Adieu Blanche Neige…

Beatrice Alemagna dans son atelier à Paris le 12 novembre 2021

Beatrice Alemagna est née à Bologne en 1973. Après avoir étudié le graphisme et la photographie à l’école ISIA d’Urbino en Italie, elle gagne le premier prix du concours d’illustration « Figures Futures » au salon du livre de Montreuil en 1996, point de départ d’un parcours international. Elle a depuis publié une quarantaine d’ouvrages traduits en 16 langues.

À l’occasion de la publication de son livre Adieu Blanche-Neige, et à l’exposition de son ouvrage la galerie Arts Factory à Paris du 24 novembre au 24 décembre 2021 je vais vous faire découvrir un univers unique, intense et indescriptible.

Dès la préface Béatrice Alemagna nous prévient qu’ici il n’y aura pas de nains joviaux et espiègles, d’espaces de respirations. Inspiré du texte publié pour la première fois en 1812 par les frères Grimm en Allemagne, elle a décidé de prendre le parti de la reine, celui de la jalousie, de la vengeance, un point de vue sombre perturbé accompagné d’un grand sentiment solitude….

Cette reine qui nous entraine dans une histoire méconnue, par la plume d’une autrice dont les illustrations ont elles aussi pris le parti de la noirceur et de la confusion, réalisé entièrement à la peinture en mettant un point d’honneur à donner de la lumière dans les zones d’ombre et une ombre immensément intense dans la lumière en y incorporant un léger récit discrètement incorporé sur ces illustrations.

Et comme on le sait, grâce au chasseur, Blanche Neige est encore vivante, et la reine croyant qu’elle est arrivée à ses fins, qu’elle va pouvoir vivre enfin de nouveau sans rivale, sans ombre. Mais vous le savez dans cette histoire, il y a aussi de la magie, noire, puissante et dangereuse et le miroir est l’une de ses facettes, l’un de ses dangers : miroir, mon beau miroir…

Un album absolument inclassable, tant par le texte puissant et dur que par les illustrations absolument insaisissables, d’une puissance et d’une beauté rare et violente. On est d’abord très impressionnés par cette version peu habituelle qui retourne les choses et nous sort totalement de la version Disney, mais cela nous montre à quel point les vraies histoires ne sont pas toujours « rose » et que tout ne finit pas par « tout et bien qui finit bien ».

 

Amandine CRETENET – DNMADE 2 HO – 2021-2022

Une expérience traumatisante

Warsan Shire est une poétesse anglo-somalienne, jeune femme de 28 ans née au Kenya et de parents somaliens. Vers un an, ses parents s’installent à Londres pour fuir la Somalie alors en pleine guerre civile. C’est donc à Londres qu’elle grandit et où elle va être repérée plus tard par l’un de ses professeurs pour son talent d’écriture. Poète des temps modernes, elle est connue sur les réseaux sociaux et est une artiste engagée. Warsan Shire raconte dans ses poèmes des histoires de famille, des drames personnels ou universels très engagés en ce qui concerne les migrants ou les abus sexuels. Elle parle aussi de confiance en soi, de fierté, de tradition et de solidarité.

« Home« , c’est le titre de ce poème que j’ai choisi de vous décrire aujourd’hui, la puissance des mots utilisés et les répercussions émotionnelles irréversibles que vivent ces personnes sont tout simplement horribles. Ce poème met des mots sur la souffrance ressentie lors de l’exil, il redonne la parole à ceux qui en ont été privés.

Ce poème découpé en quatre parties qui montre les différentes étapes de son voyage et de son état émotionnel énormément impacté durant son périple.

. HOME .

Personne ne quitte sa maison à moins

Que sa maison ne soit devenue la gueule d’un requin

Tu ne cours vers la frontière

Que lorsque toute la ville court également

Avec tes voisins qui courent plus vite que toi

Le garçon avec qui tu es allée à l’école

Qui t’a embrassée, éblouie, une fois derrière la vieille usine

Porte une arme plus grande que son corps

Tu pars de chez toi

Quand ta maison ne te permet plus de rester.

Tu ne quittes pas ta maison si ta maison ne te chasse pas

Du feu sous tes pieds

Du sang chaud dans ton ventre

C’est quelque chose que tu n’aurais jamais pensé faire

Jusqu’à ce que la lame ne soit

Sur ton cou

Et même alors tu portes encore l’hymne national

Dans ta voix

Quand tu déchires ton passeport dans les toilettes d’un aéroport

En sanglotant à chaque bouchée de papier

Pour bien comprendre que tu ne reviendras jamais en arrière

Il faut que tu comprennes

Que personne ne pousse ses enfants sur un bateau

A moins que l’eau ne soit plus sûre que la terre-ferme

Personne ne passe des jours et des nuits dans l’estomac d’un camion

En se nourrissant de papier-journal à moins que les kilomètres parcourus

Soient plus qu’un voyage

Personne ne rampe sous un grillage

Personne ne veut être battu

Pris en pitié

Personne ne choisit les camps de réfugiés

Ou la prison

Parce que la prison est plus sûre

Qu’une ville en feu

Personne ne vivrait ça

Personne ne le supporterait

Personne n’a la peau assez tannée

Rentrez chez vous

Les noirs Les réfugiés

Les sales immigrés

Les demandeurs d’asile

Qui sucent le sang de notre pays

Ils sentent bizarre

Sauvages

Ils ont fait n’importe quoi chez eux et maintenant

Ils veulent faire pareil ici

Comment les mots

Les sales regards

Peuvent te glisser sur le dos

Peut-être parce que leur souffle est plus doux

Qu’un membre arraché

Ou parce que ces mots sont plus tendres

Que quatorze hommes entre

Tes jambes

Ou ces insultes sont plus faciles

A digérer

Qu’un os

Que ton corps d’enfant

En miettes

Je veux rentrer chez moi

Mais ma maison est comme la gueule d’un requin

Ma maison, c’est le baril d’un pistolet

Et personne ne quitte sa maison

A moins que ta maison ne te chasse vers le rivage

A moins que ta maison ne dise

A tes jambes de courir plus vite

De laisser tes habits derrière toi

De ramper à travers le désert

De traverser les océans

Personne ne quitte sa maison jusqu’à ce que ta maison soit cette petite voix dans ton oreille

Qui te dit

Pars

Pars d’ici tout de suite

Je ne sais pas ce que je suis devenue

Mais je sais que n’importe où

Ce sera plus sûr qu’ici

Traduit par: Paul Tanguy

Dans la première partie du poème on peut vraiment appréhender la nécessité de partir, avec toutes les violences du pays d’origine et la guerre. Ce départ n’est donc pas librement consenti, c’est un départ à des fins de survie. 

La seconde partie du poème représente le voyage. Les conditions de voyage étant particulièrement difficiles et risquées, cela représente un second traumatisme, une seconde expérience qui à tout moment-là rapproche de la mort.

La troisième partie fait référence à l’accueil et le rejet du pays d’accueil, le reflexe qu’ont les gens face aux migrants rentrant dans « leur » pays, tout en parlant des différents traumatismes physiques et moraux, ce que finit par faire ressentir une sorte de déshumanisation.

La dernière partie rejoint la première partie comme un cercle vicieux .

Parmi tous les traumatismes, il y a la perte de la parole, les personnes exilées en sont privées et ce poème permet de leur rendre leur humanité, et nous permet de les soutenir et de comprendre à travers ses mots ce qu’ils ont vécu et pourrait aider à changer les clichés qu’ont les personnes face aux migrant. 

CRETENET Amandine – DNAMDE 2 HO – 2021/2022

“On vous a programmées pour votre altruisme…”

“Carbone et Silicium”, paru en 2020, est la dernière bande dessinée de Mathieu Bablet,  nous dépeint l’errance de deux Intelligences Artificielles à travers le globe et les époques. 

 

Nous découvrons nos deux protagonistes à leur création en 2046 au cœur de l’entreprise Tomorrow Fondation, Carbone et Silicium sont les prototypes de robots développés pour prendre soin de la population humaine vieillissante. Nos deux I.A. sont nourries de la totalité des connaissances humaines présentes sur le web. Créer un algorithme traitant une masse incroyable de données en un temps record ne suffit plus. Il convient désormais de rechercher cette anomalie qui sépare la simple connaissance de l’intelligence.

Page 9: L’activation de Carbone et de Silicium

Carbone et Silicium sont originellement programmés pour s’éteindre au bout de 15 ans “comme un chat, en gros”, ils vont évoluer dans le cocon protecteur de la fondation et vite vouloir découvrir le monde extérieur. La fracture entre nos deux I.A. s’opère lorsque ces derniers vont tenter de fuir la fondation. Carbone n’y parviendra pas contrairement à Silicium. Séparés, ils mèneront alors chacun leurs propres expériences et luttent, pendant plusieurs siècles, afin de trouver leur place sur une planète à bout de souffle où les catastrophes climatiques et les bouleversements politiques et humains se succèdent…

Carbone retournera à la fondation, avec ce personnage nous pouvons aborder le sujet du corps et de l’identité. Lors de sa tentative d’évasion Carbone était limitée par le corps qu’on lui avait donné. Créé à l’image de l’homme, le corps de Carbone est extrêmement genré , elle le voit comme une entrave, quelque chose sur lequel on ne lui a pas laissé le choix. Après sa fuite elle en viendra à mutiler ses jambes trop faibles à son goût, “Vous étiez obligés de créer quelque chose à votre image, l’animal le plus robuste du monde est le tardigrade, tu savais ca ? Alors, à quoi bon nous faire ressembler à un presque singe imberbe ? Vous êtes faibles, et votre corps est une entrave fragile.”. Au cours du récit Carbone va régulièrement changer de corps au rythme des dates limites d’existences implantées dans les enveloppes robotiques, pour qu’à la fin son enveloppe ait si peu d’importance pour elle qu’il ne devienne plus qu’un agglomérat de différents corps. Le seule point reconnaissable qu’elle garde est la cicatrice sur son front, qu’elle refait sur chacun  de ses corps afin de se souvenir que Silicium l’a laissée derrière lors de leur évasion.

Page 19: Découverte des prénoms et de l’identité

Cette BD traite de bien d’autres sujets philosophiques classiques telles que la raison et les pulsions, elle se démarque par le fait qu’elle ne soit pas anthropocentré, nous suivons l’histoire de carbone et silicium et LEUR évolution sur Terre, ils ne sont ni une menace pour l’humanité ni leurs sauveurs, ils vivent leur aventure, Carbone va même être très investi dans la collectivité, mais celle des robots, quand Silicium lui va explorer le monde et vivre pour lui même uniquement. 

Page 2: Carbone et Silicium à leur naissance dans le réseau

Une part très importante pour moi au delà du sujet de la bd est l’univers graphique, Mathieu Bablet nous emporte à travers le monde, contrairement à “Shangri-la”, sa précédente Bd, où l’histoire se déroulait dans les méandres d’une station spatiale, ici à chaque chapitre nous retrouvons nos héros dans un décor différent, image de l’errance de nos personnages sur le globe terrestre, la BD alterne aussi entre les décors du réseau avec un encrage clair et un jeu entre violet foncé, orange et jaune, et le monde extérieur et toutes les couleurs et diversité de paysage qu’il a à nous offrir. Au-delà des paysages j’aime le trait des dessins de Bablet, ses illustrations regorgent de détails et ont leur façon d’être très vivante, très animée, la colorimétrie utilisée pour représenter le réseau à quelque chose de très apaisant, à l’image de ce lieu ou le temps n’as plus la même valeur, c’est l’échappatoire et le terrain de jeu de Carbone.

Je vous invite donc à aller découvrir “Carbone et Silicium” (ainsi que Shangri-la car les deux œuvres sont intimement liées et complémentaires), autant pour découvrir tous les sujets qu’elle aborde que je n’ai pas pu citer, son récit d’anticipation décalé de ce qu’on a vu auparavant, ainsi que pour la beauté même des dessins.

Merci de m’avoir lu !

Solène LEIBEL DNMADE1 JO 31octobre 2021

Laissez-vous emporter par La Spirale…

Halloween approche, c’est pour moi l’occasion parfaite de vous parler de cette lecture récente qui m’a beaucoup séduite. 

Spirale, ou Uzumaki en japonais, est un manga de Junji Itō, le maître de l’horreur japonais. Bien qu’il fut publié en 1998, le manga est de nouveau disponible en librairie à l’occasion d’une réédition, c’est donc le moment idéal pour le (re)décourvrir ensemble, non ?

Des amants fusionnels, un grain de beauté enivrant, un étrange phare… Dans cet ouvrage de courtes histoires s’assemblent pour n’en former qu’une : celle de la bourgade de Kurouzu où, petit à petit, d’étranges phénomènes prennent place. En effet, la ville est victime d’un mal profond, terrible et indicible : La Spirale.  Loin des clichés de l’horreur, l’auteur ne mise pas, enfin pas dès le départ 🙂 , sur des dessins sanglants pour perturber son lecteur mais laisse plutôt un doux mal être s’installer, dans la ville comme chez ce dernier.

« Mais quand nous cessâmes de leur résister [..] Mes cheveux prirent la forme de spirale »
Comme nous parlons d’un manga il est important d’évoquer le style graphique, celui-ci est particulièrement agréable à l’œil et c’est ce qui m’a poussé à acquérir ce livre.

En effet les visages doux des personnages et les représentations perturbantes des victimes de La spirale s’équilibrent pour immerger le lecteur dans la malédiction tourbillonnante qui atteint le village.

Tel quel, le manga vaut le détour et est très agréable à lire. Mais ce n’est pas tout, en effet une fois la lecture terminée on nous propose un essai de Masaru Sato, ancien diplomate et écrivain, traitant de Spirale. Une autre dimension s’offre à nous et permet une double lecture. Un parallèle se crée entre Spirale et la société Japonaise, la société capitaliste dans laquelle nous vivons en général. En proposant une relecture complète de l’ouvrage où “Spirale” deviendrait “Capital”.

La spirale appelle la spirale, plus les gens vont dans son sens plus la malédiction se propage, elle se nourrit des souffrances et de la haine des habitants entre eux. En effet les habitants, tous victimes de la spirale se liguent les uns contre les autres, c’est leur individualisme qui les tuera et fera d’eux des monstres de la spirale. Ça ne vous rappelle rien ? Le discours d’un certain économiste russe peut être ?

Un autre exemple très concret du parallèle s’observe avec cet extrait du livre premier du Capital de Karl Marx;

Je vous l’accorde: Beurk.

En tant que capitaliste, il n’est que capital personnifié ; son âme et l’âme du capital ne font qu’un.

Je me permets un léger spoil visuel afin d’appuyer mon propos (ne m’en voulez pas) avec ce panel du manga qui semble avoir été dessiné pour illustrer la phrase précédente. Monsieur Saito n’as qu’un but : fusionner avec la Spirale.

Ainsi pour ses visuels, son message critique et son intrigue je vous invite à jeter un œil sur cet ouvrage, le genre du manga gagne en popularité mais reste parfois jugé “enfantin”, j’espère vous avoir démontré le contraire aujourd’hui.

À votre avis, sommes-nous destinés à sombrer comme les habitants de Kuzouru sous l’influence de la Spirale/Capital ? C’est la question que l’œuvre semble inviter le lecteur à se poser et sur laquelle nous pouvons, nous aussi, engager une réflexion.

Merci de m’avoir lu !

Lucie Garcia- DNMADE1 Jo- Oct. 2021

Thriller sur fond de (triste) vérité

Je vais vous parler aujourd’hui du premier tome de la saga Siècle Bleu intitulé « Au cœur du complot« 

Publié originellement par JBz & Cie en 2010, il a été réédité par les éditions La Mer Salée en 2018. Ce roman a été écrit par Jean-Pierre Goux. Mathématicien et ingénieur de formation, il s’est au cours de sa vie peu à peu engagé pour l’écologie, notamment au travers des deux livres qu’il a écrit.

Ce thriller raconte l’histoire imaginaire de l’organisation clandestine d’éco-militants Gaïa. Au travers de différentes actions coups de poing, ce groupe tente d’éveiller la conscience des humains sur l’état plus qu’alarmant de notre planète. Bien plus virulente (mais néanmoins pacifiste) que des structures comme Greenpeace, Sea Sheperd ou encore Extinction Rebellion, Gaïa souhaite choquer plutôt que séduire pour changer les esprits.

Le roman raconte également comment la cupidité de quelques hommes peut impacter la vie de beaucoup d’autres, et tout cela même lorsqu’il s’agit de conquête spatiale au profit de l’humanité tout entière (c’est la partie thriller du roman…).

Jean-Pierre Goux présentant son livre durant la conférence TEDx Vaugirard Road

Pour être tout à fait honnête, je ne pense pas que cela soit le style d’écriture ou l’intrigue en elle-même qui m’ont motivé à écrire sur ce roman. L’histoire ne donne pas l’occasion de s’arrêter de lire et les nombreuses références et documentations scientifiques ont fini de me conquérir, mais ce n’est pas exactement cela que je retiendrais de ce thriller.

Je me souviendrais plutôt de la façon qu’il a d’aborder la crise écologique dans laquelle nous et notre planète sommes bien engagés. Aucun des personnages activistes ni des passages narrés n’a un ton moralisateur ou fataliste. Ils portent plutôt un message d’espoir, une vision utopique (mot désignant quelque chose qui parait irréalisable mais qui ne l’est pas forcément, nuance importante…) à laquelle on adhère très vite au fur et à mesure de la lecture. L’auteur nous convainc de l’urgence de la situation grâce à une grande quantité de références scientifiques bien réelles.

La citation que l’on retrouve dans le livre et qui illustre parfaitement la sensation que l’on ressent tout au long de la lecture est celle-ci :

« Il faut sauver les condors. Pas tellement parce que nous avons besoin des condors, mais parce que nous avons besoin de développer les qualités humaines nécessaires pour les sauver. Car ce seront celles-là mêmes dont nous aurons besoin pour nous sauver nous-mêmes. »

Ian MacMillan, ornithologue américain

J’y trouve un message d’espoir mais également et surtout un contact avec la réalité. C’est quelque chose dont les personnages du livre (et l’auteur de surcroit) sont bien conscients : pour qu’une prise de conscience se fasse et que des actions soient menées, tant au niveau individuel que collectif, il faut qu’elles soient en contact avec le quotidien de tout un chacun, que le changement paraisse accessible et non pas hypothétique et inatteignable.

Si ces solutions vous intéressent, simplement par curiosité ou avec l’envie de s’investir, j’ai pour vous et pour finir cet article une deuxième recommandation. Celle du film Demain, réalisé par Cyril Dion et Mélanie Laurent sorti fin 2015. Il porte le même message d’espoir que l’on peut ressentir dans le livre mais cette fois-ci au travers d’acteurs bel et bien réels et plus que motivants !

Alexis Ramel-Sartori – DNMADe2 Ho – Octobre 2021

Et si les coïncidences n’en étaient pas ?

Couverture du livre

La Prophétie des Andes écrit par James Redfield est une référence parmi les livres dit initiatiques. On y suit un protagoniste sans nom à la recherche des écrits d’un ancestral manuscrit le conduisant à s’aventurer au Pérou. Au fil des péripéties, l’auteur illustre des théories qui expliqueraient les rapports qu’entretiennent les humains entre eux et le monde.

Le style d’écriture est simple, sans fioriture ou tournure alambiquée. La lecture est ainsi très accessible. Certains pourraient même s’en agacer tant l’auteur s’applique à bien se faire comprendre répétant parfois certaines idées lors d’une explication.

C’est un livre que j’ai personnellement trouvé très intéressant de part la vision du monde qu’il propose. Bon, c’est un récit initiatique qui, comme dans la majeure partie des livres du même genre, expose des principes pétris de spiritualité. Avis donc aux éternels sceptiques n’aimant que le concret ; ce livre n’est pas fait pour vous. Du moins, c’est probablement ce que vous en penserez car oui, les théories semblent parfois bien trop perchées, certains diraient aussi que le héros est d’une naïveté déconcertante et que l’histoire laisse un sentiment d’ incohérence avec ses ficelles scénaristiques faites de coïncidences improbables. Et pourtant, justement même, je vous recommande sa lecture. Il faudra cependant prendre en compte que l’intérêt du livre n’est pas son histoire ou ses personnages mais une vision du monde que ces derniers mettent en scène.

Mais qu’elle est cette fameuse vision du monde ? L’auteur nous l’expose en neuf chapitres, chacun illustrant un principe qui est qualifié de révélation dans l’histoire. Chaque principe ce complète avec le suivant. En voici quelques uns, les plus éloquents selon moi :

  • Il est d’abord question d’un réveil des consciences qui ne cesse de prendre de l’ampleur dans notre société. Globalement il s’agit de reconsidérer les coïncidences non pas comme des évènements fortuits mais nécessaires au développement de chacun. Suivre notre intuition en ayant l’esprit ouvert et vigilant nous permettrait de saisir correctement les coïncidences et de trouver une harmonie intérieur.

On y croit ou pas, je remarque tout de même que bien qu’écrit au début des année 90, la société prés de 30 ans plus tard accorde effectivement plus d’importance au bien être de chacun. Je pense à l’essor des bouquins sur le développement personnel, la possibilité de se réorienter professionnellement, de manière générale, on observe une évolution des mentalités qui se veulent plus ouvertes, progressives.

  • On attribut l’origine des coïncidences à une énergie constituant l’ensemble de l’univers reliant tous les phénomènes entre eux . En prenant conscience de ce pouvoir, nous aurions la capacité de l’observer, d’influencer notre vie et par la même occasion, celle des autres indirectement.

L’idée me semblait assez absurde au départ, je la trouve bien trouvée au finale ; il semble difficile de la contredire et elle pourrait concorder avec bon nombre de croyances religieuses d’une part et l’effet papillon par principe de causalité d’autre part. Cette théorie semble particulièrement bien correspondre à la physique quantique aussi. En effet, La physique quantique définit un monde composé d’atomes vibrants où chacun à un niveau d’énergie différent. Cette énergie peut venir de la lumière, sous forme de « paquets » de photons de longueurs d’onde différentes, soit de couleurs différentes si observables. D’ailleurs, j’ai du mal à le concevoir mais certains prétendent être capable d’observer cette énergie, elle émanerait des êtres vivants telle une aura colorée stagnant autour d’eux. On pourrait aussi y rapprocher le spiritisme qui semble emprunter une vision du monde similaire ainsi que le taoïsme qui surnomme chi cette fameuse énergie vitale.

  • Dans l’idée que le monde est composé de cette mystérieuse énergie et est régit par cette dernière, les êtres vivants y puiserait leur force vitale et sentiment de bien-être. Ce serait à travers la nature, une alimentation saine et les relations d’amour inconditionnel qu’il serait possible de se procurer de l’énergie.

La méditation qui par contemplation de la nature et de la beauté serait un moyen de s’en alimenter. Là encore, on observe des concordances avec divers courants de pensée dont le bouddhisme alliant religion et philosophie. 

Ruines du Machu Picchu présenté dans le livre. La beauté du paysage serait apprécié par les férus de méditation
  • Seulement, avec le temps, l’Homme se serait éloigné de la nature et aurait oublié comment correctement se ressourcer. Pour y palier, les Hommes ont acquis un mécanisme de domination ayant pour but de voler l’énergie de son prochain lorsqu’on échange avec.

    Il est distingué 4 sortes de mécanismes :

      – l’intimidation tire sa force de la crainte qu’elle inspire.                                                                                    – l’interrogation déstabilise en cherchant à mettre en évidences les failles de son interlocuteur.      – la plainte accable et recherche la consolation auprès de son interlocuteur.                                            – l’indifférence joue sur la peur de l’abandon et du rejet amenant l’interlocuteur à chercher son intention.   

    Cette lutte de pouvoir inconsciente installée dans nos relations serait l’origine de tous conflits.

Le livre se base sur cette approche spirituo-sociologique pour proposer un monde idéal dans lequel les Hommes apprennent à entretenir leur bien-être sans nuire à autrui. Cela permettrait une évolution des consciences dans un cercle vertueux où chacun serait apte à apporter réciproquement aux autres.

Là encore, il y a de quoi être sceptique, la part spirituelle de la théorie est majeure et rien ne semble y donnait un réel crédit si ce n’est que des suppositions. Et pourtant, on pourrait être tenter d’y croire dans une certaine mesure. Il ressort de ces principes une bienveillance appréciable et certaines théories semblent tenir la route ce qui explique selon moi l’engouement autour du livre.

En somme, c’est un livre assez marquant de part ses idées. Bien qu’il paraît assez loufoque par endroits, je pense notamment à la fin où j’ai eu le sentiment de complètement tomber dans la fantaisie, une bonne partie m’a donné l’impression d’être appuyée sur un fond de vérité.

Solveig D. – DNMADe1 – Oct 21

« Les mots ne naissent pas, ils éclosent »

Il était une fois une histoire. Une histoire unique et universelle, mélange de vie et de poésie. Une histoire ancienne, datée mais belle et joyeuse. Il était une fois l’histoire d’Anne Shirley.

Ecrits à partir de 1908 par Lucy Maud de Montgomery, les romans de la série Anne de Green Gables sont un moment de douceur et de gentillesse au cœur d’un petit village du Canada. Anne Shirley, jeune orpheline rêveuse et enjouée, arrive un jour dans le village d’Avonlea. Elle est adoptée par erreur par Matthew et Marilla Cuthbert qui désiraient un petit garçon pour les aider à la ferme. Mais la joie de vivre et le caractère profondément bon de la petite Anne les convaincra de la garder avec eux, plongeant leur banal quotidien dans une profusion de couleurs, de magie et de bonheur. 

Retranscrire la pureté et la beauté des romans « Anne » est difficile voire impossible tant la poésie de la plume de Lucy Maud de Montgomery et la magie des rêveries de la petite Anne sont envoûtantes : les lacs deviennent des miroirs de diamants, un cerisier en fleur se métamorphose en une nymphe des neiges pleurant l’arrivée du printemps ou encore une jeune orpheline rêveuse se transforme en princesse de contes de fées. En mêlant ainsi la vie quotidienne d’un petit village aux joies et aux peines d’une fillette trop vivante pour ce monde, Lucy Maud de Montgomery nous plongent dans un univers doux et beau, simple et inoubliable.

Dans un monde de plus en plus rapide, où tout va trop vite, où le temps disparait, il est bon de reprendre pied avec la réalité, de prendre un moment pour s’arrêter, contempler et redécouvrir avec un regard d’enfant la beauté du monde. Anne, avec son innocence et sa rêverie, est une invitation à la poésie, à la douceur et au bonheur. Parfois, il n’est pas nécessaire de beaucoup pour rendre heureux.

« Ame de feu et de rosée, elle ressentait les plaisirs et les peines de la vie avec une intensité décuplée. »

 

Justine C. – DNMADe2 – Oct. 21

In Waves

In Waves, un roman graphique puissant, émouvant et juste.

AJ Dungo raconte son histoire d’amour avec Kirsten, atteinte d’un cancer et en parallèle l’histoire du surf. Quel lien entre les deux ? L’amour de Kristen pour le surf qu’elle a fait découvrir à AJ et qu’il avait choisi comme sujet pour son projet de fin d’étude et c’est ce qu’est ce livre, une fusion de son amour pour Kristen et de son projet. Le surf sert de lien à l’histoire, entre les périodes de rémission et la mort, entre AJ et Kristen, il emporte le lecteur et transforme une histoire d’amour et de deuil en un récit tourbillonnant.

L’histoire est plutôt classique Kristen et AJ se rencontrent lors d’une soirée au lycée, il tombe immédiatement amoureux, elle pas vraiment mais après quelques temps AJ se rapproche du frère de Kristen puis d’elle peu de temps avant que l’adolescente développe un cancer. C’est pendant cette première période de maladie et d’incertitude que le couple se forme. On suit donc leur huit ans d’amour de manière non chronologique et toujours avec une grande pudeur. L’auteur qui a écrit ce roman graphique quelques mois après la mort de sa fiancée se livre avec délicatesse sans tomber dans le larmoyant et pourtant les sentiments, surtout la peine, restent fort. Cet équilibre vous happe et vous submerge dans une vague d’émotions.

AJ effrayé par l’eau enfant vainc sa peur grâce à Kristen et au surf, ensemble sur leur planche ils sont libres. Kristen suite à sa maladie et à l’amputation d’une jambe a un objectif : remonter sur une planche, être libre malgré un corps diminué et AJ lui surfe pour Kristen. Pour les deux le surf semble être une forme de thérapie, pour surmonter la maladie, pour ne pas oublier, pour ne pas s’effondrer.

In Waves c’est aussi un style particulier, l’histoire est racontée par vagues qui s’alternent et se chevauchent rarement ; bleues pour l’histoire d’AJ et Kristen et sépia pour l’histoire du surf, le tout dans un style précis et lisible. Le dessin montre avec facilité la maladie qui avance, pousse le corps à bout mais aussi le surf, la beauté de la mer et la liberté.

L’histoire du surf est elle racontée de manière chronologique commençant en 1800 jusqu’à la moitié du vingtième siècle. Dans ces parties historiques l’amour de l’auteur pour le sport est évident si bien qu’on découvre avec plaisir les premiers surfeurs hawaïens, les Beach Boys et les figures mythiques du surf Duke Kahanamoku et Tom Blake.

On sent un travail énorme sur cette histoire, d’abord de recherches historiques mais surtout le deuil et la manière juste de l’exprimer. Le thème du deuil dans les arts à déjà été exploité mais In Wave se démarque par sa pudeur et sa justesse ; c’est une ode à Kristen aussi bien en bleu qu’en sépia AJ raconte son bouleversement et sa douleur. Il emporte le lecteur avec lui et le touche.

Une lecture que je conseille vivement, mais attention vagues d’émotions garanties.

Charlotte M. – DNMADe2 – Octobre 21

La nounou tue le bébé !

Mon coup de cœur : le roman de Leila Slimani « Chanson Douce »

L’incipit donne le ton de ce roman paradoxalement au titre, « Chanson Douce » qui évoque la douceur réconfortante d’une mère et pourtant…

Leila Slimani, l’autrice, nous plonge dans un roman thriller psychologique très actuel. Louise, la nounou, à l’apparence plus que parfaite est embauchée par un jeune couple qui souhaite vivre en totalité : c’est-à-dire se réaliser professionnellement et personnellement. Myriam souhaite reprendre sa carrière d’avocate et Paul est un jeune producteur de musique très entreprenant. Leur vie de famille s’articule autour de leurs deux enfants en bas âge. Dans ce paysage idyllique où règne une confiance absolue, la nounou se montre étrange. Ces comportements restent cohérents en présence des parents et deviennent de plus en plus contradictoires dès lors qu’elle s’occupe des enfants. Au fil de la lecture, le thriller psychologique augmente en puissance : tout devient de plus en plus stressant, oppressant, angoissant.

Pour tous ceux qui aiment se faire peur. L’autrice joue sur le réalisme très contemporain de cette histoire style « faits divers ». D’ailleurs elle déconseille même ce livre aux jeunes parents, de peur qu’ils deviennent parano !

Ce roman a également été adapté en film. Le rôle de la nounou a été remarquablement interprété par Karine Viard. La réalisatrice, Lucie Borleteau, a su traduire la violence et l’oppression que Leila Slimani a mis en exergue dans son œuvre par le biais des paradoxes.  Pour une fois le film est à la hauteur du livre !

Je vous incite vivement à commencer par la lecture pour en apprécier avantage le film. Bonne découverte !

Mathilde P. – DNMADe1 – Octobre 21

Le cou peur de maux, des phrases en milles mort sceau !

Que seriez-vous prêt à échanger, à qui et à quel prix ?

C’est à cette problématique que Paul, un petit garçon insouciant et naïf n’a que trop peu réfléchi.

A l’origine, ce livre est réellement intitulé : « Le coupeur de mots ». En 1990, Hans Joachim Schädlich utilise l’humour pour parler de la communication et de l’usage de la langue et des mots. Subissant la censure, son œuvre a été interdite de publication ce qui prouve de fait l’importance de ne pas vendre sa pensée et sa langue.

 

Ainsi, Paul, un enfant très imaginatif rencontre un homme nommé Filolog.

Ce dernier lui propose un marché :

« Donne-moi tes articles définis, tes prépositions…, en échange, je ferai tes devoirs. ». Quel enfant ne serait pas enthousiaste face à cet arrangement ?

Tenté et insouciant, Paul accepte l’échange pour passer plus de temps à jouer avec ses amis mais le résultat est qu’il ne parle plus correctement et plus personne ne comprend ce qu’il dit.

Le regret et le désespoir l’envahissent, mais en travaillant ardemment, il réussira par retrouver son éloquence.

 

Ce livre, destiné aux enfants du niveau CE2, explique l’utilité de la grammaire tout en étant drôle. Ludique, les enseignants comme les enfants peuvent y trouver un intérêt dans l’apprentissage de la lecture et de l’écriture et peut convaincre les enfants les plus réticents face à la langue française.

https://saintejeannedarc-lamarne.fr/wp-content/uploads/2020/04/Niveau-3-TAPUSCRIT-LE-COUPEUR-DE-MOTS.pdf

Personnellement, j’ai aimé les illustrations que j’ai trouvé attrayantes. Elles enrichissent bien l’histoire et facilitent la compréhension du texte. Les personnages sont simples (le coupeur de mots, Paul, sa mère, son père et toute sa classe) et les lieux basiques (chez Paul, dans la rue et à l’école). On peut quand même voir que nous sommes au 21ème siècle. Aussi, le livre contient une énigme à résoudre qui est de retrouver tous les adjectifs, les pronoms, les verbes etc. que le coupeur de mots a pris à Paul, et de reformuler les phrases correctement. De mon point de vue, je trouve cependant qu’il n’y a pas beaucoup d’actions mais la thématique abordée et l’idée défendue sont importantes.

En effet, la puissance et l’ordre des mots à l’oral comme à l’écrit sont des sujets fondamentaux qui nous seront utiles tout au long de notre vie. Ils sont comme des graines que nous semons : lorsque nous disons quelque chose, nous semons une graine qui peut ensuite prendre vie. Tout ce que nous proclamons de notre bouche peut, à un moment donné, devenir réalité. D’ailleurs, la Bible nous dit : « De la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction. »

Que seriez-vous prêt à échanger ?

Un objet ? Un souvenir ? Un membre de votre famille ? Une partie du corps ? Un service ? Des économies ? La société préconise de créer des contrats pour assurer la fidélité des parties. Seulement, parfois, comme Paul, le pacte engendre des situations dont nous n’avions pas imaginé l’ampleur des conséquences. En effet, il n’avait pas conscience de la valeur de son don. Aussi, je mets en garde sur le fait que Paul a été convaincu par le marchandeur. Convaincre fait appel à des arguments sollicitant la raison, tandis que persuader sollicite les sentiments. Alors, méfiez-vous des apparences avant d’échanger quoi que ce soit !

A qui échanger ?

Il serait conseillé d’échanger avec des personnes de notre entourage, mais, … Comment savoir que nous les connaissons vraiment ? Peut-être que quelqu’un de lambda peut être plus sincère ?

D’ailleurs Claude Aveline nous avertit : « L’habit ne fait pas le moine ». En effet, Filolog semble d’apparence sérieuse, vêtu d’un costume et doté d’une valise. Son discours n’est pas hésitant, et convainquant. Rien ne laisse supposer que ce soit un escroc, mais Paul se laisse prendre au jeu !

A quel prix seriez-vous prêt à échanger ?

A n’importe quel prix ? Je pense que les échanges doivent rester équitables et consentis. Les enfants comme les adultes peuvent être naïfs et se laisser convaincre par l’apparence ou de belles paroles ! En acceptant ce pacte, Paul a perdu sa liberté d’expression et parfois cela peut aller beaucoup plus loin…

Aussi, le philosophe Charles-Guillaume-Etienne nous met en garde et nous conseille : « On n’est jamais mieux servi que par soi-même. ». Effectivement, faire sous-traiter certaines tâches, c’est éviter la difficulté. Et en effectuant par nous-mêmes, nous nous réalisons et nous apprenons de nos erreurs.

JAEN-Elodie-DNMADE1-Avril.2021

Le Wakanda en déplacement dans la Vallée de Joux…

Aujourd’hui je vous propose chères lectrices et chers lecteurs une fusion de cultures, et pas des moindres. A ma gauche, l’horlogerie suisse, savoir-faire vieux de plusieurs centaines d’années, qui a forgé une réputation à ce petit pays européen. A ma droite, les comics américains, connus de tous de nos jours et véritable pilier de la culture Pop.

Cette fusion, ou prennent principalement place Audemars Piguet pour l’horlogerie et Marvel en tant que représentant des comics donne naissance à une montre, en avril 2021 : la Royal Oak Concept Black Panther tourbillon volant.

En dehors de ce nom un peu trop long je vous l’accorde, la montre est relativement explicite : elle reprend les formes du modèle phare de AP, la Royal Oak, en la personnalisant avec les codes couleurs de Black Panther, le noir et le violet. Sur le cadran on peut voir en relief, une « sculpture » du personnage principal en or blanc peint.

Il est facile de voir où veulent en venir Audemars Piguet et Marvel : collaborer pour créer une montre de luxe qui allie l’univers esthétique bien défini des personnages de comics, avec le savoir faire horloger. Les collaborations en horlogerie mélangent rarement le luxe et l’élitisme liées aux montres suisses à un univers plus populaire, plus universel. Le but ici est sans doute de toucher plus de monde et de donner une image plus jeune à la marque horlogère.

Le partenariat est pensé pour durer, et d’autres montres sont a priori en préparation, probablement avec comme inspiration d’autres personnages.

Malgré ça, le public n’a pas forcément adhéré à cette idée, mais surtout à cette montre. Le partenariat en lui-même peut être discuté, mais l’idée ne me semble pas déraisonnable. Toutefois, le résultat en a déçu plus d’un, au vu des différents retours que l’on peut trouver sur internet : la montre serait d’après eux trop explicite, presque enfantine, avec une esthétique très loin du « luxe horloger ». Qui mettrait 150 000 CHF dans une montre « produit dérivé », que l’on pourrait trouver à la sortie d’un parc à thème ?

Peut-être qu’à trop vouloir se différencier, innover et surprendre le public, AP et Marvel ont fait une pièce qui plait à une partie très faible de leurs clients habituels. Et peut-être qu’une montre qui sort de l’esthétique habituelle de Audemars Piguet peut séduire le grand public, mais pas celui fidèle à la marque depuis quelques années, et que les fans ont été déçus car ils s’attendaient à quelque chose d’autre ?

Je pense que ce qu’il faut retenir deux choses de cette collaboration :

  • Premièrement, l’horlogerie de luxe ne doit pas s’associer uniquement à des marques de voitures prestigieuses par exemple pour créer des produits, mais travailler avec une esthétique et une marque plus universelle est possible également, et que c’est peut-être même à encourager !
  • Deuxièmement, on peut penser au vu des retour que l’on a pour l’instant à propos de cette montre, qu’une inspiration dans un travail, poussée à l’extrême comme peut l’être la place que prend l’esthétique de Marvel dans cette montre peut nuire à l’âme du support : on peut penser que le modèle de AP est dénaturé.

Quoi que l’on pense de cette montre, il faut souligner l’audace dont à fait preuve AP pour avoir osé faire une pièce qui se différencie tant de ses produits habituels.

Alexis Ramel-Sartori – DNMADe1 Ho – Avril 2021

Les trois dimensions de l’art de convaincre

Pourquoi certains individus sont-ils capables de retenir l’attention, de susciter l’intérêt, voire de convaincre lors d’une prise de parole en public ? Aristote nous propose quelques pistes de réponses.

Parlons de la rhétorique d’Aristote, c’est un ancien traité grec datant du 4ème siècle avant notre ère, traitant de l’art oratoire c’est-à-dire de  » l’apprentissage de la capacité de discerner dans chaque cas ce qui est potentiellement persuasif « . Mettent en avant les dimensions de logos, ethos et pathos pour comprendre la logique de l’art de convaincre.

  1. Le logos ou le fond du message

Le logos (parole, discours, raison,..) est le pôle de la logique du discours, toujours du point de vue de l’auditoire. il définit les arguments susceptibles d’être reconnus comme pertinents par la cible.

2. L’éthos ou la forme du message

L’éthos (coutume, comportement) constitue la forme du messager : sa réputation, sa personnalité, l’image qu’il donne à avoir aux autres. Il doit gagner en crédibilité, en confiance et ainsi faire « bonne impression ».

3. Le pathos ou la forme émotionnelle du message

Le pathos constitue le pôle de l’argumentation par l’affecte. Un argument révèle du pathos lorsqu’il cherche à créer des émotions ou un lien émotionnel avec le public.

Au final la réussite d’une prise de parole en public dépend de l’articulation entre ces trois dimensions de la persuasion : logos, éthos, pathos. La rhétorique d’Aristote peut nous aider à mieux comprendre ces messages qui tentent seulement de nous persuader par une argumentation.

Maintenant à vous de jouer pour vos prochains débats avec des professionnels  ou même avec votre famille. Vous allez les convaincre.

Romane G. – DNMADe1 Ho – Avril 2021

Le bonheur ou la conquête de soi

“Le Petit Prince” est un conte philosophique écrit par l’extraordinaire Antoine de Saint Exupéry, que nous connaissons tous (enfin j’espère) et que nous avons souvent découvert pendant notre enfance. L’ouvrage est progressivement traduit dans les langues les plus diverses, grâce à l’immense succès qu’il rencontre.

Ce qui est magique avec “Le Petit Prince”, c’est qu’il s’adresse aussi bien à un public adulte qu’aux enfants. La narration, les champs lexicaux, etc, sont à la portée de tous. Pourquoi un conte philosophique me diriez-vous ? Et bien cette œuvre majeure de la littérature du XXe siècle nous donne diverses leçons de vie d’une manière symbolique et poétique. Qui sont des étapes vers le bonheur (ou en tout cas l’épanouissement de soi). En voici quelques exemples.

“L’essentiel est invisible pour les yeux”

Le livre remet (notamment) en cause notre monde attaché au matérialisme, à la compétitivité et aux apparences. Les choses les plus importantes ne seraient-elles pas celles que l’on ne peut pas voir ? L’amour, la générosité, la bonté, l’amitié.

« On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. »

Maintenir l’illusion et l’innocence malgré les mauvaises expériences

En accumulant des expériences (relationnelles, professionnelles, etc) nous augmentons notre méfiance. Nous perdons la fraîcheur de l’innocence, il faut observer et expérimenter toutes les nouveautés que nous offre chaque jour. Il est inévitable de passer par des moments angoissants et difficiles, mais rappelons nous que ce sont aussi ces expériences qui nous font grandir, qu’elles nous donnent des leçons de vie.

Saint Exupéry amène le lecteur à interpréter le livre sur différents niveaux de lecture tellement les symboles, allégories, métaphores et j’en passe, sont riches de sens.

Je ne vais pas vous divulguer tout ce que l’on apprend dans ce livre, déjà parce que ça serait beaucoup trop long, et parce que je vous laisse, si vous ne l’avez pas encore fait, découvrir les méandres fabuleux de cette Œuvre. 

Si je devais résumer ce que j’ai retenu du conte, je dirais que notre mode de vie actuel nous fait oublier qui nous sommes réellement, qui est l’enfant rêveur qui sommeille en nous. J’irai même jusqu’à dire que notre VÉRITABLE identité est effacée par la demande d’être de la société, et que retrouver et suivre son âme d’enfant et peut-être la clef du bonheur. 

« Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants. Mais peu d’entre elles s’en souviennent. »

Retournons à l’essentiel, ayons le courage de partir à la découverte de notre trésor intérieur, celui pour lequel la vie vaut d’être vécue.

« Les étoiles sont éclairées pour que chacun puisse un jour retrouver la sienne. »

Pour continuer sur cette quête du bonheur, je vous invite fortement à lire « L’Alchimiste » de Paulo Coelho, qui est pour moi un ouvrage tout autant INCONTOURNABLE pour la conquête de soi et de son plein bonheur.

                       Article proposé par Manon Rousselle, DNMADE2 JO, Février 2021

L’Homme à la poursuite du bonheur, ou est-ce l’inverse ?

« Quel long chemin j’ai dû parcourir pour te trouver !

Et toi qui fuyais, fuyais… dire que tu n’as jamais rien compris ! »

Et si le bonheur le plus total était là, sous vos yeux depuis le début, mais que vous refusiez de le voir ? Vous qui croyiez être à la poursuite du bonheur, c’est en fait lui qui vous poursuivait !

C’est la question que pose la nouvelle éponyme du recueil le K, de l’auteur italien Dino Buzzati. Le recueil est un classique dans la littérature fantastique, rempli d’histoires très courtes et d’apparence simples, mais qui abordent des thèmes très profonds, souvent métaphysiques. J’en conseille d’ailleurs la lecture à tous les curieux, car le livre est rapide à lire, et ne manque pas de faire réfléchir.

Le K raconte la fuite interminable d’un marin, Stefano Roi, qui navigue sur les mers du monde entier pour échapper à une créature qui le poursuit, le K. Un K est une sorte de squale à mufle de bison, qui se choisit une victime, et ne s’arrête pas de la poursuivre tant qu’elle ne l’a pas dévorée. Le comble, c’est que seule la victime du K peut le voir, étant invisible pour toute autre personne.

Dès 12 ans, Stefano aperçoit un K qui suit le bateau dirigé par son père, marin lui aussi. Lorsque celui-ci l’apprend, il ramène son fils sur la terre ferme et lui demande de ne plus jamais monter sur un bateau, que le métier de marin n’est pas fait pour lui. Stefano passe donc les années suivantes sur le continent, voyant le K qui l’attend au loin chaque fois qu’il s’approche de la mer. Une fois son père décédé, il décide de devenir marin et d’embrasser son rêve, quitte à devoir fuir toute sa vie en naviguant sans jamais s’arrêter. Pendant plus de 50 ans il voyage sur toutes les mers, avec le K toujours derrière lui.

Une fois très vieux et proche de la mort, il choisit de mourir sans décevoir le K, et part seul sur une barque pour aller à sa rencontre.

TOUT ÉTAIT FAUX !

Il apprend alors qu’il s’était trompé toute sa vie, le K le suivait simplement pour lui remettre un cadeau : La Perle de la Mer, qui donne à celui qui la possède, réussite, richesse et bonheur pour le reste de sa vie ! Stefano a gâché sa vie entière à fuir le bonheur sans le savoir, en refusant son destin.

Dino Buzzati apporte avec cette nouvelle une réflexion philosophique sur le bonheur. Dans sa quête de bonheur, Stefano n’a jamais su comprendre qu’il était juste derrière lui, cherchant inexorablement à le rattraper. Alors, il ne faut pas chercher le bonheur, car il n’est pas là où on le cherche. Le bonheur est un état d’âme, déjà présent en chacun, qu’il faut réussir à accepter. Accepter son destin plutôt que de le fuir était la réponse au bonheur de Stefano.

Cette vision du bonheur se rapporte à celle du sage Confucius, selon qui le bonheur consiste à savoir s’accepter soi-même et accepter le moment présent, Il ne faut pas le voir comme un but à atteindre.

“Tous les hommes pensent que le bonheur se trouve au sommet de la montagne alors qu’il réside dans la façon de la gravir.”

Confucius

Je n’ai donc qu’un conseil à vous donner : acceptez votre destin, acceptez votre bonheur intérieur, (et lisez le K), alors vous serez heureux !

                                        Baptiste MARTIN DNMADe2bij – Février 2021

Quand Routine rime avec Déprime

« Camille, trente-huit ans et quart, a tout, semble-t-il pour être heureuse. Alors pourquoi a-t-elle l’impression que le bonheur lui a glissé entre les mains ?  »

Camille c’est le visage de beaucoup, de ceux qui ont tout et rien à la fois, de ceux qui ne sont pas malheureux, mais pas vraiment heureux non plus.

À ces maux de l’âme, Raphaëlle Giordano donne un nom : Routinite Aiguë, une affection de l’âme de plus en plus contagieuse, surtout en Occident. Comment la repérer ? C’est très simple : baisse de motivation, morosité chronique, perte de repères et de sens, difficulté à être heureux malgré une opulence de biens matériels, lassitude et j’en passe.

Camille c’est le personnage principal d’un roman tendre, drôle et divertissant : « Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une« , best-seller signé Raphaëlle Giordano, qui fait son apparition en 2015, bien avant l’éruption brutale des confinements et des couvre-feux dans nos vies.

Son épigraphe « Je rêve que chacun puisse prendre la mesure de ses talents et la responsabilité de son bonheur. Car il n’est rien de plus important que de vivre une vie à la hauteur de ses rêves d’enfant... »

À travers son roman, elle cherche à nous guider au milieu du quotidien, avec légèreté et fraicheur, pour retrouver le chemin du bonheur et se positionne dans le métier essentiel de routinologue. Un routinologue ?  Ni psy, ni coach, c’est un expert en accompagnement dans l’art de retrouver le bonheur perdu créé de toutes pièces par l’autrice ! Elle donne sa voix à Claude, personnage haut en couleur qui exerce ce métier et sert de guide tout au long du roman, à la fois à Camille, mais aussi aux lecteurs qui s’identifient en elle.

L’objectif de Camille ? Quitter sa routine, véritable cercle vicieux empli de pensées négatives et de pessimistes pour entrer dans un cercle vertueux, où

émerveillement et bien-être sont de rigueur.

Une Quête illustrée par des citations philosophiques, des exemples à foison offrant à chacun des solutions pour les petits maux du quotidien dont toute la philosophie se résume par : le positif attire le positif.  Et même si l’on a déjà trouvé le bonheur, ce roman rapide à lire, vitaminé et rafraichissant donne le sourire.

Autre livre à avoir sur sa table de chevet :  » Le jour où les lions mangeront de la salade verte » par la même Raphaëlle Giordano pour un programme de relooking intégral de mentalité.

Alicia CLERC – DNMADE 2 Jo – Février 2021