Le carton, futur matériau de luxe ?

Le carton est connu pour son utilisation quotidienne dans les déménagements, les rouleaux de sopalin ou encore les boîtes de céréales. Mais saviez-vous que ce matériau très commun faisait également un carton dans le domaine du luxe ?

« Le carton est l’équivalent en volume du crayon »

Eva Jospin
Forêt, Eva Jospin, 2010

A l’origine une question économique et une volonté de ne pas avoir de limite en terme de taille, l’utilisation du carton se révèle une solution pour Eva Jospin, artiste plasticienne parisienne. Son travail nous interroge sur la place accordée au matériau dans la valeur d’une œuvre. En effet, le carton est peu coûteux et permet à l’artiste d’expérimenter de nouvelles choses sans appréhender l’erreur contrairement aux sculptures sur marbre. Munie d’une scie et d’une fraise, l’artiste recrée des architectures et des jardins baroques dans une profusion de détails malgré la grande échelle de ses œuvres pour captiver l’œil.

“Je veux que le regard se promène et se reprenne plusieurs fois”

Eva Jospin réalise un véritable travail d’orfèvre où chaque élément de carton est transformé minutieusement en trésor. Surnommée la “dentellière du carton” l’artiste déploie beaucoup de précision pour creuser ses décors et apporter de la texture à ses œuvres uniques. “Ma forêt est totalement mentale” affirme-t-elle. A la fois onirique et mystérieux, son travail reflète des préoccupations humaines comme se perdre et se retrouver, évoque le rapport à l’enfance et aux peurs. L’utilisation d’un matériau monochrome lui donne la liberté de surcharger les détails et d’aller vers l’ornementation. 

La traversée, Eva Jospin au Beaupassage, 2018

La forêt symbolise un monde infini et contemporain car nous avons conscience de leur rôle. Elles sont aussi omniprésentes dans les contes qui ont traversé l’histoire et nous inspirent l’inquiétude et la fascination. Les éléments d’architecture permettent d’habiter les œuvres et de se projeter à l’intérieur. Ses forêts sont si profondes et mystérieuses qu’elles donnent le sentiment de se prolonger derrière le cadre. Le travail de l’artiste est fait d’un jeu d’illusions : la métamorphose du carton dans ses œuvres le subliment tandis que l’accumulation des éléments divers créent un relief visuel imposant. C’est en s’approchant que l’on distingue la colle et les cales.

Même si Eva Jospin a reçu le nouveau prix Art éco-conception de Art of Change qui encourage les artistes qui produisent des œuvres en respectant l’environnement, elle laisse planer le mystère sur la visée de ses œuvres. Eva Jospin ne se revendique pas comme écologique car elle ne souhaite pas que ses créations deviennent politiques. Ses œuvres en carton renvoient à la symbolique de ce matériau si présent qu’elle rend inspirant. Eva Jospin ne souhaite pas retranscrire de message spécifique à travers ses œuvres si ce n’est de nous faire rêver car elle estime que “ce serait réducteur”.

« L’oeil ne regarde jamais la même chose »

Pour mener à bien ses travaux, l’artiste travaille avec une équipe dont l’effectif varie en fonction de la quantité de travail nécessaire. Cela permet de ne pas craindre le temps essentiel dans la création de ses oeuvres.

Panorama, Eva Jospin pour la Cour carrée du Louvre, 2016

Eva Jospin ne se laisse pas non plus impressionner par la dimension de ses créations auxquelles elle n’hésite pas à donner un aspect monumental tant par leur échelle que par le travail laborieux pour y parvenir. Le panorama qu’elle nous offre dans la cour carrée du Louvre montre l’ampleur de ses efforts pour retranscrire un décor dans lequel on s’immerge entièrement et donner une texture au carton proche de sa nature d’origine.

Cette recherche de perfection du détail est appréciée par Maria Grazia Chiuri qui laisse Eva Jospin constituer le décor du défilé printemps-été 2023 pour Dior. L’artiste crée une grotte baroque dans laquelle le carton devient une matière organique extraordinaire. On retrouve les thèmes de la Renaissance, les jardins baroques italiens et les grottes naturelles qui sont chers à l’artiste. L’installation est baptisée Nymphées et évoque de façon poétique les métamorphoses de la nature. Les architectures d’Eva Jospin mettent en avant la collection Dior grâce à la majesté qu’elles imposent à l’œil sans toutefois monopoliser l’attention grâce au matériau monochrome. La finesse du décor et des sculptures ennoblit le carton qui se révèle un matériau digne d’être exposé au grand jour.

Adèle Chesneau – DNMADE1 JO avril 2023

SOURCES :

https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/art-contemporain/eva-jospin-la-dentelliere-du-carton-expose-ses-uvres-oniriques-a-annecy_5535105.html

https://www.gazette-drouot.com/article/eva-jospin-l-esprit-de-la-foret/29494

Alpine x Arne quinze

Entre sport automobile et art contemporain

A110 Metamorphosis, Alpine x Arne Quinze, 2023.

Vous connaissez très certainement le constructeur automobile Alpine représenté notamment en Formule 1 par Esteban Ocon et Pierre Gasly. Mais l’histoire d’Alpine débute en réalité 33 ans plutôt avec Jean Rédélé, concessionaire Renault, qui se lance dans l’aventure des rallyes en 1952 en participant au Mille Milles sur une Renault 4CV. Petit à petit il effectuera de nombreuses autres courses et réalisera ses meilleures sur les piste sinueuses et entrelacées des Alpes. En référence à ces épreuves, ses automobiles se sont appelées « Alpine ».

« C’est en sillonnant les Alpes à bord de ma 4 CV Renault que je me suis le plus amusé. j’ai donc décidé d’appeler mes futures voitures, Alpine. Il fallait que mes clients retrouvent ce plaisir de conduire au volant de la voiture que je voulais construire »

Jean Rédélé, fondateur d’Alpine.

En 1955 est alors fondé Alpine, basé sur trois piliers : agilité, élégance et esprit de compétition.
En 1973, Alpine devient le premier constructeur sacré Champion du Monde des rallyes.

La légende Alpine est née.

Alpine A110, 1962.
Alpine GTA, 1982.
Alpine A110, 2017.
Alpine Alpenglow, concept.

Vous allez me demander où se trouve l’art dans tout ça ? Même si le lien entre sport automobile et art ne parait pas simple à faire j’aurais pu vous parler du design et des courbes fluides et agréables réinterprétées par Antony Villain, directeur design Alpine depuis 2012. Mais je vais plutôt vous présenter l’étonnante collaboration entre le constructeur automobile et l’artiste Arne Quinze.

Qui est Arne Quinze ?

Arne Quinze est un artiste contemporain belge. Son travail passe de petits dessins et peintures, aux sculptures de taille moyenne, jusqu’aux installations massives. Il a commencé sa carrière dans les années 1980 en tant que graffeur, pour évoluer du Street Art à l’Art Public avec des thèmes récurrents comme l’interaction sociale, l’urbanisation et la diversité.

 » Des villes comme des musées en plein air – cela ressemble à un rêve idéaliste, mais je m’efforce de réaliser ce rêve. Se confronter chaque jour à un public entouré d’art. L’art a une influence positive sur les gens et leur développement personnel: il élargit leurs horizons et les rend plus tolérants envers les différences de la société. »

Arne Quinze.

En 2006, il réalise la gigantesque construction en bois intitulée Uchronia pour le festival Burning Man dans le desert du Nevada. Monumentale à tous les aspects cette oeuvre permettra à Arne Quinze de se faire connaitre et reconnaitre en tant qu’artiste.

Uchronia, Arne Quinze, 2006.

À l’heure actuelle, beaucoup de ses installations sont considérées comme des points de repère qui présentent une dynamique différente pour le développement urbain : à Paris, Shanghai, Beyrouth, Washington DC, Bruxelles, Mumbai, Sao Paolo,… Quinze intervient dans les villes depuis plus de 25 ans.
Parallèlement à ses installations de bois et de métal, il est également peintre. Très attaché à la nature il représente constamment les paysages de son jardin par des touches aux allures impressionnistes, dont on pourrait y prêter des airs de Monnet, mais également colorés et d’une sensibilité touchante.

Série Ipomoea, Arne Quinze, 2023.

Alpine x Arne Quinze, A110 Metamorphosis

Alpine et Arne Quinze se sont donc rencontrés autour d’un concept, à l’occasion d’Art Paris 2023.


Alliant art contemporain et automobile cette sculpture reprend la mythique Alpine A110 totalement dépouillée pour en faire une oeuvre à part entière, intitulée Alpine A110 Metamorphosis. Cette sculpture nous offre alors une oeuvre d’art en mouvement, où Quinze parvient à capter avec justesse la sensation de vitesse et de flou qui accompagne une course automobile, créant une harmonie entre la voiture et la nature. Il recherche ainsi l’équilibre parfait entre l’expression de la fragilité et de la puissance de la nature mis en regard avec la technologie automobile. Pour lui, les formes organiques de la nature sous-tendent les développements aérodynamiques et technologiques contemporains.

« Cette œuvre est le fruit d’un dialogue passionnant avec Alpine pour imaginer une forme inédite qui représente ce qui symbolise pour moi la magie de la course : la vitesse et la fusion entre le pilote et sa voiture, entre l’homme et la technologie, entre la vitesse et la nature. Je suis convaincu que c’est en regardant la nature que l’on trouve les solutions plus techniques, c’est ce que j’ai voulu représenter ici. »

Arne Quinze.

Par ce projet, Arne Quinze veut exposer cette puissance naturelle et organique sous-jacente de la technologie des voitures de course combiné à la vision de l’avenir et de son développement. Pour lui, l’utopie est de glisser dans les airs, sans roues, et ce aussi vite que la lumière.

« Arne Quinze a su faire dialoguer la technique et la création dans une art car sensationnelle qui nous emmène dans un futur fantasmé. Son œuvre résonne avec notre ambition, créer une voiture ne faisant qu’un avec le mouvement »

Laurent Rossi, CEO d’Alpine.

Eve LACROIX – DN MADe 1 Jo – Avril 2023

Quand l’art égale la nature

Laissez moi vous faire voyager au pays des merveilles avec les œuvres de Olesya Galushcenko d’un réalismes bluffant.

Olesya est une artiste Ukrainienne autodidacte, ex ingénieure elle se lance dans la création artistique au cours de son congé maternité. Ce passe temps se transforme petit à petit en passion et lui permet de s’évader dans un monde merveilleux. Elle teste plusieurs matériaux et finit par découvrir grace à internet, de l’argile polymère utilisée au Japon et en Thaïlande. Ce type d’argile appelé porcelaine froide durcit à l’air.

Ces œuvres présentent des compositions florales très réalistes comme vous le constaterez par la suite, méticuleusement sculptées et peintes à la main.

Voici donc quelques unes de ses œuvres où on sent toute la passion et le temps passé à les faire, on peut remarquer les détails et le soin mis dans chacune. Vous pourrez retrouver plus de creations sur sa page instagram dont voici le lien: https://instagram.com/olesya_galushchenko?igshid=YmMyMTA2M2Y=

Nathanaël C. – DNMADE15HO-Avril 2023

Kazuhiro Tsuji un maître dans son art

Kazuhiro Tsuji, né à Kyôto en 1969, est un artiste prothésiste reconnu comme étant le plus grand spécialiste en hyperréalisme et vieillissement du monde. 

C’est en troisième année de lycée qu’il commence à se former aux techniques de maquillage, en autodidacte. Il monte à Tokyo à la fin de ses études secondaires.
Pionnier du maquillage FX au Japon et conseillé par le légendaire maquilleur hollywoodien Dick Smith, Kazu a ensuite été sélectionné par le non moins légendaire Rick Baker pour réaliser les aliens de Men in Black.
Il poursuit ainsi sa carrière aux Etats-Unis et devient l’un des maquilleurs prothésistes les plus demandés. Il crée ainsi la célèbre créature « le Grinch » avec Jim Carrey, et montre sa créativité et son infinie précision sur La Planète des Singes, Hellboy ou encore Tron Legacy. Autant de films pour lesquels il a été régulièrement nominé aux Oscars et aux BAFTAs.

En 2000, Le Grinch remporte un British Academy Award pour les maquillages et effets spéciaux, sur lesquels Kazuhiro Tsuji a travaillé pour Rick Baker. 

En 2007 Click, télécommandez votre vie, puis Norbit en 2008, sont tous deux nominés pour les Oscars, mais laissent passer le trophée. 

En 2007, il fonde son propre studio de maquillages effets spéciaux pour le cinéma, KTS Effects.

 Kazuhiro Tsuji travaille donc principalement sur le vieillissement de la peau.

Il commence donc par :

• Répérage de la zone de collage à l’aide d’une réplique de la prothèse en silicone dur sur le visage

• Collage de la prothèse à la colle

• Dissolution des bords

• Peinture : Création de pointillisme reproduisant la mélanine, les rougeurs et les veines avec de la peinture à l’alcool

• Collage poils à poils du sourcil. Selon Kazu que Rick Baker appelait « le maître du sourcil »: «Tout est dans la direction qu’on donne aux sourcils »

Après 5 heures, le résultat était incroyable, d’un réalisme troublant ! … comme on peut le voir sur Benjamin Buttons, qui malgré la quantité et la complexité du maquillage, possède des prothèses imperceptibles, chose extrêmement rare et complexe, notamment quand on sait que tout est réalisé entièrement à la main. 

Kahzuhiro Tsuji et donc une figure mythique dans le monde artistique, il ne peut être ignoré,de plus il a également permis de grandes évolutions dans d’autres domaines, notamment en médecine, puisque son école et les formations qu’il a données ont permis de former de nombreux epythesiste (personnes créant les prothèses faciales )

Il est donc un des artiste les plus important du 21e me siècle. Mais ce dernier a choisi de garder sont humilité et de rester dans l’ombre du succès de ses réalisations.

JACQUIER Janis – DNMADe1.5 Jo – Avril 2023

Les yeux fermés

Prune Nourry est une artiste née à Paris en 1985. Elle vit et travaille aujourd’hui à New York. Reconnue pour ses projets d’art sur le long terme et de grande envergure, elle est par exemple à l’origine de l’Amazone Erogène, une immense installation au Bon marché Rive Gauche, évoquant l’expérience de son cancer du sein : un sein unique, géant, est la cible de 888 flèches suspendues dans les airs, tirées depuis un arc immense. L’artiste invite les femmes atteintes du cancer à se représenter comme des amazones, figures guerrières mythologiques, mutilées d’un sein comme peuvent l’être les malades, et de penser cette amazone comme symbole du combat qu’elles livrent contre leur maladie.

En 2021, Prune Nourry propose à la galerie Templon à Paris une réécriture de la relation entre artiste et modèle. Le Projet Phénix est constitué d’un ensemble de huit bustes et d’un film réalisé avec le réalisateur Vincent Lorca. Dans la galerie, les visiteurs avancent dans le noir, guidés par une corde accrochée le long du mur, et sont parfois invités à toucher, en tendant le bras, un visage en argile. En même temps, un haut-parleur diffuse les dialogues de l’artiste et de ses modèles. Le court-métrage, proposé en audio-description, montre la rencontre et la création des bustes dans l’atelier de l’artiste.

Les modèles, tous aveugles ou malvoyants, sont modelés dans la terre à partir d’une longue étude tactile de leurs visages. Prune Nourry, les yeux bandés, fait glisser ses doigts sur le nez, les pommettes, la bouche, les yeux, et reproduit dans l’argile les traits qu’elle sent. N’ayant jamais vu ses modèles, seul le sens du toucher lui permet de les appréhender, et de réaliser leur portrait. Les autres sens aussi, sans doute, puisque l’artiste les écoute en même temps raconter leur histoire, leurs pensées, s’approche d’eux, les effleure constamment. Les modèles eux-mêmes posent leurs mains sur le visage de Prune Nourry et tentent de visualiser son visage grâce au toucher.

D’ordinaire, l’artiste observe son modèle, à distance, et le regard que ce dernier peut ou non poser sur l’artiste n’a d’importance que pour la position de son propre visage et de ses yeux, que l’artiste copie. Autrement dit, seule l’image du modèle compte, et seul le regard de l’artiste importe. Dans le cadre du Projet Phénix, le portrait est conçu comme une rencontre. La relation que crée Prune Nourry avec ces huit personnes se veut égale et équilibrée ; ce rapport à l’autre que les modèles, aveugles de naissance, à la suite d’une maladie ou d’un accident, entretiennent avec leur entourage, est partagé par leur interlocuteur voyant. L’artiste fait l’expérience de ce mode de relation, qui exclut la vue mais qui, comme l’expriment certains modèles, pousse à porter une attention plus particulière au timbre d’une voix, à la pression d’une poignée de main. L’idée du Projet Phénix est de remettre au centre le contact physique et le sens du toucher dans nos relations, généralement tabou et parfaitement aboli dans le contexte de la pandémie. Naturellement, ces bustes n’ont pas vocation à être vus, mais doivent être touchés, d’où le concept peu commun de l’exposition dans le noir…

On peut imaginer la difficulté d’un tel exercice, pour l’artiste ; et celui ou celle qui a déjà dessiné, peint, sculpté ou modelé un portrait d’un modèle vivant se représente facilement à quel point l’expérience doit être différente. Appréhender un autre corps sans la vue nous semble si peu naturel qu’il nous est assez difficile de nous rendre compte du quotidien d’une personne non-voyante. L’exposition s’est déroulée du 4 septembre au 23 octobre 2021 : il n’est donc plus possible de découvrir les bustes à tâtons, néanmoins le film de Vincent Lorca est disponible sur Youtube (https://www.youtube.com/watch?v=0oLByKfccEU) et donne une bonne idée de la démarche de Prune Nourry.

J’espère que cet article vous a intéressé, merci pour votre attention!

https://www.prunenourry.com/en/projects/projet-phenix

Lucille Gilbert, DNMADE 2 Jo, octobre 2022

Des sculptures entre deux réalités

Snorkeling (2017)

Han Hsu-Tung est un sculpteur sur bois Taïwanais.       

Diplômé à 23 ans en Anthropologie de l’Université Nationale de Taïwan, c’est semble t-il 6 ans plus tard qu’il exposa ses œuvres pour la première fois à Taipei dans l’East Gallery. On peut d’ailleurs voir certaines de ses œuvres sur le site de cette galerie si vous êtes curieux. A juste titre, l’artiste surnomme ses réalisations faites de bois des « sculptures pixelisées ».

C’est ainsi qu’à travers une figuration majoritairement humaine Han s’exprime dans un dédale de pixels où le bois s’assemble bloc par bloc. On observe alors une dynamique particulière où les personnages semblent figés comme mis sur pause au milieu d’un mouvement ou d’une transformation dans un processus numérique.

Where is the « Like » ? (2020)

Portées symboliques

La technique pixelisée de Han est apparue vers la fin des années 2000 où justement les nouvelles technologies telles que les smartphones prirent leur essor. Faisant par ailleurs écho à sa formation d’anthropologue, son travail invite à une introspection sociale vis à vis des changements de notre société face à la découverte d’un monde aux possibilités à ce point multiples qu’on pourrait s’y perdre.

L’arrivée de la numérisation fit drastiquement évoluer notre ère impliquant de nouveaux moyens et visions. Riche de nouveaux outils , l’art connait alors davantage de formes sous lesquelles s’exprimer et tout autant de sujets sociétaux à aborder. L’un des plus emblématiques tourne autour de l’intelligence artificielle et c’est un axe que l’on peut retrouver dans l’ esprit des œuvres de Han. En effet, on pourrait poser l’analogie entre l’intelligence artificielle faite de l’accumulation de données et les pixels dispersés qui tels des atomes s’intègrent et forment le corps d’un être semblant animé d’une âme.

On pourrait tout aussi y observer un phénomène de dispersion et de rassemblement à l’image des échanges sociaux contemporains de plus en plus concentrés sur des réseaux.

Afin d’illustrer le développement humain où la réalité entrelace de plus en plus la virtualité, Hsu-Tung met en parallèle la sculpture de bois avec le monde virtuel où il arrive parfois qu’on observe cet effet de glitch sur un écran alors brouillé de pixels. S’en inspirant, l’artiste donne l’impression que la sculpture subit le même effet qu’une image digitale remettant en cause sa matérialité comme si elle disparaissait tout en questionnant sa réalité même.

Procédés de réalisation

Sunset Clouds (2022) lors de la réalisation

Dans un premier temps, il semble intéressant de connaître le point de vue de Han Hsu-Tung sur l’origine de la créativité. Il est en désaccord avec l’idée que les artistes sont sujets aux caprices de l’inspiration car le processus de création ne fonctionnerait pas ainsi. Selon lui, contrairement à l’inspiration telle que l’on se la représente, créer n’a rien d’instantané. C’est quelque chose auquel les artistes réfléchissent constamment jour et nuit, quand ils travaillent, marchent, conduisent et même lorsqu’ils dorment jusque dans leurs rêves.

C’est ainsi qu’avec une idée de projet qui a pris le temps d’évoluer dans sa tête, l’auteur entreprend une nouvelle sculpture suivant différentes étapes bien précises.

Pour les illustrer, voici une vidéo filmant la réalisation de «Sound of the Wind».                

En résumé ; Il commence par dessiner des croquis à partir de photos puis réalise un modèle en argile. Il en prend des clichés sous différents angles, les imprime puis les découpe en bandelettes et petits carrés qu’il recolle ensuite et dispose à la manière d’un puzzle auquel il manquerait des pièces. Il adapte ensuite son modèle d’argile à l’image obtenue, le quadrillant et retirant des cubes de matière ci et là.

La préparation faite, Han sélectionne ensuite le bois, principalement du noyer, le découpe en des pavés droits et les trie selon différentes longueurs. Il les assemble alors par collage compressé en des plaques qui sont ensuite rabotées. Chacune des plaques formera ainsi une strate de la sculpture.

Par la suite, vissant les strates les unes aux autres, il obtient un bloc de bois à sculpter. Il reproduit dessus son dessin au crayon puis dégrossit le volume à la tronçonneuse. Il affine les formes à l’aide de ciseaux à bois, d’un maillet et de ponceuses.

En dernière étape, il dévisse le tout puis décale les strates les unes aux autres déstructurant volontairement la composition. Il perce et visse de nouveau les strates selon cette nouvelle disposition avant de définitivement les coller entre elles. Enfin, il ajoute des cubes de bois à la sculpture de sorte à donner une dimension de profondeur supplémentaire dans ce qui ressemble à une nuée de pixels.

Si jamais cela vous intéresse, vous trouverez ici le blog du sculpteur où l’on retrouve ses œuvres et commentaires autour de leur fabrication ou ce qu’il voulait y exprimer.

Solveig DUBOIS – DNMADe1HO – Avril 2022

C’est pratique mais est-ce vraiment utile ?

Aujourd’hui, l’automobile en général est avant tout un moyen de transport qui fait tout pour être aseptisé et confortable.
 Il y a un demi-siècle encore, l’objectif des constructeurs ou des mécaniciens amateurs étaient de faire rugir des moteurs thermiques à tout-va, avec comme seule préoccupation d’avoir une sonorité agréable à l’oreille.

Aujourd’hui, la préoccupation a bien changé puisque la tendance est plutôt de rechercher de nouvelles énergies motrices ayant un impact le plus minime sur l’environnement. L’âme de l’automobile est en train de laisser sa place à la modernité, quitte à ce que nos dirigeants utilisent des termes ou des moyens importants pour convertir les populations.
Ce monde de l’automobile n’a jamais autant été démocratisé qu’aujourd’hui grâce aux réseaux sociaux et Internet.
Nombreuses sont les personnes qui s’engagent sur ces nouvelles plateformes et notamment les artistes qui eux s’en servent en plus des galeries d’art et des expositions pour impacter notamment les nouvelles générations. Je pourrais citer Erwin Würm qui avec ses «fat car» rend l’automobile moche et inutilisable, ce qui supprime tout intérêt d’en posséder une, ou encore Humberto Diaz qui montre que l’automobile est source de sa propre destruction avec certaines de ses œuvres.

Mais l’artiste auquel je vais m’intéresser, c’est Ichwan Noor. Cet artiste indonésien s’est tout simplement attaqué à un monument de la culture automobile, la Volkswagen Beetle, et il l’a en 2013, transformée en une sculpture de forme sphérique de 1m80 de diamètre. La folie de cette œuvre, c’est qu’il a su garder tous les éléments qui rendent la Beetle identifiable au premier regard, et les a dénaturés pour que l’ensemble ne ressemble plus du tout à une voiture.

Outre la modernisation de la sculpture, il a détaché la fonction de base de l’objet pour lui retirer toute autre utilité autre que le visuel et a donc rendu cet objet «inutile». C’est une manière originale de dénoncer le fait que l’on utilise un gros objet, difficile à fabriquer, coûteux à entretenir et à faire fonctionner, polluant pour qu’au final ça n’ait qu’une seule utilité (certes bien pratique) mais unique. Ne serait-ce pas égoïste de mettre tous ces moyens en œuvre et d’avoir tellement de répercussions juste pour se faciliter la vie ? C’est une des premières idées qu’il évoque par son travail. Un second point est le fait qu’une fois sa fonction première retirée, on se retrouve avec un objet, sans vraie utilité, qui est lui aussi coûteux en énergie et impactant pour l’environnement si l’on veut le recycler ou le remettre en fonction.  Est-ce que le bénéfice est-il vraiment existant?
Ichwan Noor n’a ni été le premier à dénoncer l’automobile, et ne sera pas non plus le dernier, alors qu’aujourd’hui, on nous présente de nouveaux moyens énergétiques ayant eux aussi leurs failles et leurs avantages.

Merci de votre lecture, qui je l’espère, vous aura intéressé.

Marc G. – DNMADe1 HO – Avril 2022

The Wild Kong, la vision animale d’Orlinski

Nous connaissons tous des sculptures innovées par certains artistes notamment Michel-Ange, Donatello ou encore Pablo Picasso. Je m’adresse à tous les passionnés de sculptures modernes, vous avez sûrement déjà entendu parler d’un certain artiste, sculpteur et à la fois musicien nommé Richard OrlinskiUn artiste contemporain né le 19 Janvier 1966 dans la célèbre capitale Française. Cet artiste vit de sa passion pour l’art et décide de mener sa carrière d’artiste. Il exerça dans plusieurs domaines et se lance dans la sculpture en 2004.

Vous avez sûrement déjà vu l’œuvre célèbre de “ Wild Kong “, celle ci est exposée aux quatre coins du monde tout comme d’autres réalisations. C’est en traversant le Dubaï Mall que j’ai pu admirer le “Wild Kong” exposé devant l’Apple store. Une statue à la fois très impressionnante par sa hauteur et le regard féroce qui anime l’animal. J’aperçus dans la profondeur de son regard menaçant beaucoup de colère. L’animal est debout sur ses deux pattes cognant sur son torse avec les poings serré et la gueule ouverte montrant d’effroyables crocs tranchants. Le Wild Kong est une œuvre emblématique de l’artiste, il le désigne comme étant invincible et fut fortement inspiré par le film King Kong.

D’autres animaux ont inspiré Orlinski qui a aussi sculpté la panthère noire, le lion, l’ours, le cerf ou encore d’autres petites statues tel que PacMan x. A savoir que les sculptures tigre sont rares et très prisées sur le marché. Vous pouvez les trouver sous deux formats, l’un mesure 150 cm de hauteur et l’autre mesure 450cm, de quoi impressionner les visiteurs.

Panthère noire, Orlinski    Ours, Orlinski                     Cerf, Orlinski

Ces œuvres sont le reflet de l’art Contemporain, la sculpture est taillée en origami, on retrouve principalement les couleurs primaires, le bleu, le rouge et le jaune mais il existe d’autres couleurs plus vives tel que le rose fuchsia. Les matériaux travaillés rappellent la modernité de l’œuvre. Orlinski travaille finalement sur les peurs archaïques qui concernent notre animalité.

Rédigée par JACQUET Charline, le 23 Avril 2022.

Et si Newton avait tout faux…

Eh oui, aujourd’hui on va s’attaquer à du lourd. A du très très lourd même. On va parler de pierres qui défient la gravité et de personnes qui en font des œuvres d’arts hors du temps…

Empiler des cailloux, c’est pour ainsi dire, le péché mignon de l’Homme depuis tout temps. Cela a commencé avec la construction de dolmens, tel Stonehenge, et continue de perdurer avec la construction de cairns par quelques randonneurs audacieux aux bords des sentiers de montagne.

Ci-dessus, deux œuvres de l’artiste Michael Grab.

Cependant, certains en ont fait une passion;
à tel point qu’ils ont poussé le niveau à l’extrême, jusqu’à allant défier la gravité. C’est ce que l’on appelle plus communément le « stone balancing » ou le « rock balance », en bref : l’équilibre des pierres.

 

Ci-dessus, une œuvre de l’artiste Adrian Gray à Singapour en 2012.

C’est une pratique encore assez méconnue mais qui commence lentement à se démocratiser à travers les paysages montagneux et aquatiques des quatre coins du monde. Une des premières personnes à avoir pratiqué cette discipline est Adrian Gray, un artiste américain, se qualifiant lui-même de « pionnier de l’art du stone balancing« . L’artiste a en effet commencé sa carrière en créant des œuvres éphémères aux alentours de l’année 2002.

De plus en plus d’adeptes veulent s’y essayer et pour cela rien de plus simple : un beau paysage, des pierres astucieusement choisies et une infinie patience. Beaucoup y voit un aspect philosophique et spirituel. Le fait d’empiler des éléments aussi simplistes que des pierres en luttant contre la gravité pour ne pas que tout s’effondre peut aider au bien-être de certaines personnes appréciant cela.

Ci-contre, une photo de l’US National Park Service alertant sur les dangers de cette pratique.

Mais cette pratique, se rependant de plus en plus dans le domaine de l’amateurisme, a un côté double-tranchant. En-effet, certaines personnes mal intentionnées effectuent cette pratique de manière répétée, ce qui a pour conséquences la destruction d’abris d’animaux sauvages et la déformation du paysage naturel.

Ci-dessus, une œuvre de l’artiste Sp Ranza.

Il existe néanmoins un championnat mondial  au Texas réservé aux professionnels qui impose aux participants d’ériger leurs œuvres dans un endroit naturel n’interférant pas ou très peu sur la faune et la flore locale. L’usage de colles ou de matériaux adhésifs est totalement proscrit, seule la « gravity glue » (la gravité dite collante) est autorisée. Le champion d’Europe de ce concours n’est autre qu’un artiste français se présentant sous le pseudonyme de Sp Ranza.

Et vous? Ne vous laisseriez-vous pas tenté par le stone balancing dans un environnement calme, propice à cette activité en luttant avec ferveurs contre la gravité que nous a démontré Newton…?

Mes sources:
https://parismatch.be/actualites/environnement/164408/pourquoi-le-stone-stacking-est-mauvais-pour-lenvironnement
https://www.stonebalancing.com/about-my-art/
– https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/restauration-hotellerie-sports-loisirs/le-stone-balancing-ou-l-art-de-faire-tenir-des-pierres-en-equilibre_3620819.html
– https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89quilibre_de_pierres
– https://thereaderwiki.com/en/Adrian_Gray_(artist)

Arthur WEGBECHER – DNMADE 14 – Janvier 2022

Récupération animiste

L’art sculptural est fascinant par sa capacité d’évocation à travers le modelage de la matière et c’est d’autant plus vrai avec le travail de la sculptrice japonaise Sayaka Ganz.

Née à Yokohama, l’artiste a grandi au Japon mais aussi au Brésil ainsi qu’à Hong Kong. Détentrice d’une maîtrise en études 3D orientées sur la sculpture ainsi que d’un baccalauréat en gravure, elle étudia également le théâtre et l’art dramatique expliquant sa polyvalence ayant à son actif en plus des sculptures, des gravures ainsi que des chants.

Emergence II – 2013 (183cm x 213cm x 213cm) Objets plastiques de récupération, aluminium peint et armature en acier, fil, serre-câbles

Les travaux de la sculptrice ont cette particularité de représenter des animaux en mouvement par l’assemblage d’objets plastiques vivement colorés ou de pièces métalliques récupérées.

L’artiste adore traiter d’un nouveau sujet et s’amuse à créer, qualifiant l’activité à la fois de magnifique et d’excitant. D’abord, elle trie les objets, par couleurs ou encore par matières. Le plastique apparaît alors comme sa matière de prédilection en raison de la variété des formes curvilignes et des couleurs disponibles. Une fois son sujet animalier choisi, elle cherche à réunir autant de sources d’inspirations possible comme la photo, internet et les livres. Elle précise s’appuyer davantage sur des représentations que des descriptions précises. Elle recherche ainsi moins la reproduction conforme de l’animal que ce qu’il évoque dans ses traits caractéristiques. Elle s’intéresse notamment à son squelette afin de le représenter le plus fidèlement possible dans la structure/armature de l’œuvre. Vient ensuite l’étape préféré de Sayaka Ganz où elle donne matière à sa sculpture ;

 « Ce processus est comme un puzzle pour moi. Je m’assure que tous les objets sont correctement alignés pour maximiser l’effet du mouvement, et j’ajoute, recule, ajoute un autre, recule, enlève un morceau, et je continue jusqu’à ce que le morceau semble complètement formé mais pas trop dense. » Sayaka Ganz

Ainsi, Ganz assimile chaque objet à un coup de pinceau, car à l’instar de ceux appartenant à un tableau impressionniste, il semble apparaître une unité dans l’œuvre qui se diffracte à mesure que l’on s’en rapproche. Elle décrit ainsi son style comme « l’impressionnisme 3D », créant une illusion de forme en utilisant des objets comme des coups de pinceau qui deviennent visibles lorsqu’ils sont observés de près.

Nanami – 2017 (152cm x 488cm x 183cm) Objets en plastique de récupération, armature en aluminium peint, fil, serre-câbles

Il se dégage de ses œuvres animalières, une impression de mouvement, comme si des esprits habitaient les sculptures et s’y seraient trouvés figés, pris sur le vif. Il s’agit d’ailleurs de l’effet voulu car représentatif de la vision de l’artiste qui a grandi avec la croyance animiste shintoïste selon laquelle toutes les choses dans le monde ont un esprit.

C’est ainsi que, peinée à la vue des objets délaissés dans la rue, au rebut ou dans les centres de récupérations, elle entreprit de leur donner une nouvelle vie à travers ses créations.

Se faisant, Ganz a pour objectif de transmettre son aspiration au public qui consiste à réintroduire l’importance du monde naturel dans la vie des gens et ce particulièrement dans les zones urbaines. Elle cherche à déclencher par ses œuvres des réactions similaires que l’on pourrait éprouver en contemplant la nature. Montrant la beauté que peuvent prendre les objets banals considérés comme des déchets, elle espère alors provoquer un réexamen de notre rapport au monde car souvent, lorsqu’on on trouve de la beauté dans un objet, on l’apprécie et veille d’avantage à son entretien pour le faire durer. En dernier recours, on cherchera à correctement le faire récupérer ou recycler. De cette manière Ganz, défend la nécessité de changer la valeur que l’on accorde à ce qui nous entoure pour sauvegarder un environnement bien trop souvent malmené par la surconsommation conduisant à la pollution et donc à sa dégradation.

« Mon travail consiste à percevoir l’harmonie, même dans des situations qui semblent chaotiques de l’intérieur. En observant mes sculptures de près, on peut voir des lacunes, des trous et des objets retenus uniquement par de petits points ; éloignez-vous, cependant, et les sculptures révèlent l’harmonie créée lorsque les objets sont alignés dans la même direction générale. De même, il est important de prendre du recul en prenant du recul par rapport aux problèmes actuels et d’avoir une vue d’ensemble. On peut alors percevoir la beauté et les motifs qui existent. » Sayaka Ganz

Stream – 2015 (36 cm x 46 cm) – collagraphe

Un message que je trouve touchant et qui ne manque pas de beauté autant dans le fond que dans la forme à travers ses œuvres. C’est pourquoi, je vous invite à visiter son site où vous aurez l’occasion d’effectuer une visite virtuelle de son exposition : «Reclaimed Creations». Elle regroupe bon nombre de ses sculptures et collagraphes, des gravures basées sur le collage.  

Solveig DUBOIS – DNMADe1HO – Février 2022

Des propriétés de l’or

Comment l’or, matériau, qui depuis des générations attise les convoitises, fait rêver pour sa brillance et ses propriétés, est-il toujours d’actualité dans le monde l’art ?

Ces principales propriétés sont la beauté, le pouvoir et la richesse. Ce métal a l’avantage d’être malléable, résistant et quasi inaltérable. Malgré sa rareté, les artisans l’utilisent depuis toujours.

Un objet ou matériaux précieux se définit par sa valeur monétaire en ce qui concerne notre sujet le coût de l’or sur le marché des échanges. Aujourd’hui, le cours de l’or au kilo est a 52,690 euros : celui-ci varie constamment, il est en perpétuelle évolution. Il se définit également par sa valeur sentimentale au travers de bijoux de famille qui seraient transmis de génération en génération.  Enfin sa valeur morale, c’est-à-dire un objet précieux qui peut être une référence symbolique, religieuse ou autres, avec des qualités prédéfinies.

L’or jalonne notre histoire depuis des millénaires. La meilleure illustration est l’utilisation de l’or pour représenter le divin. Il donne de l’éclat à la peinture religieuse, tels que les icônes, un très bel exemple le tableau : « la vierge allaitant entourée des saints » de Maître Santa Barbara. L’utilisation de l’or dans ces œuvres divinise les personnages.

La vierge allaitant entourée de plusieurs saints – Maître de Santa Barbara a Matera

L’or fait également rêver l’humanité, notamment avec la ruée ver l’or dans les années 1800. Ces 8 années d’engouement ont beaucoup inspiré la culture particulièrement en littérature avec Mark Twain ou au cinéma dans des westerns tel que « La piste des géants » (1930) de Raoul Walsh.

Par les différentes monnaies d’échanges ayant existé, le matériau précieux a aussi parcouru notre histoire. Les premières pièces d’or ont été frappées sous l’ordre Crésus de Lydie en l’an 560 avant Jésus Christ. Encore aujourd’hui nous utilisons l’or comme monnaie d’échange à moindre échelle car c’est une ressource épuisable et très convoitée dans d’autres domaines.

Aujourd’hui il est vrai que l’or est majoritairement exploité par les orfèvres et les artisans joailliers ayant des savoirs faire ancestraux. Dans la joaillerie l’or est utilisé pour sa durabilité. Il est inoxydable, brillant, malléable : c’est le métal favori des bijoutiers depuis des millénaires. Grâce à la malléabilité, l’or peut être mis en forme de deux façons : à chaud en le faisant fondre et coulé dans un moule à la cire perdue ou à froid, avec la technique du martelage ou du repoussage. Un exemple de Van Clef and Arpels, la célèbre maison de haute joaillerie, le duo de clips Roméo et Juliette, deux figurines réalisées avec la technique de la cire perdue et par la suite sertie de pierres.

Le duo de clips Roméo et Juliette – Van Cleef and Arpels

Il faut savoir que plus de la moitié de l’or extrait est utilisé par la bijouterie.

L’or est rarement utilisé brut il est souvent mêlé à des métaux comme le cuivre, l’argent ou le platine. Ces alliages permettent d’accroître sa solidité et donc sa durabilité. Grâce à sa principale qualité, la malléabilité, il est aussi particulièrement exploité par les doreurs. En effet, l’or peut s’étaler pour créer une feuille d’un micron d’épaisseur. A petite échelle, les ébénistes ainsi que les restaurateurs d’œuvres d’art utilisent cette technique. Par exemple l’ébéniste du roi soleil, André Charle Boulle réalisa de nombreuses pièces dorées comme la commode pour le Grand Trianon de Versailles.

Commode – Grand Trianon de Versailles – André Charles Boulle

A plus grande échelle, la feuille est aussi utilisée pour recouvrir certaines surfaces de bâtiment car l’or à une propriété anticorrosive. A Paris, la Cathédrale orthodoxe de la Sainte Trinité a été récemment construite avec cinq dômes recouvert d’or mat, obtenu grâce à un alliage d’or et de palladium.

Cathédrale orthodoxe de la Sainte Trinité – Paris

La technique du kinsugi, une méthode japonaise apparue à la fin du 15 siècle inclus également l’or. Elle a pour but de valoriser la restauration de porcelaines ou de céramique fissurées ou cassées avec de la poudre d’or. L’or vient recouvrir la colle et ainsi revaloriser l’objet cassé. Cette technique le rend unique et précieux.

N’importe quel objet devient précieux lorsqu’il est doré ou associé avec de l’or. Prenons l’exemple du pot doré de jean pierre Raynaud à Beaubourg, ce simple contenant a été érigé en œuvre d’art parce qu’il a était doré et mis en scène pour une grande maison de luxe, Cartier.

Pot doré  – JR Raynaud

Yves Klein symbolise également l’or avec sa valeur monétaire grâce a sa série de tableaux les Monogolds et plus particulièrement « Le silence est d’or » en 1960. Il dévoile la préciosité de l’or par 2 façons, d’une part par sa brillance comme un soleil pétrifié et d’autre part du fait qu’il est éternel car Yves

Klein a dit « il imprègne le tableau et lui donne vie éternelle » l’or est également éternel en tant que monnaie d’échanges. Un tableau recouvert de feuilles d’or plaquées sur un bois lisse  et d’autre positionnées en relief par-dessus représentant de la monnaie.

le silence est d’or  – 1960 – Yves Klein

Pour conclure, l’or est précieux grâce à sa valeur marchande, à ses propriétés physiques uniques comme sa malléabilité et son côté anti corrosif, son esthétique séduisante, sa préciosité et son universalité. En revanche, l’or est une ressource épuisable et nous avons déjà utilisé plus de la moitié des ressources terrestres. C’est pourquoi aujourd’hui nous nous demandons, si nous pouvons nous contenter de l’or déjà extrait ou s’il faut penser à une nouvelle façon d’utiliser l’or ou créer un or de substitution ?

Mathilde P. – DNMADE1JO – Février 2022

Un florilège étonnant !

Vous allez voir la botanique dans des états que vous ne lui soupçonneriez pas !
Et on a de quoi envier les voyages de Shiki, je vous le dis.

De quoi je parle ? Des incroyables œuvres expérimentales de Makoto Azuma.

Il explore le cycle de vie des fleurs, de la plantation à la décomposition. Il les déracine et les place dans des univers qui leur sont normalement inconnus, et c’est justement ce qui va donner lieu à des mélanges improbables.
Ses sculptures invitent le spectateur à prendre conscience de l’impermanence de tout ce qui nous entoure, ainsi que de prendre plaisir à profiter de ce que la nature peut nous offrir durant l’instant présent.

Ses créations expérimentales prennent des formes étonnantes : des compositions florales (appelé l’art de l’ikebana en japonais) prises dans la glace, dérivant sur l’océan, plongées à 2000 mètres sous l’eau ou encore envoyées dans l’espace. (pour ça il a de quoi se jeter des fleurs, l’artiste).

Vous comprendrez donc qu’à l’heure actuelle on ne trouve que des traces photographiques de ces œuvres pour cause de non pérennité. Si vous souhaitez les voir (ou du moins ce qu’il en reste) elles n’y seront disponibles que sur la terre ferme, pendant des expositions, dans des musées ou bien des galeries d’art.

Photographies par Shiinoki Shunsuke :

« Block Flowers », une série d’herbiers contemporains.

Cette œuvre regroupe des fleurs lyophilisées puis encapsulées dans des blocs de résine acrylique. L’artiste crée alors un recueil documentaire plus vrai que nature.

Les plantes utilisées sont choisies à leur stade de croissance où elles sont au maximum de leur magnificence. Makoto choisit ses végétaux de manière intuitive, qu’il cueille lui-même ou se fournit chez des marchands japonais traditionnels.

Privés d’air, les végétaux resteront intacts et garderont toutes leurs caractéristiques d’état vivant.

L’artiste parvient ainsi à braver l’inéluctable, à prolonger l’éphémère et par ce fait, à figer la beauté d’une fleur. En fin de compte ce n’est pas ce dont on rêverait, d’avoir un bouquet de fleurs impérissable à porteée de main ?

 

« Iced Flowers »

Ici l’artiste a immergé les plantes dans des blocs de glace. Il associe alors la beauté de la flore à la rigidité et la froideur d’un bloc de glace.

Les parois cristallines qui entourent le végétal mettent en avant ses couleurs et ses formes, lui redonnant une seconde vie. Makoto s’amuse désormais à capturer la vie, le temps, en nous permettant de contempler l’immobilité de ces compositions végétales devenues véritables oeuvres d’art.

La composition mi-glacée mi-végétale donne à voir une sculpture délicate et sensible, sublimant la nature.

« Exobiotanica » ou l’ikebana qui atteint des sommets, et prenez-le au mot.

Ce projet-ci illustre le voyage d’un bonsaï du nom de « Shiki » qui fait le tour de la Terre (et bien plus) pendant presque 10 ans, retranscrit sous une centaine d’images insolites.

Tout en liant art et technologie, l’artiste pousse la tradition ikebana au-delà de ses limites habituelles, en faisant voyager des plantes dans des environnements extrêmes qu’elles n’habiteraient pas naturellement. Ici sur cette photo, il fait flotter Shiki dans la stratosphère.

« Dans le cadre carré, qui est une restriction mise en place par l’homme (une limite), l’infinité de la nature (illimitée) est contenue – il y a une certaine « friction » qui se produit ici »,  a dit Makoto.

En tout cas, personnellement, ça me donne envie de voir l’évolution de ses oeuvres expérimentales, car ça ne manque pas d’originalité !

Aloès CHARLES-MOREAU – DNMADe23JO – Décembre 2021

TIMALLE

François Piquet, est né à Paris. Actuellement, il vit et travaille en Guadeloupe. Il est ingénieur et designer multimédia, ayant débuté sa pratique dans cette île. Depuis, il fait le serment d’expérimenter la «créolisation», d’Edouard Glissant dans une création contemporaine protéiforme.

« Timalle »: jeu d’écriture sur la locution créole » Timal « (litt. Petit mâle), qui signifie «garçon», et est une manière très souvent affectueuse d’interpeller un homme ou un jeune homme.
Timalle (litt.  » petite malle « ) est un rappel du statut de «biens mobiliers» défini pour les esclaves par le «Code noir».                       

C’est une sculpture dont la chair est composée des formulaires de demande de réparation froissés. Ce corps en papier est résiné, teint en rouge comme un écorché vif. Mettant en scène ce petit personnage subissant une véritable métamorphose à l’issue de tortures jusqu’au point de mettre sa chair sanguinolente à nue. Les personnages sont assis dans une position de mal-être, mains au sol dans le dos , jambes repliées et tête levée. Les sculptures sont cerclées de lames de fer rouillés, enserrés, compressés, servant autrefois aux cerclages de tonneaux de rhum récupérés sur l’ancienne usine de Darboussier. Timalle est réduit à l’immobilité, seul son regard et sa bouche grande ouverte, peuvent exprimer sa souffrance atroce.

Cette œuvre représente un cheminement du processus esclavagiste. Faisant écho avec le passé et le présent vis-à-vis des déportations des/vers Caraïbes.

En somme, Timalle est une sculpture plus qu’une œuvre pour son créateur. Lui permettant de comprendre, de ressentir les atrocités qu’ont pu vivre et subir les esclaves. En partageant leurs émotions, leurs sueur et le sang coulé.

                                                               XAVIR Raphaëlito DNMADE 2 – Oct21

Le Chat de Geluck en exposition sur les Champs-Elysées

Une avenue complète à Paris remplie de 20 chats géants, vous y croyez ?

Sur « la plus belle avenue du monde », l’installation de Philippe Geluck intitulée « Le Chat déambule » a été inaugurée ce 26 mars après avoir été reportée lors du premier confinement. Elle met en scène le personnage caractéristique de l’artiste par des sculptures en bronze de 2m de haut alignées tous les 20 mètres, entre la Place de la Concorde et le Théâtre Marigny. De quoi mener tranquillement une promenade bien sympathique ou bien, une façon tacite et ludique de faire respecter la distanciation…

 

Réputé pour aborder les sujets les plus grinçants avec beaucoup de singularité, l’artiste reste fidèle à son humour, en affichant des sculptures humoristiques, engagées et poétiques, comme dans ses albums.

 

Sérigraphie Le Chat par Geluck – Perdre quelque chose – Brüsel

Les musées étant fermés, les salles de spectacles, les cinémas, cette exposition en plein air ravit le public. Un art qui donne espoir à relancer la culture, à concevoir l’art et la manière de le rencontrer, d’une manière différente, et une accessibilité moins ciblée… Une initiative de l’artiste belge fortement appréciée des passants qui y retrouvent là une « bouffée d’oxygène ».

  

Le Chat de Philippe Geluck à l'assaut des Champs-Élysées à Paris

Après Paris, les 20 sculptures seront exposées à Bordeaux, Caen, puis dans une dizaine de villes françaises et européennes. Les chats rentreront finalement à Bruxelles, pour l’inauguration du Musée du Chat et du dessin d’humour, prévu pour 2024.

En espérant retrouver de plus en plus d’initiatives artistiques envahir et décorer nos espaces…

JACQUOT Louison – DN MADE 1 – Avril 2021

Une Diva pas comme les autres

                             Juliana Notari

Le 31 décembre 2020, l’artiste plasticienne brésilienne Juliana Notari publie sur une page internet des images de son dernier chef œuvre de Land Art qui s’intitule Diva qui suscite la colère de l’extrême droite du pays. Son arrivée est intervenue juste un jour après que le président du pays, Jair Bolsonaro, ait déclaré qu’il ne légaliserait jamais l’avortement au Brésil.

                                    Diva

L’œuvre nommée « Diva » représente une sculpture de 33 mètres de long représentant, dans divers tons de rouge tels des coulures sanguines, une vulve XXL qui a été installée sur une montagne du Brésil. L’œuvre est aussi forte qu’ambiguë : si l’œuvre représente une coupure à vif dans la peau aux contours ensanglantés, difficile de ne pas y reconnaître l’anatomie de la femme. L’artiste cherche alors à promouvoir le débat sur les questions de genre dans le pays sud-américain. Et plus précisément « questionner la relation entre nature et  culture dans notre société occidentale phallocentrique et anthropocentrique » comme le dit l’artiste. Et donc aborder les problématiques liées au genre en adoptant une perspective féminine et féministe.

                    Construction

Pour vous mettre dans le contexte de réalisation, cette réalisation est composée d’une excavation de 6 mètres de profondeur recouverte de béton et de résine, 16 mètres de largeur, celle-ci a nécessité le travail de plus de vingt personnes pendant près de 11 mois et une résidence artistique en collaboration avec le musée d’art moderne Aloisio Magalhães et l’Usina de Arte de Recife. Un projet ayant aussi pour but la réhabilitation d’une ancienne usine à sucre à des fins artistiques.

 

Diva a pour objectif de réaffirmer la place et la puissance féministe dans un pays où les droits de la communauté LGBTQI+ (LGBT est un sigle utilisé pour désigner l’ensemble des personnes non strictement hétérosexuelles et cisgenre, en regroupant les lesbiennes (d’où le L), les gays (G), les bisexuel·les (B) et les trans (T), les personnes se définissant comme queer (Q) et celles qui sont intersexuées (I), des femmes et des personnes s’identifiant comme femme sont souvent menacés. Placer une vulve sur la terre est aussi une façon, pour elle de créer un lien entre « la naissance, d’où vient la vie » et là où nous retournerons « après la mort, à la nature ».

« L’art n’est pas isolé de la société, l’art reflète la société »

Certaines personnes comme Shaista Aziz, responsable des médias et de la communication chez Solace Women’s Aid, déclare :  « J’aime tout dans la sculpture de Juliana Notari, « Diva », et cette histoire. Cela témoigne de la misogynie et de la fragilité absolue de l’extrême droite mondiale et de tous les extrémistes obsédés par la restriction des droits humains, politiques, sexuels et économiques des femmes ». 

C’est donc pour cela que Juliana Notari, a voulu percer les tabous sexuels, qui ne devraient pas en être. Cette œuvre a donc pour but de créer un symbole d’espoir pour l’avenir, un avenir où tout sera meilleur donc rendre hommage à la fois à la Terre Mère, mais aussi faire de son œuvre un symbole féministe et un geste politique. 

Je vous invite à découvrir d’autres œuvres de cette artiste, qui sont également très intéressantes sur son site internet dont l’adresse se trouve ci-dessous :

https://www.juliananotari.com/en/dra-diva-2/ 

Et vous qu’en pensez vous de cette sculpture géante ?                                                      Faites le moi savoir en commentaire !

Merci pour votre lecture !

       Cora Cesar – DNMADE1Jo – Février 2021