
Vous est-il déjà arrivé de vous demander comment ferions-nous pour entretenir des conversations si l’alphabet n’existait pas ? Si cette police composée de 26 lettres qui nous servent à créer des sons, des mots n’existait pas ? Ou d’une autre manière, s’il n’y avait pas une façon plus simple d’apprendre ou d’écrire la langue française ?


Et bien si c’est le cas, je vais vous partager une autre façon d’écrire, un « nouvel alphabet » de quoi vous emmêler les neurones !
Depuis notre plus jeune âge on peine à nous apprendre l’alphabet. D’abord les différentes lettres et les sons qu’elles émettent. Puis les sons qu’elles produisent lorsqu’elles sont assemblées, créant des syllabes. Et enfin lorsqu’elles forment un tout, soi-disant un mot afin que nous puissions former des phrases et ainsi nous entretenir les uns avec les autres. Et ce n’est pas tout, une fois que l’on connaît notre alphabet sur le bout des doigts, on nous baratine de règles de grammaire, vocabulaire, etc. Pour que nous nous exprimons de la bonne manière avec une bonne syntaxe. Malgré cela il nous est encore souvent familier de faire des erreurs, d’avoir des doutes sûr comment s’écrit ou se prononce un mot et cela n’importe qu’est notre âge !

C’est pourquoi je vous présente le « Sintétik » de Pierre Di Sciullo.
Voici une police d’écriture qui ne comporte que 15 caractères ! Oui vous avez bien lu « que 15 caractères ». Il s’agit d’une orthographe simplifiée par des lettres compressées comme par exemple « qu » qui devient « k », mais aussi par un balayage de toutes les lettres inutiles c’est-à-dire toutes les lettres qui ne se prononcent pas à l’oral disparaissent et par les syllabes homophones qui s’écrivent de la même façon (pain / pin / peint = pin) . C’est donc un gain de temps et de place.
Cette police peut être intéressante à exploiter notamment pour les personnes qui admettent des troubles du langage, dyslexie, dysorthographie, … car elles seraient en capacités à écrire sans se poser de questions telles que: Ai-je mis la bonne terminaison ? Ou, le son « ai » s’écrit ai, ei, ou est… ? Ils auraient un poids en moins à supporter. De même que cette police peut s’adresser à n’importe qui souhaitant apprendre un nouveau langage ou qui aime déchiffrer des messages, car oui cette police ne comporte pas que des points positifs.
Ecrire en « Sintétik » bien qu’il n’y ait que 15 lettres demande plus de minutie du fait que ces lettres ne sont pas exactement les mêmes que notre alphabet d’origine, des signes apparaissent sur celles-ci. Les lettres sont plus difficiles à reconnaitre. Les mots peuvent également être confondus puisque rappelons-le s’ils ont la même prononciation, ils ont aussi la même orthographe. Dès lors les choses se corsent, cette typographie ayant pour fonction principale de faciliter dédaigne en réalité de n’être plus contraignante. Cette écriture phonétique ne vit que lorsqu’elle est prononcée à voix haute. Pour comprendre les signes le passage à l’oral est nécessaire.
Alors êtes-vous capable de traduire ces phrases en « Sintetik » ?


Que faut-il penser de cette police ?
Au premier abord on peut émerger un aspect plutôt ludique, celui de devoir déchiffrer des mots, des phrases issus de cette police et de se prêter au jeu de développer un autre langage innovant en se détachant de l’ancien. En revanche on peut ressortir un aspect critique à se soumettre à cette nouveauté. Nos semblables issus de la langue de Molière penseraient ce dialecte telle une déformation du langage, un non-respect à notre langue natale.
À quoi bon nous soumettre à cette nouvelle police quand depuis tant d’années nous n’utilisons que la même. Que ce soit l’alphabet grec, latin, japonais, laotien,… Chaque pays emploie l’alphabet qui lui convient et ces tous les jours pour écrire, dialoguer, faire des équations, etc.



Au final tout notre temps mis au service d’apprendre l’alphabet et toutes ces règles fastidieuses pour atteindre une syntaxe irréprochable n’est-il pas une sorte de richesse ? Notre richesse ? Un pouvoir qu’il ne faut faire disparaître et faire perdurer jusqu’à la fin des temps.

Qui est Pierre Di Sciullo ?
Graphiste, dessinateur et typographe né le 5 octobre 1961 à Paris, il est une figure centrale et même au niveau international un pionnier de la création de caractères numériques. Il se base sur ces expériences de lecture pour créer des polices de caractères comme: le Quantange, le Garamond, le kouije, et pleins d’autres.
Il est aussi l’auteur de la revue » Qui? Résiste » et multiplie les projets dans l’espace public.




À travers ces œuvres, il explore différentes voies: le goût pour la logique, l’attention à la sonorité du signe, la forme typographique et son histoire, la géométrie, la colométrie. Un mélange entre méthodologie rigoureuse et résultats poétiques. Et surtout une absence totale de préjugés.
« Écrire, dans ma pratique, c’est à la fois tracer des signes et dire, nommer, construire.
Tous mes projets habitent le langage, ma vie est un atelier d’écriture permanent […] »
Pierre Di Sciullo
Si vous voulez en apprendre plus sur certaine de ces œuvres en lien avec son projet « Sintetik », je vous invite à cliquer sur l’une d’entre elles!
Sources:
- http://www.quiresiste.com/projet.php?id_projet=15&id_gabarit=0&lang=fr
- https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-piece-jointe/le-quantange-le-kouije-les-polices-sonores-de-pierre-di-sciullo-1491999
- http://indexgrafik.fr/pierre-di-sciullo/
- https://www.cnap.fr/pierre-di-sciullo-1
STIERLIN Emma – DNMADE15 JO – Février 2023