E.Hopper, »Automat »,1927:Etude H.D.A sur la ville.

I)Carte d’identité
? Titre: Automat

? Date: 1927
? Auteur: Edward Hopper

? Technique : huile sur toile.
? Dimensions: 41,7 cm X 91,7 cm..
? Lieu d’exposition : Des moines art center,Iowa.USA

  • Genre : c’est une scène de genre (représentation d’une scène quotidienne).C’est un genre mineur dans la peinture classique, inférieur à la peinture d’histoire, mythologique ou religieuse mais qui se développe au XIXe dans la peinture réaliste ou impressionniste qui cherche à représenter la réalité.
  •  C’est une PEINTURE FIGURATIVE et NON ABSTRAITE

? C’est une oeuvre en 2 dimensions , une peinture et non une sculpture.

  • Thème:Représentation de la vie urbaine américaine dans l’entre deux guerre.

II)Contexte historique et économique et artistique ?

1)Contexte historico-économique:Quelques dates et évènements.

1880 – 1920 :  urbanisation et perte des valeurs rurales traditionnelles.

1880 : Electrification des grandes villes américaines (Inventeur : Thomas Edison).

1920 – 1932 : La Prohibition.

24 octobre 1929 : Jeudi Noir : Krach boursier de Wall Street.

1929 – 1933 : Grande Dépression.

1933 : Élection de F. D. Roosevelt – The New Deal.

2)Contexte culturel:quelques dates et évènemenents.

1927 :Naissance du cinéma parlant passage entre deux mondes : celui du silence,muet et expressionniste au parlant: Ce personnage et cette peinture du silence propre a Hopper ne parle t ‘ils pas de cette transition entre deux époques ?

3)Contexte artistique :

«Hopper …ce peintre-poête du terroir urbain middle class… » Robert Hughes.

Objectif de son travail ?

« Hopper interroge l’américan way of life et ses transformations… ».Il faut être  EN RESISTANCE
« Pendant presque 40 ans,il choisit l’immobilité dans une société qui bouge. Il fait en quelque sorte de la résistance passive . »

Hopper est un peintre réaliste, figuratif.Il est considéré comme un représentant du naturalisme dans la tradition de la peinture et littérature du XIXe siècle (1860-1880)..qui recherche le document vrai, la vérité en art se basant sur une observation scrupuleuse du réel, l’individu étant déterminé par son milieu.Le réalisme consiste à représenter la société américaine,la vie des américains de la classe moyenne (middle class) des années 1920-40 sans idéalisation et sans phare.Dans la tradition d’un Courbet ,d’un Manet,ou d’un Degas. E. Hopper contrairement au modernisme parisien qui a révolutionné la peinture en remettant en cause les dogmes classiques de la représentation : Fauvisme (couleur),cubisme (la forme), abstraction (la figuration), ex:Picasso. Les demoiselles d’Avignon. Fragmentation de l’espace, multiplication des points de vue, influence primitive.)/Pollock dripping, symbole de la peinture abstraite américaine : expressionnisme abstrait(1940-50).

L’ancrage de sa peinture dans le vécu est l’image de son rejet de l’abstraction, incapable, selon lui, de rendre compte de l’expérience humaine.Il préfère cultiver une peinture propre à la tradition américaine en recherchant un style propre à l’Amérique. Qu’est-ce qu’une peinture Américaine ?
« Maintenant ,ou dans un futur proche,l’art américain devrait se sevrer de sa mère française ».Malgré son influence française (séjour et apprentissage parisien),il tente de trouver une peinture à l’image de l’Amérique. ???Duchamp choisit le Ready made : un urinoir comme œuvre d’art car l’objet technique,manufacturé, du plombier ou le pont métallique sont l’image de la modernité Américaine (modernisme),Warhol lui choisira le moyen mécanique de la sérigraphie,l’image en surface et pop publicitaire, la plus à même de traduire l’Amérique capitaliste et des masses média de l’industrie culturelle,Que choisit Hopper? Hopper préfère la tradition américaine, faire de la peinture. (Anti-moderniste.)Il se veut le représentant de « la scène américaine ».Même s’il se réclame comme un électron libre en dehors des divers courants de l’époque et sans héritier. On le rapproche de « l’ash can School », l’école des poubelles avec sa représentation parfois vulgaire.Il pratique « un réalisme subjectif ». Le peintre est le témoin attentif des mutations,évolutions que connaît cette société .Dans nombre de ses peintures, on découvre une certaine nostalgie d’une Amérique passée? CE CONFLIT Latent entre deux mondes celui de la nature authentique et la naissance du monde moderne est présente. Dans nombres de ses œuvres ,les personnages comme dans la peinture « Automat » semblent esseulés, mélancoliques...figés, dans l’attente, dans le silence d’ un entre deux, cet époque de transition entre deux mondes .Son style est sévère et laconique (simplification des détails,recherche d’une construction géométrique, juxtaposition de grands surfaces colorés, aplats de couleurs froides.)  « Il distille une atmosphère d’un pessimisme tranquille ».Pas de pathos tragique. Il met à distance le spectateur, le plaçant dans la position contemplative et interrogative.

 

 

 

4) contexte technique et scientifique.

? 7 janvier 1927: Le premier service de téléphonie par câble transatlantique entre Londres et New York est ouvert au public. MAIS COMMUNIQUONS NOUS MIEUX AVEC CETTE TECHNIQUE MODERNE qu ‘est le télephone?

« Un siècle après son invention par Graham Bell, le téléphone a traversé l’atlantique par câbles, liant ainsi l’Amérique au Vieux Continent . »La première conversation téléphonique outre-mer a lieu entre W.S. Gifford, président de l’American Telephone and Telegraph de New York (AT&T) , et sir Evelyn P. Murphy, secrétaire d’État aux Postes du gouvernement britannique à Londres.
? 7 avril 1927: La compagnie Bell Telephone transmet des images et des sons de Washington à New York.LA TELEVISION n’est pas loin:enfermement de l ‘homme urbain ou ouverture par les techniques : »Le médium est le message » Mac Luhan?

Nous vivons aujourd’hui dans une culture dominée par l’image, »la société du spectacle » comme la nomme Guy Debord , la « vidéo sphère » a succèdé à la « Grapho sphère » constate le médiologue Régis Debray. Comme le pressent l ‘artiste américain ,sa leçon de sa peinture n’ était -elle pas de nous apprendre à regarder, à contempler le réel et ces images ?

? 20-21 mai 1927 : Charles Lindbergh traverse l’océan Atlantique en solitaire à bord du Spirit of Saint Louis.

? 28 juin 1927 : Un équipage américain relie San Francisco et Honolulu sans escale sur un « Fokker F VII 3m » : 3 890 km en 25 heures et 49 minutes.

PERIODE DES INVENTIONS ET EXPLOITS TECHNIQUES DE CIRCULATION,LES MOYENS DE REUNIR LES HOMMES ELOIGNES SE MULTIPLIENT ET POURTANT L’ETAT D’ÂME DU CITADIN est LA SENSATION D’ISOLEMENT  DE SOLITUDE/DIFFICULTE A COMMUNIQUER AVEC SON VOISIN????

Nous sommes en 1927, dans une période de prospérité américaine, deux ans avant le grand Krak boursier de 1929 et la grande dépression. C’est le début de la société de consommation et le temps du plein développement de l’industrialisation : (le taylorisme*(1), le Fordisme* (2) caractéristique des temps modernes et qu’à su magnifiquement représenter Charlie Chaplin, avec le travail à la chaîne dans le film « les temps modernes ».

L’automat est une invention à l’image de cette société mécaniste où la création du restaurant self -service sans présence humaine place l’individu face au système d’automatisation*(3) de tous les services, et la standardisation de tous les produits même alimentaires. Nous assistons à la fin d’un monde, celui d’une Amérique agraire (agricole et artisanale) pour une société du progrès.) Cf : la scène burlesque de Chaplin (la machine pour faire manger.Ou Tex Avery avec son dessin animé loufoque (de la Maison, de la ferme, ou de la voiture moderne).Là où les humoristes traitent de la modernité mécanique de façon absurde et grotesque avec un décalage critique en vers la notion de progrès. Hopper adopte un point de vue plus dramatique.l’Amérique est la terre promise de la liberté individuelle et de tous les progrès, une Amérique ultramoderne mais aussi de la régression primitive du besoin, de la survie…comment vivre en milieu hostile?TOUT EST OBJET D’UNE INDUSTRIE ,TAYLORISEE même les loisirs,la culture (industrie culturelle) »KULTURINDUSTRI » prêt -à- porter. Nous sommes à l’air de la machine.

« La machine, en comparaison de l’outil manuel, est une puissance impersonnelle » affirme Marc Fumaroli.

 

? *1)Taylorisme:Système d’organisation du travail établi par F.W.Taylor fondé sur la séparation entre fonction de conception et fonction d’exécution dans l’entreprise et sur la recherche de la plus grande productivité au travail .L’ouvrier n’est plus qu’un exécutant, un maillon de la chaîne soumis à la pression du rendement, un être robotique dans cette automatisation du travail.la vie quotidienne est aussi automatisée.
? *2)Fordisme:Il associe la production de masse, le travail à la chaîne et la standardisation des produits.

? *3Automatique:Qui fonctionne sans intervention humaine, par des moyens mécaniques et non manuels.
Geste automatique:qui ne fait pas intervenir la pensée consciente. Écriture automatique (sans contrôle rationnel.)/
Automate:grec automatos:qui se meut par lui même.? (personne dénuée de réflexion ou d’initiative.)
? Jouet, objet figurant un être vivant dont il simule les mouvements grâce à une mécanisme.HOMO MECANICUS :
Très souvent un automate imite le comportement d’un être vivant, homme ou animal, il peut alors être un jouet. L’automate s’inscrit dans une pratiques cérémonielles et magiques : masques articulés, statuettes articulées. Mais dans  » le monde désenchanté » de la modernité,qu’en est-il de la magie?
Egypte antique : les âmes des morts, dans leurs pérégrinations, peuvent habiter ces figurines qui reproduisent les mouvements quotidiens.Mais ici cette femme qui selon les mots de HOPPER prend l’apparence d’un automate  est-il encore habité? a-t’-il une âme? ou justement devient-elle un automate car elle a perdu son âme?Euphonia, l’automate parlante de Faber était supposée dialoguer avec les spectateurs et l’automate turc du baron von Kempelen jouait aux échecs – actionné peut-être par un humain caché dans le dispositif pensait-on.

 

AUTOMAT,COMMENT SAVONS NOUS QUE NOUS SOMMES DANS CE TYPE DE RESTAURANT CHEZ HOPPER?SEUL LE TITRE L’AFFIRME « AUTOMATE » .POURQUOI NE LE REPRESENTE t-‘IL PAS? ON DIRAIT UN RESTAURANT traditionnel.L’automatisme est hors champ::Hopper joue t-‘il sur le contraste entre le titre moderne et l’ ancien monde présent à l’image?Ecart entre l’ancien  et la nouvelle étiquette de modernité qui s’y ajoute.Sur le photographies d’époque c’est justement la machine automate qui est le lieu de focalisation du regard entre curiosité et regard publicitaire: c’est un objet symbole de cette nouvelle « mythologie »moderne qu’aurait pu explorer Roland Barthes ,emblème de cette nouvelle mentalité urbaine.The Automat, photographié par  Bernice Abbott, témoin à New  avec son appareil photo du constat baudelairien sur la cité  : « la ville change plus vite que le coeur d’un mortel »; en 1936 Le Photographe est témoin à travers ce lieu de la nouveauté et des changements urbains de la grosse pomme.

 

Biographie :
« Timide comme un écolier anglais. Un visage long et émacié, une mâchoire puissante (…) le plus doué d’entre nous (…) mais pas encore un artiste. Pas assez libre pour ça. »
Guy Pène du Bois parlant de son ami vers 1903-1904.

« On sait peu de chose sur sa vie privée et sans doute éclaire-t-elle peu son oeuvre »
Que retenir ? »

L’homme est à l’image de sa peinture, tranquille.-Naissance à Nyack au nord de New York/ famille de commerçant/Éducation puritaine et artistique/initiation à la culture française par son père (francophilie)./ Il Fait des études d’illustrations et gagnera sa vie au départ comme dessinateur publicitaire ;comme Andy Warhol« Il illustre la circulation des biens de consommation, la civilisation consumériste)/ Il Effectue « le grand tour », en Europe entre 1906 et 1910 dont 3 séjours parisiens/familiarisation avec les grands maîtres/ intérêt pour les impressionnistes et leur travail sur la lumière .Il réfute les révolutions fauvistes/cubistes sur la couleur,la forme. En 1920 le succès/ et la prospérité sont là à 43 ans.

? IV)Description :
Ce tableau représente une femme seule ,impassible,perdue dans ses pensées. Elle est assise devant une table située dans un self-service entre la porte d’entrée et un escalier qui descend vers le sous- sol…La chaise présente devant elle est vide. La femme est vêtue chaudement;ce doit être l’automne ou l’hiver, elle boit un thé. Seul un des deux gants est défait .Une deuxième tasse évoque peut être la dégustation d’un gâteau. Autour d’elle, il n’y a aucune présence humaine .Au premier plan coupé par le cadrage ,on aperçoit un morceau de chaise, la femme semble totalement excentrée, assise dans ce lieu de passage, cet espace inconfortable et transitoire .Elle est éloignée du cœur (chaleureux ? Convivial du lieu, peut être dans le hors champ où nous sommes) . Derrière cet « Oiseau de nuit » , se trouve une glace où dans un habile jeu de miroir, se reflète les globes de lumières artificielles du bar..A travers la vitrine ,on n’aperçoit pas l’obscurité de la ville, l’espace est clos. Aucune animation est présente dans le reflet de la vitre. La lumière d’un blanc terne, livide et froid éclaire la jeune dame, elle rend l’extérieur totalement aveugle à celui qui contemple la scène.

« La femme seul personnage humain du tableau, une femme est assise à une table. Son regard est fixé sur  sa tasse de café. Elle porte un chapeau et un manteau en fourrure, qui semblent, un peu comme elle, «fatigués». En effet, les deux vêtements ne vont pas ensemble et le chapeau tombe des deux côtés de sa tête.Il n’y a pas d’autres présence qu’elle, pas d’amis ni d’autres clients, ni même de serveur, étant donné qu’elle se trouve dans un «automat», ces restaurants qui donnent automatiquement entrées, desserts et boisson par le biais de la machine…2) Le décor :Le restaurant est ici entièrement vide, à l’exception de la femme ; et pourtant, le peintre a choisi de mettre en évidence une chaise vide en face du modèle. Il rappelle encore une fois qu’elle est seule. La coupe de fruit, qui tranche de par ses couleurs vives, semble être la seule trace de vie de toute la pièce.La femme a gardé son manteau, son chapeau et ses gants, ce qui pourrait signifier d’une part, que le petit radiateur sur le côté ne suffit pas à la réchauffer, et d’autre part que nous sommes en hiver. Le froid qui se dégage du tableau rend la femme encore plus vulnérable.
A l’instar de nombreuses peintures de Hopper, aucune porte n’est visible. La femme semble coincée dans sa douleur. Seule une grande baie vitrée est visible, ce qui ressemble aussi beaucoup à d’autres tableaux de Hopper, comme Noctambules. Grâce au reflet de la vitre, Hopper fait disparaître l’immense étendue noire de la nuit en se faisant refléter toutes les lampes de l’automat. »

? V Description plastique

«  Il dote l’architecture, (l’espace )d’une identité psychologique ».

La géométrie et la représentation de l’espace traduit fortement cette sensation d’isolement.
L’espace de ce bar est clos , désertique et vide de toute présence humaine Tout est statique, suspendu rien à voir avec « le bal du moulin de la galette » d’ Auguste Renoir avec ses miroitement de lumière sur la foule dansante dans le plein air d’une après- midi .Le bar traditionnellement symbole de convivialité n’est plus qu’un lieu d’inhumanité. Déjà Degas et Manet en faisait le lieu du désabusement à la fin du XIXe…Hopper en fait le lieu du désenchantement. Nous sommes loin des bars français de Montparnasse lieu d’échanges intellectuels ou d’une faune bigarrée et interlope.(Brassaï en photographie aime montrer Paris la nuit mystérieuse….).

.Chez Mondrian ,il y a dans sa peinture abstraite néoplastique une construction géométrique orthogonale jouant sur les  Angles droit comme Hopper. Géométrisation de l’espace, dans un monde désormais construit au compas. Monde utopique ou distopique construit par la peinture puis l’architecture ? (style moderne). La composition de l’image reprend la construction de l’espace Renaissant de Fra Angelico, sobre, austère. Mais Rien ne s’annonce dans cette attente d’une société désormais sans archange, ni religion celle que le sociologue Durkheim dans son étude sur le suicide décrit comme un « monde abandonné aux hommes seuls « .Dieux qui ,autrefois , était présent dans la vie sociale, les relations humaines ne l’est plus.On assiste comme le peintre au constat  « désenchantement du monde » (max Weber).Un monde rationalisé ou selon le sociologue allemand toute magie a disparu. Y aura t’-il un salut pour l’homme moderne ? (la société américaine est de tradition puritaine)

Aucun serveur ne viendra rompre ce moment de grande solitude. Le self-service comme le selfie condamne chacun de nous par le média de l’automatisme mécanique à se séparer du vrai contact humain .Le tableau chez cet artiste est toujours soigneusement composée et jamais le fruit du hasard. Il est construit comme un Mondrian.
Comme la photographie qui influençait Degas dans ses pastels, le cadrage photo/cinéma, ici compose l’image. Nous avons un -Plan général: Partie du décor avec personnages en entier. (Un tableau chez lui est le résultat de nombreuses esquisses préparatoires, un long mûrissement. Le peintre ne réalise que deux toiles par an) .Nous pourrions être dans une scène un instantanée photographique, une scène cinématographique.La partie gauche du tableau laisse un large espace vacant, c’est angle droit, celui de l’entrée . Des lignes géométriques horizontales balayent l’espace conduisant le regard vers la gauche .La figure est condamnée à occuper la partie droite, cet entre deux ; un espace d’attente entre ciel obscur et sans étoile et le bas-fond , Cette mise en valeur de l’espace vacant de l’entrée nous suggère t’-il que l’être moderne est condamné à attendre ce qui ne viendra pas ? L’amour, le salut. Sommes nous devant un Eve moderne sans son Adam , avec ses fruits de la tentation en vitrine ?Le peintre guide notre regard depuis l’entrée vers le personnage qui fermé à tout contact ,nous renvoie directement à l’espace de vacance, de vacuité. La perspective linéaire qu’esquisse les deux rangées de 7 globes et le coin de la pièce conduit le regard du spectateur vers la large surface noire , cet écran opaque et sombre de la vitre .Symbolise t-‘elle une représentation du vide, du néant, espace du non -être ? Un espace sans dieu ?( dans l’art byzantin les fonds étaient dorés, divins à l’ère moderne il est néantisé)/ pour cette marie moderne rien ne s’annonce dans ce monde cartésien où l’homme se fait démiurge « maître et possesseur de la nature »(Descartes.), démiurge qui a pris la place de dieu.

.. Les 7 lampes représentent-elles,les 7 jours de la semaine, une répétition continue du même.. sorte de fatalité mécanique de la banalité du quotidien de l’homme contemporain?
Dans New York Movies, aussi, le personnage féminin à l’identité inconnue est excentré dans le coin de la pièce près de la porte dans une position mélancolique et d’attente .Ennui, lassitude, elle ne jouit pas du divertissement nouveau (?).En marge du point de fuite,elle est éloignée de la foule qui de notre côté regarde l’écran de cinéma. Isolée incarne t-‘elle la Blonde comme les stars américaines,ces figure de rêve du cinéma à la plastique parfaite comme Maryline à la vie intérieure si tragique.

Déf :Perspective:technique de la représentation en deux dimensions sur une surface plane des objets en 3d contenues dans un espace 3D, tels qu’ils apparaissent vue à une certaine distance et dans une position donnée par un spectateur unique. L’homme était le centre d’un monde où tout se construisait à partir de son regard .La perspective , forme symbolique et politique, est née avec la représentation urbaine de la place, de l’agora, lieu ,théâtre démocratique de l’échange. Ici la perspective conduit vers le fond, un au delà de l’image carré noir nihiliste de Malévitch( ?).Dans ce monde capitalisme et individualiste, libérale, quant est-il de cet espace de liberté, d’échange citoyen ?Les nombreuses architectures solitaires, lieux de solitudes chez Hopper ne sont-il pas le signe d’une nouvelle dictature ? Le rationalisme  « la raison instrumentale » échec de la raison des lumières que critiqueront Horkeimer et Adorno dans la dialectique de la Raison, qui mènera l’homme à la barbarie 10 ans plus tard ?

La perspective nous place comme le peintre ,debout en face de la figure dans la tradition du dispositif de la peinture Renaissante.(Cet espace était construit à partir d’un spectateur unique, une vision euclidienne que le XXe aura brisé). Quand est-il de ce monde, de cette représentation en 1927, rendu désuet par la physique, les mathématiques , le modernisme, et la photographie ( la vision-non euclidienne d’un spectateur mobile dans l’espace) .Le regard n’est -il pas devenu automatique avec l’invention de la photo, du cinéma dans cette société de l’image ? Nous somme en face d’un automat .Un être Caséifié, objet-humanoïde. Sommes- nous face à cette image dans une relation comparable à celles des machines impersonnelles de ce lieu, un spectateur automate ?.Non l’artiste nous incite à réfléchir, le temps de cette pose dans le continuum accéléré . Il incite à se mettre à distance avec la pensée automatique . Dans ce temps suspendu il nous invite à créer de façon active un dialogue avec l’œuvre qui se fait énigme, réflexion sur le temps, la modernité. Qu’est devenu la relation entre spectateur et le tableau à l’heure de la reproduction technique et de la perte de l’aura ? (Benjamin).

Qu’est devenu la femme dans cette société moderne ? Un jouet ,un appât comparable à ces fruits disposés en vitrine, un objet de désir ? pour célibataire ? La femme est de dos. L’ambiguïté ne sera pas possible avec une femme légère attendant le client. L’homme n’est -il pas devenu une simple chose ? Ne présage t’-il pas des futurs dangers ? D’exploitation, d’extermination, de barbarie à travers cette anodine scène civilisée de prendre le thé ?
Auschwitz n’est pas loin !
des monceaux de cheveux, de vêtements d’enfants, etc.,l’homme devient une chose et les complexes industriels des « crématoires » ,des chambres à gaz pouvant pouvant contenir plusieurs milliers de personnes.

La forme elliptique de la table esquisse autour du personnage un espace circulaire qui renforce ce retour vers -soi introspectif. ;cette bulle dont nous sommes exclu. La femme ici est courbe pulpeuse comparable à ces fruits dans la coupe, une sensualité qui ne se laisse approchée.
Le peintre se fait metteur en scène, en histoire…dans cet arrêt sur image,la peinture se fait -elle photogramme ?
Ce lieu-tableau est il comparable au sentiment que ressent le personnage, l’artiste ? Est-il un véritable refuge ?

La lumière : est zénithale, blafarde peut être celle de néon n’a rien à voir avec la chaleur d’un éclairage tamisé et romantique. Vive, contrastée et glauque, elle écrase le personnage et donne aux teintes un caractère glaciale et des ombres crues,violentes. la référence au cinéma de l’époque au film noir est évident.
L’usage chromatique,constitué en grands a-plats tend vers des tons froids? Rien dans cette toile ne serait réchauffer le lieu. Le chauffage semble bien dérisoire pour réchauffer la femme qui a gardée son manteau d’hiver.

V)Interprétation :

« Le silence de l’œuvre répond au silence de l’artiste. Silence on tourne ».

« Lorsque des êtres humains figurent sur la toile,ils sont figés, paralysés pour l’éternité,L’humain…est absent à lui même,absent aux autres….Vous devenez un voyeur et cela vous dérange. Vous ,mais pas eux ! ».

Dans cette scène nocturne, le peintre évoque à travers cette scène anodine d’une jeune femme attablée dans un bar, la vie dans la société américaine, l’isolement des êtres qui la peuplent. Le thème de la solitude,de l’isolement en soi dans l’espace urbain est un véritable leitmotiv dans son œuvre, confrontant la figure humaine à la géométrie froide de la ville. Hopper peint des images de la ville ou de la campagne, des espaces extérieurs et intérieurs aux formes très épurées, théâtrale qui condamne femmes et hommes à la tristesse sans espoirs.
Cet être semble absorbé , absent au monde et aux autres, perdues dans ses pensée .Représente t’-elle la condition absurde de l’homme moderne  ,celui de l’homo urbanus? Ou celle de la femme ?Une Représentation allégorique de l’aliénation .Elle semble complètement indifférente à tout ce qui l’entoure. L’aliénation déjà présente dans le milieu du travail (marxisme),se poursuit dans l’espace plus intime. l’aliénation est  « l’état de l’individu dépossédé de lui même par la soumission de son existence à un ordre de chose auquel il participe mais qui le domine. »Dans cette société ultra -individualiste, le sens de la communion, du collectif, de la sociabilité, la création du lien propre aux sociétés dites primitives semblent avoir disparu .Dans cette société sans dieu, sans sacralité, l’homme dépossédé n’est il pas condamné au spleen Baudelairien (dépression).le spectateur qui contemple la scène ne peut être mis qu’en face de sa propre solitude, cette impossibilité communicative?Devant cette figure ne demeure que le mystère, les questions sans réponses,( quelle histoire nous raconte l’œuvre? Pourquoi se trouve t’-elle dans ce lieu de transit ? Pourquoi une femme se trouve seule à cette heure de la nuit ? Attend-elle quelqu’un ? seule demeure ce profond sentiment de solitude que communique la construction habile du tableau.
Ce tableau est tout à fait actuel et symptomatique de notre société de l’hyper-communication technique. Jamais nous n’avons eu autant de moyen de communication et jamais notre communicabilité n’a été aussi problématique.
« Le titre du tableau est donc ambigü : il peut faire référence à l’endroit où se déroule la scène, mais il peut aussi appeler à faire le rapprochement entre la femme et un automate, comme si elle en était elle-même devenu un.
Le peintre nous amène à nous demander comment la femme en arrivée ici. Le fait qu’elle n’ait enlevé qu’un seul gant laisse supposer qu’elle est pressée, cependant que l’assiette vide posée devant elle et la tasse laissent penser qu’elle est là depuis longtemps. »
C’est la femme de Hopper qui a servi de modèle. Comme elle était plus vieille que ce qui était recherché pour le modèle, Hopper a altéré ses traits en la peignant.

Une vision de la femme moderne:On retrouve les femmes de Degas et Manet présentent dans les bars Parisien. « La femme à l’Absinthe » ou Manet et la femme à la prune. La femme souvent à la fin du XIXe est représentée désœuvrée dans cette époque qui annonce le désenchantement.

« 3) Le spectateur
A travers sa peinture, Hopper cherche à amener chez le spectateur de la pitié pour cette femme, seule le soir, perdue dans ses pensées.
On peut d’ailleurs noter que par choix du peintre, la femme reflète les lampes à l’intérieur, et ne laisse rien paraître de la nuit : pourtant, les rues de grandes villes comme New York sont toujours éclairées et lumineuses le soir. Encore une fois, Hopper semble vouloir attirer la compassion pour la femme, et amener le spectateur à réfléchir sur sa situation à elle, et non pas sur ce qu’il se passe à l’extérieur.


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