Une poignée d’étoile : une bouffée d’espoir dans une société oppressée

Écrit par Rafik Schami, ce roman fait partie des livres qui m’ont marqué à vie. Accessible pour les plus jeunes comme pour les plus grands, la simplicité de l’écriture n’empêche pas le roman de toucher nos émotions avec beaucoup de justesse.

Reflet d’une société d’ailleurs, celle de la ville de Damas, capitale de la Syrie, ce livre reflète pourtant des enjeux de toutes les sociétés : discrimination, pauvreté, inégalité des chances. Il illustre également, avec beaucoup de simplicité, les valeurs humaines les plus touchantes : amitié, amour, altruisme, solidarité. 

Résumé

Dans ce roman écrit sous la forme d’un journal intime, nous suivons pendant près de 3 ans la vie du fils d’un boulanger de Damas. Au travers de son recit, il trace le portrait d’une foule de personnage qui l’entoure et fait la chronique de son vieux quartier dans la capitale syrienne, véritable mosaïque de nationalités réunies par les hasards de l’histoire. Son récit trace son évolution et il découvre peu à peu que la politique de son pays est marquée par l’injustice, l’absence de liberté et la répression de toute opposition. Pour témoigner de cette réalité, et la dénoncer, il n’a qu’une ambition : devenir journaliste. 

« Qu’est ce que c’est exactement, un journaliste ? »

« Oh, un journaliste (…) c’est quelqu’un de futé et de courageux. Avec une feuille de papier et un crayon, il peut faire trembler un gouvernement entier, y compris la police et l’armée. »

Extrait du roman, 30.03

Ce journal intime nous fait découvrir le quotidien d’un jeune garçon d’abord ambitieux, poète, rêvant de continuer ses études et de devenir journaliste, qui mûrit en un jeune homme contraint de travailler avec son père, confronté à la situation troublée de son pays. Coup d’état sur coup d’état, le gouvernement est régulièrement renversé et son quartier, comme la ville entière, est constamment surveillé par la police ou des espions. Dans ce climat politique agité, il va faire face à l’arrestation et à la torture de son père puis à l’emprisonnement de son ami et mentor, Habib, un journaliste opposant au régime. Pourtant, loin de se laisser intimider, cela va renforcer sa détermination à devenir à son tour journaliste et il va, avec l’aide de ses amis, créer un journal clandestin visant à diffuser ce que le gouvernement tente de cacher et réprimer : la vérité. Diffusé astucieusement dans des chaussettes, des boîtes de médicaments ou des emballages d’orange par exemple, ils vont gagner en notoriété et inspirer les autres à les imiter.

« Il faut que les militaires comprennent qu’en emprisonnant des journalistes, ils ne font que susciter de nouvelles vocations. »

Dernières lignes du roman

Dans cette société, il faut renoncer à ses rêves, se plier aux ordres de gouvernements violents, oppressants et où l’égalité des chances n’existe pas (ce qui, finalement, n’est pas très éloigné de certaines sociétés actuelles). Cependant, loin d’être pessimiste, on découvre dans ce récit des personnages qui sont prêts à se battre pour ce qu’ils croient être juste. Ce jeune homme, dont le nom n’est jamais cité, nous transmet aussi bien ses joies que ses peines et ses réflexions sur le monde qui l’entoure. Autour de lui, nous redécouvrons les valeurs d’entraide, d’altruisme et de respect. Les habitants de son quartier vont par exemple s’allier et braver le couvre-feu et les forces de l’ordre pour offrir des funérailles décentes à l’Oncle Salim, un vieil homme qui était estimé de tous.

Finalement, ce roman illustre parfaitement que la parole et l’écriture sont nos armes les plus puissantes. Ceux qui les détiennent, et qui s’en servent, comme les journalistes, sont redoutés, recherchés et contrôlés. Jamais la parole ne pourra être complètement étouffée, il y aura toujours quelqu’un pour la saisir et s’en servir, peu importe le prix à payer.

Ce que ce livre m’a apporté

Ce livre m’a marqué parce qu’il est émouvant et prenant. Je n’avais qu’une envie : me révolter avec eux face à toutes ces injustices. Pourtant, ce livre ne m’a laissé ni frustrée ni défaitiste, il m’a laissé une lueur d’espoir. Il m’a fait comprendre que, peu importe les situations, peu importe le désespoir et la violence, il faut garder foi en l’humanité car il y aura toujours quelqu’un qui fera entendre sa voix pour rétablir ce qui est juste.

TAKACS Harmonie – DNMADE15 JO – Avril 2023

L’avenir de la gemmologie serait-il dans notre poche ?

Au premier abord, identifier une pierre par sa couleur paraît simple. Vert pour l’émeraude, rouge pour le rubis, bleu foncé pour le saphir et incolore pour le diamant. Pourtant, lors de l’identification d’une gemme, la couleur est le facteur le plus trompeur ! Deux gemmes très différentes comme le grenat et le rubis par exemple peuvent avoir des teintes très similaires alors qu’elles possèdent des systèmes cristallins et des caractères optiques divers. Il est donc très facile de se faire tromper par des imitations de belles couleurs. Il faut conduire des analyses au polariscope et au réfractomètre pour pouvoir les identifier avec certitude, ce qui n’est pas toujours facile sur les stands de vente. Il existe cependant une méthode d’identification qui pourrait être développée pour fonctionner avec notre téléphone portable : la spectroscopie. Faisons un zoom sur cette méthode d’identification.

Pourquoi voit-on les gemmes de toutes les couleurs ?

Pour comprendre le fonctionnement de la spéctroscopie il faut d’abord comprendre d’où vient la couleur d’une gemme. Il faut savoir que les couleurs que nous voyons au quotidien résultent de la perception par les yeux de vibrations électromagnétiques de certaines longueurs d’ondes.

Spectre du visible ( d’environ 400 à 800 nm)

L’œil humain perçoit des ondes uniquement comprises entre 400 et 800 nano-mètres environ, ce qui correspond au spectre du visible. Le mélange de toutes ces couleurs donne ce qui est appelé la lumière blanche, la lumière émise par le soleil.

Ce qui fait que nous voyons des objets de couleurs différentes c’est que les matières, et les cristaux notamment, absorbent certaines ondes et en laissent passer d’autres. Si une seule de ces ondes, correspondant à une certaine couleur, est absorbée, le mélange des ondes restantes arrivera jusqu’à notre oeil et lui donnera une perception colorée.

Par exemple, l’absorption du vert donne une vision de rouge. Si toutes les longueurs d’ondes traversent la gemme sans obstacle, celle-ci sera incolore, comme c’est le cas du diamant alors que si, au contraire, toute la lumière est absorbée, la gemme paraîtra noire. Ainsi, le mélange des ondes de couleurs non absorbées détermine la couleur de chaque gemme. Pour déterminer la couleur d’une matière on peut s’aider d’un diagramme de couleur (image à droite). Il suffit de regarder quelle couleur fait face à celle absorbée pour obtenir la teinte finale de notre matière, comme le rouge avec le vert.

Mais qu’est-ce qui absorbe ces ondes dans les gemmes ?

Maintenant que nous avons compris pourquoi nous percevons les gemmes de différentes couleurs, il est crucial de se demander qu’est ce qui absorbe les ondes colorées dans les cristaux. Dans notre cas, c’est surtout la présence d’atomes de métaux et leurs liaisons dans la structure chimique cristalline qui s’imprègnent de ces ondes. Chacun d’entre eux absorbe des longueurs d’ondes bien précises, et contribue ainsi à la coloration de la pierre.

Généralement, on retrouve dans les gemmes ces principaux atomes responsables de l’absorbtion : le titane, le vanadium, le chrome, le manganèse, le fer, le cobalt, le nickel et le cuivre. Le chrome est, par exemple, à l’origine de la couleur rouge, on le retrouve dans le rubis. Le vert quant à lui peut provenir du fer. Il est présent dans péridot qui à pour formule chimique MgFe2SiO4. 

Comment fonctionne la spectroscopie et à quoi ça sert ?

La couleur provient donc de la structure atomique de la pierre que l’on souhaite étudier. C’est justement ce qui intéresse la spectroscopie. Chaque gemme, en fonction de sa famille, de sa couleur et de sa provenance à une structure unique qui absorbe donc différentes ondes déterminant sa couleur. Lors d’une analyse spectroscopique nous obtenons des spectres d’absorption. C’est à dire une bande arc-en-ciel sur laquelle va apparaître des bandes noires, qui correspondent aux longeurs d’onde absorbées. 

Ainsi, une gemme a un spectre d’absorption spécifique et très caractéristique grâce au caractère unique de sa structure. Nous pouvons citer pour exemple la topaze rose, qui a une seule bande à 682 nanomètres. Ou encore la turquoise qui possède une bande moyenne à 432 nanomètres et de faibles bandes à 460 et 422 nanomètres. 

Ainsi, observer le spectre d’absorbtion d’une gemme inconnue et le comparer à des spectres de pierres connues permet de l’identifier. Cette méthode d’analyse de l’absorbance a aussi pour avantage de permettre la distinction entre des gemmes de même densité, qui ont le même indice de réfraction ou d’examiner les pierres brutes, montées ainsi que les cabochons. Enfin, cette méthode permet de différencier certaines pierres naturelles, synthétiques ou d’imitation. 

Aujourd’hui, l’émergence d’intelligence artificielle permettrait de comparer des spectres d’absorbtion de manière fiable et efficace et ainsi d’identifier rapidement des gemmes au moyen d’un appareil connecté à son smartphone. L’avenir de la gemmologie pourrait bien reposer sur le développement de cette méthode d’analyse, la spectroscopie.

TAKACS Harmonie – DNMADe15JO – Février 2023

La maison Coperni aurait-elle trouvé la recette miracle pour une mode durable et écologique ?

A l’occasion de la Fashion Week de Paris, la maison Coperni a dévoillé comme pièce maîtresse de sa collection Printemps-Ete 2023 une robe épousant parfaitement le corps de la célèbre top modèle Bella Hadid. 

Lors de la Fashion Week de Paris, la maison Coperni a fait l’unanimité en cloturant le défilé de sa collection Printemps-Eté 2023 par un spectacle pour le moins impressionnant. Pour présenter leur dernière création, la top modèle Bella Hadid a pris place au centre de la salle des textiles du Musée des Arts et Métiers, presque entièrement nue. Pendant une dizaine de minutes, un spray a pulvérisé sur la mannequin une étrange matière filandreuse, recouvrant petit à petit son corps. En l’espace de quelques instants, une robe blanche épousant parfaitement Bella Hadid a été créée sur-mesure, à même son corps. Le secret ? La technologie intitulée Fabrican, développée par le designer et docteur Manuel Torres. La matière projetée par le spray est constituée de fibres naturelles ou synthétiques assemblées par différents polymères. Des solvants liquides sont ensuite mélangés avec les fibres et vont s’évaporer au contact du corps, lors de l’utilisation du produit. Ainsi des vêtements sur-mesure, plus inclusifs et adaptés à la morphologie et au goût de chacun peuvent être fabriqués en un instant. N’oublions pas de mentionner la touche de magie verte pour notre notre planète : une fois fabriquée, la matière peut être dissoute et ré-utilisée pour refabriquer à nouveau un vêtement.

Cette technologie est comme une bouffée d’air frais au milieu de l’industrie de la mode, connue pour être la deuxième industrie la plus polluante. Cette innovation serait-elle capable de révolutionner ce milieu peu scrupuleux de l’environnement en le rendant plus écologique ?

En effet, responsable de l’émission d’environ 1,2 milliards de tonnes de CO2 par an, notre situation écologique actuelle demande du changement vers une mode plus verte. La technologie Fabrican semble donc être à la hauteur de ce défi.

Fabrican dress 2007 © photographer Gene Kiegel

Schéma de la chaîne de production et d’utilisation de Fabrican

Mettant un poing d’honneur à s’engager pour notre environnement, l’entreprise propose des fibres pouvant être biodégradables, réduit sa chaîne de production et cherche à limiter son nombre de fournisseurs étrangers, réduisant ainsi les émissions de CO2 liées au transport des matériaux. L’optique de Fabrican est de proposer au grand public un produit permettant de réparer nos affaires, allonger leur durée de vie pour lutter contre la sur-consommation et nous permettre de créer des vêtements recyclables et réutilisables. Ce pourrait donc être la solution pour combler les demandes toujours plus exigeantes des fashionistas à l’affut des tendances toujours changeantes.

Schéma de la chaîne de production et d’utilisation de Fabrican

Cependant, même si la majorité salue cette prestation comme une avancée de la mode dans le développement durable, certains restent dubitatifs. L’intention est bonne mais le procédé peut être critiquable. En effet, les cannettes qui serviraient à rendre cette technologie accessible au grand public ne sont généralement pas recyclables dans les centres de tri traditionnels. Elles doivent, soit être mises en déchetterie, soit être recyclées par des professionnels, amenant dans l’industrie de la mode des déchets compliqués à traiter. De plus, la méthode de projection des fibres requiert l’utilisation de produits chimiques, pas forcément écologiques et, comme l’on peut le voir lors du défilé de Coperni, cela crée beaucoup de particules et de déchets. Enfin, l’utilisation du produit pose question sur son ergonomie. Il ne semble pas envisageable de s’appliquer seul le spray dans le dos par exemple. 

Le défilé Coperni a donc permis de mettre en avant une technologie innovante qui questionne l’industrie de la mode quant à son empreinte carbone et son implication dans une transition écologique durable. Néanmoins, la technologie Fabrican a plutôt servi à faire sensation auprès du public plutôt qu’à présenter un nouveau matériel fiable, durable et écologique dont les créateurs pourraient se saisir. Comme l’explique le co-fondateur et directeur artistique de la maison Coperni, Sebastien Meyer :

« C’est notre devoir en tant que designers d’essayer de nouvelles choses et de montrer un futur possible. Nous n’allons pas gagner de l’argent avec cela, mais c’est un moment magnifique — une expérience qui crée de l’émotion ».

Si, petit à petit, l’industrie de la mode tente de se tourner vers des matériaux plus écologiques et durables, cela reste malgré tout au détriment de l’attraît du spectacle et du buzz.

Harmonie TAKACS – DNMADe1Jo – Octobre 2022