Entre Guimet et le Nō.

Dans une ville où le peuple vit à 100 à l’heure, les passants se bousculent tel un jeu d’acteur. Les métros remplis passent toutes les 3 minutes et nous emmènent à Guimet devant les volutes. En entrant dans cette salle silencieuse, nous apercevons des sculptures somptueuses. Fascinées par les couleurs des patterns de pierres, elles nous transportent en Asie vers une nouvelle ère. Après avoir monté les marches d’un étage, c’est au Sud-Est que se poursuit notre voyage. La pièce commence par des toiles pâlichonnes, observant des scènes de kabuki nipponnes.

Musée National des Arts Asiatiques Guimet.

Les tableaux représentent des pièces du Nō, qui est une forme de théâtre japonais reconnue par l’UNESCO. Elle était à l’origine destinée à l’aristocratie du Japon, contenant des danses et des chants nippons. Il y a sur le mur des masques du théâtre Nō qui datent de l’époque d’Edo (1603-1868). Ils étaient conçus en bois, recouverts de peinture, pigments et protégés par une laque pour bois. Leur particularité est de refléter la lumière, permettant de créer des expressions et des nuances de caractères.

Masque de Nō, Hannya : en Bois et pigments réhauts d’or.

 Époque d’Edo (1603-1868). Disponible au mnaag de Paris.

L’un d’eux s’appelle Hannya, et la légende raconte que le fantôme d’une femme triste est revenue sur terre pour accomplir son désir de revanche. Elle reflète la colère et la jalousie, que l’on retrouve dans les crimes passionnels, liées à l’homme et ses états émotionnels. Nous pouvons facilement reconnaître Hannya sur un masque, on l’identifie grâce à son sourire effrayant. Sa mâchoire carrée et son regard expriment la douleur et la rage. Elle représente le strict contraire d’une personne sage. Dans le théâtre Nō, nous pouvons la retrouver sous trois formes, en fonction de sa jalousie et son animosité :

Hannya Namanari, de forme humaine, elle possède des petites cornes. Cette Oni utilise la magie noire pour se venger.

Hannya Chunari, est plus puissante, car elle utilise à plus grande échelle la magie noire. Elle ressemble à un démon avec des cornes, et possède des dents pointues. Pour la sauver, il faut exercer des prières bouddhiques.

Hannya Honnari, elle est la plus puissante et redoutée. Son corps prend la forme d’un serpent, sa langue devient fourchue, ses doigts sont telles des griffes acérées et elle a la possibilité de cracher du feu. Cette démone à l’origine une femme ne peut désormais plus être sauvée.

Illustrations de Matthew Meyer :Hannya Namanar, Hannya Chunari, Hannya Honnari.

Dans le Nō, les acteurs costumés s’amusent avec l’inclinaison du masque pour exprimer les deux facettes du personnage. Vers le bas, le visage parait envahi d’une tristesse, alors qu’en face du public, le masque transmet un sentiment terrifiant, et satanique. Dans les spectacles Nō, Hannya est utilisée pour représenter une femme jalouse, en colère, et blessée qui est entrée dans un état de folie jusqu’à en devenir démoniaque. Les principales causes de sa démence, sont un amour non partagé, un mari infidèle, violent ou désintéressé par son amour.

Nous la retrouvons dans le folklore, qui inspire les créateurs dans le cinéma, le jeu vidéo, dans l’art du tatouage, le manga…

Masque de Nō, Hannya 
19-20ème siècle

Dans cet article, Hannya n’a pas été choisi au hasard. Elle montre la perception nippone de la colère et jalousie féminine, qui d’après la légende terrifie, et doit être soignée par des prières bouddhistes. En occident, et plus particulièrement en France, les sorcières s’apparentent à ces démones japonaises. À votre avis, pourquoi le monde a-t-il eu besoin d’assimiler les émotions et états physiques des femmes à des entités maléfiques ? 

Mia BONNETTI DNMADe 24 Ho – Avril 2023

Ariane Mnouchkine et le théâtre du soleil

« Le théâtre est un endroit où le monde se revit, se pense et donc d’une certaine façon se transforme, en tout cas où les forces de transformation peuvent être invoquées, partagées et donc peuvent se répandre de façon très modeste, très mystérieuse, d’une façon que je pense, moi, incontestable » 

Ariane Mnouchkine

Ariane Mnouchkine

Et si on parlait théâtre? Que vous soyez connaisseur ou non de ce domaine si riche qui constitue une grande partie du spectacle vivant, qui nous immerge dans un monde complètement différent par ses costumes, ses décors, ses écrits et ses actes.

Je voudrais vous faire découvrir ou redécouvrir l’une de ces troupes que l’on pourrait qualifier de « star »ou bien encore de « référence » de notre siècle dans le milieu du théâtre. Dirigée par Ariane Mnouchkine, grand metteur en scène reconnue, une troupe fantastique qu’elle a fondée il y a quelques années de cela et qui est  devenue incontournable : La troupe du théâtre du soleil.

Théâtre du Soleil, « AGAMEMNON »

J’avais envie de vous en parler suite à un cours de théâtre qui m’a énormément marqué. Encadrée par un membre fort de la troupe du théâtre du soleil, qui nous a guidé comme l’aurait fait Ariane et qui  m’a fait percevoir l’espace scénique et le jeu corporel d’une tout autre manière. Et qui nous a appris ces notions de transmission, de partage,  qui sont les piliers et une chose est essentielle à retenir de cette troupe.

Créée en 1964 par Ariane Mnouchkine, la troupe du théâtre du soleil s’est très vite lancée dans la rénovation en 1970, et s’est installée dans ce qui allait devenir sa demeure, son terrain de jeu, de travail, connu de tous : Les anciennes cartoucheries de Vincennes. 

Assister à une pièce de la troupe du soleil, ce n’est pas seulement assister à un spectacle, c’est vivre une expérience sociale et de partage. (Un repas est fait par la troupe pour les spectateurs avant la représentation, les acteurs discutent avec les spectateurs, il y a vraiment cette notion de partage, ça vaut le coup !). 

Ce sont des pièces engagées que nous présente la troupe au travers de scénographies imposantes, spectaculaires et prenantes ; Un spectacle qui nous plonge entièrement dans un univers si particulier où la patte de la metteur en scène est reconnaissable entre mille. Des pièces qui ont fait le tour de la planète. 

« Le théâtre a charge de représenter les mouvements de l’âme, de l’esprit, du monde, de l’histoire. »

Une mise en scène mettant en valeur un jeu corporel essentiel avec de grands gestes, où les émotions sont transmises au travers du corps. Les pièces du théâtre du soleil sont aussi mêlées de chorégraphies, d’effets sonores, de paroles, de jeu avec des accessoires. (Agamemnon). Ceux-ci guident le jeu, se déplacent, dynamisent les actes, redéfinissent l’espace scénique, amènent aux gestes fluidité, brutalité, délicatesse, intensité… Le plateau tourne, est en mouvance constante, les décors imposants sont animés par les acteurs. Ils parviennent même à jouer comme des marionnettes guidées par d’autres acteurs (tambour sur la digue). Un mode de jeu qui fait réfléchir et qui pousse le corps encore plus loin.  

Un jeu spectaculaire d’une grande précision, des déplacements millimétrés. Le travail de Mnouckine est palpable derrière ces pièces parfaitement orchestrées. Des indications justes qui nous amènent vers une pièce captivante et intense qui marque les esprits et façonne la réputation de cette si grande troupe. Une troupe qui interroge le théâtre, le redéfinit.

C’est une immersion complète dans un univers décalé, reprenant de grands classiques, Molière, les Atrides et tant d’autres. Des pièces incontournables, pérennes avec cette touche en plus, celle d’Ariane Mnouchkine et sa troupe du théâtre du soleil. 

Travailler dans la troupe du théâtre du soleil, ce n’est pas seulement être dirigé par une seule personne, c’est un travail collaboratif important, une vie en communauté, chaque avis, toute personne est importante. (Une chose importante à savoir aussi, chaque personne touche le même salaire, quelque soit son ancienneté et son statut). C’est là qu’elle fait aussi la différence humainement parlant !

Alors si vous êtes sensible au théâtre, courez à la cartoucherie, prenez vos places, ouvrez grands vos yeux, buvez les vers et appréciez le moment. 

Si cela vous intéresse, je vous conseille de regarder le film :  Ariane Mnouchkine, l’Aventure du Théâtre du soleil.

Je vous mets quelques extraits pour que vous puissiez comprendre ce travail exceptionnel et être curieux. Bon visionnage !

https://www.youtube.com/watch?v=N5RXsjTU34M

Noélie C. – DNMADe1 Jo – Avril 2022

27 décembre 1897 , un départ dans histoire du théâtre français

Replongeons nous dans le Paris du 19ème ; le début de la photographie, de l’automobile, de la mode scientifique, des Jules Vernes, Arthur Rimbaud et Edmond Rostand.

                                   

C’est un film qui a été réalisé par Alexis Michalik  et est sorti le 9 janvier 2019. Il s’agit d’une réadaptation d’une pièce de théâtre qu’il a lui même écrit en 2016. Les scènes principales ont été tournées au théâtre du Palais Royal de Paris, ce qui sublime d’autant plus le film. 

Je vais vous proposer dans cet article de visionner l’histoire d’un petit auteur, Edmond Rostand, ne créant que des fours et n’étant point connu du public, et qui, en trois semaines seulement va écrire l’un des plus grand chef-d’oeuvre du théâtre français, il s’agit, vous le savez j’espère, de Cyrano de Bergerac. 

Cette pièce a été pour la première fois jouée le 27 décembre 1897. Après 40 rappels, on se décidera à laisser le rideau ouvert. Les acteurs seront portés en triomphe dans les rues de Paris, Edmond Rostand recevra la légion d’honneur, et dans le siècle à venir, Cyrano de Bergerac sera joué plus de 20 000 fois et deviendra ainsi le plus grand succès du théâtre français. Quelques dates et acteurs importants : Constant Coquelin le soir du 27 décembre 1997, puis en l’an 1900, puis Pierre Magnier en 1923, Claude Dauphin en 1946, José Ferrer en 1950 ( grand acteur portoricain ! ), Daniel Sorano en 1960, Jean Piat en 1964. Mais encore Jean Marais en 1970, Jacques Weber en 1985, Jean-Claude Drouot en 1985, le grand Gérard Depardieu en 1990, Michel Vuillermoz en 2006 et encore tant d’autres. C’est une pièce omniprésente, universelle et intemporelle. C’est pourquoi ce film Edmond est très intéressant et très prenant. C’est un nouveau tournant pour le théâtre.

Mais revenons en au film voulez-vous ? 

Edmond Rostand est comme tout le monde. C’est un rêveur qui aimerait avoir du succès, mais aussi de douceur et d’aventure dans sa vie. Il a trouvé le moyen de faire tout cela ! C’est en créant des vers et des personnages. Malheureusement, les gens n’apprécient pas vraiment ses tragédies et ses histoires car la mode est à la Comédie. Après avoir parlé avec Constant Coquelin, (un grand acteur de l’époque ), ce dernier va lui commander une pièce pour avant la nouvelle année, c’est-à-dire en trois semaines seulement. Edmond n’a pas écrit depuis deux années, il est perdu. Il n’a qu’une idée, qu’un début, qu’une tirade… Il va écrire oui, mais en plus essayer de régler tous les soucis qui vont le ralentir dans son élan ; de ne pas prêter d’importance aux caprices des actrices, répondre aux exigences de ses producteurs corses, calmer de la jalousie de sa femme, suivre les histoires de cœur de son meilleur ami et essayer d’oublier le manque d’enthousiasme de l’ensemble de son entourage… malgré tout, il sortira une pièce d’exception, de perfection. D’ailleurs le patron du café où il va souvent, Monsieur Honoré, lui dira : 

« Cette pièce est sublime. Vous avez messieurs de l’or entre les mains,  vous avez un bijou que personne ne peut estimer ! Voulez-vous qu’il disparaisse dans l’oubli ou voulez-vous qu’il soit le plus grand triomphe du théâtre français ? 

Donnez tout ce que vous avez pour cette pièce car je vous le prédis ; jamais, de votre vie vous n’en croiserez une plus belle ! « 

                               

Vous trouverez dans des petits rôles l’incarnation de certains excentriques du cinéma français ; comme par exemple Dominique Pinon en régisseur survolté et agité tout au long du film, et Jean-Michel Martial en tenancier de café rêveur et poète victime de discrimination raciale. De grandes figures du théâtre français et même de cette époque sont incarnés par de grands acteurs actuels ! Sarah Bernard par exemple qui est très importante dans cette histoire et qui connaît le petit poète est interprétée par Clémentine Célarié. 

Vous allez découvrir le vieux Paris, les bonnes manières, la mode, le pouvoir, la jalousie, l’amour, et le théâtre bien sûr ! Vous apprécierez ainsi la finesse des dialogues et la capacité du réalisateur à mettre à jour le genre du vaudeville, et ce dans un cadre lié au patrimoine de la culture française. Il est excitant, prenant, Et même si vous n’avez jamais vu la pièce, ou simplement du théâtre, ce film ne vous perdra pas. Au contraire, il vous mettra à l’aise et vous comprendrez tout. Il vous donnera même envie de voir la pièce originale !

Il est disponible sur toutes les plateformes et j’espère qu’il vous plaira. Je vous mets ci-dessous la bande annonce. Merci de m’avoir lu et bon visionnage ! 

https://www.youtube.com/watch?v=jOgoyxezMoI

Esther Loras__DNMADe14Jo__23 avril 2022

Une aventure follement zélée !

Les Fous Zélés, mais qui sont-ils ? Que font-ils ? Comment ? Pourquoi ? C’est de cela que nous allons parler dans cet article.

Les Fous Zélés sont une troupe de théâtre et une association à but non lucratif basés à Longchaumois dans le Haut-Jura et à Quingey dans le Doubs depuis bientôt 3ans.

Leur projet est de faire découvrir et partager une expérience théâtrale entre le spectacle de rue et le spectacle de salle tout en communiquant des valeurs de simplicité de vivre ensemble de partage et de bonne humeur.

Leur prochain spectacle s’intitule « La mer dégonde… ou quand Spielberg rencontre Maupassant » un spectacle original écrit et mis en scène par Romain Jaillet. Ce spectacle, comme son nom l’indique s’inspire de l’univers de Spielberg ainsi que celui de Maupassant et plus particulièrement des Indiana Jones et du Horla.

Dans cette pièce qui  promet d’être haute en couleurs, le jeune Indi accompagné de pleine lune son acolyte se lancent dans la quête du Horla, de rencontres en dangers, de surprises en déceptions, arriveront ils au bout de leur quête ?

Ils présenteront ce spectacle lors de leur 3ème tournée itinérante début juillet entre Quingey et Longchaumois, en passant par Orchamps-Vennes près de Morteau et beaucoup d’autres villages du Doubs et du Jura.

si vous voulez les suivre et/ou les soutenir ils vous invitent à aller voir leur page Facebook et leur campagne helloasso pour faire prospérer ce projet qui leur tient à cœur.

Merci d’avoir suivi cet article, n’hésitons pas à nous intéresser et soutenir des projets locaux, bienveillants et qui prônent la culture et la diversité.

Pierre O. DNMADe1 – Février 2022

Le théâtre c’est des gens bourrés sur internet !

« Le théâtre au début c’était des gens bourrés sur une charrette.

Tout le monde y allait c’était facéties, fièvres, farces et faits. Mais aujourd’hui n’y vont que des bourgeois à lunettes. 

Mais on veut que ca redevienne branché et chouette. Scénique c’est des gens bourrés sur internet ! »

 

Ci-dessus vous avez pu lire les paroles du générique de la série « Scénique ta pièce » crée, réalisée et mis en scène par Charlotte Issaly et Mathilde Wind.

Charlotte Issaly sous le pseudonyme de « Charlie Rano » qui est en grande partie a l’origine de ce projet est une jeune youtubeuse propulsée par Madmoizelle et maintenant indépendante.

Comme dit dans le générique de la série le but de ce projet est de ramener le théâtre dit « classique » au goût du jour en le rendant plus dynamique, notamment en vulgarisant des passages et en y intégrant du langage familier « actuel ». << Parler de théâtre aux vrais gens de la vraie vie >>

Cette belle et jeune équipe est composée de 17 personnes, 9 commédiens.es dont 2 réalisatrices, 3 ingénieurs.es son, 2 régisseuses et 3 personnes à l’image. 

Pour une présentation plus complète clique ici

Pour présenter ce projet plus concrètement nous pouvons nous pencher sur l’épisode reprenant Cyrano de Bergerac écrit en 1897 par Edmond Rostand.

Dans cette vidéo, après une scène d’introduction dans laquelle les personnages sont intelligemment introduits, les acteurs présentent la pièce originale et le contexte dans lequel elle a été écrite, le tout suivi par le générique introduisant cet article.

Suite à cela les acteurs jouent la pièce dans une savante alternance des scènes originales rejouées dans des décors modernes et des scènes revisitées utilisant un langage familier afin d’habilement raccourcir la durée de la pièce tout en escamotant le moins de passages possible.

Merci d’avoir suivi cet article jusqu’au bout et intéressons-nous au spectacle vivant !

N’hésitons pas à suivre et soutenir ce jeune groupe.

Pierre O. – DNMADe14Ho – Déc 21

De la poésie à très grande échelle !

 Aujourd’hui j’ai envie de vous partager un souvenir d’enfance si marquant. Un regard touchant et une gestuelle qui rendaient ces immenses créatures mécaniques si vivantes !

Des promenades au côté de Géants dans la ville de Nantes

Une histoire inventée par Royal de Luxe « la Géante du Titanic et le scaphandrier » :

« Islande, faite de volcans, abritait alors certains géants forts occupés à moduler le paysage pour en faire une terre habitable. L’un d’entre eux, ou plutôt l’une d’entre elles, avait pour tâche de faire apparaître d’immenses geysers (…) Des corsaires anglais, à la solde de sa Majesté, capturèrent la géante. Elle fut embarquée clandestinement dans une cale du Titanic afin d’être exhibée dans le nouveau monde et démontrer ainsi la suprématie du Royaume-Uni. Comme chacun sait, le navire déchiré par un iceberg venant du nord d’Islande, sombra et par le fait notre géante avec. Mais comme tout passager du bâtiment notre géante avait de la famille : un frère nommé « le Géant » et une fille appelée « Petite Géante » (…) Durant de longues années le Géant parcourut le fond des océans et finit par retrouver l’épave. (…) Alors il décida de rejoindre sa nièce : la Petite Géante. »      

https://www.royal-de-luxe.com

La Petite Géante

Du 5 au 7 juin 2009 à Nantes la compagnie de théâtre de rue Royal de Luxe reproduisait la rencontre entre la Petite Géante et le scaphandrier. Le scaphandrier arriva à Nantes en émergeant de la Loire et la Petite Géante sortant d’un bateau. Nous avons pu les suivre se promener mais surtout vivre dans la ville à travers ces scènes de vie quotidienne où l’on voit la Petite Géante dormir, se laver ou encore manger une sucette. Le lendemain nous avons pu voir la rencontre entre les deux personnages. Cette rencontre se passa devant nos yeux. Pendant quelques minutes nous avions oublié que ce n’était que des créatures mécaniques à travers ces gestes de tendresses et les doux regards qu’ils se lançaient. L’effervescence de la ville rendait ces moments festifs, familiales et débordants d’émotion.

Rencontre entre Le scaphandrier et la Petite Géante

La Petite Géante et les Lilliputiens

 

Des marionnettes mais pas seulement

Les marionnettes sont accompagnées de lilliputiens qui les actionnent, sans eux les marionnettes resteraient immobiles. Ces hommes sautent, courent, tombent, se précipitent et la marionnette les regarde agir avec étonnement comme si elle ne comprenait pas qui ils étaient. Cela donne vraiment une impression de marionnette vivante.

Qu’est-ce que Royal de luxe ?

Royal de Luxe est une compagnie de théâtre de rue Française fondée en 1979, à Aix-en-Provence par Jean-Luc Courcoult, Véronique Loève et Didier Gallot-Lavallée. Elle est l’une des plus connus internationalement. Leur terrain de jeu c’est la rue, ce lieu  où se mêle toutes les classes sociales. Cette aventure a commencé par un spectacle : « le Cap Horn » puis ont suivi : « les mystères du grand congélateur », « la mallette infernale » « Terreur dans l’ascenseur » … Leurs spectacles ont pris une telle ampleur qu’ils sont allés jouer partout en France et dans le monde.

En 1989, Jean-Marc Héraud (le maire de Nantes) offre à la compagnie un hangar pour créer et stocker leurs créations, Nantes va devenir la principal ville ou sont joué les spectacles.

La « saga des Géants » fut la réponse à une question que Jean-Luc Courcoult se posait depuis des années : « Comment raconter une histoire à une ville entière ? »    Jean-Luc Courcoult

En effet ces spectacles de quelques journées où des marionnettes géantes vivent avec nous leurs aventures ont mis en haleine toutes les villes dans lesquelles ils sont passées. 

La « Saga des Géant » met en scène une dizaine de géant qui raconte leurs histoires dans le monde entier il y aura les Girafes, le Rhinocéros, El Zolo (le chien), la Grande Mère, l’Eléphant, le Scaphandrier, le Petit Géant et la Petite Géante.

J’ai eu l’impression que cette prouesse relevait de la magie tellement on pourrait qualifier cette performance de grandiose. Ces géants resteront gravés dans les mémoires des petits et des grands.

Si cet article vous a plu, je vous invite à aller voir le documentaire réalisé par Jean-Michel Carré « Royal de Luxe » où les nombreux reportages sur YouTube sur Royal de Luxehttps://youtu.be/rigKzJuCb_o https://youtu.be/WgwWrzEw0Xk

Léna BONNEAU – DNMADe14HO – Décembre 2021

A temps, longtemps

A temps, longtemps

– Bonjour, vous êtes qui ?
– Un lecteur de mortofilo.
– Vous attendez quoi ?
– Une critique.
– Et si elle ne vient pas ?
– J’attendrai la prochaine.
– Et si vous la ratez ?

Ceci n’est pas un extrait de la pièce. Ceux qui l’ont lu comprendront (ou pas), les autres devront attendre avec Vladimir et Estragon.

Entrons dans le vif du sujet : En attendant Godot est une pièce de théâtre française en deux actes, écrite en 1948 par Samuel Beckett et publiée en 1952.

Pour faire simple, c’est l’histoire de deux vagabonds qui attendent près d’un arbre, au bord d’une route, le soir. Les personnages, les spectateurs et les lecteurs sont dans un premier temps happés, subjugués, puis déçus, car l’attendu nommé Godot ne vient jamais, ou peut-être vient-il sans qu’on ne le reconnaisse (Mystère…).

Pour avoir lu et vu la pièce, je ne suis pas déçue du risque pris. En effet, poser deux personnages qui n’ont rien d’important à se dire sur scène, les faire se parler pendant deux heures pour attendre quelqu’un n’ayant aucun intérêt, et qui ne vient pas (et qui ne viendra jamais), il fallait oser.

Certains peuvent penser que cette pièce est inutile, cadencée par des dialogues que l’on qualifierait aujourd’hui de déjantés, décalés et donc obligatoirement adulés ou honnis. Seulement, je pense que rien n’est inutile et même si cette pièce ne requiert pas l’attention permanente de tous les spectateurs et déçoit pour l’inconnu de la fin, il faut se prêter au jeu, et imaginer la suite. D’ailleurs, chaque relecture engendre beaucoup d’émotions et d’espoir que Godot se révèle enfin !

J’aime le théâtre de l’absurde. Cette pièce évoque l’attente, les rendez-vous manqués, la fuite du temps, l’indifférence. Il y a des scènes brutales, qui montrent que l’homme n’est pas toujours tendre avec son prochain, loin de là ! L’auteur nous retrace un portrait noir de l’humanité : violente et égoïste. Cette pièce fait réfléchir, et se termine sur deux alternatives : Soit Godot viendra enfin au rendez-vous, soit Vladimir et Estragon, las d’attendre et fatigués, mettront fin à leurs jours en se pendant. Drame de la solitude et de l’incompréhension.

Si vous avez 2h30 devant vous, patientez en compagnie de Vladimir et d’Estragon !

Et n’oubliez pas, il y en a qui sont MORTS en attendant … Godot… ?

JAEN Elodie DNMADE1 Jo, Janvier 2021

« Ma théorie est simple : la vie est un récit »

J’aimerais vous parler ici, d’une certaine pièce de théâtre. Je dis « certaine », car elle est vraiment atypique. Exceptionnelle même. Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas une de ces pièces de théâtre ennuyeuses, longues et difficiles à suivre. Non, elle est de celles qui vous restent en tête, qui vous marquent, qui vous touchent, qui vous émeuvent, qui vous transportent, qui vous portent… Le porteur d’histoire. Voici le nom de la pièce dont je souhaite vous parler.

Par une nuit pluvieuse, au fin fond des Ardennes, Henri Martin doit enterrer son père. Il est alors loin d’imaginer que la découverte d’un carnet manuscrit va l’entraîner dans une quête à travers l’Histoire et les continents. Quinze ans plus tard, au cœur du désert algérien, une mère et sa fille disparaissent mystérieusement… Elles ont été entraînées par le récit d’un inconnu, à la recherche d’un amas de livres frappés d’un étrange calice, et d’un trésor colossal, accumulé à travers les âges par une légendaire société secrète.

J’ai découvert cette création il y a deux ans, lors d’un festival de théâtre. Elle a été créée par Alexis Michalik en 2011. Pour ce faire, il a mélangé une écriture à la table, et une écriture au plateau. C’est-à-dire, une combinaison entre l’écriture seul chez soi, et celle avec les comédiens, pour donner une création des dialogues en direct, par l’improvisation des acteurs, dirigée par le scénario préalablement établi par l’auteur. À mon sens, c’est ce qui rend la pièce beaucoup plus vivante et captivante.
Par la suite, la pièce connaît un immense succès. Elle reçoit deux Molières en 2014, ceux du meilleur auteur et de la meilleure mise en scène du théâtre privé, puis en octobre 2018, elle est jouée en tournée en France, au Japon, en Nouvelle-Calédonie, en Suisse, en Corse, au Liban, à Tahiti, à La Réunion, et en Israël

Un voyage unique… cinq comédiens… cinq tabourets… un plateau et deux portants chargés de costumes et du pouvoir illimité de notre imaginaire.

Le Porteur d’Histoire a cette particularité d’aviver la curiosité du public dès les premiers instants. Elle captive son attention, et le fait chercher, courir, vibrer, au rythme effréné de la pièce. On suit l’aventure comme on suivrait un film palpitant, on est pris d’intérêt pour la quête du personnage principal, et on est embarqué dans une histoire fascinante !
Le scénario est absolument sensationnel, de par ses nombreux rebondissements, et son imprévisibilité. La pièce se joue sur une vingtaine de tableaux croisés pour autant de voyages dans l’espace et le temps : des villes et des lieux, des références culturelles, des œuvres littéraires, et des personnalités de l’Histoire…
Le dynamisme de la pièce est travaillé pour éviter l’ennui au public. Michalik a voulu, par le rythme soutenu de sa pièce, combattre les clichés du théâtre interminable, et suivre celui de notre vie actuelle, animé par l’ère d’internet, des séries, des pubs, au montage très serré. Toutefois, il cherche à rendre les choses le plus clair possible à l’aide d’éléments de décor, de bande son, de vidéos, de la mise en scène, de façon à ce que la compréhension soit limpide.
Il y a une vraie volonté derrière cette pièce, de démocratiser le théâtre, et de le rendre narratif. De raconter une histoire, qui puisse émouvoir et toucher un public varié.
Tout est réfléchi pour continuellement capter et garder l’attention du spectateur, car il est impliqué dans la recherche, il se fait surprendre, il est ému, il rit, il tressaille au rythme du récit.
En espérant avoir moi 
aussi, attisé votre curiosité. 🙂

Louison JACQUOT
DN MADE 1 Bij – octobre  2020

Je suis un canard, et vous ?

Vous êtes-vous laissé tenter par le titre en pensant tomber sur un article à propos d’une belle histoire d’amour ? De romantisme à n’en plus finir et d’un petit couple des plus communs ? Mauvaise pioche ! Nous allons en effet évoquer une histoire d’amour, mais cela sera bien plus compliqué que vous ne pourriez l’imaginer.

Éloignez-vous l’espace de cinq minutes de votre propre identité, de notre France (ou autre) et nos racines. Vous êtes à présent Eitan, un jeune homme allemand, de religion juive et d’origine israélienne. Vous êtes jeune, vivez votre vie en profitant, faisant la fête avec vos amis et en étudiant. Puis un jour, à la bibliothèque, ça y est. Vous croisez son regard. C’est elle, vous en êtes sûr, cela ne peut être personne d’autre. La femme de votre vie. Devant-vous. Vous lui parlez, vous revoyez encore et encore, et … tombez tous les deux éperdument amoureux. Comme c’est doux, un premier amour. Rien, ne pourrait vous séparer.

Cependant, cette douceur s’estompe rapidement pour laisser place au déchirement. Vous êtes désormais dans le coma des suites d’un attentat. Vous entendez vos proches vous parler, se parler. Vous comprenez leurs chagrins, leurs colères et leurs doutes. Si seulement vous pouviez communiquer et abréger toutes ces souffrances…

Dans sa pièce Tous des Oiseaux, Wajdi Mouawad s’attarde sur un sujet épineux : le conflit israélo-palestinien. Sujet d’actualité et en vigueur depuis plus de 100 ans, il met en scène la rencontre entre deux cultures historiquement ennemies. Étant lui même libano-canadien, son but premier était de représenter le réel, tout en en proposant une vision dans les yeux de ses opposants. Il dira à ce propos qu’il semblerait que « Le rôle d’artiste consiste à faire le plus mal possible à son propre clan ».

Au cours de ces quatre heures de spectacle, on aborde des thèmes sensibles tels que les origines, la religion, le rapport à l’Autre, le poids de la mémoire ou encore le deuil. Pour obtenir un résultat poignant de réalisme et authenticité, l’œuvre est représentée dans un total de quatre langues s’entremêlant : l’hébreux, l’arabe, l’allemand et l’anglais, le tout surtitré en français. Inspirée par la légende de l’oiseau amphibie, cette pièce est une invitation à la tolérance et au respect incitant à la réflexion sur la place de nos origines dans la quête de notre identité.

« L’origine est l’encre pour que l’identité puisse se transformer et devenir à la hauteur des rêves qui sont les nôtres »

Wajdi Mouawad

Jouée depuis 2018, la pièce n’est pas passée inaperçue puisqu’elle a remporté le Grand prix de L’Association Professionnelle de la Critique de Théâtre, de Musique et de Danse. Personnellement, et en tant que personne non concernée directement par ce conflit, j’ai été très touché par la manière dont chaque parti est représenté de manière sincère et non stéréotypée. Je ne vous cache pas que je suis parti de la salle en silence, perdu dans mes pensées et encore tout chamboulé. Ci-dessous, vous trouverez sa bande-annonce.

Nous savons tous que la lecture ou la vision sur un écran d’un spectacle vivant est toujours bien moins bouleversante que sur les planches. Si vous souhaitez vous y rendre, malgré les mesures sanitaires en vigueur certaines dates sont encore d’actualité, notamment à Sceaux et La Rochelle en Décembre et Janvier prochains.

Asaël BALDAUF – DN MADe 2 Horlogerie – Octobre 2020

Finalement pas si maudit…

Vous avez déjà eu l’irrésistible envie de modifier le passé ? Et bien en tout cas ça peut avoir d’énormes répercutions !

Dans Harry Potter et l’enfant maudit, la pièce de théâtre de J.K. Rowling, Jack Thorne et John Tiffany, dont l’histoire se déroule dix-neuf années après la chute de Voldemort. Le personnage principal, Albus et deux de ses compagnons vont tenter à plusieurs reprises de retourner dans le passé pour sauver la vie de Cédric Diggory mais cela ne va jamais se dérouler comme prévu…

Leur première tentative se solde par un échec cuisant puisqu’ils n’arrivent pas à leur but et qu’en plus de cela ils changent le cours du présent. La seconde est déjà mieux mais loin d’être appréciable.

La troisième fois ne se termine toujours pas par un succès mais tout rentre dans l’ordre et le présent n’est pas changé. Cependant après cette tentative, Delphi trahit ses deux amis et retourne dans le passé afin de prévenir Voldemort de ce qui l’attend en 1981. C’est avec l’aide de Harry, Ron, Hermione et Drago que Albus et son acolyte vont tenter de tout remettre dans l’ordre.

Bien qu’écrit à la manière d’une pièce de théâtre, le texte du recueil est très immersif et on s’habitue très vite au style d’écriture, après seulement quelques pages on arrive à déduire facilement qui va parler à tel points qu’on ne doit plus lire les noms des personnages qui prennent la parole.

De plus, l’histoire est bien ficelée, les événements se suivent sans que l’on puisse prévoir ce qui va se passer. Ainsi le lecteur est tenu en haleine tout au long du récit.

Pour finir, bien que très différent, par ses personnages principaux, son style d’écriture,… ce « tome » de Harry Potter est très réussi. Je vous le recommande si comme moi vous êtes fan de l’univers de notre grand ami Harry.

Dallemagne Justin – DNMADe 1 Horlogerie – année 2019/2020

Une rencontre des plus érotique

Il détenait un électrisant pouvoir sur moi
Je vais te raconter comment s’est déroulée notre première rencontre…

              C’était un samedi soir, je m’élançai fièrement dans la rue. Je dois avouer que pour notre premier rendez-vous prévu depuis quelques mois, j’avais réfléchi à mille et une tenues qui feraient l’éloge de mon corps. Et après trois heures de préparation, j’étais… parfaite !

Un peu stressée mais pleine d’excitation, c’est le claquement de mes talons sur les pavés qui me firent sortir de mes rêveries. Ça y est, j’y étais ! Le rendez-vous était prévu à vingt heure précise, mais mon impatience triomphant sur mon égo, j’arrivai une demi-heure en avance. Mathieu Ricard ne serait pas fière de moi ! Mon apprentissage de la patience négligé d’un simple pas trop cadencé !

Arrivée là-devant, je n’eus pas le temps de sonner qu’on m’ouvrit les portes de sa maison ! Une fois dans le hall, je fus surprise par les grands ornements antiques qui décoraient les murs et laissaient place à un merveilleux escalier central. Son palace devait accueillir quelques touristes puisqu’il y avait un monde fou dans cette entrée si prestigieuse. Avec la tête haute et la fierté qui émanait de moi, ce n’est pas sans prestige mais avec peu de modestie que je marchais telle une héroïne choisie avec soin pour ce fameux événement. Les regards se retournaient sur mon passage.

« Mes talons qui claquent, Comme un fémur qui craque, Comme le bruit délicat du squelette d’un chat, qui n’aurait que les os, que les os sous la peau »

Je marchais soigneusement et ne passais pas inaperçue ! Je gravis les grands escaliers et arrivai devant une centaine de portes, on ne m’avait pas indiqué clairement laquelle m’était destinée pour le retrouver alors, curieuse, j’en ouvris une et me retrouvai éblouie par la beauté de ce lieu ! Exprimer par des mots l’effet que me fit ce foyer serait comme expliquer clairement l’orgasme féminin. Impossible. Toutefois je peux la décrire physiquement. Grande et ornée de rideaux rouges, elle était composée de tissus précieux. Un simple souffle se répercutait dans toute la salle. Elle était si impressionnante qu’elle ferait trembler n’importe quel être insensible.

Le temps me fut… Insoutenable. Je maudissais Doc et Marty d’avoir eu la chance de le déformer tandis que moi il m’obligeait à l’attendre. J’attendis encore et encore et puis soudain !

« Le sas se referma. Étouffant le silence. Une seule brève fois j’ai battu des paupières. Mon regard traversa les pets, l’odeur de bière, Et tout au bout de mes yeux, Sur une cible indestructible, Mon regard se brisa net. Une autre flèche tu l’arrêtes net. Une autre flèche, net tu l’arrêtes. Et je n’avais de cesse de jouer à pulvériser mon regard sur ta beauté quand soudain ! Lassé d’être ma cible, volte face faisant. Aiguisé terrible, Précise et bouleversante, Tu renversas l’univers, armas, visas, décochas ! À peine comprenais-je avoir été touchée que je m’effondrai debout , droite, béate.»

C’est à l’entracte de notre passion que je pus respirer. Quelques pas dans la magnifique maison me firent reprendre mes esprits bien que, de nouveau face à lui, rien n’avait changé ! Nous continuâmes l’échange, moi spectatrice et lui acteur. Nous formions un couple des plus complémentaires par la satisfaction de nos rôles respectifs. Les larmes coulèrent, les rires fusèrent tout au long de notre discussion. Mais aucune émotion n’était de moi. C’est lui et lui seul qui me les transmettait. Impuissante, je ne tenais plus il fallait que je le respire que je le touche mais, comment ? Chacun de ses gestes étaient programmés et il n’y avait aucune chance pour que nous puissions nous rapprocher, le code l’interdisait.

C’est alors que notre dernier acte arriva, celui où nous allions fusionner, ne faire plus qu’un avec une fin dont lui seul détenait le secret. D’un regard gourmand, je le regardais envieuse de connaitre la chute. Et c’est alors que dans le dernier son de sa voix, le dernier geste de sa main et mon dernier soubresaut, le rideau se referma.

L’opéra de Massenet venait de se terminer.

——

A toi qui n’aime pas le chant lyrique
A toi qui n’aime pas les vieux costumes
A toi qui trouve le lieu trop démodé
A toi qui n’aime pas le langage soutenu
car tu n’es pas « un p’tit bourgeois »

A toi qui n’aime pas la musique classique
A toi qui n’aime pas le théâtre

A toi qui n’aime pas l’Opéra…

Tel Julia Roberts dans « Pretty Woman » tu ne t’intéresses pas aux Opéras et pourtant une fois devant tu t’effondrerais en larmes comme elle.
Tu as sûrement pu ressentir un jour l’excitation, l’amour, l’extase et la fierté, chacune de ses sensations agréables et bénéfiques pour l’âme comme pour le corps. En rentrant dans un opéra et en regardant ne serait-ce qu’une scène, toi aussi tu pourras ressentir l’émoi de chaque émotion !
Cette admiration et le pouvoir, tant recherchés par l’homme tu peux y avoir accès ! Et sans répercussion ! Tu ressentiras le prestige et la force d’un passé commun ! La fierté de marcher dans un lieu sublime et riche ! Tu te sentiras séduis et roi dans un espace si noble ! De plus tu te sentiras admiratif face au talent de ceux qui savent si bien t’offrir des sensations, des émotions ! Sans même bouger où les rechercher, on t’offrira la compassion, l’amour, la tristesse, la tendresse, la passion, le drame, la colère, le dégout, la peur, l’impatience et le rire !

Ressent le prestige
Démontre l’audace de tes sens
Retrouve ce que l’on a perdu

L’émotion pure, brute et puissante !

Toi aussi, va voir un Opéra.

L’opéra de « Cendrillon » de Massenet à Nancy, mis en scène par  David Hermann et dont l’orchestre est dirigé par Jean-Marie Zeitouni (et par ailleurs l’inspiration de mon article) ne tourne malheureusement plus mais, il reste de l’espoir, d’autres opéras voguent encore dans les villes et t’attendent pour t’offrir tout ce qu’ils ont !

Références :

Citation de la musiques « Organique vibration » de Barbara Welden,

« Retour vers le futur » de Robert Zemeckis et les deux personnages principaux Doc et Marty,

« Nymphomaniac » de Lars von Trier,

« Pretty Woman » de Garry Marshall.

Ophéline Desgrange – DNMADe 2 BIJ

Coupable !

États-Unis, 1953. Reginald Rose, alors script pour le cinéma, est désigné comme juré dans une affaire macabre. C’est de cette douloureuse expérience que naîtra la pièce de théâtre Twelve angry men qui reste jusqu’alors son œuvre la plus reconnue.

Dans ce huis-clos haletant, douze jurés sont réunis afin de décider du sort d’un jeune homme des bas-fonds, auteur présumé du meurtre de son père. Si celui-ci est jugé coupable à l’unanimité, il sera condamné à la chaise électrique. Il fait très chaud dans la salle comme en témoignent assez brillamment les effets spéciaux sur scène, et les jurés sont tous des hommes à l’emploi du temps chargé. Tous ont hâte d’en finir rapidement avec cette corvée. De plus, il est évident que l’enfant est coupable. Évident ? Peut-être pas… Un des juré (le numéro 8) décide de lui accorder le bénéfice du doute et vote « non-coupable ». Il s’ensuit une délibération mouvementée visant à départager les deux versions qui s’affrontent. Pour cela, les jurés devront rejouer le crime et examiner attentivement les éléments à leur disposition. Parviendront-ils à rendre leur verdict ?

Tout au long de l’histoire, les éléments de l’enquête que l’on croyait au départ solides, seront mis à l’épreuve d’un examen contradictoire et collectif, et illustreront parfaitement l’idée d’un procès en tant que « processus », une longue erreur vagabonde ayant pour fruit la vérité (Sartre). Et l’on s’apercevra que c’est le côté irréversible du châtiment, la mort, qui permettra de tester la qualité de ces preuves, sur lesquelles reposent les sentiments d’intime conviction des jurés en les poussant (au moins le n°8) à prendre ce procès au sérieux. 

En effet, la pièce questionne également la manière dont un individu intégré au sein d’un groupe dispose de son libre-arbitre. Nous pouvons alors citer le juré n°8 qui s’oppose, seul, face aux onze autres jurés, mettant en doute la culpabilité de l’accusé ainsi que la justesse du verdict de ses concitoyens mais aussi, en parallèle, penser à ce juré dont le jugement se calque sur la majorité et qui par conséquent, retourne sa veste à plusieurs reprises. Cette affirmation du libre-arbitre est donc fondamentale dans la pièce et est plutôt bien traduite par les comédiens qui l’utilisent pour instaurer un climat de tension au procès. Cependant, nous pourrons noter en réaction que les caractéristiques construisant la personnalité des jurés ont tendance à se perdre dans cette colère générale.

Au cours de ce procès donc très houleux, nous verrons chacun des jurés apporter sa contribution (positive ou négative) afin de parvenir au verdict. Et l’on constatera que c’est cette idée d’intelligence collective, qui émerge et permet d’éclairer les différentes facettes d’un problème en échappant aux pièges du groupthinking qui sera l’une des idées principales de l’histoire. Ainsi, l’on remarquera que le tout qu’ils forment est plus intelligent, plus rationnel que l’addition de ses parties, les douze jurés pris individuellement, faisant écho à l’idée d’Aristote du repas idéal entre amis lors duquel chacun apporte ce qu’il sait le mieux cuisiner.

La pièce nous propose également de mettre en regard la force et la justice par le biais du juré n°1 qui organise les débats et des jurés n°6 et n°3 qui tentent d’utiliser la force pour se faire entendre.

Enfin, elle exploite un large panel argumentaire – de l’argument ad ignorantiam (personne n’a jamais prouvé le contraire, utilisé par le juré n°2) à l’argument ad bacculum (incarné par le juré n°3, irrationnel et sourd à toute évidence).

Cette pièce nous propose donc une réflexion complexe sur la justice et la vérité. Cependant, la réadapter aujourd’hui au théâtre, c’est s’exposer à la voir comparée son adaptation cinématographique réalisée en 1957 par Sidney Lumet…

En effet, la configuration de la pièce (huis-clos) ne semble pas se prêter à une grande liberté d’adaptation, si bien que le résultat est un peu redondant au regard du film. Et cet effet est probablement accentué par l’anticipation que l’on peut avoir de l’histoire lorsque l’on connaît déjà la pièce. On notera tout de même des efforts de mise en scène notamment au niveau du son et des éclairages.

Il est par-dessus tout regrettable que la diversité des jurés, laquelle est indispensable à l’éclaircissement des témoignages, ne soit pas plus exploitée tant au niveau du casting (effectivement, le jury se compose exclusivement d’hommes blancs, appartenant à une même génération et sensiblement au même milieu social) que du jeu des acteurs (il est plus difficile que dans le film de définir ce qui fait l’individualité de chaque juré). Or, c’est peut-être par là que l’adaptation de Lombrail aurait pu se distinguer de celle de Lumet. Mais au moins cette nouvelle version ne joue-t-elle pas apologie du tabagisme dans la lignée de celle de 1957.

Dans l’ensemble, la pièce reste très bonne, et propose du contenu sans être inaccessible ni ennuyeuse mais au contraire tout en suspens et en tension. Tout au long de la pièce, le spectateur est maintenu en haleine, dans l’expectative du verdict final. Alors, coupable ?

Douze hommes en colère se joue sur les planches du théâtre Hébertot (75017) jusque fin janvier. Si vous n’avez pas vu la version de Lumet, n’hésitez plus, et dans le cas contraire, cela reste une belle expérience théâtrale dans un lieu spectaculaire !

Mathilde Zordan, DNMADE 2019/2022 bij

Références :

Twelve angry men, Reginald Rose, 1953

Twelve angry men, réalisé par Sydney Lumet, 1957, disponible en VOD sur Orange

Voir la pièce au théâtre Hébertot

Supercherie

Avertissement : il existe deux espèces de «crapauds fous » bien distinctes : il y a ceux qui souhaitent changer la société contemporaine , puis ceux qui, de par leur courage, ont pu sauver des milliers de Juifs durant la 2e guerre mondiale.

                 Parce qu’on regarde toujours le même côté de l’histoire et ceux sans jamais envisager d’autre aspect… Cette pièce casse ces idées. Et oui les crapauds fous ne se contentent pas seulement de parler de chaos, de bataille, de guerre ou encore de sang. Non, cette fois il est question de cette résistance de tous les jours. Tout le monde connaît les grands résistants de l’Histoire : les actes violents et le combat de chacun. Seulement si on se penche un peu sur la résistance de tous les jours celle venant du cœur de chacun, là où il n’y a qu’avec leurs faibles moyens qu’ils pourront se protéger. Se sauver eux-mêmes. C’est cette histoire là que les crapauds fous racontent celle de la 2nd guerre qu’on ne nous dévoile pas. Celle de ce médecin qui désemparé face au allemands, aux massacres des leurs et écœuré de tout se sang versé trouve une solution. La solution pour protéger leur petit village, leurs famille.

 La recherche d’une vérité, d’un héritage familial culturel, de l’histoire de sa propre famille. C’est ce que raconte ces deux temps de l’histoire (New-York 1990 et  Rozwadów 1940) perdez-vous dans les méandres de ce récit . Des souvenirs égarés, des secrets révélés, suivez les découvertes (parfois farfelues faut-il encore bien vouloir l’admettre) de cette histoire à l’image de « à couteau -». Suivez l’intrigue.

                C’est donc l’histoire vraie d’un médecin occupant un petit village menacé par les Allemands. Pour protéger les hommes de chacun, un médecin est pris d’une idée folle ( quand on sait que tout part du fait de sauver un pauvre bougre du combat. Comme quoi chaque être humain a bel et bien une fonction)  Et si on trompait tout le monde ? Et si on inventait une maladie à chacun ? Une épidémie pour faire fuir tous les allemands ? ( super idée! Convainquons les allemands, soûlons les lorsqu’ils viendront constater l’ampleur de l’épidémie et engageons des acteurs! (Spoil.)

PS: et si vous n’êtes toujours pas convaincu par cette histoire sachez qu’elle a obtenu 3 nominations aux Molière : meilleur spectacle, meilleure auteure et meilleure mise en scène. Tout cela grâce à une seule et même femme:
                 Mélody Mourey ( Mrs les misogynes calmez vos ardeurs )

Et puis après tout cette  histoire ne vise t-elle pas à créer une cohésion ? Car pour qu’après 1h30 de représentation et de transpiration (peut être même d’une sieste ou deux pour certains) qu’un public tout entier entame des applaudissements se laissant ainsi submerger par les émotions et prenant ainsi enfin la peine de lever leurs derrières ramollis (Croyez moi il en faut beaucoup!).

                       Et parce qu’on le sait tous; une bonne histoire cache toujours un revers. Après ses instants de joie dans cette salle. Ayez le plaisir en sortant d’être confrontés à de petits vieux se bousculant dans tous les sens. Nous laissant presque croire que les Allemands arriveraient ?

                    À croire que le fait d’être sénile est un passe droit parmi cette foule qui se rue vers la sortie. Ou bien pour nous donner une dernière note d’humour En nous donnant l’impression de faire partie de la pièce ?

Mystère à vous de voir.

  « Nos loisirs sont à la hauteur de notre humanité »



 VILLAIN  JULIE – DNMADE2 BIJ  2019/2020