Sound Of Sea

Quel que soit notre moyen de communication, les sons, par leur caractère universel, peuvent faire passer toutes sortes de message. Comme un bébé qui crie ou un oiseau qui chante, l’intensité et les variations sonores font ressentir, à n’importe quel individu, une sensation qui y est associée. De nombreuses émotions peuvent être citées, telles que la peur, la joie, la colère, la tristesse, la surprise et tant d’autres. Ces ressentis sont, pour n’importe quelles espèces, perçus de la même manière et engendrent plus ou moins des réactions positives ou négatives, mais nulle ne peut ne pas être sensible à ce phénomène.

L’histoire que je vais vous dévoiler commence le mercredi 3 avril 2019, par l’apparition d’une vidéo et d’un audio intriguant, postés sur les différents réseaux sociaux de l’apnéiste français Guillaume Néry, qui a, en quelques heures, enflammé la toile. Son post était accompagné du commentaire suivant :

« Étrange son entendu hier après-midi lors d’une plongée. Jamais entendu ça. Une idée de ce que ça pourrait être ? ».

Voici ce qu’il a enregistré au large de La Rochelle, n’hésitez pas à me dire en commentaire ce que vous en pensez ? :

Suite à cet événement mystérieux devenu viral, les internautes n’ont pas cessé de construire toutes sortes de spéculations, imaginant qu’il est question d’un kraken, d’un sous-marin rouillé, de chants de sirènes ou encore de Dory qui imite la baleine, comme dans le dessin animé « Le monde de Némo ». Je vous laisse choisir la version qui, selon vous, est la plus convaincante.

Je me suis demandée comment décrire ce son, mais est ce que cela est réellement possible ? Je me lance le défi alors,  sans perdre de temps pour essayer de vous le décrire le plus fidèlement possible. 

Il est d’ores et déjà question de bruits atténués et diffusés dans un milieu aquatique, d’où les sons issus du mouvement des vagues et de la rencontre de l’air et de l’eau. Le caractère rauque et inharmonieux des différents sons aux variations et intonations variables allant de l’aigu au grave, donnent une atmosphère inquiétante et oppressante. Pour ma part, à la première écoute, j’ai perçu des cris qui pourraient s’apparenter à de la détresse ou à de la peur, en tout cas, rien de très joyeux ou réconfortant.

Tout pourrait se finir ici et laisser place à un mystère de plus, dans notre monde si énigmatique. Mais cet incident n’est pas si anodin et est tout sauf laisser au hasard. Au contraire, il porte un message fort et, de par le choix de son mode de diffusion, touche un grand nombre de personnes.   

De toutes les suppositions émises à la suite du post, aucune ne détient la vérité, vous l’aurez probablement compris, mais alors de quoi s’agit-il ?

Il s’agit en fait, d’un signal issu d’un montage de sons enregistrés dans les profondeurs de l’océan. Cette campagne de Sea Sherpherd, l’ONG de défense des océans, baptisée Sound Of Sea, cache derrière trois mots simples un alarmant message subliminal, qui était devant vous, depuis tout ce temps. En prenant les premières lettres de chaque mot, nous pouvons lire « SOS », qui n’est rien d’autre que le message de détresse mondial. Cette initiative veut éveiller les consciences et montrer la vulnérabilité de la vie sous-marine. L’association explique avoir utilisé des cris d’une trentaine d’animaux marins victimes de la pêche : « une baleine harponnée dans l’océan Arctique, des baleines pilotes traquées sur les Iles Féroé, des dauphins pris dans les mailles d’un pécheur, l’agitation frénétique des bancs de poissons agglutinés dans les filets des chalutiers. » 

Cette juxtaposition de sons est censée symboliser le « cri d’alerte de l’océan ». Face aux échouages massifs de dauphins et à la surpêche des populations de poissons, l’association insiste sur la nécessité d’une action immédiate. À travers ce message, Sea Shepherd, avec la complicité de Guillaume Néry, demandent donc à chacun de diminuer sa consommation de poissons.

Une balise sphérique, plongée au large de la Rochelle, a été spécialement conçue pour émettre le son. Il ne portait qu’à une centaine de mètres, afin de ne pas perturber l’écosystème, selon les organisateurs.

Sea Shepherd explique : « Nous avons plongé cette balise près des côtes françaises pour que ce son soit enfin entendu par l’Homme.« 

Pour finir, je tiens à rappeler que la biodiversité marine est particulièrement fragile. D’après le WWF : « Nous prélevons davantage de poissons dans l’océan que celui-ci ne peut nous en offrir. Dans le monde, 31 % des stocks halieutiques sont surexploités, et en Méditerranée ce chiffre grimpe à 93 %. » Dans les années 1990 et au début des années 2000, la surpêche avait ainsi provoqué l’effondrement de 80 % des stocks de thons rouges de l’Atlantique et de la Méditerranée. Après une prise de conscience mondiale, les bateaux de Sea Sheperd avaient alors surveillé la pêche illégale pour aider à faire respecter les quotas. Avec Sound of Sea, l’ONG veut maintenant faire passer son message sur les réseaux sociaux et c’est réussit, vu l’engouement crée autour de cette action !
Selon les Nations Unies, si rien n’est fait pour contrecarrer le phénomène de la surpêche, les populations de poissons s’effondreront d’ici 2048. Pensez-y ? 

La sonnette d’alarme a été désormais tirée et, malgré les apparences, ce fléau concerne directement notre secteur d’activité. Certaines réglementations ont été fixées pour limiter ces atrocités, mais ne sont pas encore effectives dans tous les pays. Je pense notamment au galuchat, qui est un cuir de poisson provenant de la raie ou du requin. Ces espèces ne sont pas encore exclues de la surpêche. Parce que, oui, nous pêchons en premier lieu, les poissons pour leur valeur nutritive, mais pas que, leur valeur esthétique est aussi un aspect à prendre en compte qui rentre pleinement dans le processus. Faites alors attention,  tous les férues de joaillerie ou d’horlogerie, pour que vos prochaines créations soient empreintes d’éthique.

Merci d’avoir pris de temps de me lire, je vous laisse avec l’entièreté de la vidéo explicative, qui m’a incité à écrire cet article.  Je vous invite, à votre tour, à l’étudier scrupuleusement pour faire de demain une vie meilleure.  

BILQUEZ Jorane, Dnmade23JO, Décembre 2021

 

Quand l’art s’immisce dans notre quotidien

Qu’ils soient petits ou grands, écoliers, salariés ou chefs d’entreprise, tous ont eu, au moins une fois dans leur vie, l’occasion d’avoir à portée de main, un des stylos quatre couleurs, signé BIC.

Cet objet iconique et transgénérationnel continue de se réinventer depuis sa date de création en 1970. A cinquante ans, ce stylo est dans la fleur de l’âge : 200 000 produits sont fabriqués chaque jour, et il s’en vend de plus en plus chaque année. Depuis une dizaine d’années, ce best-seller s’est même diversifié, s’offrant de nouveaux designs et des couleurs plus originales. Il fait maintenant le bonheur des collectionneurs.

Dorénavant, attentive aux instruments d’écriture, suite à mon dernier stage effectué dans une entreprise spécialisée dans la fabrication de stylos,  ce nouvel événement  a retenu mon attention. De plus, il associe des maisons que j’affectionne ,  à savoir BIC, l’artiste français Richard Orlinski et la maison de joaillerie Tournaire. Cette précieuse collaboration est apparue en ce mois d’octobre 2021 et  m’a incitée à en faire part à un plus grand nombre, par le biais de cet article.

Force de caractère, métal sculpté de plusieurs facettes pour laisser la lumière jouer à son aise, diamants scintillants, lignes géométriques contrastent avec le plastique, blanc et sobre qui exhibe ses encoches de quatre couleurs, rouge, bleu, vert et noir. Voici le fruit de cette collaboration exceptionnelle et inattendue entremêlant trois univers : le populaire, l’art et l’exceptionnel. Une chose est sûre, on ne le retrouvera pas dans les trousses des enfants à la rentrée ! Il s’agit en fait de différents stylos. Une première collection intitulée « bronze » est déclinée en trois versions : bronze plaqué or jaune, bronze palladié blanc et bronze plaqué or rose, chacune numérotée à 999 exemplaires et proposée au tarif de 390 €. Elle est disponible sur les sites BIC, Richard Orlinski et Tournaire. Une seconde collection, en édition ultra-limitée, sera proposée en exclusivité dans toutes les boutiques Tournaire et sur son propre site internet. A savoir, une version en or et une version en or sertie de 202 diamants ; chacune est disponible en jaune, blanc ou rose, numérotée sur huit exemplaires. Elles valent respectivement, 11 500 € et 24 500 €, cette dernière version fait d’elle le stylo le plus cher du monde.

Cette revisite qui peut paraître de prime abord désuète, n’est en fait pas dénuée de sens. Pour en avoir la certitude, il faut tout d’abord que je vous explique comment cette œuvre est née et par-dessus tout par qui.

C’est d’abord une histoire de stylo qui dépasse de la poche… L’idée est née après une réflexion de l’attachée de presse de la Maison Tournaire observant que le directeur général avait toujours un quatre couleurs sortant de la poche, et lui faisant remarquer que c’était relativement inélégant. Celui-ci décide de customiser son propre modèle, en le « pimpant » façon Tournaire. Je vous laisse imaginer le résultat.

Forte d’une tradition familiale et d’un savoir-faire français mondialement reconnu, BIC a commencé simplement avec une vision et un stylo. L’objectif était de créer un produit répondant à un besoin fondamental des consommateurs : un outil pour écrire facilement et en douceur. Le résultat fut bien plus : BIC démocratisa l’art et l’écriture et donna à chacun le pouvoir de s’exprimer à sa                                                                            façon.

La Maison de joaillerie Tournaire a été fondée il y a près de 50 ans par Philippe Tournaire, dans la Loire. Autodidacte, son histoire et ses bijoux uniques alliant architecture et joaillerie l’ont amené à une renommée internationale. Reconnue depuis plusieurs dizaines d’années, notamment pour son ADN marqué et ses engagements forts, la Maison Tournaire possède un savoir-faire français unique, fruit de l’alliance des techniques ancestrales comme la fonte à cire perdue et des technologies les plus modernes comme la conception 3D. Avant-gardiste, la Maison Tournaire utilise l’impression 3D depuis plus de vingt ans. Ceci tout en figurant parmi les rares maisons de joaillerie réalisant ses bijoux entièrement dans ses ateliers, de la création, la conception au sertissage, en passant par la fonte ou le polissage. Au fil des années, Philippe Tournaire a transmis sa passion à son fils Mathieu qui véhicule aujourd’hui les valeurs fondamentales de la Maison. Il ne cesse de se dépasser et de développer son art dans des secteurs tels que la décoration et les objets d’art, tout en valorisant les savoir-faire précieux de la joaillerie française.

Richard Orlinski est depuis 2015, l’artiste contemporain français le plus vendu dans le monde. Animé par la volonté de démocratiser l’art et le rendre accessible au plus grand nombre, il puise son inspiration à travers la pop-culture, les objets du quotidien, le populaire. Rapidement, Richard Orlinski développe de nouvelles sculptures, souvent des animaux, tous symboles de liberté, de puissance et de passion. En résulte des oeuvres électriques, aux couleurs pop et au style facetté qui feront le tour du monde. Très vite, exposer ses œuvres aux dimensions souvent spectaculaires, dans des lieux insolites et à ciel ouvert devient sa marque de fabrique. L’artiste s’intéresse à tous les moyens d’expression et son art ne connaît aucune frontière. En 2021, il est nommé Officier de l’Ordre des Arts et des Lettres par la Ministre de la Culture Roselyne Bachelot-Narquin.

A travers cette collaboration, il témoigne encore une fois de son envie de populariser son art, plus encore, d’amener l’art dans notre vie quotidienne de la même façon que BIC à ses débuts. En s’associant, les trois maisons affirment leur audace et expriment leur expertise. Elles sont toutes motivées par un but commun qui est d’arborer le made in France et de faire d’une icône populaire, une véritable œuvre d’art.

Amoureuse et férue de  joaillerie, j’adorerais posséder un de ces joyaux pour sa technicité et le message qu’il véhicule, mais il est vrai que son prix peut restreindre le désir, il s’explique selon Mathieu Tournaire, car :

« Ce sont de véritables œuvres d’art qui sont fabriquées dans nos ateliers par des humains et non par des machines. Elles ont demandé de nombreuses heures de travail et de savoir-faire. Ce savoir-faire justifie pleinement son prix ».

Il reconnaît aussi que « Ce sont des collectionneurs qui les achètent » et que ces stylos ne sont, de ce fait, pas accessibles à tous. Joaillère de métier, je comprends pleinement son point de vue, mais c’est vrai que, pour certaines personnes, la démocratisation de l’art peut être remis en cause. Initialement, ce stylo est voué à être recyclable, il devient par l’apport de matériaux précieux inaltérable et incassable.

Nous pouvons aussi nous questionner sur la présence de clientèle pour ce genre de produit. Nous ne le répétons peut-être jamais assez, mais un produit lambda peut devenir un objet véritablement désirable dès lors qu’un artiste pose sa main dessus, peu importe sa valeur intrinsèque de départ. Si l’objet à son importance, la marque, la touche, le geste qui vont y être apposés, peuvent rendre un produit populaire tout à fait exceptionnel et original. La clientèle n’est donc pas manquante et est même foisonnante.

Pour finir, je vous laisse avec toutes les étapes de fabrication de ces petits bijoux qui parleront à nombreux et nombreuses d’entre vous, je l’espère. Merci d’avoir pris le temps de me lire et de découvrir, à travers cette présentation, l’intérêt et les enjeux qu’ont suscité cette révélation. 

Bilquez Jorane, Octobre 2021, Dnmade 2

Quand l’implicite dépasse la figuration

Nous savons pertinemment que certaines œuvres ne sont pas seulement intéressantes dans leur figuration mais dans le message qu’elles veulent faire passer, et parfois même, indépendamment des intentions primaires de l’artiste. L’histoire de l’œuvre peut, dans ce cas, résider dans toutes les spéculations et les interprétations que chacun peut faire d’elle.

Celle que je vais vous présenter aujourd’hui est un bon moyen de vous transporter dans un sujet actuel mêlant deux domaines, à savoir l’art et la géopolitique, ce qui a sûrement guidé mon choix, tout en utilisant toutes sortes de métaphores qui, je l’espère, susciteront votre attention. Cette double lecture vous permettra d’analyser une œuvre et d’appréhender de manière plus ludique un terrain souvent hostile.

Il s’agit de l’œuvre fortement controversée « Beijing 2008 », qui est une peinture à l’huile de l’artiste Skino-Canadien Liu Ly en 2005. Elle fut initialement intitulée « Femmes au Mah-jong ». C’est lors de sa première exposition, en mars 2006 à New York, que l’artiste l’a renommée ainsi du fait du symbolisme qui en ressort : les Olympiades sont appelés par les Occidentaux « Les Jeux », et le Mah-jong, en est aussi un.

Quand on analyse une œuvre, on nous incite souvent, en premier lieu, à dire ce qui est dénoté, ce qui est distinctement indiqué, ce que j’ai fait et dans mon cas, je voyais une scène à la limite de l’érotisme dévoilant cinq personnages féminins quasiment tous nues, réunies autour d’un jeu, qui pour certaines semblent complètement désintéressées. Et vous qu’en pensez vous ?

On nous demande par la suite d’essayer de trouver ce qui est connoté, ce qui n’est pas exprimé de façon directe, et c’est souvent là que cela se complique. Scruter chaque détail, c’est faire appel à nos connaissances pour comprendre l’œuvre et ce que l’artiste veut peut-être nous transmettre. Cette tâche se révèle difficile. Essayer par vous-même avant de lire la suite ! C’est plus compliqué que ça en a l’air, n’est-ce pas ?

La peinture expose les relations d’intérêt entre plusieurs pays dont la Chine, l’Amérique, le Japon, la Russie et la Taïwan. Et vous allez sûrement me dire comment ça ? Attendez je vais vous l’expliquer. Vous voyez cette femme à demi nue qui nous tourne le dos, ce dos tatoué d’un phœnix représente en réalité la Chine, celle qui se trouve à sa gauche, semblant être intensément concentrée sur le jeu est le Japon. Celle avec la chemise et la tête armée sur le côté, paressant inquiète avec un soupçon d’arrogance est l’Amérique. La Russie est,quant à elle, allongée de manière provocante sur le sol. Pour finir, la petite fille debout sur le côté est la Taïwan de par son bellyband rouge.

Cette scène décrit la situation internationale et incarne l’idéologie du post-colonialisme dans ses images et ses personnages. Elle défit l’eurocentrisme (le point de vue des colonisateurs qui soutiennent que l’Europe est le centre du monde et que les Occidentaux sont supérieurs aux autres peuples du monde). Cette vision est renforcée par le fait qu’elles jouent au Mah-jong, non seulement parce que ce jeu implique de l’habileté, de la stratégie, et de la sérendipité, mais aussi parce que la Chine, d’où le jeu est originaire, est également la joueuse survivant le plus longtemps dans ce théâtre géopolitique. La dame bien habillée montre que l’eurocentrisme ou l’Amérique-centralisme est en danger. Son expression inquiétante, tournée vers la Taïwan, lui demandant comment jouer la prochaine tuile ou qu’est-ce que la Russie et la Chine font, montre qu’elle est faible et ne sait pas exactement quoi faire à la prochaine étape. Dans une certaine mesure, cela indique que les avantages des colons sont absents. En outre, les téléspectateurs scrupuleux peuvent constater que la dame américaine ne porte pas de pantalon et n’a pas de tissu pour couvrir sa partie privée. Il s’agit d’une métaphore indiquant que l’Amérique est en fait faible, pas aussi forte et élégante qu’elle le montre au monde. Le ciel lourd à l’extérieur de la salle est une métaphore montrant qu’il y aura une tempête qui peut rapidement changer le modèle du monde : en d’autres termes, la Chine et l’Amérique peuvent être prochainement en conflit. Lorsque vous reliez les conflits avec le jeu Mah-jong, il peut être raisonnable de penser qu’il est le reflet de ces puissances mondiales. Par conséquent, si la dame américaine peut gagner le jeu Mah-jong, elle peut maintenir sa position dominante dans le monde. Est ce que cela est réellement possible ? Comme le montre la peinture, la probabilité de gagner est faible. Les raisons sont les suivantes : tout d’abord, elles jouent au Mah-jong dans une chambre chinoise, les gens chinois dominant les règles du jeu. Deuxièmement, la dame russe aide la dame chinoise en trichant. Avec l’aide de la russe, la dame chinoise a plus de chances de gagner. Après la forte tempête, la Chine, le pays colonisé, pourrait faire sa marque et renverser le modèle mondial traditionnel.

En un mot, en utilisant un grand nombre de signes, de codes et de métaphores, le peintre souligne la faiblesse de l’Amérique et la force et les avantages de la Chine. Après avoir regardé la peinture, les spectateurs auront spontanément l’impression que le monde n’est plus un monde qui  est dominé par le peuple occidental.

Nous pouvons quand même souligner que lorsque les signes culturels et les pratiques des cultures colonisées et colonisant se mélangent ou s’intègrent, l’hybridité culturelle se produit. Ce phénomène est admirable partout dans cette peinture, comme le montre le fait que les femmes portent de la dentelle qui a été inventée par les Occidentaux alors qu’elles jouent au Mah-jong, assises sur un tapis et dans une maison traditionnelle chinoise. L’hybridité est également montrée par la représentation de la tête accrochée au mur. Elle est issue d’un mélange de trois figures de l’histoire des cent dernières années chinoises. A savoir, Sun Yat-sen et Chiang Kai-shek qui avaient des pensées occidentales, telles que les trois principes du peuple (nationalisme, démocratie, moyens de subsistance du peuple), et Mao Zedong, communiste russe. Les trois personnes sont mélangées, ce qui indique que les cultures orientales et occidentales sont intégrées ensemble.

Ce que nous pouvons retenir de tout ça, c’est que la peinture remet non seulement en question les concepts de l’eurocentrisme en mettant en évidence la faiblesse de l’Amérique et la force de la Chine, mais montre également l’hybridité culturelle causée par le colonialisme. L’hybridité se reflète principalement dans les scènes et les personnages diversifiés et contradictoires, ainsi que par la représentation mixte de la tête.

En vous remerciant d’avoir pris le temps de me lire !

BILQUEZ Jorane, Dnmade1, Avril 2021

Besoin de retrouver ton visage, vos visages…

Nous pensons à tort que seul le regard est le portail de l’âme qui permet d’entrevoir et de transmettre nos émotions.

Mais voilà, depuis maintenant plus d’un an, l’apparition d’un virus appelé la Covid-19 a frappé notre pays et plus largement l’entièreté de notre monde, vous n’êtes pas sans le savoir, à part si vous habitez dans une grotte,  car ce nom pourtant inconnu auparavant est désormais sur toutes les lèvres. Pour nous protéger, protéger ceux qu’on aime et ceux qui nous entourent, il est maintenant obligatoire de porter constamment un masque. Oui, on parle ici de ce petit rectangle à élastiques souvent bleu, parfois en tissu, qui peut être aussi  réalisé, même si cela est présentement interdit, avec des slips de papi ou encore des vieux linges de mamie. Oui oui cela existe, croyez-moi ! Cet outil indispensable est devenu en l’espace de quelques mois, pour certains, notre meilleur ami et pour d’autres, notre pire ennemi du quotidien. Nous pouvons tous nous mettre d’accord que son port est nécessaire, quoique plutôt désagréable. Il empêche surtout de voir la partie basse du visage. Cette zone pourtant si banale est composée des joues, du nez, du menton et principalement de la bouche. De plus, Bea de Gelder, professeure à l’Université de Maastricht, explique qu’il n’est pas naturel pour les êtres humains de dissimuler leur expressions faciales avec un masque. « Le contact social est aussi essentiel pour survivre que manger et boire« , il améliore notre santé mentale et physique, notre immunité et réduit notre stress. Cette période nous aura bien appris quelque chose, c’est que les émotions ne se lisent pas que dans les yeux. Cet éclat de rire, cette moue après une dispute, ces petites joues rouges, si essentielles en temps de St Valentin, cette bouche ébahie d’étonnement, tous ces gestes nous manquent et compliquent nos relations avec les autres. Cet aspect, si  important du comportement et de la communication non verbale, est dissimulé et même parfois pour certains oublié.

C’est pour cela qu’aujourd’hui, je profite de cet article pour vous montrer le travail de Jay Weinstein. Vagabond d’origine australienne, il est guide de voyage mais surtout photographe et nomade numérique spécialisé en Inde. Son travail est remarquable et nous permettra de prendre un petit bol d’air frais en admirant quelque chose que nous avions pourtant acquis et que nous avons indéniablement perdu. Comme quoi, il ne faut jamais se reposer sur ses acquis ! Cette citation prend ici tout son sens.

Alors, je leur ai demandé de sourire”. Voici le nom de ce projet touchant, pétri de simplicité mais non dénué d’efficacité. Il consiste à photographier des inconnus dans la rue avant et après leur avoir demandé de sourire. Démarré en Inde il y a 6 ans, le projet “So I asked them to smile” prend de plus en plus d’ampleur. Aujourd’hui, plus de 1 000 inconnus dans 6 pays différents ont accepté de poser pour le photographe (Inde, Singapour, Australie, Kenya ou encore le Népal). Cela permettra aussi de voyager un peu en appréciant la diversité de notre magnifique planète. A travers nos écrans bien sûr ! Covid oblige. La plupart des clichés sont partagés sur le compte Instagram officiel @soiaskedthemtosmile et certains ont été exposés dans plusieurs galeries, comme le Jehangir Art Gallery à Bombay en décembre 2018.

                                                 Khonoma, Nagaland, Inde

Le Dalaï-Lama a dit : « Un simple sourire. C’est le début de l’ouverture de votre cœur et de la compassion envers les autres ». Les sourires ont la capacité de changer une journée, et pas seulement pour celui qui sourit, mais aussi pour ceux qui voient ou reçoivent un sourire. Ce n’est qu’une simple expression, et pourtant, c’est peut-être la plus puissante, car c’est la plus positive.

La réponse derrière chacune de ses photographies est qu’un sourire change tout, et pas seulement l’humeur, mais même l’image entière du sujet. Ses photos montrent également qu’un sourire est unique à chaque individu et qu’il est parfois difficile de savoir à quel point les gens sont beaux quand ils sourient jusqu’à ce qu’ils le fassent.

                             Kerala, Inde                                            Shanghai, Chine

« Ce projet de photographie me force à affronter mes peurs et à approcher des personnes que je ne connais pas. Cela m’oblige à remettre en question mes idées préconçues et à apprendre encore et encore à quel point mes hypothèses sont inexactes. »

A travers ces portraits Jay Weinstein retient que « nous avons tous beaucoup plus en commun qu’on ne le pense et qu’il continue à regarder ces sourires humains se connecter à travers les barrières que la classe, le statut économique, l’ethnicité, le sexe, la religion ou les origines créent ».

Pour finir, en attendant de pouvoir faire tomber les masques, n’oublions pas comme le rappelle dans son livre d’amour, Raoul Follereau, « un sourire ne dure qu’un instant, mais son souvenir est parfois éternel« . Je vous incite donc, à faire appel à vos souvenirs pour vous redonner le sourire !

Jorane Bilquez, Dnmade 1 Jo, Février 2021

Les momies n’existent pas qu’en Egypte

Pour les âmes sensibles, je vous conseille de ne pas lire cet article et de passer votre chemin car, au plein cœur de la Sicile, les frissons sont garantis. Je vous l’assure, j’en ai moi-même fait les frais.

Préparez-vous, je vais aujourd’hui, vous parler d’une visite qui a marqué ma vie et qui, je le pense, marquera quiconque aura la chance de s’y rendre ou juste de me lire. Entre fascination et effroi, ce lieu reste indéniablement un trésor archéologique et un témoignage des pratiques des époques antérieures. Êtes-vous prêt à embarquer, avec moi, dans ce souvenir d’octobre 2019 qui, je l’espère, vous plaira ?

Ma curiosité quelque peu morbide m’a poussé lors d’une escale à Palerme en Italie à franchir les portes du macabre trésor des catacombes des capucins. Oui, vous connaissez peut être celles de Paris, mais celles-là, sont davantage déconcertantes, croyez-moi ! Amateurs de sensations fortes,  je vous invite alors à continuer à lire pour découvrir l’histoire de ces lieux.

Passer la lourde porte, un escalier de pierre descend vers la crypte, dans un froid glacial et dans une pénombre contrastant avec l’éclatant soleil sicilien. Une odeur écœurante de souffre et de moisissure nous submerge soudainement, tandis que le silence accablant pèse comme un reproche intime que l’on s’adresse pour avoir cédé à la tentation du macabre.  Enfin, quand on trouve le courage de lever les yeux, on découvre environ 8 000 cadavres momifiés suspendus aux murs, comme à des crocs de boucher. D’un pas lourd et résonnant dans les galeries souterraines, on commence à traverser timidement les différentes allées où sont répartis distinctement les hommes, les femmes, les enfants, les moines, les prêtres, les professions libérales…

Les corps sont comme figés dans le temps, leurs expressions témoignent du jour où ils sont partis. Guy de Maupassant, en 1890, a relaté sa visite, force est de constater qu’en 130 ans rien n’a changé car c’est réellement ce que j’ai vu et ressenti ce jour là.

« Tout à coup, j’aperçois devant nous une immense galerie, large et haute, dont les murs portent tout un peuple de squelettes habillés d’une façon bizarre et grotesque. Les uns sont pendus en l’air côte à côte, les autres couchés sur cinq tablettes de pierre, superposées depuis le sol jusqu’au plafond. Une ligne de morts est debout par terre, une ligne compacte, dont les têtes affreuses semblent parler. Les unes sont rongées par des végétations hideuses qui déforment davantage encore les mâchoires et les os, les autres ont gardé leurs cheveux, d’autres un bout de moustache, d’autres une mèche de barbe… ».

Faisons maintenant un petit point d’histoire. En réalité, il ne s’agit pas au sens strict de catacombes, puisque aucun martyr chrétien n’y a jamais été inhumé, mais d’un cimetière souterrain remontant au XVIe siècle, aménagé dans la crypte des capucins. C’est à quelque chose près identique, n’est-ce pas ? Ce sont aussi eux, qui ont donné leur nom à une célèbre boisson, j’ai nommé le cappuccino !  Cette crypte montre que la momification était une marque de prestige social que l’on a pratiquée en Italie. La pratique était au début réservée au clergé, elle s’est par la suite étendue aux laïcs, pour enfin être ouverte au grand public, cependant cela restait quelque chose d’assez onéreux.  Mais il faut voir avant tout une réaction des hommes envers la peur de la mort en cette époque baroque souffrant de guerres incessantes et d’épidémies chroniques. Être embaumé plutôt qu’inhumé, était une forme de vanité afin de tromper la mort. Le plus souvent, les cadavres étaient desséchés dans les cellules situées le long des couloirs de la nécropole, grâce aux conditions atmosphériques propices conférées par la nature tufière du sous-sol, avant d’être lavés au vinaigre et embaumés, puis habillés pour l’éternité. Comme dans tout cimetière, les familles venaient rendre visite à leurs chers disparus et prier pour leur salut, réconfortées par la présence de la dépouille momifiée. Les moines entretenaient les catacombes grâce aux dons des familles.

Un des cadavres, qui est s’en doute le plus déstabilisant, est celui de Rosalia Lombardo qui était âgée de deux ans lorsqu’elle est décédée le 6 décembre 1920, emportée par une pneumonie. Surnommée « la belle au bois dormant », elle est le dernier visage que l’on voit avant de sortir rejoindre le monde des vivants, car oui vous l’aurez compris, cette crypte, c’est un peu comme un grand vestiaire de l’au-delà. Alors, c’est également avec lui que nous allons nous quitter car l’article est sur le point de s’achever. Vous êtes sûrement soulagé et je le comprends, allez courage, il ne reste que quelques lignes ! Rosalia ressemble à un ange paisiblement endormi pour l’éternité. La forme de son visage rond, sa peau, son teint de bébé, ses boucles et ce petit nœud jaune dans ses cheveux blonds sont bien trop réels pour ne pas se sentir mal à l’aise devant la vitre du petit cercueil. L’auteur de cette prouesse se nomme Alfredo Salafia.  Il emportera dans sa tombe, la formule qui servit à cette étonnante et troublante conservation.

Voilà, c’est la fin de ce petit voyage riche en émotions, en espérant que vous n’allez pas faire de cauchemars cette nuit. J’espère également que ce retour d’expérience ne vous aura pas trop effrayé et dégoûté mais plutôt enrichi.

Je vous remerciant d’avoir pris le temps de me lire.

Bilquez Jorane, Dnmade 1 Jo, Décembre 2020

Effrayant beau, sacrément délicieux

Ne vous y méprenez pas, il n’est pas question aujourd’hui de vous exposer les répercussions que produisent le tabac chez l’Homme. Même si je dois l’admettre, cela est d’actualité et représente un réel impact sur la santé. Malgré tout, ce n’est nullement de ce sujet que je vais vous parler maintenant, mais d’une surprenante et déstabilisante réalisation. Je l’avoue de prime abord, cette œuvre est plus ou moins intrigante et déconcertante et ramène instinctivement au fait de fumer par la présence de ce cendrier et de ces nombreuses cigarettes. Et pourtant ! Pour ma part, le premier contact avec elle m’a fait passer par moultes émotions : de la surprise, au dégoût, jusqu’à l’admiration. Vous verrez ! Vous m’en redirez des nouvelles ! Le spectateur ne peut qu’être submergé par une multitude de questions qui ont plus ou moins de réponses ; le laissant perplexe, en l’amenant définitivement à l’émerveillement. 

Arrêtons de faire durer le suspense plus longtemps… Et si je vous disais qu’il s’agit en réalité d’une pana cotta à la vanille, gel de lapsang fumé et poudre de meringue et de chocolat. Est-ce que cela vous parle plus ? Toujours pas ! Allez je vous aide… Le trompe l’œil ça vous dit quelque chose? Et oui, cette illusion parfaite est l’œuvre de Ben Churchill. Rien à voir avec l’homme d’Etat britannique de par son nom. Ne serait ce que sa nationalité. 

En effet, ce pâtissier virtuose britannique est surnommé Food Illusionist. Il confectionne des gâteaux en trompe l’œil originaux et détonants. Sa particularité est de préparer des desserts qui imitent à la perfection des objets de notre vie de tous les jours. Mais, en poussant le vice encore plus loin, il a choisi les éléments les moins glamours de notre quotidien. L’autre facette de son art est d’élaborer des pâtisseries qui imitent des plats salés ou sucrés mais en version avariée. Son but est alors de revisiter des desserts traditionnels, mais en version trash les rendant à la fois dégoûtants, fascinants et intensément gourmands.

Aujourd’hui, ce chef autodidacte expose ses créations sur le net, via Instagram (avec plus de 70 000 abonnés), Facebook (plus de 100 000 fans) et Youtube. Devant le succès rencontré, il a même publié en 2017 un livre intitulé Food Illusion vol. 1.

Cette œuvre met en avant un paradoxe qui présente deux formes de vices, l’un lié à la cigarette et l’autre à la nourriture, montrant en somme deux mauvais penchants, des défauts que réprouvent la morale sociale.

Je vous invite, amateur de cuisine ou de sensation, mais aussi tout bonnement par curiosité à visualiser sa recette ainsi que d’autres si cela vous intéresse. Bon appétit!

Je n’ai malheureusement pas eu le privilège de goûter à ces fabuleux desserts mais selon ceux qui l’ont déjà fait, la satisfaction ne se trouve pas seulement dans le visuel mais également dans le goût. Les saveurs se mélangent si parfaitement entre elles, qu’elles forment un tout pétri de gourmandise. Nous contredisons donc la célèbre phrase, tout ce qui est beau est bon. Ben Churchill casse ainsi les codes en offrant à ses clients un visuel déroutant tout en faisant honneur à l’art de la pâtisserie.

Je vous laisse découvrir quelques unes de ses créations qui ne cessent ne nous faire froid dans le dos.

Vous n’êtes pas sans savoir, si vous m’avez lu jusque là, que ceci n’est pas une éponge. Je vous présente ici un gâteau à l’huile, accompagné de sa chapelure à la menthe, mousse de lait sucrée et purée de pommes au four. Cette recette est celle qui l’a fait connaître. Elle est présente dans son livre, il ne reste plus qu’à épater vos convives lors de repas en leur faisant déguster cette éponge comestible qui les surprendront à coup sûr.

La pâtisserie est un monde où la création n’a désormais plus de limites. Il s’est donc attaqué à représenter certains légumes, fruits qui ne sont en réalité rien de ce qu’ils paraissent. Mais vous commencez à connaître le personnage n’est ce pas ! Regardez ! Ces créations ont l’air tout droit sorties du jardin.

             Le Pot Renversé                           Les Champignons                       La Plante                                                     Gâteau au chocolat et à la            Friandises à la noix de coco       Betterave, brownie au chocolat,                betterave                                                                                                    mousse au chocolat, feuilles de menthe           

Vous êtes sûrement comme moi, tous ces ingrédients vous ont bien mis l’eau à la bouche, cela a éveillé vos papilles gustatives et vos yeux ne sont désormais plus trompés… Attendez, je vais vous montrer des desserts qui sont quelques peu déconcertants et repoussants. Excusez-moi d’avance, mais j’étais obligé, tellement la ressemblance est troublante. Voilà les derniers pour la route je ne pouvais pas les ignorer! Quel beau spectacle!

Le Fruit Pourri                              Les Ecrous et les Boulons                      Ver de Terre                                    Parfait à l’orange, poudre de       Chocolat, banane                                        Gâteau au chocolat, gelée de        meringue au chewing-gum                                                                                  fraise et ganache chocolat                                                                                                                                                menthe

Alors pour conclure, seriez-vous réticent à l’idée de déguster une orange moisie, des champignons à la noix de coco, ou une plante verte à dévorer avec sa terre ? Si vous préférez, vous pourriez également retrouver des clous et des écrous à déguster dans votre assiette. Très réalistes, ces desserts trompent autant l’œil que l’estomac. Une nouvelle expérience culinaire plutôt originale qui ne cessera de jouer avec nos sens. L’illusion d’être autre chose.

Bilquez Jorane Dnmade 1 Jo, octobre 2020