Lors d’un voyage à Paris dans un cadre scolaire de découverte culturelle, j’ai eu la chance d’aller visiter l’histoire royale de France au Château de Versailles.
Classé depuis 1979 au patrimoine mondial de l’humanité, le château de Versailles constitue l’une des plus belles réalisations de l’art français au XVIIe siècle. Jusqu’à la Révolution française, les rois se sont succédés, dans cet immense chef d’oeuvre de 2300 pièces réparties sur 63 154 m2. En 1789, la Révolution française contraint Louis XVI à quitter Versailles pour Paris. Le Château ne sera plus jamais une résidence royale, et connaît au XIXe siècle une nouvelle destinée : en 1837, il devient musée de l’Histoire de France, par la volonté du roi Louis‑Philippe, monté sur le trône en 1830. Les salles du Château accueillent alors de nouvelles collections de peintures et de sculptures représentant tant les grands personnages qui illustrent l’Histoire de France que les grands événements qui la jalonnent.
Mais bon. Pour plus d’informations, je vous conseille d’aller voir sur le site internet du château, de la ville et sur Wikipédia. Je vais vous raconter ma visite, ma journée et mes ressentis.

Ma journée a commencé sous le soleil, et malgré quelques petites péripéties, elle a été assez incroyable. Nous avons mangé sur les pavés de la Cour et j’ai pu imaginer les carrosses qui autrefois se garaient à cet endroit même. En regardant les façades, je voyais déjà apparaître les lumières et les valets qui se précipitent pour aller ouvrir aux invités. Le repas terminé, le ventre plein, nous sommes partis visiter les appartements et les pièces de cet immense demeure. Dès que nous entrons dans le Rez-de-chaussée, le ton est donné avec une vue sublime sur l’intérieur de La Chapelle Royale avec son plafond indescriptible. Les salles de réception, les salons et bureaux se succèdent, les uns plus beaux que les autres. Les plafonds sont peints avec une telle précision qu’on ne peut cesser de lever la tête pour en admirer les détails. J’avoue que j’avais le tournis à force de tourner en rond dans la salle la tête en l’air et les yeux levés. Puis il y a le premier étage avec encore quelques lieux de réception, et surtout avec les appartement du Roi et de la Reine. La galerie des glaces, la fameuse, l’incontournable. Quand je suis entrée, une ambiance de fête régnait. Malgré tous les visiteurs et leurs téléphones levés, j’ai pu fermer les yeux, me revêtir d’une robe de dentelle et imaginer les violons qui s’accordent. Une douce chaleur me caresse le visage, une forte odeur de parfum et de mets fins qui proviennent des riches buffets me chatouille les narines. Ça y est. J’y suis. La musique commence, et mes oreilles se ravissent. J’ouvre les yeux, vers le ciel, et les reflets de lumière sur ces immenses miroirs m’éblouissent. J’imagine les couleurs éclatantes des robes, la finesse des points de dentelles, les parures étincelantes, les joues rouges de ces femmes et le sourire de ces messieurs sous les lustres de cristal. J’avance et je vois mon reflet sur les murs. La robe s’en est allée, le maquillage est parti et la coiffure blonde extravagante que j’avais imaginé est retombée en carré sur mes épaules. Je poursuis ma route laissant la lumière remplir ma tête de rêves, en faisant abstraction de tous ces visiteurs qui sont bien trop occupés à prendre en photo leur reflet maussade dans ces glaces.

Le choc est rude pour mes yeux. J’arrive dans une salle très sombre où le silence règne. Je me demande pourquoi toute cette agitation c’est aussitôt calmée, et ma rétine s’habitue peu à peu à l’obscurité. Je comprends pourquoi tant de calme. Il s’agit de la chambre du Roi. J’admire les moulures et cette couleur pourpre qui s’impose à moi m’apaise. J’ai l’impression qu’il est encore là, qu’il fait une sieste. Pour ne pas le réveiller, je continue de regarder les détails des peintures et du mobilier qui ornent la pièce, et je comprend cet amour qu’avaient les artisans pour leur métier mais aussi pour leur Roi. L’obscurité rend hommage à ces grands Roi qui y ont reposé. Je continue d’avancer aux milieu de tous ces étrangers, émerveillés eux aussi par le calme et la sérénité de ces appartements. Je passe les différentes salles, toutes plus belles les unes que les autres, les bureaux, les salons, et j’arrive à la chambre de la Reine.

Stupeur. Mon cœur s’arrête de battre, ma respiration se ralentit. Cette fois, il y a de la luminosité. Les tapisseries colorées qui ornent les murs, les motifs floraux, l’or et les moulures, on ne distingue presque plus le murs blanc. Tout n’est que douceur infinie et splendeur délicate. Tout comme pour la chambre du Roi, je ressens cet amour qu’avait le peuple pour sa Reine. Son lit fleuri brodé d’or, la finesse des retombées des rideaux à franges, la hauteur du dais, tout laisse à penser que cette Reine était aimée et chérie. Je ressentais son intimité, sa douceur et j’avais l’impression de la voir se reposer au milieu de draps blancs immaculés. J’ai été traversée de frissons, et j’ai imaginé aussi que c’était ici qu’elle avait souffert pour donner la vie. Les valets et femmes de chambre qui s’agitent autour d’elle, et elle, toujours aussi belle, pâle comme ses draps doux, transpirante et haletante. Je pense que beaucoup de choses se sont passées dans cette chambre et tout me laisse croire qu’elle était choyée, gâtée et quelque peu adulée. Ceux qui pensent qu’une Reine ne se résume qu’à être la femme du Roi, sans aucun pouvoir, se trompent. J’ai continué dans les autres chambres, celles des dauphins, d’autres bureaux, d’autres salles de réception, mais ce n’est pas ce qui m’a le plus marqué. Le riche souvenir de ces souverains et souveraines qui n’ont cessé d’émerveiller la Cour et le monde entier me laisse un profond regret de ne pas avoir vu cela de mes yeux.
Après la visite, il n’a pas été possible d’aller dans les jardins, j’avoue que j’aurais aimé m’y promener, mais sans regrets, je sais que je pourrais y retourner plus tard. Ce fût une très belle expérience, et j’ai vraiment été ravie de voir tout ce travail d’orfèvre, d’incrustation de nacre, de pierres, de cristal… et en parallèle pouvoir ressentir toute cette magnifique histoire.
Esther Loras. – DNMADeJo2 – Avril 2023