîtrisé lors de la production de la création ou qu’il y ait un réel lâcher-prise, le créateur laisse une place importante à la technique ou la matière. Tout ceci dans le but de créer de la nouveauté, une production marquée d’une singularité, afin de donner naissance à des résultats particuliers c’est-à-dire ce qui diffère du standard créé en série et/ou en masse.

CORMON–BATION Jade DNMADe1 Jo – Octobre 2022

L’art brut alias « L’art des fous »

L’attrait pour la folie, est depuis longtemps romantisé par l’art. La folie symbole d’imaginaire développé et décomplexé, et pourtant celle ci ne suffit pas à définir l’acte de création.

Le lien entre l’art brut et la folie se veut étroit, car tout être jugé « fou », « aliéné » ou « différent » au XIXème siècle et une bonne partie du XXème siècle aussi, sont expédiés en asile, lieu d’émergence des premières productions issues de la pulsion créative à l’état pur ; c’est donc ces personnes qui sont à l’origine de cet art, prénommé auparavant « l’art des fous ».

L’intérêt pour les créations graphiques et picturales des aliénés, se lit dans les ouvrages des psychiatres français dans les dernières décennies du XIXème siècle.

Wölfli, Adolf - Les onze fleurs, 1922

« Bien que l’attention n’ait été jusqu’ici fixée que sur les écrits des aliénés, je ne crains pas de dire que l’on rencontrera souvent un intérêt réel à examiner les dessins et les peintures faites par les fous. Que l’on combine par la pensée, que l’on imagine par la fantaisie, les choses les plus impossibles, les images les plus bizarres, on n’arrivera jamais à l’espèce de délire qui se peint sur la toile ou sous la main de l’aliéné, à ces créations qui tiennent du cauchemar et donnent le vertige. » Ambroise Tardieu, Étude médico-légale sur la folie, Paris, J.-B. Baillière et fils, 1872, p. 610.

Wölfli, Adolf – Les onze fleurs, 1922

Le terme « d’art brut », apparaît seulement le 28 août 1945, lorsque le peintre Jean Dubuffet baptise cet art, qu’il collectionne depuis déjà plusieurs années, un art qui comprend à la fois l’art des fous et celui des marginaux de toutes sortes, tels que des prisonniers, des anarchistes ou des révoltés.

Malgré ça, Dubuffet établit que ce n’est pas la folie en soi qui donne sa valeur à l’œuvre, mais plutôt la force d’expression et l’extrême nouveauté qui la constitue.

« Le vrai art est toujours là ou on ne l’attend pas. Là ou personne ne pense à lui, ni ne prononce son nom. » J.Dubuffet

Comme Prinzhorn, il n’assimile pas les actes créatifs des malades à la dégénérescence de leur esprit. Au contraire, il est persuadé qu’ils sont plein d’enseignements sur le processus de créativité, moins bridé chez les malades que chez les personnes saines

L’art brut se place en contradiction avec l’art culturel : le mimétisme de la nature et des grands maîtres, n’y ont pas leurs places ; pas de style défini, de techniques ou encore de théories communes aux artistes bruts.

Willem Van Genk – Leningrad, ca. 1955

Souvent considéré comme relevant d’un art-thérapie, car cet art se veut libérateur, quelle que soit la nature du déséquilibre intérieur ; comme une marginalité sociale, un isolement ou enfermement, physique ou mental, un côté obsessionnel voir maniaque dans l’œuvre.

L’objectif est d’utiliser la création au sens large, afin de dévoiler les problématiques profondes de l’individu, ses douleurs, ses violences et ses contradictions, et peut être le conduire à une transformation positive de lui-même.

Tiphaine Dausseing, DNMADEJO2 – Décembre 2022

Et si le Nail Art était un Véritable Art ?

Le Nail Art ou «art de décorer les ongles» consiste à réaliser différentes décorations sur ceux-ci, en complément ou en remplacement d’une pose de vernis, sur les ongles naturels ou en gel. À l’heure actuelle, on emploie couramment le terme anglais « Nail Art », ou « Stylisme Ongulaire » en France.

Tout d’abord commençons avec un peu d’histoire : nombreux pensent que la pratique de se « peindre » les ongles remonte aux années 90-2000, notamment mise en avant par les stars hollywoodiennes. Ne vous méprenez pas, l’origine exacte des traitements des ongles existait bien avant et dans différentes parties du monde.

Dans l’Égypte ancienne, de 5000 à 3000 avant J.-C., les femmes se teignaient les ongles avec du henné pour indiquer leur statut social (celles de la classe inférieure portaient des teintes pastel tandis que les classes supérieures portaient des teintes lumineuses).

Une peinture murale datant de 2330 av. J.-C. montre des personnes aux ongles peints

De plus beaucoup pensent que cette pratique était exclusivement réservée aux femmes mais en Babylonie, 3200 av. J.-C., ce sont les hommes, et non les femmes qui se peignaient les ongles avec du khôl noir et vert. Pour se préparer à la guerre, ils passaient des heures à se préparer les ongles, les cheveux et d’autres soins de beauté similaires.

À peu près à la même époque en 3000 av. J.-C., le premier vernis à ongles est né dans la Chine ancienne. Il était fabriqué à partir de cire d’abeille, de blancs d’œufs, de gélatine, de colorants végétaux et de gomme arabique. Les Chinois trempaient leurs ongles dans ce mélange pendant plusieurs heures. Les couleurs allaient du rose au rouge, selon le mélange des ingrédients.

Ces pratiques étaient considérées avec le plus grand sérieux et même les joaillers se ralliaient à ces coutumes. Ainsi nous avons retrouvé des « bijoux pour ongles » ou plutôt des protèges ongles, en effet la dynastie Ming (Chine 1368-1644) était connue pour ses ongles extrêmement longs. Parfois, ces ongles étaient protégés par des protège-ongles incrustés d’or et de gemmes.

Ces peuples égyptiens et chinois s’approchaient du nail art tel qu’il est connu aujourd’hui, mais leurs ongles étaient seulement teintés uniformément.

Le premier enregistrement réel de l’art des ongles provient de l’empire Inca (1438-1533), qui était l’un des plus grands empires d’Amérique du Sud. Les Incas décoraient leurs ongles en peignant des aigles dessus, sûrement pour représenter leur puissance.

Depuis les techniques n’ont pas cessé de se développer jusqu’en 1955 ou un dentiste américain créa la première forme de «faux ongles» ou ongles en gel ensuite développée et modernisée par les esthéticiennes. Cette technique consiste à rallonger les ongles avec de la résine dentaire (acrylique). Ce processus a permis aux esprits novateurs de créer une véritable forme d’art sur les ongles car ils étaient plus longs et plus solides. Même si, historiquement, le peuple Inca se décorait déjà les ongles au 15 ème siècle, le Nail Art moderne actuel est réellement né dans les années 1980. Il s’est ensuite rapidement développé dans les pays asiatiques comme le Japon ou la Corée du Sud.

Les grandes dates de l’industrie des ongles :

1980 – Les techniciennes des ongles commencent à façonner les ongles en acrylique avec des limes électriques qui sont utilisées pour la fabrication de bijoux et le travail des dentistes.

1982- Le premier système de gel UV est introduit, la lampe UV est créée par James Giuliano. Des systèmes inodores sont également conçus.

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Cardi B, icône du rap américain, met en avant le pouvoir de la femme à travers ses textes.

L’ampleur et la signification du nail art dans notre société actuelle :

En 1988 Florence Griffith Joyner a établi deux records du monde d’athlétisme aux Jeux olympiques de Séoul en portant de longs ongles en gel.

Depuis de grandes figures féminines ont suivi cet effet de mode. Aujourd’hui nous pouvons dire que les faux ongles et le nail art ont une dimension sociale. Cette pratique touche tous les milieux, aisés ou défavorisés et tous les âges.

Le nail art reflète le goût et la personnalité de l’utilisateur, c’est un moyen d’expression.

Dans cette interview réalisée par Brut en 2021, cette jeune prothésiste ongulaire souligne le fait que les faux ongles peuvent aussi avoir une dimension féministe. Ils représentent alors la force de la femme, comme des griffes, leur combat quotidien.

Le nail art peut être interprété comme on le souhaite, comme une simple décoration, un accessoire de mode, ou un message que nous souhaitons véhiculer mais il ne correspond jamais à l’image d’une femme objet ou superficielle. D’ailleurs il n’est pas seulement destiné à la gente féminine mais peut être adopté par tous les genres.

Aujourd’hui le nail art est devenu une profession qui requiert une formation et qui est validée par des diplômes. Certes de plus en plus de personnes sont intéressées par la réalisation de cette pratique mais il y a des techniques et des savoirs faire propres à cet art. Réalisé avec des produits chimiques et sans expérience le nail art peut s’avérer dangereux pour la santé, avec des risques d’inhalation ou de dérèglement endocrinien.

Certains prothésistes ongulaires exercent un métier d’art à part entière.

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Prestation par Jenny Bui

Un Métier d’Art est défini par l’association de 3 critères : Il met en œuvre des savoir-faire complexes pour transformer la matière. Il produit des objets uniques ou des petites séries qui présentent un caractère artistique. Le professionnel maîtrise ce métier dans sa globalité.

C’est le cas de Jenny Bui, artiste internationalement reconnue. Le nail art est donc bien un art à part entière.

Ingrid Chausset DNMADE JO1 Octobre 2022

La détection émotionnelle au-delà de tout autre moyen de communication ?

Et si parler n’était plus nécessaire ?

L’être humain est constamment en recherche de nouveauté, jusqu’à inventer l’impensable. C’est le cas pour la société Philips, qui a élaboré le projet « Design Probe », un projet interne qui explore les possibilités du quotidien de 2020. En parallèle ils concoctent un autre projet « Skin Probe » qui s’appuie sur les innovations numériques afin de se demander si elles améliorent réellement notre qualité de vie, en mettant l’accent sur les sens plutôt que sur la pensée intelligente.

De ce fait ils inventent des vêtements futuristes, servant de passerelle pour communiquer avec ceux qui nous entourent. Ces prototypes permettent à leurs porteurs d’exprimer leurs émotions, sensations, et leur personnalité sans paroles ni gestes, juste via leurs vêtements.

C’est le cas pour leur prototype intitulé « Bubelle » (2006). Il s’agit d’une robe composée de deux couches de vêtements dont la couche interne est équipée de capteurs qui répondent aux changements des émotions du porteur et les projettent sur le textile externe.

Ainsi cette robe se divise en deux. D’une part la robe et de l’autre la « bulle » d’où le nom « Bubelle ». La forme du vêtement final évoque un aspect féerique, plus ludique, futuriste.

La couche interne de la bulle fait d’un tissu dit électronique du domaine « Skin », possède donc des capteurs émotionnels.

Des capteurs qui au contact de la peau identifient ces émotions, et les retranscrivent par les d’iodes électroluminescentes (LED). C’est-à-dire des LED qui vont émettre une ou plusieurs couleurs en fonction de l’état émotif du porteur. Chaque couleur correspond donc à une émotion.

Ainsi en émettant ces couleurs cela va permettre de divulguer, de communiquer ces sentiments aux autres. La structure simplifie au moyen de couleurs les émotions de chacun, ces émotions qui seraient plus difficiles à exprimer par des paroles. Dans ce projet il n’y a pas que la forme du vêtement qui change mais aussi sa fonction première. Le but de la robe n’est plus d’être simplement portée mais aussi d’émettre des choses, de faire passer des messages.

La détection émotionnelle est une innovation technologique qui remplace le langage verbal et corporel à des fins de compréhension plus simples entre les individus.

Alors, la détection émotionnelle une réelle innovation ou une atteinte à la vie privée ?


SOURCES :

Projet, croquis de STD2A 2021-2022

Emma S. – DNMADe1 JO – Octobre 2022

« Divagation sentimentale » une exposition pour bouger

« Divagation sentimentale » est une exposition née de la réunion d’un artiste et d’un agriculteur, c’est au cœur de la Puisaye, dans la ferme familiale des Metz que vous pourrez effectuer cette balade forestière et culturelle. Vous vous promènerez sur un chemin en forêt le long duquel vous pourrez voir les œuvres de Pierre Marty et de la nature elle-même. En effet vous pourrez notamment y voir un chêne centenaire ayant résisté à la foudre, ou encore une allée de trognes (arbre taillé périodiquement à la même hauteur pour produire durablement du bois, voir photos).

Pour commencer, voici une présentation de Pierre Marty et le Hugues Barrey (agriculteur).

Pierre Marty est un artiste travaillant le bois brulé depuis l’incendie de sa maison ne 2017, il a d’abord commencé par donner une seconde vie à la charpente calcinée de sa maison.

Hugues Barrey est un paysan, éleveur, travaillant dans la ferme des Metz (Yonne), propriété familiale depuis plus de 2 siècles.

C’est une promenade dans le bocage poyaudin rythmée d’œuvres et d’arbres remarquables que vous propose cette exposition, que nous allons vous détailler.

Dès votre arrivée dans le cour des Metz vous serez accueilli par cette trogne avec ses cheveux qui dansent avec le vent.

En vous retournant vous verrez sur la façade de la grange l’immense soleil noir.

A partir de la commence le voyage en forêt débutant par une grande « allée » où se dresse à intervalles réguliers des piliers surmontés d’une branche noire et or.

A mi-chemin du parcours se trouve un étang qui il y a peu était sec, des arbres poussaient au fond, désormais trône au milieu de l’eau un grand buché.

Devant cet étang vous pourrez voir le chêne foudroyé toujours debout malgré l’immense cicatrice partant de son sommet jusqu’à son pied, témoin de ce qui lui est arrivé. Cicatrice que Pierre Marty et Hugues Barrey ont décidé de peindre en noir et or.

Pour le retour vous passerez dans un chemin creux, bordé de trognes ou vous pourrez entendre à chaque passage un poème s’élevant de ces arbres remarquables.

Pour finir vous vous rendrez dans l’ancien manège ou vous pourrez voir une forêt de branches calcinées, et pourrez par la même occasion discuter avec l’artiste.

Nathanael C. – DNMADe1 Ho – Octobre 2022

The Line, utopie ou dystopie ?

Certains projets architecturaux, apparaissant comme futuristes, ne semblent être qu’une idée lointaine, dont on doute qu’elle aboutira un jour. Ce n’est pourtant plus le cas pour The Line, qui a vu ses travaux débuter début octobre 2022.

Vue satellite de l’excavation en cours, octobre 2022.

The line est un projet saoudien de ville écologique, qui se veut atteindre zéro émission de co2 et utiliser uniquement des énergies renouvelables pour son fonctionnement. Prévue pour accueillir près de 9 millions d’habitants, cette ville deviendrait la plus densément peuplée avec près de 260 000 personnes au km2, juste devant Manille aux Philippines, pourtant 6 fois moins élevée en densité. Située dans la region de Tabuk et allant jusqu’au golf d’Aqaba, cette ville en plein désert contiendra végétation luxuriante, logements de luxe, terrains de foot, taxis volants ainsi qu’une station d’altitude destinée à accueillir les Jeux Olympiques asiatiques 2029 pour un montant total minimal estimé à 200 milliards de dollards (les estimations les plus hautes penchant plutôt pour 1000 milliards ¨!). En bref, l’Arabie Saoudite compte bien en mettre plein la vue pour assurer son avenir économique après pétrole.

Cependant ce projet pharaonique qui annonce une multitude d’innovations techniques et écologiques est en réalité tout autre.

En effet, pour réaliser The Line, l’Arabie Saoudite fait face à un problème. Le territoire prévu pour le projet est occupé par des tribus autochtones. Il faut donc impérativement les déplacer et peu importe si les autorités doivent recourir à la violence. C’est d’ailleurs comme cela que les tribunaux d’exception ont condamné à mort trois dirigeants et à 50 ans de prison cinq représentants de Howeitat, l’une de ces tribus. Et pendant que la population pauvre se voit expulser, les grandes fortunes en profitent. Le journal Wall Street a dévoilé les rémunérations faramineuses obtenues par les plus haut cadres du projet. Et ce n’est pas très étonnant que l’on découvre que ceux-ci ne sont pas des grandes fortunes saoudiennes, mais bien des Occidentaux comme Peter Terium ancien carde de RWE (societé allemande d’énergie), Tim Shorrocks ancien d’Amazon, et bien d’autres.

Sur le plan humain et écologique se trouvent bien d’autres problèmes. Un exemple très récent a pu nous mettre en aletre sur les conditions de vie des travailleurs, en effet, il est question de la coupe du monde au Qatar et ses 7 mille employés décedés au cours de la construction des stades. On peut très facilement imaginer qu’il sera de même avec ce projet, voire pire. Le chantier est plus long et en plein désert, ce qui est encore plus difficile qu’au millieu de Doha. Mais bien sur cela ne relève encore que de suppositions.

Du point de vue environnemental, pour un projet qui se veut entièrement écologique nous sommes plus proches du greenwashing. Les moyens mis en oeuvre pour construire ce projet sont si considérables que l’aspect « écologique » affiché pour l’après ne représenterait rien. La faculté d’architecture de l’Université de Nouvelle-Galles du Sud en Australie estime pour la construction un coût écologique à environ 1,8 milliard de tonnes de CO2, soit 4 fois plus que la production du Royaume Uni en un an. Et en plus de l’impact écologique, c’est la faune local qui se verra impactée. Que ce soit pour les oiseaux migrateurs de la Mer Rouge qui ne verront pas cet immense mur de verre de 500 mètres de haut ou pour les animaux au sol qui ne pourront pas le contourner.

Alors certes, ce projet est une réelle prouesse architecturale qui tente de s’immiscer au sein de l’environnement local par des jeux de reflets mais les enjeux humain, écologiques et économiques sont bien trop importants. Et ne semblent pourtant pas alerter les promoteurs saoudiens guidés par la folie de l’avant-gardisme.

Si vous voulez en savoir un peu plus sur ce projet, n’hésitez pas à cliquer ici pour visionner une analyse vidéo.

Sources :

  • Neom
  • Radio France
  • Le Monde
  • Siècle Digital
  • Numerama

Eve Lacroix – DNMADe1 Jo – octobre 2022

« Tant de mots parlés »

Su-Mei Tse est une artiste, musicienne et photographe Luxembourgeoise née en 1973. Elle s’inspire de ses origines européennes et asiatiques pour créer ses vidéos, sculptures et autres œuvres.

Son œuvre, “Many Spoken Words“, créée en 2009, est une installation appartenant au Musée d’Art Moderne de Luxembourg.

Mesurant 2 mètres 31 de hauteur, cette fontaine de jardin anglaise de style baroque est faite de pierre et de fonte. Avec plusieurs vasques superposées, le trop plein d’encre déborde et finit son chemin dans le grand bassin de 3 mètres 50 de diamètre.

À travers le style de la fontaine et l’encre de Chine, Su-Mei Tse rappelle les origines anglaises de sa mère et chinoises de son père.

L’artiste nous partage son intention de rendre hommage à la littérature, évoquant les possibilités illimitées des mots, le renouvellement constant de la création et « le processus entier du langage : le chemin que prend une pensée initiale, de la parole au texte écrit » (Su-Mei Tse). 

L’encre telle la pensée prend sa source à l’intérieur de l’enfant, jaillit de sa tête comme si elle était communiquée. Elle coule ensuite le long de la fontaine comme dans le tube d’un stylo, puis finit sa course en laissant des traces indélébiles sur les bords, comme sur du papier.

Elle n’exprime pas seulement une langue mais toutes celles qui ont existé et qui existeront.

Si vous en avez l’occasion, penchez vous au-dessus du bassin et observez tel Narcisse votre propre reflet.

https://www.mudam.com/fr/collection/su-mei-tse

PARASECOLI Léa DNMADE HO 1 OCTOBRE 2022

 « Helianthus annuus »

Ou les tournesols…

Si vous avez entendu parler de soupe à la tomate sur des tournesols c’est que les activistes de « Just stop oil » ont réussi leur mission. Et oui ! Pour rappel, ce 14 octobre dernier, deux jeunes femme se sont introduites dans la National Gallery de Londres et ont aspergé de soupe à la tomate une œuvre de Van Gogh :

Vase avec quatorze tournesols

Vase avec quatorze tournesols, Van Gogh, National Gallery, Londre

Petit récap’ de l’œuvre d’ont il est question aujourd’hui. Van Gogh peint cette toile avec 5 autres qu’il présente comme une série. L’amour que l’artiste porte aux tournesols lui vient de ses études du baroque flamand à Anvers. De ses Tournesols ressort une impression de vivant : certains ont cru reconnaître des yeux, une bouche, une barbe. De plus, les fleurs sont peintes à différents stades de leurs évolutions : bourgeon, ouvert, fané. On remarque aussi l’exploitation des couleurs orangées qui rappellent le soleil. L’artiste a même affirmé que cela permettait d’habiller de lumière l’hiver. Ainsi, au sein de ses tableaux, il représente la vie, la nature ainsi que le soleil.

Mais alors… Pourquoi s’attaquer à d’innocentes toiles ?!

« Qu’est-ce qui a le plus de valeur, l’art ou la vie ? »

Cette phrase résume parfaitement ce geste. Et oui ! Si tout le monde est mort à quoi ça sert d’avoir des œuvres à plusieurs milliers d’euros ? C’est suite à la déclaration de la première ministre britannique, Liz Truss, qui a laissé entendre que l’extraction de gaz par fracturation hydraulique pourrait être autorisée que le groupe just stop oil a décider d’intervenir. Just Stop Oil c’est un groupe militant pour le climat au Royaume-Uni qui utilise la désobéissance civile dans le but de s’assurer que le gouvernement britannique s’engage à arrêter les nouvelles licences et la production d’énergie fossile. Viser le tableau de Van Gogh qui représente la nature et donc la vie n’est pas un hasard !

Logo du mouvement JUST STOP OIL

Le groupe est créé en février 2022 et l’attaque dees tournesols de Van Gogh n’est pas la première action de cette coalition militante ! Beaucoup d’autres ont eu lieu ce mois d’octobre mais n’ont pas fait de bruit. Par exemple deux d’entres eux ont escaladé un pont autoroutier au-dessus de la Tamise, près de Londres, provoquant d’importants embouteillages ! D’autres actions on été menées et pourtant… En avez vous entendu parler ?! Le monde a retenu son souffle pour de la peinture craquelée, protégée par une vitre en verre ( les militants étaient au courant). Pourtant personne ne se souvient de cet individu défendant la même cause et qui s’est attaché à un poteau durant un match de foot en février dernier ! Comment se fait il qu’on lève plus de fonds pour la reconstruction de Notre Dame que pour la lutte contre le cancer ? Peut être que l’art a un prix potentiellement plus élevé que la vie ? A méditer…

En cette saison automnale, les actions se multiplient. Le 23 octobre c’est la statue du Roi d’Angleterre qui a été « attaquée » par une tarte à la crème. Le choix d’utiliser de la nourriture fait réagir mais surtout la manière de communiquer de Just Stop Oil (bien que cela semble être la seule qui fait du mouvement.) Malheureusement, la plupart du temps on retiendra uniquement deux personnes en colère, hors de contrôle, ont hurlé et saccagé le patrimoine culturel.

Pourtant ce n’est pas si simple! On peut avoir le plus beau des messages à faire passer, si le messager est mauvais jamais celui-ci ne passera . Les activistes semblent avoir trouvé une méthode qui fait « parler » . La société n’est elle pas encore prête pour ouvrir les yeux ? La colère est plus ou moins puissante que la diplomatie ?

Que pensez-vous de ces actions… L’espace commentaire est là pour ça 🙂

Eve.B DNMADE 2 horlo – Octobre 22

« New Art Nouveau » à Gemgenève, une joaillerie hybride.

Dans la section “Immerging talent” du salon GemGenève, focus sur une joaillière polonaise, Iwona Tamborska. Sur son stand des êtres hybrides, des insectes féeriques et des végétaux enchanteurs se parent de gemmes et d’argent. À mesure d’examinations, les détails des pièces se révèlent et quels détails !


Intriguée et attirée par une évidente inspiration de ses bijoux par Art Nouveau, j’ai pu discuter avec Iwona et en savoir un peu plus sur son parcours. Toujours attirée par la joaillerie mais contrainte par l’inexistence d’école joaillière en Pologne, son pays natal, à l’époque cruciale où l’on choisit son orientation, elle se dirige vers le
métier d’architecte paysagiste. Un cursus où elle étudiera art, environnement, architecture et sociologie. Un accident de travail causa temporairement la perte de sa voix et conséquemment elle eut à subir une opération. Cet événement est un tournant pour elle et l’occasion d’une introspection, l’envie de créer et son attirance pour la joaillerie ne l’ont pas quittée. Après un programme d’initiation à la joaillerie de 4 jours, elle s’engage dans un long processus d’apprentissage autodidacte, qui la mènera jusqu’ici, à GemGenève.
Ne bénéficiant pas de formation du bijou, la joaillière est libre de tout cadre et ose créer sans limite à son imagination. Les légendes, mythes et
religions l’inspirent et son cursus lui a fourni un savoir qui la guide dans
son processus créatif. Elle porte une admiration sans limites aux grands
maîtres de la joaillerie Art Nouveau, Lalique ou Fouquet pour n’en citer
que deux. L’art nouveau apparaît vers 1880 et met à l’honneur la femme, les courbes et par-dessus tout célèbre la nature. Les Opales et femmes-insectes présents sur le stand nous évoquent cette époque, Iwona Tamborska qualifie son style de “New Art Nouveau”, un titre qui nous rappelle que l’innovation ne peut se faire qu’avec une connaissance et un respect du passé.

J’ai pu admirer hors de sa vitrine une pièce d’une grande minutie. Inspirée du signe du Sagittaire et armée d’arc et flèche, la créature ailée aux cheveux faits de plume de paon se trouve sertie de saphirs et d’opales. Transportant avec elle sa prise, une mouche figée dans de l’ambre. La chaîne est constituée d’une myriade de flèches, elle explique “la chaine fait partie du bijou et de son histoire”.


La discussion se conclue sur une dernière question “Quel(s) conseil(s) pourriez-vous donner à des aspirants joailliers/créateurs?” et voici sa réponse:

En tant qu’autodidacte on m’a donné tant de conseils, que je n’ai pas voulu suivre, cela ne m’intéressait pas…Alors je ne suis pas sûre de pouvoir moi-même en donner ! Mais je peux dire qu’il est important de savoir ce qu’on veut et ce qu’on aime, on m’a parfois conseillé de produire beaucoup, de faire de la série, je trouve au contraire une vraie satisfaction dans le fait de produire une pièce unique, détaillée qui me correspond et qui m’inspire. Il est difficile de suivre cette voie, il faut de la patience et de la modestie. Mais c’est en fonctionnant ainsi que je suis épanouie et que je suis restée en accord avec moi-même.


GemGenève reste l’occasion de rencontrer des personnalités fortes et de découvrir les coulisses de l’univers passionnant que nous étudions. Nous avons la chance d’avoir accès à des billets, je vous invite donc à vous rendre à GemGeneve quand vous en aurez l’occasion !

Merci de m’avoir lu 🙂

Lucie Garcia – DNMADE24Jo – Octobre 2022