JISBAR : Quand l’art dépasse toutes les frontières

@jisbar

Le Portrait

La présentation de Jisbar se traduit principalement par son travail plutôt que par sa personne, au même titre qu’un artiste anonyme tel que Banksy ou Blu, bien que pour sa part il travaille à visage découvert. Jisbar, artiste peintre, voilà sa manière de se présenter au public. Il n’en dit pas plus non pas par soucis d’identité mais tout simplement car d’après lui il ne se connaît pas lui-même.

Pour caractériser son travail, il a l’habitude de retravailler des œuvres historiquement iconiques, en se frottant aux plus grands artistes que ce monde ait connu comme Klimt, Léonard De Vinci ou Michel-Ange. Reprises qu’il articule autour d’un mélange de Pop Art et de Street Art, style par lequel il est inspiré par les visuels mais également par les thématiques abordées. Il met notamment en avant des sujets comme l’argent et la décadence de la société. En effet, il associe œuvres classiques et graphes avec visuels simples et colorés. Derrière des œuvres faciles à apprécier à l’aide de la colorimétrie et des reprises de toiles connues aux yeux de tous, se cache de nombreuses références assez pointues. De plus, il représente particulièrement l’opposition que nous retrouvons dans le paradoxe de l’architecture urbaine. Pour reprendre son exemple, le musée du Louvre qui représente des pyramides modernes et futuristes, se dressant au centre de bâtiments haussmanniens.

Kiss newspaper, Jisbar Luxe David, Jisbar, 2022 Mona Lisa Basquiat, Jisbar

À la conquête de l’espace

Même si le contenu reste le cœur de l’œuvre, c’est le lieu d’exposition qui la fait vivre. Ici l’environnement donne à la toile tout son sens mais nous développement cela dans un second temps. Ici, Jisbar s’est lancé un défi qui lui a nécessité six mois de préparation. Après avoir ouvert des galeries aux quatre coins du monde, il décide de faire ce qu’aucun artiste n’avait encore jamais fait jusqu’aujourd’hui, exposer une toile au delà des limites de l’espace. En effet, elle a été en contact avec le vide sidéral. De ce fait, de nouvelles contraintes ont du être prises en compte comme les dimensions, la masse, les matériaux et la température. Cela a donc créé une opposition intéressante, entre la liberté de l’esprit créatif de Jisbar, et la rigueur des facteurs pour un voyage spatial. Le total de l’œuvre devait être inférieur à 1kg pour des raisons budgétaires, sachant que l’artiste a fait le choix l’intégrer dans un cadre, afin de donner l’impression que la toile s’était échappée d’un musée ou d’une exposition.

Punk Mona, Jisbar

C’est donc ici que le projet prend tout son sens. Dans un premier temps, il choisit de reprendre une nouvelle fois la Joconde, œuvre qu’il a le plus repris dans sa carrière et qui fait aujourd’hui son image. De plus, cette toile a été réalisée pour l’hommage des 400 ans de la mort de Léonard de Vinci, peintre original de l’œuvre. Ainsi il a réussi à associer Sciences et Arts, à l’image du travail de son inspiration.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

À ce jour, le tableau a fini son voyage et est désormais exposé à Paris après avoir subi quelques retouches. Jisbar quant à lui a continué d’ouvrir des galeries (Asie, Europe, Afrique, Océanie). Il approfondit et développe toujours la même recette qui a de plus en plus de succès et s’essaie également à la sculpture.

Frida kahlo, Jisbar David Pez, Jisbar

LETESSIER Robin – DNMADEHO 1.5, Avril 2023

Quand l’Art et la Science se rencontrent

Surnommé “le sculpteur du vent”, Theo Jansen a 75 ans et a révolutionné l’art cinétique.

Ce visage ne vous est sûrement pas familier mais vous reconnaîtrez sûrement ces bêtes qui errent depuis plus de 30 ans sur les plages de la mer du Nord. Jansen les a nommées “StrandBeest”, “bêtes de plage” dans sa langue natale. Ces Strandbeests sont des sculptures cinétiques à grande échelle qui utilisent la puissance du vent pour se déplacer de manière autonome et naturelle. Ses myriapodes géants attirent de plus en plus de curieux grâce à Internet. Mêlant rêve, grâce et intrigue, sans comprendre comment ces œuvres se déplacent ni comment elles sont conçues, ces prouesses technologiques ont intrigué des milliers de spectateurs à travers le globe.

Le mécanisme appelé “Mécanisme de Jansen”, datant de 1991, combine mathématiques et robotique et permet de réinventer la roue en créant un mouvement cyclique qui ne touche pas systématiquement le sol. L’artiste a créé de véritables engrenages qui réagissent au vent pour permettre à ses sculptures de se mouvoir comme si elles étaient vivantes. Il n’a pas étudié comment les animaux marchaient mais quelle était la meilleure manière de marcher, ce qui lui a permis de créer plus de 50 Strandbeest. Ses créations se situent entre l’œuvre et l’invention.

Animaris Multi Tripodes 2020, un strandbeest costaud à 36 patte

L’ancien ingénieur créé ses bêtes à partir de tubes en PVC, de bois et de plastique recyclé, tout en se fiant à la théorie de l’évolution génétique. L’objectif est de guider ses “créatures” vers un design de plus en plus performant et les rendre de plus en plus autonomes. L’évolution de ses créatures est extraordinaire, les strandbeests ont appris à défier les tempêtes de sable en décollant un peu. Initialement, elles s’embourbaient dans le sable, elles n’arrivaient pas à marcher, jusqu’à être progressivement enterrées. Puis elles ont réussi à se déplacer et aujourd’hui il existe même une nouvelle bête qui peut voler jusqu’à six mètres de haut, le sable soufflant juste en dessous. Une façon, pour Theo Jansen, de rester dans le monde du merveilleux et de l’enfance. 

Strandbeest nouveauté 2022

Alors que la plupart perçoivent les Strandbeest comme une simple œuvre d’art, d’autres considèrent ces sculptures comme une inspiration hors du commun. 

Et pour cause les scientifiques de la NASA s’inspirent de Theo Jansen pour développer une technologie capable de résister aux conditions difficiles de la planète Vénus. Ils construisent un rover Venus nommé Automation Rover for Extreme Environments (AREE), qui s’inspire principalement de Theo Jansen. Bien que la Terre et Vénus soient très similaires en taille et en distance par rapport au soleil, les caractéristiques de Vénus mettent au défi les scientifiques.

Vénus, avec ses nuages ​​d’acide sulfurique et ses températures supérieures à 450°C est l’un des environnements planétaires les plus hostiles du système solaire. Seule une poignée d’atterrisseurs soviétiques et une sonde Pioneer ont pu atteindre sa surface. Les atterrisseurs robustes n’ont survécu que 23 à 127 minutes avant que l’électronique ne tombe en panne. Peu de progrès ont été réalisés au cours des 30 années suivantes. Alors que les recherches s’essoufflaient, les scientifiques se sont penchés vers l’artiste néerlandais qui leur a permis de relancer des idées; le rover aura des jambes du mécanisme Jansen qui seront guidées par un ordinateur mécanique et un système logique, programmé pour mener à bien la mission. En utilisant des alliages à haute température, le rover survivra pendant des semaines, voire des mois, lui permettant de collecter et de renvoyer de précieuses données scientifiques telles que la vitesse du vent, la température et les événements sismiques. 

Fabriqués si joliment et méticuleusement, ces Strandbeests sont des manifestations des arts, des sciences et de l’ingénierie travaillant ensemble de manière cohérente. Un tel chef-d’œuvre est une démonstration puissante de ce que l’art peut faire et fera un jour pour l’avenir du monde que nous connaissons.

Theo Jansen est la preuve vivante que les arts et les sciences peuvent cohabiter à la perfection.

Ingrid Chausset DNMADE JO 15 – Avril 2023

A.I. Intelligence artificielle

C’est au XXè siècle que les scientifiques s’interrogent sur des conséquences possibles du développement des Intelligences artificielles pour la première fois. C’est le mathématicien britannique Alan Turing qui ouvre le débat. Il étudiait les machines dont le fonctionnement s’inspire de la neurobiologie et du traitement des informations en vue de prendre des décisions. Depuis, cette question qui est au centre de nos préoccupations actuelles est encore soulevée.

« La création d’une intelligence artificielle serait le plus grand événement de l’histoire de l’humanité. Mais il pourrait aussi être l’ultime »

Stephen Hawking

De ce fait, les intelligences artificielles pourront-elles nous remplacer un jour, et plus précisément dans les métiers de la création ?

Dans son film A.I. Intelligence artificielle, Steven Spielberg met en scène des robots dont les caractères physiques sont très semblables à ceux des humains. Mais ce qui interpelle le plus est la présence des sentiments chez ces intelligences artificielles.

A.I. Intelligence Artificielle, Steven Spielberg, 2001

Ces capacités cognitives sont mises en avant lors de l’exposition « Neurones, les intelligences simulées » en 2020 au Centre Pompidou. Elle explore le thème de l’intelligence artificielle dans la création artistique en exposant des oeuvres spectaculaires et stupéfiantes comme la vidéo de Refik Anadol où l’on peut voir des formes mouvantes créées à partir des pensées de 800 volontaires captées par un encéphalogramme et traduites par un algorithme.

« Neurones, les intelligences artificielles » Centre Pompidou, 2020

Cette oeuvre interroge sur la légitimité des intelligences artificielles dans l’art : un algorithme peut-il créer de l’art ?

« L’intelligence artificielle peut être créative … On l’oblige à créer un visuel inédit »

Hugo Caselles-Dupré

Pour imiter artificiellement les créations artistiques humaines, les algorithmes utilisent le Deep Learning, une technique qui consiste à utiliser des réseaux de neurones artificiels pour mimer les actions du cerveau humain. Grace à cet apprentissage automatique, il est possible de créer des modèles génératifs qui vont produire de nouveaux exemples à partir des données de l’apprentissage, comme Dall-E qui est un modèle génératif texte-à-image.

Aujourd’hui, il est très facile de créer un dessin en un clic grâce aux algorithmes comme Dall-E, Midjourney ou Stable Diffusion, et du style de notre choix. Ces IA ont déjà commencé à remplacer certains métiers artistiques. En effet, le ballet de San Francisco a utilisé Midjourney pour créer les visuels publicitaires pour promouvoir la représentation du Casse-Noisette.

Affiche publicitaire pour Casse-Noisette créée grâce à l’algorithme Midjourney

L’utilisation de ces algorithmes a franchi un pas de plus dans le domaine de l’art en octobre 2018 lors d’une vente aux enchères de la maison Christie’s, épicentre du monde de l’art traditionnel. Cette vente est le Portrait d’Edmond de Belamy réalisé par un groupe de trois français nommé Obvious qui a été acquise pour 432 500 dollars soit 45 fois son estimation première. Cette toile réalise donc l’exploit d’être la première oeuvre vendue aux enchères réalisée par une intelligence artificielle. Elle a nécessité plus de 15 000 portraits classiques pour nourrir l’algorithme grâce au Deep Learning. Cette technique très aboutie a valu la qualification d’oeuvre « beaucoup plus proche de ce que nous produisons en tant qu’humains” par Richard Lloyd, le respondable des imprimés chez Christie’s. Il a laissé entrer cette oeuvre pour sensibiliser les spectateurs au sens des techniques utilisées et ses implications dans le domaine artistique. De plus, le portrait a été signé par l’équation du programme l’ayant généré, ce qui lui donne le titre de concepteur et de réalisateur.

Portrait D’Edmond de Belamy, Obvious

Cependant, les artistes ne sont pas tous séduits par ces nouvelles techniques pour des soucis d’éthique car les images utilisées ne sont pas forcément libres de droits ce qui a donné lieu à l’émergence d’un hashtag #CreateDontScrape.

Les incroyables capacités développées chez les intelligences artificielles en effraient plus d’un. Si les réseaux de neurones existent également chez les machines et leur permettent de concevoir de l’art, où se trouve maintenant la différence avec un artiste humain ?

« L’IA est un outil ! Elle remplace l’artiste autant que l’appareil photo remplace le photographe »

Valentin Schmite

Il faut donc comprendre que l’intelligence artificielle est un support pour concevoir de l’art. Par exemple, l’architecte Zaha Hadid combine ses talents de designer à l’utilisation de paramètres informatiques pour créer des bâtiments à l’allure organique, comme l’Opus Hotel à Dubai. Ses créations vibrantes et déconstruites avec les logiciels informatiques lui ont valu d’être la première femme à obtenir le prestigieux Pritzker Prize en 2004 équivalent à un prix Nobel de l’architecture. Zaha Hadid utilise l’intelligence artificielle appelée dans son activité « l’architecture paramétrique » qui lui permet de configurer plusieurs paramètres afin d’obtenir plusieurs résultats différents avec un gain de temps impressionnant. De plus, l’artiste peut créer des formes complexes extrêmement créatives impossibles à concevoir avec les méthodes traditionnelles. Zaha Hadid peut ainsi s’appuyer sur cet outil pour corriger ses premiers modèles s’ils ne correspondent pas aux contraintes et aux exigences du terrain. Le déploiement des intelligences artificielles permettrait de réduire considérablement les temps de conception et d’explorer tous les aspects du projet avant sa réalisation pour augmenter les niveaux de sécurité sur le chantier. Elle aboutirait également à la construction de bâtiments plus efficaces et plus durables.

Opus Hotel à Dubai, Zaha Hadid

De cette manière, les IA ne doivent pas effrayer car elles ne remplaceront pas les architectes mais elles aideront à simplifier les travaux pour les rendre concevables.

Les Inteligences Artificielles possèdent donc des grandes capacités pour créer des images de haute qualité… ou presque. Il ne faut pas oublier que le principe du Deep learning est de nourrir d’images un algorithme pour lui permettre d’en créer de nouvelles. Or, si les images sont trouvées en quantité sur internet, elles ne sont pas toutes de qualité. En effet, les mains ne sont pas toujours bien visibles sur les images utilisées par les codeurs ce qui pose problème aux IA qui ne peuvent donc les reproduire avec exactitude. Mais cela signifie surtout que les algorithmes n’ont pas la notion de ce qu’ils créent, ce qui les différencient bien des artistes humains. C’est cette conscience qui nous permet de créer des œuvres qui ont du sens et qu’il faut que nous mettions derrière chaque algorithme. Les IA ne sont pas à bannir car elles représentent des avantages conséquents mais elles ne pourront pas nous remplacer dans tous les domaines. Il faut l’utiliser comme un outil et la corriger de temps en temps car maintenant, les erreurs ne sont pas qu’humaines.

Huffigton post, Les IA ne savent pas dessiner ce détail du corps, et c’est gênant

Frederic Migayrou, le commissaire de l’exposition “Neurones, les intelligences simulées” explique que le rôle des artistes face à ces intelligences artificielles est de construire un discours critique amenant le public à s’interroger lui-même sur ces technologies. Malgré les recherches suisses de simulation cognitives dans le cadre de l’Human Brain Project, le cerveau humain demeure trop complexe pour le comprendre entièrement avec nos moyens actuels. Les images générées par les IA doivent donc servir de base de travail mais pas comme de l’art à part entière, les machines n’ont pas cette capacité d’imagination ni d’esprit d’originalité qui fait la distinction entre un humain et une intelligence artificielle.

SOURCES :

https://www.centrepompidou.fr/fr/programme/agenda/evenement/cbEr6Ko

https://www.lalibre.be/culture/arts/2018/10/29/le-portrait-dedmond-de-belamy-un-tournant-de-lart-DWIV5CPUB5GX7EEXRVXX46ILOY/

https://www.philippeclauzard.fr/2020/02/l-intelligence-artificielle-une-artiste-a-part-entiere.html

https://www-bfmtv-com.cdn.ampproject.org/v/s/www.bfmtv.com/amp/tech/les-intelligences-artificielles-vont-elles-remplacer-les-artistes_GN-202301120101.html?amp_gsa=1&amp_js_v=a9&usqp=mq331AQKKAFQArABIIACAw%3D%3D#amp_tf=Source%C2%A0%3A%20%251%24s&aoh=16755947262369&referrer=https%3A%2F%2Fwww.google.com&ampshare=https%3A%2F%2Fwww.bfmtv.com%2Ftech%2Fles-intelligences-artificielles-vont-elles-remplacer-les-artistes_GN-202301120101.html

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/affaire-en-cours/l-intelligence-artificielle-peut-elle-remplacer-les-artistes-9733917

https://www.beauxarts.com/grand-format/lintelligence-artificielle-va-t-elle-remplacer-les-artistes/

https://www.huffingtonpost.fr/science/video/les-ia-ne-savent-pas-dessiner-les-mains-voici-pourquoi_213943.html

Adèle CHESNEAU DNMADE1 – JO

L’avenir de la gemmologie serait-il dans notre poche ?

Au premier abord, identifier une pierre par sa couleur paraît simple. Vert pour l’émeraude, rouge pour le rubis, bleu foncé pour le saphir et incolore pour le diamant. Pourtant, lors de l’identification d’une gemme, la couleur est le facteur le plus trompeur ! Deux gemmes très différentes comme le grenat et le rubis par exemple peuvent avoir des teintes très similaires alors qu’elles possèdent des systèmes cristallins et des caractères optiques divers. Il est donc très facile de se faire tromper par des imitations de belles couleurs. Il faut conduire des analyses au polariscope et au réfractomètre pour pouvoir les identifier avec certitude, ce qui n’est pas toujours facile sur les stands de vente. Il existe cependant une méthode d’identification qui pourrait être développée pour fonctionner avec notre téléphone portable : la spectroscopie. Faisons un zoom sur cette méthode d’identification.

Pourquoi voit-on les gemmes de toutes les couleurs ?

Pour comprendre le fonctionnement de la spéctroscopie il faut d’abord comprendre d’où vient la couleur d’une gemme. Il faut savoir que les couleurs que nous voyons au quotidien résultent de la perception par les yeux de vibrations électromagnétiques de certaines longueurs d’ondes.

Spectre du visible ( d’environ 400 à 800 nm)

L’œil humain perçoit des ondes uniquement comprises entre 400 et 800 nano-mètres environ, ce qui correspond au spectre du visible. Le mélange de toutes ces couleurs donne ce qui est appelé la lumière blanche, la lumière émise par le soleil.

Ce qui fait que nous voyons des objets de couleurs différentes c’est que les matières, et les cristaux notamment, absorbent certaines ondes et en laissent passer d’autres. Si une seule de ces ondes, correspondant à une certaine couleur, est absorbée, le mélange des ondes restantes arrivera jusqu’à notre oeil et lui donnera une perception colorée.

Par exemple, l’absorption du vert donne une vision de rouge. Si toutes les longueurs d’ondes traversent la gemme sans obstacle, celle-ci sera incolore, comme c’est le cas du diamant alors que si, au contraire, toute la lumière est absorbée, la gemme paraîtra noire. Ainsi, le mélange des ondes de couleurs non absorbées détermine la couleur de chaque gemme. Pour déterminer la couleur d’une matière on peut s’aider d’un diagramme de couleur (image à droite). Il suffit de regarder quelle couleur fait face à celle absorbée pour obtenir la teinte finale de notre matière, comme le rouge avec le vert.

Mais qu’est-ce qui absorbe ces ondes dans les gemmes ?

Maintenant que nous avons compris pourquoi nous percevons les gemmes de différentes couleurs, il est crucial de se demander qu’est ce qui absorbe les ondes colorées dans les cristaux. Dans notre cas, c’est surtout la présence d’atomes de métaux et leurs liaisons dans la structure chimique cristalline qui s’imprègnent de ces ondes. Chacun d’entre eux absorbe des longueurs d’ondes bien précises, et contribue ainsi à la coloration de la pierre.

Généralement, on retrouve dans les gemmes ces principaux atomes responsables de l’absorbtion : le titane, le vanadium, le chrome, le manganèse, le fer, le cobalt, le nickel et le cuivre. Le chrome est, par exemple, à l’origine de la couleur rouge, on le retrouve dans le rubis. Le vert quant à lui peut provenir du fer. Il est présent dans péridot qui à pour formule chimique MgFe2SiO4. 

Comment fonctionne la spectroscopie et à quoi ça sert ?

La couleur provient donc de la structure atomique de la pierre que l’on souhaite étudier. C’est justement ce qui intéresse la spectroscopie. Chaque gemme, en fonction de sa famille, de sa couleur et de sa provenance à une structure unique qui absorbe donc différentes ondes déterminant sa couleur. Lors d’une analyse spectroscopique nous obtenons des spectres d’absorption. C’est à dire une bande arc-en-ciel sur laquelle va apparaître des bandes noires, qui correspondent aux longeurs d’onde absorbées. 

Ainsi, une gemme a un spectre d’absorption spécifique et très caractéristique grâce au caractère unique de sa structure. Nous pouvons citer pour exemple la topaze rose, qui a une seule bande à 682 nanomètres. Ou encore la turquoise qui possède une bande moyenne à 432 nanomètres et de faibles bandes à 460 et 422 nanomètres. 

Ainsi, observer le spectre d’absorbtion d’une gemme inconnue et le comparer à des spectres de pierres connues permet de l’identifier. Cette méthode d’analyse de l’absorbance a aussi pour avantage de permettre la distinction entre des gemmes de même densité, qui ont le même indice de réfraction ou d’examiner les pierres brutes, montées ainsi que les cabochons. Enfin, cette méthode permet de différencier certaines pierres naturelles, synthétiques ou d’imitation. 

Aujourd’hui, l’émergence d’intelligence artificielle permettrait de comparer des spectres d’absorbtion de manière fiable et efficace et ainsi d’identifier rapidement des gemmes au moyen d’un appareil connecté à son smartphone. L’avenir de la gemmologie pourrait bien reposer sur le développement de cette méthode d’analyse, la spectroscopie.

TAKACS Harmonie – DNMADe15JO – Février 2023

Quand la légende rentre dans la science

Les Dark Watchers ou veilleurs sombres

Créature mythologique, légende urbaine ou réalité : situé au fin fond du brouillard californien, d’énormes personnages ombrageux terrorisent les habitants locaux depuis plus de 300 ans. Appelés les « Dark Watchers » (traduit par «  veilleurs sombres »), ils observent les Hommes depuis leur 3 mètres de haut sans jamais intervenir.

Perception des Dark Watchers par la population locale

Un mythe persistant depuis 300 ans

Dans les montagnes de Santa Lucia, situées sur la côte centrale de la Californie, nombreux sont ceux qui ont déclaré avoir observé de grandes silhouettes sombres, sans caractéristiques spécifiques, semblant parfois porter une longue cape et un chapeau à bord. Dans ce cas-ci, il ne s’agit pas de légende urbaine, dans la mesure où de tels phénomènes sont observés dans la région depuis au moins 300 ans. Si on les connait aujourd’hui sous le nom de « Dark Watchers », dans les années 1700, les premiers explorateurs espagnols et les éleveurs mexicains de la région les ont appelés « Los Vigilantes Oscuros » (traduit par « les observateurs noirs »).

Selon les légendes locales, ces grandes ombres perchées en haut des montagnes sont des êtres migrateurs, dotés de capacités surnaturelles qui leur permettent notamment d’avoir une audition et une vue bien au-dessus de la normale, a rapporté une journaliste. Comme les corbeaux, ils auraient le pouvoir de sentir la présence d’arme à feu et l’odeur des plastiques et des revêtements résistants aux intempéries, leur permettant ainsi d’éviter toutes interactions inopinées avec des êtres humains. Ils sont également immunisés contre la détection de haute technologie et ne se révèlent qu’aux randonneurs simplement équipés de bâtons et de chapeaux.

Cette étrange légende locale à par ailleurs intéressé certains individus les attirant à se lancer dans une chasse aux Dark Watchers, sans succès. Malgré cela certains voyageurs artistes en ont fait leur propre interprétation. Comme par exemple Eduardo Valdés-Hevia avec son œuvre Les veilleurs des ténèbres. (ci-contre)

Une légende liée à une autre

La légende des Dark Watchers est étroitement liée aux tribus amérindiennes locales. En effet, bon nombre d’entre elles ont transmis l’histoire de ces ombres étranges dans leurs traditions orales. Certaines de ces traditions racontent notamment que si une personne veut s’entretenir avec un Dark Watcher, il faut qu’elle lui fasse un cadeau, a rapporté SFgates. En revanche, on ignore ce qu’il donne en échange de ce cadeau. Par ailleurs, si ces grandes ombres que l’on ne peut généralement observer qu’au crépuscule semblent effrayantes, tous ceux qui ont pu les observer les décrivent comme étant des observateurs plutôt que des menaces.

Légende ou science ?

Quant à savoir qui ou ce que sont réellement les Dark Watchers, personne ne le sait. Leur origine ainsi que leur but restent également un mystère. D’un point de vue plus pragmatique, certains chercheurs affirment que ces êtres sombres et menaçants qui semblent nous observer ne sont que le fruit de notre imagination. Plus précisément, il s’agirait d’une paréidolie : un phénomène psychologique qui se manifeste par une tendance à une perception erronée d’un stimulus vague et aléatoire, entraînant alors l’attribution d’un motif ou d’une signification tout aussi erronée à ce stimulus.

Les scientifiques ont également expliqué qu’il est tout à fait possible que ces grandes ombres menaçantes existent bel et bien, mais qu’il s’agit juste d’un effet de la lumière en interaction avec d’autres paramètres environnementaux, comme la pluie et le brouillard. Pour renforcer cette théorie, il a notamment été expliqué que des figures spectrales du même genre que les Dark Watchers peuvent également être observées dans les montagnes écossaises. Et ces phénomènes n’ont rien de mystique puisqu’il s’agit de l’ombre des personnes qui les observent. En fait, un tel phénomène se produit naturellement lorsqu’une personne se tient au-dessus de la surface supérieure d’un nuage – sur une montagne ou sur un terrain élevé – avec les rayons du soleil derrière elle, a rapporté BBC.

Photographie par un voyageur d’un Dark Watchers

Les Dark Watchers ont donc marqué les esprits des populations locales en les effrayant de part leur existence surnaturelle inexpliquée. Ils ont rapidement conquis le monde et amené des visiteurs de différents pays à les pourchasser pour en avoir l’explication. Cela restera à jamais un échec menant certains artistes a les représenter ou encore certains scientifiques à y faire des hypothèses encore improuvés aujourd’hui.

La fascinante double fente de Young

Je vais vous parler d’une expérience considérée comme l’une des plus intrigantes de la physique, la double fente de Young (aussi appelée fentes de Young).

Cette expérience scientifique a été réalisée en 1801 par le physicien Thomas Young, elle consistait à faire interférer deux faisceaux de lumière issus de la même source, en les faisant passer par deux fentes dans une plaque opaque (comme sur l’image ci dessous), puis d’observer les résultats. Elle a permis de se rendre compte de la nature ondulatoire de la lumière.

Déterminer l'écart entre les fentes à l'aide de la longueur d'onde, de la  distance bifentes-écran et de l'interfrange d'interférences - Tle -  Exercice Physique-Chimie - Kartable

Mais ce qui nous intéresse aujourd’hui c’est une adaptation de cette expérience, à la seule différence que plutôt que d’envoyer un faisceau lumineux, nous allons envoyer des électrons à travers les fentes, mais les uns après les autres. Se faisant, il est possible d’observer les électrons de manière individuelle, on écarte donc toute piste d’interférence des électrons entre eux.

Les figures d’interférences

Ce que l’on peut observer de cette expérience est une alternance de zones claires et sombres (sur la figure d), pour expliquer ce phénomène il faut d’abord comprendre comment se comporte une onde à travers ces fentes. (schéma ci-dessous)

Si nous lançons une onde (semblable à une vague qui se propage à la surface de l’eau) en passant par les fentes, elle donne alors deux ondes plus petites qui interfèrent entre elles, ce phénomène permettrait d’expliquer le caractère des résultats observés sur la plaque F, que l’on appelle « figures d’interférences ». Ce qui est invraisemblable dans l’expérience dont nous traitons aujourd’hui, c’est que nous avons lancés les électrons uns par uns ! Alors comment se fait-il que nous observions le même résultat ?

En fait nous sommes confrontés au principe de dualité onde-corpuscule.

Dualité onde-corpuscule : Principe selon lequel tout objet quantique peut présenter parfois des propriétés d’onde et parfois des propriétés de corpuscule.

L’électron va passer par les deux fentes en même temps, oui j’ai bien dit les deux fentes en même temps. (Figure 1)

Il va ensuite interférer avec lui même à la manière d’une onde mais au moment de venir frapper la plaque, on se rend compte que l’on observe un seul impact, comme si l’électron était passé de l’état d’onde à l’état de particule, c’est en effet le cas (cette fameuse dualité onde-corpuscule). (Figure 2)

C’est seulement à force d’envoyer des électrons par les fentes, que l’on voit apparaitre petit à petit ces figures d’interférences. (Figure 3)

Maintenant que l’on a compris l’expérience, imaginons que nous placions un détecteur devant l’une des fentes. (Figure 4)

De manière à comprendre par quelle fente l’électron est vraiment passé, nous allons en fait observer un tout autre résultat sur la plaque, en effet elle devient alors couverte d’électrons ! Mais alors pourquoi ? En fait lorsque l’on observe cet électron, on le contraint à revenir à l’état de particule. (Figure 5)

Depuis, cette expérience à été effectuée maintes fois et même avec des atomes mais aussi des molécules, le résultat reste toujours le même. On en conclue donc qu’un atome ou autre objet quantique dans le cadre de cette expérience, présente un état d’onde jusqu’à ce qu’il soit contraint à changer de forme (dû à un observateur ou à un objet physique).

Cette opposition avait d’ailleurs été faite par Erwin Schrödinger grâce à son expérience de pensée « Le chat de Schrödinger ».

La double fente de Young nous force à nous questionner sur la limite du macroscopique et du microscopique, où se trouve donc cette barrière ?

« Nous pouvons apprivoiser le monde quantique à l’aide de nos mathématiques, mais cela ne l’empêche pas d’être étrange, plus étrange même que tout ce que peut nous proposer notre imagination. »

Heinz Pagels

BAVOUX G. – DNMADe1Ho – Février 2023

Si l’art et la lumière faisaient le monde de demain ?

« Le soleil peut fournir en une heure, assez d’énergie pour nourrir le monde entier en électricité pendant un an.”

Dans notre société actuelle, la demande en énergie augmente de jour en jour. De nombreux scientifiques ont cherché à subvenir à ce besoin. C’est la designeuse Marjan VAN AUBEL qui à peut-être trouvé la solution. Elle affirme que : “ Si nous intégrons l’énergie solaire dans notre vie quotidienne, si nous la rendons belle et accessible, nous pouvons la démocratiser à grande échelle ”.

Marjan VAN AUBEL est une jeune néerlandaise de 37 ans basée à Amsterdam. Elle a pour but de faire évoluer notre vision de la technologie solaire en la rendant belle et accessible à tous. C’est une fois diplômée de la Gerrit Rietveld Académie, qu’elle décide de partir poursuivre ses études aux Royal College of Art, à Londres. Là-bas elle fait la rencontre du chimiste Suisse Michael GRAETZEL, qui, dans les années 1990, à inventé les cellules solaires à pigment photosensible. C’est en continuant ces travaux, qu’elle à pu créer toute une gamme de panneaux solaires.
En 2019, lors d’une conférence au Ted TALK, elle explique que “le soleil peut fournir en une heure, assez d’énergie pour nourrir le monde entier en électricité pendant un an.”

Ces panneaux solaires fonctionnent grâce à une couche de dioxyde de titane – faisant office de nano-éponge pour le colorant – imprimée entre deux feuilles de verre. Lorsqu’un photon (= rayon du soleil) frappe cet assemblage, de l’électricité se forme. Une fois l’énergie récupérée, elle est stockée dans une batterie.
Tout au long de la journée, les couleurs de l’objet changent en fonction de la position du soleil. Cela contribue au maintien d’une température adaptée. La couleur des panneaux solaires laisse passer un spectre lumineux compris entre 400 et 700 nanomètres, soit légèrement plus petit que le domaine du visible, ce qui bloque uniquement les infra-rouges et les ultraviolets.

Allier esthétique et technologie est essentiel dans le travail de la designeuse. Son dernier projet, la lampe Sunne, est une lampe d’ambiance auto-alimentée qui emmagasine la lumière du jour et la stocke dans une batterie. Elle peut ainsi éclairer une pièce toute une nuit. C’est ce projet Sunne qui représente le point de départ d’une série de produits accessibles à tous, il contribue à faire prendre conscience de la façon dont l’énergie solaire peut être intégrée dans notre quotidien.

Autres exemples d’objet de la vie courante, son projet Current Table, est un panneau en verre reposant sur deux trépieds. Un courant électrique y est produit à l’intérieur, sans avoir besoin d’une lumière solaire directe. Cela permet d’alimenter les deux prises USB présentes dans la table. Sa tapisserie réalisée à partir de bandeaux photovoltaïques souples dont elle mélange les couleurs et les formes est aussi une belle promesse pour les besoins en énergie dans le monde. Les cellules solaires utilisées dans cette tapisserie sont largement plus fines et plus légères que les cellules classiques en silicone.  Elle permet de récolter la lumière du jour et de la restituer dès que cela devient nécessaire. 

Actuellement, la designeuse et son équipe travaillent sur l’idée de faire de l’énergie solaire la principale source d’énergie de demain, que se soit avec les façades des bâtiments, des vêtements, des tableaux… Car toute surface permettrait – selon elle – de stocker de l’énergie.

Ecrit par DUCLOS Coralie (DNMADE 1 Ho) – octobre 2022

Le quotidien bouleversé par les maquillages fx

Les maquillages fx sont présent dans notre mode depuis bien longtemps déjà, durant
l’antiquité ils étaient utilisés dans des pièces de théâtre pour donner plus de réalisme. C’est toujours le cas aujourd’hui même si les techniques de maquillage et de prothèse ont beaucoup évolué, elles ont profité de l’expansion du monde du cinéma pour s’imposer autant que possible dans ce domaine. De nos jours nous ne voyons que très peu de films ou de séries qui ne contiennent pas de maquillage fx. Même si ils sont de plus en plus remplacés par de l’informatique, de nombreux réalisateurs font le choix de garder une mise en avant des maquillage fx dans leur travail pour leur authenticité, comme Juan Antonio Bayona (réalisateur de jurassic world).

Mais les maquillages fx sont aussi présents dans notre quotidien mais de manière plus discrète. Depuis la seconde guerre mondiale et la première femme chirurgienne esthétique, Suzanne noël, les maquillages fx sont mis au jour et à la vue du grand public. Notamment avec les gueules cassées, ces soldats qui se sont vus défigurés et mutilés principalement à cause d’éclats d’obus. C’est alors que on voit l’apparition de prothèses maxilo-faciales afin de dissimuler les dégâts causés par cette guerre. Cependant ces techniques reconstructives qui permettent aux patients de mieux appréhender leur retour dans le monde extérieur et mieux accepter leur difformité sont beaucoup moins utilisées par la suite car elles sont trop contraignantes et chères. Mais depuis quelque année les progrès techniques, leur permettent d’être de nouveau utilisées en médecine. Elles sont de nos jours beaucoup plus agréables à porter avec un coup de production moins cher. Même si ce dernier reste élevé. Elles sont principalement utilisées pour les personnes atteintes de cancer facial, cancer des yeux, des lèvres du nez ou aussi des oreilles. Elles sont aussi utilisées pour camoufler certaine malformations génétiques

Les prothèses sont designées par l’épithésite. Il travaille sur la base d’un moulage de la zone atteinte. Puis il retravaille sont moulage avec de la plastiline pour lui donner l’aspect désiré. Elle sera ensuite recouverte de silicone pour former la prothèse finale Elle est ensuite colorée à l’aide de pigments travaillés sur la prothèse couche par couche pour présenter tous les aspects de la peau et de la mélanine. Puis pour les prothèses les plus couteuses on y ajoute des poils un à un à l’aide d’une aiguille.

Elles sont finalement fixées sur le patient via plusieurs systèmes, par des colles ou le plus souvent par des systèmes de vis ou d’aimant, ou un des socles est fixé dans l’os du patient.
Ces mises en place technique permettent de changer la vie de beaucoup de personnes, qui ont été détruites par une maladie ou un accident, et leur permettent de guérir mentalement.

Janis J. – DNMADe1JO – Octobre 2022

The Poison Squad ou La brigade des empoisonnés volontaires …

          Ces derniers jours, nos médias nous alertaient sur les nombreux scandales alimentaires liés aux industriels du secteur qui ne respectent pas si bien les normes d’hygiène établies pour la sécurité des consommateurs, mais ces scandales sont-ils le reflet de notre époque ou ont-ils toujours existé ?…

          C’est alors que je me suis rappelé le visionnage d’un très bon documentaire Arte il y a quelques années sur une mystérieuse brigade menée par Harvey Willey, chimiste américain (1844-1930). Nous sommes alors à la fin du XIXème siècle, certains pays comme la France, l’Allemagne ou la Grande Bretagne possèdent déjà quelques législations alimentaires permettant de contrôler l’origine et la qualité d’un produit industrialisé. Harvey se trouve justement en France et celui-ci est frappé par le contrôle exercé, il est vrai qu’aux États-Unis l’état ne s’intéresse pas aux pratiques des industriels, par désintérêt mais aussi par intérêt et pourtant la vérité n’est pas si flatteuse …

Harvey Washington Wiley 

        De retour dans son pays, Harvey n’a plus qu’une obsession, découvrir cette vérité. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il ne sera pas déçu, et bien qu’il fasse découverte sur découverte l’état américain rejette ces demandes et craint le scandale. C’est alors qu’Harvey émet l’idée brillante d’associer les journalistes du Washington Post à son combat, avec eux pas moyen que les américains continuent de manger en ignorant ce qu’ils ont dans l’assiette.

        1902, Harvey Wiley passe une annonce bien particulière dans les journaux, il cherche 12 volontaires pour expérimentations alimentaires en échange de repas gratuit (après la guerre de Sécession bon nombre d’américains n’ont plus les moyens de s’alimenter il y aura plusieurs centaines de candidats). Les 12 volontaires sont vite trouvés, le chimiste les choisit de bonne condition physique, robuste et jeune pour ne pas influencer les résultats. Le groupe est divisé en deux, ceux qui recevront de la nourriture empoisonnée et ceux qui recevront une nourriture saine, aucun des hommes ne sachant dans quel groupe il se trouve. Les résultats apparaissent très vite : douleurs digestives, nausées, troubles neurologiques,…

        Journalistes et lecteurs se passionnent pour le Poison Squad et bientôt l’opinion publique manifeste pour que des mesures soient prises. Ils seront rejoints par les groupes hygiénistes féminins et les femmes activistes comme sa femme, Anne Kelton Wiley (1877-1964) qui distribueront prospectus, feront des campagnes de sensibilisation dans les milieux sociaux défavorisés. Nous sommes maintenant en 1906, le congrès adopte le Pure Food and Drug Act après le soutien du président Roosevelt. Grâce aux efforts et à l’acharnement d’Harvey Washington Wiley, les industriels sont désormais contraint à la transparence auprès du grand public. 

The Poison Squad presque au complet entouré par Harvey W. Wiley

           Alors maintenant je peux vous révéler quelques découvertes d’Harvey mais je vous préviens, ayez l’estomac bien accroché ! Vous aimez les petits-pois ? Ceux-ci étaient bien verts grâce au sulfate de cuivre (qui sert désormais à nettoyer nos piscines). Le miel et le sirop d’érable du Vermont ?.. du sirop de maïs. La plupart des alcools étaient coupés au bitume, le lait était blanc comme neige à l’aide de craie et de conservateurs servant à l’embaumement des corps… et l’une des affaires les plus tragiques concerne un produit très apprécié des enfants depuis son invention : le bonbon.

        Au XIXe siècle la mode est aux bonbons colorés qui attirent l’œil des enfants sur le comptoir des épiceries. Pour obtenir un vert bien éclatant les industriels utilisaient un pigment vert inventé par un chimiste, Wihelm Scheele composé de potassium, arsenic blanc et cuivre. Vous voyez déjà l’absurdité ? Bientôt des enfants ressentiront de violentes nausées et certains ne survivront pas. Une ordonnance parisienne en 1830 interdit l’usage de ses substances, les stocks sont nombreux et les industriels envoient les bonbons en province (les contrôles ayant rarement lieu en Province) où ils feront encore des victimes. 

Les scandales alimentaires lié aux industriels sont donc nés avec ceux-ci qui encore aujourd’hui doivent répondre de leurs agissements souvent à déplorer. Pourrons-nous un jour faire totalement confiance à l’agro-alimentaire ou à nos services de sécurité sanitaire ? L’état est-il vraiment transparent avec nous ? Des questions auxquelles je compte mener une enquête… à suivre !

Pour poursuivre le débat :

– France Culture, Le Journal de l’Histoire : « Poison Squad ou l’avènement d’une conscience face à l’industrie agro-alimentaire »

– Arte, « La brigade des empoisonnés volontaires », John Maggio, 2019

Je vous conseille aussi le blog d’Amusidora et son article « Histoire macabre de la couleur verte » pour comprendre l’ampleur de l’usage d’un vert arsenic dès le début du XIXe siècle.

Diane C. – DNMADe1 JO – Avril 2022

FAUNA ou une histoire incroyable…

Le professeur émérite Peter Ameisenhaufen

1979. Cap Wrath au nord de l’Ecosse, deux amis, Joan Fontcuberta et Père Formiguera sont en vacances dans un cottage isolé en pleine nature. Le climat écossais est au rendez-vous, il fait froid et une tempête les empêche de faire leur randonnée hebdomadaire. Les deux compères s’occupent comme ils peuvent et bientôt toutes les activités d’intérieur étant faites, l’idée de se rendre dans la cave condamnée attise leur grande curiosité. Qu’elle fût leur surprise de se retrouver nez à nez avec une multitudes d’étagères où étaient disposés carnets, photographies, flacons de formol, instruments et animaux empaillés. Bien que l’orage s’arrête, les deux amis piqués d’interrogations continuent à explorer et déchiffrer le mystère. Tous les documents sont signés d’un certain Peter Ameisenhaufen. Après quelques recherches, il s’avère qu’Ameisenhaufen (1895-1965) est un zoologiste allemand, savant naturaliste de l’école néodarwiniste. Fontcuberta et Formiguera découvrent au fil des carnets que le zoologiste étudiait l’existence d’animaux que l’on pensait disparus, dont on ne connaissait pas l’évolution et de phénomènes tel que le monstre du Loch Ness. En repartant d’Écosse, les deux compères décident de ramener toutes les archives avec eux à des fins scientifiques. Les preuves sont multiples, les travaux sont réalisés avec la plus grande attention et bientôt de nombreux scientifiques s’accorderont sur la crédibilité des recherches, squelettes et animaux empaillés prouvant ainsi l’existence méconnue de nombreuses espèces. Je pourrais ainsi vous parler du Felix Penatus (découvert dans le Grand Atlas au Maroc) dont le squelette prouve que ce félin était pourvue d’ailes ou bien encore du Solenoglypha Polipodida, serpent possédant des pattes.

Reconstitution du squelette d’un Felix Penatus par le professeur Ameisenhaufen.

   Peter Ameisenhaufen est alors réhabilité en tant que grand scientifique ayant permis de résoudre l’évolution d’une trentaine d’espèces. Bientôt les musées et scientifiques interviendront auprès du public, le Musée Zoologiste de Barcelone est même le premier à exposer les découvertes qui seront suivies d’une multitude de conférences. On peut ainsi dire que Joan Fontcuberta et Père Formiguera réussiront à rétablir la mémoire d’Ameisenhaufen… 

Solenoglypha Polipodida

 

Exemple d’une page d’un carnet

… et vous vous dîtes que mon histoire s’arrête ici ?

Oui mais voilà, il s’agit d’une supercherie créée de toutes pièces par ces deux hommes qui s’avèrent être deux artistes; Joan Fontcuberta, artiste plasticien, photographe et Père Formiguera, artiste peintre et photographe. Pendant 4 ans, à l’abri des regards et avec la complicité d’un taxidermiste, ils vont créer tous les éléments nécessaires pour duper avec subtilité le monde scientifique. C’est un travail titanesque qui demande tout leur temps, ils se doivent d’être méticuleux, dans le détail pour que rien ne fasse défaut. Ils vont jusqu’à créer pour chaque espèce un mode de vie, un habitat, un comportement détaillé dans chaque carnet.

Ils sont conscients que ce qui crée la crédibilité est l’aspect scientifique. Il faut user des techniques et codes habituels (un langage scientifique soutenu, des recherches en quantité, des preuves visuelles…). Et cela fonctionne au-delà de leurs attentes ! À travers ce coup de génie se cache plusieurs réflexions concrètes ; en particulier notre rapport au monde et aux images. On accorde depuis son invention une certaine vérité incontestable à la photographie (dans les années 70-80 les montages photos sont encore rares). Fontcuberta joue du pouvoir des images et laisse la confusion nous gagner. Il vise aussi à prouver que les musées et institutions scientifiques ne sont pas toujours dans la certitude et qu’il est finalement facile de duper une autorité publique ou scientifique. Les deux artistes démontrent combien les apparences sont trompeuses si l’on baisse la garde et que nous devons nous méfier de ce que l’on veut bien nous montrer. Faut-il donc se fier à ce que l’on voit ? Nous pouvons nous poser cette question, nous qui sommes dans un monde d’images, un monde de plus en plus rapide où l’information règne. Il est normal d’appréhender ce que l’on voit si l’on se fie aux nombreux trucages et technologies employés. Nous ne pouvons donc pas nous limiter seulement à notre perception mais nous avons besoin également de croire au-delà de ce que nous voyons, sans jamais oublier de devoir douter.

      En tout cas le musée Zoologique de Barcelone a promis que l’on ne l’y reprendra plus !

Pour approfondir le sujet : 

Joan Fontcuberta est devenu depuis les années 1980 un spécialiste dans l’illusion et l’art de réaliser de faux contenus.

Autre oeuvres de Joan Fontcuberta :

Herbarium (1984) : Série de plantes imaginaires réalisées à partir de déchets.

Hydropithèque (2002-2012) : Installation de faux squelettes de Sirènes (toujours présents pour les curieux en Haute-Provence en France).

Fauna (livre lié à la supercherie), Joan Fontcuberta et Père Formiguera (1989).

Méditations métaphysiques, René Descartes (1641) pour apprendre à douter de tout.

Diane Cerda – DNMADeJo14 -Décembre 21

Le vampirisme… mythe ou légende ? Méfiez-vous de la littérature !

Aujourd’hui nous n’allons pas passer par quatre chemins : Le vampirisme est bel et bien une légende.

Pourquoi ? Parce qu’avant d’être un roman de Bram Stocker, avant de devenir une histoire qu’on raconte au coin du feu et avant d’être un film à l’eau de rose que Clara, 12 ans, regarde avec adoration, le vampirisme est une maladie appelée la protoporphyrie érythropoïétique.

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Dracula par Bram Stoker

Les porphyries constituent un groupe de huit maladies héréditaires du sang qui se présentent sous des formes différentes. Ce sympathique groupe au nom barbare qualifie les pathologies présentant un défaut de l’heme. L’heme permet de fixer le fer dans l’hémoglobine (hémo: le sang). L’hémoglobine est une protéine qui transporte l’oxygène dans le sang. C’est la liaison entre l’heme et le fer qui donne au sang sa couleur écarlate.

La couleur du sang

C’est bien beau tout ça mais quel rapport avec ces êtres au teint pâle, craignant la lumière ?

TOUT !  Les personnes porteuses de la protoporphyrie érythropoïétique sont anémiées. Elles ont donc le teint très pâle et  une peau extrêmement sensible à la lumière. Et oui ! Si l’heme ne parvient pas à fixer le fer, le sang n’a pas sa caractéristique rouge vif ! Dans le cas de nos vampires du dimanche, leur protoporphyrine IX s’accumule dans les globules rouges. Si on expose  la protoporphyrine IX à la lumière, elle produit des molécules qui endommagent les cellules autour. Les malades se retrouvent littéralement brûlés, présentent des gonflements, des cloques… En résumé, pour eux l’enfer est bien sur terre. Ces  réactions sont très violentes bien que cela soit loin de notre traditionnel tas de cendre romanesque.

Même un jour nuageux, il y a suffisamment d’UV pour provoquer chez les malades des cloques et une défiguration des parties exposées.»                         Affirme le Dr Barry Paw, de la division hématologie/oncologie du Boston Children’s Hospital

Mais alors que faire pour traiter cette maladie ? Des transfusions sanguines !

Les patients voient leurs états s’améliorer lorsque ceux-ci reçoivent du sang riche en heme et en fer…Ce moyen de guérison a dû activement participer à l’élaboration de notre légende. En effet, les malades devaient probablement se procurer par un moyen ou un autre du sang afin d’avoir une vie un peu moins pénible (ou juste pour rester en vie haha). De plus, à cause des rayons UV ceux-ci ne pouvaient vivre que la nuit ! Le reste vous vous en doutez bien… L’humain s’en est chargé ! «  Ce sont des monstres qui dorment dans des cercueils et qui se transforment en chauve-souris ». Aujourd’hui (enfin j’espère), on trouve ces histoires bien farfelues et pourtant on oublie souvent que par définition, une légende est basée sur des faits réels !  

Et maintenant, si je vous dis loup garou?

L’exemple des vampires ne vous a pas convaincu ? Pas de problème. Pour finir ce petit article , je vous ai déterré une  maladie derrière les lycanthropes. C’est tout simplement l’hypertrichose ! Souvent confondu avec l’hirsutisme, cette maladie provoque une pilosité extrême recouvrant tout le corps de l’individu. Les pauvres gens étaient obligés de se cacher et vivaient la plupart du temps rejetés par la société tant ils étaient craints par l’ignorante plèbe. C’est pourquoi,  une fois encore une légende a pu faire son apparition. Vous connaissez la recette on rajoute un peu de pleine lune, un peu de surnaturel et on a une bonne raison de rejeter l’inconnu. De plus, ces croyances ont été renforcées à l’apparition des « zoo humains » étant donné que de nombreuses personnes atteintes de l’hypertrichose y ont été exposées.

**Petit rappel, les zoo humains ont fait fureur au 19 siècle  !!! Plutôt récent non?:'(

Pour conclure, je vous invite à faire la parallèle entre la littérature et la science. Bien souvent on pense faire face à une histoire des plus insensée et finalement on se retrouve face à une explication des plus fondée… 

Eve B. – DNMADe14HO – Déc. 21

Les hologramme, un futur proche ?

Avec la crise sanitaire, l’interdiction des concerts, et des soirées certains ont eu la merveilleuse idée de nous plonger dans une fête digne de la science- fiction afin de nous faire rêver, danser sans bouger de chez nous ! Le 31 décembre 2020 , Tomorrowland le plus grand festival de musique électronique au monde ainsi que Jean Michel Jarre, auteur, compositeur et interprète, organisaient des concerts futuristes dans un décor uniquement holographique !

Un peu d’histoire !Credit: Bettmann Archive/Bettmann

Une image contenant des informations tridimensionnelles appelée hologramme est une projection obtenue via l’holographie, technique qui enregistre le volume 3D d’un objet grâce aux propriétés ondulatoires de la lumière. Cette idée d’hologramme est née en 1947 grâce à Dennis GABOR, ingénieur et physicien hongrois, avec l’avènement du laser le procédé se développe dans les années 60.

Fin des années 70, la science-fiction s’empare des hologrammes pour inventer des applications ou des moyens de communication futuristes, l’hologramme apparaît avec une force fascinante qui incarne le futur dans de grands classiques du cinéma hollywoodien. L’hologramme « le plus célèbre de l’histoire » est dans le premier épisode de la Saga Star Wars sortie en 1977, pour vous rafraîchir la mémoire c’est le message de détresse de la princesse Leila envoyé à Obi-Wan Kenobi et diffusé par R2D2 qui incite Luke Skywalter à se lancer dans l’aventure, et on en retrouve tout au long de la saga mais aussi dans de nombreux films tels que Retour vers le futur (1989), Minority report (2002), Avatar (2009), Iron Man et la saga des Avengers ou encore Jurassic World (2015)…

Et la musique dans tout ça ?

En 2017, Eric Prydz, Disc-Jockey et producteur Suédois, a marqué la foule avec son  concert EPIC 5.0 qu’il surnomme aussi «  Les plus grands hologrammes du monde », en offrant aux spectateurs une taille d’images holographique absolument hallucinante, avec un rendu final qui donnerait presque des frissons. Un petit frisson pour l’homme mais une grande prouesse pour l’humanité !

L’année dernière en décembre 2020, pour donner de la joie, espoir et magie à tout le monde deux grandes figures ont expérimenté l’hologramme

Jean Michel Jarre, auteur, compositeur et interprète Français connu pour son travail dans la musique électronique a créé un concert virtuel dans le décor holographique entièrement reconstitué de la cathédrale de Notre-Dame de Paris.

Tomorrowland le festival de musique électronique situé sur la commune de boom en Belgique quand à lui a réalisé son décor féérique autour de ces Dj qui jouaient sur fond vert.

Le futur est proche peut-être que dans quelques années les hologrammes seront présents dans notre quotidien…

BARRAL Mathilde – DNMADE1JO – Décembre 2021

Un génie sans cerveau ?

Présent sur Terre depuis près d’un milliard d’années…
Ni animal, ni plante, ni champignon…
Un
 des êtres vivants les plus primitifs et des plus simples avec son unique cellule…
Vous l’avez ?

LE PHYSARUM POLYCEPHALUM.

Quoi, vous ne le connaissez pas ? C’est peut-être parce qu’on l’appelle plus communément le « blob ». Cet organisme passionne les chercheurs. Thomas Pesquet, célèbre spationaute français, en a même glissé dans ses bagages pour l’ISS afin d’étudier son comportement dans l’espace.

Sa première apparition dans les médias se déroule dans les années 70 au Texas. Une dame trouve dans son jardin un drôle de mélange entre une omelette et ce que l’on pourrait qualifier de cookie jaune… En essayant à plusieurs reprises de le retirer de son jardin, les résultats n’en sont que peu concluants : il double de volume à chaque tentative, jusqu’au jour où il disparaît mystérieusement. Dans les journaux, on en vient jusqu’à parler d’extraterrestre… Intriguant non ? Pas tellement quand on voit l’image qui en est faite par la suite. En 1988, dans « The Blob » de Chuck Russel, un monstre gluant venu tout droit de l’espace s’incrustant par les interstices de votre cinéma, inspire à un film d’horreur et de science-fiction. Pourtant, ce n’est pas exactement l’idée qu’en a Audrey Dussutour…

Cette scientifique française est chercheuse au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) à Toulouse, spécialiste des fourmis et des organismes unicellulaires, coéditrice de revues scientifiques et aussi l’heureuse auteure du livre « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le Blob sans jamais oser le demander ». C’est une grande passionnée du blob !

Mais c’est quoi exactement le blob au fait ?

Pour être plus précis, il faut faire un tout petit peu de biologie, rien de bien méchant ne vous inquiétez pas ! Voici la carte d’Audrey Dussutour des « eucaryotes ».
Ce sont des organismes dotés d’un noyau qui renferme l’information génétique. Tout comme nous faisons partie du règne des Animaux, de la classe des Mammifères, et de l’espèce Homo Sapiens Sapiens, le Blob fait parti du règne des Amibozoaires, de la classe des Myxomycètes et de l’espèce Physarum Polycephalum (là, vous l’avez !). Il est apparu il y a environ 1 milliard d’années, bien avant le champignon, datant d’il y a 800 millions d’années, et les premiers animaux ressemblant à des hominidés, il y a 6 millions d’années. Il peut être de plusieurs couleurs et déteste la lumière. Il vit dans la nature souvent sur les écorces d’arbre humides, se nourrit de bactéries et de champignons (des flocons d’avoine en laboratoire) et peut atteindre 10m² !

Aussi, le Blob possède 1 seule cellule pour respirer, manger et se reproduire contre 100 000 000 000 000 de cellules pour l’être humain… Ce qui lui permet d’atteindre cette taille impressionnante ? La multitude de noyau que possède la cellule. En effet, le Blob se déplace en créant un réseau veineux et tout comme le font nos muscles, il contracte ses veines ou pseudopodes (les « bras » du blob) et fait aller et venir le cytoplasme qui le compose, ce qui lui permet de se déplacer jusqu’à… 1 cm à l’heure, voir 4 cm à l’heure lorsqu’il est trèèèès affamé ! Ainsi, le Blob avance grâce à de petites contractions et par ses flux de liquide ; il est animé au rythme de pulsations qui le font doubler de taille tous les jours.

Et puis pourquoi parle-t-on du Blob d’abord ?

Depuis le 12 octobre, ma mère – qui est institutrice – et sa classe participent à l’expérience éducative « Élève ton blob » lancée par le CNRS et le CNES consistant à envoyer un Blob à bord de l’ISS, et à inviter des classes à mener la même expérience que celle qui est menée en micropesanteur. Menée par Thomas Pesquet dans l’espace, elle est également réalisée sur la Terre par Audrey Dussutour et 4 500 établissements scolaires français.
Devant ce projet blobesque, ma curiosité et ma passion pour la nature m’ont tout de suite embarquée à suivre leurs expériences…

Physarum démontre une capacité fascinante à sortir d’un labyrinthe élaboré et complexe pour trouver de la nourriture en trouvant même le chemin le plus court pour optimiser le transfert de nutriments au sein de son organisme. Le blob part à la recherche de nourriture, et développe son réseau de pseudopodes jusqu’à trouver les flocons d’avoine. S’il a pris la mauvaise direction, il laisse sur son chemin un mucus répulsif qui lui sert de mémoire externe pour marquer les territoires déjà explorés. Cela lui évite ainsi de retourner là où les chemins sont vains. De quoi étonner, venant d’une cellule sans cerveau, ni neurones…

Sur cette photo prise par l’école, on voit le Blob commencer à résoudre le labyrinthe puis… le contourner vers le bas pour emprunter le chemin le plus pratique et efficace.
Le Blob nous a pris à notre propre jeu…

Mon expérience préférée est celle du biologiste Nakagaki. Celui-ci a souhaité comparer les réseaux créés par le Blob au réseau ferroviaire japonais, reconnu comme l’un des plus performants au monde. Sur une carte du Japon, le Blob a été placé sur Tokyo et les flocons d’avoine ont été placés sur les villes principales autour de la capitale.

Cette expérience nous montre l’extraordinaire capacité du blob à réaliser des réseaux extrêmement performants et optimaux qui rivalisent avec les meilleures ingénieurs (rien que ça) ! Audrey Dussutour a même essayé avec le réseau français et le Blob nous propose un Paris – Toulouse sans passer par Bordeaux, bonne nouvelle pour les Toulousains ! D’autres expériences ont été faites, telles que reprendre le comportement du Blob pour le coder sur un robot, l’adapter en musique ou encore en expression faciale…
La science nous mène à l’art.

Il y a quelques années, Heather Barnett met en ligne un site internet « The Slime Mould Collective » qui regroupe des scientifiques, des informaticiens, des chercheurs mais aussi des artistes, comme elle, des architectes, des designers, des écrivains, des activistes… Pour n’en citer que quelques uns. Voici quelques exemples. L’artiste Sarah Roberts peint avec des Physarum fluorescents -si si c’est possible -, dans « Fluorescent particle painting ». Le blob porte une poudre fluorescente et part à la recherche de flocon d’avoine ce qui crée différents motifs, créés par les chemins qu’il prend en réponse aux différentes conditions d’humidité, de nutrition disponible, de lumière, etc… Son comportement de recherche de nourriture peut être interprété comme un calcul et est représenté sur une carte où un cerveau est dessiné, montrant ainsi un parallèle.

Une équipe combine des modèles biologiques, électroniques et des impressions 3D dans un atelier ; c’est le cas de BioLogic, qui fait intéréagir le Physarum avec des motifs imprimés en 3D à base de gélose contenant de l’avoine. Les modèles sont issus d’algorithmes informatiques et s’inspirent du comportement des systèmes naturels. Voilà ce qu’ils ont pu obtenir du mélange entre biologie et modèles informatiques :

Des recherches fondamentales sont menées autour du Blob notamment pour comprendre et traiter certaines maladies. Par exemple, le déplacement du Blob a des similarités avec celui des cellules cancéreuses, et ses rejets de calcium laissent aussi entrevoir de potentielles études sur les maladies liées aux os.
La prochaine expérience du projet « Élève ton blob » consistera à tester les capacités d’adaptation du Physarum sous les conditions du changement climatique, sujet actuel et préoccupant qui amène donc à cette expérience. Résultats à suivre !

Ce qui est impressionnant, c’est de se dire qu’à partir d’une simple cellule, la nature arrive à créer un organisme fascinant et doté d’intelligence. En effet, le Physarum Polycephalum décentralise complètement la vision répandue de l’intelligence, fortement basée sur l’humain et le cerveau.

Pourtant le Blob est un parfait contre-exemple de cette croyance : sans cerveau il est capable d’apprendre et de mémoriser des informations, il possède une capacité redoutable d’adaptation et d’anticipation, il est capable de sentir la nourriture de loin sans même avoir l’odorat, de goûter et d’apprécier différents types d’alimentation sans pour autant avoir le goût non plus. En plus de se démultiplier à partir d’une seule cellule, il a également l’intelligence d’optimiser ses chemins pour trouver de la nourriture et pour survivre, de faire mourir une partie de lui et de laisser une trace du chemin déjà parcouru pour éviter de revenir sur ses pas. Il va préférer la nourriture qui lui est la plus nourrissante et la plus bénéfique à sa survie.

Il n’y a non pas une mais DES intelligences, ailleurs et sous d’autres formes. Cela élargit enfin ainsi, l’intelligence à tous les êtres vivants.

Louison JACQUOT – DN MADe 2 Bij – Octobre 2021

Un algorithme permettant de recréer la base de la vie… !

Chères lectrices, chers lecteurs, je me permettrais aujourd’hui de vous présenter l’une des plus grandes découvertes mathématiques de ces cinquante dernières années.

Largement méconnu, le sujet dont je vais vous parler est encore utilisé de nos jours lors de phases de tests en laboratoire par des microbiologistes et mathématiciens ou encore par des nerds qui essaient malgré tout de comprendre comment cela fonctionne…

Arrêtons de tourner autour du pot : aujourd’hui, on va parler du Jeu de la Vie.

Le Jeu de la Vie (ou The Game of Life pour les anglophones de haut niveau) est une simulation informatique créée en 1970 par John Conway. Ce mathématicien avait pour idée d’inventer un jeu (un automate cellulaire dans ce cas précis) qui permettrait au joueur de s’amuser seul à partir de règles mathématiques faciles.

Le but du Jeu de la Vie est de faire évoluer un nombre quelconque de cellules dans un tableau de cases carrées et d’en constater la progression. Ledit tableau peut être pris aussi grand qu’on le désire et la disposition des cellules au commencement est laissée libre au joueur. A partir de cela, on imagine que chacune des cases du tableau peut héberger une cellule, comme une cellule vivante. Si la case du tableau en contient une, on la colorie en noir ; et si elle est vide on la laisse en blanc. La simulation se déroule au tour par tour et le joueur peut réguler à sa convenance la rapidité du jeu.

A présent, il suffit juste au joueur de suivre les deux seules règles qui régissent le jeu :

Règle numéro 1 : une cellule ne survivra au tour suivant que si elle est entourée par deux ou trois voisines. On imagine qu’en-dessous de deux voisines la cellule meurt d’isolement et au-dessus de trois, elle meurt de surpopulation.

Règle numéro 2 :  si une case vide est entourée par exactement trois  voisines, elle devient vivante au tour suivant. Une cellule naît à cet endroit-là.

 

Désormais, le joueur peut placer les cellules comme il le souhaite dans le tableau et lancer la simulation à la vitesse qu’il désire. Ce qui est intéressant dans ce type de simulation, c’est que l’on peut partir d’une configuration faite par le joueur ou bien faite par l’ordinateur de manière totalement aléatoire. Et on remarque assez rapidement que l’aléatoire peut engendrer un gros « bordel cellulaire ».

Mais ce qui rend ce jeu si fascinant pour beaucoup de chercheurs n’est pas la taille du « bordel » engendré, mais la progression étonnante qui peut être effectuée à partir de quelques cellules seulement lors de l’étape originelle.

De plus, que serait la Vie sans mouvement, sans interaction entre les différents atomes ? Il existe dans ce jeu des millions de possibilités de départ différentes mais seulement quelques configurations permettent des déplacements en translation ou en diagonale. Certains résultats cellulaires arrivent à être stables, c’est à dire à ne plus pouvoir changer de formes après un certain nombre d’étapes. Les résultats stables les plus communs sont montrés plus haut (dans des déplacements en translation ou en diagonale (« still lifes » représentant les formes stables ). Il existe aussi beaucoup de formes d’oscillateurs dont les plus communs sont aussi affichés plus haut. Ce sont des formes qui se répètent suivant un schéma donné au bout d’un certain nombre d’étapes. Et enfin, ceux dont je mentionnais déjà l’existence précédemment, les groupes de cellules qui se déplacent de quelques cases à chaque étape suivant un schéma précis. Bien sûr, il en existe bien d’autres mais ce sont encore une fois les formes les plus communes montrées ici.

Ci-dessus, la décomposition par étapes de l’oie du Canada, une forme peu commune se déplaçant en diagonale

Depuis presque cinquante ans, ce jeu fascine les mathématiciens et les informaticiens ; mais aussi les biologistes et les philosophes parce qu’il nous montre comment un système évoluant selon des règles simplistes peut engendrer des résultats incroyablement riches.

Et d’une certaine manière, il nous aide à mieux comprendre comment un gros tas d’atomes en interactions peut se retrouver à former les êtres complexes et pensants que nous sommes.


Ci-contre, la représent
ation chromatique faite du Jeu de la Vie par un youtubeur américain. Comme quoi, juste avec quelques carrés et de la couleur, on peut faire de belles choses

Le Jeu de la Vie est un jeu en constante évolution dont le mouvement en est l’essence même. Naturellement, il s’avère un « tantinet » compliqué pour moi d’expliquer en quelques images les différentes étapes de progression des milliers de cellules apparaissant à l’écran. Mon devoir s’achève ici, visuellement je ne peux en dire davantage. Tout ceci n’était qu’un bref aperçu de l’immense potentiel de ce jeu.

C’est pourquoi si vous souhaitez comprendre le sujet de manière plus concrète, je vous recommande la vidéo Youtube de Science Etonnante. Je m’en suis inspiré et elle est très bien fichue.
Vous pouvez aussi regarder des simulations épiques hypnotisantes faites à partir du jeu, juste pour voir ce qui se fait lorsque l’on pousse les choses à l’extrême. Par exemple vous y verrez une simulation du Jeu de la Vie qui joue au Jeu de la Vie
Enfin si vous souhaitez juste découvrir le jeu et l’essayer par vous-même, pleins de sites français vous le permettront mais je vous recommande celui-ci (voir aussi le site officiel).

En y pensant, ne sommes-nous pas tous acteurs d’un seul et immense jeu régis par des lois mathématiques telles que la suite de Fibonacci ou bien d’autres…?
Ça laisse matière à méditer… ou à jouer!

Arthur WEGBECHER – DNMADE 1 – Octobre 2021

Plongez dans l’infiniment petit

Sous l’objectif du microscope, les choses les plus banales se transforment en un univers totalement inconnu et chatoyant. Voyagez dans l’infiniment petit, grâce au concours photos organisé par Nikon.

Cela fait 46 ans que le Concours Nikon Small World récompense les plus belles oeuvres photographiées à l’aide d’un microscope (les microphotographies). Celles-ci permettent de distinguer des détails invisibles à l’œil nu dévoilant ainsi des photos colorées par fluorescence qui apportent d’incroyables détails d’inflorescences, de solutions chimiques, d’ailes d’insectes ou de cellules neuronales. Les clichés sont jugés sur leur aspect artistique, leur intérêt scientifique et la technique de photographie en microscopie. Voici les gagnants et les meilleures photos.

                    

  • 5th Place – 2016 Photomicrography Competition, Front foot (tarsus) of a male diving beetle, Dr. Igor Siwanowicz
  • 1st Place – 2019 Photomicrography Competition,Fluorescent turtle embryo, Teresa Zgoda

                           

  •  2nd Place – 2019 Photomicrography Competition, Depth-color coded projections of three stentors (single-cell freshwater protozoans), Dr. Igor Siwanowicz
  • 1st Place – 2017 Photomicrography Competition, Immortalized human skin cells (HaCaT keratinocytes) expressing fluorescently tagged keratin, Dr. Bram van den Broek

            

  • 4th Place – 2011 PhotomicrographyCompetition, Intrinsic fluorescence in Lepidozia reptans (liverwort), Dr. Robin Young
  • 5th Place – 2011 PhotomicrographyCompetition, Microchip surface, 3D reconstruction, Alfred Pasieka

Derrière le concours Nikon Small World, il y a un objectif clairement affiché par les organisateurs : montrer au monde à quel point art et science peuvent être proches. Et avec l’évolution des techniques d’imagerie et de microscopie, les clichés proposés sont de plus en plus créatifs.

Emma Y. V. – DNMADe1 Jo – Février 2021