
Le Nail Art ou «art de décorer les ongles» consiste à réaliser différentes décorations sur ceux-ci, en complément ou en remplacement d’une pose de vernis, sur les ongles naturels ou en gel. À l’heure actuelle, on emploie couramment le terme anglais « Nail Art », ou « Stylisme Ongulaire » en France.
Tout d’abord commençons avec un peu d’histoire : nombreux pensent que la pratique de se « peindre » les ongles remonte aux années 90-2000, notamment mise en avant par les stars hollywoodiennes. Ne vous méprenez pas, l’origine exacte des traitements des ongles existait bien avant et dans différentes parties du monde.
Dans l’Égypte ancienne, de 5000 à 3000 avant J.-C., les femmes se teignaient les ongles avec du henné pour indiquer leur statut social (celles de la classe inférieure portaient des teintes pastel tandis que les classes supérieures portaient des teintes lumineuses).

De plus beaucoup pensent que cette pratique était exclusivement réservée aux femmes mais en Babylonie, 3200 av. J.-C., ce sont les hommes, et non les femmes qui se peignaient les ongles avec du khôl noir et vert. Pour se préparer à la guerre, ils passaient des heures à se préparer les ongles, les cheveux et d’autres soins de beauté similaires.
À peu près à la même époque en 3000 av. J.-C., le premier vernis à ongles est né dans la Chine ancienne. Il était fabriqué à partir de cire d’abeille, de blancs d’œufs, de gélatine, de colorants végétaux et de gomme arabique. Les Chinois trempaient leurs ongles dans ce mélange pendant plusieurs heures. Les couleurs allaient du rose au rouge, selon le mélange des ingrédients.
Ces pratiques étaient considérées avec le plus grand sérieux et même les joaillers se ralliaient à ces coutumes. Ainsi nous avons retrouvé des « bijoux pour ongles » ou plutôt des protèges ongles, en effet la dynastie Ming (Chine 1368-1644) était connue pour ses ongles extrêmement longs. Parfois, ces ongles étaient protégés par des protège-ongles incrustés d’or et de gemmes.

Ces peuples égyptiens et chinois s’approchaient du nail art tel qu’il est connu aujourd’hui, mais leurs ongles étaient seulement teintés uniformément.
Le premier enregistrement réel de l’art des ongles provient de l’empire Inca (1438-1533), qui était l’un des plus grands empires d’Amérique du Sud. Les Incas décoraient leurs ongles en peignant des aigles dessus, sûrement pour représenter leur puissance.
Depuis les techniques n’ont pas cessé de se développer jusqu’en 1955 ou un dentiste américain créa la première forme de «faux ongles» ou ongles en gel ensuite développée et modernisée par les esthéticiennes. Cette technique consiste à rallonger les ongles avec de la résine dentaire (acrylique). Ce processus a permis aux esprits novateurs de créer une véritable forme d’art sur les ongles car ils étaient plus longs et plus solides. Même si, historiquement, le peuple Inca se décorait déjà les ongles au 15 ème siècle, le Nail Art moderne actuel est réellement né dans les années 1980. Il s’est ensuite rapidement développé dans les pays asiatiques comme le Japon ou la Corée du Sud.


Les grandes dates de l’industrie des ongles :
1980 – Les techniciennes des ongles commencent à façonner les ongles en acrylique avec des limes électriques qui sont utilisées pour la fabrication de bijoux et le travail des dentistes.
1982- Le premier système de gel UV est introduit, la lampe UV est créée par James Giuliano. Des systèmes inodores sont également conçus.



L’ampleur et la signification du nail art dans notre société actuelle :
En 1988 Florence Griffith Joyner a établi deux records du monde d’athlétisme aux Jeux olympiques de Séoul en portant de longs ongles en gel.
Depuis de grandes figures féminines ont suivi cet effet de mode. Aujourd’hui nous pouvons dire que les faux ongles et le nail art ont une dimension sociale. Cette pratique touche tous les milieux, aisés ou défavorisés et tous les âges.
Le nail art reflète le goût et la personnalité de l’utilisateur, c’est un moyen d’expression.
Dans cette interview réalisée par Brut en 2021, cette jeune prothésiste ongulaire souligne le fait que les faux ongles peuvent aussi avoir une dimension féministe. Ils représentent alors la force de la femme, comme des griffes, leur combat quotidien.
Le nail art peut être interprété comme on le souhaite, comme une simple décoration, un accessoire de mode, ou un message que nous souhaitons véhiculer mais il ne correspond jamais à l’image d’une femme objet ou superficielle. D’ailleurs il n’est pas seulement destiné à la gente féminine mais peut être adopté par tous les genres.
Aujourd’hui le nail art est devenu une profession qui requiert une formation et qui est validée par des diplômes. Certes de plus en plus de personnes sont intéressées par la réalisation de cette pratique mais il y a des techniques et des savoirs faire propres à cet art. Réalisé avec des produits chimiques et sans expérience le nail art peut s’avérer dangereux pour la santé, avec des risques d’inhalation ou de dérèglement endocrinien.
Certains prothésistes ongulaires exercent un métier d’art à part entière.


Un Métier d’Art est défini par l’association de 3 critères : Il met en œuvre des savoir-faire complexes pour transformer la matière. Il produit des objets uniques ou des petites séries qui présentent un caractère artistique. Le professionnel maîtrise ce métier dans sa globalité.
C’est le cas de Jenny Bui, artiste internationalement reconnue. Le nail art est donc bien un art à part entière.
Ingrid Chausset DNMADE JO1 Octobre 2022