La représentation du corps traduit-elle une destruction de l’identité ?

A l’ère de la communication mondialisée il me semble pertinent de vous présenter le travail artistique du duo Aziz et Cucher véritable remise en question de notre usage des technologies.

Tous deux issus du San Francisco Anthony Aziz et Sammy Cucher travaillent depuis 1990 sous le nom logotypé de Aziz+Cucher. Leurs œuvres et points de vue sont principalement énoncés par la photographie digitalement modifiée.  

 « Chaque image, chaque représentation est devenue aujourd’hui une imposture potentielle « 

C’est à travers la série de photos nommée « Dystopia » sortie en 1995 que le duo nous présente de grands portraits défigurés, l’opération de gommage débouchant sur l’obstruction de tous les orifices dédiés à nos sens disparaissent sous une épaisse couche de chair, sous une peau qui les prive d’échanges avec l’extérieur. Derrière le mutisme de la peau, le visage silencieux devient impersonnel. L’identité du portrait, comme celui des autres œuvres de la même série, est dissoute, décomposée, déshumanisée.

Dans les photographies, la manipulation est évidente. Les visages semblent fermés sur un cri silencieux. De cette façon les artistes mettent l’accent sur tout un tas de questions liées à l’identité : la possibilité de cloner un jour d’autres êtres humains, l’angoisse qui peut surgir des manipulations génétiques mais aussi la perte d’identité de l’homme dans sa relation et son association avec le virtuel. Symboliquement les portraits nous montrent la mutation fatale de cette société, privée de liberté et d’échanges avec l’extérieur, et littéralement asphyxiée.

Les visages seraient comme connectés à un autre monde, virtuel, rendant le corps inquiétant et morbide. La cyberculture a levé de nombreuses barrières qui existaient jusque là entre les individus. Mais à en croire ce portrait, le phénomène ne serait pas sans conséquence pour l’individu lui-même. Le sujet est entièrement absorbé, englouti, néantisé. À travers la connexion et le couplage homme-machine, se joue non seulement la disparition du corps, mais aussi la perte des caractéristiques individuelles. Edmond Couchot nous explique que ces « êtres appartiennent à un univers virtualisé aux infinies possibilités, où l’engagement du corps est devenu obsolète. Téléprésence, téléactivité, cybersex, la prothèse technologique appelle la disparition des organes et des sens vitaux. De là ces êtres qui ne sont pas amputés mais dont les sens ont disparu suivant un processus qui semble presque naturel, la peau ayant repris ses droits sur des orifices devenus inutiles. Ce constat terrifiant sous-tend la nécessaire réappropriation du corps face au corps virtuel et bouleverse les conventions du portrait. »

Ainsi ces photographies agissent elles comme un récit d’anticipation contre utopique qui nous mettrait en garde contre d’hypothétiques mutations fatales de l’humain et de la société, technologiquement refondés. ces œuvres agissent de façon métaphorique comme des avertisseurs, appuyant visuellement sur nos craintes, en nous montrant des figures redoutées. Un mouvement général de transformation du réel par les technologies est en marche. Le corps, la société, mais aussi notre environnement naturel, se trouvent profondément affectés par ce phénomène en expansion rapide. La plupart des utopies technoscientifiques des décennies passées sont en train de devenir des « faits accomplis », ouvrant la voie à de nombreux espoirs, tout autant qu’à de potentielles dérives.

« La réalité virtuelle introduit une autre forme de dédoublement de l’homme et de son corps. En transformant le monde en information, la cyberculture efface le corps, elle modélise la perception sensorielle, réduite le plus souvent à la vue, à la seule protubérance d’un regard fonctionnel. »
David Le Breton

EMMA G. – DNMADeJo1.5 – Avril 2023

Ces œuvres que vous ne verrez jamais

Laissez moi vous emmener aux 4 coins d’Europe à la poursuite des œuvres de David Popa, land artiste américain.

Son travail consiste à peindre des œuvres éphémères grâce à des pigments naturels trouvés dans les environnement qui lui servent de support.

« Prometheus », Novembre 2021, Grèce
« Inceptus », Août 2020, Norvège

David Popa cherche tout d’abord les endroits parfaits pour exercer son art, ceux qui lui procurent inspiration et émotions. Une fois sur place, l’artiste s’équipe des pigments que la nature lui offre tels que du charbon de bois, de la terre ou encore des coquillages broyés.

« Il utilise les mêmes matières premières qui auraient été utilisées dans les premières peintures rupestres il y à 40 000 ans. »

« Exode », Décembre 2020, Finlande (48h de travail)

« Popa explore les mystères de la nature, le frisson de l’aventure et la manière dont l’art peut être utilisé comme une passerelle pour déterrer les désirs les plus profonds de l’âme »

Il n’hésite pas à travailler de nuit ou à nager dans les eaux gelées pour créer ses fresques. Celles-ci ne durent souvent que quelques jours et plus rarement quelques mois, en fonction des conditions météorologiques. Les œuvres ne disparaissent pas totalement, chacune est documentée de différentes façons.

« Les pièces ont été documentées via, vidéos, photographies et photogrammétrie de drone aérien et possèdent une forme tactile comme des impressions en édition limitée ainsi que sous forme numérique à travers des NFT. »

« Le pouvoir de la Terre », Juin 2022,
Bordeaux, France

David Popa est aussi un artiste engagé puisqu’il dédie au début de l’année 2022 une de ses collections au conflit entre l’Ukraine et la Russie. « Fractured » est une série de 4 fresques peintes au charbon sur des plateformes de glace flottantes fissurées. Des visages brisés et touchants qui rappellent la fragilité des liens entre les Hommes.

« Le projet a évolué comme une réponse au conflit en cours en Ukraine, qui n’a que davantage souligné l’état fracturé du monde dans lequel nous vivons. »

« Fractured », Février-Avril 2022, Finlande

Au-delà d’une simple création, David Popa vit de véritables aventures pour proposer des œuvres d’art qui n’auront que lui, son équipe et la nature pour spectateurs.

J’ai choisi de vous présenter cet artiste car il nous prouve qu’une œuvre peut exister internationalement sans même être vue par un public alors qu’une des finalité de l’art est la contemplation. De plus, je trouve intéressant que ces œuvres soient liées à l’environnement qui l’entoure.

Si vous voulez en savoir plus sur le travail de David Popa, je vous invite à visiter son site internet qui propose plusieurs documentaires sur la réalisation de ses œuvres.

https://www.davidpopaart.com

PARASECOLI Léa, DNMADe Ho 15, Avril 2023

Une femme avec une sacrée paire d’ovaires !

Shamsia Hassani, entre art et pouvoir. 15 minutes pour échapper à la prison, le temps de lutter contre l’oppression.

L’histoire pour y voir de l’art,
née en 1988 à Téhéran d’une famille émigrée, la jeune enfant se passionne pour l’art. N’ayant pas la possibilité d’étudier le domaine elle retourne à Kaboul où elle y devient professeure après ses études. Kaboul, cette ville qui lui a permis d’apprendre et de commencer le street art : ce milieu où 15 minutes suffisent pour te faire enfermer, où 15 minutes suffisent à tout dénoncer.

Shamsia Hassani avec l’une de ses premières œuvres sur les murs Afghans

Lutter contre l’oppression,
entre prise de Kaboul par les talibans et mort de Mahsa Amini pour exorde de révolution, l’oppression subie par les femmes de ce pays est bel et bien encore présente. L’artiste Shamsia Hassani fait partie de ces dénonciateurs, de ces opposants, de ces gens qui donnent de l’espoir face à un monde anéanti. Elle l’exprime elle-même, elle veut contrer l’oppression subie par les femmes au travers de son travail. Nous l’avons précisé, elle peint dans la rue, luttant peut-être pour rendre l’art plus accessible et certainement pour que chacun se questionne sur les problématiques qu’elle met en avant. Des problématiques actuelles et qui répondent aux enjeux du pays qu’elle chérit tant. Son travail n’est pas islamique nous dit-elle mais elle peint, représente les femmes comme êtres de puissance, d’évasion de pouvoir. Derrière ses graffitis l’artiste met en lumière son pays pour sa beauté et son humanité, elle détourne cette vision commune de l’Afghanistan destructeur et sol de guerre.

« Art changes people’s minds and people change the world »

Du talent mais pas seulement,
Faisant d’elle la première street artiste afghane, elle s’impose dans le domaine en 2013 alors qu’elle réalise une fresque murale dans le quartier des grottes de Genève. Accompagnée de plusieurs femmes réfugiées victimes de violences elle choisit la date du 14 juin, jour de commémoration de la Grève des Femmes. Un mouvement datant de 1991, instauré par l’Union Syndicale Suisse afin de lutter pour l’égalité hommes femmes.
L’artiste est finaliste pour le prix Artraker en 2014, un prix anglais qui honore les artistes inspirant ou dénonçant les guerres et conflits.
En 2009 Shamsia Hassani est nommée parmi les 10 meilleurs artistes Afghans pour le prix de l’art contemporain. La graffiste use de son talent pour dénoncer, et elle le fait si bien que le public commence à se délecter de ses œuvres…!

Voici quelques œuvres de la jeune street artiste Afghane, pour dénoncer l’oppression subis par les femmes…

Rollin Clara DNMADEHO1.5 – Avril 2023

JISBAR : Quand l’art dépasse toutes les frontières

@jisbar

Le Portrait

La présentation de Jisbar se traduit principalement par son travail plutôt que par sa personne, au même titre qu’un artiste anonyme tel que Banksy ou Blu, bien que pour sa part il travaille à visage découvert. Jisbar, artiste peintre, voilà sa manière de se présenter au public. Il n’en dit pas plus non pas par soucis d’identité mais tout simplement car d’après lui il ne se connaît pas lui-même.

Pour caractériser son travail, il a l’habitude de retravailler des œuvres historiquement iconiques, en se frottant aux plus grands artistes que ce monde ait connu comme Klimt, Léonard De Vinci ou Michel-Ange. Reprises qu’il articule autour d’un mélange de Pop Art et de Street Art, style par lequel il est inspiré par les visuels mais également par les thématiques abordées. Il met notamment en avant des sujets comme l’argent et la décadence de la société. En effet, il associe œuvres classiques et graphes avec visuels simples et colorés. Derrière des œuvres faciles à apprécier à l’aide de la colorimétrie et des reprises de toiles connues aux yeux de tous, se cache de nombreuses références assez pointues. De plus, il représente particulièrement l’opposition que nous retrouvons dans le paradoxe de l’architecture urbaine. Pour reprendre son exemple, le musée du Louvre qui représente des pyramides modernes et futuristes, se dressant au centre de bâtiments haussmanniens.

Kiss newspaper, Jisbar Luxe David, Jisbar, 2022 Mona Lisa Basquiat, Jisbar

À la conquête de l’espace

Même si le contenu reste le cœur de l’œuvre, c’est le lieu d’exposition qui la fait vivre. Ici l’environnement donne à la toile tout son sens mais nous développement cela dans un second temps. Ici, Jisbar s’est lancé un défi qui lui a nécessité six mois de préparation. Après avoir ouvert des galeries aux quatre coins du monde, il décide de faire ce qu’aucun artiste n’avait encore jamais fait jusqu’aujourd’hui, exposer une toile au delà des limites de l’espace. En effet, elle a été en contact avec le vide sidéral. De ce fait, de nouvelles contraintes ont du être prises en compte comme les dimensions, la masse, les matériaux et la température. Cela a donc créé une opposition intéressante, entre la liberté de l’esprit créatif de Jisbar, et la rigueur des facteurs pour un voyage spatial. Le total de l’œuvre devait être inférieur à 1kg pour des raisons budgétaires, sachant que l’artiste a fait le choix l’intégrer dans un cadre, afin de donner l’impression que la toile s’était échappée d’un musée ou d’une exposition.

Punk Mona, Jisbar

C’est donc ici que le projet prend tout son sens. Dans un premier temps, il choisit de reprendre une nouvelle fois la Joconde, œuvre qu’il a le plus repris dans sa carrière et qui fait aujourd’hui son image. De plus, cette toile a été réalisée pour l’hommage des 400 ans de la mort de Léonard de Vinci, peintre original de l’œuvre. Ainsi il a réussi à associer Sciences et Arts, à l’image du travail de son inspiration.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

À ce jour, le tableau a fini son voyage et est désormais exposé à Paris après avoir subi quelques retouches. Jisbar quant à lui a continué d’ouvrir des galeries (Asie, Europe, Afrique, Océanie). Il approfondit et développe toujours la même recette qui a de plus en plus de succès et s’essaie également à la sculpture.

Frida kahlo, Jisbar David Pez, Jisbar

LETESSIER Robin – DNMADEHO 1.5, Avril 2023

Guérir pour tout le monde !

« Guérir ça prend du temps » « On ne guérit jamais complètement » « Tout ce qui veulent c’est nous rendre malades encore plus » « Me soigner à quoi bon ?»…Nombreuses sont ces phrases soulevées chez des patients.

De nos jours malgré les améliorations et les nouveaux dispositifs en médecine il est encore difficile de se soigner. Entre le manque de personnel, de places dans les hôpitaux, de médicaments et de temps ou encore de recourir à un soin spécifique à ces besoins peut être compliqué.

De plus avoir les moyens de guérir est une chose mais avoir envie d’affronter ces souffrances, de s’aventurer vers un traitement long qui demande énergie et motivation en est une autre. C’est sur cette deuxième option que nous allons nous pencher.

Comment faire pour que les patients reprennent goût à la vie ? Qu’ils prennent leur traitement pour guérir ? Faire en sorte que se soigner ne soit pas une partie déplaisante ?

Et bien je vais vous faire part des conceptions de deux designers différents, qui ont su créer des objets accompagnant l’usager dans sa phase de guérison.

  1. Mathieu Lehanneur designer français né en 1974.

Il a réalisé une dizaine d’objets thérapeutiques qui répondent à différents besoins, par exemple au manque de sommeil ou encore au manque d’oxygène,…  Mais nous allons nous focaliser sur « l’antibiotique » (2001).

Il s’agit d’un objet agissant comme un pilulier. Il se compose de strates permettant à l’usager de ne pas oublier de prendre ces médicaments. Jusqu’ici tout paraît assez banal, mais ce designer a su aller plus loin en créant un lien entre l’objet et l’usager.

Le principe du médicament est de s’éplucher tel un oignon, de sorte qu’une strate correspond à un jour de traitement. Ainsi le 1er jour correspond à la 1ère couche, puis la gélule se divise en deux révélant la 2ème couche correspondant au 2ème jour. Mais ce n’est pas tout !

En plus de rétrécir au fur et mesure, la couleur joue un rôle important. La première couche est noire mais plus on se rapproche de la fin, plus elle devient claire. Afin de signifier au patient qu’il guérit de plus en plus vite. C’est un objet digne de motiver le patient.

2. Renata Souza Luque est une designer de produits.

Elle à inventé « Thumy » en 2014, car elle aussi souhaitait venir en aide aux malades et ici notamment à son neveu atteint de diabète.

Il s’agit d’un kit d’insuline pour enfants (de 4 ou plus) avec un diabète de type 1. Ce set est composé d’une pompe ainsi que de tatouages temporaires. Ce kit permet à l’enfant d’avoir une façon plus ludique d’être soigné et d’avoir moins peur d’être piqué.

Comment ça marche ? L’enfant applique le tatouage sur sa peau et la désinfecte. Puis à l’aide de la pompe adaptée spécialement à la paume de l’enfant qui renferme, cache à l’intérieur l’aiguille se pique sur l’un des petits ronds et l’efface.

Ce système de points permet à l’enfant de se souvenir où il s’est déjà piqué et donc d’éviter toutes complications. Grâce à cette invention elle a su faire d’un moment difficile et parfois douloureux, un moment plus agréable, fantaisie et moins endurante pour l’enfant.

En quoi sont-ils d’incontournables designers ?

Ces designers se démarquent des autres grâce à leur capacité à se mettre à la place de l’usager et d’essayer de comprendre ce qu’ils ressentent. Leurs conceptions ont été étudiées dans le but de motiver le patient, le mettre à l’aise et lui prouver qu’il peut y arriver.

Ils n’ont rien à voir avec les antibiotiques disponibles en pharmacie où des effrayantes piqûres qui mettent mal le patient. Ils leur donnent envie et la possibilité de guérir de façon plus ludique ou plus surprenante. Ils s’adaptent à chaque malade, à chaque besoin afin de créer du lien avec le patient et de leur montrer qu’ils ne sont pas seuls et qu’ils sont capables d’affronter la maladie.

En plus ces conceptions sont accessibles par le patient sans avoir recours à une aide médicale, ils sont autonomes.

Des objets, antibiotiques, sources d’espoir et réconfortant amenant à la guérison c’est possible ! Et cela grâce à ces designers ! C’est pourquoi il faut continuer sur cette lancée et s’en inspirer pour permettre à tout le monde de veiller à sa santé, son bien-être physique et psychique.


SOURCES:

STIERLIN Emma – DNMADE15 JO – Avril 2023

Le numéro 59, l’évasion artistique rue Rivoli

Lors d’un voyage à Paris, les élèves de DNMADE deuxième année ont eu la possibilité de se rendre rue Rivoli. Au cours de leur excursion, une façade se démarque des autres, des étrangetés en ressortent et interpellent les élèves et autres passants pour les attirer à l’intérieur d’un bâtiment. Laissez moi vous présenter le 59 rue Rivoli ! 

En 1999 débute l’aventure du 59 rue Rivoli, un collectif de dix artistes investit un immeuble laissé à l’abandon depuis huit ans par le Crédit Lyonnais et les pouvoirs publics pour le transformer en atelier de création. Le bâtiment devient un symbole de la lutte contre la pénurie d’ateliers d’artistes dans la capitale. Durant vingt-trois ans, des peintres, plasticiens, graphistes, sculpteurs et autres créatifs se succéderont, certains y résidant de manière permanente et d’autres temporairement.

Comme une tâche de peinture dans une toile parisienne aux architectures luxueuses et aux rues organisées, le lieu vivant et décontracté contraste. L’électron libre de la rue Rivoli se dresse comme une porte vers un univers aux libertés artistiques et à la diversité culturelle. 

Ce cabinet de curiosités contemporaines réunit des centaines d’œuvres variées en couleurs et en styles, d’artistes venant des quatre coins du monde. Les créatifs se croisent et évoluent dans un labyrinthe de pièces sur six étages, l’ensemble du bâtiment est relié par un escalier en colimaçon orné de fresques. Deux étages sont réservés aux expositions temporaires, le reste est consacré aux ateliers des résidents. Les visiteurs y découvrent les coulisses de la création artistique et établissent un contact plus intime avec les œuvres et leurs créateurs. Le 59 Rivoli propose une nouvelle façon d’interagir avec l’art, les artistes collaborent, échangent entre eux comme avec les visiteurs, l’ensemble évoluant en une performance collective en constante évolution. Le lieu expose des créateurs peu connus, permettant une diffusion de démarches et projets artistiques qui n’auraient peut-être pas été présentés par les galeries d’arts parisiennes.

On pénètre un musée à l’apparence unique qui évolue à son rythme, loin du tempérament d’un Paris agité. Ici le temps se fige, le passé, le présent et le futur s’entremêlent, on perçoit alors les traces de passage d’artistes, de leurs pinceaux tombés et de leurs œuvres réalisées puis dé-assemblées. Au troisième étage, une installation retranscrit une activité artistique qui a été mais désormais n’est plus. Celle-ci s’est extirpée du 59 rue Rivoli pour se transposer en dehors dans un coin de la rue sous les yeux curieux des passants. L’art se délivre alors du cadre parisien pour répandre ses bonnes vibrations, devenir réellement accessible à tous et même à ceux qui ne désirent pas pénétrer le bâtiment.

Ce lieu d’ouverture culturelle favorise la rencontre de plusieurs disciplines en mêlant l’exposition d’art contemporain avec l’organisation de concerts, performances artistiques, DJ sets, conférences, meetings. Son accessibilité facile et gratuite permet de toucher tous les publics en démocratisant l’accès à l’art. 

Si vous êtes passionné d’un art libre, contemporain et de passage dans la capitale, ne manquez pas de visiter l’excentrique 59 rue Rivoli, vous pourrez y faire de belles rencontres et découvertes.

                                                                              Lily-Rose Holley – DNMADe Jo – Avril 2023

Art moderne et contemporain au centre Pompidou. De transgressions en transgressions

Une des premières visites de ce voyage a eu lieu au centre Pompidou, l’un des plus grands musées d’art moderne et contemporain d’Europe, fondé en 1969 par le couple présidentiel qui lui a donné son nom. L’étonnante architecture de Renzo Piano et Richard Roger, avec ses immenses tuyaux colorés et sa structure vitrée, donne un avant-goût des œuvres tout aussi étonnantes exposées dans le centre. Je vous invite à me suivre pour une visite en survol des étages 4 et 5 du musée, en s’arrêtant sur quelques œuvres qui m’ont interpellée. Vous imaginiez encore que l’art était un marbre représentant un nu aux proportions parfaites, ou bien une nature morte d’une coupe de pomme, lumière maîtrisée, d’un réalisme surprenant ? Bienvenue au vingtième siècle !

Allons-y progressivement… Dans cette nature morte que vous imaginez, avec ses pommes, supposons que l’artiste ne cherche pas à représenter les pommes dans le détail, mais à les évoquer par des formes abstraites. Vilmos Huszar, « Composition fleurs », 1923 : entièrement géométrisé, représenté par des carrés, losanges et rectangles de différentes tailles, ce bouquet de fleurs dans un vase bleu s’est affranchi de toute ressemblance avec la réalité. Pourtant, les fleurs se devinent encore, malgré l’abstraction, la simplification des formes et des couleurs.

Vilmos Huszar, « Composition fleurs », 1923

Plus abstrait encore, Vassily Kandinsky propose en 1914 un « Tableau à la tâche rouge », dans lequel les tâches de couleurs se juxtaposent et se superposent dans un ensemble complexe, laissant le lecteur à son émotion et à son imagination. Déjà, sur notre tableau, il n’y a plus de pommes.

Vassily Kandinsky, « Tableau à la tâche rouge », 1914

Et maintenant, allons plus loin : Manolo Millares s’attaque à la toile, avec son « Tableau 120 » en 1960. Déchiré, découpé, recousu avec une ficelle, torsadé, plié puis recousu encore, ce support sacré de la peinture est bafoué, offrant au peintre une surface accidentée et brutalisée, parfaite pour accueillir une tâche rouge sang et d’inquiétantes formes noires, évoquant l’urgence et la violence de l’Espagne franquiste. Il ne manquait que l’artiste dada Francis Picabia dans « Danse de Saint Guy » en 1922, pour faire disparaître la toile complètement. Et la peinture, tant qu’il y est. Tendues sur un grand cadre doré, des ficelles d’emballage retiennent trois écriteaux en carton, sur lesquels sont inscrits quelques mots, au crayon : le titre « Danse de saint Guy », « tabac-rat », et la signature de l’artiste, tout en bas. Le tableau, son sujet, sa représentation, tout cela est réduit à quelques mots sur des cartons, tenus par une ficelle.

Manolo Millares, « Tableau 120 », 1960
Francis Picabia, « Danse de Saint-Guy », 1922

Que peut-on encore remettre en question dans notre nature morte, qui n’a plus ni sujet, ni toile, ni peinture ? Pour Jean Pougny, il y a le sens, la signification. Avec « La boule blanche » en 1915, il expose un tiroir en bois, peint en noir et vert, qui contient une boule blanche, un ensemble volontairement absurde. Le tiroir est un cadre et l’objet du tableau est cette boule blanche, qui représente l’absence de contenu, sans couleur ni forme. « L’expression suprême de la beauté, comme le dit l’artiste, c’est un tiroir avec une boule. L’art n’est bon que lorsqu’il ne signifie rien, ne représente rien, n’a ni contenu ni sens ».

Et enfin, il reste… l’artiste lui-même. Avec « Wall Drawing #95 » en 1971, Sol LeWitt propose une œuvre qu’il n’a pas réalisée lui-même, mais qu’il a uniquement pensée. Un grand mur blanc du musée est recouvert de millions de petits traits de couleurs verticaux. Pour cette œuvre colossale, qui demanderait un temps considérable à une personne seule, l’artiste a rédigé des instructions, suivies par des assistants.

Soll LeWitt, « Wall Drawing#95 », 1971

Avec son « Jardin d’hiver » en 1970, Jean Dubuffet repense l’espace de l’œuvre d’art. Loin du tableau, espace carré ou rectangulaire clos que le spectateur observe, de l’extérieur, à quelques mètres de distance, le « jardin d’hiver » fait de l’art un lieu dans lequel le spectateur est immergé. Dans cette pièce blanche aux reliefs variés, des lignes noires troublent sa perception en fonction de sa position dans l’espace, faisant émerger un art de l’expérience perceptive. Art qui peu à peu s’affranchit même du cadre de la perception visuelle : Giuseppe Penone crée entre 1999 et 2000 « Respirer l’ombre », une pièce dont les murs grillagés sont remplis de feuilles de laurier, très odorantes. De la même manière, Joseph Beuys propose en 1985 une large pièce dont les murs sont recouverts de rouleaux de feutre et dont le centre est occupé par un piano à queue fermé. « Plight » immerge ainsi le spectateur dans une bulle olfactive, tactile, auditive et thermique : la chaleur et le silence – car le feutre est un très bon isolant thermique et sonore – mais aussi l’odeur forte et la douceur de ce matériau qui vous entoure…

Jean Dubuffet, « Jardin d’hiver », 1970
Joseph Beuys, « Plight », 1985

Après quelques heures dans les étages du centre Pompidou, on ressort avec sur les lèvres le goût encore présent de toute cette délicieuse transgression. Les artistes du vingtième siècle semblent avoir questionnées, une par une, toutes les règles qui dictaient ce qu’était l’art avant eux, souvent avec humour, parfois avec gravité, et le vingt-et-unième siècle prolonge la réflexion. La visite que je vous propose ici est loin d’explorer toute la richesse de ces neuf œuvres, aussi je vous invite à aller les découvrir plus en détail sur le site du musée directement : https://www.centrepompidou.fr/fr/.

Merci pour votre lecture !

Lucille Gilbert, DNMADe Joaillerie 2

Avril 2023

Des cheveux et des poils

N’est-ce pas intrigant comme titre d’exposition ? Qu’est-ce qu’elle peut bien raconter sur le poil ? C’est un peu « dégueu » non ? Quel est son lien avec l’art et notre société passé et actuelle ? Tout plein de questions qui me taraudaient alors que le poil avait attisé ma curiosité.

J’ai très envie de vous partager l’exposition qui m’a le plus marqué pendant mon séjour à Paris, pour l’originalité de l’art capillaire et la façon d’aborder la pilosité à travers les siècles. Mais surtout pour la force anecdotique qui tourne souvent au ridicule ! « Des cheveux et des poils» présente notre rapport à la barbe et de manière générale, la façon dont les poils sont éliminés, dissimulés ou exhibés. Un sujet atypique que le Musée d’Art Décoratif de Paris a su dévoiler à travers une scénographie ludique et humoristique.

Le sens poil ?

J’ai découvert que le poil avait une certaine connotation à travers les époques, les unes plus hilarantes que les autres

  • Les hommes chauves étaient perçus comme moins attractifs et déclinants, si bien que de nombreux remèdes paraissent tels que l’implant, les électrochocs, les shampoings,…
  • La théorie antique des humeurs selon laquelle les poils ne sont pas naturels chez la femme. Pinces à épiler, rasoirs, cire, rayon x, électrolyse, pâtes diverses à base de sang d’animaux, d’arsenic ou de chaux… Une guerre sans merci au poil féminin, au point d’en faire presque oublier qu’elle est naturellement velue…
  • Viril pour les hommes, le poil est une marque de masculinité forte : « La barbe et les poils du pubis doivent au sperme leur naissance » selon le médecin Herman Boerhaave au XVIIIe siècle.
  • Œuvre de sorcellerie ou d’adultère de la mère, le poil roux a été le plus détesté au cours du temps
Bracelet souvenir du 19éme siècle

Le cheveu souvenir

Le bijou-cheveu séduit et participe pleinement d’une pratique sentimentale du souvenir. Au XIXe siècle, il est courant de garder un brun de cheveux pour le transformer en bracelet, bague ou chaîne. Gage d’amour ou de promesse, il participe au souvenir notamment dans le cas du bijou fait de cheveux du défunt, pour être offert à la famille. Aujourd’hui, il est encore exploité, et témoigne de l’ingéniosité et de l’originalité des créateurs.

Poil viril ou poil coquet ?

Ces dernières années, nous nous sommes beaucoup interrogés sur la pilosité masculine et féminine : c’est vraiment sexy une femme avec des poils sous les bras ? Un homme sans poils aux jambes ?! Signe de virilité chez les hommes, il est a contrario perçu chez les femmes comme non-féminin et négligé. Mais les mentalités évoluent et le poil devient plus libre.

Je vous partage le lien ici pour en savoir plus sur le site officiel du musée.

Un sujet intéressant sur lequel vous pouvez débattre ou échanger avec vos proches 😉

Merci de m’avoir lue !

Sarah BARRIER – DNMADe2 Jo – avril 2023

Alpine x Arne quinze

Entre sport automobile et art contemporain

A110 Metamorphosis, Alpine x Arne Quinze, 2023.

Vous connaissez très certainement le constructeur automobile Alpine représenté notamment en Formule 1 par Esteban Ocon et Pierre Gasly. Mais l’histoire d’Alpine débute en réalité 33 ans plutôt avec Jean Rédélé, concessionaire Renault, qui se lance dans l’aventure des rallyes en 1952 en participant au Mille Milles sur une Renault 4CV. Petit à petit il effectuera de nombreuses autres courses et réalisera ses meilleures sur les piste sinueuses et entrelacées des Alpes. En référence à ces épreuves, ses automobiles se sont appelées « Alpine ».

« C’est en sillonnant les Alpes à bord de ma 4 CV Renault que je me suis le plus amusé. j’ai donc décidé d’appeler mes futures voitures, Alpine. Il fallait que mes clients retrouvent ce plaisir de conduire au volant de la voiture que je voulais construire »

Jean Rédélé, fondateur d’Alpine.

En 1955 est alors fondé Alpine, basé sur trois piliers : agilité, élégance et esprit de compétition.
En 1973, Alpine devient le premier constructeur sacré Champion du Monde des rallyes.

La légende Alpine est née.

Alpine A110, 1962.
Alpine GTA, 1982.
Alpine A110, 2017.
Alpine Alpenglow, concept.

Vous allez me demander où se trouve l’art dans tout ça ? Même si le lien entre sport automobile et art ne parait pas simple à faire j’aurais pu vous parler du design et des courbes fluides et agréables réinterprétées par Antony Villain, directeur design Alpine depuis 2012. Mais je vais plutôt vous présenter l’étonnante collaboration entre le constructeur automobile et l’artiste Arne Quinze.

Qui est Arne Quinze ?

Arne Quinze est un artiste contemporain belge. Son travail passe de petits dessins et peintures, aux sculptures de taille moyenne, jusqu’aux installations massives. Il a commencé sa carrière dans les années 1980 en tant que graffeur, pour évoluer du Street Art à l’Art Public avec des thèmes récurrents comme l’interaction sociale, l’urbanisation et la diversité.

 » Des villes comme des musées en plein air – cela ressemble à un rêve idéaliste, mais je m’efforce de réaliser ce rêve. Se confronter chaque jour à un public entouré d’art. L’art a une influence positive sur les gens et leur développement personnel: il élargit leurs horizons et les rend plus tolérants envers les différences de la société. »

Arne Quinze.

En 2006, il réalise la gigantesque construction en bois intitulée Uchronia pour le festival Burning Man dans le desert du Nevada. Monumentale à tous les aspects cette oeuvre permettra à Arne Quinze de se faire connaitre et reconnaitre en tant qu’artiste.

Uchronia, Arne Quinze, 2006.

À l’heure actuelle, beaucoup de ses installations sont considérées comme des points de repère qui présentent une dynamique différente pour le développement urbain : à Paris, Shanghai, Beyrouth, Washington DC, Bruxelles, Mumbai, Sao Paolo,… Quinze intervient dans les villes depuis plus de 25 ans.
Parallèlement à ses installations de bois et de métal, il est également peintre. Très attaché à la nature il représente constamment les paysages de son jardin par des touches aux allures impressionnistes, dont on pourrait y prêter des airs de Monnet, mais également colorés et d’une sensibilité touchante.

Série Ipomoea, Arne Quinze, 2023.

Alpine x Arne Quinze, A110 Metamorphosis

Alpine et Arne Quinze se sont donc rencontrés autour d’un concept, à l’occasion d’Art Paris 2023.


Alliant art contemporain et automobile cette sculpture reprend la mythique Alpine A110 totalement dépouillée pour en faire une oeuvre à part entière, intitulée Alpine A110 Metamorphosis. Cette sculpture nous offre alors une oeuvre d’art en mouvement, où Quinze parvient à capter avec justesse la sensation de vitesse et de flou qui accompagne une course automobile, créant une harmonie entre la voiture et la nature. Il recherche ainsi l’équilibre parfait entre l’expression de la fragilité et de la puissance de la nature mis en regard avec la technologie automobile. Pour lui, les formes organiques de la nature sous-tendent les développements aérodynamiques et technologiques contemporains.

« Cette œuvre est le fruit d’un dialogue passionnant avec Alpine pour imaginer une forme inédite qui représente ce qui symbolise pour moi la magie de la course : la vitesse et la fusion entre le pilote et sa voiture, entre l’homme et la technologie, entre la vitesse et la nature. Je suis convaincu que c’est en regardant la nature que l’on trouve les solutions plus techniques, c’est ce que j’ai voulu représenter ici. »

Arne Quinze.

Par ce projet, Arne Quinze veut exposer cette puissance naturelle et organique sous-jacente de la technologie des voitures de course combiné à la vision de l’avenir et de son développement. Pour lui, l’utopie est de glisser dans les airs, sans roues, et ce aussi vite que la lumière.

« Arne Quinze a su faire dialoguer la technique et la création dans une art car sensationnelle qui nous emmène dans un futur fantasmé. Son œuvre résonne avec notre ambition, créer une voiture ne faisant qu’un avec le mouvement »

Laurent Rossi, CEO d’Alpine.

Eve LACROIX – DN MADe 1 Jo – Avril 2023

Quand l’art égale la nature

Laissez moi vous faire voyager au pays des merveilles avec les œuvres de Olesya Galushcenko d’un réalismes bluffant.

Olesya est une artiste Ukrainienne autodidacte, ex ingénieure elle se lance dans la création artistique au cours de son congé maternité. Ce passe temps se transforme petit à petit en passion et lui permet de s’évader dans un monde merveilleux. Elle teste plusieurs matériaux et finit par découvrir grace à internet, de l’argile polymère utilisée au Japon et en Thaïlande. Ce type d’argile appelé porcelaine froide durcit à l’air.

Ces œuvres présentent des compositions florales très réalistes comme vous le constaterez par la suite, méticuleusement sculptées et peintes à la main.

Voici donc quelques unes de ses œuvres où on sent toute la passion et le temps passé à les faire, on peut remarquer les détails et le soin mis dans chacune. Vous pourrez retrouver plus de creations sur sa page instagram dont voici le lien: https://instagram.com/olesya_galushchenko?igshid=YmMyMTA2M2Y=

Nathanaël C. – DNMADE15HO-Avril 2023

Un séjour culturel à Paris

Voici un compte-rendu de mes impressions sur le séjour passé à Paris ; il ne sera pas exhaustif et encore moins pertinent mais il traite de nos visites sur place.

  • Nous sommes, ou étions plutôt, lundi et notre toute première activité consiste à faire un tour aux Puces de St-Ouen. Je m’attendais à trouver des stands de brocanteurs, j’avais même prévu un peu de monnaie sur moi au cas où mais je n’étais apparemment pas la clientèle visée. C’était une curieuse promenade. Nous nous sommes également arrêtés à l’Atelier du Temps pour y rencontrer son gérant. Son parcours est atypique, j’ai particulièrement en tête ses encouragements à la prise au sérieux des cours. Le conseil est cousu de fil blanc mais je ne crois pas l’avoir souvent entendu des professionnels que j’ai rencontrée jusqu’à présent.

Vient ensuite notre visite de la collection permanente du Centre G. Pompidou. Je me suis surprise à vraiment l’apprécier. Je ne suis pas fan d’art moderne mais il y avait quelque chose de captivant à découvrir étrangeté sur étrangeté, s’interroger sur son sens puis très rapidement chercher des yeux la pancarte, seule clé de compréhension potentielle. Potentielle car même en lisant la pancarte, il est arrivé que certaines œuvres m’apparaissent tout autant voire plus nébuleuses qu’elles ne l’étaient déjà.

  • C’est avec une visite du Château de Versailles que l’on commence notre pérégrination du mardi. Simplicité et modestie sont les mots à exclure du vocabulaire servant à décrire les lieux. La réputation des monarques à aimer le faste y est bien avéré et c’est ainsi qu’il est réuni des chefs d’œuvres d’ébénisterie, de menuiserie, de sculpture, de peinture et bien sûr, d’horlogerie. J’ai aussi eu la bonne surprise d’y découvrir des tableaux tous droits sortis de mes manuels d’histoire avec notamment Le sacre de Napoléon par J.L. David qui est légèrement plus grand qu’imaginé. Une sympathique visite en somme malgré la foule écrasante de visiteur.

Il s’en est suivi la descente des Champs Elysées et la traversée du Jardin des Tuileries. Quelques devantures de magasins de luxe et beaucoup de monde. Je n’ai pas bien saisi en quoi cette allée est si fameuse mais je suppose qu’elle eut plus d’attraits dans le passé et que la proximité de l’arc de triomphe aide à son prestige.

Salle Khmere du Musée Guimet
  • Le mercredi commença par une visite du Musée des Arts Asiatiques Guimet. Il y est présenté une impressionnante collection d’œuvres très variées et on y traite de nombreux pays passant de l’Afghanistan au Japon. L’art khmer m’a particulièrement marqué avec ses sculptures d’une grande finesse et ses bas-reliefs de grès en dentelle de pierre.
Sculpture en cheveux représentant un renard de Shinji Konishi – Exposition « Des cheveux et des poils » du MAD

L’après-midi débuta avec le Musée des Arts Décoratifs (MAD). Je ne suis pas parvenue à en faire une visite complète mais sans trop de regret car l’exposition sur les années 80 et celle nommée Des Cheveux et des Poils m’ont bien plu. Je crois qu’amusée serait plus exacte, il y avait à travers ces deux expositions quelque chose de ludique. Celle sur les années 80 présente des objets et des tenues d’un autre temps pas si éloigné du notre mais si différent par ses formes surprenantes et surtout ses couleurs vives. J’ai beaucoup aimé l’exposition Des cheveux et des poils aussi. Le sujet est traité avec décomplexion et parle à chacun tout en étant sociétal. On y découvre donc l’évolution des mœurs capillaires occidentaux à travers des tableaux, des sculptures, des bijoux, des outils et des publicités. J’ai d’ailleurs pu trouver avec surprise le portrait de Madame Rimsky-Korsakov par Winterhalter et constater qu’il est encore plus grand que la copie accrochée depuis toujours chez ma mère. Je retiens aussi les impressionnants travaux de Marisol et de Shinji Konishi dont les perruques sont ni plus ni moins des sculptures.

On enchaina avec le Musée Breguet Place Vendôme. Je pense que l’on était nombreux à avoir les pieds douloureux à ce stade de la journée mais la présentation des pièces du musée par l’horloger de la boutique était assez intéressante pour l’oublier le temps de l’entrevue.

  • Deux heures pour visiter un musée permet rarement que l’on puisse s’arrêter sur chaque pièce exposée et c’est d’autant plus vrai avec le musée des Arts & Métiers visité jeudi matin. Après une heure de visite tranquille où je me payais naïvement le luxe de lire les pancartes, j’ai réalisé que je n’avais pas fait 3 salles et dû accélérer le rythme. Je me suis retrouvée à traverser les salles restantes à grands pas, jetant des regards à tout ce qui se présentait et m’arrêtant très peu. Alors, je ne veux pas me vanter mais je crois bien que je suis parvenue à TOUT voir. Je n’ai peut-être (certainement) pas observé comme il faut mais c’est au moins du tout vu ! Sans surprise, la salle où sont réunis de veilles auto avec des engins suspendus m’a faite grande impression, je retiens aussi un magnifique Tour à guillocher de Mercklein. Moins positif, il semble que le musée n’entretienne pas bien ses pièces, c’est probablement dû à une politique de conservation mais on pouvait voir des aiguilles de garde-temps piquées par la rouille.

L’après-midi se dédia au Musée du Quai Branly. Là encore le temps jouait contre une attentive et exhaustive visite. Je ne suis pas parvenue à en faire tout le tour cette fois-ci et ai même manqué de faire l’exposition sur le Kimono. Je crois qu’une saturation finit par s’installer à force d’en prendre constamment plein les yeux mais j’ai tout de même apprécié cette visite. Les collections que j’ai pu voir sont captivantes, dépaysantes bien entendu mais aussi bien agencées dans un cadre les mettant en valeur. Il se dégage de ce musée une ambiance propre qui incite à la contemplation.

Grande Galerie de l’Evolution du Musée d’Histoire Naturelle
  • Pour ce dernier jour, la matinée de libre s’est portée sur la Galerie de l’Evolution du Musée d’Histoire Naturelle. A peine le portique passé, on se retrouve nez à nez avec le squelette d’une baleine, j’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’un dinosaure marin tant sa stature est phénoménale. Le lieu est en tout cas bien nommé car exposé dans une très grande galerie, on découvre nombre de squelettes et d’animaux empaillés ou reproduits. Il y a de tout, des animaux marins, des airs, polaires, de la savane, des insectes aussi et même des grains de maïs ! (Rapport à la domestication des plantes et les conséquences sur leur génome) C’était fascinant de constater à quel point je n’ai vraiment aucune culture zoologique, j’ai reconnu très peu d’espèces et découvert un paquet d’autres. L’ambiance est particulière aussi ; appuyée par une bande son d‘orage grondant de temps à autre, un éclairage tamisé, un style architectural de la Belle Epoque et toutes ces œuvres taxidermiques, on a la sensation de se trouver dans un gigantesque cabinet de curiosité où il serait inquiétant de rester enfermé la nuit.

Pour finir ce séjour et cet interminable compte-rendu, on visita le showroom de la matériauthèque très justement nommée ; MatériO’. Je n’attendais rien de cette dernière activité et c’était une belle surprise. J’ai découvert le concept qui m’apparait maintenant comme allant de soi tant il peut être d’une aide précieuse pour les créateurs et suis ravie d’y être allée. Nous permettre de voir et toucher tout ce que cette caserne d’Alibaba regorge était aussi vraiment chouette et on se surprend à reprendre nos réflexes d’enfant curieux.

Pour conclure, ce séjour à Paris était sympathique comme tout et culturellement intense. J’espère bien y retournée un jour histoire de voir d’autres musées ou même d’en refaire certains plus posément. Merci à l’équipe pédagogique de nous avoir organisé ce voyage !

Solveig DUBOIS – DNMADe 24 HO – Avril 2023

L’onirisme, une réalité ?

C’est dans un univers surréaliste, épuré et touché par la magie que les deux sorciers Tania Shcheglova et Roman Noven nous embarquent, réalisant des images hallucinées inspirées par leurs rêves et notre planète. Je vous invite à la rencontre de l’univers psychédélique complètement dément du couple de photographes ukrainiens.

« Notre travail est une exploration intime de la planète Terre, de la nature. »

D’une beauté troublante c’est à travers une série de photos intitulées « Supernatural » prise au cours d’un road trip, que le couple auto-explore l’inconnu. Aussi brute en apparence qu’en contenu ces images sont remplies de mysticisme. Ils traitent la construction de la propre version de la réalité et visitent la frontière entre le réel et l’imaginaire. C’est dans cette brèche de deux mondes opposés que les photos du duo « Synchrodogs » existent. Un travail qui les porte jusqu’aux limites du réel, et révèle un goût pour l’abstraction.

Les divinités possédées qui se pavanent dans une bonne partie de ces photos semblent elles-mêmes être des mirages. Plongés au beau milieu de paysages désertiques, rocailleux et sablonneux, mais surtout merveilleux et surnaturels. A travers ce projet hyper esthétique, Les décors dégagent cette aura aride de romantisme si unique aux déserts de l’Arizona ou aux roches rouges du Nouveau-Mexique.

« Depuis 10 ans nous avons développé une certaine technique de méditations nocturnes, nous essayons de documenter le passage du sommeil à l’éveil. Nous nous réveillons souvent au milieu de la nuit, pour prendre des notes de nos rêves afin de les reproduire en image plus tard. Surtout, nous avons redécouvert nos propres capacités et limites énergétiques, la façon dont un humain peut marcher dans les ténèbres, aller directement dans l’inexploré, en se fiant à l’intuition, aller là où le subconscient mène et se sentir en sécurité dans le monde de l’inconnu. « 

En effet, le duo artistique a recréé leurs visions qu’ils ont réussi à observer grâce à l’expérimentation des techniques de méditation et de rêve lucide, l’élément central de communication avec notre inconscient. Le duo libère celui-ci en analysant les profondeurs de la psyché humaine. A travers leurs œuvres nous pouvons aussi comprendre qu’il n’existe pas de définition universelle du rêve, chaque personne lui accorde un traitement spécifique, (son récit, le maniement de son matériau, son interprétation, univers…) différent selon les esprits. Il ne reste pas moins un véritable brouillon du réel ils nous rappellent à quel point nous pouvons avoir une connexion puissante avec notre esprit et franchir toutes limites, se plonger dans d’autres dimensions infinies l’esprit a ce besoin d’échapper au réel.

La peau nue des modèles n’apparaît pas sensuelle, mais plutôt vulnérable. Elle définit les formes des corps et se laisse ensevelir sous différentes matières naturelles comme artificielles. Devenue simple sujet, les hommes se fondent dans les éléments, ne faisant qu’un avec la planète. Un univers hallucinatoire porteur d’espoir et de créativité.

« La nudité est préconditionnée par la nature, elle fait partie de nous, donc elle fait aussi partie de notre art Notre intention est toujours de rendre l’homme étrange, de le faire apparaitre comme un être vivant qui n’existe que grâce à la terre. »

Emma. G – DNMADE JO1- Février 2023

Quand l’illégal devient un moyen d’expression

Brainless soldier, Blu pour le festival « Draw the line »

Malgré l’évolution des mœurs, à ce jour, le street art reste dans la majorité des cas illégal. Cela dépend notamment du support utilisé. Sur le plan moral, les avis sont divisés, cependant les street artistes sont désormais reconnus comme des artistes à part entière. Ces derniers fondent leurs œuvres dans l’urbanisme, souvent engagés et défiant les lois pour transmettre leurs messages. Nous pouvons citer parmi les plus connus Banksy mais ici nous allons nous intéresser à un artiste italien, Blu.

Qui est Blu ?

Il est difficile de le présenter car tout comme son confrère Banksy, Blu a décidé de préserver son identité secrète. Cependant, nous savons qu’il est né à Senigallia, entre les années 70 et 80. Il est considéré aujourd’hui comme un des 10 plus grands street artistes que ce monde ait connu. Il produit ses œuvres dans de nombreuses régions d’Italie comme Florence, Bologne, Milan ou encore Rome mais a débuté sa carrière dans le quartier étudiant berlinois de Kreuzberg. Il est identifiable à l’aide de son style graphique et de ses prises positions. En effet, il adopte une représentation des humains de manière très caricaturale, avec de grosses têtes déformées, de grandes bouches, s’apparentant à des monstres. Blu se positionne comme anti-guerre, anticapitaliste, et contre la surconsommation. De ce fait, il ne choisit pas les murs sur lesquels il travaille par hasard. Il s’immerge de la situation politique et sociale du lieu. Nous pouvons également l’identifier sur un autre détail, car ce dernier ne produit pas de petites peintures discrètes. Effectivement, Blu peint des œuvres immenses qui se comptent en dizaines de mètres carrés. Blu s’est rapidement fait remarquer par les galeries mais par peur de retrouver son expression limitée, ses collaborations sont rares.

Quelques œuvres de Blu

Ces images nous illustrent la façon avec laquelle Blu peut exploiter les reliefs et l’environnement avec la couronne par exemple. Nous retrouvons également les « monstres » cités plus tôt, représentant ici les grandes entreprises pétrolières. Il aborde la surexploitation des ressources naturelles par les industries pour le profit, d’où le surpoids du personnage représenté. Les deux œuvres ne sont pas en lien mise à part qu’elles ont été peintes toutes les deux pour le Crono Festival de mai 2010 à Lisbonne.

Double fresque, Blu, plaça del Tossal, Valencia

Ici, Blu profite d’exploiter les deux surfaces de bâtiments mitoyens. Sur la fresque de gauche, il dénonce l’industrialisation automobile, la sécurité routière et la qualité des véhicules actuels sur le marché. Sur la peinture murale de gauche, il met en parallèle la religion avec les grandes richesses mondiales. Il est facile de reconnaitre l’adaptation actuelle du personnage de Moïse, tombé dans le vice, représenté avec une barbe de vipères. Les dix commandements sont ici remplacés par des euros et des dollars. Sa conduite est donc uniquement dictée par l’argent.

Grafittis de Cuvry, Blu, 2008

Nous avons devant nous deux immenses graffitis de Blu, qui appartenaient aux peintures murales les plus connus de Berlin. Elles étaient situées sur deux murs coupe-feu au bord de l’ancienne Cuvrybrache à Berlin-Kreuzberg. Ces derniers ont été finalement détruits en 2014 après un incendie. Ce site était considéré comme un des premiers bidonvilles de Berlin. L’œuvre de gauche représente un homme remettant sa cravate et laissant apparaitre des menottes en or sous forme de montres. Nous pouvons donc en déduire que quand argent et biens matériels prennent de plus en plus d’importance pour l’Homme, il en devient esclave. La peinture de droite quand à elle représente Berlin Est et Ouest, sous forme de personnage. Ce qui rend cette œuvre intéressante est qu’elle a été annulée puis déplacée au moment de sa création. Le fait est que la localisation originelle se trouvait à proximité de nouveaux bâtiments en construction. Son œuvre allait donc augmenter la valeur des logements et enrichir les propriétaires. Cela allait à l’encontre de ses valeurs et a donc revu son projet. C’est ici que l’on comprend que Blu est artiste à 100% engagé.

Quand l’oeuvre prend vie

Blu s’est fait réellement connaître aux yeux du grand public avec une œuvre subversive, Muto. Cette dernière lui a valu le Grand Prix de 2009 du Festival International du Court Métrage de Clermont-Ferrand. Il y met en scène une œuvre de rue, vivante et se baladant à travers les différents décors urbains dans les rues de Buenos Aires. Une réalisation entièrement en stop motion accompagnée de la musique de Andrea Martignoni qui s’achève en mai 2008. Fruit d’un long et fastidieux travail, il a donc tout au long du court métrage dû faire une peinture murale, la prendre en photo avec le même angle et dans les mêmes conditions, puis l’effacer. Il joue également avec les objets du décors, les ombres et les reliefs, qui transporte le public. Nous vous invitons à terminer cet article en visionnant le court métrage.

MUTO, a wall-painted animation by BLU

LETESSIER Robin DNMADE Horlogerie 1, Février 2023.

Le « Sintétik » de quoi être unik

Vous est-il déjà arrivé de vous demander comment ferions-nous pour entretenir des conversations si l’alphabet n’existait pas ? Si cette police composée de 26 lettres qui nous servent à créer des sons, des mots n’existait pas ? Ou d’une autre manière, s’il n’y avait pas une façon plus simple d’apprendre ou d’écrire la langue française ?

Et bien si c’est le cas, je vais vous partager une autre façon d’écrire,  un « nouvel alphabet » de quoi vous emmêler les neurones !

Depuis notre plus jeune âge on peine à nous apprendre l’alphabet. D’abord les différentes lettres et les sons qu’elles émettent. Puis les sons qu’elles produisent lorsqu’elles sont assemblées, créant des syllabes. Et enfin lorsqu’elles forment un tout, soi-disant un mot afin que nous puissions former des phrases et ainsi nous entretenir les uns avec les autres. Et ce n’est pas tout, une fois que l’on connaît notre alphabet sur le bout des doigts, on nous baratine de règles de grammaire, vocabulaire, etc. Pour que nous nous exprimons de la bonne manière avec une bonne syntaxe. Malgré cela il nous est encore souvent familier de faire des erreurs, d’avoir des doutes sûr comment s’écrit ou se prononce un mot et cela n’importe qu’est notre âge !

C’est pourquoi je vous présente le « Sintétik » de Pierre Di Sciullo.

Voici une police d’écriture qui ne comporte que 15 caractères ! Oui vous avez bien lu « que 15 caractères ». Il s’agit d’une orthographe simplifiée par des lettres compressées comme par exemple « qu » qui devient « k », mais aussi par un balayage de toutes les lettres inutiles c’est-à-dire toutes les lettres qui ne se prononcent pas à l’oral disparaissent et par les syllabes homophones qui s’écrivent de la même façon (pain / pin / peint = pin) . C’est donc un gain de temps et de place.

Cette police peut être intéressante à exploiter notamment pour les personnes qui admettent des troubles du langage, dyslexie, dysorthographie, … car elles seraient en capacités à écrire sans se poser de questions telles que: Ai-je mis la bonne terminaison ? Ou, le son « ai » s’écrit ai, ei, ou est… ? Ils auraient un poids en moins à supporter. De même que cette police peut s’adresser à n’importe qui souhaitant apprendre un nouveau langage ou qui aime déchiffrer des messages, car oui cette police ne comporte pas que des points positifs.

Ecrire en « Sintétik » bien qu’il n’y ait que 15 lettres demande plus de minutie du fait que ces lettres ne sont pas exactement les mêmes que notre alphabet d’origine, des signes apparaissent sur celles-ci. Les lettres sont plus difficiles à reconnaitre.  Les mots peuvent également être confondus puisque rappelons-le s’ils ont la même prononciation, ils ont aussi la même orthographe. Dès lors les choses se corsent, cette typographie ayant pour fonction principale de faciliter dédaigne en réalité de n’être plus contraignante. Cette écriture phonétique ne vit que lorsqu’elle est prononcée à voix haute. Pour comprendre les signes le passage à l’oral est nécessaire.

Alors êtes-vous capable de traduire ces phrases en « Sintetik » ?

(Niveau facile)
(Niveau moyen)

Que faut-il penser de cette police ?

Au premier abord on peut émerger un aspect plutôt ludique, celui de devoir déchiffrer des mots, des phrases issus de cette police et de se prêter au jeu de développer un autre langage innovant en se détachant de l’ancien. En revanche on peut ressortir un aspect critique à se soumettre à cette nouveauté. Nos semblables issus de la langue de Molière penseraient ce dialecte telle une déformation du langage, un non-respect à notre langue natale.

À quoi bon nous soumettre à cette nouvelle police quand depuis tant d’années nous n’utilisons que la même. Que ce soit l’alphabet grec, latin, japonais, laotien,… Chaque pays emploie l’alphabet qui lui convient et ces tous les jours pour écrire, dialoguer, faire des équations, etc.

Alphabet grec
Alphabet japonais
Alphabet laotien

Au final tout notre temps mis au service d’apprendre l’alphabet et toutes ces règles fastidieuses pour atteindre une syntaxe irréprochable n’est-il pas une sorte de richesse ? Notre richesse ? Un pouvoir qu’il ne faut faire disparaître et faire perdurer jusqu’à la fin des temps.


Qui est Pierre Di Sciullo ?

Graphiste, dessinateur et typographe né le 5 octobre 1961 à Paris, il est une figure centrale et même au niveau international un pionnier de la création de caractères numériques. Il se base sur ces expériences de lecture pour créer des polices de caractères comme: le Quantange, le Garamond, le kouije, et pleins d’autres.

Il est aussi l’auteur de la revue  » Qui? Résiste » et multiplie les projets dans l’espace public.

« Mots flottés à Royaumont »

« Générateur de Recouvrance »

« Almanach du théâtre de la Colline »

À travers ces œuvres, il explore différentes voies: le goût pour la logique, l’attention à la sonorité du signe, la forme typographique et son histoire, la géométrie, la colométrie. Un mélange entre méthodologie rigoureuse et résultats poétiques. Et surtout une absence totale de préjugés.

« Écrire, dans ma pratique, c’est à la fois tracer des signes et dire, nommer, construire.

Tous mes projets habitent le langage, ma vie est un atelier d’écriture permanent […] »

Pierre Di Sciullo

Si vous voulez en apprendre plus sur certaine de ces œuvres en lien avec son projet « Sintetik », je vous invite à cliquer sur l’une d’entre elles!


Sources:

STIERLIN Emma – DNMADE15 JO – Février 2023

Imponderabilia, de l’art à la sociologie

En juin 1977, à l’entrée de la galerie d’art Moderna de Bologne en Italie, les artistes Marina Abramovic et Ulay se sont tenus debout, complètement nus dans l’encadrure de la porte d’entrée pour leur projet “Imponderabilia”. Ils étaient l’un en face de l’autre, occupant presque tout l’espace qu’offrait la porte, au point où le public n’eut pas d’autre choix que de s’appuyer sur l’un des deux artistes pour entrer voir l’exposition. C’est alors que le peu d’espace qu’il restait entre les deux artistes forçait le spectateur à devenir acteur. Le but de cette œuvre était de faire réfléchir les spectateurs sur leurs croyances et leur comportement, notamment en leur faisant ressentir un sentiment corporel inhabituel, qui quelque chose de dérangeant et même gênant – surtout avec des inconnus.


Cette performance était quitte ou double pour le couple qui ne savaient même pas si les spectateurs allaient comprendre le concept, ni même s’ils allaient jouer le jeu. C’est de là d’où vient le nom “Inponderabilia”, qui se traduit par “Impondérabilité” en français et signifie la qualité de ce que nous ne pouvons pas prévoir.
De plus, ce fut une grande appréhension pour M .Abramovic qui à été agressée lors de ses précédentes expositions tel que “Rithm 0”, où 72 objets en tout genre (de la plume au révolver) étaient posés sur une table mise à disposition des spectateurs qui avaient le droit d’utiliser ces objets sur l’artiste comme ils le souhaitaient. Cette expérience lui a fait conclure :

« Ce que j’ai appris, c’est que si vous laissez le public décider, ils peuvent vous tuer. Je me suis sentie vraiment violée : ils ont découpé mes vêtements, planté des épines de rose dans mon ventre, une personne a pointé le pistolet sur ma tête et un autre lui a retiré. Cela a créé une atmosphère agressive ».

Marina Abramovic

Ces projets nous montrent que de simples projets artistiques peuvent devenir un miroir du monde dans lequel nous vivons. Et même si nous faisons des gestes aléatoires, il y aura toujours une foule pour nous démontrer que rien n’est lié au hasard, mais que notre inconscient reproduit seulement ce que nous apprenons sans le savoir depuis tout petit.


Les spectateurs avaient le choix de s’appuyer soit contre Marina, soit contre Ulay. Autant nus l’un que l’autre, les artistes évoquent la pureté et l’honnêteté de cet art. Mais d’un autre côté, ce sont de vraies questions qui se posent pour ceux qui essayent de passer la porte. Est- ce la seule entrée ? Contre qui s’appuyer ? Le projet s’est révélé être une expérience de genre, car tous les hommes se sont appuyés contre Marina sans aucune hésitation, tandis que les femmes mettaient un peu plus de temps pour décider contre qui elles allaient se tourner et nombreuses d’entre elles ont détourné le regard, essayaient de se heurter le moins possible à la peau nue des deux artistes. Les sociologues sont formels. Le fait que chaque personne doive décider qui elle va regarder en passant est important. Les hommes se sont rapidement appuyés contre le corps de la femme, ce qui pourrait être une recherche inconsciente de plaisir, une démonstration de supériorité, ou encore une manifestation de la peur d’être exposé à l’intimité d’un autre homme.

DUCLOS Coralie

DN MADE 1.Ho

février 2023