The Teeter-Totter Wall, la frontière qui rapproche

Le projet “Teeter Totter Wall” est une installation éphémère qui fut imaginée par les artistes architectes américains Virginia SAN FRATELLO et Ronald RAEL. Ce projet est constitué de trois balançoires roses ayant des assises colorées ; introduites dans le mur servant de frontière entre le Mexique et les Etats-Unis, plus précisément entre les villes de Ciudad Juárez et d’El Paso. Les deux artistes architectes ont mis une dizaine d’années pour réfléchir à ce projet qui ne fut installé que 20 minutes le 28 juillet 2019.


Le Teeter Totter Wall a pour but de montrer que malgré les difficultées politiques entre les deux pays, il reste une connection possible entre les individus, c’est pour cela que les enfants et adultes, Texans et Mexicains habitants dans les alentours furent invités à jouer ensemble malgré le mur de 6 mètres de haut.
L’architecte R.RAEL affirme que “Ce qui se fait d’un côté de la frontière à des effets de l’autre côté également, c’est exactement comme cela qu’agit la balançoire à bascule que nous avons installée”.


En 2020, ce projet à reçu le prix du “Beazley Design of the Year”, un des prix les plus prestigieux dans le monde du design, qui est attribué à des projets et des produits qui contiennent de puissants messages de changement. Cet évènement est organisé annuellement par le Design Museum à Londres. Lors de la remise des prix, Tim MARLOR, le directeur et chef exécutif du Design Museum à annoncé que :

“ Le Teeter Totter Wall à su encourager de nouvelles façons d’interagir les uns avec les autres. […] C’est un rappel inventif et poignant de la capacité des humains à dépasser les forces qui tentent de les séparer.”

DUCLOS Coralie DNMADE 1 Ho – avril 2023

Imponderabilia, de l’art à la sociologie

En juin 1977, à l’entrée de la galerie d’art Moderna de Bologne en Italie, les artistes Marina Abramovic et Ulay se sont tenus debout, complètement nus dans l’encadrure de la porte d’entrée pour leur projet “Imponderabilia”. Ils étaient l’un en face de l’autre, occupant presque tout l’espace qu’offrait la porte, au point où le public n’eut pas d’autre choix que de s’appuyer sur l’un des deux artistes pour entrer voir l’exposition. C’est alors que le peu d’espace qu’il restait entre les deux artistes forçait le spectateur à devenir acteur. Le but de cette œuvre était de faire réfléchir les spectateurs sur leurs croyances et leur comportement, notamment en leur faisant ressentir un sentiment corporel inhabituel, qui quelque chose de dérangeant et même gênant – surtout avec des inconnus.


Cette performance était quitte ou double pour le couple qui ne savaient même pas si les spectateurs allaient comprendre le concept, ni même s’ils allaient jouer le jeu. C’est de là d’où vient le nom “Inponderabilia”, qui se traduit par “Impondérabilité” en français et signifie la qualité de ce que nous ne pouvons pas prévoir.
De plus, ce fut une grande appréhension pour M .Abramovic qui à été agressée lors de ses précédentes expositions tel que “Rithm 0”, où 72 objets en tout genre (de la plume au révolver) étaient posés sur une table mise à disposition des spectateurs qui avaient le droit d’utiliser ces objets sur l’artiste comme ils le souhaitaient. Cette expérience lui a fait conclure :

« Ce que j’ai appris, c’est que si vous laissez le public décider, ils peuvent vous tuer. Je me suis sentie vraiment violée : ils ont découpé mes vêtements, planté des épines de rose dans mon ventre, une personne a pointé le pistolet sur ma tête et un autre lui a retiré. Cela a créé une atmosphère agressive ».

Marina Abramovic

Ces projets nous montrent que de simples projets artistiques peuvent devenir un miroir du monde dans lequel nous vivons. Et même si nous faisons des gestes aléatoires, il y aura toujours une foule pour nous démontrer que rien n’est lié au hasard, mais que notre inconscient reproduit seulement ce que nous apprenons sans le savoir depuis tout petit.


Les spectateurs avaient le choix de s’appuyer soit contre Marina, soit contre Ulay. Autant nus l’un que l’autre, les artistes évoquent la pureté et l’honnêteté de cet art. Mais d’un autre côté, ce sont de vraies questions qui se posent pour ceux qui essayent de passer la porte. Est- ce la seule entrée ? Contre qui s’appuyer ? Le projet s’est révélé être une expérience de genre, car tous les hommes se sont appuyés contre Marina sans aucune hésitation, tandis que les femmes mettaient un peu plus de temps pour décider contre qui elles allaient se tourner et nombreuses d’entre elles ont détourné le regard, essayaient de se heurter le moins possible à la peau nue des deux artistes. Les sociologues sont formels. Le fait que chaque personne doive décider qui elle va regarder en passant est important. Les hommes se sont rapidement appuyés contre le corps de la femme, ce qui pourrait être une recherche inconsciente de plaisir, une démonstration de supériorité, ou encore une manifestation de la peur d’être exposé à l’intimité d’un autre homme.

DUCLOS Coralie

DN MADE 1.Ho

février 2023