1.3. Discriminations – Action

Ce site Internet est consacré principalement à la lutte contre les discriminations dans le cadre de l’enseignement et en particulier à la lutte contre les micro-discriminations. Néanmoins, dans cette première partie, nous évoquerons également comment agir face à des situations très générales de discrimination.

1.3.1- Que faire face à une situation de discrimination ou de harcèlement  ?

Video: Comment lutter contre le harcèlement ?

Vous êtes confronté personnellement à une situation de discrimination manifeste, vous êtes témoin ou l’on vous demande conseil dans une situation de discrimination dans le cadre de votre activité professionnelle. Ces conseils peuvent également valoir dans le cas d’une situation de harcèlement professionnel ou scolaire.

– Consignez précisément les faits : En particulier dans le cas d’un harcèlement, il faut que les faits aient un caractère répétés pour prouver le harcèlement. Il est donc nécessaire de pouvoir établir des éléments de preuve concernant la répétition dans le temps des faits.

– Ne restez pas isoler : Parlez en à des personnes de confiance (collègues, représentants syndicaux) et prenez plusieurs avis sur les démarches à suivre.

– Faites appel aux organisations syndicales : Si vous êtes victime de cette situation en tant que professionnel, n’hésitez pas à demander conseil à une organisation syndicale. Il n’est pas besoin d’être syndiqué pour pouvoir obtenir un avis d’une organisation syndicale.

– Faites un signalement : Si cette situation concerne un élève ou un étudiant (par exemple dans le cas d’un harcèlement scolaire), il faut faire un signalement à votre responsable hiérarchique en restant factuel. En particulier, dans le cas du harcèlement scolaire, les chefs d’établissement doivent être informés des cas.

Procédure de signalement dans l’Education nationale :

https://www.reseau-canope.fr/climatscolaire/fileadmin/user_upload/articles/protocole_traitement_situations_harcelement_colleges_lycees2016.pdf

– Faites un recours gracieux, saisir le médiateur de l’établissement : Dans le cas d’une discrimination au travail, il est possible de faire un recours gracieux au chef de l’établissement, il est également possible lorsqu’il existe un médiateur de le saisir pour des situations de harcèlement entre collègues.

Saisir le Défenseur des droits : en cas de discrimination, il est possible de saisir directement le défenseur des droits.

Saisir le défenseur des droits : https://www.defenseurdesdroits.fr/fr/saisir-le-defenseur-des-droits

– Porter plainte : Toute personne qui s’estime victime d’une discrimination ou d’un harcèlement peut porter plainte.

Porter plainte : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F1435

1.3.2. Comment sensibiliser aux questions de discriminations ?

Il existe des pratiques de formation qui vise à sensibiliser les personnes aux situations de discriminations ou encore visant à développer la capacité d’agir face aux situations de discrimination.

– « Un pas en avant» :

« Un pas en avant » est une activité de groupe qui consiste à poser une série de questions à des participants de manière à leurs faire prendre conscience des discriminations auxquelles peuvent être confrontés certains groupes sociaux. Les participants sont invités à faire un pas en avant à chaque fois qu’ils ont eux mêmes vécus cette situation.

Pour éviter le caractère trop impliquant personnellement que peut revêtir cet exercice, il est possible de distribuer aux participants des cartes comportant le profil sociologique d’un individu fictif.

Voir la version de cette activité par le Conseil de l’Europe :

http://www.eycb.coe.int/compass/fr/pdf/2_38.pdf

– Construire un jeu de l’oie des discriminations et des inégalités sociales (Voir dans la partie outil du site)

– Le théâtre forum :

Le théâtre forum est une pratique qui fait partie du théâtre de l’opprimé développé par Augusto Boal qui lui même s’inspire du pédagogue brésilien Paulo Freire.

Il s’agit d’une forme de théâtre participatif qui vise à développer le niveau de conscientisation et d’action des participants. Ceux-ci sont invités à mettre en scène des situations de discriminations qu’ils ont pu vivre ou dont ils ont pu être témoins.

En agissant sur la scène représentée, les participants sont invités à tenter de trouver des solutions permettant d’agir sur cette situation.

Voir la présentation du théâtre forum sur le site Animafac : https://www.animafac.net/fiches-pratiques/sensibiliser-par-le-theatre-forum/

– Diagnostiquer les micro-discriminations dans sa pratique enseignante et dans son lieu de travail (voir la partie Outil du site)

1.3.3- Quelques invariants des pratiques anti-discrimination : Inclusivité, diversité, équité.

Avant d’étudier plus spécifiquement chaque type de discriminations auquel peut être confronté un enseignant, il est nécessaire de repérer des pistes d’action générales qui peuvent s’appliquer à la lutte contre toutes les formes de micro-discriminations dans l’enseignement :

a- Adopter une posture d’allier : un allié est une personne qui n’est pas directement concernée par une discrimination, mais qui souhaite s’engager dans la lutte contre cette discrimination.

b- Se former : Lutter contre les discriminations, suppose de se former sur les sujets relatifs aux discriminations et d’actualiser régulièrement ces connaissances à ce sujet.

c- Ecouter la parole des personnes directement concernées par les discriminations : Lorsque l’on ne vit pas personnellement une discrimination, il arrive souvent que l’on n’ait pas conscience des formes qu’elle peuvent prendre. De ce fait, il est important de solliciter les personnes qui peuvent être concernées directement par une discrimination pour qu’elle nous donne un avis sur ce qui peut être amélioré dans notre pratique.

d- Rendre les espaces d’étude et de travail plus inclusifs : faire en sorte que les affichages ne véhiculent pas des stéréotypes négatifs et visibilisent la diversité de la société, faire en sorte qu’il n’y ait pas de micro-violences, une répartition inégalitaire dans les espaces ou des espaces qui apparaissent comme peu accueillant pour des personnes appartenant à des groupes socialement discriminés…

e- Intervenir : Ne pas laisser passer un comportement discriminatoire ou violent sans intervenir. Prendre les mesures adéquates en fonction du degré de gravité du comportement.

f- Avoir un discours inclusif : faire attention à ce que son discours ne stigmatise pas certains groupes, faire en sorte qu’il visibilise le plus possible la diversité de la société française…

g- Utiliser des supports pédagogiques inclusifs : faire en sorte que les supports pédagogiques utilisés ne véhiculent pas des stéréotypes négatifs ou ne renforcent pas des préjugés, qu’ils visibilisent la diversité de la société française. Les supports pédagogiques inclusifs évitent de véhiculer un curriculum caché discriminatoire.

h- Avoir un discours « explicite » : Le système scolaire repose sur des codes et des attendus implicites que certains apprenants peuvent avoir plus de mal à identifier que d’autres. Afin de garantir une plus grande égalité, il est nécessaire d’éviter les présupposés implicites.

i- Le principe c’est l’égalité : Le principe c’est l’égalité, la différentiation ne doit intervenir que si elle vise à rétablir de l’égalité et à lutter contre les discriminations.

j- Introduire des contenus sur les discriminations et les inégalités dans ses cours : Sensibiliser les apprenants et leur fournir les moyens de reconnaître les discriminations et de lutter contre.

k- Garder une réflexion critique sur ses pratiques pédagogiques : S’interroger et essayer d’objectiver les discriminations et les inégalités sociales que peuvent produire nos pratiques pédagogiques pour essayer constamment de les améliorer.

Voir :

Dayer Caroline, Le pouvoir de l’injure – Guide de prévention des violences et des discriminations, Paris, Ed de l’Aube, 2017.

FESFO, Trousse pour créer un espace jeunesse sain et égalitaire (2014) – URL : https://fesfo.ca/wp-content/uploads/2014/09/guides/coudeacoude.pdf

– Un exemple de prise en compte de la question des discriminations à l’Université :

Université Paris-Sud, « Une sensibilisation aux questions de discrimination » (2016). URL : http://www.u-psud.fr/fr/formations/diplomes/ue-sensibilisation-aux-notions-de-discrimination.html

1.4.4 – Avoir une approche intersectionnelle

Avoir une approche intersectionnelle consiste à ne pas se focaliser sur une discrimination au oubliant les autres discriminations, mais à analyser les répercussions des discriminations multiples. En effet, les situations de discriminations multiples peuvent avoir des effets qui sont différents de ceux provoqués par chaque type de discrimination pris isolément. En outre, il arrive que l’on se focalise sur un type de discrimination et que l’on prenne des mesures qui accentuent les risques de discriminations pour d’autres groupes socialement discriminés. Par exemple, on réfléchit à la lutte contre les discriminations sexistes, mais on oublie de prendre en compte la lutte contre les discriminations socio-économiques ou encore racistes.

Pour aller plus loin : Les « espaces sécuritaires » à l’Université du Quebec à Montréal

Un article sur Montréal Campus de Mars 2017 ((http://montrealcampus.ca/2017/03/demystifier-les-safe-spaces/)) présente les « espaces sécuritaires » ou « safe space » de l’Université du Quebec à Montréal. Les « espaces sécuritaires » permettent à des personnes vivant une discrimination de se réunir pour partager leur expérience à ce sujet.

L’article précise : « Pour Maria, membre des collectifs Uqamiennes racisées en action, et la Collective – Féminismes et droit UQAM, les espaces (plus) sécuritaires offrent un soutien bénéfique. « C’est important d’avoir des espaces où je sais que mes expériences vont être validées et qu’on va m’écouter », témoigne-t-elle. L’étudiante juge essentiel de pouvoir échanger avec des personnes qui vivent les mêmes réalités afin de contrer le sentiment d’isolement. » Elle précise également « sans employer la même terminologie, il existe des espaces sécuritaires institutionnalisés. Maria cite notamment les maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale ». 

« Une enseignante du département de Science Politique, Geneviève Pagé ajoute que l’Université n’a pas la prétention d’être un safe space, mais cela n’empêche pas qu’il y en ait à l’intérieur des établissements. Ils doivent cependant rester délimités dans le temps et dans l’espace ».