Aujourd’hui j’ai décidé de vous présenter le dernier album du rappeur Orelsan, son album « Civilisation » est sorti le 19 novembre 2021 sous le label Wagram Music. Après la sortie de 3 albums qui illustrent chacun un passage de sa vie, on en attend beaucoup car depuis la sortie de son dernier album « La fête est finie » beaucoup de choses se sont passées (gilets jaunes, crise covid, tic-toc, campagne présidentielle 2022, sa femme…). Grâce à cet album Orelsan est devenu un des rappeurs les plus influent et puissant en France, depuis La fête est finie le rappeur a réussi à sortir de la polémique qui l’entourait et le voilà reparti pour un nouvel arc sur sa vie et sur la société.
Le constat d’une société qui s’enflamme
Orelsan fait ressentir dans l’album son sentiment que la société française ne va pas bien, il trouve que le monde s’enflamme et fait ressentir un sentiment de basculement de la société.
Le premier morceau et le dernier nuance l’album pour préciser (je pense) que tout ça reste un point de vue, il se contredit d’ailleurs dans ses textes en précisant que lui-même ne sait pas « même si je savais comment sauver le monde, je ne suis pas sûr que le ferais ». Il souligne aussi dans ces deux titres les termes « ombre et lumière » et met bien en image que tout n’est pas noir ou blanc, qu’on a tous un esprit de comparaison pour faire preuve de nuance « Plus personne change d’avis, que des débats stériles ».
On sent que toute cette réflexion est née des médias et des réseaux, les médias tels que BFM ou Facebook qui sont des flux tendus d’informations rendent les gens haineux et défaitistes « pas d ‘solutions, que des critiques », dans le morceau l’odeur de l’essence toutes ces dénonciations sont balancées les unes sur les autres dans une atmosphère qui devient de plus en plus irrespirable au fil du morceau. « L’odeur de l’essence » n’est pas un titre choisi au hasard pour parler de politique et de haine, comme une chose qui attire naturellement les gens mais qui les détruise ou encore pire qui détruise les autres.
Dans le morceau manifeste il récite pendant 7 minutes une manifestation de gilets jaunes, c’est un morceau fictif mais il a pris soin de caricaturer chaque personnage pour illustrer les frustrations que la société crée. Dans ce morceau Orelsan n’essaye pas de juste dénoncer un patriarcat qui a poussé à bout les citoyens, mais aussi de dénoncer d’autres problèmes comme l’alcool et le manque d’éducation qui sont directement un miroir de sa propre vie.
Orelsan n’est pas un rappeur mégalo, il souligne lui-même ses erreurs ou ses problèmes, notamment l’alcool. C’est quasiment le fil conducteur de l’album il fait les différents liens entre la société et sa femme qui sont de loin les deux thèmes dominants de l’album.
Orelsan a grandi après une adolescence et une vie de jeune adulte plantés dans la défonce, l’alcool et la glande, il s’aperçoit des dégâts qu’engendrent ces vices. Il consacre un morceau complet sur l’alcoolisme fictif ou pas de sa femme («Bébéoa») pendant toute la durée du morceau il vous emmène dans son ménage souillé par l’alcoolisme et la tristesse que cela procure à Aurélien « ma chérie préfère l’alcool que moi ». La potion est pendant tout l’album soit un problème soit un élément déclencheur de problème dans « manifeste » ou dans « un dernier verre ».
Il ne peut pas sauver le France… Mais il l’accompagne
Du rap conscient mais pas moralisateur, le but d’Orelsan par ses punchlines ce n’est pas juste d’enflammer de plus le brasier mais il veut créer une «civilisation» pour faire avancer tout le monde vers la paix et la tolérance. « Avant, je rêvais d’quitter la France, je vais rester, je préfère qu’on la change ».
Il crée même le drapeau de « sa civilisation » qui domine la pochette, les couleurs rouge et bleu symbolisent la fidélité et la solidarité, ce sont celles du maillot de foot de Caen (sa ville), la couleur verte symbolise l’écologie donc faire le bien, le logo central est inspiré des mangas pour l’aspect combatif jusqu’à la fin et la partie Png qui signifie le vide que nous devons remplir ensemble.
Il essaie aussi de transmettre à ses proches ses leçons des fois sans succès comme par exemple dans le titre « jour meilleur » où il parle de son meilleur ami Gringe qui fait une dépression. Dans ce morceau il décrit son inutilité et que la seule chose qu’il puisse faire c’est être à ses côtés pour avancer.
Au final c’est un album d’un Orelsan différent, moins tranchant, moins vulgaire et plus social, aux portes de la quarantaine le rappeur normand a décidé d’évoluer et non pas de prendre son envol seul mais d’essayer d’élever les autres pour faire grandir la France. Il évoque dans l’album l’ambition de devenir père et je pense qu’il ne veut pas faire grandir son enfant dans un monde de haine et d’individualisme.
Je trouve que l’ambiance globale de l’album est cohérente et appréciable, j’ai aussi beaucoup apprécié les morceaux qui donnaient un peu d’air à l’album comme « casseurs flowteurs ininity » ou « dernier verre » avec les Neptunes.
En revanche je trouve que l’esprit instruction et moralisation de la société sur le point social et politique comme dans le morceau « l’odeur de l’essence », aurait pu être encore plus accentué et plus fort de sens que juste une moralisation façon bisounours.
Je vous invite si ce n’est pas déjà fait à écouter cet album, sans être un immense album il reste très intéressant et les thèmes abordés sont, à mon avis, réellement d’actualité.
AUBERT Thomas – DNMADE 23Ho -Décembre21