Saisir l’Instant

Pour ce dernier article de l’année, j’aimerai vous présenter un photographe que j’affectionne tout particulièrement. Steve McCurry né en 1950 dans l’état de Pennsylvanie aux Etats Unis, passionné par la photographie et tout particulièrement les portraits, il commença sa carrière de photographe indépendant à l’âge de 28 ans lors d’une expédition en Inde. Ses clichés dynamiques et amplis de couleurs, contrastent particulièrement avec la dureté des conditions en zone de guerre où il a pris ses clichés les plus connus.

Les différents portraits qu’il a capturés autour du monde documentent sur les luttes humaines et sont assez spectaculaires. A travers un simple cliché, il arrive à faire ressortir le caractère et le vécu de ses modèles, parfois teinté d’une lourde histoire. Un de ses clichés le plus connu est « l’Afghane aux yeux verts », immortalisé en 1984 en période de guerre dans le camps de réfugiés de Nasir Bagh, situé au nord du Pakistan. Cependant même si cette photographie mériterait plus d’un article, je souhaiterai vous en présenter deux autres.    

Ce portait nommé « Smoking Coal Miner » a été immortalisé à Pol-e Khomri en Afghanistan en 2002, dessus, on y voit un mineur de charbon fumant une cigarette. Quelque chose de très fort se dégage de ce cliché. La façon dont a été pris la photo montre les conditions précaires de ces mineurs et les répercutions sur le corps humain, ce qui marque le plus sur ce portait se trouve dans le regard que porte le sujet, le contraste entre les conditions difficiles qui mettent son corps et son esprit à l’épreuve, ce regard rempli de fierté et d’assurance, donne un sentiment si particulier à ce portrait.

 

Cette deuxième photographie nommée « Man with sewing machine in monsoon  » a été prise lors d’une inondation en Inde en 1984, sur cette photo montrant un vieil homme, l’eau jusqu’au cou, portant sur sont épaule une machine à coudre endommagée par une inondation, sa machine à coudre, peut-être son bien le plus précieux, sans laquelle il n’a sûrement plus de revenu, pourtant, il arbore sur son visage un grand sourire, cet homme malgré sa situation, à l’air tout à fait heureux.

Je n’ai pu malheureusement vous présenter qu’une infime partie du travail de cet artiste, je vous invite donc si ces photographies vous ont plu, à vous renseigner sur ses autres œuvres, et pour ce qui on la chance d’être en ce moment en région parisienne, il y a une exposition temporaire nommée « Le Monde de Steve McCurry » jusqu’au 29 mai 2022 au musée Maillol à Paris.

Mathieu M. – DNMADe23Ho – Déc. 21

L’Homme ou la Machine ?

 Pour ce premier article de l’année, j’aimerais vous faire découvrir un artiste aux idées et au style très particuliers. Boris Artzybasheff est un illustrateur Américain d’origine Russe, il fuit le communisme soviétique et arrive en 1919 à New York où il est embauché dans un atelier de gravure.

La partie de ces œuvres qui va nous intéresser aujourd’hui sont des illustrations publiées en 1942, cette collection se nomme « Machinalia », elles avaient pour but d’appeler les lecteurs à « mettre fin à la guerre » en collectant de la ferraille. Ces illustrations mettent en œuvre des machines industrielles fabriquées avec des « pièces humaines », elles peuvent être qualifiées de surréalistes.                           Weaving Fence

Cette illustration nommée « Weaving Fence » est pour moi, une des plus belles pièces de la collection, ce style graphique soutenu par une solide technique, appuie et accentue l’aspect brut et froid de l’ère industrielle, cette représentation anthropomorphique de la machine confère une âme à cette dernière.

Le sentiment de tristesse ressenti vient sûrement de là, il suffit de pas grand-chose pour avoir de l’empathie pour une machine, ces gestes méthodiques répétés inlassablement et surtout cette personnification des différentes tâches du mécanisme donne l’impression d’une âme éternellement bloquée dans cette machine. 

Chacune de ces illustrations est poignante et nous montre aussi que derrière chaque machine il y a un ouvrier qui la fait fonctionner. Ces œuvres font penser aux descriptions de l’alambic ou du train à vapeur que fait Émile Zola dans ses romans. Cela montre aussi que si ces tâches sont pénibles pour des machines elles le sont d’autant plus pour les Hommes.  

I am thrilled by machinery’s force, precision and willingness to work at any task, no matter how arduous or monotonous it may be. I would rather watch a thousand ton dredge dig a canal than see it done by a thousand spent slaves lashed  into submission. I like machines” Boris Artzybasheff.

Mathieu M. – DNMADe2HO – oct. 21

De l’art cartésien ?

 Claude Monet est un artiste peintre  reconnu comme étant l’un des pionniers du mouvement artistique « impressionnisme » apparu durant la seconde moitié du 19ème siècle, ce mouvement est considéré par les instances artistiques de l’époque comme une forme d’art inférieure car elle représentait des scènes de tous les jours en continuelle évolution. Né en 1840, mort en 1926, Claude Monet se concentrera durant toute son existence à l’effet de la lumière.

Durant sa vie Claude Monet aura fait beaucoup de collection comportant plus ou moins de tableaux, comme « La Cathédrale de Rouen », « La Gare de Saint-Lazare » ou encore la plus connue, « Les Nymphéas ».

Je vous en montre seulement trois mais cette collection nommée « Les Peupliers » compte plus de vingt-trois œuvres, peintes de l’été à l’automne 1891. Cette suite de tableaux représente à chaque fois une lignée de peupliers bordant la rivière de l’Epte, un affluent de la Seine. Mais alors pourquoi ? Pourquoi faire une collection d’œuvres représentant des peupliers ? Et surtout, pourquoi peindre tout le temps dans le même style les mêmes peupliers ?

Et bien justement, c’est ça que je trouve beau avec ces collections. Il y a indissociabilité de l’objet et de la lumière, l’objet n’existe que par la lumière qui le révèle, et si la lumière change, alors l’objet n’est plus le même, donc nous n’avons pas juste vingt-trois fois les mêmes peupliers mais nous avons vingt-trois différents moments de la journée avec différentes saisons et météos, le vent qui vient troubler la surface de l’eau et donner du mouvement aux branches et feuilles des peupliers, les nuages qui assombrissent parcellement la toile pour en faire ressortir les zones de lumière…

Cette quête presque cartésienne des différents visages d’un même objet est très intéressant, tous ces tableaux se ressemblent mais on ne s’en lasse jamais, chacun de ces vingt-trois tableaux se dissocient les uns des autres uniquement par le jour où ils ont été peints. La question qui est légitime de se poser est pourquoi avoir peint ces œuvres seulement pendant deux saisons ?

Je vous invite bien sûr à aller voir la suite de la collection.

Mathieu M. – DNMADe1 Ho – Avril 21

Un peu de calme

Comment ne pas être apaisé devant de telles images du Grand bleu, notre explorateur à branchies n’est autre que le double champion du monde d’apnée, le niçois Guillaume Néry. On le retrouve dans son court métrage nommé « One breath around the world » dans lequel le champion prend une seule et unique inspiration sur une plage niçoise et part explorer lacs, mers et océans du globe, à la découverte des cités sous-marines de Yonaguni au Japon ou encore à la rencontre des cachalots de l’ile Maurice, bref 12 minutes de calme qui nous transportent à la découverte de la beauté du monde sous-marin.

Mais, pourquoi ressent-on un tel sentiment de liberté, à quoi cela est dû ? 

Ce que j’ai ressenti au début en voyant ces images est particulier, le fait est que Guillaume Néry muni uniquement d’un masque et d’une combinaison parcourt avec aisance un monde qui nous est à nous les hommes plutôt hostile, donne l’impression d’avoir affaire à l’homme de l’Atlantide. Et, il vient de là ce sentiment de liberté, un homme en harmonie avec l’environnement libre d’aller où bon lui semble, libéré de toute gravité, explorant un monde à part entière comme « vierge de civilisation », de plus le fait d’être entièrement immergé modifie tous les sens et donne une toute autre appréhension de ce qui l’entoure.

Pour conclure, ce court métrage «One breath around the world» est une magnifique ode au monde aquatique. L’idée d’un voyage autour du globe en une inspiration est très bien amenée et rajoute un aspect très poétique à l’histoire. J’espère grâce à cet article avoir fait naître chez vous une envie d’air marin et de néoprène, n’hésitez pas à aller voir le court métrage en entier.  

MATHIEU M. – DNMADE1 Ho – Février 2021 

Miaou… Miaou !

Avant toute chose et je tiens à le préciser pour éviter d’avoir toute la communauté de la protection animale sur le dos, qu’aucun être vivant de toute espèce confondue n’a été maltraité durant cette expérience, et que le rendu résulte uniquement d’une réflexion mentale réalisée par un physicien, dans laquelle il utilise comme cobaye son propre chat. Et pour les amoureux des félins qui ne conçoivent pas qu’on puisse imaginer faire du mal à un chat pour la science, je vous invite à changer d’article. Pour ce qui reste, je vais vous présenter l’expérience du … « Chat de Schrödinger ».

En voyant cette photo vous vous dites sûrement que ce Schrödinger est un savant fou, et qu’il a enfin trouvé la formule pour créer le chat de Frankenstein, mais malheureusement non. Erwin Schrödinger est un physicien philosophe Autrichien née en 1887. Durant ses études il va s’intéresser à une branche très particulière et abstraite de la physique théorique, la physique quantique.

La physique quantique est l’établissement d’une théorie qui permet de faire des prédictions sur le comportement de la matière dans l’infiniment petit (atomique, subatomique). Pour donner un exemple plus imagé de cette théorie, prenons l’exemple de l’atome, pour faire simple un atome est constitué d’un noyau chargé positivement autour duquel gravite des électrons chargés négativement, ces électrons sont mathématiquement à plusieurs endroits à la fois (cela peut être calculé grâce à des probabilités) on appelle cela une superposition d’état quantique.
Mais alors, vous allez me dire, mais à quoi sert le chat, est bien en 1935 Erwin Schrödinger imagine une expérience mettant la vie de son chat en danger pour montrer qu’il est compliqué d’associer la physique classique (ex : physique newtonienne) et la physique quantique. Pour cela, il place son chat dans une boite opaque dans laquelle se trouve un mécanisme constitué d’un atome nucléaire qui a une chance sur deux de se désintégrer à un temps donné, actionnant un marteau qui viendra casser une fiole de poison tuant le chat, donc une fois le temps dépassé, si on suit la logique de la physique quantique et qu’on a pas encore ouvert la boite, le chat est dans une superposition d’état quantique, ce qui signifie qu’il est à la fois mort et vivant, seule l’ouverture de la boite permettra de fixer l’état du chat.

Cette expérience mentale nous montre bien qu’on ne peut associer la physique classique à la physique quantique, car le chat ne peut être mort et vivant et à la fois, il ne peut que être dans un état. Grâce à ses recherches, Erwin Schrödinger durant sa vie a obtenu un prix Nobel de physique en 1933 et une médaille Max-Planck en 1937 récompensant de grands travaux dans le domaine de la physique théorique.
Si vous n’avez pas bien compris ce n’est pas grave, car comme disait le physicien Richard Feynman, « Si vous croyez comprendre la mécanique quantique, c’est que vous ne la comprenez pas ».

Mathieu Maillard – Dnmade 1horlo – Décembre 2020

L’introspection par l’isolement

Même si le titre ne vend pas du rêve je vous l’accorde, le sujet n’en reste pas moins passionnant et d’actualité.

Alors, l’introspection, du latin introspectus, désigne l’activité imagée de regarder à l’intérieur de soi (à ne pas prendre au sens propre). Cette démarche a pour but donc de se recentrer sur soi pour mieux comprendre ses sentiments ou encore ses motivations. Même si, sur le papier, l’introspection semble simple à appliquer, nous vivons dans une société qui parfois brouille nos sentiments ou ce que l’on désire réellement. C’est pour cela que certaines personnes font le choix de s’exiler dans des terres vierges de civilisation pour retourner en quelque sorte à un mode de vie plus simple sans les perturbations liées à la société moderne. Pour mieux comprendre cette démarche, je me suis penché sur le livre de Sylvain Tesson « Dans les Forêts de Sibérie ».

Le livre « Dans les Forêt de Sibérie » écrit par Sylvain Tesson est un récit autobiographique publié le premier septembre deux mille onze, et ayant reçu le prix Médicis essai la même année. Ce livre est le carnet d’ermitage de l’auteur qui s’est exilé durant six mois dans une petite cabane en bois sur les rives du lac Baïkal, situé dans la région montagneuse Russe de la Sibérie. Avec lui il n’emporte que quelques provisions, de la lecture, des cigares et de la vodka.

Trêve de résumé, ce que recherche l’auteur dans son exil dans les fins fonds de la toundra, est de « vivre une existence resserrée autour de geste simple » le fait de revenir à un mode de vie plus précaire aide sûrement à se recentrer sur nos besoins primaires, mais est-ce que ces envies primaires correspondent à ce que l’on désire réellement ? Et peut-on se satisfaire seulement de nos besoins primaires ? La démarche de l’auteur est par moment paradoxale, au début du livre, quand il se rend à sa cabane au bord de l’eau en roulant en voiture sur le lac, il cite une phrase de Malevitch qui dit que « quiconque à traverser la Sibérie ne pourra plus jamais prétendre au bonheur ». Cependant pour suivre sa démarche artistique, il doit boire pour mieux se rendre compte de la beauté du paysage dans laquelle il est venu s’exiler. Malgré le côté contradictoire et un peu alcoolique  de l’auteur, son récit n’en reste pas moins tout de même passionnant et inspirant de part sa volonté, ses idées ou encore son engagement.

Pour conclure, même si l’on n’a pas tous l’envie, le temps ou encore les moyens de s’exiler aux fins fonds de la Sibérie, on peut tout de même essayer de se recentrer sur ce que l’on aime vraiment. Je pense que le l’ermitage est un moyen de prendre plus facilement du recul sur la société actuelle. Pour finir j’aimerai citer une phrase de Otto Von Bismarck « Celui qui ne sait pas d’où il vient ne peut savoir où il va. »

Mathieu Maillard – DNmade 1 Ho  – Oct 2020