Imponderabilia, de l’art à la sociologie

En juin 1977, à l’entrée de la galerie d’art Moderna de Bologne en Italie, les artistes Marina Abramovic et Ulay se sont tenus debout, complètement nus dans l’encadrure de la porte d’entrée pour leur projet “Imponderabilia”. Ils étaient l’un en face de l’autre, occupant presque tout l’espace qu’offrait la porte, au point où le public n’eut pas d’autre choix que de s’appuyer sur l’un des deux artistes pour entrer voir l’exposition. C’est alors que le peu d’espace qu’il restait entre les deux artistes forçait le spectateur à devenir acteur. Le but de cette œuvre était de faire réfléchir les spectateurs sur leurs croyances et leur comportement, notamment en leur faisant ressentir un sentiment corporel inhabituel, qui quelque chose de dérangeant et même gênant – surtout avec des inconnus.


Cette performance était quitte ou double pour le couple qui ne savaient même pas si les spectateurs allaient comprendre le concept, ni même s’ils allaient jouer le jeu. C’est de là d’où vient le nom “Inponderabilia”, qui se traduit par “Impondérabilité” en français et signifie la qualité de ce que nous ne pouvons pas prévoir.
De plus, ce fut une grande appréhension pour M .Abramovic qui à été agressée lors de ses précédentes expositions tel que “Rithm 0”, où 72 objets en tout genre (de la plume au révolver) étaient posés sur une table mise à disposition des spectateurs qui avaient le droit d’utiliser ces objets sur l’artiste comme ils le souhaitaient. Cette expérience lui a fait conclure :

« Ce que j’ai appris, c’est que si vous laissez le public décider, ils peuvent vous tuer. Je me suis sentie vraiment violée : ils ont découpé mes vêtements, planté des épines de rose dans mon ventre, une personne a pointé le pistolet sur ma tête et un autre lui a retiré. Cela a créé une atmosphère agressive ».

Marina Abramovic

Ces projets nous montrent que de simples projets artistiques peuvent devenir un miroir du monde dans lequel nous vivons. Et même si nous faisons des gestes aléatoires, il y aura toujours une foule pour nous démontrer que rien n’est lié au hasard, mais que notre inconscient reproduit seulement ce que nous apprenons sans le savoir depuis tout petit.


Les spectateurs avaient le choix de s’appuyer soit contre Marina, soit contre Ulay. Autant nus l’un que l’autre, les artistes évoquent la pureté et l’honnêteté de cet art. Mais d’un autre côté, ce sont de vraies questions qui se posent pour ceux qui essayent de passer la porte. Est- ce la seule entrée ? Contre qui s’appuyer ? Le projet s’est révélé être une expérience de genre, car tous les hommes se sont appuyés contre Marina sans aucune hésitation, tandis que les femmes mettaient un peu plus de temps pour décider contre qui elles allaient se tourner et nombreuses d’entre elles ont détourné le regard, essayaient de se heurter le moins possible à la peau nue des deux artistes. Les sociologues sont formels. Le fait que chaque personne doive décider qui elle va regarder en passant est important. Les hommes se sont rapidement appuyés contre le corps de la femme, ce qui pourrait être une recherche inconsciente de plaisir, une démonstration de supériorité, ou encore une manifestation de la peur d’être exposé à l’intimité d’un autre homme.

DUCLOS Coralie

DN MADE 1.Ho

février 2023

Wednesday, œuvre de l’année 2022 ?

Wednesday: Season 1 – Netflix Review

Netflix, 23 Novembre 2022

Basé sur l’univers de Tim Burton, qui d’ailleurs en est le directeur, la série suit la famille Addams, plus précisément la fille ainée prénommée Mercredi.

La série illustre la vie de la jeune fille, qui se retrouve dans le lycée de ses parents après s’être fait renvoyer du précédent, ainsi que les épreuves diverses auxquelles elle va devoir faire face.

Easter Egg : Un visage familier

En 1991, Christina Ricci, âgée de seulement 11 ans, jouait Mercredi dans le film devenu culte «La famille Addams». Deux ans plus tard, elle reprenait son rôle dans la suite, «Les valeurs de la famille Addams» (1993).

Christina Ricci et Jenna Ortega dans leurs rôles de Mercredi Addams

Cette fois-ci elle ne joue par Mercredi Addams, interprétée par Jenna Ortega, mais Marilyn Thornhill, une surveillante de l’Academie Nevermore où la fille de Morticia et Gomez fait son entrée.

Christina Ricci, dans le rôle de Mme Thornhill

Société hypocrite?

La célèbre trend de la danse de Mercredi Addams, montrée lors d’une scène de bal dans un des épisodes, est source de débat dans le domaine des critiques.

Sur TikTok, des edits de la scène, des cosplays de Mercredi et des reprises de la chorégraphie abondent. À noter que la chanson sur laquelle ces tiktokeurs dansent n’est pas celle de la séquence originale mais une version accélérée de “Bloody Mary” de Lady Gaga. Le hashtag #wednesdayaddams cumule à lui seul plus de 5 milliards de vues.

Bonne nouvelle ? Dans l’idée, oui. Mais cette soudaine glamourisation du mouvement gothique est problématique pour beaucoup de membres de la communauté, qui rappellent à juste titre à quel point ils souffraient de moqueries dans la cour d’école il y a quelques années. Car, en réalité, quand on voit une personne danser comme ce personnage, notre première réaction serait non pas de l’imiter, mais plutôt de jeter un regard ou des commentaires désapprobateurs.

Certain.es gothiques se sont donc emparés du sujet pour publier toute une série de TikToks au sujet de la série et sensibiliser le public :

Conclusion: Admirer Mercredi pour son style badass, pas de soucis, mais effacer d’un clin d’œil des années de discrimination et essentialiser tout un mouvement à une seule figure, c’est moyen. Le mouvement gothique n’est pas un effet de mode mais une véritable esthétique, avec ses références culturelles, sa littérature etc.

L’actrice Jenna Ortega l’a d’ailleurs bien compris : elle a révélé avoir elle-même chorégraphié la danse, quelques jours seulement avec le tournage de la scène, en s’inspirant de danses gothiques des années 1980.

Sybilla NOVAK – DN MADe 1 Ho – 30 janvier 2023

Allons-nous finir dans le coté obscur ?

De la chromophobie dans notre société (La chromophobie signifie la peur des couleurs).

Il suffit de regarder autour de nous pour constater que le paysage urbain et les grands ensembles architecturaux sont démunis de toute couleur.

Dans un environnement créé par l’Homme, la standardisation des matières telles que le béton, le verre, le métal constituent la plupart des immeubles et des espaces de circulation. Le blanc, le gris, le noir sont les valeurs dominantes.

Nos sociétés occidentales auraient-elles perdu le sens de la couleur ?

Cette observation s’applique également à la mode vestimentaire, aux biens de consommation, à l’architecture, au design. 

Une étude comparative réalisée par un cabinet britannique en 2010, a mis en évidence les différences frappantes, dans les manières d’utiliser la couleur dans nos sociétés occidentales. Cette étude a passé en revue plus de 7000 objets du quotidien du 1900 siècle à nos jours. Il en résulte que la couleur s’efface d’années en années de nos vies quotidiennes.

Les couleurs fortes et chaudes (rouge ; orange ; jaune) étaient utilisées très ostensiblement dans la mode vestimentaire : les uniformes d’apparat et pantalons rouge de l’armée française du début du siècle sont remplacés par des tenues « bleu horizon », puis par le style camouflage actuel beaucoup plus adapté à la situation de guerre.

Après guerre, les trente glorieuses marquent un nouvel essor qui se ressent dans la vie sociale et économique. Avec les années 50-60 : les modes de vie évoluent, la jeunesse rêve du modèle américain et un bouleversement socio-culturel se prépare. 

Dans les années 70-90: c’est l’explosion des couleurs qui marquent les diversités et une créativité décuplée. Cette émulation se ressent dans le design et la mode (chez les grands couturiers /YSL, comme dans le prêt à porter ).

Puis dans les années 2000-2020, la couleur quitte le devant de la scène. Les couleurs trop marquées, trop vives expriment la vulgarité et dégoûtent. Les papiers peints «vintages » : orange à grosses fleurs des années 70, ont cédé le pas aux tons neutres et sobres.

La monochromie, la sobriété chromatique sont à la mode. Le design d’objet suit la même règle avec l’effacement graduel des couleurs. Les couleurs font fuir. Les tons beiges, écrus, blancs, noirs, gris sont plébiscités par tous les consommateurs.

« Aujourd’hui, la couleur est beaucoup plus facile d’accès qu’elle ne l’était pour nos grands-parents et nos arrière-grands-parents. De ce fait, elle a perdu un peu de sa force et de son attrait. Dès l’âge de trois ans, un enfant reçoit une boîte de feutres pour une somme dérisoire. Il a cinquante feutres et n’apprend plus à mélanger deux couleurs pour en faire une troisième. Il y a donc une perte de créativité, une perte d’attirance probablement pour la couleur. Sociologiquement, les codes – qui existent encore – ne concernent plus l’ensemble de la société. Ils fonctionnent par milieu et par micromilieu. L’historien a du mal à observer ces cycles très courts. De toute façon, cette réflexion ne concerne qu’une petite partie de la population… Le commun des mortels, il n’y a qu’à voir dans le métro, est plutôt toujours habillé de la même manière et toujours des mêmes couleurs : noir, gris, brun, bleu marine, beige… »

Michel Pastoureau – chercheur écrivain

Un univers aseptisé et froid prend possession de nos intérieurs, sans doute pour contrebalancer l’omniprésence des écrans ( téléphone, écrans ordinateurs, téléviseurs, tablettes). En effet, à tout moment, nos yeux sont hyper sollicités par les lueurs vives et criardes des écrans. Nous pouvons sérieusement comprendre qu’une overdose de couleurs puisse s’équilibrer par une absence de couleurs dans nos intérieurs.

Mais, notre génération ne serait-elle pas en train de revenir à la couleur, comme un ras-le-bol de cette tristesse monotone…?

CHASSY Louise DNMADe1 JO – Février 2023

L’art sans limite

Quand la technologie bouleverse l’industrie de l’art

La controverse entre les artistes créés par des intelligences artificielles et les artistes humains est un sujet de débat qui suscite beaucoup d’intérêt et de controverses. On peut considérer que les IA peuvent aider les artistes humains à développer de nouvelles idées et techniques, mais il est plutôt question en ce moment, d’une polémique mondiale entre ces deux parties .

Les IA artistes sont-elles une menace pour l’authenticité et la valeur de l’art et volent-elles nos artistes ?

Tout d’abord, il faut savoir que les intelligences artificielles artistiques fonctionnent généralement en utilisant des algorithmes d’apprentissage automatique pour produire des œuvres d’art, elle est alimentée avec une quantité massive de données d’œuvres existantes, comme des images, des peintures, des illustrations, etc. 

Donc la question du vol d’œuvres d’art par des intelligences artificielles est un sujet de controverse dans le monde de l’art. Certaines personnes considèrent que les intelligences artificielles utilisent des œuvres protégées par le droit d’auteur sans autorisation ni compensation pour les artistes originaux. D’autre part, certains soutiennent que les algorithmes ne peuvent pas vraiment « voir » ou « comprendre » l’art, et que les œuvres sont simplement utilisées pour l’entraînement technique.

Cela soulève des questions importantes sur la propriété intellectuelle dans un monde de plus en plus numérique, et sur la manière dont les artistes sont récompensés pour leur travail. Les débats sur ce sujet continuent et il n’y a pas de solution claire à ce jour. Il est important de travailler sur des réglementations et des protocoles clairs pour garantir que les droits des artistes sont protégés tout en permettant à l’intelligence artificielle de se développer et d’évoluer.

L’un des arguments les plus courants en faveur des IA artistes est qu’ils peuvent générer des œuvres d’art uniques et innovantes en utilisant des algorithmes complexes qui permettent de créer des combinaisons de couleurs, de formes et de textures inédites. Les IA artistes peuvent également s’adapter rapidement aux tendances et aux styles actuels, ce qui les rend particulièrement utiles pour les artistes en quête d’inspiration.

Cependant, certains considèrent que les IA artistes ne peuvent jamais remplacer la créativité et l’empathie humaines qui sont nécessaires pour créer de l’art véritablement significatif. Selon eux, l’art est avant tout un reflet de l’expérience humaine et de la personnalité de l’artiste, et les IA ne peuvent pas comprendre ni transmettre ces aspects importants de l’art.

Il est également important de souligner que la valeur marchande de l’art créé par des IA est souvent mise en doute. Certains considèrent que l’absence d’une personnalité humaine derrière l’œuvre rend celle-ci moins précieuse et moins digne d’être exposée dans des galeries d’art.

Il est difficile de trancher définitivement sur cette question, car les avantages et les inconvénients des IA artistes dépendent en grande partie des perspectives et des opinions personnelles de chacun. Ce que nous pouvons dire avec certitude, c’est que les IA artistes sont de plus en plus présents dans le monde de l’art, et qu’il est important de continuer à explorer leur potentiel et leur impact sur la création artistique.

La question de savoir si les intelligences artificielles volent les œuvres d’art est en grande partie une question de définition. Si nous considérons que voler implique de prendre quelque chose sans permission ou sans en donner de crédit, alors il est peu probable que les intelligences artificielles soient considérées comme des voleurs. Cependant, si nous considérons que voler implique de prendre des idées ou des concepts sans crédit, alors il est possible de considérer que les intelligences artificielles peuvent voler des œuvres d’art.

Il est important de continuer à surveiller la situation et de discuter de la meilleure façon de traiter les œuvres créées par les intelligences artificielles artistiques en termes de droits d’auteur et de reconnaissance.

En conclusion, la polémique sur les IA artistes et les vrais artistes montre à quel point les technologies peuvent bouleverser les industries traditionnelles et susciter des débats passionnés sur les valeurs fondamentales de notre société. Quel que soit votre point de vue sur le sujet, il est clair que les IA artistes sont là pour rester et qu’elles continueront à évoluer et à se développer dans les années à venir.

LANOIR Julie – DNMADE15 – Février 2023

The Line, utopie ou dystopie ?

Certains projets architecturaux, apparaissant comme futuristes, ne semblent être qu’une idée lointaine, dont on doute qu’elle aboutira un jour. Ce n’est pourtant plus le cas pour The Line, qui a vu ses travaux débuter début octobre 2022.

Vue satellite de l’excavation en cours, octobre 2022.

The line est un projet saoudien de ville écologique, qui se veut atteindre zéro émission de co2 et utiliser uniquement des énergies renouvelables pour son fonctionnement. Prévue pour accueillir près de 9 millions d’habitants, cette ville deviendrait la plus densément peuplée avec près de 260 000 personnes au km2, juste devant Manille aux Philippines, pourtant 6 fois moins élevée en densité. Située dans la region de Tabuk et allant jusqu’au golf d’Aqaba, cette ville en plein désert contiendra végétation luxuriante, logements de luxe, terrains de foot, taxis volants ainsi qu’une station d’altitude destinée à accueillir les Jeux Olympiques asiatiques 2029 pour un montant total minimal estimé à 200 milliards de dollards (les estimations les plus hautes penchant plutôt pour 1000 milliards ¨!). En bref, l’Arabie Saoudite compte bien en mettre plein la vue pour assurer son avenir économique après pétrole.

Cependant ce projet pharaonique qui annonce une multitude d’innovations techniques et écologiques est en réalité tout autre.

En effet, pour réaliser The Line, l’Arabie Saoudite fait face à un problème. Le territoire prévu pour le projet est occupé par des tribus autochtones. Il faut donc impérativement les déplacer et peu importe si les autorités doivent recourir à la violence. C’est d’ailleurs comme cela que les tribunaux d’exception ont condamné à mort trois dirigeants et à 50 ans de prison cinq représentants de Howeitat, l’une de ces tribus. Et pendant que la population pauvre se voit expulser, les grandes fortunes en profitent. Le journal Wall Street a dévoilé les rémunérations faramineuses obtenues par les plus haut cadres du projet. Et ce n’est pas très étonnant que l’on découvre que ceux-ci ne sont pas des grandes fortunes saoudiennes, mais bien des Occidentaux comme Peter Terium ancien carde de RWE (societé allemande d’énergie), Tim Shorrocks ancien d’Amazon, et bien d’autres.

Sur le plan humain et écologique se trouvent bien d’autres problèmes. Un exemple très récent a pu nous mettre en aletre sur les conditions de vie des travailleurs, en effet, il est question de la coupe du monde au Qatar et ses 7 mille employés décedés au cours de la construction des stades. On peut très facilement imaginer qu’il sera de même avec ce projet, voire pire. Le chantier est plus long et en plein désert, ce qui est encore plus difficile qu’au millieu de Doha. Mais bien sur cela ne relève encore que de suppositions.

Du point de vue environnemental, pour un projet qui se veut entièrement écologique nous sommes plus proches du greenwashing. Les moyens mis en oeuvre pour construire ce projet sont si considérables que l’aspect « écologique » affiché pour l’après ne représenterait rien. La faculté d’architecture de l’Université de Nouvelle-Galles du Sud en Australie estime pour la construction un coût écologique à environ 1,8 milliard de tonnes de CO2, soit 4 fois plus que la production du Royaume Uni en un an. Et en plus de l’impact écologique, c’est la faune local qui se verra impactée. Que ce soit pour les oiseaux migrateurs de la Mer Rouge qui ne verront pas cet immense mur de verre de 500 mètres de haut ou pour les animaux au sol qui ne pourront pas le contourner.

Alors certes, ce projet est une réelle prouesse architecturale qui tente de s’immiscer au sein de l’environnement local par des jeux de reflets mais les enjeux humain, écologiques et économiques sont bien trop importants. Et ne semblent pourtant pas alerter les promoteurs saoudiens guidés par la folie de l’avant-gardisme.

Si vous voulez en savoir un peu plus sur ce projet, n’hésitez pas à cliquer ici pour visionner une analyse vidéo.

Sources :

  • Neom
  • Radio France
  • Le Monde
  • Siècle Digital
  • Numerama

Eve Lacroix – DNMADe1 Jo – octobre 2022

 « Helianthus annuus »

Ou les tournesols…

Si vous avez entendu parler de soupe à la tomate sur des tournesols c’est que les activistes de « Just stop oil » ont réussi leur mission. Et oui ! Pour rappel, ce 14 octobre dernier, deux jeunes femme se sont introduites dans la National Gallery de Londres et ont aspergé de soupe à la tomate une œuvre de Van Gogh :

Vase avec quatorze tournesols

Vase avec quatorze tournesols, Van Gogh, National Gallery, Londre

Petit récap’ de l’œuvre d’ont il est question aujourd’hui. Van Gogh peint cette toile avec 5 autres qu’il présente comme une série. L’amour que l’artiste porte aux tournesols lui vient de ses études du baroque flamand à Anvers. De ses Tournesols ressort une impression de vivant : certains ont cru reconnaître des yeux, une bouche, une barbe. De plus, les fleurs sont peintes à différents stades de leurs évolutions : bourgeon, ouvert, fané. On remarque aussi l’exploitation des couleurs orangées qui rappellent le soleil. L’artiste a même affirmé que cela permettait d’habiller de lumière l’hiver. Ainsi, au sein de ses tableaux, il représente la vie, la nature ainsi que le soleil.

Mais alors… Pourquoi s’attaquer à d’innocentes toiles ?!

« Qu’est-ce qui a le plus de valeur, l’art ou la vie ? »

Cette phrase résume parfaitement ce geste. Et oui ! Si tout le monde est mort à quoi ça sert d’avoir des œuvres à plusieurs milliers d’euros ? C’est suite à la déclaration de la première ministre britannique, Liz Truss, qui a laissé entendre que l’extraction de gaz par fracturation hydraulique pourrait être autorisée que le groupe just stop oil a décider d’intervenir. Just Stop Oil c’est un groupe militant pour le climat au Royaume-Uni qui utilise la désobéissance civile dans le but de s’assurer que le gouvernement britannique s’engage à arrêter les nouvelles licences et la production d’énergie fossile. Viser le tableau de Van Gogh qui représente la nature et donc la vie n’est pas un hasard !

Logo du mouvement JUST STOP OIL

Le groupe est créé en février 2022 et l’attaque dees tournesols de Van Gogh n’est pas la première action de cette coalition militante ! Beaucoup d’autres ont eu lieu ce mois d’octobre mais n’ont pas fait de bruit. Par exemple deux d’entres eux ont escaladé un pont autoroutier au-dessus de la Tamise, près de Londres, provoquant d’importants embouteillages ! D’autres actions on été menées et pourtant… En avez vous entendu parler ?! Le monde a retenu son souffle pour de la peinture craquelée, protégée par une vitre en verre ( les militants étaient au courant). Pourtant personne ne se souvient de cet individu défendant la même cause et qui s’est attaché à un poteau durant un match de foot en février dernier ! Comment se fait il qu’on lève plus de fonds pour la reconstruction de Notre Dame que pour la lutte contre le cancer ? Peut être que l’art a un prix potentiellement plus élevé que la vie ? A méditer…

En cette saison automnale, les actions se multiplient. Le 23 octobre c’est la statue du Roi d’Angleterre qui a été « attaquée » par une tarte à la crème. Le choix d’utiliser de la nourriture fait réagir mais surtout la manière de communiquer de Just Stop Oil (bien que cela semble être la seule qui fait du mouvement.) Malheureusement, la plupart du temps on retiendra uniquement deux personnes en colère, hors de contrôle, ont hurlé et saccagé le patrimoine culturel.

Pourtant ce n’est pas si simple! On peut avoir le plus beau des messages à faire passer, si le messager est mauvais jamais celui-ci ne passera . Les activistes semblent avoir trouvé une méthode qui fait « parler » . La société n’est elle pas encore prête pour ouvrir les yeux ? La colère est plus ou moins puissante que la diplomatie ?

Que pensez-vous de ces actions… L’espace commentaire est là pour ça 🙂

Eve.B DNMADE 2 horlo – Octobre 22

Des clichés féministes revisités par Pilar Albarracin

Portait de Pilar Albarracin

Diplômée de l’École des beaux-arts de Séville en 1993, Pilar Albarracín s’est imposée rapidement comme une artiste reconnue au niveau international. A travers ses œuvres, elle s’inspire des inégalités hommes-femmes présentes dans la société espagnole. Pilar Albarracin réalise des installations, photographies et vidéos, dans lesquelles elle incarne différents types de femmes. Elle se met en scène et devient paysanne, émigrante, gitane, femme maltraitée, mère au foyer ou danseuse et chanteuse de flamenco. Le rôle de la femme dans la distribution des pouvoirs constituent l’essentiel de son inspiration.

« La torera » de Pilar Albarracin (2009)

Travaillant notamment avec la broderie, ses œuvres ont souvent recours à des vêtements traditionnels andalous, costumes de torero, robe de flamenco parfois détournés. Dans l’œuvre «La torera» (2009), elle s’intéresse à la comparaison entre le monde de la tauromachie, l’idée du combat et du corps, avec l’autre monde qui est celui de la femme et de son combat quotidien. Cette mise en scène montre une image modernisée et égalitaire du monde taurin, alors que ce milieu est traditionnellement machiste. Une majorité de ses œuvres dénoncent une domination qui oppresse avant tout les femmes.

« Viva Espana » Pilar Albarracin (2004)

Selon ses propres mots, de nombreuses pièces de Pilar Albarracín ont trait à la place de la femme dans la cité. Elles mettent souvent en jeu son propre corps et l’espace urbain, afin de créer des effets de décalage. Dans sa pièce Viva España (2004), elle marche dans les rues de Madrid suivie par une fanfare. Un défilé qui se transforme progressivement en scène de harcèlement de rue, l’artiste est soudainement obligée de prendre la fuite, poursuivie par une horde d’hommes.

Pour faire passer ses messages elle utilise un décalage sarcastique. Aujourd’hui, ses œuvres sont présentes dans les collections du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, de la Fondation Louis Vuitton, et au Musée d’art contemporain de Castilla y Leon en Espagne. Elle a également participé au projet «Femmes en lumière», une journée de réflexion sur la visibilité des femmes artistes dans les arts visuels. Proposé par l’Institut français de Séville en mars 2022.

Julie Michelin – DNMADE 1 Jo – Octobre 2022

Sources: https://www.galerie-vallois.com/artiste/pilar-albarracinwww.pilaralbarracin.com

Un animal peut-il faire de l’art ?

Prenons l’exemple de Desmond Morris. C’est un zoologiste et peintre surréaliste anglais qui a consacré sa vie à démontrer qu’on peut apprendre à un singe à peindre.

Desmond Morris et Congo
Congo, 3 ans, 1957

De 1956 à 1959, Desmond effectua des ateliers de peinture avec Congo qui finit par s’intéresser à l’activité . «Congo devenait de plus en plus obnubilé par ses séances régulières de peinture. Si j’essayais de l’arrêter avant qu’il ait fini une toile, il se mettait à hurler. Si j’essayais de le pousser à continuer à peindre alors qu’il considérait avoir terminé, il refusait sans concession», raconte le scientifique.

Congo avait, selon le zoologiste, un sens de la composition et de l’équilibre aiguisé et était maître de sa production. Il peindra plus de 400 toiles, qui attirent rapidement la curiosité du monde de l’art.

30e séance de peinture, 11 décembre 1957

En effet, ses peintures ont suscité un engouement tel qu’en 1957, l’Institut d’Art Contemporain de Londres expose une grande partie de ses toiles se classant dans le style « expressionniste abstrait ».

Desmond publie un livre intitulé « The Artistic Ape » en 2013 suite à son expérience avec Congo.
Malgré sa volonté de se séparer des peintures et dessins réalisés par Congo, Desmond Morris ne s‘est pas résolu à vendre « Split Fan Pattern with Central Black Spot » qui signifie « Motif en éventail fendu avec tache noire » que Congo a réalisée en 1957. Pour la première fois, le chimpanzé modifie son motif en éventail classique. C’est un geste que les singes font lorsqu’ils étalent des feuilles pour faire leur nid.
C’est la première fois que Congo prend une décision purement artistique, ce qui montre, selon Desmond Morris, un désir d’organiser des modèles visuels.

Des lors, nous pouvons nous demander si l’animal a réellement conscience de ses décisions artistiques ou s’il a fait preuve d’Instinct ?

L’instinct se définit par une part héréditaire et innée des tendances comportementales des animaux ou comme une impulsion souvent irraisonnée qui détermine les actes et les comportements.
Cela peut également être un don ou une aptitude à sentir ou à faire quelque chose comme par exemple avoir l’instinct du beau.

La conscience est une connaissance intuitive que chacun a de son existence et de celle du monde extérieur.
En psychologie cela se décrit comme une fonction de synthèse qui permet à un sujet d’analyser son expérience actuelle en fonction de la structure de sa personnalité et de se projeter dans l’avenir.

Dès la naissance, les animaux ont des comportements innés, c’est-à-dire qu’ils agissent de manière instinctive, sans réfléchir.
En sachant la définition de ces deux termes, on peut en déduire que Congo faisait en réalité plus preuve d’instinct lorsqu’il a modifié sa composition en forme d’éventail classique pour imiter les feuilles du nid.

En ce qui concerne ses autres toiles, nous pouvons également nous demander si son art ne provient pas d’un comportement acquis.

Un comportement qui a nécessité un apprentissage est un comportement acquis. L’animal apprend de différentes façons. Il peut apprendre en prenant des habitudes dues à la répétition d’un comportement, par imitation en apprenant les gestes d’un animal ou humain maîtrisant un comportement ou encore par imprégnation ou l’animal ne peut se défaire d’un premier objet qu’il perçoit.

Plus le système nerveux central d’un animal sera développé, plus il sera en mesure de faire de nouveaux apprentissages, les emmagasinant dans sa mémoire.En analysant les propos de Desmond à l’égard de Congo on peut facilement comprendre qu’il s’agit d’un comportement acquis.
En effet, le singe ne s’est jamais détaché de son matériel de peinture, il répétait souvent l’acte de peindre et était accompagné de Desmond. Nous pouvons donc conclure qu’il a, dans un premier temps, acquis son comportement en imitant l’humain puis en répétant des habitudes.

Lisa BRIDAY DNMADE Jo 2 – Décembre 2022

Thérapie sur le genre humain

Dans cet article nous allons faire la découverte d’une série qui, selon moi, a totalement chamboulé le monde de l’animation tel qu’on le connaît maintenant. 

Jamais un animé n’aura aussi bien représenté notre société, il fait mal, il fait peur.

Devilman Crybaby est une série animée japonais dessinée par Masaaki Yuasa et écrite par Ichirō Ōkouchi en 2018. Elle est une reprise du manga Devilman de Gō Nagai (1973).

Synopsis: Akira Fudo est informé par son meilleur ami d’enfance, Ryo Asuka, que l‘ancienne race des Démons prenant possession du corps des humains pour les posséder, est revenue sur Terre. Croyant que la seule façon de vaincre les Démons est de prouver leur existence aux humains, Ryo suggère à Akira de l’accompagner pour voir des Démons prendre possession d’humains. Fusionnant lui-même à Amon, le Seigneur des Démons, Akira se transforme en Devilman, un être humain ayant les pouvoirs d’un Démon tout en conservant son propre cœur très sensible aux autres.


Dans ce monde possédé par le vice, on retrouve des points très forts qui marquent les esprits ; visionnaire, émouvante, terrorisante, tragique ou encore déroutante, on y retrouve une forme de désespoir comme si l’homme était condamné à sa perte. 

Les auteurs de la série ont été confrontés aux problématiques sociales et politiques du monde contemporain à l’instar du manga de Go Nagai témoignant de réalité de la guerre froide, de la montée en puissance du nucléaire ou encore de la libération des mœurs. Okouchi suit cette évolution en abordant les vices de la société actuelle. Le point central étant l’Homme, sa cruauté et son désir inconscient du chaos, on retrouve, par conséquent, des choix neufs, audacieux et surtout choquants contrairement à la plupart des mangas.

Connu pour des productions considérées comme des monuments dans l’animation japonaise, Masaaki Yuasa offre à l’œuvre un aspect visuel atypique exceptionnel. A première vue, jugé pour son aspect graphique peu attirant, Masaaki parie sur un style très simpliste ce qui donne plus d’impact sur le dynamisme et plus de liberté le poussant à briser les codes visuels et à prendre des risques. Il nous propose des mouvements et plan visuels uniques pour une expérience aussi marquante que l’œuvre en elle-même.

Jouant sur un espoir constamment inabouti, il est reçu pour les spectateurs telle une claque nous faisant revenir à ce qui nous entoure quotidiennement. La série nous offre une réflexion intense sur notre vie en communauté notamment grâce au sport évoqué tout au long de l’histoire, l’athlétisme qui se traduit par une quête de dépasser les autres, d’être supérieur et le besoin d’être reconnu. Son réalisme  nous fait prendre conscience de notre société actuelle et la cruauté de l’humanité dans sa quête de la réussite individuelle.

Julie LANOIR – DNMADE 1 Jo – Octobre 2022

« Art or Life ? »

    « Qu’est-ce qui a plus de valeur ? L’art où la vie ? » ce sont les paroles d’une des militantes écologies qui ont jeté de la soupe sur le tableau de Vincent van Gogh. Cruauté ou courage ?

Le vendredi 14 octobre, des militantes écologistes ont jeté de la soupe sur le tableau les Tournesols de Vincent van Gogh conservé à la National Gallery de Londres, elles se sont ensuite collées au mur. Ces militantes font partie du mouvement « just stop oil » qui milite pour l’arrêt de nouveau projet pétrolier ou gazier.

Ce n’est pas la première fois que l’art est pris pour cible par les éco-activistes. En juin dernier, deux militants se sont collés à un autre tableau de Van Gogh dans le même musée, mais également en Allemagne au musée Barberini sur un tableau de Monet.

14 Octobre 2022

Pourquoi l’art ?

Ce genre d’action a pour but de choquer la population pour ensuite faire parler, avoir l’attention des médias sur une cause, mais le problème c’est qu’en s’attaquant à une œuvre on ne parle que de la forme et non du fond à savoir la cause écologique. L’une des militantes pose une question rhétorique demandant de choisir entre l’art et la vie humaine dans le but d’éclairer une inaction climatique cependant, il est évident qu’il n’y a pas à prioriser l’un sur l’autre.
Il est vrai que s’attaquer à l’art pour attirer l’attention des médias est un bon cheminement de pensée, car le capital culturel se trouve également chez les personnes qui pratiquent l’information.
Certaines personnes penseront que c’est horrible de s’attaquer à l’art, que ça n’a aucun sens et qu’il y a bien d’autres solutions pour alerter la population. Toutefois, des études, des documentaires et débats scientifiques nous alertant sur l’ampleur de la crise écologique sont totalement accessible sur les médias et pourtant, il y a encore des choses aberrantes que l’homme continue de faire en particulier quand on parle de JO ou de coupe du monde de football si vous voyez où je veux en venir… Ainsi comment pouvons-nous rendre les actions écologiques instinctives et naturelles pour l’homme quand on voit que des multinationales sont capable du pire…


Radicalisme ou extrémisme ?


Qualifier cet acte de radical reviendrait à dire que l’art est à l’origine de la crise écologique, or ce n’est pas le cas.
Ces actes pourraient être à la limite de l’extrême cependant, ils s’attaquent toujours à des œuvres qui sont protégées, mais l’acte en soi reste violent. Le plus important ne serait-il pas que le message soit passé et que rien d’important n’ait été endommagé ?
Greta Thunberg (militante écologiste suédoise) s’exprime à ce sujet sur France inter : « Être activiste ça peut être quelque chose de très violent, tout dépend où l’on se trouve dans le monde, j’ai de très nombreux amis qui risquent l’arrestation, qui risquent de perdre la liberté tout simplement parce qu’ils protestent publiquement. Je suis consciente d’être très privilégié donc je porte une responsabilité plus importante que les autres et je me dois d’être militante parce que je suis moins confrontée aux risques que d’autres personnes et c’est à chacun d’en décider. »
Ne serait-ce pas un acte de courage de s’exposer à des risques pour faire avancer la cause écologique ? Ces actes ne plaisent pas à tout le monde mais n’ont ils pas le mérite d’exister et de faire parler ?

Je vous invite à aller voir la vidéo des faits : https://youtu.be/akd8vP0J3qI

Greta Thunberg

Léna Bonneau – DNMADe2 Horl – Octobre 2022

La carcasse comme Muse ?

La peinture de carcasse animalière est apparue avec la peinture flamande et la peinture hollandaise du XVIIème. A cette époque, elle fait l’éloge de l’abondance et de la richesse car qui pouvait contempler de la viande avait de grands moyens.

Aujourd’hui, c’est à se demander comment se rendre compte de la rareté et de l’impact d’un produit quand une galette de légumes a le même prix qu’une escalope de viande. Mais je m’égare, là n’est pas le sujet de cet article.

Revenons-en à la peinture de carcasse. Aussi morbide soit-elle, elle a ce lyrisme transcendant qui répugne mais séduit par sa véracité.

 "Au fond, personne ne croit à sa propre mort, 

et dans son inconscient, chacun est persuadé de son immortalité." (FREUD)

Rembrandt se servira de la peinture de carcasse comme memento mori . Il peindra Le bœuf écorché et viendra rompre avec la peinture traditionnelle hollandaise en choisissant une représentation plus dramatique et abstraite de la carcasse. Il ne sera plus question de montrer l’opulence mais bien de signifier à l’Homme sa mortalité .Il s’oppose ainsi à la classique nature morte ,douce et insinuée, en choisissant de représenter la putridité dans son aspect le plus évocateur.

Bœuf écorché de Rembrandt daté de 1655

Malgré tout, cette œuvre reste poétique par la présence d’une femme en arrière plan qui semble être actrice mais aussi spectatrice de la scène. Ce jeu de disposition dans l’œuvre donne l’impression que la carcasse, mise en lumière, est en réalité un tableau viscéral exposé qu’il faudrait  admirer pour sa beauté. L’obscure arrière boutique devient théâtre de la crucifixion du bœuf. 

Un spectacle tout de même dérangeant non? Vous n’avez encore rien vu. Pour les âmes sensibles, choquées par cette œuvre, je vous conseille de faire demi-tour et de renoncer à lire la suite car les limites de l’art n’étaient pas encore frôlées. Préparez-vous !

Continuer la lecture de La carcasse comme Muse ?

The Poison Squad ou La brigade des empoisonnés volontaires …

          Ces derniers jours, nos médias nous alertaient sur les nombreux scandales alimentaires liés aux industriels du secteur qui ne respectent pas si bien les normes d’hygiène établies pour la sécurité des consommateurs, mais ces scandales sont-ils le reflet de notre époque ou ont-ils toujours existé ?…

          C’est alors que je me suis rappelé le visionnage d’un très bon documentaire Arte il y a quelques années sur une mystérieuse brigade menée par Harvey Willey, chimiste américain (1844-1930). Nous sommes alors à la fin du XIXème siècle, certains pays comme la France, l’Allemagne ou la Grande Bretagne possèdent déjà quelques législations alimentaires permettant de contrôler l’origine et la qualité d’un produit industrialisé. Harvey se trouve justement en France et celui-ci est frappé par le contrôle exercé, il est vrai qu’aux États-Unis l’état ne s’intéresse pas aux pratiques des industriels, par désintérêt mais aussi par intérêt et pourtant la vérité n’est pas si flatteuse …

Harvey Washington Wiley 

        De retour dans son pays, Harvey n’a plus qu’une obsession, découvrir cette vérité. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il ne sera pas déçu, et bien qu’il fasse découverte sur découverte l’état américain rejette ces demandes et craint le scandale. C’est alors qu’Harvey émet l’idée brillante d’associer les journalistes du Washington Post à son combat, avec eux pas moyen que les américains continuent de manger en ignorant ce qu’ils ont dans l’assiette.

        1902, Harvey Wiley passe une annonce bien particulière dans les journaux, il cherche 12 volontaires pour expérimentations alimentaires en échange de repas gratuit (après la guerre de Sécession bon nombre d’américains n’ont plus les moyens de s’alimenter il y aura plusieurs centaines de candidats). Les 12 volontaires sont vite trouvés, le chimiste les choisit de bonne condition physique, robuste et jeune pour ne pas influencer les résultats. Le groupe est divisé en deux, ceux qui recevront de la nourriture empoisonnée et ceux qui recevront une nourriture saine, aucun des hommes ne sachant dans quel groupe il se trouve. Les résultats apparaissent très vite : douleurs digestives, nausées, troubles neurologiques,…

        Journalistes et lecteurs se passionnent pour le Poison Squad et bientôt l’opinion publique manifeste pour que des mesures soient prises. Ils seront rejoints par les groupes hygiénistes féminins et les femmes activistes comme sa femme, Anne Kelton Wiley (1877-1964) qui distribueront prospectus, feront des campagnes de sensibilisation dans les milieux sociaux défavorisés. Nous sommes maintenant en 1906, le congrès adopte le Pure Food and Drug Act après le soutien du président Roosevelt. Grâce aux efforts et à l’acharnement d’Harvey Washington Wiley, les industriels sont désormais contraint à la transparence auprès du grand public. 

The Poison Squad presque au complet entouré par Harvey W. Wiley

           Alors maintenant je peux vous révéler quelques découvertes d’Harvey mais je vous préviens, ayez l’estomac bien accroché ! Vous aimez les petits-pois ? Ceux-ci étaient bien verts grâce au sulfate de cuivre (qui sert désormais à nettoyer nos piscines). Le miel et le sirop d’érable du Vermont ?.. du sirop de maïs. La plupart des alcools étaient coupés au bitume, le lait était blanc comme neige à l’aide de craie et de conservateurs servant à l’embaumement des corps… et l’une des affaires les plus tragiques concerne un produit très apprécié des enfants depuis son invention : le bonbon.

        Au XIXe siècle la mode est aux bonbons colorés qui attirent l’œil des enfants sur le comptoir des épiceries. Pour obtenir un vert bien éclatant les industriels utilisaient un pigment vert inventé par un chimiste, Wihelm Scheele composé de potassium, arsenic blanc et cuivre. Vous voyez déjà l’absurdité ? Bientôt des enfants ressentiront de violentes nausées et certains ne survivront pas. Une ordonnance parisienne en 1830 interdit l’usage de ses substances, les stocks sont nombreux et les industriels envoient les bonbons en province (les contrôles ayant rarement lieu en Province) où ils feront encore des victimes. 

Les scandales alimentaires lié aux industriels sont donc nés avec ceux-ci qui encore aujourd’hui doivent répondre de leurs agissements souvent à déplorer. Pourrons-nous un jour faire totalement confiance à l’agro-alimentaire ou à nos services de sécurité sanitaire ? L’état est-il vraiment transparent avec nous ? Des questions auxquelles je compte mener une enquête… à suivre !

Pour poursuivre le débat :

– France Culture, Le Journal de l’Histoire : « Poison Squad ou l’avènement d’une conscience face à l’industrie agro-alimentaire »

– Arte, « La brigade des empoisonnés volontaires », John Maggio, 2019

Je vous conseille aussi le blog d’Amusidora et son article « Histoire macabre de la couleur verte » pour comprendre l’ampleur de l’usage d’un vert arsenic dès le début du XIXe siècle.

Diane C. – DNMADe1 JO – Avril 2022

La Eighty’s et Toute ses Spendeurs

À la sortie des années 70, il y a les années 80, une décennie légendaire dans beaucoup de domaines !

Pourquoi le passé serait-il mieux que le présent ? Il s’agit en effet d’une question difficile pour des gens qui n’ont pas vécu ce fameux « passé » de la funk et de la coupe mulet, de la Delorean et celle de Rocky.

Sous le biais de la richesse musicale et des photos colorées alléchantes de cette époque, il aurait été amusant de vivre les bons moments du passé auprès de la jeunesse de nos ancêtres les plus proches : nos parents.

Le Cinéma :

MIAMI VICE - Petite lucarne & Grand Ecran
Les Détectives Sonny Crockett et Ricardo Tubbs de l’incroyable série Miami Vice de 1984

Aujourd’hui, nous sommes plutôt cinématographiquement sur la perfection, plus le droit au moindre défaut et ceci avec des thèmes violents et horrifiques. Malheureusement, ceci est un régal visuel pour les amateurs des salles aux grands écrans, mais, n’est ce pas une véritable souffrance de produire de telles œuvres qui refoulent l’imperfection du monde ? Cette concurrence acharnée entre chaque entreprise ne soutiendrait-elle pas inhumanité, la pression, la dépression et la surconsommation ? La beauté est, pour beaucoup de cas un cache misère, surtout pour  les réalisations destinées aux petits Bout’choux si on peut citer Disney. 

La Zik :

Du côté musical, l’évolution des modes de loisirs a bien fait changer les choses. Le Smartphone, en 1980 ?! Smart quoi ?! Ça n’existait pas, donc il fallait s’occuper autrement en sortant les instruments de musique avec les amis par exemple. Et leur loisir là, quand on écoute du Rock des années 80, on se rend bien compte qu’il a porté ses fruits  ces fameux musiciens, si on peut citer Bon Jovi, Toto,…, qui avait un niveau et une inspiration hors norme, surtout avec l’aménagement des sons synthétiques liés au tout début de l’ère de la haute technologie.

En Tournée Avec de Bon Jovi Dans Les années 1980 ⋆ Photos historiques rares - Et l'histoire derrière eux ...
Le groupe de Rock Bon Jovi dans les années 80

Maintenant, et bien ça n’a plus l’air d’être une vrai passion pour les artiste de rap. On produit tant qu’il y a du « fric » à se faire dans les poches. De toute façon, les artistes de rap nous l’ont tellement raconté à travers leurs écrits mélodiques que c’est un argument qui n’a même plus besoin d’être souligné pour comparer cela avec les génies d’il y a quarante ans. Plus besoin de se « casser le cul » pour percer, grâce à cette recette de cuisine qui se nomme l’influence, qui sent très très fort dans la jeune société.

Julien K. – DNMADe1 Ho – Avril 2022

Casser un urinoir… mais encore ?

Les musées, lieux de calme et de sérénité où l’art est mis à l’honneur. Néanmoins, ils sont parfois le théâtre de performances inattendues, malvenues même. Dégradations et vandalismes rythment la vie artistique depuis toujours. Le vandalisme est par définition un acte de destruction, il peut être motivé par des idées intolérantes et haineuses, néanmoins ces actes sont parfois revendiqués par certains vandales comme un acte politique, par d’autres comme une contribution artistique.

Andres Serrano posant à coté de son œuvre vandalisée

Outre les actes de pure contestation violente, comme l’attaque au couteau d’Immersion de Andres Serrano, jugée blasphématoire par des manifestants catholiques, on s’intéresse au vandalisme artistique. Celui-ci n’est-il pas plus qu’une agression, mais aussi un acte qui élève l’œuvre ou en crée une nouvelle ?

Foutain de Duchamp

Le cas du controversé ready-made de Duchamp, Fountain, est un exemple assez concret, en 1993 au Carré d’art de Nice, l’urinoir en porcelaine est attaqué. Pierre Pinoncelli l’homme ayant vandalisé l’œuvre se revendique porte-parole du dadaïsme :

« L’esprit dada c’est l’irrespect. »

Bien qu’il exprime une démarche créative son acte est sans aucun doute discutable. On peut considérer que cela suit la ligne directrice de sa carrière artistique composée de happenings, comme par exemple, une manif anti-pain ou bien une attaque au pistolet à peinture du ministre de la culture André Malraux.

Il explique :

« achever l’œuvre de Duchamp, en attente d’une réponse depuis plus de quatre-vingts ans […] un urinoir dans un musée doit forcément s’attendre à ce que quelqu’un urine dedans un jour. »

Ainsi Pinoncelli se revendique en plein dialogue avec l’artiste original, c’est un motif répétitif dans le vandalisme.

L’art n’est-il pas constamment en mouvement ? Ainsi peut-on réellement condamner cette volonté de faire vivre l’œuvre en la faisant évoluer ?

La question se pose et pourtant le geste de Pinoncelli reste majoritairement condamné, cela à juste titre. Outre son beau discours les actes en disent plus que les mots : il urina dans la Fountain et l’ébrécha à l’aide d’un marteau, souillant et détruisant partiellement l’œuvre. Un dialogue avec M. Duchamp exigerait tout de même du respect pour ce dernier et pour son œuvre ? Non ?

Alors entre dialogue et dada on ne sait plus où donner de la tête.

« J’ai déposé un baiser. Une empreinte rouge est restée sur la toile. Je me suis reculée et j’ai trouvé que le tableau était encore plus beau… Vous savez, dans cette salle vouée aux dieux grecs, c’était comme si j’étais bercée, poussée par les dieux… Cette tache rouge sur l’écume blanche est le témoignage de cet instant ; du pouvoir de l’art. »

L’artiste Rindy Sam revendique un appel de la toile à l’embrasser, elle l’explique dans la citation ci-dessus. Ainsi cette dernière à laisser une trace de rouge à lèvre vermillon sur un monochrome de Cy Twombly. Contrairement à Duchamp, Cy Twombly étant toujours présent au moment des faits il a réagi à l’acte, et ce de façon plutôt négative.

Les œuvres vandalisées peuvent-elles devenir de nouvelles œuvres si l’artiste original ne cautionne pas l’acte ? Cela soulève une question plus large sur la propriété dans le monde de l’art, juridiquement le droit au respect de l’intégrité de l’œuvre permet aux artistes de contester des modifications de leurs œuvres, c’est pourquoi Rindy Sam fut poursuivi en justice. Pour Anish Kapoor, artiste Britannique ayant exposé dans la cour du château de Versailles, le vandalisme que son œuvre a engendré fait par contre partie intégrante de celle-ci. Dans une interview au Figaro il explique :

« Ce vandalisme aveugle prouve le pouvoir de l’art qui intrigue, dérange, fait bouger des limites. Si on avait voulu souligner sa portée symbolique, voilà qui est fait comme jamais auparavant. »

Dirty Corner à Versailles, lorsqu’elle n’était pas encore vraiment « dirty.

En vandalisant une œuvre d’art on admet son influence et son importance, si l’œuvre n’était pas sacralisée auparavant, le vandalisme s’en chargera. L’œuvre porteuse d’un message fort est utilisée pour propulser d’autres messages sur le devant de la scène, que ces derniers soient fondés sur une volonté de faire le bien ou non. Ainsi, Dirty Corner restera affublé d’inscriptions haineuses, comme un symbole de la force de l’art et de son impact, dénonçant au passage les travers humains et le racisme encore trop présent.

Cela nous invite à une interrogation, peut-on trouver du bon dans un acte qui a pour seul but de nuire ?

Merci de m’avoir lu !

Lucie Garcia DNMADEJO1 – Fev 2022

Faut-il distinguer l’homme de l’artiste ?

Certains diront que la séparation homme/artiste est indispensable. Prenons exemple sur l’art musical qui est un milieu parsemé d’artistes pouvant être aussi talentueux que détestables. Quant au public, il n’est pas clair quant à l’écoute de ceux-ci et usent d’arguments bancales pour se justifier.

Kodak Black, xxxtentacion, 6ix9ine, R.Kelly, Nas, et tant d’autres. Tous au cœur d’affaires parfois criminelles, mais tous de talentueux artistes malgré tout, des célébrités notoires ou des piliers culturels.

Alors que faire en tant qu’auditeur ? Il est simple de dire qu’il faut séparer l’homme de l’artiste. Mais ne serait-ce pas cautionner de manière indirecte leur mode de vie, leurs actes ? Doit-on dissocier l’artiste de sa création ou bien prendre l’individu dans sa globalité ?

Pourquoi séparer l’oeuvre de l’artiste ?

Si l’on part de ce principe qu’il faut dissocier le créateur de la création, reste à savoir pourquoi faudrait-il faire une séparation, alors même que l’on ne le fait pas lorsqu’il s’agit d’un simple individu (citoyen lambda). On ne le fait pas car le concept « d’art » se répand dans l’inconscient collectif et octroie une place d’honneur à l’individu devenu un artiste.

Faire de l’art ne serait donc plus considéré comme un « métier », mais plutôt comme un « honneur, quelque chose de sacré ». De ce fait, on pardonnera toujours plus facilement les faux pas d’une star mondiale que les dérives d’un individu lambda puisque l’on se forcera à marquer une séparation nette entre l’artiste et son œuvre.

L’humoriste Blanche Gardin se moquait d’ailleurs de la clémence du jugement réservé aux artistes à l’occasion de son passage aux Molières : « Parce qu’il faut savoir distinguer l’homme de l’artiste… Et c’est bizarre, d’ailleurs, que cette indulgence s’applique seulement aux artistes… Parce qu’on ne dit pas, par exemple, d’un boulanger : ‘Oui, d’accord, c’est vrai, il viole un peu des gosses dans le fournil, mais bon, il fait une baguette extraordinaire.’ ». Cette phrase montre avec force cette immunité dont les artistes bénéficient.

A force de répandre l’idée selon laquelle l’œuvre d’art est neutre, sans valeurs morales ou immorales, les artistes pensent pouvoir dire ou faire ce que bon leur semble. Du moment qu’ils sont des artistes, ou encore des influenceurs, ils seront préservés des lois morales. A l’ère du numérique et de l’omniprésence des réseaux sociaux, devenus les principaux vecteurs de l’indignation populaire, tout va très vite, on apprend une information, on se choque, et sans réfléchir en amont, on réagit aussitôt. En ce qui concerne les artistes, tout s’arrange avec le temps, comme si leur statut d’artiste leur permettait de subir qu’une simple colère éphémère plutôt qu’un déferlement de haine et de révolte. Il faudrait pourtant pouvoir confronter sa passion (donc ici l’écoute de la musique) à la raison commune (jugement de la moralité de l’artiste).

Et si on commençait à assumer au lieu de se chercher des excuses ?

Lorsque l’on veut séparer le créateur de sa création, cela passe par une phase d’acceptation du mode de vie de l’artiste en question. Parler d’écoute ou de « vues », revient à parler de consommation et donc de revenus. Êtes-vous en accord avec le fait de donner de l’argent à un criminel, que ses actes soient présumés ou avérés ? Le fait que l’individu soit un artiste doit-il être pris en considération dans votre jugement ?

Si la réponse est oui, alors assumez le pleinement. Assumez de cautionner indirectement les violences, et de négliger l’intégrité mentale des victimes. Vous assumerez de ne pas prendre en compte ses actes tant qu’il fait de la bonne musique.

Faire la séparation entre l’artiste et l’œuvre est notre droit le plus légitime, mais que l’on tergiverse pour affirmer notre avis en disant des phrases du genre : « Il n’a pas été jugé », « On n’est pas certain », « La victime aurait retiré sa plainte », est absolument inconcevable moralement. Il ne faut pas chercher à s’auto convaincre que notre décision est intelligente et raisonnée mais plutôt affirmer, assumer nos choix. Il est par contre important de marquer une différence entre un condamné ayant purgé sa peine et un artiste en cours de jugement. Le premier a payé pour ses crimes tandis que le second n’est pas encore sûr de d’être condamné. Pour autant, les crimes sont intemporels tout comme la condamnation morale. Un individu ayant purgé sa peine peut reprendre ses activités, voyager, monter sur scène et faire des apparitions médiatiques; l’individu reprend possession de ses droits et cela lui permet de reprendre sa vie là où il l’avait laissée.  Le public est confronté à un choix : continuer à condamner l’artiste moralement ou le pardonner et le laisser reprendre sa vie.

Si l’on condamne l’acte en question comme immoral, l’artiste a tout de même le droit de vivre sa vie sans être constamment pris à partie pour son passé et subir un déferlement de colère à chaque apparition médiatique. Néanmoins, les auditeurs ont aussi le droit de continuer à voir en lui une ordure. La justice se doit d’être impartiale mais le public est quant à lui libre de ses choix.

Si l’on décide de se foutre royalement des crimes commis et donc de contribuer aux finances de l’artiste, indirectement, il faut l’assumer et ne pas se cacher derrière un déni ou une mauvaise foi. Il ne faut pas oublier les crimes d’un individu dès lors que c’est un artiste génial, et ouvrir les yeux quand il s’agit d’un créateur quelconque. Seule une loi morale stricte pourra démanteler ce statut intouchable d’ « artiste ».

Je vous laisse le soin de consulter mon précédent article et de vous demander, dans le cas de Polanski, si on doit ou si on peut faire la distinction entre l’individu et son art.

 https://lewebpedagogique.com/mortofilo/2021/12/23/une-peine-derisoire-de-42-jours/ 

BRIDAY Lisa DNMADEJO1 Février 2022

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