Le métissage au service de l’art

C’est de ce mélange culturel et ethnique que Mous Lamrabat tire toute la puissance de son art.

Mous Lamrabat, belgo-marocain est photographe de mode à la base, né au Maroc et ayant grandi en Belgique, il a choisi de faire de cette double culture la base de son travail pour créer un univers singulier qu’il nomme « Mousganistan ».

A travers ses photos, il confronte l’Orient et l’Occident en mélangeant par exemple, McDonald’s et le voile ou les codes de la culture arabe et les marques de luxe. Ce mélange donne des clichés étonnants et décalés, parfois humoristiques entre tradition et modernité. Il s’inspire principalement des objets du quotidien marocain et leur donne un coté artistique en les sortant de leur contexte.

 

 

 

 

 

 

 

 

Le but du photographe est de rassembler les gens grâce à l’amour et l’humour comme il le dit. Il se sert de l’humour pour déconstruire les préjugés sur le monde arabe. Mous Lamrabat prouve aux occidentaux qui sont encore effrayés par les musulmans qu’ils pensent différents d’eux, qu’un musulman peut faire de l’art à l’occidental et que la culture arabe est très drôle et très artistique. Avec ses clichés, il fusionne ses « deux mondes » et montre que nous pouvons vivre ensemble malgré nos différences.

« Finalement, je veux rassembler les gens ! Surtout dans les temps que nous vivons, où c’est « nous » contre « eux ». J’ai l’impression qu’aujourd’hui, on pense que nous n’avons plus besoin des autres. Et cela m’effraie. »

Certaines de ses photos peuvent faire polémique et être mal interprétées comme celle de la femme en niqab bleu qui fait référence à la célèbre couverture de Paper Mag avec Kim Kadarshian, photographiée par Jean-Paul Goude. Mais lorsque l’on connaît les intentions du photographe, on comprend que c’est encore un moyen de défaire les clichés et les stigmates sur la culture arabe.

Le travail de Mous Lamrabat me touche particulièrement, car comme lui, je suis métisse marocaine et en grandissant, on vit une sorte de « crise identitaire » où l’on se demande à quelle origine on appartient le plus, laquelle nous représente le plus, car au bled, on n’est pas considéré comme vraiment arabe et en France comme vraiment français. C’est parfois compliqué de savoir qui on est et de se construire. J’admire cet artiste qui a réussi à se servir de son métissage pour créer, pour faire de l’art, il en a fait une force. Je pense qu’il faut prendre cette diversité et ce mélange de cultures comme une chance même si on essaye parfois de nous faire croire que c’est une faiblesse (notamment dans les absurdités que l’on entend dans les débats politiques actuels) , ce photographe y est parfaitement arrivé et me redonne de l’espoir.

Iman AMRANE – DNMADE23Jo – Décembre 2021

Banlieue sur toile

Dans cet article, je vais vous parler du travail de Clément Poplineau, 28 ans, il sort des Beaux Arts de Bruxelles et aujourd’hui il réalise différentes productions artistiques, mais surtout des tableaux.

Ayant grandi dans les banlieues lyonnaises, son art est directement inspiré de son milieu, il représente sa communauté, les galères que les jeunes comme lui connaissent, la culture de la rue et ses problèmes : les préjugés, la précarité ou l’échec. Clément n’a pas choisi de faire du rap, mais à travers ses œuvres, il revendique les mêmes notions d’oppression, de pouvoir, de révolte et de lutte des classes, mais aussi d’éducation à l’art. Il souhaite prouver que venant de n’importe quel milieu l’art est accessible.

« On n’est toujours pas dans l’art. Dans la musique oui, le rap c’est ce qui se vend le plus. C’est bien, mais trop sectaire, comme si on ne pouvait faire que du rap ou devenir footballeur. »

Clément Poplineau peint dans un style inspiré des portraits de la Renaissance, à cette époque seuls les nobles étaient représentés, Clément lui peint ses amis, des jeunes issus de quartiers populaires que les médias et les politiques définissent comme « en marge de la société ». C’est sa manière de lutter contre les inégalités.

J’ai choisi de vous présenter deux œuvres de cet artiste.

« AMINEKE », huile sur toile/broderies – 2018

Cette peinture représente un de ses amis, sans papiers, actuellement en prison. Clément a brodé sur le fond de la toile des motifs berbères. Il a fait ce choix, car pour son ami Amine la seule chose qu’il connaissait de l’art ce sont les tapisseries de sa région natale du Maroc. Avec cette représentation artistique, il souhaitait faire exister Amine différemment qu’avec l’étiquette du banlieusard clandestin. Je trouve cette peinture particulièrement touchante par son histoire car malheureusement il y en a des centaines d’autres comme celle d’Amine, des jeunes immigrés qui se retrouvent dans les banlieues, dans des situations de précarité et qui deviennent délinquants. L’intégration des broderies qui contraste avec le reste de la peinture qui est sombre la rende encore plus puissante.

« 10H DE GARDAV DANS LA SABAT « , résine/haschisch – 2020

Ici on reconnaît un modèle de basket emblématique de la culture urbaine, une Nike air max moulée en résine avec dans la semelle une barrette de shit. Son idée était de cacher la drogue tout en la mettant en valeur grâce à la transparence de la chaussure. L’artiste s’est amusé du fait que la vente de shit soit interdite, mais que son œuvre soit en galerie donc potentiellement achetée. Cette œuvre a un côté un peu provocateur assez plaisant.

Ce qui m’a plu dans le travail de Clément Poplineau est sa façon de mélanger la peinture classique avec des scènes ultra contemporaines de banlieues qui donnent un effet anachronique assez inattendu. En effet, il est assez rare de voir des artistes illustrer ce genre d’images. J’apprécie également la manière qu’il a d’utiliser son art pour essayer d’abolir certains préjugés sur les quartiers populaires, ses œuvres visent un public déjà initié à l’art avec les techniques qu’il utilise, mais aussi les jeunes des quartiers populaires qui peuvent s’identifier aux images représentées.

« Je suis peintre mais mon objectif c’est de ramener les frérots au musée, que la vision qu’ont les jeunes des milieux populaires change, comme celui du public. Ce que je veux avoir dans mon travail, c’est une portée sociale. »

Si ça vous a plu, vous pouvez retrouver tout le reste du travail de Clément Poplineau sur son instagram @clementpoplineau

Iman AMRANE, DNMADE2 Bij, octobre 2021

Du rêve au cauchemar il n’y a qu’une dose…

C’est encore un peu choquée que j’écris cet article, sur les conseils de notre professeur de philo j’ai regardé le film « Requiem For a Dream ». J’ai passé 90 minutes assez éprouvantes…

« Requiem For a Dream » réalisé par Darren Aronofskyq est adapté du roman éponyme écrit par Hubert Selby Jr. Tout au long du film on suit le destin de quatre personnages : Harry Goldfarb, sa mère Sara, son meilleur ami Tyrone et sa copine Marion. Tous ont un point commun : l’addiction. Les trois amis sont accro à l’héroïne, Sara, elle au début est accro à la télévision puis lorsqu’elle apprend qu’elle a gagné le droit de passer dans son émission préférée elle impose à son corps un régime drastique mais devant l’inefficacité de celui-ci son médecin lui prescrit des pilules amaigrissantes magiques : des amphétamines. Comme vous pouvez vous en doutez elle devient addict à ses pilules. 

Au début de l’histoire les personnages sont plein d’ambition et semblent vivre sur un nuage, Harry et Marion filent le parfait amour, son Traffic de drogue avec Tyrone est plus que rentable, Sara à enfin retrouvé une raison de vivre avec la promesse de passer à la télé. En réalité tout ça n’est qu’illusoire, en tant que spectateur on sait dés le départ que tout va très mal finir, on ne sait juste pas à quel moment ni de quelle façon. A la manière d’une défonce le film prend un tournant tragique lorsque l’euphorie laisse place au manque. On assiste à la descente aux enfers des quatre personnages, une chute longue et douloureuse. Le réalisateur réussit d’une façon déroutante à nous plonger dans une angoisse interminable. Comme si nous étions les junkies en manque, on se retrouve à espérer voir les personnages se piquer pour enfin mettre un terme à l’oppression que l’on ressent devant ses images.

« Requiem For a Dream » ferait un excellent film de prévention sur les risques d’addiction aux drogues (même si je n’ai jamais songé à toucher ce genre de substances) croyez moi, après le visionnage de ce programme vous êtes sûr et certain de ne pas vouloir essayer un jour…

Il m’est difficile de dire si j’ai aimé ce film ou non, cependant malgré l’ambiance pesante dans laquelle il m’a mise pendant 1h40 et les images traumatisantes, à aucun moment je n’ai songé à l’arrêter. Je me suis comme sentie obligée de le finir, dépendante du sort des personnages que l’on m’a présenté. Une étrange sensation.

On ne peut définitivement pas renier le talent de Aronofskyq, il maitrise à la perfection l’art d’éprouver le spectateur, il a également réalisé le thriller « Mother », à ce jour avec « Requiem For a Dream » ils sont les films les plus traumatisants que j’ai pu voir.

Iman Amrane DNMADE 1 Bij – avril 2021

Poète : New Generation

Aujourd’hui j’ai envie de vous parler de ses rappeurs qui manient l’écriture et qui jouent avec leur plume tels des poètes. Dans cette catégorie Nekfeu, Niro ou encore Damso sont très performants mais mon article s’intéressera à un artiste en particulier : Dinos.

             

Dinos est un rappeur français originaire de La Courneuve, en Seine-St-Denis. Il possède une des plus belles plumes du rap français actuel à mon sens. En 2018 il sort son album intitulé « Imany », plus qu’un album de musique, un recueil de poèmes 2.0, rempli de figures de style, sur le thème de l’amour dans une ambiance mélancolique. Le rappeur est attaché à la poésie notamment à Baudelaire, dans cet album on trouve un morceau baptisé « Les pleurs du mal » référence au recueil les  « Fleurs du mal » du célèbre poète.

Le morceau n°9 « Helsinki » de l’album est sans doute l’un des plus beaux textes de Dinos. Je vous laisse le clip, regardez le (sauf si vous êtes en pleine rupture amoureuse je vous le déconseille) et poursuivez la lecture de mon article pour en comprendre toute la subtilité.

On comprend grâce à l’intro qu’il s’agit d’un monologue de son ex- partenaire exprimant ses sentiments suite à leur rupture laissé sur sa messagerie. En réalité le rappeur a avoué que c’était ce que lui avait ressenti. « J’ai beaucoup trop d’ego pour avouer que c’est moi qui ressens ça. Donc je le fais passer pour le message d’une fille sur mon répondeur ».


« Tes bien sur la messagerie de Jules, j’suis pas là pour le moment
Laisse-moi un message, même si j’les écoute jamais »
A vrai dire, j’ai du mal à démarrer, ce matin
Sans ton message dans lequel tu m’souhaites une bonne journée
Ni mon cœur, ni mon téléphone, je n’veux plus me faire vibrer
J’ai tellement peur d’être seule
Tellement peur d’accepter qu’c’est terminé
Puis tu sais, j’suis irrité alors parfois, je pleure de trop
En vérité mes larmes ne servent qu’à irriguer ma fleur de peau

Ici l’artiste se réapproprie « l’expression à fleur de peau », il l’utilise au sens propre et au sens figuré. La narratrice est à fleur de peau, la peau n’est pas qu’une image mais son visage sur lequel coulent ses larmes. Elle ressent une telle tristesse face à l’abandon que ses larmes pourraient irriguer une fleur puisqu’elles ne la soulagent même pas.


Sur mon lit rempli d’mouchoirs, j’me fais des images de guerre
En m’demandant qui aura la garde de notre enfant imaginaire
Si tu savais comment j’saigne, en m’disant que plus personne
Finira mes pop-corns, avant qu’le film ait commencé
J’me dis qu’c’est dingue comment quelqu’un
Peut tout changer autour de toi
Quand j’trébuche sur l’trottoir
Et qu’y’a plus personne pour s’moquer d’moi
En panique, j’ai voulu faire une croix sur toi
Mettre un voile sur mon cœur
Mais l’amour est un établissement laïque

Dans ces vers très bien écrits Dinos utilise le champs lexical de la religion ainsi qu’une antithèse avec l’évocation de celle ci et de la laïcité. Il a également recours à des termes polysémiques (à plusieurs sens) comme la croix référence au christianisme mais également faire une croix sur quelqu’un : renoncer à quelqu’un. Le voile porté par certaines femmes musulmanes, mettre un voile sur quelque chose : dissimuler quelque chose. Ces mesures nous expriment la volonté d’oublier cette relation, de passer à autre chose mais l’amour : l’établissement laïque ici lui interdit.


Du mal à m’dire que cette histoire est lointaine
Si tu savais comme j’te déteste, tu saurais à quel point j’t’aime
Ce premier complet exprime tous les regrets, l’immense tristesse et la nostalgie des moments passés, que ressent cette femme (Dinos en réalité) face à cette rupture mais aussi l’amour qui persiste.

Et quand j’me lève, j’me rappelle
Que mes lèvres toucheront plus les tiennes
Les lumières s’éteignent en plein après-midi
L’impression d’être une ville sans soleil
Helsinki, Helsinki
Helsinki, Helsinki
Helsinki, Helsinki
Helsinki, Helsinki
On comprend le titre de cette chanson dans ce refrain qui exprime le désespoir de cette fille qui a perdu l’amour de son partenaire la réduisant à une vie sans lumière, sans soleil d’où le titre Helsinki, une ville connue pour donner lieu à des couchers de soleil très tôt dans l’après midi, voir même ne pas afficher de soleil pendant l’hiver.

Alors bien sûr j’fais d’bonne figure, faut pas qu’j’me fronde
Quand on m’demande de tes nouvelles et qu’je sais pas quoi répondre
Aujourd’hui, t’as perdu cette lionne, que t’as si bien apprivoisée
J’aimerais devenir une montagne, pour n’pas avoir à t’croiser

Ici on a une comparaison de la femme à une lionne, la femelle du lion est un symbole de femme forte qui s’est ici laissée apprivoiser, cette relation a réussi à changer sa nature.
Repris du proverbe « il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas » elle exprime son envie de ne plus jamais revoir son ancien partenaire.

Bébé, laisse-moi fermer les yeux et avancer dans l’noir
Parce que toutes les rues que j’vois m’rappellent un souvenir avec toi
J’aurais aimé qu’ca s’passe autrement 
Que tu m’envoies un roman pour que j’te laisse une quinzième chance
T’as même brisé mon cauchemar, dans lequel on emménage

L’expression est plus connue sous la forme « briser un rêve » mais ici la tristesse de la fin de cette relation lui fait même regretter ses peurs, ses cauchemars.

Et on s’prend la tête parce que je veux un chat et qu’t’en veux pas
J’me demande la réaction qu’j’aurais en t’croisant 
J’ai peur que l’amour soit marié et qu’la haine dure trois ans

Cette phrase est une référence au roman « l’amour dure trois ans » de Beigbeder, elle craint que la haine prenne le dessus et dure des années.

J’aimerais arracher ton cœur, couper tes bras avec une hache
Mais s’te-plait, pince moi une dernière fois avant j’le fasse
Du mal à m’dire que cette histoire est lointaine
Si tu savais comme j’te déteste, tu saurais à quel point j’t’aime

Dans ce deuxième couplet elle est partagée entre les regrets, son envie de vengeance et l’amour toujours présent.

Et quand j’me lève, j’me rappelle
Que mes lèvres toucheront plus les tiennes
Les lumières s’éteignent en plein après-midi
L’impression d’être une ville sans soleil
Helsinki, Helsinki
Helsinki, Helsinki
Helsinki, Helsinki
Helsinki, Helsinki
Alors prends-le pour toi, ouais prends-le pour toi
T’auras tout le temps de rester sur Playstation
Et d’écrire tard le soir
Tu m’as causé du tort, tu m’as fais du mal
tu t’en es même pas rendu compte lorsqu’il était trop tard
J’imagine que t’es entouré d’groupies et qu’tu t’amuses avec 
Mais quand ca marchera plus
Tu s’ras tout seul à t’poser sur Namek 
Presque ravi de m’dire qu’cette histoire est lointaine
Si tu savais comme j’te déteste

Dans ce dernier couplet cette fois l’amour semble avoir disparu, la phrase qui clôture tout les couplets a changé dans ce dernier « Si tu savais comme j’te déteste, tu saurais à quel point j’t’aime » est devenu « Si tu savais comme j’te déteste » , l’antonymie entre l’amour et la détestation a laissée place entièrement à la haine et même la jalousie « J’imagine que t’es entouré d’groupies et qu’tu t’amuses avec ».  Toutes les peurs et les craintes de souffrir sont remplacées par un soulagement de laisser cette relation au passé  « Presque ravi de m’dire qu’cette histoire est lointaine ». 

Dans « Helsinki » Dinos a sorti sa plus belle plume, il nous prouve son talent d’écrivain, il manie à la perfection les mots et se met à la place de cette femme qui l’aimait. Il nous balade tout au long des couplets dans cette rupture ou l’on ressent la douleur de son ex-partenaire mais qui finalement est également la sienne , les deux amants ressentent la même peine. L’artiste avoue avoir réécrit ce texte trois fois pour atteindre la perfection, on sent que rien n’a été laissé au hasard et le résultat y est puisque c’est la plus belle poésie de son album.
Iman AMRANE Dnmade 1 Bij – Février 2021

                        

Et vous, vous auriez fait quoi de 100 000 dollars ?

Ahh je vous vois déjà : vous imaginez réserver un incroyable voyage aux Maldives, acheter une superbe Rolex, une magnifique Audi RS3 gris Nardo ou encore un somptueux collier haute joaillerie Boucheron… Bref, arrêtez de rêver et laissez-moi vous présenter ce que Hans Peter Feldmann a fait lui de 100 000 dollars.

Pour commencer qui est Hans Peter Feldmann ? C’est un artiste contemporain allemand de 80 ans, il est considéré comme un des initiateurs du courant de l’art conceptuel dénommé art d’appropriation, il produit des œuvres en utilisant des objets trouvés ou des photographies récupérées, issues de journaux ou achetées dans des marchés aux puces, il fait également de la photographie et crée des installations. En réalité il est difficile à catégoriser. Il se définit lui même comme un « collectionneur compulsif » et « un appropriateur d’images trouvées » plutôt qu’un artiste. 

En 2010 Hans Peter Feldmann s’est vu remettre le prestigieux prix Hugo Boss, parrainé par la fameuse marque de vêtements, qui récompense les artistes contemporains. Mais alors on gagne quoi avec ce prix… roulement de tambours… 100 000 dollars ! Et accessoirement la possibilité d’exposer une œuvre dans le célèbre Guggenheim Museum de New York. Du coup maintenant vous vous demandez ce qu’a donc fait ce cher M. Feldmann de tout cet argent et bien il a simplement retiré l’intégralité de la somme en billets de 1 dollar et en a tapissé les murs du musée New Yorkais. Oui oui ! 100 000 billets de 1 dollar épinglés verticalement, parfaitement alignés, répartis sur neuf murs, d’une longueur de 45 mètres et d’une hauteur de 5 mètres. Je vous laisse imaginer le temps qu’il aura fallu pour réaliser cette brillante idée (13 jours exactement).

Au premier abord on peut trouver ce projet un peu étrange et inutile, des billets de banque simplement affichés sur un mur ou alors juger ça un peu déplacé d’afficher son argent de cette façon. Dans tous les cas l’œuvre de Feldmann déstabilise celui qui la regarde et le force à s’interroger.

Premièrement, de loin, la salle d’exposition semble juste être recouverte d’un crépis vert et blanc. Les visiteurs se questionne donc d’abord sur la nature de cette œuvre d’autant qu’elle est dépourvue d’explication, elle laisse donc imaginer ce qu’il veut à celui qui l’admire sur les intentions de son créateur. Il a tout de même expliqué son idée en disant, je cite :

« J’ai 70 ans, et j’ai commencé à faire de l’art dans les années 50. A cette époque, il n’y avait pas d’argent dans le monde de l’art. Donc pour moi, 100.000 dollars, c’est vraiment beaucoup. C’est vraiment incroyable, et je voulais montrer la quantité d’argent que cela représente » 

Pour ma part je trouve que ça va beaucoup plus loin que ça, ici les billets de banque sont utilisés comme matière première pour faire de l’art, comme pourrait l’être de la peinture, du plâtre, du métal ou n’importe quel autre matériau. Feldmann détourne complètement le billet en le réduisant au simple statut de médium. Cela nous questionne sur ce qu’est la valeur, car finalement les billets de banque ne sont que des objets, des bouts de papier finalement qui ont pour valeur celle que nous voulons bien leur accorder.

On peut également imaginer qu’à travers son affichage de monnaie Feldmann dénonce la folie du marché de l’art où certaines œuvres se vendent à des prix indécents. Ou alors est-ce une critique de notre société qui se veut profondément matérialiste et majoritairement dirigée par l’argent ?   

Ce ne sont que des interprétations, peut être qu’au final, une fois l’exposition terminée notre artiste a récupéré tous ses billets et s’est acheté une Rolex, allez savoir ?

Ce que j’ai personnellement apprécié dans le travail de cet artiste c’est sa simplicité terriblement efficace qui donne une œuvre puissante à la limite du mauvais goût, intrigante et soulevant une multitude de questions.

Iman Amrane, DNMADE 1Bij, décembre 2020

Plongez dans l’univers de La Flame !

La Flame ? Vous vous demandez sans doute de qui je parle… Si je vous dis Travis Scott j’espère en avoir éclairé certains ! Bon assez de suspens je vous en dis plus.

Travis Scott ou La Flame (un de ses nombreux surnoms) est un rappeur américain de 28 ans originaire de Houston au Texas. En vrai son nom c’est Jacques Berman Webster, un peu moins vendeur. Aujourd’hui c’est l’un des artistes qui vend le plus d’albums aux Etats-Unis. Ses albums se vendent à des millions d’exemplaires. Travis est une véritable icône du rap américain.

 

Rentrons dans le vif du sujet de cet article, l’été dernier Netflix a sorti un documentaire sur le rappeur intitulé « Look Mom I can Fly » traduction : « Regarde maman je peux voler » pour ceux qui auraient du mal avec l’anglais. Un titre plutôt accrocheur déjà.

Écoutant les chansons du rappeur et admirant le personnage c’est sans hésitation que j’ai regardé le documentaire dès sa sortie.

Attention ce documentaire n’est pas une biographie de l’artiste, c’est plus comme s’il voulait nous plonger dans sa vie en nous montrant des souvenirs. Parfois même des moments intimes.

Le documentaire est rythmé par des flashbacks de son enfance où on le voit faire ses débuts dans la musique avec son père, ses premiers freestyles. On a aussi des images du rappeur avec ses proches, des témoignages de sa famille. Des vrais moments de bonheur passés que Travis se remémore avec nous.

Ensuite on a le droit à des images exclusives de la création de son dernier album « Astroworld », des sessions studio, des moments d’écriture, ses réactions à l’écoute des premiers morceaux mixés de l’album. Pour les fans c’est un véritable plaisir !

La star nous emmène également dans sa plus proche intimité cela commence par des images de la première échographie puis de la naissance de sa fille Stormi. En passant par la séquence du joint fumé à la sortie de l’accouchement, vraiment sans filtre La Flame.

La majeure partie du documentaire est constituée d’images des nombreux concerts qu’il a réalisés. Des parallèles entre ses premières scènes jusqu’à sa dernière tournée avec des salles remplies de milliers de personnes.

C’est pour moi le plus impressionnant du documentaire, on voit l’artiste en osmose avec son public, dés son entrée sur scène il parvient à galvaniser la foule, il donne l’impression d’entrer en transe, une vraie bête de scène ! Il attache énormément d’importance à sa relation avec sa communauté, on le voit aller rechercher un fan qui s’est fait éjecté de la salle par la sécurité, chanter en duo avec certains, faire monter le public sur scène. L’énergie qui se dégage de ses concerts est incroyable. Les images donnent des frissons !

Le rappeur a réussi à se créer une véritable communauté, ses Ragers (nom donné à ses fans) l’adulent, un phénomène comparable au rock stars des années 60. Les témoignages à la sortie des concerts qui défilent le prouvent, on entend des fans affirmer que c’est le plus beau jour de leur vie, que Travis leur a sauvé la vie grâce à sa musique et leur donne envie de « devenir quelqu’un ». D’ailleurs le rappeur dit à un moment « Avant que je parte, je veux laisser un monde inspiré. Je veux laisser une trace d’inspiration« . C’est sans doute une mission accomplie.

Pour finir je vais vous donner mon avis sur le documentaire. J’ai trouvé la façon dont il est réalisé très intéressante, les séquences qui défilent sans ordre chronologique donnent vraiment l’impression d’être avec Travis et l’écouter nous raconter sa vie en rajoutant des moments quand ça lui revient.  J’appréciais déjà le rappeur, après avoir regardé ce programme je l’admire encore plus. Je l’ai trouvé inspirant, c’est un exemple même de persévérance, parti de rien il est aujourd’hui arrivé au sommet comme nous le suggérait le titre. De plus le rappeur se montre humble et considère vraiment son public. Il a réussi à créer un véritable univers je dirais même une Culture. Travis Scott est un véritable phénomène !

Si vous n’êtes pas adepte de rap et êtes réticents à ce mouvement je vous conseille quand même d’aller regarder « Look Mom I can Fly » juste pour voir un artiste passionné, débordant de créativité qui voue toute son âme à son art.

Ps : Pour les fans de streetwear et de joaillerie c’est un régal pour les yeux, les bijoux de la star notamment tous plus incroyables les uns que les autres !   

                   

Iman AMRANE – DN MADE 1 Bij – octobre 2020

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