Les petites maisons de la prairie

Le musée Guggenheim de New York, La Fallingwater House, l’Ennis House et ses apparitions dans des films comme Blade Runner… Franck LLOYD WRIGHT, c’est 800 projets architecturaux, dont plus de 400 sortis de terre et 8 inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Si vous n’avez pas fait de bac arts appliqués, ce monsieur ne vous dit sûrement rien, ou vaguement, pourtant on pourrait le comparer à un LE CORBUSIER, version ricain.
Reconnu comme le plus grand architecte américain de l’histoire par l’institut des architectes (américains), il a appris sous l’aile des architectes Adler et Sullyvan, représentants de l’école de Chicago. En 1887, Franck Lloyd développe son art à Chicago, après six ans chez Adler & Sullyvan, il démissionne pour créer son propre cabinet en 1893.


La Prairie School.

Si Franck L.W. est l’un des architectes les plus reconnus de l’histoire moderne, c’est parce qu’il a initié un style qui deviendra fondateur pour les États-Unis du XXème siècle. Le style Prairie. Preuve que les expositions universelles sont utiles au partage et à la mise en lumière des cultures, car c’est là que Franck Lloyd découvre l’architecture japonaise en 1893, dont le style prairie sera imprégné. Il fera de nombreux voyages, au japon, dont beaucoup pour des commandes et projets.

Le vernaculaire & l’essentiel

Une ouverture sur la nature à la périphérie des grandes villes américaines, fil d’Ariane du style architectural de Franck Lloyd. Influencé par l’architecture nippone donc, on y retrouve l’échelle à taille humaine et la relative simplicité des bâtiments, le confort, le respect des matériaux naturels et l’intégration de la maison au jardin, voire au paysage globalement, une ouverture de l’espace intérieur sur l’espace extérieur.
Bien que géométrique, son architecture est appelée organique : L’attention portée au choix, de préférence locale, des matériaux, à leur durabilité et à l’intégration des prairies houses dans leur environnement, en leur amenant une dimension vernaculaire, est importante pour Franck Lloyd, se sont des contraintes mais surtout des doctrines de ce style moderne américain.

La maîtrise des porte-à-faux, des toits qui s’étirent à l’horizontal, des matériaux locaux ou du moins naturels (pierre, brique, béton, verre) ainsi que des baies vitrées et des puits de lumière comme on retrouve dans le musée Guggenheim, voilà comment reconnaître une architecture du cabinet Franck Lloyd Wright.

La Fallingwater House où l’illustration du style prairie


C’est sûrement cette maison que vous êtes le plus susceptible de reconnaître quand on parle de la Prairie School, et pour causes elle représente tout ce qui compose une Prairie house, une assise structurelle élaborée avec le paysage & le terrain, complexe puisque humide et granitique. Des terrasses superposées, juxtaposées comme les strates de la cascade, la canopée des arbres.
Elle offre un dialogue entre l’habitat et son environnement, l’homme y résonne avec la nature.
Pour l’anecdote, la famille Kaufmann s’attendait à ce que Lloyd leur conçoive une maison en face de la cascade pour avoir une vue imprenable dessus, ils étaient loin d’imaginer qu’ils allaient vivre en symbiose avec elle.

Franck Lloyd Wright, est pour moi un incontournable, au même titre qu’un Renzo PIANO ou qu’un jean NOUVEL, car on retrouve toujours, aujourd’hui plus que jamais, ces principes d’architectures vernaculaires qui ne viennent pas s’opposer au lieu et à sa biodiversité, qui exploite les atouts naturels que peuvent offrir un bâtiment, la lumière, le confort, la température, tout ça en offrant une architecture remarquable, aussi intimiste qu’imposante comme l’Amérique le présente si bien.

Guenaëlle G. – DNMADeJo1.5 – Avril 2023

Versailles : un château de plaisance qui laisse place au rêve

Lors d’un voyage à Paris dans un cadre scolaire de découverte culturelle, j’ai eu la chance d’aller visiter l’histoire royale de France au Château de Versailles.

Classé depuis 1979 au patrimoine mondial de l’humanité, le château de Versailles constitue l’une des plus belles réalisations de l’art français au XVIIe siècle. Jusqu’à la Révolution française, les rois se sont succédés, dans cet immense chef d’oeuvre de 2300 pièces réparties sur 63 154 m2. En 1789, la Révolution française  contraint Louis XVI à quitter Versailles pour Paris. Le Château ne sera plus jamais une résidence royale, et connaît au XIXe siècle une nouvelle destinée : en 1837, il devient musée de l’Histoire de France, par la volonté du roi Louis‑Philippe, monté sur le trône en 1830. Les salles du Château accueillent alors de nouvelles collections de peintures et de sculptures représentant tant les grands personnages qui illustrent l’Histoire de France que les grands événements qui la jalonnent.

Mais bon. Pour plus d’informations, je vous conseille d’aller voir sur le site internet du château, de la ville et sur Wikipédia. Je vais vous raconter ma visite, ma journée et mes ressentis.

Ma journée a commencé sous le soleil, et malgré quelques petites péripéties, elle a été assez incroyable. Nous avons mangé sur les pavés de la Cour et j’ai pu imaginer les carrosses qui autrefois se garaient à cet endroit même. En regardant les façades, je voyais déjà apparaître les lumières et les valets qui se précipitent pour aller ouvrir aux invités. Le repas terminé, le ventre plein, nous sommes partis visiter les appartements et les pièces de cet immense demeure. Dès que nous entrons dans le Rez-de-chaussée, le ton est donné avec une vue sublime sur l’intérieur de La Chapelle Royale avec son plafond indescriptible. Les salles de réception, les salons et bureaux se succèdent, les uns plus beaux que les autres. Les plafonds sont peints avec une telle précision qu’on ne peut cesser de lever la tête pour en admirer les détails. J’avoue que j’avais le tournis à force de tourner en rond dans la salle la tête en l’air et les yeux levés. Puis il y a le premier étage avec encore quelques lieux de réception, et surtout avec les appartement du Roi et de la Reine. La galerie des glaces, la fameuse, l’incontournable. Quand je suis entrée, une ambiance de fête régnait. Malgré tous les visiteurs et leurs téléphones levés, j’ai pu fermer les yeux, me revêtir d’une robe de dentelle et imaginer les violons qui s’accordent. Une douce chaleur me caresse le visage, une forte odeur de parfum et de mets fins qui proviennent des riches buffets me chatouille les narines. Ça y est. J’y suis. La musique commence, et mes oreilles se ravissent. J’ouvre les yeux, vers le ciel, et les reflets de lumière sur ces immenses miroirs m’éblouissent. J’imagine les couleurs éclatantes des robes, la finesse des points de dentelles, les parures étincelantes, les joues rouges de ces femmes et le sourire de ces messieurs sous les lustres de cristal. J’avance et je vois mon reflet sur les murs. La robe s’en est allée, le maquillage est parti et la coiffure blonde extravagante que j’avais imaginé est retombée en carré sur mes épaules. Je poursuis ma route laissant la lumière remplir ma tête de rêves, en faisant abstraction de tous ces visiteurs qui sont bien trop occupés à prendre en photo leur reflet maussade dans ces glaces.

Le choc est rude pour mes yeux. J’arrive dans une salle très sombre où le silence règne. Je me demande pourquoi toute cette agitation c’est aussitôt calmée, et ma rétine s’habitue peu à peu à l’obscurité. Je comprends pourquoi tant de calme. Il s’agit de la chambre du Roi. J’admire les moulures et cette couleur pourpre qui s’impose à moi m’apaise. J’ai l’impression qu’il est encore là, qu’il fait une sieste. Pour ne pas le réveiller, je continue de regarder les détails des peintures et du mobilier qui ornent la pièce, et je comprend cet amour qu’avaient les artisans pour leur métier mais aussi pour leur Roi. L’obscurité rend hommage à ces grands Roi qui y ont reposé. Je continue d’avancer aux milieu de tous ces étrangers, émerveillés eux aussi par le calme et la sérénité de ces appartements. Je passe les différentes salles, toutes plus belles les unes que les autres, les bureaux, les salons, et j’arrive à la chambre de la Reine.

Stupeur. Mon cœur s’arrête de battre, ma respiration se ralentit. Cette fois, il y a de la luminosité. Les tapisseries colorées qui ornent les murs, les motifs floraux, l’or et les moulures, on ne distingue presque plus le murs blanc. Tout n’est que douceur infinie et splendeur délicate. Tout comme pour la chambre du Roi, je ressens cet amour qu’avait le peuple pour sa Reine. Son lit fleuri brodé d’or, la finesse des retombées des rideaux à franges, la hauteur du dais, tout laisse à penser que cette Reine était aimée et chérie. Je ressentais son intimité, sa douceur et j’avais l’impression de la voir se reposer au milieu de draps blancs immaculés. J’ai été traversée de frissons, et j’ai imaginé aussi que c’était ici qu’elle avait souffert pour donner la vie. Les valets et femmes de chambre qui s’agitent autour d’elle, et elle, toujours aussi belle, pâle comme ses draps doux, transpirante et haletante. Je pense que beaucoup de choses se sont passées dans cette chambre et tout me laisse croire qu’elle était choyée, gâtée et quelque peu adulée. Ceux qui pensent qu’une Reine ne se résume qu’à être la femme du Roi, sans aucun pouvoir, se trompent. J’ai continué dans les autres chambres, celles des dauphins, d’autres bureaux, d’autres salles de réception, mais ce n’est pas ce qui m’a le plus marqué. Le riche souvenir de ces souverains et souveraines qui n’ont cessé d’émerveiller la Cour et le monde entier me laisse un profond regret de ne pas avoir vu cela de mes yeux.

Après la visite, il n’a pas été possible d’aller dans les jardins, j’avoue que j’aurais aimé m’y promener, mais sans regrets, je sais que je pourrais y retourner plus tard. Ce fût une très belle expérience, et j’ai vraiment été ravie de voir tout ce travail d’orfèvre, d’incrustation de nacre, de pierres, de cristal… et en parallèle pouvoir ressentir toute cette magnifique histoire.

Esther Loras. – DNMADeJo2 – Avril 2023

La villa Cavrois, la villa moderne par excellence

Dans le département du Nord, se trouve une villa commandée par un grand industriel roubaisien, Paul Cavrois. Elle sera inaugurée en 1932, après seulement 3 ans de travaux.

Mais qu’est-ce qui rend cette villa si spéciale ? La villa Cavrois est classée parmi les monuments historiques français grâce à son ingéniosité de conception. L’architecte, Robert Mallet-Stevens n’a rien laissé au hasard, et cette villa parait tout à fait récente même presque un siècle plus tard.

L’histoire de cette demeure va malheureusement être semée d’embuches. Habitée par la famille Cavrois jusqu’à la seconde guerre mondiale, elle sera alors occupée par des troupes allemandes puis françaises qui vont endommager les lieux. Puis elle est à nouveau récupérée par Paul Cavrois qui va vouloir y apporter quelques modifications à l’aide de l’architecte Pierre Barbe. La famille Cavrois y reste jusqu’en 1985 puis suite au décès de leur parents, les enfants vendront la maison à un voisin qui la laissa à l’abandon pendant plusieurs années. S’ensuit nombre de dégradations et des pillages, mais heureusement la maison est rachetée par l’état en 2001.

Clichés de la villa avant les rénovations

S’ensuit un long et fastidieux projet de rénovation, on pourrait presque parler d’archéologie. Chaque corps de métier devra reproduire grâce à des clichés en noir et blanc les matières, techniques et dispositions de l’époque. Du taillage du marbre à la rénovation du parquet d’origine, ce chantier va durer 12 ans et s’achever en 2015, année ou la villa sera enfin ouverte au public. Ce projet coutera 23 millions d’euros mais il permettra de rénover un lieu qui est aujourd’hui considérée comme l’un des chefs-d’œuvre de l’architecture moderne en France.

Mais alors, pourquoi cette villa est tant en avance sur son temps ?

Comme on peut le voir sur les clichés ci dessous, dans cette villa (faisant 2400m²) tout est à sa place. Que ce soit le travail d’homogénéité des pièces, des couleurs et des formes, jusqu’à la hauteur des poignées de portes et des interrupteurs. Côté technique, on peut y retrouver un chauffage central, TSF intégré dans les murs, éclairages, ventilation, volets roulants, monte plats, téléphones et même un ascenseur intérieur conçu par Jean Prouvé. Aussi très innovant à l’époque, Robert Mallet-Stevens y fera construire des toits-terrasses pour optimiser l’espace.

Aujourd’hui la villa Cavrois a retrouvé sa splendeur d’origine. Érigée comme un château moderne de style Art Déco, sa visite, qui peut être déroutante tant le modernisme est présent à travers ses installations audacieuses pour l’époque, vous plongera dans un passé glorieux et somptueux de l’architecture des années 30. Cette villa représente à merveille le style de l’architecture d’entre deux guerres. Le public aussi s’en trouve conquis, car pas moins de 100 000 personnes environ s’y rendent chaque année.

« Les émotions que suscite l’architecture émanent de conditions physiques inéluctables, irréfutables, oubliées aujourd’hui.« 

Le Corbusier, 1925

BAVOUX G. – DNMADe1Ho – Avril 2023

The Teeter-Totter Wall, la frontière qui rapproche

Le projet “Teeter Totter Wall” est une installation éphémère qui fut imaginée par les artistes architectes américains Virginia SAN FRATELLO et Ronald RAEL. Ce projet est constitué de trois balançoires roses ayant des assises colorées ; introduites dans le mur servant de frontière entre le Mexique et les Etats-Unis, plus précisément entre les villes de Ciudad Juárez et d’El Paso. Les deux artistes architectes ont mis une dizaine d’années pour réfléchir à ce projet qui ne fut installé que 20 minutes le 28 juillet 2019.


Le Teeter Totter Wall a pour but de montrer que malgré les difficultées politiques entre les deux pays, il reste une connection possible entre les individus, c’est pour cela que les enfants et adultes, Texans et Mexicains habitants dans les alentours furent invités à jouer ensemble malgré le mur de 6 mètres de haut.
L’architecte R.RAEL affirme que “Ce qui se fait d’un côté de la frontière à des effets de l’autre côté également, c’est exactement comme cela qu’agit la balançoire à bascule que nous avons installée”.


En 2020, ce projet à reçu le prix du “Beazley Design of the Year”, un des prix les plus prestigieux dans le monde du design, qui est attribué à des projets et des produits qui contiennent de puissants messages de changement. Cet évènement est organisé annuellement par le Design Museum à Londres. Lors de la remise des prix, Tim MARLOR, le directeur et chef exécutif du Design Museum à annoncé que :

“ Le Teeter Totter Wall à su encourager de nouvelles façons d’interagir les uns avec les autres. […] C’est un rappel inventif et poignant de la capacité des humains à dépasser les forces qui tentent de les séparer.”

DUCLOS Coralie DNMADE 1 Ho – avril 2023

Le centre culturel Tjibaou, un lieu unique et historique.

À propos

Le centre culturel Tjibaou, construit de 1991 à 1998 à Nouméa en Nouvelle-Calédonie, est un pôle de développement de la création artistique Kanak et un centre de diffusion de la culture contemporaine Kanak.

http://www.bubblemania.fr/renzo-piano-centre-culturel-tjibaou-nouvelle-caledonie/

Conçu par l’architecte italien Renzo Piano (notamment connu pour la co-conception du centre Pompidou de Paris en 1977), le centre a coûté 320 millions de francs français, mesure 8 hectares et a été inauguré les 4 et 5 mai 1998 par le 1er ministre Lionel Jospin.

Contexte de création

Qui est TJIBAOU ?

Surement que vous ne connaissez pas cette personne mais Jean-Marie Tjibaou est une figure de l’indépendantisme en Nouvelle-Calédonie. Il a donné corps et âme pour la valorisation du patrimoine Kanak. C’est un an avant son assassinat en 1989 qu’il signe les accords Matignon qui prévoient la création d’un centre culturel dédié à la culture Kanak.

C’est dans cette idée que Renzo Piano, lauréat d’un concours international mené en 1991 en concertation avec l’Agence de développement de la culture Kanak, conçoit un ensemble de 10 batiments se fondant complètement et de manière presque magique dans la nature.

http://www.voyagerpratique.com/2014/10/au-cur-des-traditions-kanak.html

Les cases de hauteurs différentes (entre 20 et 28 mètres) sont alignées le long d’un bâtiment principal et font du projet un hommage aux habitats vernaculaire de Nouvelle-Calédonie.

Ainsi, le centre, conçu pour résister aux cyclones, s’organise comme un village.

Connaître le bâtiment c’est bien, mais s’interresser à la culture qu’il défend c’est mieux ! Voici donc :

Le point culturel

De manière simplifiée, la culture Kanak est une organisation sociale structurée autour de la terre et globalement répartie entre clans. Elle regroupe les montagnes, les rivières, les sources mais aussi les Hommes en tant que membres de la tribu. Il y a un système hiérarchique important et très interessant : La société est divisée en districts coutumiers dirigés par les Grands Chefs. Ces chefferies divisées en tribus et clans, sont eux-même dirigés par les Petits Chefs. Donc par exemple le Grand Chef de la rivière dirige tous les petits clans autour de la rivière par l’intermédiaire des Petits Chefs de la rivière.

Face aux avancés technologiques et à la modernisation des sociétés, la culture Kanak perdure et s’adapte en étant toujours très présente et très respectée en Nouvelle-Calédonie, en faisant découvrir les coutumes et les savoirs-faires kanak aux touristes et voyageurs.

Une architecture verte

L’enjeu du projet de Renzo Piano est de mêler architecture et nature : défi relevé ! C’est ce qui est le plus bluffant dans le travail de R. Piano. L’architecte a harmonieusement inscrit les bâtiments dans la végétation. Cette forme “d’oeuf” si particulière reprenant les cases, qui sont des maisonnettes utilisées encore aujourdh’ui pour les cérémonies traditionelles ainsi que les rituels des tribus, met en avant l’architecture traditionelle kanak.

La première fois que vous vous rendez au Centre Culturel Tjbaou, vous allez être surpris par la place laissée à la végétation qui est omniprésente. L’idée est de mettre en avant la symbolique du monde végétal dans l’univers kanak.

Malgré une ossature en partie faite de métal, les 10 cases de Renzo Piano sont principalement constituées d’un bois local : le bois d’iroko ce qui renforce l’effet végétal.

Ce choix n’est pas anodin, l’architecte s’est inspiré des pins colonnaires présents sur toute l’île pour construire les bâtiments du site. 

Ainsi architecture et nature ne font qu’un dans le respect de la culture kanak.

Selon Renzo Piano, l’un des caractères fondamentaux de l’architecture kanak est le chantier. Le « faire » est aussi important que le « fini ». Par une structure effilée, l’architecte joue ainsi avec la  lumière naturelle donnant un aspect volontairement inachevé aux bâtiments.

À faire aux centre culturel Tjibaou

Le site est superbement organisé : chaque case présente un thème particulier mais l’ensemble retrace l’histoire de la culture kanak. On peut voir les expositions permanentes dont une sur Jean-Marie Tjibaou, mais tout au long de l’année plusieurs expositions temporaires se succèdent également. On peut alors y découvrir les nouveaux talents locaux.

Aussi des parcours tels que le “chemin kanak” visant à faire découvrir l’histoire de Téâ Kanaké, héros fondateur et premier homme kanak, sont proposés à travers la découverte des nombreuses plantes présentes sur le site. Des spectacles mettant en scène les coutumes kanak sont également organisés sur le chemin partant de derrière les cases.

Expo, spectacles, jeux de pistes, balades en pleine nature : il y a des activités pour absolument tout le monde !

Plus d’informations

Rendez-vous sur le site officiel du centre culturel Tjibaou : https://centretjibaou.nc/

Et sur leurs réseaux sociaux :

Jade CORMON–BATION, DNMADe 15 Jo – Avril 2023

Un avenir merdique ? Très peu pour nous !  

Amateurs de dystopie, fin du monde et de chaos, cet article risque fortement de vous contrarier. Je m’adresse ici à tous ceux qui n’osent plus allumer la télé, ouvrir un magazine ou écouter la radio de peur qu’on leur dresse une fois de plus un bilan alarmant de l’avenir où on ne parle plus que de réchauffement climatique, montée des eaux et catastrophes écologiques, laissez-moi vous donner un peu d’espoir en vous faisant découvrir le travail de Vincent Callebaut.

Il affirme vouloir transformer :

« les villes en écosystèmes, les quartiers en forêts et les édifices en arbres »

Mais qui est cet homme ?

Vincent Callebaut est un architecte Belge installé à Paris. Agé de 45 ans, il est un visionnaire mêlant écologie et science-fiction dans ses créations végétalisées auto-suffisantes et futuristes. Sa préoccupation première est de créer une architecture humaine réalisée avec des matières biosourcées qui s’inscriraient dans des conceptions durables.

Certains diront de lui qu’il est utopiste et qu’il vit sur petit nuage mais moi je trouve que c’est un génie !

Et pourquoi donc me direz-vous ?

C’est simple, laissez-moi vous expliquer ! Sa préoccupation première est d’inventer de nouveaux modes de vie éco-responsables et d’intégrer la nature dans nos villes. D’après lui, jusqu’à aujourd’hui, la raison première de l’architecture était de protéger l’homme contre la nature, mais à présent, la ville contemporaine s’efforce de réconcilier l’être humain et ses écosystèmes naturels. Le jardin n’est plus juxtaposé au bâtiment ; c’est le bâtiment ! L’architecture devient cultivable, comestible et durable.

Comme vous pouvez le voir tout est pensé dans les moindres détails. En plus d’être une habitation, son architecture est pensée pour protéger et nourrir les humains tout en sauvant la planète.

« Aussi extravagantes et futuristes qu’elles puissent paraître, le cœur de toutes mes créations est une tentative de répondre à la menace réelle que les villes représentent pour l’humanité et notre équilibre écologique »

Avec la collaboration de scientifiques et d’ingénieurs, Vincent Callebaut croise les savoir-faire pour sortir le monde de la crise écologique et ré-enchante la ville qui accueillera, dans plus de 30 ans, 70% de la population mondiale. Ses bâtiments à énergie positive sont capables de produire de l’énergie jusqu’à 300%. Cela fait donc 200 % de plus que nécessaire que l’on peut redistribuer ailleurs. Et si les coûts de construction sont supérieurs de 20 à 30 % par rapport à des bâtiments traditionnels, cette majoration sera vite récupérée. Ses créations répondent au défi de transition écologique par la création de nouveaux modes de vie en ville.

Pour moi, ses projets les plus visionnaires sont :

Dragonfly, une ferme éco concept métabolique pour l’agriculture urbaine à New York.

La ville amphibie autosuffisante appelée Lilypad, une écopole flottante pour les réfugiés climatiques, une solution à long terme à la montée des eaux.

Callebaut a repris l’idée de la ville vivante. Il invente des cités qui nourrissent seules leurs populations, éliminent leurs déchets et purifient l’air et l’eau qu’elles consomment. Leurs bâtiments ont la capacité de produire plus d’énergie qu’ils n’en consomment.

Mais où est-il allé chercher de telles formes ?

Comme vous pouvez le constater dans les images ci-dessus, passionné de nature et de science-fiction depuis son plus jeune âge, Vincent Callebaut utilise constamment les concepts écologique, organique, bionique et biomorphique dans ses architectures.

Alors… rassurés ?

De mon côté, j’aime à croire que la catastrophe environnementale n’est pas une fatalité, que des esprits brillants comme celui de Vincent Callebaut sauront nous réapprendre à rêver et nous sortir de cette situation qui finalement n’est peut-être pas si désespérée qu’elle n’y paraît.

Marre des pessimistes ! En avant pour un avenir meilleur !

Teddy Mougin – DNMADE JO1 – février 2023

L’Orient-Express, le retour d’un mythe

L’histoire de l’Orient-Express débute en 1867 lorsque Georges Nagelmackers, un jeune ingénieur belge quitte son pays pour rejoindre les Etats-Unis à la suite d’un chagrin d’amour. Fasciné par les chemins de fer et les voitures-lits, c’est à son retour en Europe qu’il concrétisera le projet de sa vie : créer une ligne ferroviaire luxueuse en direction des Portes de l’Orient.
C’est ainsi qu’un train mythique voit le jour. Un mythe qui débutera en 1883 à Paris, gare de l’Est.

L’orient-Express, 1883

Le 4 octobre 1883, l’Orient-Express et ses quarante passagers quittent Paris pour rejoindre Constantinople. Le voyage dure 7 jours (aller-retour), ce qui est pour l’époque une réelle avancée qui bouleversera la notion de voyage et ouvrira la société à de nouvelles perspectives.
Ce train connaitra un énorme succès jusqu’en 1977. Le développement du marché aérien fragilisera et aura raison de la Compagnie Internationale des Wagons-Lits qui se verra contrainte de vendre la plupart de ses voitures.

Au fil du temps, ce train deviendra une référence culturelle et artistique incontestable.
Symbole intemporel de l’art du voyage à la française, il constituait l’un des joyaux du patrimoine ferroviaire français.
De nombreuses personnalités voyageront dans ses couchettes comme notamment l’actrice américaine Marlene Dietrich, le roi Ferdinand de Bulgarie, Léon Tolstoï ou encore Lawrence d’Arabie. Ce sont toutes ces célébrités influentes de l’époque qui ont permis à l’Orient-Express de s’inscrire dans l’histoire, mais pas seulement.
Le mythe s’est aussi construit autour de la littérature et du cinéma. L’Orient-Express est une source d’inspiration inépuisable et ses lignes seront retranscrites dans une multitude de films, romans, bd, etc. Ainsi trois romans de la britannique Agatha Christie qui s’y déroulent deviennent rapidement cultes et inspirent par la suite de nombreuses adaptations cinématographiques.

Surnommé « Le roi des trains, le train des rois », c’est grâce à son élégance que le train a connu un si grand succès. Ce train qui conjugue à la fois innovation et raffinement est pourvu de ce qui se fait de plus moderne pour l’époque et son aspect luxueux souligné par des détails pointilleux et des matériaux d’exception (draps en soie, marbre, coupes en cristal et couverts en argent) ravie les voyageurs.
En 1920, la Compagnie Internationale des Wagons-Lits fait appel au Maître verrier René Lalique et au décorateur René Prou pour aménager certaines voitures en créant de véritables chefs d’œuvre de raffinement et de luxe à la gloire de l’Art déco. Il devient ainsi un terrain d’expression pour l’Art.

En 2016, un nouveau chapitre s’ouvre pour le mythe qui semblait pourtant appartenir au passé. L’Orient-Express révèle une nouvelle ligne esthétique à la Foire Internationale d’Art Contemporain (FIAC) dans une collection d’objets de voyage. Soucieux de leur héritage, ses objets se veulent élégants et contemporains.
En 2022, l’histoire du train né d’un rêve poursuit sa route et voit de nouveau le jour sous les traits de Maxime d’Angeac.

Maxime d’Angeac, 2022

Maxime d’Angeac est un architecte français passionné d’histoire. Fasciné par tous les mouvements artistiques de la Renaissance à l’art déco, il réalise en collaboration avec Joseph Hilton McConnico (designer et artiste américain) depuis vingt ans des projets de restauration et de décoration prestigieux pour Hermes ou encore Guerlain dans la somptueuse boutique des Champs-Élysées.
Amoureux de voyages et de littérature, il puise dans « l’ancien temps » pour parvenir à allier élégance, raffinement et modernité tout en préservant l’héritage et le patrimoine du lieu. Passionné de lecture se retrouvent également dans sa bibliothèque des ouvrages de Henry Miller, Agatha Christie, ou encore le livre Wagon-Lit de Joseph Kessel. Des références qui l’amènent comme par fatalité à l’Orient-Express.

Le projet de l’Orient-Express était de recréer dix-huit wagons, non pas identiques à ceux de l’Orient-Express original, mais plutôt de recréer son ambiance et son prestige, version XXIe siècle.
La Voiture-Bar prend alors place sous de larges coupoles de luminaire dans un style Second Empire aux allures chaleureuses et intimes ravivées par quelques touches de vert. Le bar est quant à lui entièrement fait de verre en clin d’œil intelligent à Lalique.
Dans les suites, les murs sont recouverts de bois précieux et de cuir pour une ambiance encore plus chaleureuse. Les têtes de lits sont ornées de broderies de bois nappées de perles de nacre et de bronze. Des niches laissent même apercevoir des panneaux de Lalique « Merles et Raisins » récupérés du Nostalgie-Istanbul-Orient-Express. Et dans chaque voiture apparait un symbole récurrent, celui du cercle, porteur de douceur et d’harmonie choisi par Maxime d’Angeac pour casser la rigidité et les lignes du train.

Le charme du passé conjugué au présent, soulignent un savoir-faire français d’exception.

Même si la finalisation du projet semble encore loin, les visuels séduisants nous permettent de patienter jusqu’à la mise en service prévue pour 2025.

Toutefois la réhabilitation de L’Orient-Express est loin d’être le seul projet en cours. L’Orient-Express compte bien élargir un peu plus ses horizons en créant une ligne d’hôtels, un tout nouveau train, l’Orient Express La Dolce Vita, qui traversera l’Italie ainsi qu’un voilier, l’Orient Express Silenseas qui voguera sur les plus belles mers du monde.
À travers ces trois nouveaux projets l’Orient-Express se fixe pour ambition d’associer l’amour du voyage au luxe. En collaboration, une nouvelle fois, avec les meilleurs artisans, ses esquisses promettent une excellence propre à l’Orient-Express.

L’Orient Express Silenseas

Si le sujet vous a intéressé, je vous propose d’aller visiter le site de Maxime d’Angeac, pour en prendre plein les yeux en cliquant sur ce lien : https://www.maximedangeac.com/projets/ , ou de vous immerger dans l’ambiance de l’Orient Express en regardant cette vidéo :

Orient Express Revelation: The New Orient Express Train

Eve, L – DNMADE1 Jo – Février 2023

The Line, utopie ou dystopie ?

Certains projets architecturaux, apparaissant comme futuristes, ne semblent être qu’une idée lointaine, dont on doute qu’elle aboutira un jour. Ce n’est pourtant plus le cas pour The Line, qui a vu ses travaux débuter début octobre 2022.

Vue satellite de l’excavation en cours, octobre 2022.

The line est un projet saoudien de ville écologique, qui se veut atteindre zéro émission de co2 et utiliser uniquement des énergies renouvelables pour son fonctionnement. Prévue pour accueillir près de 9 millions d’habitants, cette ville deviendrait la plus densément peuplée avec près de 260 000 personnes au km2, juste devant Manille aux Philippines, pourtant 6 fois moins élevée en densité. Située dans la region de Tabuk et allant jusqu’au golf d’Aqaba, cette ville en plein désert contiendra végétation luxuriante, logements de luxe, terrains de foot, taxis volants ainsi qu’une station d’altitude destinée à accueillir les Jeux Olympiques asiatiques 2029 pour un montant total minimal estimé à 200 milliards de dollards (les estimations les plus hautes penchant plutôt pour 1000 milliards ¨!). En bref, l’Arabie Saoudite compte bien en mettre plein la vue pour assurer son avenir économique après pétrole.

Cependant ce projet pharaonique qui annonce une multitude d’innovations techniques et écologiques est en réalité tout autre.

En effet, pour réaliser The Line, l’Arabie Saoudite fait face à un problème. Le territoire prévu pour le projet est occupé par des tribus autochtones. Il faut donc impérativement les déplacer et peu importe si les autorités doivent recourir à la violence. C’est d’ailleurs comme cela que les tribunaux d’exception ont condamné à mort trois dirigeants et à 50 ans de prison cinq représentants de Howeitat, l’une de ces tribus. Et pendant que la population pauvre se voit expulser, les grandes fortunes en profitent. Le journal Wall Street a dévoilé les rémunérations faramineuses obtenues par les plus haut cadres du projet. Et ce n’est pas très étonnant que l’on découvre que ceux-ci ne sont pas des grandes fortunes saoudiennes, mais bien des Occidentaux comme Peter Terium ancien carde de RWE (societé allemande d’énergie), Tim Shorrocks ancien d’Amazon, et bien d’autres.

Sur le plan humain et écologique se trouvent bien d’autres problèmes. Un exemple très récent a pu nous mettre en aletre sur les conditions de vie des travailleurs, en effet, il est question de la coupe du monde au Qatar et ses 7 mille employés décedés au cours de la construction des stades. On peut très facilement imaginer qu’il sera de même avec ce projet, voire pire. Le chantier est plus long et en plein désert, ce qui est encore plus difficile qu’au millieu de Doha. Mais bien sur cela ne relève encore que de suppositions.

Du point de vue environnemental, pour un projet qui se veut entièrement écologique nous sommes plus proches du greenwashing. Les moyens mis en oeuvre pour construire ce projet sont si considérables que l’aspect « écologique » affiché pour l’après ne représenterait rien. La faculté d’architecture de l’Université de Nouvelle-Galles du Sud en Australie estime pour la construction un coût écologique à environ 1,8 milliard de tonnes de CO2, soit 4 fois plus que la production du Royaume Uni en un an. Et en plus de l’impact écologique, c’est la faune local qui se verra impactée. Que ce soit pour les oiseaux migrateurs de la Mer Rouge qui ne verront pas cet immense mur de verre de 500 mètres de haut ou pour les animaux au sol qui ne pourront pas le contourner.

Alors certes, ce projet est une réelle prouesse architecturale qui tente de s’immiscer au sein de l’environnement local par des jeux de reflets mais les enjeux humain, écologiques et économiques sont bien trop importants. Et ne semblent pourtant pas alerter les promoteurs saoudiens guidés par la folie de l’avant-gardisme.

Si vous voulez en savoir un peu plus sur ce projet, n’hésitez pas à cliquer ici pour visionner une analyse vidéo.

Sources :

  • Neom
  • Radio France
  • Le Monde
  • Siècle Digital
  • Numerama

Eve Lacroix – DNMADe1 Jo – octobre 2022

Le covid… Source d’inspiration ?

Souvenez vous ! Pendant les temps forts de la pandémie de coronavirus, la grande majorité du monde fut confinée, les grandes villes se retrouvaient alors désertées. De nombreuses photos troublantes ont circulé, montrant des rues de grandes métropoles totalement vides. Les œuvres de l’artiste dont je vais vous parler aujourd’hui m’évoquent directement cette période. En effet, dans cet article nous allons passer au peigne fin le travail de Rumi Ando.

Cette photographe casse les codes de son domaine en ne s’intéressant pas à la foule ou encore aux couleurs vives. Le principe même de son expression artistique est de représenter les formes géométriques qu’on retrouve dans les rues de Tokyo avec des couleurs très pastels qui rendent la scène plutôt inquiétante. Ici le pastel ne semble étonnement pas nous communiquer une idée d’innocence. Bien au contraire…

Pour renforcer cette idée de photographie angoissante, l’artiste supprime les habitants, les panneaux publicitaires, les pylônes électriques, les portes et les fenêtres. Un décor presque post apocalyptique qui attire notre attention sur la déconnexion sociale présente au sein de cette ville. Le plus beau dans tout ça ? C’est que ces œuvres à la vision dystopique de nos métropoles ont été réalisées AVANT la pandémie. Un coup de génie ? Peut être.

On peut remarquer que cette artiste semble appartenir au surréalisme. Ce mouvement artistique a pour but de redécouvrir une sensibilité perdue, de retrouver les facultés humaines annihilées, réprimées par des siècles de civilisation et d’accéder à un univers régi par le merveilleux, l’imagination, le rêve et l’amour. Quoi de mieux que de supprimer directement à la source le problème ? L’artiste nous fait réfléchir. A-t-elle voulu supprimer toute forme de vie en ne laissant que les créations humaines pour dénoncer un sentiment d’oppression ? Une autre hypothèse plus probable : L’artiste dénonce l’évolution de la société qui tend à être de plus en plus asservie par internet, et qui peut à peu nous isole de nos congénères réels. Faut-il s’inquiéter d’un avenir urbain qui pourrait conduire à une distanciation sociale volontaire, ou ne voir que la dimension sereine, paisible, qui se dégage de ces photographies ? Suite aux récents évènements sanitaires cette question est d’autant plus renforcée.

Eve BIELHER – DNMADe1 Ho – Avril 2022

Quand la nature sublime la rouille

L’exploration urbaine, plus communément appelé Urbex, qui se définit comme étant une visite sans autorisation des lieux délaissés ou abandonnés, d’après plusieurs pratiquant.es, l’exploration des lieux abandonnés était, est, et sera toujours quelque chose qui perdurera, le plus longtemps que l’Homme décidera d’abandonner des bâtisses et autres bâtiments.

Grâce ou à cause des réseaux sociaux (à vous de juger), l’engouement autour de cette activité est grandissante, malgré la médiatisation de celle-ci, qui possède ses propres principes, ainsi qu’un code de conduite visant à préserver les lieux et les protéger au maximum, entre photographes, youtubeurs, amoureux d’histoires, et autres adeptes passionnés, la non-diffusion des coordonnées des spots* est une règle d’or dans cette discipline, afin d’éviter d’attirer les voleurs, les casseurs ou même les squatteurs, mais aussi par respect pour les propriétaires.

Alice Van Kempen, FURBEX

Pourquoi apprécier cette discipline?

D’abord il y a l’aspect historique des lieux, qui est étroitement lié à la temporalité, les lieux peuvent être abandonnés depuis des années ou des mois, les urbexeur.ses sont toujours en admiration sur ces lieux dans lesquels le temps semble s’être arrêté. Éprouvant une nostalgie du présent, qui suspend le temps pour celui qui l’observe, un décor actuel mais plongé dans le passé. De plus, nous avons les adeptes de l’aspect esthétique, des lieux chargés d’histoire, de détails, d’objets qui méritent d’être photographiés, ou d’être scénarisés à des fins cinématographiques, et d’autres domaines pour les plus créatifs.

Dominique Hermier, urbexeur et graphiste, nous montre comment il lie ses deux univers pourtant très différents : « En tant que graphiste et directeur de créa, faire se télescoper des univers de pop-culture et photographiques, cela crée des chocs « philoso-graphiques », […], l’urbex est souvent abordée par les photographes, soit sur l’aspect esthétique et historique avec de très belles réalisations photographiques qui montrent le travail du temps et de l’abandon, soit comme support pour des mises en scène avec modèles ravissants et accessoires travaillés. Rarement le volet social et marketing sont mis en avant, et c’est dommage, car c’est l’occasion de montrer notre société sous un angle différent, tout en posant des questions avec un autre vocabulaire graphique. J’ai voulu imaginer la fusion du marketing et de l’urbex… »

L’exploration urbaine à la sauce « Ikea » : que découvriront les urbexeurs de demain ?

Après cette brève information ré-créative, revenons aux différents attraits de cette discipline.

Pour nous, dans cette société, nous avons facilité à imaginer une ville, une usine, un lieu, mais s’y rendre c’est en prendre possession, c’est retrouver un autre rapport à soi par rapport aux objets, se rendre compte à quel point la matérialité des choses est si dérisoire pour l’Homme, du jour au lendemain, un lieu peut être abandonné, pour un manque d’engouement pour celui-ci, un départ en catastrophe, ou seulement parce qu’il ne génère plus d’interactions sociales, ou économiques.

Je ne vais pas vous faire tout un dépliant sur le pourquoi du comment l’Urbex est appréciable, mais n’oublions pas la satisfaction de voir que dans certains lieux abandonnés par l’Homme, la nature reprend ses droits, prenant le contrôle sur les structures, les recouvrant de feuillages, c’est un mélange qui donne place a une magie inédite.

Si vous êtes intéressé.e pour essayer, n’oubliez pas de vous renseigner avant toute chose sur les lieux, de vous faire accompagner de personnes bienveillantes et de confiance, évitez de vous mettre dans de mauvaises situations, s’il n’y a aucun accès vers l’intérieur, admirez l’extérieur. L’adrénaline peut être un sentiment addictif, mais autant positif que négatif, le bon sens et le respect du lieu sont de rigueur, c’est une discipline dangereuse et illégale, c’est quelque chose à prendre en compte dans certaines situations. 

Tiphaine Dausseing, DnMade Jo 14 Avril 2022

 

Palladio en Palladium ou en Paladium ?

Nous connaissons tous l’homme de Vitruve, cet homme avec 8* membres (*9 pour les observateurs). Le modèle est calqué sur un homme, inscrit dans un cercle ainsi que dans un carré.  Il est la parfaite représentation de la mesure, la géométrie, qui a permis l’harmonie naturelle de l’architecture italienne à la Renaissance.

 croquis de l’homme de Vitruve de Léonard de Vinci 1490

Aujourd’hui nous allons parler de Andrea Palladio, un architecte important de cette période dite de la Renaissance. Il nait en Italie à Padoue en Vénétie, en 1508. À 13 ans il est inscrit par son père dans l’atelier de l’architecte, Bartolomeo Cavazza. Condamné à 6 années d’étude, c’est alors âgé de 15 ans qu’il fuit sa formation pour se réfugier à Vicence. Il est contraint de revenir étudier suite à un licenciement. A partir de 1534, il est appelé par Trissino pour diriger le chantier de la villa Cricoli. Trissino est un poète, philosophe, lettré et diplomate au service de la curie romaine ; c’est un humaniste, expert d’art militaire et passionné d’architecture.  Palladio est aussi l’auteur de plusieurs architectures du courant du Maniérisme, tel que, la Villa Rotonda, le palais des Doges, la cathédrale de Vicence. Toute sa vie il a étudié l’architecture de Vitruve qui a permis l’accordage des bâtiments à cette époque.

 Portrait de Palladio 1756 par Alessandro Maganza

L’homme de Vitruve a permis à Palladio de réaliser un traité d’architecture, appelé, « Les Quatre Livres de l’architecture ». Dans ces ouvrages, sont indiqués les règles systématiques en matière de construction. Il a aussi publié ses croquis, ses dessins techniques ainsi que ses œuvres, ce traité est rendu public. Un nouveau style architectural voit le jour : le Palladianisme.

Les Quatre Livres de l’architecture 1570 par Palladio

Son œuvre a eu une influence considérable et influence encore aujourd’hui de nombreux architectes.

Les Bases de l’architecture selon Palladio :

D’après « Les Quatre Livres de l’architecture », Palladio a défini sept proportions majeures :

  1. le cercle,
  2. le carré,
  3. la diagonale du carré 1√2,
  4. un carré plus un tiers 34,
  5. un carré plus un demi 23,
  6. un carré plus deux tiers 35,
  7. un double carré 12.Les références couleurs apparaissent ci dessous.                                    Plan de la villa Rotonda par Palladio 1566 et 1571    

Les ornementations de l’époque sont fortement inspirées des architectures romaines. On retrouve, la fenêtre Palladien, qui est une des œuvres de Palladio. Bien sûr, les vitres sont en verre de Murano. Les voutes surcroisées d’ogives sont aussi caractéristiques de l’époque. Les chapiteaux ornés de scènes Mythiques (et pas meetic), divines, sont aussi très importants dans l’architecture Palladienne.

Maintenant, il est temps de savoir quels matériaux utiliser. Palladio a relevé plusieurs matières très importantes pour réaliser une architecture qui traversera les siècles. Il y a la pierre, permettant le taillage aux ciseaux de l’ornementation. L’argile, servant à fabriquer des briques et des tuiles. Les éléments sont façonnés puis cuits. Le mortier aussi utilisé pour relier les constructions, réalisé avec du sable, de la chaux et de l ‘eau. Le bois sert à réaliser les fondations d’une construction.

En ce qui concerne les outils, les ciseaux, les tenailles, les bouchards, les scies, sont des outils qui permettent de façonner la pierre.

Pour lever les briques, Ils utilisent des poulies, pour soulever les lourdes charges, une grue. Cette grue est une grande roue actionnée par des hommes qui marchent à l’intérieur de celle-ci. Le mouvement entraîne une corde qui s’enroule sur un treuil.

Enfin, après avoir pris connaissances des bases de l’étude des formes, des ornements, des matériaux et des outils à disposition, il ne reste plus qu’à réfléchir à un design Palladien.

Et vous est-ce que comme Palladio vous préférez une architecture symétrique, avec une géométrie parfaite, et épurée ou comme les cathédrales Gothiques, ou plutôt une architecture chargée parfois asymétrique ?

Le saviez-vous : Palladio, durant ses années d’études, était considéré comme un cancre. Comme quoi, on peut devenir architecte renommé et inventer un nouveau courant artistique avec un bonnet d’âne.

BONNETTI Mia – DNMADE 1HO – Février 2022

Le Monument Invisible

La curiosité vous attire ! Comment un monument peut-il être invisible ? Je vais vous le faire découvrir dans cet article conteur d’histoire et de souvenirs alors installez-vous près de la cheminée et laissez-vous porter par votre imagination.

Petit et encore aujourd’hui la période de Noël enchante nos esprits de sa magie créée par la neige, le sapin lumineux et les cadeaux, mais surtout et avant tout par ce gros bonhomme en rouge et blanc poussé par des rennes sur son traîneau, le Père Noël. Une histoire qui nous faisait attendre le mois de décembre avec impatience, mais qui cependant instaure le mystère avec ce personnage qui par sa discrétion n’a jamais été visible.

Alors comment et pourquoi croyons nous au Père Noël ? Demandez à vos parents, aux livres, aux films…

En effet nous ne pouvons croire en lui que par les histoires qu’on nous raconte, alors croirez vous en moi si je vous dis que se trouve dans le quartier de Schlossplatz à Sarrebrück un monument que l’on ne voit pas.

À la manière du père Noël qui rentrait clandestinement dans les maisons pour déposer des cadeaux au pied du sapin, Jochen Gerz a clandestinement scellé progressivement les pavés de la place pour rendre hommage aux disparus juifs victime de la Shoah…

Qui est Jochen Gerz ?

Jochen Gerz est un artiste conceptuel d’origine allemande, né à Berlin en 1940. Il mène l’essentiel de sa carrière artistique à Paris avant de s’installer en 2008 en Irlande. Ses travaux ne relèvent jamais d’une seule discipline artistique. Ils doivent d’abord être compris comme des œuvres in-situ où sont utilisés différents médias : Écriture, photographie, vidéo, installation, mais également performance. Ses anti-monuments et son œuvre sur la mémoire l’ont fait connaître au-delà du milieu de l’art.

« Quand je pense à l’art, je ne pense pas à l’idée de faire quelque chose. Tôt ou tard, je pense à être. Pour moi, l’art reste lié à son origine, être. C’est aussi la manifestation la plus radicale du non-dit que l’on puisse produire « .

Un Monument Pas Aussi Invisible qu’on ne le Pense

Le monument invisible, aussi appelé 2 146 Pierres, un monument contre le racisme, est une intervention faisant appel à la sculpture de Jochen Gerz.

1 an après la chute du mur de Berlin. Le pays est réunifié et la chute du mur entraîne une prise de conscience plus intense des événements passés. En avril 1990, l’ensemble des 66 communautés juives d’Allemagne (et de la RDA de l’époque) ont été invitées à mettre à disposition les noms de leurs cimetières. Jochen Gerz entreprend clandestinement, avec l’aide de ses étudiants de l’École des Beaux-Arts, de desceller progressivement les pavés de la place devant le château de Sarrebrück, ancien quartier général de la Gestapo. Sur chaque pavé, il inscrit le nom d’un cimetière juif d’Allemagne et la date de cette inscription pour le remettre en place, face gravée tournée vers le sol. Le nombre des cimetières donnés par les communautés juives s’élevait à l’automne 1992 à 2146. Cela a donné le nom au mémorial 2146 pavés.

L’œuvre a été inaugurée à Sarrebrück en mars 1993 par une exposition photographique retraçant les étapes de la réalisation du projet. Le 23 mai 1993, la place du château est officiellement baptisée Place du Monument Invisible. Ce sera le seul indice visible d’un lieu qu’on arpente sans repère.

Une Œuvre Conceptuelle

Il ne s’agit pas d’une œuvre comme les autres. D’une part, c’est une œuvre invisible, on ne la connaît que si on nous l’a raconté, car elle est cachée. C’est une œuvre conceptuelle. Le spectateur déambule donc sur l’œuvre elle-même et s’interroge sur ce qui se cache sous ses pieds. D’autre part, c’est une œuvre qui est une installation In Situ, c’est-à-dire installée non pas dans un musée, mais dans un lieu extérieur et choisi volontairement par l’artiste dans le but de créer du sens.

L’artiste détourne ici l’intention commémorative initiale et le caractère habituellement démonstratif du monument. Il crée ainsi une œuvre forte et discrète à la fois, dont le sens et la forme évoquent le silence de la population locale face aux déportations. L’artiste mobilise donc une nouvelle forme de commémoration qu’il développe sous la forme d’anti-monuments qui symbolisent l’enfouissement de souvenir de ces événements tragiques dans nos mémoires.

Si un jour vous avez l’occasion d’aller ou de retourner sur cette incroyable place, imaginez-vous arpenter une longue vallée de centaines de petits monuments pour vous laisser porter au cœur de l’espace, du calme, de la compassion et des souvenirs qu’offre Jochen Gerz à travers son œuvre.

Je vous remercie de l’attention portée à cet article, n’oubliez pas de laisser un commentaire.

Amélie T. – DNMADe23Jo – Décembre 2021

Venise : des souvenirs bientôt noyés ?

2018, c’est l’année où j’ai fait connaissance de la « Sérénissime », traduisez « la très sereine » en lien avec son histoire à l’époque de la République de Venise. Célèbre pour ses canaux bordés de luxueux palais construits depuis le Moyen-Âge, elle est actuellement vue comme la « ville des Amoureux ». Mais un problème s’impose comme une dure réalité : la montée des eaux. Elle est aujourd’hui sous la loupe des experts, menacée de devenir une ville engloutie…

Commençons par un petit bond dans l’histoire : Sa fondation date de l’an 421. Les habitants de Vénétie, expulsés par les Ostrogoth et les Lombards, se sont réfugiés dans ces terres marécageuses de l’embouchure du fleuve de Pô. Ce sera le point de départ de la ville de Venise. Elle est donc construite sur une lagune, une étendue d’eau salée peu profonde qui communique avec la mer. En réalité, les maisons ne sont pas bâties sur l’eau mais sur 117 îles reliées par des canaux. Un sous-sol de pieux de bois plantés très serrés constitue les fondations. Enfoncés dans la terre argileuse, ils sont à l’abri de l’oxygène et ne pourrissent pas. 

De nos jours, on peut que s’émerveiller devant ce magnifique travail effectué durant toutes ces années ! C’est ce que j’ai pu faire, non pas en amoureux mais en famille ! Je me sentais alors très chanceux de pouvoir visiter ladite « 8ème merveille du monde »,  inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1957 et j’étais loin d’imaginer la face cachée de la cité des doges jusqu’à ce que je tombe sur un documentaire alertant sur la disparition possible de la Sérénissime…

Mais pourquoi Venise pourrait disparaitre ?                                                                      Parce qu’elle est menacée par la montée des eaux  due au  changement climatique, aux grands projets d’infrastructures, à l’impact du tourisme de masse et à la navigation des bateaux de croisière. Elle a même  échappé de peu à l’inscription sur la liste de sites en danger par L’Unesco.

Les défenseurs de l’environnement accusent les grosses vagues engendrées par les « mastodontes de la mer » d’éroder les fondations de la Sérénissime et de menacer le fragile écosystème de sa lagune. Le réchauffement climatique provoquant la fonte des glaces, fait naturellement augmenter le niveau des mers et Venise n’échappe pas à la règle. Mais tout n’est pas de la faute au réchauffement climatique. A ces causes s’ajoutent aussi le fond marin qui s’affaisse en raison de la géologie locale, de l’extraction d’eau pour en tirer du gaz jusqu’à la fin des années 1970 et la construction d’une zone industrielle derrière Venise. L’activité humaine est donc responsable en grande partie de ce phénomène !

Pourtant Venise est habituée depuis toujours à se retrouver les pieds dans l’eau ! En effet, à chaque marée haute, en particulier en automne, la ville est inondée et notamment ses parties basses comme la place Saint Marc. On appelle ce phénomène, l’Aqua Alta. Si celui-ci n’était pas un problème jusqu’ici puisqu’il permettait de « nettoyer la ville », il en est devenu un aujourd’hui. De plus en plus fréquent et de plus en plus haut , les conséquences pourraient aboutir à l’immersion complète de Venise. Quand ? Et bien très vite puisque des études montrent, qu’au rythme actuel de la montée des eaux, Venise  serait une des premières villes à disparaitre… en 2100 ! Pour autant des vagues de touristes, descendants des bateaux de croisières, chaussent les bottes en automne pour admirer le spectacle des reflets du palais des Doges dans la mer, des vagues aussi dangereuses que celles de la Mer Adriatique ! Quelle tristesse !

28 minutes, c’est donc le temps que je vous demande pour prendre la mesure du problème en regardant le documentaire. 28 petites minutes pour les 1000 ans qu’il a fallu à la construction de Venise…

Que faire alors pour protéger ce site exceptionnel ? Acheter une paire de bottes pour visiter Venise, en attendant tranquillement d’investir dans un équipement de                plongée ! Différents projets et mesures ont vu le jour ces dernières années pour sauver Venise. Tout d’abord le projet MoSE (Modulo Sperimentale Elettromecanico) ou Moïse en italien dont parle le documentaire. Lancé en 2003, il a pour objectif de protéger la lagune en cas de montée de la mer grâce à l’installation de digues flottantes. Les premiers essais ont eu lieu en 2020, comme vous le montre la vidéo qui suit :

https://www.lci.fr/international/comment-moise-doit-sauver-venise-des-eaux-2159037.html

Ensuite l’interdiction des fameux « mastodontes » de pénétrer au cœur de la lagune avec une entrée en vigueur le 1er août 2021 et enfin, faire payer un droit d’entrer aux touristes, une sorte de taxe, à l’entrée de tourniquets installés aux abords de la cité dès 2022.                                                                                                                                                      Mais  ces solutions ne suffiront sans doute pas, Greenpeace prêche pour que les responsables s’attaquent aux causes de l’élévation du niveau de la mer. « Demain, si l’on imagine une augmentation de 3 degrés, il ne sera plus possible de sauver Venise » et pas seulement Venise… car le plan MoSE pose déjà question et divise la communauté scientifique. Il ne répond pas à toute la problématique de la montée de la mer. Fermer les digues quotidiennement reviendrait aussi à empoisonner la lagune avec les eaux usées, la pollution ce qui endommageraient davantage son écosystème. Et seront-elles assez puissantes et hautes pour le faire indéfiniment ? Cela semble être un simple pansement sur le mal, l’origine on la connait  mais on ne veut pas vraiment la voir… Nous sommes tous responsables, touristes ou non de par nos activités.

Serait-ce donc raisonnable de vous conseiller de vous dépêcher d’y aller ? Pas vraiment si l’on prend tout cela en considération. Mais alors faut-il se priver de voyages et donc se priver de se cultiver ? Je vous laisse y réfléchir, les pieds bien au sec avec, pourquoi pas, ce livre « Fragments Vénitiens » de Martine et Philippe DELERM aux éditions Seuil qui amène au voyage d’une manière différente… Et j’espère vraiment qu’elle sera que noyée dans mes souvenirs, de si beaux souvenirs…

Décidément, les vagues, quelles qu’elles soient, deviennent de plus en plus destructrices…  

BOULET Valentin DN MADE 2 Ho, décembre 2021

3, 2, 1, empaquetez !

C’est un succès mondial qu’a connu l’installation monumentale L’Arc de Triomphe empaqueté du duo Christo et Jeanne-Claude, un couple d’artistes contemporains rendu mondialement célèbres à la fois par le gigantisme de leurs réalisations et par leur caractère éphémère. Leur art consiste en l’« empaquetage » de lieux, de bâtiments, de monuments, de parcs et de paysages. Ils s’approprient un lieu ce que l’on appelle une œuvre in situ. Certaines de leurs œuvres pionnières se rapprochent du Land Art en raison de leur gigantisme ou plus généralement de leur réalisation hors des traditionnels sites : atelier, galerie, musée.

Pourquoi l’ « empaquetage » ?

Anaël Pigeat rappelle l’importance du terme précis d’ « empaquetage » pour Christo. Il ne s’agit pas d’emballage mais d’empaquetage car dans ce mot il y a l’idée du voyage, du déplacement. Quelque chose de fugitif et nomade.

Cet empaquetage est une manière de souligner le quotidien autrement. C’est une manière d’arrêter le regard, créer un temps suspendu. Christo commence cette réflexion en 1957 à partir d’un pot de peinture qu’il commence à empaqueter. Il a fait toutes sortes d’empaquetage de petits objets, il a empaqueté des meubles, des poussettes, un caddie de supermarché… puis un empaquetage à l’échelle de rue, comme le Mur de barils, le rideau de fer de la rue Visconti en 1968. Puis, son travail a pris l’échelle du paysage et des monuments. 

Ici, l’arc de triomphe fait l’objet d’un grand débat, leur dernière création a nécessité quelque 25 000 mètres carrés de tissu recyclable, 3 000 mètres de corde et plus d’un mois de travaux. Elle a coûté 14 millions d’euros, recueillis grâce à la vente des esquisses préparatoires. Un coût pharaonique qui en fâche plus d’un comme toujours… et nombreux sont les Parisiens qui se sont interrogés sur l’utilité d’une démarche dont l’esthétique fait débat. «Transformer l’Arc de Triomphe en poubelle géante le jour où Anne Hidalgo déclare sa candidature à l’élection présidentielle, tout un symbole», ironisait un twittos, sans doute en référence au hashtag #Saccageparis qui dénonce les problèmes de propreté de la capitale.

D’autres dénoncent une attaque en règle contre l’histoire de France, comparent cette œuvre à un attentat ou ont une pensée pour les touristes évidemment déçus de voir une telle horreur (les passerelles de Christo sur le lac d’Iseo en Italie avaient attiré 1,2 million de curieux en deux semaines). Certains y voient plutôt un projet « magnifique », « quelque chose de beau », « bien et original ».

Et, depuis leur première œuvre d’art ensemble en 1961 (Barils de pétrole empilés et colis à quai), Christo et Jeanne-Claude ont multiplié les projets ambitieux. Une tour médiévale en Italie, un musée d’art en Suisse, plus de 2 kilomètres de côte en Australie, le Reichstag à Berlin…

L’Arc de Triomphe aujourd’hui n’est d’ailleurs pas le premier monument parisien à passer entre les mains du duo : en 1985, Christo et Jeanne-Claude avaient recouvert le Pont Neuf par près de 42 000 m² de tissu.

« Christo avait pour projet d’empaqueter des lieux de la vie quotidienne qu’on finit par ne plus regarder pour le mettre en valeur et que l’on pose à nouveau l’œil dessus. Vu les réactions indignées à propos de l’Arc de Triomphe, son œuvre est plus qu’efficace »

La dernière œuvre de l’artiste semble en effet avoir déjà fait mouche. Choquer, indigner, émouvoir, faire réfléchir, ouvrir le débat, être critiqué… N’est-ce pas là le sens de l’art ?

Journot Lola DnMade 2  bij, 2021

Plus vrai que nature !

Quand le monde de « l’invisible » vient à notre échelle…
Vous allez voir que c’est tout autant surprenant que fascinant !

Dans cet article je vais vous parler d’anamorphoses.

Qu’est-ce que c’est ?

Cela consiste à peindre de façon déformée et calculée une image qui se reconstituera, observée d’un point de vue préétabli, et donnera à une peinture murale une impression de relief et donc de réalité spatiale.

Ici ces anamorphoses donnent vie à des petits animaux ou insectes aux dimensions gigantesques qui en déstabiliseraient plus d’un… comme si elles étaient vivantes… Alors j’espère que vous n’avez pas froid aux yeux, parce que devant ces oeuvres je crois qu’on peut se sentir bien minuscules.
(spoiler alert, si vous avez peur des araignées vous pouvez passer ;)).

« Le roi des illusions d’optique en 3D » par bewarmag.com

L’auteur de ces créatures aux proportions démesurées est Sergio Oreith, je l’ai découvert cet été par hasard sur internet et j’ai beaucoup aimé son concept artistique. C’est un street-artiste Portugais, qui est spécialisé dans le graffiti et a commencé à se faire connaitre dans les rues Portugaises dans les années 1980-1990.

Ses premières expériences furent esquissées sur des murs, des voies ferrées ainsi que dans des environnements exclusivement urbains et industriels (oui vous allez me dire, c’est bien l’idée initiale du street-art…).
Ensuite il commencera à peindre sur des grandes fresques et développera alors davantage ses talents pour le dessin à de plus grandes échelles, en s’exerçant sur des surfaces de plus en plus vastes.

Talents qui s’affirment plus tard comme un véritable art de tromper l’œil.
Il peint un art anamorphique qui peut être qualifié d’hyperréaliste et se distingue par ses compositions démontrant sa grande maitrise technique de la perspective et du jeu ombres/lumières sur différentes surfaces (angles de murs, sols, bloc de béton), créant des dessins 3D extraordinaires. Un réalisme tout simplement incroyable, presque invraisemblable. Il a par la suite appelé son procédé de « 3D sombre ».

Son sens de l’humour transparaît aussi dans la façon dont il fait dénoter ses créatures qui semblent surgir de l’obscurité et d’angles de murs oubliés de la ville… D’ordinaire c’est nous qui tombons sur ces petits êtres dans les recoins de notre maison qui nous embêtent bien, sauf qu’ici les rôles s’inversent.
C’est plutôt elles qui sont dans leur habitat naturel et nous qui sommes de trop. Une belle remise en question que nous avons là !

Aloès CHARLES-MOREAU – DNMADe 2 bij – Octobre 2021