Ces œuvres que vous ne verrez jamais

Laissez moi vous emmener aux 4 coins d’Europe à la poursuite des œuvres de David Popa, land artiste américain.

Son travail consiste à peindre des œuvres éphémères grâce à des pigments naturels trouvés dans les environnement qui lui servent de support.

« Prometheus », Novembre 2021, Grèce
« Inceptus », Août 2020, Norvège

David Popa cherche tout d’abord les endroits parfaits pour exercer son art, ceux qui lui procurent inspiration et émotions. Une fois sur place, l’artiste s’équipe des pigments que la nature lui offre tels que du charbon de bois, de la terre ou encore des coquillages broyés.

« Il utilise les mêmes matières premières qui auraient été utilisées dans les premières peintures rupestres il y à 40 000 ans. »

« Exode », Décembre 2020, Finlande (48h de travail)

« Popa explore les mystères de la nature, le frisson de l’aventure et la manière dont l’art peut être utilisé comme une passerelle pour déterrer les désirs les plus profonds de l’âme »

Il n’hésite pas à travailler de nuit ou à nager dans les eaux gelées pour créer ses fresques. Celles-ci ne durent souvent que quelques jours et plus rarement quelques mois, en fonction des conditions météorologiques. Les œuvres ne disparaissent pas totalement, chacune est documentée de différentes façons.

« Les pièces ont été documentées via, vidéos, photographies et photogrammétrie de drone aérien et possèdent une forme tactile comme des impressions en édition limitée ainsi que sous forme numérique à travers des NFT. »

« Le pouvoir de la Terre », Juin 2022,
Bordeaux, France

David Popa est aussi un artiste engagé puisqu’il dédie au début de l’année 2022 une de ses collections au conflit entre l’Ukraine et la Russie. « Fractured » est une série de 4 fresques peintes au charbon sur des plateformes de glace flottantes fissurées. Des visages brisés et touchants qui rappellent la fragilité des liens entre les Hommes.

« Le projet a évolué comme une réponse au conflit en cours en Ukraine, qui n’a que davantage souligné l’état fracturé du monde dans lequel nous vivons. »

« Fractured », Février-Avril 2022, Finlande

Au-delà d’une simple création, David Popa vit de véritables aventures pour proposer des œuvres d’art qui n’auront que lui, son équipe et la nature pour spectateurs.

J’ai choisi de vous présenter cet artiste car il nous prouve qu’une œuvre peut exister internationalement sans même être vue par un public alors qu’une des finalité de l’art est la contemplation. De plus, je trouve intéressant que ces œuvres soient liées à l’environnement qui l’entoure.

Si vous voulez en savoir plus sur le travail de David Popa, je vous invite à visiter son site internet qui propose plusieurs documentaires sur la réalisation de ses œuvres.

https://www.davidpopaart.com

PARASECOLI Léa, DNMADe Ho 15, Avril 2023

L’art sans limite

Quand la technologie bouleverse l’industrie de l’art

La controverse entre les artistes créés par des intelligences artificielles et les artistes humains est un sujet de débat qui suscite beaucoup d’intérêt et de controverses. On peut considérer que les IA peuvent aider les artistes humains à développer de nouvelles idées et techniques, mais il est plutôt question en ce moment, d’une polémique mondiale entre ces deux parties .

Les IA artistes sont-elles une menace pour l’authenticité et la valeur de l’art et volent-elles nos artistes ?

Tout d’abord, il faut savoir que les intelligences artificielles artistiques fonctionnent généralement en utilisant des algorithmes d’apprentissage automatique pour produire des œuvres d’art, elle est alimentée avec une quantité massive de données d’œuvres existantes, comme des images, des peintures, des illustrations, etc. 

Donc la question du vol d’œuvres d’art par des intelligences artificielles est un sujet de controverse dans le monde de l’art. Certaines personnes considèrent que les intelligences artificielles utilisent des œuvres protégées par le droit d’auteur sans autorisation ni compensation pour les artistes originaux. D’autre part, certains soutiennent que les algorithmes ne peuvent pas vraiment « voir » ou « comprendre » l’art, et que les œuvres sont simplement utilisées pour l’entraînement technique.

Cela soulève des questions importantes sur la propriété intellectuelle dans un monde de plus en plus numérique, et sur la manière dont les artistes sont récompensés pour leur travail. Les débats sur ce sujet continuent et il n’y a pas de solution claire à ce jour. Il est important de travailler sur des réglementations et des protocoles clairs pour garantir que les droits des artistes sont protégés tout en permettant à l’intelligence artificielle de se développer et d’évoluer.

L’un des arguments les plus courants en faveur des IA artistes est qu’ils peuvent générer des œuvres d’art uniques et innovantes en utilisant des algorithmes complexes qui permettent de créer des combinaisons de couleurs, de formes et de textures inédites. Les IA artistes peuvent également s’adapter rapidement aux tendances et aux styles actuels, ce qui les rend particulièrement utiles pour les artistes en quête d’inspiration.

Cependant, certains considèrent que les IA artistes ne peuvent jamais remplacer la créativité et l’empathie humaines qui sont nécessaires pour créer de l’art véritablement significatif. Selon eux, l’art est avant tout un reflet de l’expérience humaine et de la personnalité de l’artiste, et les IA ne peuvent pas comprendre ni transmettre ces aspects importants de l’art.

Il est également important de souligner que la valeur marchande de l’art créé par des IA est souvent mise en doute. Certains considèrent que l’absence d’une personnalité humaine derrière l’œuvre rend celle-ci moins précieuse et moins digne d’être exposée dans des galeries d’art.

Il est difficile de trancher définitivement sur cette question, car les avantages et les inconvénients des IA artistes dépendent en grande partie des perspectives et des opinions personnelles de chacun. Ce que nous pouvons dire avec certitude, c’est que les IA artistes sont de plus en plus présents dans le monde de l’art, et qu’il est important de continuer à explorer leur potentiel et leur impact sur la création artistique.

La question de savoir si les intelligences artificielles volent les œuvres d’art est en grande partie une question de définition. Si nous considérons que voler implique de prendre quelque chose sans permission ou sans en donner de crédit, alors il est peu probable que les intelligences artificielles soient considérées comme des voleurs. Cependant, si nous considérons que voler implique de prendre des idées ou des concepts sans crédit, alors il est possible de considérer que les intelligences artificielles peuvent voler des œuvres d’art.

Il est important de continuer à surveiller la situation et de discuter de la meilleure façon de traiter les œuvres créées par les intelligences artificielles artistiques en termes de droits d’auteur et de reconnaissance.

En conclusion, la polémique sur les IA artistes et les vrais artistes montre à quel point les technologies peuvent bouleverser les industries traditionnelles et susciter des débats passionnés sur les valeurs fondamentales de notre société. Quel que soit votre point de vue sur le sujet, il est clair que les IA artistes sont là pour rester et qu’elles continueront à évoluer et à se développer dans les années à venir.

LANOIR Julie – DNMADE15 – Février 2023

« Art or Life ? »

    « Qu’est-ce qui a plus de valeur ? L’art où la vie ? » ce sont les paroles d’une des militantes écologies qui ont jeté de la soupe sur le tableau de Vincent van Gogh. Cruauté ou courage ?

Le vendredi 14 octobre, des militantes écologistes ont jeté de la soupe sur le tableau les Tournesols de Vincent van Gogh conservé à la National Gallery de Londres, elles se sont ensuite collées au mur. Ces militantes font partie du mouvement « just stop oil » qui milite pour l’arrêt de nouveau projet pétrolier ou gazier.

Ce n’est pas la première fois que l’art est pris pour cible par les éco-activistes. En juin dernier, deux militants se sont collés à un autre tableau de Van Gogh dans le même musée, mais également en Allemagne au musée Barberini sur un tableau de Monet.

14 Octobre 2022

Pourquoi l’art ?

Ce genre d’action a pour but de choquer la population pour ensuite faire parler, avoir l’attention des médias sur une cause, mais le problème c’est qu’en s’attaquant à une œuvre on ne parle que de la forme et non du fond à savoir la cause écologique. L’une des militantes pose une question rhétorique demandant de choisir entre l’art et la vie humaine dans le but d’éclairer une inaction climatique cependant, il est évident qu’il n’y a pas à prioriser l’un sur l’autre.
Il est vrai que s’attaquer à l’art pour attirer l’attention des médias est un bon cheminement de pensée, car le capital culturel se trouve également chez les personnes qui pratiquent l’information.
Certaines personnes penseront que c’est horrible de s’attaquer à l’art, que ça n’a aucun sens et qu’il y a bien d’autres solutions pour alerter la population. Toutefois, des études, des documentaires et débats scientifiques nous alertant sur l’ampleur de la crise écologique sont totalement accessible sur les médias et pourtant, il y a encore des choses aberrantes que l’homme continue de faire en particulier quand on parle de JO ou de coupe du monde de football si vous voyez où je veux en venir… Ainsi comment pouvons-nous rendre les actions écologiques instinctives et naturelles pour l’homme quand on voit que des multinationales sont capable du pire…


Radicalisme ou extrémisme ?


Qualifier cet acte de radical reviendrait à dire que l’art est à l’origine de la crise écologique, or ce n’est pas le cas.
Ces actes pourraient être à la limite de l’extrême cependant, ils s’attaquent toujours à des œuvres qui sont protégées, mais l’acte en soi reste violent. Le plus important ne serait-il pas que le message soit passé et que rien d’important n’ait été endommagé ?
Greta Thunberg (militante écologiste suédoise) s’exprime à ce sujet sur France inter : « Être activiste ça peut être quelque chose de très violent, tout dépend où l’on se trouve dans le monde, j’ai de très nombreux amis qui risquent l’arrestation, qui risquent de perdre la liberté tout simplement parce qu’ils protestent publiquement. Je suis consciente d’être très privilégié donc je porte une responsabilité plus importante que les autres et je me dois d’être militante parce que je suis moins confrontée aux risques que d’autres personnes et c’est à chacun d’en décider. »
Ne serait-ce pas un acte de courage de s’exposer à des risques pour faire avancer la cause écologique ? Ces actes ne plaisent pas à tout le monde mais n’ont ils pas le mérite d’exister et de faire parler ?

Je vous invite à aller voir la vidéo des faits : https://youtu.be/akd8vP0J3qI

Greta Thunberg

Léna Bonneau – DNMADe2 Horl – Octobre 2022

Le covid… Source d’inspiration ?

Souvenez vous ! Pendant les temps forts de la pandémie de coronavirus, la grande majorité du monde fut confinée, les grandes villes se retrouvaient alors désertées. De nombreuses photos troublantes ont circulé, montrant des rues de grandes métropoles totalement vides. Les œuvres de l’artiste dont je vais vous parler aujourd’hui m’évoquent directement cette période. En effet, dans cet article nous allons passer au peigne fin le travail de Rumi Ando.

Cette photographe casse les codes de son domaine en ne s’intéressant pas à la foule ou encore aux couleurs vives. Le principe même de son expression artistique est de représenter les formes géométriques qu’on retrouve dans les rues de Tokyo avec des couleurs très pastels qui rendent la scène plutôt inquiétante. Ici le pastel ne semble étonnement pas nous communiquer une idée d’innocence. Bien au contraire…

Pour renforcer cette idée de photographie angoissante, l’artiste supprime les habitants, les panneaux publicitaires, les pylônes électriques, les portes et les fenêtres. Un décor presque post apocalyptique qui attire notre attention sur la déconnexion sociale présente au sein de cette ville. Le plus beau dans tout ça ? C’est que ces œuvres à la vision dystopique de nos métropoles ont été réalisées AVANT la pandémie. Un coup de génie ? Peut être.

On peut remarquer que cette artiste semble appartenir au surréalisme. Ce mouvement artistique a pour but de redécouvrir une sensibilité perdue, de retrouver les facultés humaines annihilées, réprimées par des siècles de civilisation et d’accéder à un univers régi par le merveilleux, l’imagination, le rêve et l’amour. Quoi de mieux que de supprimer directement à la source le problème ? L’artiste nous fait réfléchir. A-t-elle voulu supprimer toute forme de vie en ne laissant que les créations humaines pour dénoncer un sentiment d’oppression ? Une autre hypothèse plus probable : L’artiste dénonce l’évolution de la société qui tend à être de plus en plus asservie par internet, et qui peut à peu nous isole de nos congénères réels. Faut-il s’inquiéter d’un avenir urbain qui pourrait conduire à une distanciation sociale volontaire, ou ne voir que la dimension sereine, paisible, qui se dégage de ces photographies ? Suite aux récents évènements sanitaires cette question est d’autant plus renforcée.

Eve BIELHER – DNMADe1 Ho – Avril 2022

De la poésie à très grande échelle !

 Aujourd’hui j’ai envie de vous partager un souvenir d’enfance si marquant. Un regard touchant et une gestuelle qui rendaient ces immenses créatures mécaniques si vivantes !

Des promenades au côté de Géants dans la ville de Nantes

Une histoire inventée par Royal de Luxe « la Géante du Titanic et le scaphandrier » :

« Islande, faite de volcans, abritait alors certains géants forts occupés à moduler le paysage pour en faire une terre habitable. L’un d’entre eux, ou plutôt l’une d’entre elles, avait pour tâche de faire apparaître d’immenses geysers (…) Des corsaires anglais, à la solde de sa Majesté, capturèrent la géante. Elle fut embarquée clandestinement dans une cale du Titanic afin d’être exhibée dans le nouveau monde et démontrer ainsi la suprématie du Royaume-Uni. Comme chacun sait, le navire déchiré par un iceberg venant du nord d’Islande, sombra et par le fait notre géante avec. Mais comme tout passager du bâtiment notre géante avait de la famille : un frère nommé « le Géant » et une fille appelée « Petite Géante » (…) Durant de longues années le Géant parcourut le fond des océans et finit par retrouver l’épave. (…) Alors il décida de rejoindre sa nièce : la Petite Géante. »      

https://www.royal-de-luxe.com

La Petite Géante

Du 5 au 7 juin 2009 à Nantes la compagnie de théâtre de rue Royal de Luxe reproduisait la rencontre entre la Petite Géante et le scaphandrier. Le scaphandrier arriva à Nantes en émergeant de la Loire et la Petite Géante sortant d’un bateau. Nous avons pu les suivre se promener mais surtout vivre dans la ville à travers ces scènes de vie quotidienne où l’on voit la Petite Géante dormir, se laver ou encore manger une sucette. Le lendemain nous avons pu voir la rencontre entre les deux personnages. Cette rencontre se passa devant nos yeux. Pendant quelques minutes nous avions oublié que ce n’était que des créatures mécaniques à travers ces gestes de tendresses et les doux regards qu’ils se lançaient. L’effervescence de la ville rendait ces moments festifs, familiales et débordants d’émotion.

Rencontre entre Le scaphandrier et la Petite Géante

La Petite Géante et les Lilliputiens

 

Des marionnettes mais pas seulement

Les marionnettes sont accompagnées de lilliputiens qui les actionnent, sans eux les marionnettes resteraient immobiles. Ces hommes sautent, courent, tombent, se précipitent et la marionnette les regarde agir avec étonnement comme si elle ne comprenait pas qui ils étaient. Cela donne vraiment une impression de marionnette vivante.

Qu’est-ce que Royal de luxe ?

Royal de Luxe est une compagnie de théâtre de rue Française fondée en 1979, à Aix-en-Provence par Jean-Luc Courcoult, Véronique Loève et Didier Gallot-Lavallée. Elle est l’une des plus connus internationalement. Leur terrain de jeu c’est la rue, ce lieu  où se mêle toutes les classes sociales. Cette aventure a commencé par un spectacle : « le Cap Horn » puis ont suivi : « les mystères du grand congélateur », « la mallette infernale » « Terreur dans l’ascenseur » … Leurs spectacles ont pris une telle ampleur qu’ils sont allés jouer partout en France et dans le monde.

En 1989, Jean-Marc Héraud (le maire de Nantes) offre à la compagnie un hangar pour créer et stocker leurs créations, Nantes va devenir la principal ville ou sont joué les spectacles.

La « saga des Géants » fut la réponse à une question que Jean-Luc Courcoult se posait depuis des années : « Comment raconter une histoire à une ville entière ? »    Jean-Luc Courcoult

En effet ces spectacles de quelques journées où des marionnettes géantes vivent avec nous leurs aventures ont mis en haleine toutes les villes dans lesquelles ils sont passées. 

La « Saga des Géant » met en scène une dizaine de géant qui raconte leurs histoires dans le monde entier il y aura les Girafes, le Rhinocéros, El Zolo (le chien), la Grande Mère, l’Eléphant, le Scaphandrier, le Petit Géant et la Petite Géante.

J’ai eu l’impression que cette prouesse relevait de la magie tellement on pourrait qualifier cette performance de grandiose. Ces géants resteront gravés dans les mémoires des petits et des grands.

Si cet article vous a plu, je vous invite à aller voir le documentaire réalisé par Jean-Michel Carré « Royal de Luxe » où les nombreux reportages sur YouTube sur Royal de Luxehttps://youtu.be/rigKzJuCb_o https://youtu.be/WgwWrzEw0Xk

Léna BONNEAU – DNMADe14HO – Décembre 2021

Une expérience pas comme les autres…

Qu’est-ce qui vous fait le plus peur chez les autres ? Il suffit parfois d’un regard pour cerner quelqu’un, de quelques mois pour avoir confiance en l’autre. Mais combien de temps faut-il pour connaître les limites d’une personne lorsque, bien souvent, nous ne connaissons même pas les nôtres…

Je vais vous parler aujourd’hui de l’artiste serbe Marina Abramovic, née en 1946. Cette artiste fait partie du courant artistique de l’art de la performance et de l’art conceptuel. Beaucoup de ses œuvres concernent la redéfinition des limites tel que le contrôle de son propre corps, le rapport entre un artiste et ses spectateurs, etc. Sa particularité ? Se mettre en danger.

Elle effectue ses premières performances en 1973 avec des objets dangereux ainsi que des médicaments afin de se mettre à l’épreuve, et dans quelques-unes de ses expériences (et bien que son but recherché ne fût pas le sensationnel) Marina Abramovic s’est déjà lacérée, a congelé son corps sur des blocs de glace et s’est même trouvée presque morte d’asphyxie sous un rideau de flammes (« Rhythm 5 »). En plus de tester ses limites, l’artiste serbe avait aussi pour but de déstabiliser le public en le poussant dans ses limites au témoignage de la douleur, puis de créer un « point de rupture » en les faisant repasser d’acteur de la scène à spectateur. De 1976 à 1988, beaucoup de ses performances (tel que « Breathing In / Breathing Out ») ont été réalisées avec son ex compagnon, Ulay alias Frank Uwe Laysiepen (à vos souhaits !), un artiste allemand pratiquant l’art de la performance autour de la relation au corps à l’espace et à la société.

La performance dont je veux vous parler aujourd’hui est « Rhythm 0 ». C’était en 1974, lorsque l’artiste n’était pas encore célèbre, qu’elle a présenté une représentation des plus mémorables mais aussi des plus terrifiantes de l’art de la scène… Il ne lui aura fallu que quelques heures pour découvrir le côté le plus obscur et le plus laid des gens… « c’était il y a 40 ans, et ça me hante encore », raconte-t-elle.

Durant l’expérience, il y avait les visiteurs, Marina Abramovic et une table. Celle-ci comprenait différents objets et matériaux tel que des plumes, à manger, des fleurs mais aussi un couteau, une chaîne ainsi que… une balle et un fusil. Alors ? Vous commencez à comprendre ? Sur cette table, il y avait aussi un mot de la part de l’artiste :

« Sur la table se trouve soixante-douze ustensiles qui peuvent être utilisés sur moi de manière quelconque. Je suis l’objet. »

Elle précisa aussi que la durée de la performance était de 6h00 (de 20h00 à 2h00), qu’elle assumait l’entière responsabilité de ce qui arriverait durant ce laps de temps et que l’expérience ne devait être arrêtée sous aucun prétexte. Les visiteurs avaient ainsi le choix entre faire plaisir ou blesser, le bien ou le mal… Le but de Marina Abramovic était de rester aussi passive qu’un objet et de tester ses limites mais aussi celles des gens.

Dans un premier temps, le public n’osait pas trop approcher, puis petit à petit, certains lui ont serré la main, lui ont caressé les cheveux, lui ont apporté une rose qui était posée sur la table et l’un d’eux lui fit même un baiser. Cependant, au bout de 3 heures environ, les masques des visiteurs commencèrent à tomber… Tout d’abord, l’un des spectateurs lui a donné une légère claque. Ce fût le déclencheur… Voyant que comme promis Marina ne réagissait pas, certaines personnes ont commencé à donner des coups de plus en plus fort… puis voyant que l’artiste était réellement vulnérable, les mêmes personnes qui lui donnaient quelques minutes auparavant des roses ou des caresses, se mirent eux aussi à devenir violents. Certains lui ont écrit « END » au rouge à lèvre sur le front et un homme coupa Marina à la gorge. Un autre prit le pistolet, le chargea puis le pointa sur elle avant de le placer dans sa main puis de viser son coup. Cela a été le second déclencheur car ce n’est qu’à partir de ce moment que le harcèlement commença réellement.

Plusieurs groupes se sont alors formés dans la salle. Un groupe regardait, perturbé et totalement spectateur de la scène, un autre voulait continuer à abuser de l’artiste et un autre encore la défendait. 

Certains ont coupé ses habits aux ciseaux de manière à la laisser complètement nue, lui crachait dessus, prenaient des photos, lui entaillaient le corps avec un couteau  et bien d’autres choses encore pendant que Marina était en larme

Lorsque tout à coup, une femme se leva, essuya ses larmes et la pris dans ses bras. Alors, le groupe qui depuis le début était perturbé, spectateur, se leva pour nettoyer ses blessures et la recouvrir.

Au bout des 6h00, Marina a à nouveau bougé et la foule s’est enfuie, terrorisée (lâche ?). A votre avis, par peur de représailles ? Ou par peur d’avoir à se confronter avec la personne à laquelle ils n’avaient pas hésité à faire du mal ?

« Une dame a fait ce qu’il fallait, et cela a changé le comportement des autres. Alors ne pensez pas, « qu’est-ce que ça change si je suis le/la seul/e à intervenir ? »

Voici la morale que Marina aura retenue. Cette performance a aussi montré le mal qui peut surgir de certaines personnes lorsqu’elles sont encouragées et que personne ne les arrête, ainsi que les conséquences qu’il peut avoir…

Personnellement, cette performance m’a d’abord fait peur, au vu de ce que des gens d’apparence tout à fait normale sont capables de faire. Je n’arrive d’ailleurs toujours pas à savoir si je suis étonnée ou pas du fait que ce soit seulement au bout de 5h00-6h00 qu’une personne ait réagi, une fois que tant de mal ait été fait… Puis en y réfléchissant, je me suis rendue compte qu’on a tous (et je dis bien tous) déjà été spectateur, acteur, ou protecteur d’une scène/histoire malheureuse. La question que je vous pose aujourd’hui est : la prochaine fois, qui est ce que vous déciderez d’être ?

Maintenant, je vous invite à vous renseigner sur d’autres de ses performances et vous laisse le lien d’une vidéo (pour les intéressés) de Marina Abramovic parlant de « Rhythm 0 » .

Rhythm 0 : https://www.youtube.com/watch?v=kijKz3JzoD4&has_verified=1

Autres performances : https://www.wikiart.org/fr/marina-abramovic

Ann Noir – DNMADe2 Ho – 2020/2021