Le Tattoo, une forme d’art à part entière

Un tatouage est un dessin décoratif et/ou symbolique permanent effectué sur la peau. Auparavant, il était le plus souvent effectué avec de l’encre de chine ou des encres à base de charbon ou de suif. De nos jours il s’agit plus d’encres contenant des pigments industriels. Il existe différentes couleurs et même une encre transparente qui ne réagit qu’à la lumière noire : ce type de tatouage est appelé tatouage « UV » ou « Blacklight ». Le tatouage est considéré comme un type de modification corporelle permanente. La technique du tatouage consiste à injecter l’encre sous la peau à l’aide d’aiguilles ou d’objets pointus. L’encre est déposée sous la peau entre le derme et l’épiderme. Le tatouage est pratiqué depuis des milliers d’années dans le monde entier. Il peut être réalisé pour des raisons symboliques, religieuses ou esthétiques. Dans plusieurs civilisations, il est même considéré comme un rite de passage à cause de la douleur endurée lors de la réalisation du motif. C’était aussi un mode de marquage utilisé pour l’identification des esclaves, des prisonniers ou des animaux domestiques.

Un petit peu d’histoire :

Les traces les plus anciennes de tatouages ont été découvertes en 1991 en Italie sur un explorateur congelé surnommé « Ötzi », âgé de 5300 ans environ. Après Ötzi, les plus anciens tatouages sont attribués aux civilisations égyptiennes. Lorsque les égyptiens étendent leur empire, la fièvre du tatouage s’empare du reste du monde. Dans les sociétés « primitives », le tatouage avait pour fonction essentielle de marquer les tâches de chacun des individus d’un groupe, accompagnant généralement chez les hommes, les rites d’initiation et l’accession au statut d’adulte. C’est en Polynésie (îles Marquises et Nouvelle-Zélande), que le tatouage atteint ses développement les plus sophistiqués, il peut recouvrir entièrement corps et visage. Ce fût une pratique courante dans de nombreux pays ainsi qu’à travers toute la Grèce Antique. A l’origine, ces marques sur la peau étaient des signes d’appartenance à un groupe : tribal, religieux, de pirates, d’anciens prisonniers ou de légionnaires. Mais c’était aussi une manière de marquer de manière indélébile certaines catégories de gens comme les esclaves ou les prisonniers. Interdit par diverses religions occidentales, il disparut en Europe, à l’exception de certaines inscriptions propres à quelques corporations d’artisans du Moyen Age. Il ne réapparut alors qu’au XVIIIème siècle par l’intermédiaire des explorateurs des îles du Pacifique. Dans les années 1970, puis plus particulièrement dans les années 1990, un véritable engouement pour le tatouage est né. De nombreuses personnalités de la musique, du sport et des médias se font tatouer de plus en plus ouvertement, ce qui se voit. La majorité des artistes de musique rock, heavy metal, hip-hop ou encore R’n’B portent des tatouages. De plus, l’effet de mode a tendance à se mondialiser et de nombreux jeunes changent les vieilles idées, ce qui fait que de plus en plus de personnes se font tatouer ou acceptent mieux le tatouage. Il n’est plus alors une manière d’afficher son appartenance à un groupe, à une tribu ou à un quartier.

Styles de tatouages les plus courants :

Tatouage old school :  ou « traditionnel » : les motifs sont exécutés selon les principes traditionnels occidentaux. Il est réalisé avec des contours épais, de fortes ombres noires et utilise des couleurs primaires vives. Les dessins sont souvent d’inspiration rock ‘n’ roll et reprennent des thèmes des années 1950 et 60. Des dessins de pin-up, de rose, de tigre, de cartes à jouer, d’hirondelles et de portraits ou encore des symboles militaires ou maritimes sont des exemples très répandus de ce style de tatouage

Tatouage new school : le style new school est une version modernisée du style old school. Les motifs sont toujours très colorés mais contiennent plus de dégradés, et sont d’inspiration plus moderne. Les lignes sont larges et marquées, et on y retrouve une inspiration proche de la bande-dessinées, des comics ou du manga.

Tatouage biomécanique : le tatouage de style biomécanique incorpore des composants mécaniques, organiques et biologiques. Il peut être réalisé de manière à donner l’impression que le motif se trouve sous la peau ou la déchire. C’est un style de tatouage largement présent dans la communauté cyberpunk et s’inspire largement de l’univers de la science-fiction

Tatouage tribal : Ce style est composé de motifs épais, sans ombrage et de couleur noire, parfois reproduit en séquences pour créer une frise. Il tire son origine des anciens motifs de  tatouages des îles du Pacifique. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il est réalisé en noir: les ethnies en question ayant la peau foncée, l’encre noire assure une meilleure visibilité du tatouage, mais se maintient aussi beaucoup mieux sur la peau que les encres colorées. Les dessins sont inspirés de l’art indigène et sont souvent abstrait, mais cela n’est pas toujours le cas, car les tatoueurs occidentaux ont modifié les motifs originaux.

Tatouage chicano : Ce style est né dans les années 1950 dans les prisons californiennes pour célébrer l’appartenance à la communauté latino de ceux qui les portaient.                                                                   De nombreuses références religieuses sont quasi omniprésentes :                                              – La Vierge Marie qui pleure (grande tristesse résultant d’un évènement, perte d’un être cher…)                                                                         – Jésus, anges, mains en position de prière                                                      – Santa Muerte, les « sugar skulls », ces crânes maquillés et joliment décorés qui expriment la joie (en référence à la fête mexicaine des morts « El dia de los muertos », pendant cette fête, les mexicains chantent et dansent dans les cimetières pour rendre hommage à leurs morts, les femmes se maquillent aux couleurs lumineuses représentant des crânes, et symboliquement la mort)

Tatouage gothique :  les motifs de style gothique sont d’inspiration gothique, macabre ou gore, ils sont très souvent réalisés en noir et dégradés de gris. On y retrouve beaucoup de représentations de monstres ou de créatures fantastiques, des démons, des crânes ou la faucheuse.

Tatouage asiatique : recouvre souvent le corps entier. Ce style incorpore généralement des motifs et silhouettes complexes empruntés à la mythologie orientale: fleurs symboliques, poissons ayant aussi une signification allégorique, imagerie de dragons, vagues et eau à l’arrière-plan. Les dessins sont souvent représentés dans un style qui suit les règles de l’art traditionnel japonais. On parle aussi de style japonais.

Tatouage abstrait: le tatouage abstrait n’est pas un style à proprement parler, il s’agit de motifs abstraits pouvant être réalisés dans n’importe quels styles. Par exemple de nombreux tatouages tribaux ou polynésiens sont des motifs abstraits.

Tatouage celtique: ce style fait référence à l’art celtique. Les formes constitutives de ce style sont les entrelacs, nœuds, tresses et croix celtiques, ainsi que d’autres éléments d’art traditionnel comme les créatures mythologiques. Il est généralement réalisé à l’encre noire.

Tatouage réaliste: le style réaliste consiste à exécuter des motifs de la manière la plus réaliste qui soit, les plus réussis donnent même l’impression de voir de véritables photos. Les tatouages réalistes les plus courants sont les portraits.

Tatouage lettrage: le tatouage lettrage consiste à se faire tatouer une phrase, un mot, une lettre. Il est très apprécié et populaire car il peut notamment représenter une citation, une histoire propre à chacun, rendre hommage à un être cher. Il peut être discret ou voyant, et être placé à n’importe quel endroit du corps. De plus, la diversité des polices de caractère est très grande, ce qui en fait un style très riche.

Teddy Mougin – DNMADE JO1 – oct 2022

« Piqué à la main »

Le Handpoke est une technique d’encrage de la peau qui n’utilise pas de machine électrique, il suffit d’être muni d’un outil aiguisé et pointu qui va être manipulé à la main, en n’oubliant pas qu’il y a des conditions d’hygiène à respecter.

Cet art allie patience et savoir faire, afin d’obtenir un tatouage, le tatoueur y va point par point, contrairement à la machine, c’est le geste du tatoueur qui maîtrise la profondeur de l’aiguille, l’angle de pénétration, la force et la rapidité, l’handpoke nécessite une vraie dextérité.

Le handpoke datant du début de la civilisation humaine, est souvent assimilé à ses prédécesseurs, comme le tatouage dit Tebori, qui est une technique traditionnelle japonaise d’ancrage piqué a la main, à l’aide d’une aiguille en bambou ou en acier, ou le tatouage traditionnel polynésien, dit Tatau signifiant « dessin inscrit dans la peau », réalisé à la main. Les outils qui seront utilisés, auront été au préalable sculptés par le tatoueur, dans de l’os ou de l’ivoire, cette technique est accompagnée de prières, le tatouage sera plus considéré comme un rituel, plutôt qu’un apport esthétique.

L’artiste utilisant cette méthode, sait qu’il est compliqué de réaliser certains motifs, comme les ombrages, les dégradés lisses ou les mélanges de couleurs, ce qui exclut les aplats de noirs sur une grande surface, évidemment ça n’est pas impossible, avec de la patience et un travail précis.

Une machine électrique pique à une plus grande vitesse que les mouvements de la main du tatoueur, demandant plus de temps, mais pour une douleur minime contrairement à la machine. Les idées préconçues sur la technique du handpoke se multiplient, mais cette pratique fait généralement moins mal, car la vitesse de pénétration de l’aiguille dans la peau est plus douce, permettant de moins l’agresser. Cette manière de tatouer est donc plus souvent utilisée pour ancrer les parties les plus sensibles du corps, comme les mains, les doigts ou les pieds, engendrant moins de rougeurs, et de gonflements, la cicatrisation est plus douce et plus nette.

Le handpoke reste une façon de tatouer qui possède une identité visuelle, l’outil a en quelque sorte créé un style d’ancrage propre à lui-même, tout le monde ne va pas être attiré par cet art, préférant le tatouage à la machine qui reste pourtant une technique plutôt impersonnelle. Souvent nous choisissons un certain artiste pour ses qualités graphiques, tandis que l’handpoke est un art qui parle de lui-même qui pousse ceux qui le pratiquent à redoubler d’imagination et d’inventivité pour créer, permettant à la société de redécouvrir cette technique vintage, et surtout de ne pas perdre ce savoir-faire.

Dausseing Tiphaine, DNMADE1JO – Oct. 21

Entre peinture et chirurgie, l’art du tatouage en free-hand !

Photo réalisée un an après la session de tatouage et à la suite de deux  séances  de retouches esthétiques.

Partons à la rencontre d’un art très ancien et pourtant mis en avant seulement que depuis quelques années, le tatouage.

Pour ce faire, je tiens à vous présenter cette œuvre réalisée par le talentueux Hugo Feist, tatoueur français basé à Seynod, non loin d’Annecy.

En effet, ce jeune tatoueur n’a plus à prouver son talent et sa réputation n’est plus à faire. Il suffit de le voir à son agenda rempli des mois et des mois à l’avance. Il a été récompensé au salon du tatouage « Montreux2k18 » avec la première place dans la catégorie petite pièce noire et grise mais aussi à deux reprises au salon « The Ink Factory » de Lyon, pour une manche en noir et blanc, puis pour une collaboration avec sa compagne, d’origine américaine, Ivanka Collado.

Avant de s’installer dans son salon de Seynod, Hugo a parcouru le monde en tant que tatoueur itinérant. Il a notamment fait plusieurs arrêts entre le Japon, la Corée ou les Etats-Unis pour parfaire sa technique et affiner son style dans le réalisme en noir et blanc.

Photo du tatouage prise à la fin des 10 heures de travail nécessaires à sa réalisation.

Trêve de mondanités, et intéressons nous plutôt à cette œuvre de dessin architectural. Laissez vos yeux apprécier la profondeur et les jeux d’ombrages réalisés par l’artiste. Le réalisme est rempli à la perfection de part la perspective incroyable entre les arches, les ellipses et les nombreux détails de cette rosasse extérieure de cathédrale gothique.

Pour réaliser cette manche il nous faut donc : un tatoueur talentueux ; un travail de dessin artistique avancé ; de l’expérience ; une excellente vision et réalisation des perspectives et des proportions ainsi que pas moins de 10 heures de travail. A cela, rajoutons ensuite plusieurs éléments d’ornementation autour de la rosasse, et voilà le tour est joué.

Ce tatouage est tout simplement sublime même pour une personne plutôt réfractaire à cette pratique, d’autant plus que sa réalisation ne consiste pas à simplement suivre les lignes d’un calque, mais de plusieurs heures de dessin au feutre de différentes couleurs afin de distinguer les nombreuses profondeurs et lignes de construction. C’est ce qu’on appelle « le free hand ». En effet, au lieu d’imprimer un calque et de le coller sur la partie du corps à tatouer, le tatoueur prend une photo à ses cotés ou un dessin sortit tout droit de son imagination pour ensuite y recopier, tout d’abord au feutre, puis à l’encre, d’un simple regard . Le « free hand », comme on l’appelle, permet de mieux adapter les formes du dessin à la morphologie de la personne. Cependant, elle peut également présenter plusieurs défauts, notamment dans les proportions du dessin, si le tatoueur n’a pas de véritable sens des volumes et des proportions ou s’il ne maîtrise pas complètement cette technique. Il est inutile de vous dire que l’erreur est fatale et définitive dans l’univers du tatouage, on ne peut pas juste jeter notre feuille pour en recommencer une nouvelle. 

S’il vous prenait l’idée de faire un tatouage en noir et blanc de type réaliste, j’espère que vous penserez à ce tatoueur qu’est Hugo Feist car, quitte à vouloir orner sa peau d’un dessin indélébile et d’y mettre le prix, autant qu’il soit considéré comme une véritable œuvre d’art. De plus, certains de ses croquis et projets sont déjà prêt à être tatouer, il ne manque plus que vous pour les porter, si l’un d’entre eux vous plaît. Je vous laisse donc avec quelques échantillons de ses créations, j’espère que cela vous a plu et peut être même inspiré pour de futurs projets personnels.


 

 

 

 

 

  Gaudin Killian, DNMADe 1 Horlo 2020