La représentation du corps traduit-elle une destruction de l’identité ?

A l’ère de la communication mondialisée il me semble pertinent de vous présenter le travail artistique du duo Aziz et Cucher véritable remise en question de notre usage des technologies.

Tous deux issus du San Francisco Anthony Aziz et Sammy Cucher travaillent depuis 1990 sous le nom logotypé de Aziz+Cucher. Leurs œuvres et points de vue sont principalement énoncés par la photographie digitalement modifiée.  

 « Chaque image, chaque représentation est devenue aujourd’hui une imposture potentielle « 

C’est à travers la série de photos nommée « Dystopia » sortie en 1995 que le duo nous présente de grands portraits défigurés, l’opération de gommage débouchant sur l’obstruction de tous les orifices dédiés à nos sens disparaissent sous une épaisse couche de chair, sous une peau qui les prive d’échanges avec l’extérieur. Derrière le mutisme de la peau, le visage silencieux devient impersonnel. L’identité du portrait, comme celui des autres œuvres de la même série, est dissoute, décomposée, déshumanisée.

Dans les photographies, la manipulation est évidente. Les visages semblent fermés sur un cri silencieux. De cette façon les artistes mettent l’accent sur tout un tas de questions liées à l’identité : la possibilité de cloner un jour d’autres êtres humains, l’angoisse qui peut surgir des manipulations génétiques mais aussi la perte d’identité de l’homme dans sa relation et son association avec le virtuel. Symboliquement les portraits nous montrent la mutation fatale de cette société, privée de liberté et d’échanges avec l’extérieur, et littéralement asphyxiée.

Les visages seraient comme connectés à un autre monde, virtuel, rendant le corps inquiétant et morbide. La cyberculture a levé de nombreuses barrières qui existaient jusque là entre les individus. Mais à en croire ce portrait, le phénomène ne serait pas sans conséquence pour l’individu lui-même. Le sujet est entièrement absorbé, englouti, néantisé. À travers la connexion et le couplage homme-machine, se joue non seulement la disparition du corps, mais aussi la perte des caractéristiques individuelles. Edmond Couchot nous explique que ces « êtres appartiennent à un univers virtualisé aux infinies possibilités, où l’engagement du corps est devenu obsolète. Téléprésence, téléactivité, cybersex, la prothèse technologique appelle la disparition des organes et des sens vitaux. De là ces êtres qui ne sont pas amputés mais dont les sens ont disparu suivant un processus qui semble presque naturel, la peau ayant repris ses droits sur des orifices devenus inutiles. Ce constat terrifiant sous-tend la nécessaire réappropriation du corps face au corps virtuel et bouleverse les conventions du portrait. »

Ainsi ces photographies agissent elles comme un récit d’anticipation contre utopique qui nous mettrait en garde contre d’hypothétiques mutations fatales de l’humain et de la société, technologiquement refondés. ces œuvres agissent de façon métaphorique comme des avertisseurs, appuyant visuellement sur nos craintes, en nous montrant des figures redoutées. Un mouvement général de transformation du réel par les technologies est en marche. Le corps, la société, mais aussi notre environnement naturel, se trouvent profondément affectés par ce phénomène en expansion rapide. La plupart des utopies technoscientifiques des décennies passées sont en train de devenir des « faits accomplis », ouvrant la voie à de nombreux espoirs, tout autant qu’à de potentielles dérives.

« La réalité virtuelle introduit une autre forme de dédoublement de l’homme et de son corps. En transformant le monde en information, la cyberculture efface le corps, elle modélise la perception sensorielle, réduite le plus souvent à la vue, à la seule protubérance d’un regard fonctionnel. »
David Le Breton

EMMA G. – DNMADeJo1.5 – Avril 2023

Négocier avant d’agir

Parce qu’il est bien connu que la violence ne résout pas tout, et que les intervenants des forces armées ne sont pas (tous) des bruts de décoffrage…

Je vais vous présenter Bernard THELLIER, que vous aller découvrir si vous ne le connaissiez pas encore, un ancien négociateur du GIGN (Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale). Il me semble intéressant de vous dépeindre cet homme qui fût pendant 10 ans au service des autres, dans la cellule de négociation du GIGN, et son métier, où le dialogue entre humain, l’écoute et la compréhension sont des notions plus importantes que jamais.

Un long parcours, en bref.

Après des études en psychologie, Bernard THELLIER obtient une maîtrise en psychologie comportementale et intègre le GIGN en 1997, après une formation de 14 mois (et 5% de candidats retenus à l’issue). Il est formé en interne pendant 2 ans, et devient rapidement le négociateur principal de la cellule de crises majeures jusqu’en 2007 où il quitte l’institution.

Bernard THELLIER en conférence

Savoir écouter, LA qualité requise.

Un des premiers travaux du négociateur pour entrer en contact avec un individu (preneur d’otage, forcené…) est de l’écouter. Il doit savoir laisser parler celui ou celle qui est en situation de désespoir en face de lui. En allant à l’encontre de sa morale et de son éducation, le négociateur ne doit pas juger l’individu par ses actes (aussi horribles soient-ils).
C’est le principe de phénoménologie (initiée par le philosophe Husserl au 20ème s.) qui est utilisé par le professionnel à ce moment-là. L’objectif de cette philosophie est d’observer, décrire et juger d’une expérience, à partir de la conscience qu’en a le sujet qui la vit. Autrement dit, d’analyser une situation par un vécu personnel et pas par les ouï-dire, les avis déjà arrêtés de notre entourage, en faisant abstraction des préjugés, ainsi qu’en faisant face aux choses telles qu’elles sont vraiment, sans juger d’entrer de jeu l’individu « dangereux » par ses points faibles.

« C’est vrai qu’on voit toujours les drames mais on ne voit jamais, ou très peu, les causes qui y ont mené, qui parfois sont tout aussi dramatiques, surtout quand tu n’es pas écouté ou aidé, et qui peuvent mener à ce genre de situations. » exprime Bernard T. dans une interview. Cela soulève aussi les problèmes d’une société devenue trop individualiste, «Plus personne écoute, tout le monde s’exprime » comme dirait Orelsan ; où certains individus sont écrasés par la masse et ne possède pas ou plus la faculté de se faire entendre. N’ont plus de soutien émotionnel ou physique de leur entreprise, de leur famille, entourage etc, ce qui les pousse à des actes de désespoir afin de se faire comprendre, ou simplement entendre.
Bref, un bon négociateur est quelqu’un qui fait preuve de clairvoyance, de respect et d’écoute : « ce sont des choses que l’on ne retrouve plus dans la société actuelle et nous sommes formés dès le début à arrêter de parler pour pouvoir écouter » nous dit Bernard T, « Il vaut mieux laisser s’exprimer l’autre pour qu’il sorte son mal être, pour qu’il nous donne sa version. »

Empathie, Inconscient et sensibilité.

Pour amener l’individu à s’exprimer et à se confier, le négociateur doit lui montrer qu’il peut avoir confiance en lui. C’est une communication avec la sensibilité et les sens, c’est pourquoi le négociateur confie avoir besoin d’être sur le terrain. Une véritable approche, permettant une compréhension des enjeux réels et vitaux dans une situation de crise « si je suis dans un bureau à 5km, je ne peux pas me synchroniser émotionnellement avec les victimes ou otages et ressentir leur angoisse, peur etc » . Cela relève d’une certaine intelligence émotionnelle, que se soit avec des victimes, des criminels ou eux-mêmes, les négociateurs sont dotés, plus que la moyenne, de capacités à comprendre, maîtriser et exprimer leur émotion et à discerner une émotion chez l’autre. Ils sont dotés d’une forte empathie. Pour Bernard il y a une limite à ne pas franchir, qui est celle de la sympathie : éprouver de l’empathie pour comprendre les sentiments de l’individu, oui, s’identifier et accepter ces derniers par la sympathie, non.

Fort de son expérience terrain et de ses connaissances, Bernard T. laisse une grande place à son intuition. Nous disions que c’est un travail avec des outils tels que les sens car il y a une place à la communication non-verbale et physique, les signaux de communication de l’inconscient comme l’intonation, les silences, les différences de ton ou les gestes qui renseignent sur l’état psychologique de l’individu ou des otages. Durant l’une de ses interventions, B. THELLIER ( d’après ses anecdotes personnelles ) est en face à face avec un forcené, pour établir un climat de confiance il se « synchronise » avec lui : s’assoit quand il s’assoit, croise les jambes quand il croise les jambes, etc. À la force, la synchronisation s’inverse et c’est le forcené qui imite inconsciemment le négociateur. On comprend ainsi la nécessité de créer un lien conscient et psychique avec l’autre pour prendre une ascendance psychologique sur lui et pouvoir le maîtriser, et réduire les différences entre les deux partis surtout la perception d’être un adversaire ou un ennemi. Cependant, l’individu reste un inconnu pour le négociateur, il y a une forte part d’incertitude qui met en jeu la clairvoyance, l’altruisme, l’entraînement et les compétences du négociateur.

Son utilisation de la psychologie aujourd’hui.

Depuis 2007, Bernard THELLIER est tour à tour consultant en gestion de conflits et de crises, conférencier et formateur dans sa propre société : Précognition. Il y accompagne les entreprises avec de nombreux services différents, la gestion des risques et du stress, la négociation commerciale, l’accompagnement au changement et la médiation… Bref c’est un métier extrêmement intéressant et humain qui amène un enseignement permanent des autres à soi, des situations vécues à l’exercice terrain et beaucoup d’autre. À noter que des femmes aussi, peu certes, exercent ce métier comme Tatiana BRILLANT ancienne négociatrice au RAID.

Quelques sites pour plus d’informations, vous pouvez retrouver Bernard THELLIER dans beaucoup d’émissions ou vidéos-interview de youtubers (on peut dire qu’il a compris l’intérêt de la médiatisation pour faire connaître sa société et son métier auprès de la Gen Z) :

17/02/2023/ DNMADe 15JO/ G. GUENNEGOU

Des clichés féministes revisités par Pilar Albarracin

Portait de Pilar Albarracin

Diplômée de l’École des beaux-arts de Séville en 1993, Pilar Albarracín s’est imposée rapidement comme une artiste reconnue au niveau international. A travers ses œuvres, elle s’inspire des inégalités hommes-femmes présentes dans la société espagnole. Pilar Albarracin réalise des installations, photographies et vidéos, dans lesquelles elle incarne différents types de femmes. Elle se met en scène et devient paysanne, émigrante, gitane, femme maltraitée, mère au foyer ou danseuse et chanteuse de flamenco. Le rôle de la femme dans la distribution des pouvoirs constituent l’essentiel de son inspiration.

« La torera » de Pilar Albarracin (2009)

Travaillant notamment avec la broderie, ses œuvres ont souvent recours à des vêtements traditionnels andalous, costumes de torero, robe de flamenco parfois détournés. Dans l’œuvre «La torera» (2009), elle s’intéresse à la comparaison entre le monde de la tauromachie, l’idée du combat et du corps, avec l’autre monde qui est celui de la femme et de son combat quotidien. Cette mise en scène montre une image modernisée et égalitaire du monde taurin, alors que ce milieu est traditionnellement machiste. Une majorité de ses œuvres dénoncent une domination qui oppresse avant tout les femmes.

« Viva Espana » Pilar Albarracin (2004)

Selon ses propres mots, de nombreuses pièces de Pilar Albarracín ont trait à la place de la femme dans la cité. Elles mettent souvent en jeu son propre corps et l’espace urbain, afin de créer des effets de décalage. Dans sa pièce Viva España (2004), elle marche dans les rues de Madrid suivie par une fanfare. Un défilé qui se transforme progressivement en scène de harcèlement de rue, l’artiste est soudainement obligée de prendre la fuite, poursuivie par une horde d’hommes.

Pour faire passer ses messages elle utilise un décalage sarcastique. Aujourd’hui, ses œuvres sont présentes dans les collections du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, de la Fondation Louis Vuitton, et au Musée d’art contemporain de Castilla y Leon en Espagne. Elle a également participé au projet «Femmes en lumière», une journée de réflexion sur la visibilité des femmes artistes dans les arts visuels. Proposé par l’Institut français de Séville en mars 2022.

Julie Michelin – DNMADE 1 Jo – Octobre 2022

Sources: https://www.galerie-vallois.com/artiste/pilar-albarracinwww.pilaralbarracin.com

DAVID HOCKNEY, de l’œuvre classique à l’œuvre digitale 

L’artiste, David Hockney, casse les codes de l’art.

Cette figure majeure du mouvement Pop Art des années 1960 et de l’hyperréalisme est un des peintres les plus influents du XXe siècle. Ses œuvres colorées de portraits et de paysages mélangent la peinture et la photographie. Étant sensible à son environnement (East Yorshire, UK), au travers de ses œuvres nous pouvons voir la métamorphose de la nature.

Voici quelques unes de ses œuvres emblématiques : 

A Bigger Splash 1967 David Hockney born 1937 Purchased 1981

C’est la troisième toile d’une série sur le thème des piscines. Son œuvre étant la plus connue est tout en géométrie avec seulement le « splash » de l’eau qui vient troubler cette vision représentatif du style californien. Le tableau est bordé d’un cadre clair à la manière d’un Polaroïd que l’artiste commence à utiliser. Il photographie souvent ses idées pour après les retranscrire en peinture : cela l’aide à la vision de sa toile et aux perspectives.

Portrait d’un artiste ( Piscines avec deux personnages ) 1972

L’œuvre est née de deux photographies prises par l’artiste lui-même. Un personnage fixant le sol, la piscine avec un nageur, deux personnes pouvant s’apparenter à un couple. Cela donne une œuvre énigmatique dans ce paysage montagneux.

Après avoir utilisé de l’huile, de l’acrylique et de l’aquarelle comme médium, David Hockney suit l’air du temps et découvre le numérique. Il s’approprie progressivement les techniques de peinture via l’iPhone et l’iPad. La pandémie et les confinements successifs l’ont conduit à un auto-apprentissage intensif de l’Ipad. Ce moyen offre davantage de fonctionnalité et de finesse. Il publie alors une multitude de séries d’œuvres faites à l’iPad (Yosemite suite, Arrival of spring in woldgate). David Hokney apprécie la rapidité de l’œuvre digitale comparée à l’aquarelle et la retranscription de qualité de la lumière. Son application favorite est Brushes car il affectionne particulièrement comment elle retranscrit l’aspect de la trace du médium choisi : les effets de brosse et de lumière sont conservées. Ainsi cet outil de dématérialisation lui permet de saisir l’instant fugace d’un levée de soleil, d’une allée en fleurs….. En conservant la naturalité de son trait, puisqu’il joue avec les nombreuses fonctions de l’application qui retranscrivent sa vision.

David Hockney, Yosemite, 2011

David Hockney est un artiste qui vit avec son temps. Lui-même exprime cette idée : « L’art ne progresse pas mais c’est l’artiste qui évolue ». Aujourd’hui la question n’est pas de savoir si c’est un artiste mais si son œuvre digitale peut-être considérée comme une œuvre d’art ? Les fichiers numériques ont-ils une valeur artistique ?

Mathilde Petit – DN MADE 2 JO – DEC 2022

Je suis Joachim Roncin

Né le 27 janvier 1976 à Paris, Joachim Roncin est un directeur artistique au parcours émérite. Il a travaillé pour plusieurs grands magazines (Stylist, Studio Magasine, Gaza..), agences (Agence Punk, We love Art..) et comme le Club des Directeurs Artistiques ou dernièrement le Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024.

Mais c’est pour une autre raison que le DA est à l’honneur ici. Le 11 janvier 2015 à 12h52 Joachim tweet une photo sur au fond noir, sur laquelle est écrit « JE SUIS CHARLIE ». Une demi heure après les attentats de Charlie Hebdo était publié le slogan aujourd’hui considéré comme une des plus grandes mythologies de la dernière décennie.

Véritable symbole de la liberté d’expression monsieur Roncin n’avait absolument pas anticiper l’ampleur que pourrait prendre son message. Ne souhaitant pour revendiquer ses droits d’auteur l’image reste libre de toutes utilisations. Aussi dans les jours suivants des utilisations mercantiles font leur apparition, même certains sites comme Amazon ou EBay assure que les commissions seront reversées à Charlie Hebdo.

Aujourd’hui, c’est en soutien à l’Ukraine que le DA crée. Geste tout aussi sincère mais cette fois plus réfléchi, toute une collection de produits portant le logo de Joachim est disponible depuis le 11 mars sur Legend Icon. Le slogan ? Slava Ukraini accompagné d’une fleur bleue et jaune. La totalité des bénéfices sera reversée à la croix rouge en soutien aux populations Ukrainiennes.

Antonin GUERRET – DNMADE 1 Ho – Mars 2022

Une touffe de message

Source: Amour et justice Les menstruations

Avertissement : L’article que vous allez lire va vous décoiffer. Coiffeur(euses) sensibles s’abstenir de s’arracher les cheveux.

Je suis une actrice et artiste ivoirienne féministe qui réalise des sculptures à partir de mes cheveux tressés. Je suis ?

Laetitia Ky !

Laetitia Ky, est née en 1996 à Abidjan, vers l’âge de 5 ans elle s’amusait à tresser ses cheveux, réalisant de nombreuses coupes. Studieuse, elle a obtenu son Baccalauréat Littéraire à l’âge de 15 ans seulement et commence des études de commerce à l’Institut National Polytechnique de Yamoussoukro. Elle aurait durant son épreuve de mathématiques, tressé les cheveux de son inspecteur afin d’obtenir son diplôme, mais cela ne nous regarde pas… Laetitia a travaillé dans l’art et le design en démarrant par le design de mode vestimentaire. Rapidement elle s’inspire des coiffures africaines pour créer de l’art capillaire.  C’est à partir de 2016, qu’elle débute la sculpture sur cheveux.  On parle de fusion entre la sculpture et l’art capillaire.

Source: Amour et justice.
Instagram: @laetitiaky

De style dit  afro-punk, ses créations sont exposées sous forme de photo sur les réseaux sociaux tel que Instagram, Facebook, Twitter, où sur son site Amour et Justice (papress.com)  qui est à la fois sa mémoire, une œuvre engagée manifestant le féminisme et une œuvre d’art, qui raconte l’histoire de l’artiste. Influenceuse et militante, Laetitia Ky, raconte des histoires puissantes à travers ces imposantes sculptures de cheveux, embrassant la culture et la beauté noire. Elle lutte pour la justice sociale, le voyage vers l’amour de soi, et le féminisme.  Elle s’est fait connaître avec la sculpture de deux silhouettes montrant un cas de harcèlement sexuel (un homme qui soulève la jupe d’une femme).

Aujourd’hui, en plus de poster ses créations, Laetitia Ky consacre son temps libre au lancement de son plus gros projet jusqu’à présent, sa toute première collection de vêtements. Passionnée de cinéma, elle travaille sur l’écriture de scénarios avec pour personnage principal une héroïne africaine dont les supers pouvoirs viendraient de sa chevelure…

Source: Instagram. Son premier post connu

À partir de mèches synthétiques elle tresse ses cheveux leurs donnant une vie. Elle appelle ses techniques le « Ky Braids » . En 2017 elle organise son premier atelier en vue de transmettre ses techniques. Elle réalise ses tresses en ajoutant divers matériaux : fils de métal, cintres, extensions capillaires, wax.

Sortez vos mèches folles, nous allons apprendre à faire du « flat Ky Braids » !

Tout d’abord vous allez avoir besoin de cheveux. Courts ou longs peu importe (la production s’excuses au près des chauves). Du tissu de votre choix, de fils de fer, d’extensions colorées ou non, selon vos envies, de mains agiles, et c’est tout !

Séparez les cheveux en ligne comme si vous alliez faire des tresses collées. Afin d’améliorer la visibilité, tressez grossièrement vos cheveux. Si vous avez les cheveux courts, humidifiez-les simplement.

Fabriquez des bandes de tissus d’environ 1 mètre de long et 5 cm de large. Le nombre de bandes à réaliser dépendra du nombre de tresses souhaitées.

De même, séparez ses lignes de cheveux en carré. Twistez progressivement le premier carré de mèche en gardant une tension constante sur le cheveu. Enroulez le bandeau de tissu autour de la base pour donner de l’épaisseur. Ensuite enroulez la mèche sur quelques centimètres. Ajoutez le fil de fer.  Liez le second brin de la ligne en twistant avec le ruban. Répétez l’opération jusqu’à ce que la ligne soit complètement réalisée. Enroulez le bandeau et la mèche de cheveux à votre convenance. Lorsque vous avez fini, ajoutez un élastique pour tenir toute votre création. Si vous n’avez pas les cheveux assez longs, vous pouvez mettre des extensions à la base pour donner du volume à votre coiffure. Réitérez l’opération sur toute la tête.  Modelez vos cheveux à votre guise. Et voilà vous avez terminé.

Une oeuvre bien moins engagée
Instagram: @laetitiaky

Enfin, après avoir pris connaissances des bases du ky braids, il ne reste plus qu’à réfléchir à une forme.

Et vous est-ce que vous préférez une œuvre engagée, ou plutôt une œuvre légère qui vous fait voyager ?

Le saviez-vous ? Dans la vie, il y a le bon artiste et le mauvais artiste. Le bon artiste réfléchit, alors que le mauvais, et bien il réfléchit, mais bon… c’est un mauvais artiste.

(119) FLAT KYBRAID Tutorial: how to braid with wax fabric? – laetitia ky – YouTube

Joséphine Baker 5ème femme au Panthéon

La première femme noire star, icône des années folles, figure des luttes pour les droits civiques, résistante, femme libre aux nombreux amants et amantes. Personnage aux mille facettes, aussi sulfureuse que généreuse et engagée Joséphine Baker est la première femme noire à entrer au Panthéon. Mais aussi la première femme à y entrer seule, sans conjoint ni compagnon de lutte. Elle y rejoint Sophie Berthelot, Marie Curie, Germaine Tillon, Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Simone Veil.

L’entrée de Joséphine Baker au Panthéon est un signal fort, cela contribue à rendre hommage à une femme qui a fait l’histoire, et à rétablir (un peu) l’équilibre de cette Histoire encore trop souvent écrite au masculin. Mais cela doit bel et bien nous questionner : les hommes font l’histoire mais où sont les femmes ? Trop souvent invisibilisées les femmes artistes, architectes, poétesses, autrices, philosophes, peintres, sculptrices, aviatrices, sportives ont toujours existé, combien d’entre elles pouvez-vous citer de tête ?

Rendre aux femmes leurs places dans l’histoire c’est permettre aux jeunes générations de grandir avec des modèles de réussite féminins, de s’identifier et de rêver le champ des possibles. C’est permettre de penser une société plus égalitaire, plus juste à l’heure où l’on parle des droits des femmes honorons cet héritage culturel méconnu : https://www.france.tv/france-5/culottees/

Joséphine Baker (de son vrai nom Freda Josephine McDonald) nait le 3 juin 1906 dans le Missouri (USA) en pleine ségrégation raciale. Issue d’une famille pauvre elle se marie à 13 ans puis s’engage dans un groupe d’artistes de rue. Animée par la danse et la musique elle est rendue célèbre pour sa revue nègre aux Folies Bergères à Paris. En raison des discriminations de la ségrégation aux USA elle demande la nationalité française et s’exile. Espionne pour sa patrie d’adoption elle s’engage dans la résistance pendant la seconde guerre mondiale et est décorée de la légion d’honneur. Ne pouvant oublier les luttes qui déchirent son pays elle lutte contre le racisme, c’est la seule femme à prononcer un discours aux cotés de Martin Luther King. Femme aux valeurs de partage et de tolérance elle est notamment connue pour sa famille arc-en-ciel, ses 12 enfants adoptés venus du monde entier.  Pour découvrir la femme derrière l’histoire : https://www.arte.tv/fr/videos/075185-000-A/josephine-baker-premiere-icone-noire/

Maëlenn N. – DNMADE14HO – Déc 21

Les figures de l’ombre

Après avoir lu l’article de Honorine Herrero paru en 2019 qui m’a laissé sur ma faim, passionné d’espace, j’ai décidé de chroniquer à mon tour « Les figures de l’ombre » un film de Théodore Melfi sorti en 2016, inspiré du livre de Margot Lee Shetterly.

Le 23 avril 2021 Thomas Pesquet, astronaute français part pour son deuxième séjour dans l’espace à bord de l’ISS. Cet événement me ramène aux premières tentatives de conquêtes spéciale des années 60 plus particulièrement à la course à l’espace entre les Etats-Unis et l’Union Soviétique.  Ce qui me donne envie de vous en dire plus sur ce film très bien réalisé, aux personnages très attachants.

Les Figures de L’ombre est un film inspiré de faits réels sur les jeunes femmes noirs travaillant comme calculatrices pour la NASA pendant les années 60. Plus particulièrement, ce film est centré sur le destin extraordinaire de 3 amies : Katherine Johnson interprété par Taraji Henson, Dorothy Vaughan par Octavia Spencer et Mary Jackson par Janelle Monae. Elles travaillent dans le centre de recherche Ouest du Campus de Langley à Hampton en Virginie et font mentalement ce que nos calculatrices actuelles font numériquement. Ces jeunes femmes n’étant pas réellement reconnues pour leur travail. Ce film amène à se demander :

COMMENT LES FEMMES NOIRES DANS LES ANNEES 60 ONT PU REVELER LEUR POTENTIEL ?

Dorothy

Katherine

Mary

 

 

 

 

 

 

Le groupe de calculatrices de la NASA dont font partie Katherine, Dorothy et Mary travaille dans un bâtiment dédié aux personnes de couleur bien-que leur travail soit indispensable pour tous les ingénieurs de la NASA. Elles ont beaucoup de responsabilité mais ne sont pas reconnues. Le fait qu’il n’y ait pas de toilettes pour les personnes noires dans le bâtiment où les personnes blanches travaillent est bien représentatif de la situation. Donc, dans ce contexte compliqué, les trois amies vont se battre pour être reconnues et atteindre leurs ambitions.

On peut aussi noter que dans tout le film, deux types de personnes sont observées. Celles qui mettent une distance et ne considèrent pas réellement les personnes noires et celles qui les considèrent comme des égales. Par exemple, dans une scène Katherine, Dorothy et Mary sont en retard pour aller travailler et tombent en panne. Lorsqu’un officier de police blanc arrive, elles ont peur mais contre toutes attentes l’officier décide de les escorter. De nombreuses scènes du film montrent que les mentalités sont en train de changer, la situation est en constante évolution. Vers la fin du film, le directeur de la mission Atlas dit en détruisant un panneau où il est écrit « toilettes pour les gens de couleur » : « A la NASA, on pisse tous de la même couleur ».

*Spoiler Alerte*

Grâce à leurs combats, Katherine participe à la mission Atlas, Dorothy apprend à programmer le IBM et Mary devient le premier ingénieur noir à la NASA. Le merveilleux résultat de leur combat pour atteindre leurs rêves est du à leur détermination et leur confiance en elles. Ces jeunes femmes ont participé à abolir la ségrégation aux Etats-Unis et ont montré qu’avec de la détermination tout est possible.

*Fin du Spoiler*

Pour conclure je ne peux que vous conseiller ce film captivant, entrainant et qui nous dévoile les coulisses de l’histoire. Je l’ai adoré du début à la fin et j’espère que ça sera votre cas.

Hugo Ridet – DNMADE23Ho – Déc. 21

Une vision du Bonheur par un philosophe contemporain

Tout d’abord permettez moi de vous le présenter. Michel Onfray est né le 1/01/1959 en Normandie, il est un philosophe et un essayiste français. Il a été professeur de philosophie dans un lycée technique privé mais a quitté son poste car l’enseignement de la philosophie imposé par l’Éducation nationale (qui n’a pas pour but d’apprendre à philosopher mais plutôt à transmettre une histoire de la philosophie officielle conforme à l’ordre social) ne lui convenait pas. Suite à sa démission, il a crée l’université populaire de Caen, où il propose des conférences gratuites et ouvertes à tous traitant d’histoire et de contre-histoire de la philosophie.

Philosophiquement, il appartient plutôt au mouvement de l’hédonisme et de l’épicurisme. Il partage les pensées de nombres de penseurs grecs prônant l’autonomie de pensée et de vie. Mais suite à sa vision de la philosophie et de son enseignement, il est en proie à de nombreuses controverses.

Profondément athée, il condamne drastiquement les religions car ce sont des outils de domination qui coupent la réalité du monde. Mais malgré tout, il se qualifie lui même de cette sorte :

« Je suis athée chrétien, car il y a un athéisme qui relève de la sphère chrétienne, parce que l’Europe relève de la sphère chrétienne » (Le monde, 21 mai 2016).

Politiquement trop à gauche pour certains, trop à droite pour d’autres, il est un ex communiste qui veut combattre la « misère sale » est qui estime que « la gauche doit être de gauche ». C’est pour cette raison qu’il s’écarte de la gauche politique en la décriant suite à son désaccord depuis François Mitterrand en 1983. Profondément souverainiste, il est contre les traités de Maastricht, Rome et Lisbonne et dénonce un « déni de démocratie » suite au référendum de 2005 dans lequel la voix du peuple à été bafouée. Il annonce alors son « dédain de toutes les classes politiques ». Récemment très décrié par la gauche suite au débat avec Eric Zemmour et à la convergence de leurs idées sur le populisme, l’identité nationale, et sur l’ensauvagement (tristement propulsé par l’assassinat de Samuel Paty par un islamiste tchétchène). Il présente alors des idées mesurées, réfléchies, nuancées qui sont une bonne chose pour les uns, une mauvaise pour les autres.

Maintenant, parlons de sa vision du bonheur. Pour lui, le bonheur est un sentiment évolutif. Il varie avec le temps et les expériences de nos vies. Selon lui,  » à 20 ans on est fait pour être épicurien et à 40 on est fait pour être stoïcien » car la vie nous a appris des choses qui nous ont fait évoluer. Mais malgré cette évolution inévitable, les grandes lignes restent les mêmes.

 » Le bonheur ne se pense pas de la même manière quand on a 20 ans ou 2 fois 20″

Ce bonheur varie d’autant plus que nous ne sommes pas les seuls maîtres. Nous ne pouvons pas être heureux seuls. Nous savons chacun comment fabriquer du bonheur mais si nous sommes entourés de personnes autour de soi qui sont malheureuses, nous ne pouvons pas être heureux. Nous ne pouvons donc pas être égoïste sur la notion du bonheur, car nous ne pouvons l’atteindre seulement collectivement.

« On ne peut pas être heureux tout seul »

Enfin, selon lui nous ne pouvons dire que nous étions heureux et non que nous sommes heureux. Nous ne pouvons pas savoir que nous sommes dans le bonheur car nous le savons véritablement que lorsqu’il a disparu. Nous pouvons mettre ce point en parallèle avec la jeunesse. Nous croyons savoir que nous sommes jeunes a 20 ans mais nous saurons réellement ce qu’est la jeunesse lorsque nous serons plus vieux, donc quand nous ne serons plus dans cette jeunesse.

« Nous ne prenons connaissance d’un état passé que parce qu’on a le recul qui nous permet de savoir dans quel état nous nous trouvions ».

Pour conclure, la temporalité dans le bonheur est la pièce maitresse du puzzle. L’autre aspect intéressant de cette pensée est la mise en commun du bonheur. Nous ne pouvons pas être heureux seuls alors il est important de prendre soin de son entourage, atteindre le bonheur est un travail d’équipe, et un travail de tout les instants.

« Il y a du bonheur quand il y a pas de malheur »

Et si vous voulez en savoir plus sur le sujet, voici ci dessous une vidéo d’une heure de Michel Onfray, qui ne fera pas de mal pour le prochain mémoire …

Robin Lonchampt, DNMADE 2 Horlogerie, Mars 2021