DETOURNEMENT:Heartfield: ‘Hitler Surhomme…. » H.D.A 3em (version courte)

«Celui qui contrôle les images contrôle les esprits. » Bill Gates

 Ce qui substitue au contrôle des images, un contrôle* critique et didactique des images éveille les esprits.*(Examen, surveillance, vérification.)
« L’Etat est le plus froid des monstres froids. Il ment froidement ; et voici le mensonge qui s’échappe de sa bouche : “Moi l’Etat, je suis le peuple” »   Ainsi parlait Zarathoustra   .F.Nietzsche.

AuteurJohn Heartfield. (pseudonyme d’ Helmut Herzfelde). En 1916, il transforme son nom en l’anglicisant, pour contester la position de l’Allemagne vis à vis de la Grande Bretagne, comme son confrère gorg Gross qui francise  son prénom en Georges et son nom en Grosz proche de l’anglais Boss.(Cf. la philosophiedu zombie.fr sur Heartfield)

« Ils ne peuvent pas digérer que la chanson de Ernst Lissauer soit imposée comme salut quotidien: « Gott strafe England! – Er strafe es! » (Que Dieu punisse l’Angleterre – qu’il la punisse!). C’est Helmut qui va le plus loin dans sa protestation: il change son nom en John Heartfield. » contre le nationalisme qui est la haine de l’étranger , il fait renter l’autre avec ses idées dans son nom.

Titre:  « Adolf le surhomme, il avale l’or et crache des insanités, (des balivernes) ou il débite de la camelote (du fer-blanc) « . Traduction de l’allemand: « Adolf der ubermensch; shluckt gold und redet blech. »

Date: 17 juillet 1932.    

Nature de l’image 1: Une couverture de magazine,c‘est une image exposée en couverture de la gazette A.I.Z, XI, 29. (Arbeiter Illustrierte Zeitung), hebdomadaire de 1924 à 33.

  • Qu’est ce que le magazine AIZ?
  • « En 1929, le journal populaire Arbeiter-Illustrierter-Zeitung (AIZ, journal ouvrier illustré) publie régulièrement des photomontages de Heartfield, extraits du livre de Tucholsky. AIZ est édité par l’Internationale ArbeiterHilfe (AIH, une grande organisation de secours créée en 1921 par le Komintern et dirigée par Willi Münzenberg. Initialement, le nom du mensuel était Rusland im bild. AIZ et AIH avaient été créés pour soutenir la campagne contre la famine en Union soviétique. En 1923, le journal est rebaptisé Sichel und Hammer (faucille et marteau). Il tire alors à plus de 100.000 exemplaires. En 1925, il est repris par Neuen Deutschen Verlag et devient le Arbeiter Illustrierte. A partir de 1927, il devient l’A-I-Z, Arbeiter-Illustrierter-Zeitung et passe au rythme hebdomadaire. A son apogée en 1932, il atteindra un tirage de 700.000 exemplaires. »

« Hebdomadaire politique  illustré  fondé en 1924 à Berlin et s’adressant  non seulement aux sympathisants du KPD, mais plus largement aux milieux populaires et au mouvement ouvrier international (…) a été apprécié aussi des milieux de la gauche intellectuelle, il combine grands reportages politiques et sociaux; textes sur la vie quotidienne des couches défavorisées, rubriques féminines et pages pour les enfants, avec des caricatures et de nombreuses photos, tantôt de photographes professionnels, tantôt de photographes ouvriers  et des photomontages de John Heartfield ». Hélène Rousselle, article,  « réflexions sur l’exile politique allemand des années trentes et la question de l’accès aux médias. » Article  trouvé dans l’ouvrage: « Les résistants au IIIe Reich en Allemagne et dans l’exile: pensée en action »  textes réunis par Françoise Knopper et Alain Ruiz parus dans interlangues civilisations. Ed. Presse universitaire du Mirai .P162

20-FOTOGRAFIA-OBRERA

AIZ Magazine, n° 38, 1931 , 24 heure dans la vie d’une famille de travailleurs à Moscou (la famille Filipov). Le magazine décrit le cadre urbanistique dans laquelle demeure cette famille, le repas familial et les conditions de travail à l’heure du marxisme stalinien.

Qui peut être le lecteur des photomontages d’Heartfield?

« Selon une enquêtemenée , A.I.Z en 1929, « 42 pour cent de ses lecteurs étaient des travailleurs qualifiés, 33 pour cent des travailleurs non qualifiés, 10 pour cent des cols blancs, 5 pour cent des jeunes femmes au foyer, 3,5 pour cent, 3 pour cent des travailleurs indépendants, soit 2 pour cent indépendante, et 1 pour cent des fonctionnaires ». Lavin & Höch, 1993, p. 55. 55

le journal s’adresse à un lecteur cultivé(?).le journal illustré,s’adressant aux travailleurs, c’ est ,en 1924, un mensuel;il deviendra  hebdomadaire en 1926. Il s’inspirait directement du premier magazine communiste  « Sowjet-Russlant im Bild » (La Russie en images), lancé en 1921 .  la photographie est le  vecteur  privilégié et efficace de la nouvelle  propagande socialiste en allemagne, n’hésitant pas à dévoiler les découvertes des photomontages constructivistes dans ses pages. Ce dernier deviendra , en 1923, « Sichel und Hammer « (La Faucille et le Marteau), puis  l’AIZ en 1924 . Sous la République de Weimar, le journal est tiré à plus de 300 000 , voire 500 000 exemplaires. En 1936, pour échapper à l’interdiction, il sera transféré à Prague, avec un tirage ,désormais, moindre (12000). Les couvertures de L’ Arbeiter Illustrierte Zeintung étaient,  des  » Armes visuelles contre le régime Hitlérien »  très efficaces. ( Olivier Lugon, La Photographie en Allemagne. Anthologie de textes (1919-1939), Nîmes, éd. Jacqueline Chambon, 1997, p. 283)

« L’A.I.Z se veut l’indispensable contrepoids à une presse bourgeoise mensongère, ennemie du prolétariat, et montre à voir le monde ouvrier tout en insérant dans ses pages des photographies des associations de photographies ouvrières (A.P.O) » cf.Du peuple au populisme.Les couvertures du magazine communiste Regards (1932-1939) Gaëlle Morel

  • Nature (2)de l‘image : Affiche électorale. (c’est une Héliographie ou rotogravure,un procédé d’impression employé pour de longs tirages.) Cette image d’Heartfield, sur A.Hitler, existe, en version agrandie un peu partout à Berlin dès le 28 août 1932. (imprimée avant 1942).
  • Fonction: Il faut voir ,derrière cette  pseudo affiche électorale,  une revendication critique d’un artiste qui s’adresse à l’ Allemagne de la classe ouvrière.L’affiche est un support de contestation , de dénonciation, de diffusion idéal dans le monde urbain et l’espace publique.
  • Technique:Photomontage.
  •  Support:papier  (gélatine d’argent impression)
  • Dimensions: 35.4 x 24.6 cm  (l’image seule:33 x 24.1 cm)
  • Lieu de conservation: Musée des beaux arts du Canada.inventaire(N° 22863)
  • Achat par le musée en 1979.
  • Mouvement artistique: Le Dadaïsme  (dès 1917, Heartfield  participe au mouvement du Dadaïsme. Dada-monteur, on le découvre à la foire internationale Dada de 1920).

Documents: d’archives, discours d’Hitler.(presse/cinéma d’actualité)

I) QUESTIONS ICONOGRAPHIQUES (dénotation).

1)-Quelle est votre première impression face à cette image? La surprise, l’amusement.

2) Quel est le sujet de ce photomontage? C’est une représentation satirique d’une personnalité politique: le futur chancelier de l’Allemagne: A. HITLER. À travers la représentation de ce personnage, l’artiste évoque la situation politique en Allemagne).

3) Description de l’image: -le personnage est représenté de face, cadré mi- corps, en plan rapproché. Statique, il est seul et se détache en léger contre-jour, sur un fond uni et lumineux . Son visage dans la lumière est représenté de trois quarts. L’homme regarde au loin et fixe l’horizon. La bouche ouverte, il harangue la foule avec rage, c’est son habitus, un rictus verbal et langagier devenu le signe de sa témérité.Habile orateur , il place le pathos au premier plan de son discours.  Parcontre nous  ne retrouvons aucunement, ici, cette agitation nerveuse de son corps,  cette gestuelle si présente dans les archives des discours politiques filmésen 1932.  (Cf. documents de l’I.N.A). le corps est statique, figé en contradiction, par le jeu subtile du photomontage. Le discours va de l’avant, il s’annonce, s’énonce, le corps le trahit.

Qui est-il?  Adolf  Hitler…

Comment le sait-on? On le reconnaît immédiatement à cette caractéristique physique ,la moustache, ce petit détail  qui fera de Chaplin un double satirique dans son interprétation du dictateur . En 1932, ce visage  n’est plus celle d’un homme qui magnétise les foules  seulement dans les brasseries bavaroises, il est connu et facilement identifiable pour les allemands. (ses effigies  figurant Hitler  sont très présentes dans l’environnement des Allemands, elles font parties de leur quotidien – le cinéma d’actualités, les affiches politiques placardées dans les rues en cette année d’élection, les nombreux meeting. Avec les moyens modernes de communication, son portrait pouvait être reconnu de tous. L’homme politique utilisait les moyens de propagande efficaces du N.S.D.A.P.  Il ne manquait plus que la radio pour que sa parole rentre dans chacun des foyers. De nombreuses  images dans la tradition classique des  peintures du pouvoir ,  peintures d’apparats et hagiographiques se propagent pour cultiver la culte de la personnalité . Elles construisent , transfigurent et imposent le mythe. Hitler devient  un héros, un chevalier teuton, un surhomme. On pourra se référer par exemple à cette affiche de propagande de 1930: « Ès lebe Duestchland! » pour observer l’esthétique de cette imagerie héroïque, religieuse, (quasi divine) largement diffusée  . la comparaison avec l’iconographie religieuse est édifiante.Elle est détournée en  message propagandiste. L’artiste communiste berlinois  pastichera  ce détournement, dans son photomontage, avec une ironie très corrosive et instructive . (On pourra observer rôle de la lumière, étudiée un plus bas dans notre analyse.).

On se demande si le bas du corps ne reprend pas la pose du portrait officiel, dans la tradition de la représentation du pouvoir, tandis que la tête mouvementée, rageuse, celle des discours (un arrêt sur image, un photogramme d’un documentaire) .La tenue  militaire représente le chef d’une armées en action, les SA. La réception de cette image  prend une force supplémentaire, un impacte d’autant plus fort  à partir du moment où chaque citoyen allemand identifiait dans la rue le personnage, celui-ci établissant un rapport dialogique avec les autres affiches. De façon étonnante, je n’ai pas observé de photos témoignant de cette affiche dans les rues, contrairement à celles de 1928, cette main communiste levée, militante et fraternelle..(C’est le contexte qui donne sa force au détournement, sa mise en perspective entre la source, un monde iconographique et le nouveau monde critique que permet « la déconstruction » du montage). Le travail d’ Heartfield vient justement interrompre en contre-point, le flot, le flux , dirions- nous aujourd’hui, d’images idéologiques. le monteur dynamite, démonte par le montage,  les processus de la  propagande. A la même époque, en 1933,Fritz Lang  décidera dans le film  » docteur Mabuse » de mettre dans la bouche des criminels les doctrines et  les slogans, pour exposer le programme de l’idéologie du national-socialisme , mettre en lumière par les  nombreuses allusions son caractère néfaste. L’objectif est assez similaire.

Que fait le personnage? : Il parle? Non, il crie son discours politique. «Il crache » des balivernes, nous dit la maxime inscrite par l’auteur. L’artiste porte une vision péjorative sur la parole de l’homme politique. La légende parle de « balivernes »,  » d’insanités « . Il ne parle pas, il crache; ses mots sont comme des mucosités, de la salive qu’il projette .On peut choisir aussi l’interprétation figurée de « cracher des injures » , «proférer des mots haineux ». Son discours très antisémite sera instrumentalisé par des éminences grises pour accéder au pouvoir et deviendra réalité manifeste dès les lois de 1935 contre les juifs.

Dans quel contexte pourrait-il faire cette action? Lors d’un meeting politique? Nous sommes en juillet 1932, c’est le début de la période de campagne électorale. (Il  multipliera ses discours à la tribune lors de son ascension pour devenir chancelier et convertir les foules à son idéologie, il inaugure un nouveau type de campagne électorale plus moderne et mobile. Il s’ingéniera à cadrer tout le territoire pour venir au contacte du peuple). Heartfield focalise son attention sur ce moment clé de la politique qui est celui de l’allocution du tribun. C’était chez Hitler nullement un travail hasardeux mais une véritable pratique très étudiée, et théorisée, afin de véhiculer le message avec le plus d’efficacité. Hitler, lui-même, théorisera la notion de propagande et son impact sur les foules . (Cf. le texte d’A. Hitler de » Mein Kampf). Sur les photos et les films documentaires d’archives, on retrouve l’emportement, la verve et le charisme propre à son visage. Mais, ici, contrairement, aux photos diffusées sur ces proclamations, le corps semble figé. Nulle représentation de la gestuelle, de ce corps tendu, saccadé, lors des diatribes endiablées. (Cf. Les photos ci-dessous), Que sont devenus ses gestes, ses mains qui sont autant de paroles muettes? On pourra ,ici , mettre en confrontation cette photo avec le premier discours D’Adénoïde Hynkel dans le film le dictateur ou la rhétorique du geste est exagérée, caricaturée, devient une véritable pantomime. » Prononcés sur un ton tantôt déclamatoire, tantôt incantatoire, ses discours faisaient appel à une rhétorique gestuelle empruntée aux orateurs antiques, associant le geste à la parole » explique Charlotte Denoël dans son article sur le charisme du dictateur dans l’histoire par l’image. Dans le photomonage le  futur despote prend la pose comme figé sous la machine radiographique, il  passe sous le rayon X de l’artiste. On peut apercevoir sa cage thoracique radiographiée, mais nulle représentation des organes (coeur, estomac?) . Est-il malade? L’hitlérisme, le nazisme n’est-ce pas un corps malade, une tumeur?  Le nationalisme outrancier?


Dans les photographies d’A. Hitler prises en 1925,  le futur chancelier étudie la gestuelle, son impact possible sur les foules ).Le discours politique devient méthode scientifique d’étude de la communication et de la psychologie. A.Hitler travaille son image. Pourquoi ne voulait-il pas conserver les négatifs?. Voulait-il  transformer le discours politique et  magnifester sa réthorique comme naturelle? N’a t’il pas lu la « psychologie des foules » de Gustave Le Bon?  Que sous entend t’il? Qu’il est un orateur naturel? Qu’il ne travaillait pas son « charisme politique »? Si timide et emprunté -comme le montre Laurence Rees dans son ouvrage « Hitler la séduction du diable »- quand il s’agissait de discourir en petit groupe, face, il savait galvaniser les foules en jouant sur les aspects émotionnels. Il était loin de faire l’unanimité, certains l’ont trouvé « démagogique »(Joseph Felder), d’autres comme Herbert  Richter considérait sa « voix grinçante », il « braillait », le fond de son discours était « vraiment,vraiment simple », sa posture ,comique. Nous sommes loin de l’éloquence cicéronienne. « Dans son esprit, explique t’elle le monde était définitivement peint en noir et blanc », il avait des certitudes et pas de doute. Il utilisait les ficelles qui fonctionnaient auprès des foules (la question du traité de versailles…). »Il n’y a pas à se demander par quel talent il a conquis les masses écrivit Konrad Heiden qui l’entendit maintes fois parler.Ses discours sont des rêves éveillés de cet âme des masses… »Il est évident comme l’explique justement Laurence Rees qu’il ne parlait pas des impots, il vend du rêve à ceux qui adhèrent. Comme le représente Heartfield c’est  à un camelot, un charlatan de la politique à laquelle l’on à faire. Mais comme elle le précise l’allemagne avait besoin d’un sauveur, elle cherchait un héros individuel , longue tradition allemande depuis le XIXem siècle, philosophique et politique.

Quelle sont les 4 catégories scéniques  qu’Hitler travail? l’ironique, le combatif, impérieux, le visionnaire.

. » -Henrich Hoffmann plus fidèle ami d’Hitler après 1920. (…) Heinrich Hoffmann est (1885-1957), photographe du Parti nazi dès ses origines puis iconographe attitré et ami personnel d’Hitler. Ces instantanés ont été pris alors que Hitler, debout devant l’objectif mime un discours imaginaire, adoptant tour à tour une pose combative, impérative, ironique et visionnaire, et que, derrière lui, un gramophone diffuse le discours en question. Ses gesticulations – bras levés, poings serrés, index tendu… – de même que les mimiques exaltées de son visage – moue volontaire, yeux exorbités ou rêveurs, bouche hargneusement ouverte, lèvres esquissant un sourire ironique… – sont autant d’effets destinés à renforcer la teneur de ses propos et à communiquer son état d’esprit aux auditeurs.(….)Face au public, il avait coutume d’adopter une pose méditative avant d’entamer son discours, lequel suivait une sorte de progression : commencé lentement, il s’enflait au fur et à mesure que le ton montait, s’accompagnant alors de gestes virulents, puis se calmait(…)Hitler, ce dernier (…)demanda par la suite à Hoffmann de détruire les négatifs de ces photographies, après avoir diffusé certaines d’entre elles. »  « Charlotte DENOËL, »Le charisme d’Hitler », site l’histoire par l’image.

En 1930, cette approche du discour politique servira lors du parcours vers la fonction suprême. Aujourd’hui nous sommes désormais dans le neuromarketing…la recherche n’a cessé de scruter le cerveau de l’homme pour mieux le diriger, manipuler les désirs des masses. )

Dans cette scène, Heartfield se focalise sur une action bien précise de la politique, celle de la parole politique, tout comme, par la parodie C. Chaplin se focalisera, sur le moment du discours. Dans son film le dictateur,il représente ce moment stratégique celui où l’homme harangue la foule, car c’est le moment où le langage se fait idéologie, lieu  psychologique de manipulation des masses.

Charlie Chaplin travaillera sur la gestuelle, et la logorrhée incompréhensible, le discours devenant des mots sans sens;on ne conserve que la  forme violente, haineuse. Le dictateur ne parle pas, il éructe. Ici, comme le rappelle Heartfield dans sa légende, nous sommes dans deux ordres du discours. Le premier évoquant le mot Baliverne, il nous montre bien que tout discours n’est que mensonges, fausses promesses. Le  dictionnaire « Le Petit Robert » définit le mot baliverne comme « des propos futiles et creux». On lui associe des mots comme, billevesée, sornette, faribole…Ici  J. Heartfield critique l’absence de vérité , de teneur des discours Hitlériens, tout cela manque de profondeur, l’homme politique tente un marché de dupe avec le peuple en lui promettant du pain et du travail, ils n’obtiendront que du « fer-blanc »(blech en allemand). l’homme est creux , à l’image de cette figure ouverte et vide? Pas entièrement, car il devient comme une tirelire, celle du capitalisme. Hitler est comparé à un superman(?) ou surhomme. Hitler, ici, reprend -il la référence au héros Anglo-saxon pour se moquer de façon cynique de la figure tutélaire, divinisée que l’on diffuse du future führer? Non.(C.F: l’affiche des années 30, »vive l’Allemagne » dans le livre d’histoire  de 3ème aux éditions Hatier p.77.) Hitler serait- il le sauveur de l’Allemagne? Un héros de la nation? ou simplement un héros de bande dessinée, digne de figuré dans les cases d’un comics américain, figure de papier grotesque et plate sans épaisseur, telle celle d’un cartoon à la tex Avery, une image plate. La propagande américaine passera par la figure du dessin animé, dans les années 40 pour en caricaturer les travers. La légende  parle  « d’insanités « .Nous rappellerons aux élèves la définition  dans (le Petit Robert): « Manque de saine raison, de bon sens».Le mot est associé à folie, à la déraison, Hitler selon Heartfield débite des inepties ,des bêtises insensées .l’artiste met en garde contre les sottises et la folie de son message, de cette extrême droite qui mènera à la guerre. Ce n’est pas un homme politique, c’est un fou paranoïaque? Un esprit qui n’utilisera pas la raison des Lumières mais conduira l’Allemagne vers d’autres âges sombres. Le rapprochement  entre le personnage, le discours et la « mania » est assez juste. l’histoire  donnera raison à l’artiste. (Une humanité devenue folle dans la barbarie. Malheur aux pays qui ont besoin de héros disait Brecht). Heartfield à travers cette représentation et sa légende fait une critique virulente de ces laïus politiques  que le représentant de l’extrême droite fera pendant sa campagne. A l’affiche de campagne électorale, il oppose un autre type d’affiche, une contre affiche pour lutter contre une certaine désinformation.

Dans quelle situation pourrions-nous voir ce type d’image? S’il prenait une radiographie.

-Y a-t-il un décor? Non, l’artiste porte toute son attention exclusivement sur le personnage. Le fond est uni, vide,on ne retrouve pas le décor qui environnait ses discours. Nul décorum, ou personnages derrière lui,  comme dans le film« le dictateur », si souvent présent lors des discours politiques.(L’affiche  du Kpd présentait un  ouvrire avec derrière lui une foule.). Il est seul. Le fond, représenté sans le moindre décor naturaliste nous fait penser à ces images de la  tradition Byzantines, celles où le fond des images à un caractère religieux . Ce fond non naturaliste était peint par une couche d’or, doré, pour signifier l’espace transcendant et sacré. CCet espace supraterrestre était réservé aux figures religieuse. Heartfield à travers cette citation, sans une certaine ironie fait référence à ce que les britaniques nommeront plus tard le « syndrôme messianique » dont souffrait le dictateur. Heartfield dénonce dans sa représentation le détournement des codes religieux qu’usait à profusion la propagande nazie, mais aussi cette idolatrie à laquelle mène le culte du chef. Le fürher devient ici une icône, image  divinisé.

 -la scène représentée vous semble t’-elle réaliste ou irréaliste? (pourquoi?):

« Une présentation réaliste de l’insensé » pour reprendre les mots de Moholy-Nagy. Il est impossible de voir l’intérieur du corps simultanément avec l’image réelle .C’ est un montage irréaliste. Il nous montre justement ce qu’il est impossible de voir sous la propagande. La vérité. Il dévoile à la fois l’extérieur l’apparence, que renforcent les pastelles sur le visage légèrement fardé. Et simultanément l’intérieur, la réalité des choses, la vérité). Il fait une véritable radiographie du régime et du langage politique. Le jeu de la retouche d’image est un procédé très moderne qui anticipe les pratiques numériques d’aujourd’hui et qu’avait déjà initié le régime stalinien pour effacer de l’histoire tel dignitaire d’une photo, d’un document.

Dans quel genre peut-on classer ce type d’image? Un portrait,un portrait charge,une caricature fait à partir de collages photographiques

II Questions plastiques.

« Les Nouveaux problèmes politiques nécessitent de nouveaux moyens de propagande, pour cela, la photographie dispose du plus grand pouvoir de persuasion » J. Heartfield.

« A juste titre, Lénine exigeait, dans une lettre au Commissaire adjoint au Développement populaire Litkens à propos de l’arsenal de la propagande bolchevique, que l’on utilise largement des photos avec légende explicative pour l’agitation et la propagande. »Serge Tretiakov, John Heartfield montiert, 1936 – dans: Roland März, op.cit., p. 292.

La pratique de la photographie en couverture de magazine devient un nouveau moyen adéquate pour toucher les masses, c’est la méthode la plus juste, le langage qui permet le mieux de maintenir l’attention des masses, faire passer une idée un message.la question de l’identification questionne autant les russes que les allemands. A l’interieur de L’A.I.Z se multiplie les photographies associés au blocs textes. Une organisation toute nouvelle plus à même par sa modernité de sensibilisé les lecteurs.

Comment mobiliser le peuple? C’est déjà la question que se posait Lénine. le médium photo comme le cinéma devenait le médium révolutionnaire par excellence pour  éduquer la  nouvelle classe ouvrière.les travaux d’heartfield en 1931 sont montrés en union soviétiques à Moscou et considérés comme des modèles à suivre.

« Du 13 avril au 4 mai 1931, la nouvelle maison d’édition d’État soviétique ISOGIS organise la première grande discussion sur la production d’affiches. Les photomontages sont au centre du débat. Les différences entre le travail de Heartfield et les monteurs soviétiques – parmi lesquels Gustave Kloutsis donne le ton – sont frappantes, mais on n’est pas d’accord sur la manière de les analyser ». les différences sont examinées.(la philosophie du zombie sur heartfield alias monteur). la où Kloutsis utilise l’héritage constructiviste, mettant en avant les principes de construction et de composition qui  sous son jougue subordonne les images, c’est de la forme que doit naître l’émotion, chez heartfield c’est différent, et la revue octobre les confronte. On reconnait à l’allemand dans son travail la grande simplicité, le carctère univoque de son travail, sa précision, et le recous aux jeux de mots, et aux allégories absentes dans le travail constructiviste. Concentration et condensation sont les deux qualités que l’on retrouve dans le photomontage que nous étudions, une cohérence et une pureté que l’on ne retrouve pas dans les photomontages surchargés de Kloutsis, tout en diagonale. En 1924 le commissaire du peuple à la culture Anatoli lounatcharski admet que sur ce point l’allemagne est en avance sur l’union soviétique. La longue formation d’éditeur, de créateur nombreuses couvertures.

1) Comment l’artiste a t’-il procédé pour faire cette image? Il réalise une image de grande dimension qui par le moyen nouveau de l’héliographie, devait être présente dans la rue, et se confronter non- officiellement aux autres affiches électorales. Elle venait parasiter un discours ambiant, dialoguer avec les autres affiches et surtout celle de N.S.D.A.P. Avec l’affiche du K.P.D ,c’est la seule qui utilise la technique nouvelle du photomontage. (L’affiche du parti communiste reprenait le vocabulaire plastique du photomontage constructiviste. -Son travail est-il de l’ordre du collage? Ou du photomontage? Peut-on le rapprocher du travail des dadaïstes? Le photomontage est tributaire de l’invention du cubisme, qui en insérant dans l’espace de la toile les papiers collés, l’ objet faisait de l’espace du tableau un objet un questionnement de la représentation de l’espace l’illusionniste renaissant.

2) Quand est-ce qu’est née la pratique du photomontage? La pratique a existé dès l’invention de la photographie. mais elle est , alors, surtout employée dans une pratique ludique proche du divertissement. C’est en 1919 que serait  daté sa naissance avec sa théorisation comme véritable « Rhétorique  transformative » .(groupe µ).

« Lorsqu’en 1916, par un matin de mai, vers 5 heures, dans mon atelier de Südente, John Heartfield et moi avons inventé le photomontage, nous étions tous deux loin de nous douter des immenses possibilités de cette invention» George Grosz, cité par Hans Richter, Dada – Art et anti-art, Bruxelles, Éditions de la connaissance.

John Heartfield, Raoul Hausmann, Couverture de  DADA 3
en  (1920)

En Allemagne,  le groupe des artistes Dadaïste berlinois:G. Gros, Heartfield sont-ils les inventeurs de cette nouvelle technique artistique et révolutionnaire ?. Hausmann se considère comme le véritable père de cette pratique à travers sa fameuse découverte en présence d’Hannah Höch sur la Baltique « dans la tradition populaire des mémentos militaires ».(Cf: article de clément Chéroux). Heartfield lui même facteur lors de la première guerre mondiale avait découverte cette pratique sur les cartes postales des soldats et reprend le procédé à son compte. le photomontage dès lors prend son pouvoir et sa « postestas », et sa « potentia » de cette faculté de rencontre de réalité diverse, véritable procédé de fabrication et de construction d’un discours que permet cet sorte de nouvelle syntaxe visuelle et graphique qu’avait déjà annoncée le cubisme.

« Facteur, il se rend compte de la manière dont ceux-ci contournent la censure sévère, dans les cartes et lettres qu’ils écrivent à leurs proches. Ils juxtaposent par exemple des coupures de journaux: une photo d’une fête d’officiers et, à côté, une photo des conditions de vie des soldats dans les tranchées; des textes de propagande sur les prétendus succès au front et des cartes postales d’un village de Flandre ou du nord de la France, toujours le même. A bon entendeur, le soin de comprendre le message. L’idée du photomontage est née: la juxtaposition de divers éléments pour créer un nouveau message. John et George se mettent maintenant à fabriquer eux-mêmes des cartes postales et à les envoyer. Ils collent des photos, des dessins et parfois des textes qui, par leur combinaison, deviennent dénonciation, démasquage » (John heartfield alias le « monteur »,in philosophie du zombie.fr

« Cette rhétorique vient ainsi rencontrer cette caractéristique de l’actualité qui  par essence est transformation » Danielle Leenaerts, petite histoire du magazine Vu (1928-1940).

3) Le photomontage, une pratique révolutionnaire?

« Le photomontage n’est pas une blague photographique ni un simple travail de collage. Par une image ou par l’association d’images avec une légende, on peut donner une caractéristique. Une image de Göring avec une légende frappante amène le spectateur à découvrir sa physionomie et son caractère. Mais une image de Göring sur un arrière-fond de flammes raconte au spectateur ce que la justice ne dit pas. (A propos de l’incendie du Reichtag. L.S.) »John Heartfield, Zür Wirkung der Fotomontage, 1961 – dans: Roland März, op.cit., pp. 182-183

 C’est l’appropriation de cette technique, ce qu’on en fait, ce qui est en puissance et que l’on trouve, exploite, qui en fait une technique révolutionnaire  à même d’exprimer son époque,  l’actualité, les nouvelles formes de la modernité qui par essences sont mouvement et transformation.

Selon Clément Chéroux, c’est une pratique qui a toujours existé depuis les premières expérimentations de la photographie. Elle « existait à l’état latent », mais sa véritable invention vient du fait d’en avoir découvert le caractère artistique et esthétique. » La latence (…) du photomontage a donc été révélée par le contexte esthétique des avant-gardes. » Filant la métaphore du fixateur, révélateur, M. Chéroux affirme que » le fixateur, et par là même l’inventeur, a été celui qui a extrait ces techniques de leur contexte professionnel, expérimental ou ludique pour les intégrer au registre des propositions esthétiques modernes. » Quelle différence entre les photomontages Dadaïstes et Heartfield ? Clément Chéroux montre bien que le photomontage politique doit utiliser les codes plastiques graphiques de l’affiche politique et de propagande: visibilité/lisibilité de la composition et du slogan. L’image rejoint les caractéristiques des arts appliqués. Heartfield d’obédience communiste, après ses séjour en URSS a-t-il été influencé par la pratique constructiviste? C’est le contraire.Re.

 

« Les photomontages, qui permettent de juxtaposer sur la page différents éléments photographiques pour créer une nouvelle image, sont appelés à faciliter la compréhension du message par la simultanéité et le rapprochement de personnages et de scènes. Les rapports de proportion s’inversent : les personnages sont grandis, changés en colosses face à une architecture qu’ils dominent. Souvent représentatif des succès du socialisme, le  » nouvel aspect de l’art des masses  » est destiné à promouvoir et à populariser ses idées. Par la création effective d’une image, il s’agit de passer de la représentation de la vie à sa transformation, afin d’illustrer la philosophie marxiste de la fin de l’histoire qui promet un avenir radieux à l’humanité, en s’appuyant sur une des thèses avant-gardistes de l’union de l’art et de la vie. » Du peuple au populisme » (…)les premiers photomontages dadaïstes se caractérisent (…) par la destructuracion et la saturation de l’espace visuel. Mais lorsque le photomontage devient le vecteur d’un engagement politique, la cacophonie visuelle cède la place à une image nécessairement plus lisible comme le démontrent, à partir de 1930, les productions militantes de John Heartfield pour le Arbeiter Illustrierte Zeitung, puis pour le Volk Illustrierte. En URSS, à l’exception des premières compositions de Rodtchenko, qui restent encore très surchargées, les photomontages de Gustav Klutsis, Sergei Senkin ou El Lissitzky s’inscrivent, dès le début des années 1920, dans la logique de la propagande politique et sont, par conséquent, davantage épurés plus proches des compositions sur fond blanc des constructivistes. C’est cette forme de photomontage épuré, avec de larges pans de blanc ou des aplats de couleurs, qui, dans l’Europe des années 1920 et 1930, est sans doute la plus répandue à travers les productions artistiques ou appliquées de Moholy-Nagy « Clément Cheroux. Il faut lire l’article intéressant de clément Chéroux: « Les discours de l’origine »À propos du photogramme  et du photomontage.

Les discours de l’origineetudesphotographiques.revues.org › … › 14Questions de méthode

4)Comment se réalise un photomontage chez J.Heartfield?

« Le photomontage commence là où une intervention délibérée modifie le contenu initial de la photo. Quand des enfants jouent au guignol avec des figures découpées dans le journal, c’est une étape dans la voie du photomontage. »Serge Tretiakov, John Heartfield montiert, Moscou 1936 – dans: Roland März, op.cit., pp. 292-294

« La réalisation est artisanale et longue. Il faut trouver les photographies adéquates, les imprimer à la bonne échelle et détourner les personnages. Une fois les morceaux découpés et disposés, il faut les maintenir, lisser les accords, harmoniser les tons et photographier l’ensemble. Les légendes doivent s’intégrer et le lettrage s’adapter à l’image. La réussite dépend en partie des photographies disponibles. Sous la république de Weimar, les agences de photographies sont nombreuses et alimentées par d’excellents photographes. Les tirages de Heartfield sont diffusées à un demi-million d’exemplaire dans les pays de langue allemande par les magazines de gauche.Ex; A.I.Z, la matraque ou le drapeau rouge. »

Comment est  réalisée un photomontage Dadaïste d’Heartfield?

A partir de ciseaux et d’images ou dans la chambre noir en utilisant les jeux des négatifs ? Cette technique consiste à assembler, réunir des images négatives ensemble dans la chambre noir, provenant de sources différentes,  puis à réaliser un Collage photographiques avant le développement.Cette création peut créer un montage  volontairement irréaliste ou qui donne comme, ici, l’illusion d’un parfait réalisme formel. Mais la technique reprographique permet surtout l’illusion photographique en unifiant le médium.Il recrée une photo. Travaillant en collaboration avec son frère  W.herzfelde poète, celui ci a t’il conçu la légende? la question du texte et de l’image est toujours un problème à résoudre. Les deux formes d’expressions devant par complémentarité exprimer l’idée sans redondance. Ici la légende vient apporter des informations sur le discours du futur chancelier, à tout le moins l’interprétation qu’en donne l’artiste.

« Nous n’étions pas du tout heureux de la monotonie ennuyeuse et des conventions qui voulaient que le texte soit placé au dessus ou en dessous de la photo pour préserver la lisibilité. Celui qui voyait le livre devait avoir le sentiment qu’il s’agissait de la vie réelle des masses, de leurs besoins, de leur lutte. » Wieland Herzfelde, John Heartfield, Leben und Werk, Dresde 1970, p. 42

comment placer le texte? ici et comme souvent celui-ci vient s’intégrer sous l’image comme un sous -titre à la scène qui se passe. pensons à la voix off et au traducteur dans la scène du discours d’hynkel, le texte venait contredir en contrepoint le discours ennoncé, ridiculisé par la traduction son efficacité efficiente, il en est de même ici avec cette approche très cinématographique.

« Chez Heartfield, les parties montées se fondent l’une dans l’autre jusqu’à former un nouvel ensemble photographique. La structure de l’image est toujours homogène, avec des transitions douces. Très souvent, on ne voit pas tout de suite qu’il s’agit d’un collage ou d’un « trucage ». On croirait qu’il s’agit d’une nouvelle « photo ». Certains photomontages de Heartfield sont aussi réalisés, en grande partie, par des prises de vue mises en scène. Ce sont, en quelque sorte, des photos d’une pièce de théâtre »Jhon Heartfield, alias « monteur », dans « philosophie du zombie »

« Tandis que les photocollages originaux indiquent le disparate des matériaux,leur reproduction en gomme l’hétérogénéité.Ils ont été reproduit dans l’A.I.Z par la technique de la photogravure,sur un papier brun mat,créant une homogénéité spatiale. Heartfield ,tout comme Ernst,avait le souci du détail-il donnait des instructions précises à son imprimeur-dans le but de créer un espace photographique cohérent et unifié.« Ceci n’est pas un tableau:Les écrits surréalistes. Par Elza Adamowicz .

L’image devient le lieu d’une construction. L’artiste véritable ingénieur, n’est plus un peintre, mais comme le cinéaste, un Monteur d’images. Il a fait des collages à partir de photos récupérées. Ces photomontages sont, avec son équipe en amont, un travail de collecte, d’archivage d’images de sources différentes, de tout un corpus  documentaire,(images documents, ils sont de véritables matériaux capables de traduire la réalité). Nous avons ici des photographies d’ une tête, un torce en habit militaire (S.A), une radio thoracique, des images de  Reichsmark. Dans un second temps, le monteur  les met en forme,  créer un tout cohérent avec son discours. Ensuite, avec des rajouts de peinture l’artiste unifie les éléments du collages ou ajouter quelques détails, avant de photographier l’ensemble pour que l’impression d’homogénéité soit parfaite ;c’est bien une photo du dictateur et non un montage. Chez les dadaïstes la césure (rupture, déchirure,…ligne découpe, écarts..) est montrée, le collage s’affirme en tant que tel et exhibe ouvertement son processus de fabrication. la photographie vient ici lisser le tout, tout comme chez Barbara Kruger, où plustard l’emploi de  la sérigraphie viendra unir l’ensemble. Dans cette pratique on retrouve une pratique similaire à celle de max Ernst dans « son roman collage » comme le soulignait Aragon,  mais chez ce dernier le décalage sera de l’ordre du fantastique (« Surréalisté »). La pratique du photomontage et de l’acte photographique place le spectateur entre transparence et opacité.( Jeu sur la dissonance entre ce qui est vu et regardé). Il remet en question la pseudo transparence que certain attribue au référent et pour qui voir c’est savoir. » Il joue sur ce qu’André Bazin nommera cette « appétit d’illusion » que nous avons chacun face à la photographie.

« À l’inverse, le processus du photomontage – qui n’a pourtant aucune prétention réaliste – efface ces procédés au profit d’une nouvelle continuité, constituant l’affiche comme un amalgame indécelable d’éléments iconographiques. Là où le collage s’expose lui-même comme une représentation factice et se présente comme un pratique scepticisme, le photomontage forme un nouvel illusionnisme à des fins de propagande : avant le procédé de collage, ce qui doit être reçu de l’image est un propos politique, une dénonciation. «Quand il construit, ce n’est pas pour fuir la réalité comme les constructeurs de chimères classiques — Friedrich Maximilian Klinger, Arnold Böcklin ou les Surréalisme —, mais afin de rendre le monde invisible pour la première fois visible à un œil non armé.»[2]

Évidemment, ce «monde invisible» désigne les intentions cachées que Hitler et le mouvement nazi occultent derrière une visibilité en apparence sincère .

« Si le fascisme tient à se rendre tout particulièrement visible dans ses manifestations, c’est pour que ses propres intérêts restent invisibles. La méfiance qu’on nourrit à l’égard du monde visible doit donc être d’autant plus grande à l’égard du fascisme qu’il utilise la visibilité comme un paravent. Un défilé de mai allemands, par exemple, est si énormément visible qu’il semble ne rien y avoir derrière. » — Günther Anders, « Sur le photomontage » »  Wikipédia. Voir la conférence de Günther Anders  sur le photomontage en 1938. « L’art est en danger «de Günter Anders, George Grosz, Wieland herzfelde et John Heartfield.

vous pouvez écouter l’essai du jour sur France culture sur ce livre. Dans la pensée commune le spectateur pense que la photographie c’est la vérité, que son réalisme en fait un témoignage directe du réel, un double de  la chose photographiée, l’image et le référent,c’est la même chose.

« la photographie,affirmait André Bazin, bénéficie d’un transfert de réalité de la chose sur sa reproduction.(..)Elle,(l’image) procède par sa génèse de l’ontologie du modèle, elle est le modèle. »Dans la photo, l’homme, est absent comme intermédiaire dans sa représentation, elle agit sur nous comme un « phénomène naturel »,  son réalisme renforce son mythe » du naturel » .

C’est justement avec ce phénomène naturel qu ‘Heartfield joue. Car la photo étant mécanique, automatique, par son procédé, « Nous sommes ,selon Basin obligé de croire à la chose représentée ». Elle se définit par sa pure objectivité. Or ,Justement, Heartfield  sur cet effacement du signe dans la lecture au premier degré et le contredit avec cette radio qui nous ramène à la pratique opaque du photomontage et de la pratique du monteur ce n’est pas une photo, finalement c’est un photomontage? un de ces trucages à la Mélies ? un effet de magie comme sait le faire les illusionnistes? mais aussi le politique, les habiles sophistes que dénonçait Platon. Heartfield est conscient du grand pouvoir de persuasion de l’image photographique. Selon  Marc Tamisier  la photographie  « s’approchant d’avantage du réel, elle permettrait d’autant plus à l’idéologie de le masquer », « elle naturalise le message symbolique ».(cf:Texte, art et photographie: La théorisation de la photographie,Par Marc Tamisier).

5)Heartfield n’ utilise-t’-il pas les nouveaux codes de l’image cinématographique?

« La cuisine du photomontage était surtout le cinéma. La succession mécanique d’images crée le mouvement. L’ensemble des composantes du mouvement donne une image du sujet, du développement d’une idée. Le montage cinématographique correspond à la dynamique propre du sujet. Le photomontage, quant à lui, change les relations entre les fait. »Serge Tretiakov, John Heartfield montiert, Moscou 1936 – dans: Roland März, op.cit., pp. 292-294

Le monteur Heartfield n’a- t’-il pas travaillé dans un studio de cinéma en 1917, mais également dans la mise en scène théatrale?ll conçoit les costumes et décors pour Max Reinhardt et Erwin Piscator.

Il reprend le principe du trucage déjà présent dès les pratiques primitives du cinéma, et son caractère magique (la lanterne magique). Il démystifie tout le caractère magique inhérent à l’image et à celle de la propagande: la  techniques qui permettent, d’une part, de faire croire quelque chose à quelqu’un et, d’autre part, de manière concomitante, d’écarter toute possibilité que cette croyance soit perturbée, ébranlée, affaiblie.”Il fait lutter contre notre originelle croyance aux images, sortir de la caverne platonicienne, proche de la chambre photographique et de la salle de cinéma.. Il reprend les trucages qui ont nourrit le cinéma de Mélies à Bunuel, en nous montrant son efficacité à nous manipuler. Comme Lénine ou Benjamin, il nous rend compte de la force de cette invention nouvelle qu’est le cinéma. Méliès utilise  dans son cinéma de nombreuses figures  telles que la métamorphose, les apparitions et les disparitions… dans cette fantasmagorie les personnages inanimés prennent vie,  un autre personnage ou une partie de son corps se dédouble, se décuple (comme dans le court-métrage  le « chef d’orchestre ») ,tandis qu’une partie ou l’ensemble de son corps prend des proportions insolites. Là ou E. Blumnenfeld superpose les négatifs, inscrit des caches, le cinéaste pourra superposer ses pellicules. La technique est la même entre image mobile et fixe, et Heartfield la  bien saisi. Dans son photomontage, il joue sur la simultanéité des espaces (intérieur extérieur), des actions (faire un discours avec des insanités, puis des mensonges…avaler de l’argent que rend possible ce montage de morceaux de réalité. Comme sur une chaîne de montage, il travail à rebours en démontant la machine Hitlérienne dans ces nombreux « Photodémontages ».Il nous fait dans une simple image fixe la condensation d’un documentaire  cinéma d’actualité auquel il ajoute son commentaire critique. On peut se demander si le visage utilisé n’est pas un photogramme d’un extrait d’actualité d’un discours de 1932, le monteur se servant de ce que R.Bellour nomme le « filmique », cet autre cinéma qui fonctionne sur l’arrêt sur image. Ce portrait d’ Hitler sorte d’image arrêtée n’est t’elle pas une condensation?

La légende s’inscrit sous  la couverture comme dans un film muet. En nous dévoilant les trucage possibles de l’image de communication qu’elle soit politique ou autre, il  place le spectateur en état d’éveil. Subversive, elle dévoile en faisant un mauvais tour au magicien Hitler ses truc de l’ apprenti sorcier. « Méliès a inventé deux grands types de trucage, à savoir : l’arrêt de caméra et la surimpression. La surimpression multiple existe aussi. Il s’agit d’abord de filmer les décors et les personnages. Ensuite, l’on rembobine la pellicule et l’on filme sur un fond noir le personnage ou l’objet que l’on veut faire apparaître à un endroit précis du décor ».

escamotage dune dameun homme de tetes

Un homme de têtes (1898)G.Méliès.

Photogrammes du film de L. BUNUEL de 1929. »Un chien andalou » .

Pensons , également ,à la scène où l’aveugle découvre sous le corsage de la femme cette poitrine ferme. Le spectateur sous le désir de l’homme découvre sa vision fantasmée. Par un jeu de trucage le vêtement disparaît, pour nous montrer la nudité . Le cinéaste espagnol, comme le monteur Allemand utilise le caractère illogique de l’image, nous faisant découvrir cette inquiétante étrangeté dont parlait au début du siècle S. Freud. le spectateur, ici, doit remettre en cause ses conceptions et habitus mentaux pour ouvrir chez Bunuel et les surréaliste tous les possibles de l’imaginaire et de l’imagination auquel nous invite André Breton dans son manifeste et chez le photomonteur allemand les illusions de la vérité rationnelle  et photographique.Là ou la photographie fait parfois du spectateur un objet, le photomontage d’ Heartfied en fait un sujet (actif).Distanciations? La nouvelle objectivité en peinture existe en Allemagne depuis 7 ans. Le spectateur en ayant la preuve du trucage, est obligée d’être , cette fois -ci, vigilant à tout type de manipulation, sur le jeu des apparences  que sous-tend toute idéologie. Disparitions et rajouts interviennent souvent aux abords des photos d’Hitler…Lénine…(Attention cependant , les cerveaux de la propagandes tentent, tout le temps de contrecarrer les nouvelles méfiances d’un spectateur de plus en plus informé, en utilisant désormais sa participation, celle de son imaginaire. Actuellement dans la publicité,la disparition du logo de la marque, permet  d’abaisser stratégiquement  le filtre du consommateur, en le rendant plus en interaction, avec le produit. Cf.Allez voir ce site sur l’histoire du trucage en photographie. PDF] Histoire de la retouche photo Petite histoire accélérée

www.touslesstages.com/medias/…/petite_histoire_retouche_photo.pdf

6)Quelle partie de l’image, et quels éléments l’artiste met-il en valeur? Les pièces de monnaies et les croix,  le visage qui vitupère. Par quels moyens plastiques? Par le contraste de valeur entre le noir et le blanc, les contrastes lumineux. (La lumière se focalise au centre du tableau sur les pièces). Par la composition l ‘artiste joue sur le contraste entre intérieur et extérieur. La lumière du fond donne une sorte d’aura au personnage, comme si elle lui donnait un caractère surnaturel, auréolé de lumière comme un héros.

III) Interprétation de l’image.

« Conçue à l’origine comme un événement ponctuel, l’affiche politique devient pour l’historien « un lieu de mémoire » incontournable dans la mesure où sa polysémie joue à la fois sur les registres intellectuels, affectifs et politiques du spectateur.Chargée d’instaurée une relation privilégiée entre l’élite d’un pays et son peuple, et elle en révèle par la- même les référents communs qui constituent le substrat de son imaginaire collectif. » (Sophie-Lorraine-Bourgeois, « la propagande en RDA à travers les affiches politiques ».

« Chez les dadaïstes, l’oeuvre d’art n’est plus une évidence séduisante ou un cri convaincant. Elle devient un projectile. Elle touche le spectateur. Elle le désempare. » Walter Benjamin

Walter Benjamin, Das Kunstwerk im Zeitalter seiner technischen Reproduzierbarkeit, 1970 – dans: Roland März, op.cit., p. 33.

1)-L’artiste fait un portrait satirique de Hitler….une critique arméevirulente du discours de propagande .C’est une véritable représentation grotesque dont il a le secret. (Il donnera de nombreuses représentations du dictateur, sous forme animalière  dans la pure tradition de la caricature.)

Que veut dire Heartfield quand il compare la voix d’Hitler à du fer blanc, quand il met de l’argent dans l’œsophage? Sa voix, n’a que peu de valeur. (CF. l’explication plus haute). Contrairement à l’or et l’argent, le fer blanc est  un matériau peu précieux .L’artiste veut donc nous dire qu’en échange de l’argent du peuple allemand qu’il mange en les spoliant, il donne et promet des discours, (il ne dit que des balivernes) pour gagner les élections et prendre le pouvoir. Comment interpréter son message? Il critique Hitler d’être corrompu. Derrière son discours populiste, du pain et du travail pour les allemands, se cache, nous semble dire l’artiste, que de fausses promesses. Il faut découvrir affirme dit-il aux électeurs que se trouve derrière celui qui affirme un discours de vérité  d’autres intérêts plus obscurs. (Le financement d’industriels). Dès 1926, Hitler est invité par les grands patrons. Le grand historien communiste allemand Kurt Gossweiler dans son ouvrage de référence « Aufsätze zum faschismus »(Hitler: l’irrésistible ascension. Essais sur le fascisme’, Ed. EPO et Etude Marxiste) montre comment, il y a collusion entre la politique et les intérêts financiers du grand capital. Ce grand spécialiste du fascisme allemand explique qu’entre le parti du N.S.D.A.P  et les monopoles industriels et financiers, il y a une entente pour lutter contre le risque marxiste du bolchevisme. Selon lui, le fascisme allemand était l’instrument de ses grand groupes et qu’il devait son élection à ces éminences économiques. Heartfield l’a admirablement illustré dans son photomontage sur la signification du salut hitlérien, qu’il compare à une allégeance aux puissantes structures économiques. Au lieu d’avoir des millions d’allemands derrière lui, se sont les capitalistes avec leurs millions. Encore une fois, le monteur  joue à dévoiler dans ce travail, le double langage, du discours hitlérien, la tromperie, et les mensonges qui se cachent derrière la figure de l’homme corrompu. Il s’affirme socialiste dans l’emblème de son parti, mais se révèle être qu’un pantin du grand capital. En 1920, le 24 Fév dans ses 25 pointsHeartfield reprend par sa charge les clichés du Bourgeois, de nombreuses fois représentées , depuis 1919, dans le lexique imagé communiste. (Observez les  photomontages, un peu plus loin dans l’analyse). Lire le livre de Eberhard Czichon, « Wer verhalf Hitler zur Macht ? « sur les relations entre Hitler et son parti avec l’industrie. Hitler avale l’argent, et le peuple auquel on a promis du pain, que mange -t-’il ? un vélo, une hache, du métal…Heartfield devient commentateur de l’actualité; les images et les propos politiques sont  analysés puis détournés sous les ciseaux du monteur. L’ artiste se fait éditorialiste , ses propos corrosifs. Rien de plus efficace qu’un photomontage pour ridiculiser, démonter de façon efficaces les inepties de la parole. Ici H.Goëring avait affirmé en 1935, lors d’une pénurie alimentaire, que « le fer avait toujours fait une nation forte, alors que le beurre et le saindoux n’ont fait que peuple gras. Heartfield éditorialiste reprend au mot les propos du politique démontant avec l’efficacité d’une image le peuple affamé et endoctriné.

Que devient les représentations du régime nazi? Des éléments décoratifs: le portrait d’ Hindenburg est un coussin, la svastika un motif de papier peint, le portrait de propagande du Führer sur un chevalet, un art non dégénéré, accompagne le quotidien de la famille allemande. (cf. Le dessin animé  de Walt Disney sur la propagande du système  nazi, avec Donald Duck montre les conséquences de cet embrigadement du peuple entier des images et symboles du régime ).

2) Signification des  symboles sur le corps du personnage.

des divers éléments sur le photomontage « Adolf surhomme……. » Heartfield avec ironie reprend et détourne certains symboles de la propagande nazie pour mieux les contrecarrer.

  •  Les yeux fixes:regardent vers la droite, l’avenir,au loin, comme les affiches de propagandes, (il nous dit qu’il est un homme de l’avenir, du progrès ? Son corps au contraire le contredit , orienté vers la gauche, son action ira-t’elle vers le passé, la barbarie, le conservatisme.
  • L’argent reichsmark présente sur la colonne vertébrale et l’estomac évoque la Corromption. son parti en 32 à les caisses vides et sera  financé par les capitalistes industriel allemands contre la peur communiste. Voleur? Il symbolise le Pouvoir économique
  • La lumière (l’aura du fond).C’est le messie qui sauve l’Allemagne. C’est Hitler charismatique qui est évoqué,au sens théologique, du grec  ; ??????? (kharisma) .Comme les empereurs (Charlemagne). Est-il de droit divin ? A t’il un pouvoir divin.(A tout le moins la propagande tente de nous en convaincre.Le Nazisme est comme une religion, dont il est « prophète », le guide.la lumière héroïse, donne une  caractère magnétique sur les foules.C’est cette « domination charismatique » que construit la propagande que l’artiste critique.On le reprendra  au sens de Max Weber, dans économie et société « la croyance en la qualité extraordinaire […] d’un personnage, qui est, pour ainsi dire, doué de forces ou de caractères surnaturels ou surhumains ou tout au moins en dehors de la vie quotidienne, inaccessible au commun des mortels ; ou encore qui est considéré comme envoyé par Dieu ou comme un exemple, et en conséquence considéré comme un « chef ».
  • Cette lumière c’est peut être , également, cette lumière des « Lumières du XVIIem, cette échec dont parle Adorno et Horkeimer qui mènera selon la dialectique de la raison à une obscurité , une « raison instrumentalisé », déshumanisante. La lumière évoque le Pouvoir religieux
  • La Bouche et le  visage, le visage est dur et déterminé. c’est l’orateur, l’homme des discours politiques des mensonges,et du  discours de haine.
  • L’absence de bras . le corps est est figé, sans pouvoir d’action. Il ne peut plus manipuler.l’artiste lui coupe les mains comme on lui coupe symboliquement son pouvoir d’action.Il devient comme une marionnette ,un (guignole),un pantin qui dans un autre photomontage sera manipulé par des mains capitalistes.
  •  La Radiographie=examen médicale? évocation du culte du corps sain dans la propagande  nazie?l’artiste diagnostique l’homme, sa politique, son discours.(cette homme dont l’histoire hagiographique avait fait un blessé de guerre au gaz moutarde).Il montrer la vérité cachée. En ragardant ce corps on ne voit que ce n’est  n’est qu’un homme et non un corps divinisé par la propagande, un corps sanctuarisé.(la Banalité du mal).
  •  Le décor vide du fond=Où est le peuple contrairement aux images des propagandes ?Il est seul au pouvoir (dictature)-Un homme seul qui possède l’autorité, véritable autocrate.le seul et unique dirigeant du Parti Nazi.Il  possède tous les pouvoirs dans ses mains:politique, économique, militaire.  l’artiste par les moyens de l’art politique tente de lui retirer, le dépossédé en éveillant les consciences.On pourra la mettre en relation avec les affiches communistes du bras et de la main levée.
  • La Croix de guerre.=la Croix de fer, 2ème classe  est la distinction reçue pendant la Première Guerre mondiale, elle symbolise l’ héroïsme guerrier. Hitler serait le  héros de la nation, l’historien depuis nous a bien révélé que l’histoire était bien différente pour ce petit caporale de régiment.( la croix est sur à l’emplacement où le Christ sur la croix a été blessé par la flèche romaine. Symbolisera t’elle la blessure pour la patrie? c’est le Pouvoir militaire.
  •   Flou du bas du corps=effet photographique du tirage? c’est comme s’il était dans le ciel, irréel, éthéré. Ironiquement Heartfield nous dirait-il que c’est un ange.
  •  Le brassard avec croix gammée .la croix gammée (le svastika, que l’on retrouve aussi sur son brassard sur lebras gauche).La couleur rouge est censée signifier que les Nazis se préoccupent des difficultés sociales.
  •    La Svastika=C’est le symboles du parti nazi, un parti politique antisémite et raciste.Pourquoi sa disposition sur le coeur ? Peut être parce qu’on doit aimer et être fidèle au parti. On l’a dans le coeur. C’est peut être aussi l’ amour du pouvoir chevillé au corps? 
  • C’est un symbole universel pacifique,spirituel, positif,détourné issu au départ de la période néolithique puis Mésopotamie qui circulera sur tous les continents en Inde, en Afrique, en Océanie, aux Amériques (Amérique précolombienne chez les Mayas et amérindiens Navajos et kunas) et en Asie jusqu’en Extrême-Orient.Svastika vient de la langue indo-européenne sanskrit.Il est  dérivé de su (« bien ») et de asti (« il est »)[: il est bien.
    « En sanscrit SVASTI signifie BONHEUR ou PROSPERITE et par extension se sentir bien. C’est donc d’abord un symbole de l’être  heureux. » Qui s’oppose à ce qu’en fera le parti national socialiste .  Symbole de la vie, il devient celui de la mort et de la barbarie, signe de l’amour et d’unification, il s’incarnera dans la la haine et le rejet de l’autre,  force positive il devient  « volonté de puissance » destructrice,  perfection suprême de l’être, il se transforme dans la quette d’une perfection eugénique, essentialiste et purificatrice obsessionnelle . Ouverture vers  l’infini…elle marque la finitude de l’humanité. Que reste t’il de son contenu philosophique et magique dans ce détournement qui nous mènera vers le désechantement et l’uchronie. Signe de bonne augure pour l’homme dans la mystique orientale et placera l’homme sous la mauvaise augure comme le pressent bien avant 1932 John Heartfield.

     

 

 

 

 

 

 

 

 

  •   Le maquillage du visage= c’est le le mensonge/ le paraître, du masque ,figure de l’imposture et de l’hypocrisie .Il cache ses intentions, dissimule

Développement.

l’argent=pouvoir économique, financier.

Quelles pièces a été choisies sur le corps? On découvre des pièces placées non pas du côté de l’effigie du personnages ou du chêne, mais du  revers, de l’aigle, la partie  héraldique et standard. Faut-il voir dans le choix de cette face cette volonté d’imaginer que le financement vient de toute l’Allemagne et pas seulement de chaque région indépendante ( länders), qu’Hitler en l’ingurgitant y impacte sa propre effigie à l’instar de l’empire? Le IIIeme reich créera sa monnaie. A partir du 20 juin 1948  avec la réforme monétaire le Mark sera remplacé en RFA par le Deutsche mark et en RDA par le Ostmark. La production industrielle du  Reichsmark or s’arrête en 1914 avec la guerre et le manque de moyens financiers suffisants. Hitler avale de l’or, peut être vue au sens figuré (de richesse), mais peut être aussi un évocation du financement d’une élite conservatrice plus proche de l’ancien régime opposée au bolchevisme et révolutions du communisme. Pour financer sa politique de guerre des nazis , la chasse à l’or  dans toute l’Europe envahie, se fera dès  les années 1940  pour financer avec le Deutsche Mark Or, la guerre. L’or est un moyen d’échange indispensable de grande sûreté face à l’inflation, ceci explique qu’il avale de l’or et non de simple ReichsMark comme ci-dessous.S’agit-il celle en 20 Mark de Guillaume II en or? ou du Reichsmark berlinois? la première réponse semble plus juste.

 3 Reichsmark de Berlin 1932

 

La Svastika sur le coeur= symbolise le partie, le pouvoir militaire. (Le régime nazi détourne les symboles comme la Svastika.  A l’origine, c’est un symbole très ancien, utilisé dans de nombreuses civilisations. (signe facile à reproduire, évocation du mouvement rotatoire, il peut être représenté droit ou inversé) Ce symbole est utilisé en Asie  chez le  jaïnisme , hindouisme, bouddhisme. (mouvement cosmique, perpétuel, cyclique, d’éternité). Chez les boudhistes (forme pointant vers la gauche.) chez les indiens pointant vers la droite. En sanskrit (Svasti= bonne santé, bonne fortune) , (su=bon et tika=signe), donc ce qui apporte la bonne fortune, qui est un bon signe). la svastika s’applique comme un signe sur le corps, le crâne. (application en Inde, dans l’initiation du véda, symbole spirituel , de vérité) le symbole évoquerait une seule vérité pour plusieurs chemins. signe métaphysique. -En Inde, associé au dieu GaneshFile:Swastik on head.jpg dieu invoqué pour tout commencement d’une action et permettant d’éviter les obstacles. -en chine symbole d’éternité . Le régime  Nazi reprend ce symbole  en le détournant de sa symbolique première et en l’inclinant à 45 degrés. On la retrouve sur cette canthar , cette  poterie à motif géométrique , récipient à deux anses , de la période  Athique 730 avt .JC ou sur le sol de cette villa romaine à Olmeda en Espagne. File:HinduSwastika.svg Carte postale américaine de 1907. porte bonheur?   Dans ce photomontage Herafield montre ce que le régime nazi a fait de ce symbole détourné. Un symbole de terreur et sanglant.

La croix de guerre=(Eisernes Kreuz) ,décoration militaire,médaille honorifique donnée pour célébrer la valeur et les mérites guerriers.= pouvoir militaire. -Hitler Caporal en 1914, il obtient la croix de guerre 2 eme classe. Cette croix de 1ere  classe acquise par Hitler à la première guerre mondiale.   L’ouvrage de Thomas Weber révèle que loin de cette hagiographie victorieuse qu’a pu construire A. Hitler sur son passé guerrier, comme expérience fondatrice et fondamentale,  l’historien britannique a découvert dans les archives de Munich que le régiment List dans lequel se trouvait le soldat Hitler, n’était nullement cette « université politique » évoquée dans « Mein Kampf », cette école  guerrièrede la Bravoure et guerrière mais apathique et d’insubordination composée pour l’essentielle de paysans arrachés à leur village. contrairement à son passé d’élite guerrière, il était surtout planqué loin du front, non loin du service de commandement. Comme ce qu’il annonce sur cette affiche il construit une histoire militaire riche en mensonges.(Comme son hospitalisation pour hystérie de guerre, remplacé par une blessure oculaire au gaz moutarde . Il aurait été gazé à Ypres dans les Flandres ,en 1918 , et il reçoit la croix de guerre 2eme Classe. Il recevra se croix de guerre première classe d’un officier juif allemand Hugo Gutmann ensuite persécuté à l’aire du nazisme.

SYMBOLIQUE DE LA LUMIERE et du RELIGIEUX . L’aura lumineuse autour du personnage est une symbolique du  pouvoir religieux, qui permet un divinisation de la figure politique devenue messianique pour le peuple. Heartfield reprend cette figure symbolique de la lumière spirituelle détournée par les régimes politiques (démocratiques ou non ) dans leur propagande.

construction du mythe Hitler par la propagande de Goebbels

un messie, un sauveur de l’ Allemagne, un guerrier, prototype de l’aventurier politique.

Ce que dit Goebbels du national -socialisme.  Hitler serait-il le génie d’une nouvelle religion d’état?

16 octobre 1928
« (…) Qu’est-ce que le christianisme aujourd’hui pour nous ? Le national-socialisme est une religion. Il ne lui manque que le  génie religieux qui fasse exploser les antiques formules ayant fait leur temps. Il nous manque le rite.
Il faut que le national-socialisme devienne un jour la religion d’Etat des Allemands. Mon Parti est mon Eglise, et je crois servir le Seigneur au mieux quand j’accomplis sa volonté et que je libère mon peuple opprimé des chaînes de l’esclavage.Tel est mon Evangile. Et là où je rencontre de la résistance, peu importe quand et où, j’essaie de la briser.(…) »extraits de Joseph Goebbels, Journal 1923-1933, éd. Tallandier, 2006, p. 291

 

 

propagande. -Affiche de propagande nazie -Icône -Jimmu, fondateur légendaire du Japon (par Tsukioka Yoshitoshi)/ -Poster pour la campagne du président Obama en 2008 _Affiche de propagande communiste  du leader maoïste.  

Détournement de la figure christique par le nazisme.  Le pun sol sur la  bois aée. Que veut nous dire Hearque. Elle fait porter d.

3) les autres idées que dénonce Heartfield.

« les mensonges ont toujours été considérés comme des outils nécessaires et légitimes, non seulement du métier de politicien ou de démagogue, mais aussi d’homme d’Etat…Est-il de l’essence même de la vérité d’être impuissance et de l’essence même du pouvoir d’être trompeur? »
Hannah Arendt, « Vérité et politique », in La crise de la culture, (1954), trad.C.Dupont et A.Huraud, Gallimard,1972,pp.289-290.
« Politicien : cette sorte de gens dont l’unique et véritable conviction est l’absence de conviction, associée à une insolence importune et à un art éhonté du mensonge. » Mein Kampf (1924), Adolf Hitler, Ed. La Bibliothèque électronique du Québec, coll. Polémique et propagande, juin 2008, chap. III, Considérations politiques générales touchant mon séjour à Vienne, p. 132.
« le vrai politique c’est le philosophe roi » selon Platon dans la république.

La gauche allemande dit d’Hitler qu’il est « efféminé, un charlatan vaniteux, un tricheur demi-fou, un faux dur. »

« Nous en avons imposé au peuple et ils nous ont pris pour des orateurs » Cicéron , dans Quintilien.

 

Quel orateur nous représente Heartfield?  politique ou démagogie ( orateur populiste).

 

  • Heartfield croque la figure d’un imposteur

Comment d’un être imposant , l’homme politique devient un être imposturant.

Heartfield critique Adolf  Hitler l’homme politique. Ce n’est pas le « philosophe roi » dont parlait Platon dans la république que nous découvrons derrière ce tribun;C4est  pluuvai plutôt pspostUn homme q C’est un imposteur, une figure de l’imposture semble nous dire l’artiste qui trompe le peuple sur la marchandise. Il y a un échange de dupes. l’imposture à pour cause les enjeux du pouvoir et de l’argent.

(le  mot  imposture vient du latin impérial  impost?ra , posture, mais aussi dérivé de imp?n?re « abuser, tromper », du datif  imponere alicui =en imposer à , abuser) . L’homme politique  serait une imposture au sens de figure qui en impose à, qui se fait passer pour. » »l’imposture dans ce latin là c’est une question de prestance » .Imposer à c’est savoir « donner le change ». »c’est parce qu’on est imposant, qu’on en impose, explique la philosophe  Barbara Cassin que l’on peut être un imposteur, et on impose jamais qu’ au peuple,à propos  et autour du langage ». Dans le dictateur, C.Chaplin joue justement sur cette imposture, le canulare. La ressemblance fait qu’à le fin dans le dernier discours , il y a substitution de l’artiste, de charlot juif à  hynkel pour dévoiler une autre imposture celle du discours du dictateur de Tomania.

Colloque Figures de l’imposture, entre philosophie, littérature et sciences,5 juin 2009, Ecole normale supérieur de Paris. »Philosophe, sophiste, orateur : qui imite qui ? de Barbara Cassin.(CNRS).

  • Heartfield croque la figure d’un homme hypocrite et amoral.
  • « L’hypocrisie est l’attitude morale par laquelle on exprime des sentiments, des opinions que l’on n’a pas ou que l’on n’approuve pas ».(du grec hypokrisis, glisser sous le masque).(hypokrit?s, c’est mimique).
  • C’est la figure de l’acteur sous les projecteurs, celui qui se met en scène (Cf. les images de propagande et d’actor studio que prend en photo Hoffmann. »  que nous dépeint le photomonteur. Nous sommes, avec ce vocabulaire note,         à la fois dans le théâtre et le faussaire,…entre le théâtre et l’éthique », entre masque et fausse monnaie.l’argent  métaphore de la parole n’est que du « fer blanc ». De qui prend t’il le masque dans cette mimésis?  Qui est-ce qu’ Hitler imite? le chevalier teuton, l’ imperator germanique, le héros salvateur et messianique? pour reprendre les termes platoniciens ne serait-il pas justement fantôme, une pâle copie?
  • Ici l’artiste vient nous dévoiler la disjonction entre l’apparaître (fanestai) celui qui à l’air (le faux, la lumière, briller comme la « camelote de son discours, l’aura lumineuse), ce lui qui apparaît comme une image, l’apparence trompeuse, l’illusion et l’être véritable sa vérité sombre. Hitler n’est il pas un miroir aux alouettes.
  • (propoyen=feindre, faire semblant)
  • Doxa= ne pas être dans la vérité (subjectif:Opinion,   hallucination  (-),  (+) idée sur laquelle s’établit un consensus
  • Objectif: apparence (-) faux semblant, (+) la gloire de dieu.
  • Heartfield croque la figure d’un homme haineux et dangereux

Heartfield Critique les discours d’ Hitler en parlant d’insanité (Cf. lespropos antisémites, Mein kampf), une parole primaire, un discours influencé  et construit par une éminence grise comme dans ce photomontage du russe, ci-dessous, on critique la voix  du politicien Hitler  qui se réclame de la voix de l’ Allemagne qui s’affirme moins de sa définition du politicien sans conviction, qui a cet art « éhonté du mensonge ». Dans ces discours , il ne cache pas ses engagement haineux et le « bouc émissaire » clairement visé, le « juif international ».(Cf. rené Girard et son étude sur la notion du Bouc émissaire), il s’affirme antiparlementarisme, il dévoile  volontairement ses cartes, affirmant la vérité en politique. Dans un de ses discours , il reconnaît, ouvertement, son intolérance, il la revendique. Sur le photomontage, il est représenté devant un espace vide, comme si l’artiste exprimait cette volonté de la table rase , du  culte narcissique dans un pays au parti unique. Il fera le vide  politique autour de lui. Corps saint,il est le Reich Heartfield n’est nullement dupe de cette vérité qui s’affiche. Il connaît son pacte avec les oligarchie financières. l’histoire lui donnera raison. Après sa défaite aux élection de 1932, Hitler pactisera avec les milieux d’affaires très peu satisfaits des politiques menées par les divers chancelleries. les barons du capitalisme inciteront Hindenburg à nommer Hitler, chancelier du Reich le 30 janvier 1933.

« Nos adversaires trouvent que nous sommes et moi en particulier des être intolérants et odieux, ils nous reprochent de refuser de coopérer avec d’autres partis. Eh, bien ces messieurs ont raisons, nous sommes intolérants, je me suis fixé cet objectif: supprimer tous les partis! »

Heartfield critique les promesses politiques que le gouvernement Nazi ne pourra pas apporter. Que promettait Hitler? DU PAIN ET DU TRAVAIL. Heartfield  dans ce photomontage montre non sans humour, ce  que le peuple doit manger, dans un intérieur domestique entièrement dévoué au culte du parti Nazi

Élections de novembre 1932 au Reichstag  » Travail et pain  » c’est ce que promet cette affiche de propagande.

Les mains qui donnent…Sur le photomontage Hitler surhomme les mains ont disparues, les promesses ne sont pas tenues.

Role of Corporate Money In Politics

A.I.Z 41  « DER SIN DES HITLER GRUSSES »= « LA SIGNIFICATION DU SALUT HITLERIEN » paru ,en première page de L’A.I.Z , le 10 Octobre 1932. « Le sens du salut hitlérien. « Des millions sont derrière moi! » Un petit homme demande de grandes offrandes. Heartfield décode la véritable nature du signe .Y a-t’-il corruption du symbole virile et impérial? Derrière la figure du culte du chef n’y a-t’-il pas la figure anonyme d’une éminence grise qui financerait l’idéologie et la politique du parti

CRITIQUE D’HEARTFIELD DU CAPITALISME ET DE SON RAPPORT AU POUVOIR NAZI et A la GUERRE. Heartfield,  comme G. GROZ communiste au KPD, critiquent depuis les années 1920 et  la république de Weimar puis pendant l’ascension du parti nazi, le système bourgeois et capitaliste.

« Dans les journaux  extrémistes de gauche,l’image du pouvoir est extrêmement simple:le pouvoir est au main de la grande bourgeoisie,des capitalistes qui s’entendent par de-là les frontières pour exploiter le prolétariat.(…)Le pouvoir c’est donc un gros bourgeois,coiffé d’un chapeau melon,tirant de grosses bouffées d’un énorme cigare.Les dirigeant politiques ne sont pour lui  que des pantins qu’il manie à sa guise. « Jean -claude Gardes,Maître de conférence université de Brest, »Fragilité et force du pouvoir »:L’Allemagne 1919-1939.matériau pour l’histoire de notre temps.

SpielzuginThyssenHandstemps.1992

  • Photomontage :  » Une marionnette dans la main de dieu, Hitler, un jouet au mains de Thyssen » 1933.   A.I.Z   numéro De septembre 1933.Cet industriel, dans la sidérurgie, s’associe  et soutient le le parti nazi d’Hitler (NSDAP). Il devient membre en 1930. C’est un généreux donateur, dès 1923 . Il ne cautionne pas l’ antisémitisme du parti.Il rompt avec Hitler et  fuit le Reich , en 1939, lors de la nuit de Cristal. Il sera livré par l’Etat Français (le régime de Vichy), puis interné à Oranienburg-Sachsenhausen , un camp de concentration au nord de Berlin.

 

Création d’une oeuvre de contre-propagande.  Heartfield se sert du réalisme et cette stratégie de l’impossible pour montrer justement qu ‘à l’origine de l’image, il y l’anagramme magie. Comme avec les premiers film de cinéma de Méliès, la notion de trucage est très présente. Comment nous faire croire à la disparition,ou la multiplication d’une partie du corps, sans montrer les subterfuges d’une superposition, d’une incrustation. L’affiche  de propagande est de l’organe de la séduction, de la séduction immédiate et émotionnelle. Son temps n’est pas celui de la distance et de la réflexion.(La propagande nazie joue sur l’émotion et l’irrationnel.) Commentaire de Theodore ESCHENBURG sur l’un des premiers meeting d’Hitler, en 1929 . »Je n’ai jamais refait cette expérience-voir un homme dominer un rassemblement de masse de manière aussi envoûtante qu’il le fit au palais des sports (à Berlin).Cela m’ impressionna énormément et m’effraya en même temps. j’étais assis là. (…) Comme il (Hitler) entra comme un dieu. Un homme messianique. C’était tout simplement impressionnant et effrayant. » Il explique cette réaction  passionné de l’auditoire par « le désespoir (né de la crise économique) et d’autre part le génie d’Hitler en matière de psychologie des masses ». Il décodait sa brillante technique de manipulation. « Hitler ne faisait aucune promesse ».

1)-L’artiste fait un portrait satirique de Hitler… il n’est pas le seul.La figure grotesque d’Hitler sera développée, un peu plus tard, chez Chaplin tout comme  Chez le dramaturge Brecht dans son théâtre épique. L’homme politique est ridiculisé, rebaptisé Hynkel chez l’un, Arturo UI chez l’autre.Chacun recourt  aux sobriquets, le cinéaste transposant Hitler dans une Allemagne imaginaire « Tomania », tandis que Brecht, préfère, l’univers de Chicago, pour décrire une parabole du régime nazi.Chacun déprécie le personnage, décrit  l’homme et sa clique comme  des bandits/des marionnettes. Chez Heartfield peut-on découvrir les mêmes critiques?

IV)CONTEXTUALISATION DE L’OEUVRE ETUDIEE

1)Contexte historique:

  • Echec de la révolution Spartakiste. (le S.P.D accusée par le K.P.D ): « crime de novembre ».
  • République de Weimar de 1919 à 1933.
  • Refondation du N.S.D.A.P en 1925. (Hitler sort de prison après le putsch de 1923).
  •  » Mein Kampf » 1925. livre d’Hitler, son programme politique.
  • Poussée du N.S.D.A.P en 1930 (18.3% des suffrages). « Révolution conservatrice ».

2) Contexte économique en 1932

Période de crise et de chômage. Fin de l’année 1932 plus de 6 millions de chômeurs

» En 1934 , il y avait encore en Allemagne six millions de chômeurs. Pas un de moins qu’en 32 (…) En 1935 les salaires n’étaient pas plus élevés qu’en 1929?. Pierre Stephany,  « Hitler et les siens: Dans le cercle des intimes du Führer ».

3)Hitler en 1932 et 33

Hitler vient au pouvoir moins pour des raisons de crises économiques que par le choix cynique d’une droite qui comptait le contrôler et préserver ses privilèges de classe. Mais ils ne contrôleront pas leur  nouvelle création.

  • 1929-1932– Montée en puissance du Parti Nazi .Il obtient 37.2% des voix au Reichstag, le parlement allemand.
  • 26 février 1932 – Hitler obtient la nationalité allemande. Hitler est nommé Regierungsrat, fonctionnaire d’État, ce qui lui confère automatiquement nationalité.
  • Il rencontre Eva Braun
  • 27 janvier 1932 , discours de Düsseldorf au club de l’industrie. Fritz Thyssen invite Hitler à prononcer une conférence devant le Club des industriels à Düsseldorf. Le politicien accuse le système parlementaire d’être à l’origine de la crise économique. Il est ovationné le 28/01/1932.Les projets d’armements vont pouvoir se mettre en place.C’est l’époque du photomontage où Hitler évoque ses rapports avec les grands patrons allemands. Après cette conférence, ils financèrent son parti. La thèse semble cependant,remise en cause. Même si 650 personnes participèrent à la conférence, selon Ackermann, l’arrivée d’ Hitler au pouvoir à partir de ce moment là, serait plus de l’ordre de la légende, les grandes personnalités de l’industrie lourde n’étant pas présentent.
  • 1932, au printemps , il fait sa propre propagande par avion couvrant 20 villes en 7 jours. Cinq campagnes d’élections sont menées en une seule année.Il peut faire jusqu’ à  dix discours par jour.
  • Juillet 1932, il se présente à la présidence de la République.
  • Juillet nommée  période des élections sanglantes. Plus de 100 morts et des milliers de blessés parmi les communistes.
  •  31 juillet 1932, N.S.D.A.P devient premier parti du Reichstag. (230 sièges). Il obtient 38%  des suffrages,  précisément 37.2% voix au Reichstag, le parlement allemand. Il dirige , désormais, le premier parti. Mais Hindengurg, le maréchal, refuse de le nommer chancelier, lui proposant , seulement, un poste ministériel.
  • dissolution de l’assemblée, de nouvelles élections législatives  proposées en novembre 1932 (échec pour Hitler). 40 députés en moins. Le peuple ne comprend il pas qu’ Hitler est refusé le poste de ministre?
  • Fev. 1933 ,Dissolution du Reishstag. Les élections sont prévues au 5 mars 1933. Il remporte les élections législatives de 33 (43.9% des suffrages)
  • 1933 -A l’élection présidentielle, Hitler est battu de peu, par le président sortant Paul Von Hindenburg
  • Hitler n’est pas élu, mais hissé au pouvoir légalement par les conservateurs  de droite et capitalistes pour détruire la démocratie et les marxistes.
  • 30 janvier 1933 à midi, sous La pression , Hindenburg  nomme Hitler chancelier. (Même s’il pensait , qu’ Hitler ne pouvait être digne de devenir chancelier). Seuls trois Nazis sont dans son gouvernement. Soumis au dispositif constitutionnel de la loi de 48. il tentera ,pendant , un an et demi.
  • Dès l’arrivée au pouvoir, Hitler supprime toute opposition. Il supprime les partis politiques KPD, SPD, SAP…, les syndicats
  • Usage de la violence et multiplication des attaques contre les juifs, les sociaux démocrates et les communistes. Hermann Göering ,ministre de l’intérieur pour la Prusse dirige la police. Celle-ci « ne devra pas hésiter à tirer en cas de besoin » (17 fev.1933) Cf. le discours de Dortmund. « Chaque balle qui sort du revolver d’un policier est ma balle ».
  • Février 1933 incendie du Reichstag (prétexte à  suspendre toutes les libertés  civiles et à éliminer les opposants communistes.
  • 20 mars Hitler annonce la création du IIIe Reich, sur le tombeau de Fréderic II de Prusse, à côté d’Hindenburg à Potsdam.
  • 21 Mars 1933, premier camp de concentration officiel à Dachau.

4) Contexte politique de l’artiste?

« La KPD exerce une certaine influence sur une partie des intellectuels de gauche radicaux, pour la plus part pacifistes qui rejoignent le parti en naviguant sur ses marges. »

  • Comme G.Grosz, J.Heartfield, adhère au K.P.D en 1919, mettant son talent au service d’une dénonciation féroce de la bourgeoisie et du militarisme lors de la république de Weimar.
  • En théâtre: Piscator et Bertold Brecht.

« soyons moderne, il invente un campagne électorale ultramoderne, en avion une première en Allemagne ». Goebbels.Discours d’Hitler en Avril 1932 à Berlin.

Il fait de nombreux discours contrairement à son adversaire qui en fait peu.

6)Dans quel contexte fut créée cette affiche? Cette image a été utilisée comme une affiche d’opposition lors des élections de 1932. La campagne présidentielle débute de 13 janvier 1932. Les riches industrielles, à l’époque, financent Hitler, et son futur gouvernement . Par peur, que le peuple  allemands vote pour l’édification d’un futur gouvernement communiste, Bolchevique en Allemagne, ils préfèrent mettre en avant cette nouvelle figure pugnace et vindicative  antiparlementariste et antidémocrate.

Est-ce une affiche électorale?  Aucun parti n’est indiqué.

Est-ce une affiche pour le K.P.D ?. Elle ne nous incite pas à choisir le vote pour un candidat, ou contre un autre, comme le fait de façon de façon quelque peu primaire l’affiche du N.S.D.A.P, mais à être vigilant . Elle engage à être prudent, à réfléchir sur la parole politique diffusée dans les médias, lors de la campagne de propagande du jeune politicien d’extrême droite.

C’est un faux?: oui ,une « contre-affiche ».Quelle est la fonction de cette image ? Elle a une fonction Politique, elle dénonce la situation politique de l’époque .Elle agit comme une image de contre propagande .l’artiste n’affirmait-il pas qu’il utilise « la photographie comme une arme». Elle est ici source de contestation et doit créer l’agitation politique. L’artiste se sert d’images dans la presse qui servent à la propagande, pour en désamorcer les contredire le discours électoral, en montrant la vérité. L’image est trop souvent connotée immédiatement comme vrai, .Ici, Heartfield ,nous fait comprendre que la vérité peut être construite et source de manipulation.

Pourrait-on voir dans cette radiographie une métaphore de l’art, et plus précisément de l’art engagé? Oui, Car l’artiste à travers son œuvre, montre ce qui est caché, dévoile des vérités que le pouvoir ne veut pas montrer. Cet acte  scientifique  médicale, de recherche  du caché est utilisé pour diagnostiquer la maladie de notre siècle, la barbarie totalitaire. C’est comme si, ici, l’artiste c’était approprié la technique scientifique, lui permettant de pénétrer « les frontières de l’intime » de ce personnage politique. Ce n’est bien sûr pas le corps d’Hitler qui est directement, dévoilé, mais le corps du discours entre transparence et opacité.

Y a-t’-il dans ce photomontage un recours  à la citation détournée comme dans de nombreux photomontages?

-la figure religieuse et messianique est réutilisée pour dénoncer les détournement des symboles dans la propagande nazie.

-La figure du surhomme nietzschéenne (détournement erroné des propos du philosophe), pour la création d’un homme supérieur dont il incarne l’obsession idéologique. Pourquoi  dans la légende le compare t’on a superman ? . Fait -il ,ici,  référence à ce super héros de la Bande dessinée américaine? Heartfield s’intéresse à la culture Anglosaxonne (changement de son nom Allemand, pour protester?).ce personnage de fiction est née en 1932, de la main de l’écrivain Jerry Siegel et du dessinateur Joe Schuster ,il connait au départ peu de succès  et symbolise un personnage vile et brutal qui pourrait correspondre à Hitler, et pas cette représentation  de l’icône positive, qu’en 1938,le large public pourra découvrir dans le magazine Action Comics. Pouvait-il avoir connaissance de ce personnage? Il est peu probable que non, mais le public des années 40 pouvait il y penser? On  pense beaucoup plus au terme surhomme Nietzschéen, cette individualité conquérante, celle du Loup-homme, dominant avec l’éthique amoral contre » la morale des esclaves ».

On retrouve une référence à la culture américaine, dans d’autres photomontages. (En 1933  le photomontage de Marinus Jacob Kjeldgaard paru dans le n° 51 du journal Marianne datant du 11 octobre , montre le détournement d’un film du cinéma américain parut la même année,dominant comme un péril  nouveau la société des nations.La figure de king kong est reprise dans un photomontage au trucage volontairement grossier.) contrairement à ceux d’Heartfield

VI) LA PROBLEMATIQUE HISTOIRE DES ARTS : L’ ENGAGEMENT , LE DETOURNEMENT, LA RUPTURE ET LA CONTINUITE.

«  L’engagement agglomère les hommes, à leur insu, en partis. Leur parler se mue en politique… »(Emmanuel LEVINAS, citation en épigraphe de Signature in Difficile Liberté, Essais sur le judaïsme(Coll. « Présences du judaïsme »), Paris,Albin Michel, 1995, p. 371.

L’ENGAGEMENT: CE MONTAGE EST UNE OEUVRE ENGAGEE

1)Peut-on dire de ce mouvement Dadaïste berlinois qu’il est engagé? (pourquoi?)

Il est membre du dadaïsme berlinois ,dès 1919, mouvement très engagé politiquement. Il utilise l’art comme un mouvement de protestation politique. L’art devient un instrument politique de contestation de la société, la république de Weimar, puis la période nazie. La pratique artistique devient « une arme » de lutte contre les injustices sociales, la brutalité et un sytème qui deviendra totalitaire.

2)Conséquences de l’engagement, Que se passe-t-il pour l’artiste dès l’avènement de Hitler au pouvoir en 1933 ?

Aragon souligne que sous la République de Weimar l’artiste s’oppose à la classe dominante et rencontre la censure de la classe bourgeoise.« Je veux parler de John Heartfield pour qui toute la destinée de l’art a été  mise gravement en question par la révolution allemande, au lendemain de la guerre, et dont le fascisme hitlérien à entièrement déduit l’œuvre en 1933. » (P 66. Aragon, »Les collages», John Heartfield et la beauté révolutionnaire »1965.Coll savoir: sur l’art.(Cf. Texte sur Aragon, ci-dessous).

  • Dès son ascension, Hitler interdit son parti rival, le parti communiste et instaure la dictature. Ses publication sont interdites en Allemagne de 1933 à 1945 (censure).
  • Heartfield se réfugie en Tchécoslovaquie en 1933 , après l’ascension d’Hitler à la chancellerie  de la république de WEIMAR, sa maison est fouillé par les S .A. Son travail dans le journal d’opposition, se fait depuis  la ville de Prague.
  • L’ A.I.Z est rebaptisé V.I ( DieVolks Illustrierte)
  • -Dès 1938 avec l’invasion de la Pologne, puis l’annexion de la Tchécoslovaquie ,en 1938, l’artiste doit rejoindre l’Angleterre où il y résidera  de 1939 à 1950.
  • -Il rentre en RDA dans les années 50 . Sa  réhabilitation ne se fait qu’en 1956-58. Il est nommé, alors, professeur à l’académie des arts de Leipzig pôle aristique i

LA PROBLEMATIQUE DU DETOURNEMENT

LE DETOURNEMENT

Qu’est-ce que le détournement en art? C’est le fait de changer, modifier, transformer la  signification, la fonction, et la forme  première d’une œuvre (image, texte, sons, objets) dans un but critique, idéologique, (politique), ou poétique (l’imaginaire surréalistes), et ou esthétique afin de créer une œuvre nouvelle.

Le montage (cinéma) et le photomontage sont des techniques privilégiées et très adaptées pour permettre le détournement.

Chez Heartfield les images sources sont extraites, issues  d’un premier contexte, une totalité où elles avaient un sens.

  • Le portrait d’Hitler fait référence à des images d’actualités(?), avec un statut documentaire mais aussi de propagande, évoquant ses discours de 1932.
  • L’uniforme (une photographie document d’un militaire S.A). Hitler lui-même?
  • Les pièces (?)  est découpé dans un magazine économique, financier, commercial. Signification(?)
  • La radiographie vient peut -être d’un ouvrage médicale (elle symbolise le caractère scientifique et médicale que le régime donnait à cette pratique, dans son idéologie qui est celle du surhomme aryen). Le führer doit avoir un corps sain dans une idéologie ou l’on glorifie le corps et la santé.

Détournement de la forme. A partir de ces éléments divers, on crée une nouvelle image, forme homogène.

Il y a détournement de la fonction dans cette nouvelle image aux sources hétérogènes combinées pour faire un nouveau portrait. Elle n’a plus un statut documentaire ou de propagande comme les nombreux portraits hagiographiques (glorifiant) circulant du chef du Parti NSDAP, il devient une image satirique de contre propagande, usant avec ironie des divers symboles évoqués.

Il y a un détournement de la signification. l’artiste prend la figure rhétorique de l’ironie (raillerie qui consiste à dire et à montrer le contraire de ce que l’on pense). Le surhomme messianique devient un homme misérable, menteur, corrompu haineux. l’image extérieur et rayonnante est contredite par l’intérieur. Hitler n’est qu’un homme, une marionette. Simple banalité du mal, Il n’est pas divin, un demi-dieu , un hérosn comme tout homme, il a des poumons, il est mortel.)

Le but de ce détournement est de montrer le vrai visage d’Hitler et de sa politique (son programme).Mais montrer aussi les  nombreux détournements idéologiques de la propagande

-la religion: Hitler devient un nouveau sain, le nazisme une religion (il détourne les vraies valeurs chrétiennes), et devient diabolique.

« Nulle part je ne serai plus mal lu que dans ma patrie. » Le Crépuscule des idoles, Flâneries inactuelles, 51 Nietzche

-la philosophie Nietzschéenne du surhomme est détournée. Dans les années 1930 (avec la complicité de la sœur du philosophe), ils ont falsifiés, réinventés ses idées en réécrivant l’un de ses ouvrages  avec des ajouts militaristes, antisémitiques. Ils en font la source de leur idéologie guerrière et de haine. Hitler se fait photographier à côté du buste du philosophe. Le philosophe  dénonçait l’antisémitisme, les risques du nationalisme, prévenait le danger du populisme.

La fonction de l’art, de l’artiste et cette pratique du photomontage par détournement est de « dévoiler la vérité »: Alét, d’informer les citoyens allemands sur les projets de ce futur dictateur (autocrate).

 

VII) RECEPTION DE L’OEUVRE D’ HEARTFIELD.

Censure en Allemagne (Cf. paragraphe précédent.)

Une exposition pour faire connaître son travail.

-Juillet 1935: exposition de la majore partie des photomontages (150) à la maison de la culture de PARIS,  12 rue Navarin. (Création de la première maison par le parti communiste français le 14  mars 1935). (Bonne réception des photomontages. Aragon  son secrétaire général ,fait un article dans Commune en Mai 1935 (N°21) : « John Heartfield et la beauté révolutionnaire. » Reprise de sa conférence du 2 Mai 1935. (Il en est le secrétaire de rédaction de 1933 à 1936, de cette revue crée en 33). l’objectif est de mobiliser les intellectuels contre le fascisme. Cette même exposition fut fermée en Tchécoslovaquie, à cause d’une affiche, celle avec le point levé, pour le parti communiste allemand. le parti communiste lance le mouvement de front unique antifasciste. « défense de la culture ». Création en 1933 de l’ A.E.A.R (Association des artistes et écrivains révolutionnaires), dont fait parti Aragon.

 

 

 

 

 

 

 

Commentaires

Une réponse à “DETOURNEMENT:Heartfield: ‘Hitler Surhomme…. » H.D.A 3em (version courte)”

  1. Rue Des Arts Rda

    […] ais assis là. (…) Comme il (Hitler) entra comme un dieu. Un homme messianique […]

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