La représentation du corps traduit-elle une destruction de l’identité ?

A l’ère de la communication mondialisée il me semble pertinent de vous présenter le travail artistique du duo Aziz et Cucher véritable remise en question de notre usage des technologies.

Tous deux issus du San Francisco Anthony Aziz et Sammy Cucher travaillent depuis 1990 sous le nom logotypé de Aziz+Cucher. Leurs œuvres et points de vue sont principalement énoncés par la photographie digitalement modifiée.  

 « Chaque image, chaque représentation est devenue aujourd’hui une imposture potentielle « 

C’est à travers la série de photos nommée « Dystopia » sortie en 1995 que le duo nous présente de grands portraits défigurés, l’opération de gommage débouchant sur l’obstruction de tous les orifices dédiés à nos sens disparaissent sous une épaisse couche de chair, sous une peau qui les prive d’échanges avec l’extérieur. Derrière le mutisme de la peau, le visage silencieux devient impersonnel. L’identité du portrait, comme celui des autres œuvres de la même série, est dissoute, décomposée, déshumanisée.

Dans les photographies, la manipulation est évidente. Les visages semblent fermés sur un cri silencieux. De cette façon les artistes mettent l’accent sur tout un tas de questions liées à l’identité : la possibilité de cloner un jour d’autres êtres humains, l’angoisse qui peut surgir des manipulations génétiques mais aussi la perte d’identité de l’homme dans sa relation et son association avec le virtuel. Symboliquement les portraits nous montrent la mutation fatale de cette société, privée de liberté et d’échanges avec l’extérieur, et littéralement asphyxiée.

Les visages seraient comme connectés à un autre monde, virtuel, rendant le corps inquiétant et morbide. La cyberculture a levé de nombreuses barrières qui existaient jusque là entre les individus. Mais à en croire ce portrait, le phénomène ne serait pas sans conséquence pour l’individu lui-même. Le sujet est entièrement absorbé, englouti, néantisé. À travers la connexion et le couplage homme-machine, se joue non seulement la disparition du corps, mais aussi la perte des caractéristiques individuelles. Edmond Couchot nous explique que ces « êtres appartiennent à un univers virtualisé aux infinies possibilités, où l’engagement du corps est devenu obsolète. Téléprésence, téléactivité, cybersex, la prothèse technologique appelle la disparition des organes et des sens vitaux. De là ces êtres qui ne sont pas amputés mais dont les sens ont disparu suivant un processus qui semble presque naturel, la peau ayant repris ses droits sur des orifices devenus inutiles. Ce constat terrifiant sous-tend la nécessaire réappropriation du corps face au corps virtuel et bouleverse les conventions du portrait. »

Ainsi ces photographies agissent elles comme un récit d’anticipation contre utopique qui nous mettrait en garde contre d’hypothétiques mutations fatales de l’humain et de la société, technologiquement refondés. ces œuvres agissent de façon métaphorique comme des avertisseurs, appuyant visuellement sur nos craintes, en nous montrant des figures redoutées. Un mouvement général de transformation du réel par les technologies est en marche. Le corps, la société, mais aussi notre environnement naturel, se trouvent profondément affectés par ce phénomène en expansion rapide. La plupart des utopies technoscientifiques des décennies passées sont en train de devenir des « faits accomplis », ouvrant la voie à de nombreux espoirs, tout autant qu’à de potentielles dérives.

« La réalité virtuelle introduit une autre forme de dédoublement de l’homme et de son corps. En transformant le monde en information, la cyberculture efface le corps, elle modélise la perception sensorielle, réduite le plus souvent à la vue, à la seule protubérance d’un regard fonctionnel. »
David Le Breton

EMMA G. – DNMADeJo1.5 – Avril 2023

Ces œuvres que vous ne verrez jamais

Laissez moi vous emmener aux 4 coins d’Europe à la poursuite des œuvres de David Popa, land artiste américain.

Son travail consiste à peindre des œuvres éphémères grâce à des pigments naturels trouvés dans les environnement qui lui servent de support.

« Prometheus », Novembre 2021, Grèce
« Inceptus », Août 2020, Norvège

David Popa cherche tout d’abord les endroits parfaits pour exercer son art, ceux qui lui procurent inspiration et émotions. Une fois sur place, l’artiste s’équipe des pigments que la nature lui offre tels que du charbon de bois, de la terre ou encore des coquillages broyés.

« Il utilise les mêmes matières premières qui auraient été utilisées dans les premières peintures rupestres il y à 40 000 ans. »

« Exode », Décembre 2020, Finlande (48h de travail)

« Popa explore les mystères de la nature, le frisson de l’aventure et la manière dont l’art peut être utilisé comme une passerelle pour déterrer les désirs les plus profonds de l’âme »

Il n’hésite pas à travailler de nuit ou à nager dans les eaux gelées pour créer ses fresques. Celles-ci ne durent souvent que quelques jours et plus rarement quelques mois, en fonction des conditions météorologiques. Les œuvres ne disparaissent pas totalement, chacune est documentée de différentes façons.

« Les pièces ont été documentées via, vidéos, photographies et photogrammétrie de drone aérien et possèdent une forme tactile comme des impressions en édition limitée ainsi que sous forme numérique à travers des NFT. »

« Le pouvoir de la Terre », Juin 2022,
Bordeaux, France

David Popa est aussi un artiste engagé puisqu’il dédie au début de l’année 2022 une de ses collections au conflit entre l’Ukraine et la Russie. « Fractured » est une série de 4 fresques peintes au charbon sur des plateformes de glace flottantes fissurées. Des visages brisés et touchants qui rappellent la fragilité des liens entre les Hommes.

« Le projet a évolué comme une réponse au conflit en cours en Ukraine, qui n’a que davantage souligné l’état fracturé du monde dans lequel nous vivons. »

« Fractured », Février-Avril 2022, Finlande

Au-delà d’une simple création, David Popa vit de véritables aventures pour proposer des œuvres d’art qui n’auront que lui, son équipe et la nature pour spectateurs.

J’ai choisi de vous présenter cet artiste car il nous prouve qu’une œuvre peut exister internationalement sans même être vue par un public alors qu’une des finalité de l’art est la contemplation. De plus, je trouve intéressant que ces œuvres soient liées à l’environnement qui l’entoure.

Si vous voulez en savoir plus sur le travail de David Popa, je vous invite à visiter son site internet qui propose plusieurs documentaires sur la réalisation de ses œuvres.

https://www.davidpopaart.com

PARASECOLI Léa, DNMADe Ho 15, Avril 2023

Une femme avec une sacrée paire d’ovaires !

Shamsia Hassani, entre art et pouvoir. 15 minutes pour échapper à la prison, le temps de lutter contre l’oppression.

L’histoire pour y voir de l’art,
née en 1988 à Téhéran d’une famille émigrée, la jeune enfant se passionne pour l’art. N’ayant pas la possibilité d’étudier le domaine elle retourne à Kaboul où elle y devient professeure après ses études. Kaboul, cette ville qui lui a permis d’apprendre et de commencer le street art : ce milieu où 15 minutes suffisent pour te faire enfermer, où 15 minutes suffisent à tout dénoncer.

Shamsia Hassani avec l’une de ses premières œuvres sur les murs Afghans

Lutter contre l’oppression,
entre prise de Kaboul par les talibans et mort de Mahsa Amini pour exorde de révolution, l’oppression subie par les femmes de ce pays est bel et bien encore présente. L’artiste Shamsia Hassani fait partie de ces dénonciateurs, de ces opposants, de ces gens qui donnent de l’espoir face à un monde anéanti. Elle l’exprime elle-même, elle veut contrer l’oppression subie par les femmes au travers de son travail. Nous l’avons précisé, elle peint dans la rue, luttant peut-être pour rendre l’art plus accessible et certainement pour que chacun se questionne sur les problématiques qu’elle met en avant. Des problématiques actuelles et qui répondent aux enjeux du pays qu’elle chérit tant. Son travail n’est pas islamique nous dit-elle mais elle peint, représente les femmes comme êtres de puissance, d’évasion de pouvoir. Derrière ses graffitis l’artiste met en lumière son pays pour sa beauté et son humanité, elle détourne cette vision commune de l’Afghanistan destructeur et sol de guerre.

« Art changes people’s minds and people change the world »

Du talent mais pas seulement,
Faisant d’elle la première street artiste afghane, elle s’impose dans le domaine en 2013 alors qu’elle réalise une fresque murale dans le quartier des grottes de Genève. Accompagnée de plusieurs femmes réfugiées victimes de violences elle choisit la date du 14 juin, jour de commémoration de la Grève des Femmes. Un mouvement datant de 1991, instauré par l’Union Syndicale Suisse afin de lutter pour l’égalité hommes femmes.
L’artiste est finaliste pour le prix Artraker en 2014, un prix anglais qui honore les artistes inspirant ou dénonçant les guerres et conflits.
En 2009 Shamsia Hassani est nommée parmi les 10 meilleurs artistes Afghans pour le prix de l’art contemporain. La graffiste use de son talent pour dénoncer, et elle le fait si bien que le public commence à se délecter de ses œuvres…!

Voici quelques œuvres de la jeune street artiste Afghane, pour dénoncer l’oppression subis par les femmes…

Rollin Clara DNMADEHO1.5 – Avril 2023

JISBAR : Quand l’art dépasse toutes les frontières

@jisbar

Le Portrait

La présentation de Jisbar se traduit principalement par son travail plutôt que par sa personne, au même titre qu’un artiste anonyme tel que Banksy ou Blu, bien que pour sa part il travaille à visage découvert. Jisbar, artiste peintre, voilà sa manière de se présenter au public. Il n’en dit pas plus non pas par soucis d’identité mais tout simplement car d’après lui il ne se connaît pas lui-même.

Pour caractériser son travail, il a l’habitude de retravailler des œuvres historiquement iconiques, en se frottant aux plus grands artistes que ce monde ait connu comme Klimt, Léonard De Vinci ou Michel-Ange. Reprises qu’il articule autour d’un mélange de Pop Art et de Street Art, style par lequel il est inspiré par les visuels mais également par les thématiques abordées. Il met notamment en avant des sujets comme l’argent et la décadence de la société. En effet, il associe œuvres classiques et graphes avec visuels simples et colorés. Derrière des œuvres faciles à apprécier à l’aide de la colorimétrie et des reprises de toiles connues aux yeux de tous, se cache de nombreuses références assez pointues. De plus, il représente particulièrement l’opposition que nous retrouvons dans le paradoxe de l’architecture urbaine. Pour reprendre son exemple, le musée du Louvre qui représente des pyramides modernes et futuristes, se dressant au centre de bâtiments haussmanniens.

Kiss newspaper, Jisbar Luxe David, Jisbar, 2022 Mona Lisa Basquiat, Jisbar

À la conquête de l’espace

Même si le contenu reste le cœur de l’œuvre, c’est le lieu d’exposition qui la fait vivre. Ici l’environnement donne à la toile tout son sens mais nous développement cela dans un second temps. Ici, Jisbar s’est lancé un défi qui lui a nécessité six mois de préparation. Après avoir ouvert des galeries aux quatre coins du monde, il décide de faire ce qu’aucun artiste n’avait encore jamais fait jusqu’aujourd’hui, exposer une toile au delà des limites de l’espace. En effet, elle a été en contact avec le vide sidéral. De ce fait, de nouvelles contraintes ont du être prises en compte comme les dimensions, la masse, les matériaux et la température. Cela a donc créé une opposition intéressante, entre la liberté de l’esprit créatif de Jisbar, et la rigueur des facteurs pour un voyage spatial. Le total de l’œuvre devait être inférieur à 1kg pour des raisons budgétaires, sachant que l’artiste a fait le choix l’intégrer dans un cadre, afin de donner l’impression que la toile s’était échappée d’un musée ou d’une exposition.

Punk Mona, Jisbar

C’est donc ici que le projet prend tout son sens. Dans un premier temps, il choisit de reprendre une nouvelle fois la Joconde, œuvre qu’il a le plus repris dans sa carrière et qui fait aujourd’hui son image. De plus, cette toile a été réalisée pour l’hommage des 400 ans de la mort de Léonard de Vinci, peintre original de l’œuvre. Ainsi il a réussi à associer Sciences et Arts, à l’image du travail de son inspiration.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

À ce jour, le tableau a fini son voyage et est désormais exposé à Paris après avoir subi quelques retouches. Jisbar quant à lui a continué d’ouvrir des galeries (Asie, Europe, Afrique, Océanie). Il approfondit et développe toujours la même recette qui a de plus en plus de succès et s’essaie également à la sculpture.

Frida kahlo, Jisbar David Pez, Jisbar

LETESSIER Robin – DNMADEHO 1.5, Avril 2023

De l’impuissance à la prise de conscience

Malgré leurs aspects romantiques, les œuvres de Gail Potocki, de plus près, dénoncent les agissements de l’Homme envers la nature et le désastre environnemental.

“Thaw” by Gail Potocki (2008)

Complètement idyllique au premier regard, où la nature et la vie sont omniprésentes, un sentiment d’inconfort anxiogène s’instaure rapidement à travers ses scènes. On se demande très rapidement la cause du désastre et comment cela a-t-il pu se déclencher. 

Les femmes en personnages principaux, sont décrites d’après l’artiste, comme des « doublures de l’humanité », leur beauté séduit à première vue les spectateurs, elles sont les leurres qui attirent l’oeil et détournent les drames qui les entourent. 

“Following the Straight Line of a Circle” by Gail Potocki (2013)

Dans cette œuvre, les chiens semblent rongés par leurs propres existences et celle des autres. Sont-ils maltraités? Sont-ils seulement nourris ? Il semble que de nombreux problèmes sautent aux yeux, notamment les os et les corps, des précédents, encore en décomposition. On peut relever également la peau encore saignante sur le sol, clin d’œil évident au monde de la mode et de la maroquinerie actuelle. La principale déclencheuse de cette scène garde évidemment l’air apaisé et calme, détournant le regard pour ignorer ces dommages. 

Ces tableaux invitent à la compassion, et à réfléchir sur notre rôle quant à la dévastation de la flore et de la faune. 

La compassion du public se dirige nettement plus du côté des créatures que nous souhaitons soutenir, assez ironique, étant également tous responsables des récits, malgré leurs aspects fantastiques et fictifs.

On aimerait, évidemment, que plus d’artistes (mais pas que) abordent plus ces préoccupations et inspirent l’homme à AGIR. 

Julie L. – DNMADe Jo 1.5 – Avril 2023

Une poignée d’étoile : une bouffée d’espoir dans une société oppressée

Écrit par Rafik Schami, ce roman fait partie des livres qui m’ont marqué à vie. Accessible pour les plus jeunes comme pour les plus grands, la simplicité de l’écriture n’empêche pas le roman de toucher nos émotions avec beaucoup de justesse.

Reflet d’une société d’ailleurs, celle de la ville de Damas, capitale de la Syrie, ce livre reflète pourtant des enjeux de toutes les sociétés : discrimination, pauvreté, inégalité des chances. Il illustre également, avec beaucoup de simplicité, les valeurs humaines les plus touchantes : amitié, amour, altruisme, solidarité. 

Résumé

Dans ce roman écrit sous la forme d’un journal intime, nous suivons pendant près de 3 ans la vie du fils d’un boulanger de Damas. Au travers de son recit, il trace le portrait d’une foule de personnage qui l’entoure et fait la chronique de son vieux quartier dans la capitale syrienne, véritable mosaïque de nationalités réunies par les hasards de l’histoire. Son récit trace son évolution et il découvre peu à peu que la politique de son pays est marquée par l’injustice, l’absence de liberté et la répression de toute opposition. Pour témoigner de cette réalité, et la dénoncer, il n’a qu’une ambition : devenir journaliste. 

« Qu’est ce que c’est exactement, un journaliste ? »

« Oh, un journaliste (…) c’est quelqu’un de futé et de courageux. Avec une feuille de papier et un crayon, il peut faire trembler un gouvernement entier, y compris la police et l’armée. »

Extrait du roman, 30.03

Ce journal intime nous fait découvrir le quotidien d’un jeune garçon d’abord ambitieux, poète, rêvant de continuer ses études et de devenir journaliste, qui mûrit en un jeune homme contraint de travailler avec son père, confronté à la situation troublée de son pays. Coup d’état sur coup d’état, le gouvernement est régulièrement renversé et son quartier, comme la ville entière, est constamment surveillé par la police ou des espions. Dans ce climat politique agité, il va faire face à l’arrestation et à la torture de son père puis à l’emprisonnement de son ami et mentor, Habib, un journaliste opposant au régime. Pourtant, loin de se laisser intimider, cela va renforcer sa détermination à devenir à son tour journaliste et il va, avec l’aide de ses amis, créer un journal clandestin visant à diffuser ce que le gouvernement tente de cacher et réprimer : la vérité. Diffusé astucieusement dans des chaussettes, des boîtes de médicaments ou des emballages d’orange par exemple, ils vont gagner en notoriété et inspirer les autres à les imiter.

« Il faut que les militaires comprennent qu’en emprisonnant des journalistes, ils ne font que susciter de nouvelles vocations. »

Dernières lignes du roman

Dans cette société, il faut renoncer à ses rêves, se plier aux ordres de gouvernements violents, oppressants et où l’égalité des chances n’existe pas (ce qui, finalement, n’est pas très éloigné de certaines sociétés actuelles). Cependant, loin d’être pessimiste, on découvre dans ce récit des personnages qui sont prêts à se battre pour ce qu’ils croient être juste. Ce jeune homme, dont le nom n’est jamais cité, nous transmet aussi bien ses joies que ses peines et ses réflexions sur le monde qui l’entoure. Autour de lui, nous redécouvrons les valeurs d’entraide, d’altruisme et de respect. Les habitants de son quartier vont par exemple s’allier et braver le couvre-feu et les forces de l’ordre pour offrir des funérailles décentes à l’Oncle Salim, un vieil homme qui était estimé de tous.

Finalement, ce roman illustre parfaitement que la parole et l’écriture sont nos armes les plus puissantes. Ceux qui les détiennent, et qui s’en servent, comme les journalistes, sont redoutés, recherchés et contrôlés. Jamais la parole ne pourra être complètement étouffée, il y aura toujours quelqu’un pour la saisir et s’en servir, peu importe le prix à payer.

Ce que ce livre m’a apporté

Ce livre m’a marqué parce qu’il est émouvant et prenant. Je n’avais qu’une envie : me révolter avec eux face à toutes ces injustices. Pourtant, ce livre ne m’a laissé ni frustrée ni défaitiste, il m’a laissé une lueur d’espoir. Il m’a fait comprendre que, peu importe les situations, peu importe le désespoir et la violence, il faut garder foi en l’humanité car il y aura toujours quelqu’un qui fera entendre sa voix pour rétablir ce qui est juste.

TAKACS Harmonie – DNMADE15 JO – Avril 2023

Art équestre: Liska Llorca sublime les émotions par le Live Painting

Liska Llorca est une artiste plasticienne Vendômoise. Elle est très réputée grâce à sa principale activité, le Live Painting réalisé sur des formats monumentaux.

Le Live painting «peinture en direct» est un art que l’on improvise ou que l’on planifie. L’objectif de cette pratique est de créer une œuvre en public. La peinture en direct est reconnue pour sa polyvalence, elle convient à tous types de lieux. Cette technique permet de dynamiser l’événement et marquer les esprits des personnes qui y prennent part. Les créations produites au cours d’un Live painting sont uniques, originales, et procurent une grande émotivité.

Le cheval est une inspiration récurrente chez de nombreux artistes. Liska Llorca se démarque en laissant parler sa créativité au milieu des chevaux lors de spectacles mondialement connus dans le monde de l’équitation. «Je suis une passionnée des chevaux depuis toute petite, bien que ma famille n’en fût pas adepte. Je ne montais pas, je les dessinais. C’était un moyen pour moi de communiquer avec eux, de les caresser, je me les appropriais à ma façon».

Attachée à cet esprit d’échange et de coopération, Liska Llorca a travaillé avec de nombreux grands noms de l’équitation. Elle s’adapte aux performances qui s’animent autour d’elle et retranscrit les mouvements de l’instant présent. Sur scène, dans la rue, dans la nature, sur toiles, murs, grottes, tunnel, avec des cavaliers, des danseurs ou des comédiens, un lien se crée pour faire apparaître de véritables œuvres d’art. Des esquisses spontanées gigantesques vibrent de couleurs et de passion.

Confinée en Espagne non loin de Séville, Liska Llorca a mené un projet en partenariat avec un cabaret équestre qui a ouvert ses portes début 2021. Elle a habillé certains des murs avec de grandes fresques représentant des chevaux en plein spectacle.

Elle a également peint pour le cadre noir de Saumur, où est pratiqué l’équitation de tradition française inscrite en 2011 par l’UNESCO sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Elle a alors réalisé de nombreuses peintures représentant leurs chevaux en action.

Une de ses plus grandes performances, située à l’intérieur du tunnel rue Jean-Paul-Hugot à Saumur, se déploie sur une longueur de 25 mètres. On y voit une peinture représentant du travail de chevaux en liberté, du dressage caractéristique des écuyers saumurois du Cadre noir, un jumper de compétition, ainsi qu’un attelage de quatre chevaux.

Au CHI (Concours Hippique International) de Genève en 2021, Liska Llorca a de nouveau dévoilé son talent devant des centaines de spectateurs au côtés de Magali Delgado et Frédérique Pignon, des artistes équestres mondialement connus. Durant le spectacle et au fil des performances réalisées par le couple de cavaliers, Liska Llorca peint ce qu’elle observe et ce qu’elle ressent sur d’immenses toiles exposées au milieu de la carrière de sable.

Attachée à la culture ibérique et camarguaise, elle s’est également produit aux sein des arènes de Saintes-Maries-de-la-Mer durant le spectacle «Harmony» en 2015. Des dizaines et des dizaines d’équidés somptueux se dessinaient sur la fresque de 120m de long qu’elle avait imaginé pour orner l’arène de la feria de l’été.

Cette artiste polyvalente retranscrit à sa façon le moment présent et les émotions fortes qui en découlent à travers la technique spécifique du Live Painting. Particulièrement connue dans le monde équestre, Liska Llorca se distingue par son talent remarquable, et par le taux d’émotivité que font ressortir ses œuvres d’art en plein spectacle.

Julie Michelin – DNMADE1.5 JO – Avril 2023

Guérir pour tout le monde !

« Guérir ça prend du temps » « On ne guérit jamais complètement » « Tout ce qui veulent c’est nous rendre malades encore plus » « Me soigner à quoi bon ?»…Nombreuses sont ces phrases soulevées chez des patients.

De nos jours malgré les améliorations et les nouveaux dispositifs en médecine il est encore difficile de se soigner. Entre le manque de personnel, de places dans les hôpitaux, de médicaments et de temps ou encore de recourir à un soin spécifique à ces besoins peut être compliqué.

De plus avoir les moyens de guérir est une chose mais avoir envie d’affronter ces souffrances, de s’aventurer vers un traitement long qui demande énergie et motivation en est une autre. C’est sur cette deuxième option que nous allons nous pencher.

Comment faire pour que les patients reprennent goût à la vie ? Qu’ils prennent leur traitement pour guérir ? Faire en sorte que se soigner ne soit pas une partie déplaisante ?

Et bien je vais vous faire part des conceptions de deux designers différents, qui ont su créer des objets accompagnant l’usager dans sa phase de guérison.

  1. Mathieu Lehanneur designer français né en 1974.

Il a réalisé une dizaine d’objets thérapeutiques qui répondent à différents besoins, par exemple au manque de sommeil ou encore au manque d’oxygène,…  Mais nous allons nous focaliser sur « l’antibiotique » (2001).

Il s’agit d’un objet agissant comme un pilulier. Il se compose de strates permettant à l’usager de ne pas oublier de prendre ces médicaments. Jusqu’ici tout paraît assez banal, mais ce designer a su aller plus loin en créant un lien entre l’objet et l’usager.

Le principe du médicament est de s’éplucher tel un oignon, de sorte qu’une strate correspond à un jour de traitement. Ainsi le 1er jour correspond à la 1ère couche, puis la gélule se divise en deux révélant la 2ème couche correspondant au 2ème jour. Mais ce n’est pas tout !

En plus de rétrécir au fur et mesure, la couleur joue un rôle important. La première couche est noire mais plus on se rapproche de la fin, plus elle devient claire. Afin de signifier au patient qu’il guérit de plus en plus vite. C’est un objet digne de motiver le patient.

2. Renata Souza Luque est une designer de produits.

Elle à inventé « Thumy » en 2014, car elle aussi souhaitait venir en aide aux malades et ici notamment à son neveu atteint de diabète.

Il s’agit d’un kit d’insuline pour enfants (de 4 ou plus) avec un diabète de type 1. Ce set est composé d’une pompe ainsi que de tatouages temporaires. Ce kit permet à l’enfant d’avoir une façon plus ludique d’être soigné et d’avoir moins peur d’être piqué.

Comment ça marche ? L’enfant applique le tatouage sur sa peau et la désinfecte. Puis à l’aide de la pompe adaptée spécialement à la paume de l’enfant qui renferme, cache à l’intérieur l’aiguille se pique sur l’un des petits ronds et l’efface.

Ce système de points permet à l’enfant de se souvenir où il s’est déjà piqué et donc d’éviter toutes complications. Grâce à cette invention elle a su faire d’un moment difficile et parfois douloureux, un moment plus agréable, fantaisie et moins endurante pour l’enfant.

En quoi sont-ils d’incontournables designers ?

Ces designers se démarquent des autres grâce à leur capacité à se mettre à la place de l’usager et d’essayer de comprendre ce qu’ils ressentent. Leurs conceptions ont été étudiées dans le but de motiver le patient, le mettre à l’aise et lui prouver qu’il peut y arriver.

Ils n’ont rien à voir avec les antibiotiques disponibles en pharmacie où des effrayantes piqûres qui mettent mal le patient. Ils leur donnent envie et la possibilité de guérir de façon plus ludique ou plus surprenante. Ils s’adaptent à chaque malade, à chaque besoin afin de créer du lien avec le patient et de leur montrer qu’ils ne sont pas seuls et qu’ils sont capables d’affronter la maladie.

En plus ces conceptions sont accessibles par le patient sans avoir recours à une aide médicale, ils sont autonomes.

Des objets, antibiotiques, sources d’espoir et réconfortant amenant à la guérison c’est possible ! Et cela grâce à ces designers ! C’est pourquoi il faut continuer sur cette lancée et s’en inspirer pour permettre à tout le monde de veiller à sa santé, son bien-être physique et psychique.


SOURCES:

STIERLIN Emma – DNMADE15 JO – Avril 2023

TheArsenale le spécialiste de la mobilité d’exception

Au cours de la lecture de cet article vous allez découvrir la marque TheArsenale, son créateur et ses travaux. J’ai remarqué en feuilletant le cahier de tendances 2025 que le travail de Patrice Meignan y était présenté. Carrière atypique, il a notamment été marketeur, consultant pour les plus grands constructeurs automobiles ou encore, créateur du Magazine BLAST.

Patrice Meignan devant un concept-car Peugeot période ou il était DA de la marque.

Créé en 2017 par Patrice Meignan TheArsenale est une marque dédiée à la mobilité du futur, elle met en avant le travail de créateurs indépendants, la firme est également une agence de design et de création. Son nom est tiré de l’arsenal de Venise (Italien : Arsenale di Venezia), qui a été construit en 1104, ce chantier naval est considéré comme un des premiers sites industriels apparus en Europe, car il employait jusqu’à 16 000 personnes à son apogée. Le nom TheArsenale est un hommage à ce lieu qui abritait les ateliers les plus innovants de leur temps, et qui rassemblaient des constructeurs navals au côté de célèbres navigateurs tels que Marco Polo, ou encore Vasco De Gama.

La marque cherche à reproduire cet écosystème au 21 siècle, pour ainsi partager la vision moderne de la génération actuelle. TheArsenale se consacre essentiellement à l’univers du mouvement en collaborant avec les labels, les constructeurs indépendants et les designers les plus avant-gardistes afin de créer le garage le plus extravagant et futuriste au monde. C’est dans cette logique que nait le premier marché en ligne dédié à la technologie et aux avancées de la conception dans le domaine de la mobilité. L’ADN de TheArsenale est composé de plus de 150 constructeurs, designers et marques, ensemble ils proposent la marketplace des véhicules improbables dont vous ne soupçonnez peut-être même pas l’existence. Des boutiques physiques ont vu le jour à Miami, Macao et New-York

Lien vers le site de TheArsenale https://thearsenale.com/

Une icone volante

The Arsenale a travaillé avec de nombreuses marques, mais j’ai choisi de vous présenter celle qui me plaisait le plus. C’est la collaboration avec Renault pour les 60 ans de la 4L, la réinterprétation de ce modèle iconique a été baptisé la AIR4. Plus qu’un concept l’idée est que le véhicule prenne cette fois la voie des airs en devenant une voiture volante. Le mythe de cette voiture volante a souvent été entretenu par la culture populaire depuis le 20ème siècle. Mais réaliser un tel projet en réunissant l’aviation et l’automobile a souvent donné suite à des projets non aboutis, difficiles à produire et à fiabiliser. Il est également compliqué de trouver le parfait compromis pour être à la fois bons dans les airs et sur la terre.

La Air4 en présentation officielle.

Dans ce contexte de recherche constante de nouvelles technologies et de moyens pour améliorer la mobilité sont nés les eVTOL, ce sont des engins électriques à décollage et atterrissage vertical, la AIR4 en fait partie. Dans le cas présent, il s’agit d’un drone à grosse échelle capable de transporter une personne, cette dernière prend place dans une carrosserie de Renault 4L remise au goût du jour. Avec des optiques à LED et une carrosserie lissée. Je suis passionné par ce genre de projet, qui allie innovations et technologies, tout en gardant des références que tout le monde connait comme la 4L. Ce restomod transformé devient un bijou de technologies, c’est une vraie réussite. Ce concept s’inscrit également dans une recherche de moderniser les modes de transport, l’ambition de TheArsenale est de créer une véritable marque de « voitures volantes », qui seront amenées à remplacer, à terme, des trajets effectués en hélicoptère ou en taxi.

Vidéo de présentation officielle de la AIR4.

J’apprécie l’univers et l’ambiance visuelle que partage TheArsenale aux travers de leurs créations. Ce mélange d’innovations techniques, de sport, d’automobile, de culture populaire, ou même d’aviation est très enrichissant et inspirant.

L’idée de promouvoir des produits d’exceptions et d’innovations aux travers de marketplace ultra luxueuse, me faire réfléchir sur la manière de voir l’art et le design du luxe. Ses concept nous séduisent tous mais ils deviennent de plus en plus or de porté financière pour la population moyenne, comme l’art en général. Je pense que la réussite de ses pôles de créations avant-gardistes augmenteraient en proposant des produits du même univers à une communauté moins aisée, l’art pourrait alors être à la portée de plus de personnes. Notamment par l’intermédiaire de raffle comme le fait Nike depuis plusieurs années. Les produits resteraient exclusifs mais abordables pour tous le monde.

Adrien Nicod DNMADE1Ho – Avril 2023

Quand l’Art et la Science se rencontrent

Surnommé “le sculpteur du vent”, Theo Jansen a 75 ans et a révolutionné l’art cinétique.

Ce visage ne vous est sûrement pas familier mais vous reconnaîtrez sûrement ces bêtes qui errent depuis plus de 30 ans sur les plages de la mer du Nord. Jansen les a nommées “StrandBeest”, “bêtes de plage” dans sa langue natale. Ces Strandbeests sont des sculptures cinétiques à grande échelle qui utilisent la puissance du vent pour se déplacer de manière autonome et naturelle. Ses myriapodes géants attirent de plus en plus de curieux grâce à Internet. Mêlant rêve, grâce et intrigue, sans comprendre comment ces œuvres se déplacent ni comment elles sont conçues, ces prouesses technologiques ont intrigué des milliers de spectateurs à travers le globe.

Le mécanisme appelé “Mécanisme de Jansen”, datant de 1991, combine mathématiques et robotique et permet de réinventer la roue en créant un mouvement cyclique qui ne touche pas systématiquement le sol. L’artiste a créé de véritables engrenages qui réagissent au vent pour permettre à ses sculptures de se mouvoir comme si elles étaient vivantes. Il n’a pas étudié comment les animaux marchaient mais quelle était la meilleure manière de marcher, ce qui lui a permis de créer plus de 50 Strandbeest. Ses créations se situent entre l’œuvre et l’invention.

Animaris Multi Tripodes 2020, un strandbeest costaud à 36 patte

L’ancien ingénieur créé ses bêtes à partir de tubes en PVC, de bois et de plastique recyclé, tout en se fiant à la théorie de l’évolution génétique. L’objectif est de guider ses “créatures” vers un design de plus en plus performant et les rendre de plus en plus autonomes. L’évolution de ses créatures est extraordinaire, les strandbeests ont appris à défier les tempêtes de sable en décollant un peu. Initialement, elles s’embourbaient dans le sable, elles n’arrivaient pas à marcher, jusqu’à être progressivement enterrées. Puis elles ont réussi à se déplacer et aujourd’hui il existe même une nouvelle bête qui peut voler jusqu’à six mètres de haut, le sable soufflant juste en dessous. Une façon, pour Theo Jansen, de rester dans le monde du merveilleux et de l’enfance. 

Strandbeest nouveauté 2022

Alors que la plupart perçoivent les Strandbeest comme une simple œuvre d’art, d’autres considèrent ces sculptures comme une inspiration hors du commun. 

Et pour cause les scientifiques de la NASA s’inspirent de Theo Jansen pour développer une technologie capable de résister aux conditions difficiles de la planète Vénus. Ils construisent un rover Venus nommé Automation Rover for Extreme Environments (AREE), qui s’inspire principalement de Theo Jansen. Bien que la Terre et Vénus soient très similaires en taille et en distance par rapport au soleil, les caractéristiques de Vénus mettent au défi les scientifiques.

Vénus, avec ses nuages ​​d’acide sulfurique et ses températures supérieures à 450°C est l’un des environnements planétaires les plus hostiles du système solaire. Seule une poignée d’atterrisseurs soviétiques et une sonde Pioneer ont pu atteindre sa surface. Les atterrisseurs robustes n’ont survécu que 23 à 127 minutes avant que l’électronique ne tombe en panne. Peu de progrès ont été réalisés au cours des 30 années suivantes. Alors que les recherches s’essoufflaient, les scientifiques se sont penchés vers l’artiste néerlandais qui leur a permis de relancer des idées; le rover aura des jambes du mécanisme Jansen qui seront guidées par un ordinateur mécanique et un système logique, programmé pour mener à bien la mission. En utilisant des alliages à haute température, le rover survivra pendant des semaines, voire des mois, lui permettant de collecter et de renvoyer de précieuses données scientifiques telles que la vitesse du vent, la température et les événements sismiques. 

Fabriqués si joliment et méticuleusement, ces Strandbeests sont des manifestations des arts, des sciences et de l’ingénierie travaillant ensemble de manière cohérente. Un tel chef-d’œuvre est une démonstration puissante de ce que l’art peut faire et fera un jour pour l’avenir du monde que nous connaissons.

Theo Jansen est la preuve vivante que les arts et les sciences peuvent cohabiter à la perfection.

Ingrid Chausset DNMADE JO 15 – Avril 2023

Les petites maisons de la prairie

Le musée Guggenheim de New York, La Fallingwater House, l’Ennis House et ses apparitions dans des films comme Blade Runner… Franck LLOYD WRIGHT, c’est 800 projets architecturaux, dont plus de 400 sortis de terre et 8 inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Si vous n’avez pas fait de bac arts appliqués, ce monsieur ne vous dit sûrement rien, ou vaguement, pourtant on pourrait le comparer à un LE CORBUSIER, version ricain.
Reconnu comme le plus grand architecte américain de l’histoire par l’institut des architectes (américains), il a appris sous l’aile des architectes Adler et Sullyvan, représentants de l’école de Chicago. En 1887, Franck Lloyd développe son art à Chicago, après six ans chez Adler & Sullyvan, il démissionne pour créer son propre cabinet en 1893.


La Prairie School.

Si Franck L.W. est l’un des architectes les plus reconnus de l’histoire moderne, c’est parce qu’il a initié un style qui deviendra fondateur pour les États-Unis du XXème siècle. Le style Prairie. Preuve que les expositions universelles sont utiles au partage et à la mise en lumière des cultures, car c’est là que Franck Lloyd découvre l’architecture japonaise en 1893, dont le style prairie sera imprégné. Il fera de nombreux voyages, au japon, dont beaucoup pour des commandes et projets.

Le vernaculaire & l’essentiel

Une ouverture sur la nature à la périphérie des grandes villes américaines, fil d’Ariane du style architectural de Franck Lloyd. Influencé par l’architecture nippone donc, on y retrouve l’échelle à taille humaine et la relative simplicité des bâtiments, le confort, le respect des matériaux naturels et l’intégration de la maison au jardin, voire au paysage globalement, une ouverture de l’espace intérieur sur l’espace extérieur.
Bien que géométrique, son architecture est appelée organique : L’attention portée au choix, de préférence locale, des matériaux, à leur durabilité et à l’intégration des prairies houses dans leur environnement, en leur amenant une dimension vernaculaire, est importante pour Franck Lloyd, se sont des contraintes mais surtout des doctrines de ce style moderne américain.

La maîtrise des porte-à-faux, des toits qui s’étirent à l’horizontal, des matériaux locaux ou du moins naturels (pierre, brique, béton, verre) ainsi que des baies vitrées et des puits de lumière comme on retrouve dans le musée Guggenheim, voilà comment reconnaître une architecture du cabinet Franck Lloyd Wright.

La Fallingwater House où l’illustration du style prairie


C’est sûrement cette maison que vous êtes le plus susceptible de reconnaître quand on parle de la Prairie School, et pour causes elle représente tout ce qui compose une Prairie house, une assise structurelle élaborée avec le paysage & le terrain, complexe puisque humide et granitique. Des terrasses superposées, juxtaposées comme les strates de la cascade, la canopée des arbres.
Elle offre un dialogue entre l’habitat et son environnement, l’homme y résonne avec la nature.
Pour l’anecdote, la famille Kaufmann s’attendait à ce que Lloyd leur conçoive une maison en face de la cascade pour avoir une vue imprenable dessus, ils étaient loin d’imaginer qu’ils allaient vivre en symbiose avec elle.

Franck Lloyd Wright, est pour moi un incontournable, au même titre qu’un Renzo PIANO ou qu’un jean NOUVEL, car on retrouve toujours, aujourd’hui plus que jamais, ces principes d’architectures vernaculaires qui ne viennent pas s’opposer au lieu et à sa biodiversité, qui exploite les atouts naturels que peuvent offrir un bâtiment, la lumière, le confort, la température, tout ça en offrant une architecture remarquable, aussi intimiste qu’imposante comme l’Amérique le présente si bien.

Guenaëlle G. – DNMADeJo1.5 – Avril 2023

Sofiane Pamart : Au-delà des frontières

Compositeur et pianiste français, il est né le 25 avril 1990 à Hellemmes et est l’aîné de sa famille, la tradition minière est présente dans celle-ci et son grand-père maternel, d’origine marocaine et d’une famille berbère, perdra la vie à la mine. Sa mère qui ne parlait que très peu français en arrivant en France à ses 8 ans est devenue professeur de Lettres. Elle lui donne une éducation stricte et l’inscrit au conservatoire dès l’enfance tout comme pour son frère et sa sœur. Elle met tout en œuvre pour que ses enfants échappent à leur condition, et ces sacrifices Sofiane Pamart en prend conscience en se dépassant. Il n’a jamais été très scolaire ou rigoureux et a manqué de se faire virer de son école, cependant il excellera tôt dans la musique en décrochant la médaille d’or au conservatoire à 23 ans avec une interprétation parfaite de « l’Alborada del gracioso » de Maurice Ravel et la « 4e ballade » de Frédéric Chopin.

De l’exotisme à travers le classique.

« La mélodie de Medellin, j’en ai rêvé, elle m’est venue la nuit et je n’arrivais pas à m’en défaire » – Sofiane Pamart

La liberté, le voyage, le rêve sont les inspirations fortes de Sofiane Pamart. Il a reçu l’héritage culturel de ses ancêtres nomades et réussit à travers son premier album à nous faire voyager, chaque titre porte le nom de villes et il nous les fait visiter avec ses compositions au piano, reflétant ainsi ses ambitions internationales. Il cultive son exotisme aussi en déjouant les clichés, il n’est pas ce pianiste classique en queue-de-pie et puise son style dans la culture urbaine et le rap qui l’ont bercé parallèlement à ces longues années de conservatoire.

« Depuis tout petit je suis habitué à ne pas être pris pour ce que je suis, ce n’est que lorsque je m’installe au piano que les regards changent »

– Sofiane Pamart

« Piano King » le pianiste préféré des rappeurs.

Morceau du rappeur SCH porté par le piano de Sofiane Pamart.

Sofiane Pamart dépasse les frontières du néoromantisme, bien que l’on puisse retrouver des influences d’Erik Satie ou Frédérique Chopin dans ses compositions, il brise les codes classique encore une fois et en plus de son style urbain il collabore avec de nombreux rappeurs tels que SCH, Vald, Laylow… pour ce citer qu’eux.

« Ce que j’aime dans le rap et chez les rappeurs, c’est la spontanéité. On ne va pas à l’école pour apprendre à rapper et ça crée par conséquent quelque chose de très direct dans l’émotion. On est dans l’expression pure, brute. Cela m’a beaucoup aidé dans ma manière de raconter les choses sans filtre avec mon piano. »

– Sofiane Pamart

Cette passerelle entre le rap et le classique est un moyen de rendre populaire le classique, toucher le plus grand nombre et rendre cool et simple le piano c’est son objectif. Il réussit à atténuer l’image élitiste et conservatrice de cet instrument.

« Son objectif n’est pas d’apporter quelque chose au répertoire classique, mais de tisser un lien avec la variété. »

– Alain Duault, chroniqueur musical, éditorialiste chez Classica

Morgan P. – DNMADe1 HO – Avr 2023

Le carton, futur matériau de luxe ?

Le carton est connu pour son utilisation quotidienne dans les déménagements, les rouleaux de sopalin ou encore les boîtes de céréales. Mais saviez-vous que ce matériau très commun faisait également un carton dans le domaine du luxe ?

« Le carton est l’équivalent en volume du crayon »

Eva Jospin
Forêt, Eva Jospin, 2010

A l’origine une question économique et une volonté de ne pas avoir de limite en terme de taille, l’utilisation du carton se révèle une solution pour Eva Jospin, artiste plasticienne parisienne. Son travail nous interroge sur la place accordée au matériau dans la valeur d’une œuvre. En effet, le carton est peu coûteux et permet à l’artiste d’expérimenter de nouvelles choses sans appréhender l’erreur contrairement aux sculptures sur marbre. Munie d’une scie et d’une fraise, l’artiste recrée des architectures et des jardins baroques dans une profusion de détails malgré la grande échelle de ses œuvres pour captiver l’œil.

“Je veux que le regard se promène et se reprenne plusieurs fois”

Eva Jospin réalise un véritable travail d’orfèvre où chaque élément de carton est transformé minutieusement en trésor. Surnommée la “dentellière du carton” l’artiste déploie beaucoup de précision pour creuser ses décors et apporter de la texture à ses œuvres uniques. “Ma forêt est totalement mentale” affirme-t-elle. A la fois onirique et mystérieux, son travail reflète des préoccupations humaines comme se perdre et se retrouver, évoque le rapport à l’enfance et aux peurs. L’utilisation d’un matériau monochrome lui donne la liberté de surcharger les détails et d’aller vers l’ornementation. 

La traversée, Eva Jospin au Beaupassage, 2018

La forêt symbolise un monde infini et contemporain car nous avons conscience de leur rôle. Elles sont aussi omniprésentes dans les contes qui ont traversé l’histoire et nous inspirent l’inquiétude et la fascination. Les éléments d’architecture permettent d’habiter les œuvres et de se projeter à l’intérieur. Ses forêts sont si profondes et mystérieuses qu’elles donnent le sentiment de se prolonger derrière le cadre. Le travail de l’artiste est fait d’un jeu d’illusions : la métamorphose du carton dans ses œuvres le subliment tandis que l’accumulation des éléments divers créent un relief visuel imposant. C’est en s’approchant que l’on distingue la colle et les cales.

Même si Eva Jospin a reçu le nouveau prix Art éco-conception de Art of Change qui encourage les artistes qui produisent des œuvres en respectant l’environnement, elle laisse planer le mystère sur la visée de ses œuvres. Eva Jospin ne se revendique pas comme écologique car elle ne souhaite pas que ses créations deviennent politiques. Ses œuvres en carton renvoient à la symbolique de ce matériau si présent qu’elle rend inspirant. Eva Jospin ne souhaite pas retranscrire de message spécifique à travers ses œuvres si ce n’est de nous faire rêver car elle estime que “ce serait réducteur”.

« L’oeil ne regarde jamais la même chose »

Pour mener à bien ses travaux, l’artiste travaille avec une équipe dont l’effectif varie en fonction de la quantité de travail nécessaire. Cela permet de ne pas craindre le temps essentiel dans la création de ses oeuvres.

Panorama, Eva Jospin pour la Cour carrée du Louvre, 2016

Eva Jospin ne se laisse pas non plus impressionner par la dimension de ses créations auxquelles elle n’hésite pas à donner un aspect monumental tant par leur échelle que par le travail laborieux pour y parvenir. Le panorama qu’elle nous offre dans la cour carrée du Louvre montre l’ampleur de ses efforts pour retranscrire un décor dans lequel on s’immerge entièrement et donner une texture au carton proche de sa nature d’origine.

Cette recherche de perfection du détail est appréciée par Maria Grazia Chiuri qui laisse Eva Jospin constituer le décor du défilé printemps-été 2023 pour Dior. L’artiste crée une grotte baroque dans laquelle le carton devient une matière organique extraordinaire. On retrouve les thèmes de la Renaissance, les jardins baroques italiens et les grottes naturelles qui sont chers à l’artiste. L’installation est baptisée Nymphées et évoque de façon poétique les métamorphoses de la nature. Les architectures d’Eva Jospin mettent en avant la collection Dior grâce à la majesté qu’elles imposent à l’œil sans toutefois monopoliser l’attention grâce au matériau monochrome. La finesse du décor et des sculptures ennoblit le carton qui se révèle un matériau digne d’être exposé au grand jour.

Adèle Chesneau – DNMADE1 JO avril 2023

SOURCES :

https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/art-contemporain/eva-jospin-la-dentelliere-du-carton-expose-ses-uvres-oniriques-a-annecy_5535105.html

https://www.gazette-drouot.com/article/eva-jospin-l-esprit-de-la-foret/29494

Éternel Mucha

Vous êtes à la recherche de sensationnel et de merveilleux ? Vous avez soif de connaissance ? Ou vous voulez acheter un cadeau original et artistique pour un anniversaire ? Je vous invite dans cet article à vivre la découverte d’une nouvelle exposition qui regroupe ces possibilités dans une exposition-spectacle remarquable.

Lors de mon passage à Paris, je n’ai pas pu passer à côté de cette exposition au Grand Palais Immersif qui fait l’éloge d’Alphonse Mucha, artiste phare du mouvement Art Nouveau du début du XXe siècle. Entre les nombreuses publicités affichées et le gigantesque poster à l’entrée du Grand Palais il était difficile de ne pas avoir l’information.

Grande fan du mouvement ainsi que de l’artiste j’espérais rencontrer un univers particulier et retourner dans l’époque si mémorable des années 1890. Je fus ainsi surprise d’une exploration au delà de mes attentes. En effet l’exposition met en lumière l’héritage du maître de l’Art Nouveau à travers une expérience immersive, interactive et sensorielle. En trois actes, elle retrace l’histoire d’Alphonse Mucha et donne à voir ses œuvres majeures, dont l’Épopée slave, présentée de façon spectaculaire. Elle souligne aussi l’influence durable de l’artiste, source d’inspiration pour la création d’aujourd’hui, de l’art des rues aux mangas, du cinéma au tatouage.

Celle-ci débute lovés sur des coussins géants et entourés d’un écran panoramique qui conte l’histoire et les réalisations de l’artiste, elle se poursuit par une étude créative et contemporaine de ces œuvres les plus connues avec une interaction possible pour se mettre dans la peau de l’affichiste, enfin l’exposition vous invite à sentir l’environnement des ateliers et l’odeur inspirée de ses réalisations.

Vous en dire davantage serait dévoiler la beauté et le plaisir du spectacle, je vous encourage alors à découvrir cette exposition qui se déroule jusqu’en novembre 2023 et à repartir avec des cartes ou posters de ses affiches les plus spectaculaires.

https://youtu.be/ne62WCmFl5I

Je vous remercie de l’attention portée à cet article, n’oubliez pas de laisser un commentaire.

Amélie T. – DNMADe Jo 2.4 – Avril 2023

Je ne reste pas de marbre

Arrivant vers la fin de notre 2e année de DNMADe, nous avons eu l’occasion de faire une immersion de 5 jours dans une cité débordante de culture, Paris !

Beaucoup de visites m’ont laissé m’épanouir durant cette semaine intensive. Que ce soit la grandeur de Versailles, la diversité du musée Quai Branly, la richesse du musée des Arts et Métiers ou encore le calme du musée Rodin, j’ai presque toujours réussi à me retrouver dans chaque musée.
Je vais marquer l’arrêt sur le musée Rodin que j’ai été le seul à faire durant ce voyage.
Nous devions à la base faire le musée du Louvre ou le musée d’Orsay, mais le monde nous a découragé.
La sculpture est un art qui m’a toujours interpellé, la transformation de matériaux bruts en pièces d’art fine, précises et douces. Certains arrivent à transformer des blocs de marbre en oreiller, qui au premier coup d’œil donnent envie de plonger la tête la première au risque de se faire mal.
Auguste Rodin, avant sa mort, a légué ses œuvres à l’Etat en demandant que celles-ci soient conservées dans l’hôtel Biron, qui devient par la suite le musée Rodin.
Ce lieu possède aujourd’hui plus de 30 000 œuvres, dont 6 700 sculptures. Ces œuvres sont réparties entre les jardins et différentes pièces de l’hôtel.

Jardin des sculptures


J’ai eu la chance d’y aller le mercredi matin, par un grand soleil. Ma première surprise a été de voir le peu de monde visitant les allées. J’ai dû y croiser un maximum de 50 personnes lors de mes 2 heures de visites, ce qui est un véritable luxe lors d’une visite de musée.
Ma visite a débuté dans les jardins, où j’ai été surpris de voir qu’une chasse aux œufs était en cours de préparation pour Pâques. J’ai tout d’abord, en bon touriste, été voir le célèbre « Penseur » de Rodin. À ce moment, je me suis quand même arrêté quelques minutes, me laissant porter par le travail réalisé sur cette œuvre.

Paris, France, Le Penseur, Musée Rodin

Je me suis ensuite orienté vers la fontaine du jardin, autour de laquelle beaucoup d’œuvres diverses viennent ornementer de décor. Le calme du lieu m’a vraiment permis de me détacher du brouhaha parisien.
Après ce petit moment revigorant au soleil, il est temps de visiter l’intérieur de l’hôtel. J’ai pu m’y épanouir pièce par pièce, avec à chaque fois un thème précis. Certaines pièces concernent des personnes célèbres telles que Victor Hugo ou encore Picasso, d’autres symbolisent des époques tandis que certaines autres se concentrent sur des techniques particulières. J’ai pu y voir des sculptures de pierre, en marbre, en bronze, des essais en plâtre, le tout agrémenté de peintures, dessins ou simples croquis d’autres grands noms du monde artistique.

C’est après avoir fait le tour des œuvres, en ayant le cerveau noyé d’information, que la visite se termine. Il ne m’a pas fallu tellement longtemps pour revenir à la réalité de Paris, là où le calme se fait rare. Cette super visite m’a bien ouvert l’appétit, Paris étant connu pour ses plus de 10 000 restaurants, j’ai refait le plein d’énergie à l’aide d’une fantastique Calzone et un tiramisu qui m’ont comblé pour la journée. C’est après cette pause-déjeuner plus que généreuse que j’ai difficilement rejoint mes camarades pour visiter le musée des Arts décoratifs.

Marc.G- DNMADe24 Ho-Avril 2023