Sesame Creep

 

 

Don’t Hug Me I’m Scared est une micro série d’animation créée par Beck Sloan et Joseph Pelling, comptant six épisodes sortis entre 2011 et 2016.

D’abord publiée sur le site des réalisateurs, la série sera ensuite postée sur YouTube et Vimeo où elle se fera réellement connaître, bien que difficilement à ses débuts. En effet, les épisodes ne sortiront qu’avec de très grands écarts entre eux (jusqu’à trois ans entre le premier et le deuxième épisode), ce qui ne facilitera pas la création d’un public régulier. Cependant, et malgré une attente interminable entre les épisodes et une saison deux annoncée depuis plus de trois ans, le show continue d’être visité et d’accroître sa popularité. 

 

<< This is like someone wanted to make a children show, but had no clue what a child was. >>

 

Dans la même veine que Sesame Street ou les Muppets, DHMIS se présente comme un show pour enfants. Couleurs vives, musiques joyeuses, accessoires en feutrine… tout laisse à croire que le show est à destination d’un jeune public. Le thème des vidéos porte aussi à confusion sur ce point et scénarise chaque épisode sur les notions de créativité, du temps, de l’amour, de la curiosité ou de la nourriture. 

Si le premier épisode est le plus simple en termes de scénario, et se constitue seulement d’une musique, c’est aussi le plus représentatif de la série, et de ce qu’on peut s’attendre à y voir. Il commence par un rapide plan de la pièce principale de la maison que partagent Red Guy, Duck et Yellow Guy, dans un silence seulement coupé par le tic tac d’une horloge. Les trois personnages sont assis à table sans bouger ni parler, quand soudain un bloc note présent sur la table commence à chanter. Si la chanson commence gaiement et semble parler à un jeune public, on se rend vite compte que quelque chose cloche. Premièrement, Yellow Guy se fait persécuter par le bloc note, et n’arrive jamais à faire quelque chose de bien (sa couleur préférée n’est pas créative, il n’a pas le droit de peindre…), ensuite, la musique prend un tout autre ton, et sombre assez rapidement dans un chaos où les personnages changent en des version d’eux même beaucoup plus dérangeante, les plans deviennent plus rapide et l’ambiance générale tourne presque au cauchemar.

L’épisode prend fin par l’arrêt brutal de la musique et par le bloc note que chante une dernière fois : Now let’s all agree to never be creative again, et par sa fermeture avant que la vidéo ne se termine.

 

<< This video absolutely scarred me as a kid. >>

 

Jusqu’à l’épisode 4, tous les épisodes suivent à peu près la même construction. Les protagonistes s’ennuient ou se posent une question, et quelque chose, objet ou animal, interviendra avec une musique “éducative” qui finira forcément par dégénérer pour au moins un des personnages (en particulier pour Yellow Guy qui sera toujours une victime de ces musiques). Les épisodes cinq et six marqueront une sorte de rupture avec les précédents, et seront les plus intéressants pour comprendre l’histoire de DHMIS. Histoire encore assez mal comprise, et qui sera surtout décryptée à travers des théories s’appuyant non seulement sur la série, mais aussi sur les informations disponibles sur le site qui lui est dédié, et sur les autres vidéos de la chaîne YouTube sur laquelle les épisodes ont été postés, Help et Help #2.

 

J’ai du découvrir cette série au lycée, alors que la première saison n’était pas encore achevée, et c’est sans doute la série de vidéos disponible sur YouTube dont j’attends la suite avec le plus d’impatience. La qualité des vidéos est impressionnante, les accessoires et personnages sont particulièrement réussis, et les musiques sont mine de rien très prenantes. C’est une série que je conseille fortement aux amateurs du genre, et même s’il faut parfois avoir le cœur bien accroché (en particulier pour l’épisode 2 et 5), c’est une expérience de ce qu’il se fait de mieux -à mon goût- pour une micro-série amateur, bien que vu la qualité de la production, ça n’ait rien d’amateur. 

Le plus intéressant derrière DHMIS, ce n’est pas vraiment ce qu’il y a en surface, mais c’est toutes les informations cachées pour comprendre le show et ce qu’il raconte vraiment. Si ça vous intéresse, il y a quelques vidéos très bien faites qui essaient de regrouper le maximum d’informations et d’interpréter la série au mieux sur la chaîne de The Film Theorist sur YouTube (c’est en anglais par contre).

 

<< We should make an aesthetic out of this “kidcore goth” or “crafty gore” it would be called something like that. >>

 

 

Girard Joséphine, DNMADe 2 bij

L’art de pouvoir (presque) tout faire avec les moyens du bord

Produite par le studio Droog Design (Marijn Van der Poll, Frank Tjepkema, Peter Van der Jagt, Marti Guixé, Thomas Bernstrand et Jurgen Bey) en 2000, Do Create est une expérience guidée à destination d’un usager plus « modeste » que ce que laisse le plus souvent entendre le monde de l’art en terme d’appréciateurs.

Plusieurs types d’objets et d’accessoires sont donc accessibles derrière un label complètement vide de sens, avec la volonté de laisser son propriétaire en trouver un par sa propre expérience et son vécu, et grâce aux expérimentations qu’il pourra en faire.
Ainsi, à partir d’un panel d’objets similaires, nous nous retrouvons en bout de course avec une panoplie de réalisations toutes différentes et adaptées aux besoins de celui qui l’aura modelé à sa façon.

Nous avons par exemple Do Hit, un cube creux d’acier inoxydable fait de tôles de 1mm d’épaisseur, qu’il faudra venir frapper à l’aide d’une masse afin de modeler le métal pour obtenir au final une assise. Le client devient alors le co-concepteur de ce projet en devenant acteur de la conception de cette assise. Ce projet permet l’implication du client et lui apporte également une fierté personnelle de créer/ former son mobilier. C’est alors un objet unique édité en édition limitée.

Dans le même genre, Do Frame est un ruban adhésif d’imitation baroque permettant de donner un air luxueux à n’importe quelle photo sans effort.

Do Scratch quand à lui est une lampe recouverte d’un revêtement noir à gratter pour dévoiler la lumière, et donc créer n’importe quel motif grâce à cette dernière et avec n’importe quel accessoire permettant d’enlever la matière à la manière d’un jeu à gratter.

Do Swing, permet en toute simplicité de se balancer dans sa propre maison, et Do Break de passer ses nerfs sur un vase prévu à cet effet.

L’usager devient inter-acteur de ces objets, ce dernier servant presque d’ « outil » dans la conception finale d’une oeuvre qui ne se limite qu’à l’espace de la maison ou de l’atelier qui l’accueillera à la fin du processus de création.

Destiné à une population prolétaire, Do Create ne cache pas ses intentions avec sa campagne de publicité mettant en scène des situations du quotidien comme si elles avaient été prises en photos par un membre de la famille ou un ami proche, sans faux semblants et fioritures (un homme diablement fier d’avoir sué sang et eau pour une chaise, Tony qui gratte à la fourchette sur sa lampe ou encore une femme en peignoir sur le point de balancer un vase au visage de son compagnon).

Droog accorde une grande importance au processus de fabrication qui se veut anti-disciplinaire et en se concentrant sur les questions qui affectent la société et ses habitants.

Le « processus est la clé ».

GIRARD Joséphine, 2 DNMADe bij – Février 2021

Bagarres, duels, tortures, vengeances, géants, monstres, poursuites, évasions, grand amour, miracles…

Aujourd’hui, laissez moi vous parler d’un film (et d’un livre) qui m’obsède depuis toute petite.

Paru en 1976 Princess Bride est un roman de fantasy de Simon Morgenstern, un écrivain florin, abrégé et commenté par William Goldman.

Adapté au cinéma en 1987 par Rob Reiner avec un scénario de W. Goldman, le film reçut une critique plus que favorable, malgré une faible portée médiatique.

Le film tiendra compte des commentaires de Goldman sur le livre, et recréera une scène de sa propre enfance où, étant malade, son grand père venait lui faire la lecture dudit livre. D’abord ennuyé par l’activité, l’enfant se laissera petit à petit emporter par le récit.

Dans ce film (la version abrégée donc) nous suivons les aventures de Bouton d’Or, paysanne puis princesse kidnappée, Wesley, l’amoureux valet de ferme, Vizzini, sicilien malhonnête, Inigo Montoya, épéiste sorcier en quête de vengeance et Fezzic, poète géant un peu simple.

Pour résumer brièvement, Bouton d’Or est la plus belle femme du monde (cf. le livre) et est dévastée par la perte de Wesley. Elle va donc quelques temps après épouser le prince héritier du royaume de florin mais va se faire enlever juste avant son mariage par trois vilains, Vizzine, Fezzik et Inigo. Un mystérieux  »homme en noir » les suivra pour tenter de leur reprendre la princesse, mais je vous laisse découvrir la suite de vous même si ça peut vous intéresser !

Même si l’histoire reste simple et prévisible, elle reste très drôle, émouvante et bien pensée. Cette satire du genre de romance prince-princesse est un excellent choix de film de réconfort, et reste largement appréciable même après une centaine (et je n’exagère presque pas) de visionnages (et n’oublions pas de préciser que c’est ce film et son style de narration qui ont lancé le genre du récit  »raconté » à la How I meet your mother !)

ps : La VF est mieux que l’originale.

Joséphine Girard, DNMADe 2 Bij – Décembre 2020

Le savon, pas qu’une question d’hygiène

Fin Avril, à l’occasion de Marseille Provence 2013, se tient sur le parvis du J1 une installation assez particulière vite appropriée par les passants.

Fabriqué par la compagnie Générik Vapeur, un véritable savon de Marseille de trois mètres de haut et ne pesant pas moins de 17 tonnes se dresse sous le soleil.
Conçu pour être une sorte de clepsydre temporelle, le savon est là pour se désagréger au fil du temps, craquelé par le soleil et fondant sous la pluie et le filet d’eau qui s’écoule par un robinet géant placé au dessus déversant de l’eau une minute par heure.

Coutumier aux projets de grande envergure, Générik Vapeur s’était déjà illustré pour sa participation au festival Waterlitz à Moscou en 2012 avec l’OMNI IDEAL-X (composé de 8 containers maritime et pesant 38 tonnes) ou encore ces voitures étendues à la corde comme du vulgaire linge.

Et si le savon géant n’a connu aucun problème pour se faire apprécier des passants, il a connu quelques modifications auxquelles le studio ne s’attendait pas. Les marseillais se l’ont approprié.
Petit à petit, le cube s’est vu amputé de quelques morceaux, il se fit graver et dessiner dessus, tant et si bien qu’il n’atteignit pas le mois de Septembre, date à laquelle il était censé disparaître.

La responsable du collectif s’est exprimée sur le sujet, disant que malgré l’aspect inattendu de cette destruction, ils étaient au final plutôt contents de voir que le savon était finalement utilisé en temps que tel.

Plus récemment, le savon de Marseille a encore un peu pénétré le monde de l’art avec l’aide de l’artiste Sara Ouhaddou et de son exposition « Je te rends ce qui t’appartient/Tu me rends ce qui m’appartient » à l’occasion de la biennale d’art contemporain Manifesta 13.
Cette œuvre est composée de dizaines de cylindres de savon disposés sur des étagères rappelant à la fois celles des réserves du musée et celles des réserves du supermarché.
Dans ces blocs on peut voir ces ossements faits de céramique, parfois à peine discernables et parfois sortant carrément de leur prison de savon, comme si leur excavation n’avait pas été terminée.

Produite et exposée au Musée d’Histoire de Marseille, cette œuvre faisant le lien entre le musée, le centre ville et le centre commercial, l’artiste montre sa perception du lieu, fait de paradoxes et de parallélismes.

Josephine Girard, 2DNMADe Bij – oct 2020

À corps ouverts, une expo qui va au coeur des choses

SI VOUS ÊTES SENSIBLE AUX CADAVRES IGNOREZ CET ARTICLE !

Je me rappelle très bien, à neuf ans, d’être allée au musée avec ma mère pour aller voir des corps humains…

Je m’explique.

C’était en 2009 à Paris, quelque part sur le Boulevard de la Madeleine. Nous avons pu y voir des corps entiers dans des positions de la vie courante et des organes plastinés (donc en parfait état) , des poumons détruits par la cigarette et des foies par l’alcool… le plus impressionnant était quand même de pouvoir passer entre des tronçons humains parfaitement découpés, plastinés et maintenus debout par du verre ou de la résine.

Je pense que c’est une, voire l’exposition qui m’a le plus marqué, et dont je me souviens le mieux et j’estime avoir eu de la chance d’y être allée, puisqu’elle à été fermée en trois jours à cause de la provenance des corps.

En effet, les cadavres étaient originaires de Chine et plus précisément de prisonniers chinois dont on ne savait pas s’ils avaient été exécutés exprès pour l’occasion ou non…

L’homme à l’origine du scandale n’en était pourtant pas à son premier coup d’essai. Gunther Von Hagens est un anatomiste allemand, et inventeur de la plastination. Cette dernière est une technique visant à conserver dans un état quasi parfait des corps morts et d’empêcher leur dégradation en préservant les tissus biologiques par le remplacement des différents liquides organiques par du silicone. (Je vous encourage vivement à aller voir par vous même, c’est un peu rebutant au débuts mais c’est très intéressant comme procédé.)

La technique de Fragonard pour ses écorchés à peu de chose près la même, en remplaçant le silicone par du suif de mouton.

Le cavalier de l’apocalypse

Malgré quelques démêlés avec la justice, Gunther Von Hagens remet le couvert en 2020 à Amsterdam pour une autre exposition d’Our Body (avec des corps mieux choisis), en espérant qu’elle soit possible.

Et malgré l’allure sordide de la chose, s’il se reproduisait cette exposition en France ou pas loin, j’y retournerai volontiers, et je remercie encore ma mère de m’avoir fait découvrir l’anatomie humaine en dehors des livres ou des documentaires.

Josephine Girard, DNMADe 1 bij – avril 2020

Les larves peuvent aussi être jolies

   Le trichoptère est un insecte volant apparenté aux lépidoptères (mites, papillons…) qui, avant de pouvoir voler, passe par un mode larvaire.


Et on va pas se mentir, il est franchement dégueulasse.
Grosse tête, corps long et mou, pattes atrophiées… il n’a rien pour plaire. Seulement il a un atout : sa capacité à créer.

En effet, la larve sait se fabriquer un fourreau, dans lequel elle va se camoufler des poissons et autres insectes carnivores. Faits de sable, gravillons, brindilles ou feuilles collés avec sa super salive, il passe inaperçu au fond des cours d’eau.


Ainsi elle vécut tranquille et bien cachée au fond de sa rivière jusqu’en 1980 où Hubert Duprat, un artiste du Sud de la France, trouva de la beauté là où tout le monde ne voyait que de la vermine.
Bien conscient des capacités d’adaptation de la bestiole, il lui retira son fourreau et lui mit a disposition des pépites et du fil d’or, des pierres comme du saphir, des turquoises ou de l’améthyste ainsi que des diamants. De cette façon, l’insecte pouvait se concocter une nouvelle tenue plus criarde et bien moins adaptée a la vie sauvage que la précédente.
Les larves passant de larves à… de  véritables joaillères, et d’insectes dégoûtants en véritables petits bijoux.

­

Quand j’ai vu ces incroyables insectes de mes propres yeux à la Punta della Dugana lors d’une exposition d’art contemporain, j’ai été éblouie devant ces si petites bêtes, marchant et menant leurs nouvelles vies de princesses dans leur tube de verre. Le reste de l’expo m’avait touché bien sur (notamment une représentation du Piss Christ de Andres Serrano), mais aucune n’avait autant trouvé de mérite à mes yeux que ces insectes qui constituaient à l’époque ma plus grande passion.

Joséphine Girard DNMADe 1 bij – Février 2020

Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?

Comment vous sentez vous ?
Bien ? Bien.
Maintenant, comment vous SENTEZ vous ? Avec  »sentez » du verbe sentir, avec votre nez donc.

Notre odorat est l’un des cinq sens connus pour être l’un des principaux, ainsi il est normal d’avoir le souvenir de l’odeur de ses parents, de détester telle ou telle odeur et d’en préférer d’autres. Seulement il est rare que l’on place les odeurs dans les conversations. On aura plus tendance à parler de ce qu’on aura vu ou entendu autour de nous.
Je pense que vous aurez compris de quoi nous allons parler dans cet article.
Nous allons parler du Parfum.

Le Parfum de Süskind commence en plein Paris pré-révolutionnaire, lors de la naissance de Jean-Baptiste Grenouille, protagoniste du roman. On y découvre sa vie, de sa naissance à sa mort, où tout tourne autour des senteurs et de son odorat extraordinaire. En effet, Grenouille passera sa vie obsédé par les odeurs.
Il naît en plein marché aux poissons, laissé pour mort par sa mère, et connaitra une lente évolution chargée de maltraitance par ses camarades de pension et son maître tanneur. Par la suite il trouvera un apprentissage chez un parfumier parisien qui lui enseignera l’art d’emprisonner les odeurs propres aux choses (même si Grenouille demeure insatisfait de ne pas pouvoir saisir des essences comme celle du laiton ou de l’argile). C’est là qu’il commettra son premier meurtre, une jeune fille de douze ans qui lui semblait irrésistible par son parfum. Plus tard il continuera de rêver de cette fille et de son odeur. Au final, il tuera de nombreuses jeunes vierges afin de se confectionner un parfum parfait, qui mettrait le monde à ses pieds.

C’est personnellement un de mes livres préférés, et la psychologie du protagoniste n’y est pas pour rien. Süskind nous sert un personnage qui naît moins que rien, et atteint la déité sans pourtant rien comprendre de lui même (il n’a pas d’odeur propre, et donc pas d’identité olfactive).

En finissant ce roman, j’ai  »découvert » mon nez. Je me suis mise à renifler partout et tout le temps, en faisant beaucoup plus attention à tout ce que je sentais et ressentais, faisant à mon tour des odeurs une vraie obsession. D’un coup, j’ai réappris à me servir de mon nez comme d’un outil que l’on utilise avec volonté, et non plus par habitude désintéressée. Alors juste pour l’expérience, je vous invite vivement à lire le Parfum, seulement pour ce merveilleux cadeau de pouvoir redécouvrir ce qui est en plein milieu de votre figure.

Joséphine Girard, DNMADe bij 1 2019-20

L’art contemporain c’est vraiment trop de la merde !

« Le cloaque est un organe en forme de canal, clos par le sphincter anal, présent chez les oiseaux, les reptiles, les amphibiens et certains mammifères. » Wikipedia

Cloaca est un tube digestif humain recréé artificiellement et qui n’a qu’une seule fonctionnalité, produire du caca.

Piero Manzoni l’a fait, Andres Serrano l’a fait, Paul McCathy l’a fait, Jacques Lizère l’a fait, Gérard Gaziorowski l’a fait… Cependant, nous allons nous intéresser à l’artiste belge Wim Delvoye et à sa machine à caca : Cloaca.

Ce n’est pas réellement une œuvre unique, il existe en tout et pour tout huit cloaca parmi lesquelles la Cloaca n°5 (référence directe au parfum emblématique de Chanel), la Cloaca Professionnal (plus complexe, pour des cacas de qualité supérieure), ou encore la Personal Cloaca qui est végétarienne.

La Cloaca originelle, achevée en 2000, fait quand à elle 12 mètres de long, 2,8 mètres de large et 2 mètres de haut. elle est composée de divers compartiments reliés par des tubes, boyaux etc, contenant tout un tas de sucs et acides très particuliers destinés au processus de digestion. En effet les aliments sont  »avalés » par une extrémité, digérés pendant 27 heures à température du corps avant de ressortir sous la forme d’un caca parfait.

Une fois sorti de la machine, le processus de l’œuvre n’est toujours pas fini ; Cacas sous vide, en bocaux, en canettes, en fiole ou même en stickers, tous seront vendus sous diverse formes, estampillés d’un logo semblable à ceux d’autres grandes marques comme Coca Cola, à un prix avoisinant les 1000 dollars.

Et pourtant, malgré son aspect terriblement technique et son approche très scientifique de la chose, Cloaca ne sert définitivement à rien. Inutilité farouchement défendue par son créateur, qui la voulait franchement inutile, encombrante, coutant très cher (environ 200 000 dollars à la réalisation), et rapportant beaucoup.

« J’ai d’abord eu l’idée de faire une machine nulle, seule, avant de concevoir une machine à faire du caca. »
« J’ai cherché un truc compliqué, difficile à faire, et cher, et qui ne mène à rien. »

Cette œuvre que l’on peut assimiler à Victimless Leather, une œuvre mettant en perspective la production de cuir à partir de co-culture de cellules de souris et d’humain, ou à Cesar et ses Compressions (les deux étant une machine fabriqué mécaniquement et donc fabriquant la ou les oeuvres à la place de l’artiste), pourrait se positionner entre le Pop Art et l’Art Contemporain (terme vaste puisque l’Art Contemporain est d’actualité depuis 1950).

Wim Delvoye est un artiste faisant pas mal parler de lui (surtout dernièrement pour ses cochons tatoués), et une figure emblématique de l’Art Contemporain, en particulier flamand.

Personnellement, j’aime énormément cette œuvre pour son approche très minutieuse et scientifique d’un sujet aussi  »banal » que le caca (Delvoye s’est entouré de scientifiques pour la réalisation de Cloaca), et pour l’amour que je porte aux démarches artistiques de l’artiste, quels que soient ses travaux.

Finale – 1989-1990

Betonneuse – 1990

Eddy et Christophe – 1995

Josephine Girard, DNMADe 1 bij