Et oui c’est réel, l’invention du sauvage, au sens premier du terme. Il a auparavant existé des zoos, cabarets, foires humaines. Où il a été exhibé très violemment des adultes, des enfants, des familles. Extrêmement raciste, pendant presque cinq siècles (1490-1960) ont été maltraités des humains comme de prétendus « sauvages ». Cette folie d’exposer dans des cages et des enclos tels des animaux (déjà que le concept de zoos animaliers n’est pas terrible de nos jours…), des personnes « différentes d’eux » au nom de la science comme ils aimaient le dire. Et qui attirait tout de même des milliers de visiteurs. Décrit comme un immense « spectacle », avec ses figurants, ses décors, ses scénarios, ses drames et ses récits. Ils visaient essentiellement à tracer une frontière et une hiérarchie entre prétendus « civilisés » et prétendus « sauvages ».
Je me pencherai plus particulièrement sur l’histoire d’une femme pour montrer la souffrance et la dure réalité que ces gens et en particulier ce que cette femme a vécu.
Exhibée dans des grands cirques européens à cause de ses formes, disséquée à mort et gardée dans des musées français jusqu’en 2002, Voici la triste histoire de Saartjie Baartman surnommée : « la Vénus noire ».
Chez les Khoikhoi, certaines femmes naissent avec une hypertrophie : un développement anormal d’une partie du corps, d’un organe ou tissu. Chez Saartje, cette maladie se prononçait au niveau de ses hanches, postérieur et aux niveaux de ses organes génitaux.
Remarquée par un médecin anglais, il l’invita à rejoindre par bateau l’Angleterre avec lui, en lui promettant une bien meilleure vie là-bas. Sawtche accepte. Avant son départ, un nouveau nom lui a donné : Saartjie Baartman. Un zoo humain, voilà à quoi Saartjie fut exposée en arrivant en Europe.
Elle fut donc exposée devant les spectateurs, à peine revêtue. Ces derniers pouvaient la toucher, l’insulter… On lui demandait tout « simplement » d’adopter une attitude bestiale (grogner, faire peur). Et ça a duré 4 ans. Quatre années de souffrance commencèrent donc en Angleterre, pour Saartjie Baartman.
Son voyage se finira à Paris, où elle fut achetée par un nouveau « maître ». En plus des spectacles dégradants, elle est aussi devenue la nouvelle attraction sexuelle dans les diverses soirées mondaines organisées par son maître. L’état mental de Saartjie ne cessa de se dégrader. Alcoolisme, prostitution forcée, le manque de son pays natal. Elle était tout simplement à bout.
Tout le monde se battait pour pouvoir examiner le corps de Saartjie. Histoire de donner une raison valable à leur racisme, de légitimer l’esclavage et de prouver aux yeux de tous l’infériorité de « la race noire face à la race blanche ». Elle est finalement forcée à se faire examiner devant des centaines de scientifiques. Mais à une seule condition : ne pas montrer son sexe, pourtant tant convoité. Abandonnée par son maître, noyée dans la prostitution, l’alcoolisme et la tristesse, elle décède seule dans sa chambre le 29 décembre 1815 à Paris, suite à une longue pneumonie non traitée.
Et même après sa mort, la souffrance de Saartjie Baartman ne s’arrête pas, Georges Cuvier, scientifique français, réussira à avoir le corps de Saartjie en 1817, et commença à la disséquer « au nom du progrès des connaissances humaines ». Il parvint donc à enfin voir le sexe de la défunte.
Un moulage du corps de Saartjie Baartman sera fait et sera exposé aux yeux de tous dans le musée de l’Homme à Paris, jusqu’en 1970.
Il y a moins de 50 ans. Après l’Apartheid, donc vers la fin des années 90, Nelson Mandela ainsi que le peuple Khoïkhoï n’ont cessé de demander à L’état français de rapatrier le moulage et les restes du corps de Saartjie Baartman.
Un dernier hommage lui sera rendu en mai 2002. Saartjie Baartman retrouva enfin son pays natal, 187 ans après sa mort.
Un film très dur de Abdellatif Kechiche est disponible sur Netflix, retraçant sa vie. Il s’appelle « La Vénus Noire » (2010) Un film vraiment triste et long, mais allez le voir, ça vaut vraiment le coup. Je pense réellement que ce que l’Homme blanc a fait endurer à Saartjie Baartman et toutes ces pauvres autres personnes ne pourra jamais être oublié et qu’il est important de rappeler l’injustice et les crimes inhumains qui leur ont été infligés.
Merci d’avoir pris le temps de me lire.
JOURNOT Lola DnMade1 jo