Avez vous déjà entendu parler de cet homme, Alexeï Navalny. Il est très probable que ce soit le cas dans l’actualité de cette année 2020. Si ce n’est pas le cas, laissez-moi vous partager son histoire et sa vie sortie tout droit d’un scénario hollywoodien.

Alexeï Navalny est un avocat et économiste né en Russie le 4 juin 1976. Il est père de deux enfants et marié à Yulia Navalnaya. En somme, un homme comme les autres, à la différence qu’il est devenu l’opposant numéro 1 du gouvernement Russe et de son Président Vladimir Poutine.
Tout à commencé avec la formation du « Comité de protection moscovite », un comité réunissant plus de 100 groupes d’oppositions au développement immobilier nuisible à certains habitants de Moscou. Il a permis d’annuler de nombreux chantiers nuisibles aux habitants proches de ces constructions. Navalny s’est ensuite fait connaitre à un plus grand public en 2008 en publiant les preuves de détournement de fonds de plusieurs grandes entreprises d’État russes. Il a alors fondé «l’Union des actionnaires minoritaires» et a conduit les procès contre Gazprom, Rosneft, Transneft et Gazpromneft pour assurer la transparence et la responsabilité de ces entreprises envers leurs actionnaires minoritaires. Mais ce n’est que le début d’une longue bataille pour Alexeï Navalny contre les fraudes. En effet, il crée le projet « Rospil » consacré à chercher et analyser les dépenses des organismes gouvernementaux afin de les contester devant les tribunaux et ainsi proposer des solutions pour améliorer la gestion des fonds et des marchés publics.
En 2011, il se présente face au parti « Russie Unie », le parti de Vladimir Poutine, avec comme slogan « Russie Unie est un parti d’escrocs et de voleurs » et sa campagne « Votez pour tout autre parti que Russie Unie ». L’engouement pour cette campagne fut très important, si bien que le gouvernement à été obligé de modifier exceptionnellement les élections et de refaire un vote afin de pouvoir truquer les résultats pour que « Russie Unie » obtienne le plus de sièges à la Douma (Parlement Russe).
Depuis ce jour Alexeï Navalny et le gouvernement se sont lancés dans une bataille sans relâche. Avec d’un coté un homme, déterminé à se battre pour la justice et de l’autre un gouvernement entièrement motivé à le faire taire.
Navalny a alors rédigé des projets de lois afin d’interdire les abus au sein du gouvernement, comme les achats de voitures de luxe sur le compte de l’Etat par les députés. Il s’est investi dans plusieurs projets sociaux dénonçant la qualité des routes et des infrastructures publiques et ainsi pousser les habitants à porter plainte pour violations de l’entretien des installations communales. Il organise également en parallèle de multiples manifestations « anti-corruption » qui rassemblent toujours de nombreuses personnes à travers la Russie.
Alexeï Navalny devient donc un sérieux adversaire et est qualifié par le gouvernement lui même comme « ennemi public ». Son frère, Oleg Navalny, et lui seront jugés et emprisonnés à la suite d’une accusation, par la filiale Yves Rocher russe, de surfacturation au cours d’un partenariat entre leur entreprise et celle des deux frères. Heureusement, ils seront libérés tout d’abord grâce à la Cour européenne des droits de l’homme, puis par la Cour suprême de Russie qui reconnaîtra une erreur de jugement et un fondement injustifié des charges retenues contre les deux hommes. Cependant, le gouvernement continue de faire pression sur Alexeï Navalny et sa famille, si bien qu’il est placé en résidence surveillée après de multiples perquisitions à son domicile.
Malgré cela Navalny persiste et dit lui même que toutes ces pressions ne le forceront jamais à arrêter de se battre pour la vérité et la justice. Il écrira plusieurs livres et réalisera, en 2015, un documentaire appelé « Chaika » (Tchaika), dans lequel il prouve les liens entre le procureur général de Russie, Yuri Chaïka et le gang Tsapok du village de Kushchovskaya. Il y décrit la construction de son empire basé entièrement sur des actes illégaux ainsi que la méthode d’enrichissement de sa famille.https://chaika.navalny.com/
Il poursuit sa quête de la corruption sous le format de vidéos et également d’articles d’enquêtes très bien réalisés sur son site ainsi que sur sa chaîne Youtube personnelle. Il y traitera les affaires et enquêtes de corruption de plusieurs représentants du gouvernement.
Il poursuivra avec sa campagne électorale pour des élections justes et équitables en Russie et appelle tous ses opposants à en débattre ensemble et parler de l’avenir de la Russie et de son développement.
En 2017, l’association Anti-Corruption publiera un film d’enquête appelé «Don’t Call Him Dimon» sur l’empire secret de Dimitri Medvedev, le Premier Ministre du gouvernement à ce moment là. Ce documentaire prouve l’existence d’un réseau corrompu de fondations caritatives alimenté par les oligarques du pays et destiné à acheter des yachts et autres produits de luxe.
https://dimon.navalny.com/#intro
A la suite de cela, Navalny a réuni un nombre d’électeurs suffisants pour se présenter aux élections présidentielles. Son parti et ses avocats ont donc fourni les demandes nécessaires à son inscription sur les listes à la CEC (Central Election Comission) qui refusera son inscription pour sa condamnation passée dans l’affaire controversée avec Yves Rocher.
Tout cela nous amène donc à cette année 2020 ou plus exactement le 20 août 2020 au cours duquel Alexeï Navalny, opposant principal du gouvernement et ennemi public de celui ci, est hospitalisé d’urgence à l’hôpital d’Omsk en Sibérie après une aggravation soudaine de son état de santé.
A ce moment, sa famille ainsi que ses proches soupçonnent l’empoisonnement d’un thé que ce dernier aurait consommé quelques heures avant de monter dans l’avion. Des tests sont alors effectués par l’hôpital d’Omsk qui réfute toute trace d’empoisonnement ou de substances nocives. Navalny sera envoyé en Allemagne, le 22 août, n’ayant toujours pas repris connaissance. L’hôpital de la Charité berlinois sera alors sans appel à la suite des tests effectués à son arrivée. Alexeï Navalny a bien été empoisonné. Cet élément sera d’ailleurs démontré par deux autres laboratoires, en France et en Suède. Alexeï Navalny a ingéré un puissant neurotoxique, le Novitchok.
Il s’ensuit alors une bataille internationale, ainsi que de multiples accusations entre les services des affaires étrangères allemand et russe. La Russie accuse les autres pays de lui avoir administré le produit pour créer des tensions au sein du pays. Puis, ils accuseront Navalny de s’être lui même empoisonné.
Alexeï Navalny se réveillera du coma seulement début septembre et sortira de l’hôpital le 22 septembre 2020 après plusieurs séances de rééducation. Il est invité à retourner en Russie, ce qu’il fera. Avant son départ, il confie à un journaliste du journal Der Spiegel, qu’il pense que le chef d’Etat, Vladimir Poutine, est l’instigateur de son empoisonnement.
Une fois de retour chez lui, il décide d’enquêter avec son équipe sur cet évènement et accuse les autorités russes de ne pas s’impliquer dans l’enquête sur son empoisonnement. Le Bellingcat, site d’investigation spécialisé dans la vérification des faits et des informations, rapporte que Navalny était suivi depuis 2017 et qu’il était encore suivi lors de son entrée à l’aéroport d’Omsk, le 20 août 2020. Il était suivi, cette fois, par des agents du FSB spécialisés dans les produits chimiques.
En décembre dernier, lors de son enquête, Alexeï Navalny, réunissant les liens entre les personnes liées à cette affaires ainsi que les informations sur les services secrets, trouve le moyen de rentrer en contact avec un agent du FSB lié à son empoisonnement et réussit à le piéger et lui faire avouer qu’une tentative d’assassinat avait bien été ordonnée et réalisée. L’agent du FSB piégé, Konstantin Kudryavtsev, n’était malheureusement qu’un simple exécutant et ne disposait pas d’informations plus sensibles sur le sujet. Son rôle était de faire disparaître les traces du poison, un point c’est tout.
Navalny est donc persuadé que l’ordre de son empoisonnement a été perpétré par le gouvernement, et pour lui, c’est Vladimir Poutine lui même qui en a donné l’ordre. Bien sûr, le gouvernement réfute cette preuve et cet enregistrement, et Vladimir Poutine lui même, lors d’une conférence de presse, répondra en rigolant que : « si nous l’avions ordonné, nous l’aurions mené jusqu’au bout. »
Quelle sera la finalité de cette histoire ? Qui obtiendra raison ? Quelle est la vérité ?
La seule chose que je peux dire c’est que Alexeï Navalny n’abandonnera pas et qu’il est déterminé. Je vous invite à suivre la suite de son histoire sur sa chaîne YouTube ou sur son site : Алексей Навальный
Si les complots vous plaisent et que cette histoire vous a intéressé, vous pourrez peut être en apprendre encore plus dans un futur proche ou encore vous améliorer en anglais mais aussi en russe, pourquoi pas !
Gaudin Killian DNmade 1 Horlo, 2020