Qu’est ce que l’espace?:

« Les formes pures de la sensibilité, ce sont l’espace et le temps »=« formes a priori de l’intuition » ou « intuitions pures » Kant. l’espace et le temps sont-ils des êtres réels ? Que sont-ils exactement ? Existent-ils réellement hors de nous ? Ne relèvent-ils que de l’esprit ? Est-ce que ce sont des illusions?

Imaginer un espace vide de tout objet?Imaginer des objets sans espace est ce possible?  car ils sont forcément spatialisés, en deux ou en trois dimensions. Nous ne pouvons pas imaginer intuitioner quelque chose sans recourir à l’espace. (la géométrie euclidienne=la structure spatiale tridimensionnels, )=l’espace euclidien la forme nécessaire, a priori, de toute intuition externe. l’espace de la perception+de la science. Notre expérience est  géométrisée par la physique.

Qu’est « le lieu » et « l’instant »? (Aristote) .

le temps =un nombre, le nombre du mouvement selon l’antérieur et le postérieur. »  le topos, le fameux lieu.« Le lieu est un accident qui a une existence réelle, mais non une existence indépendante au sens d’un étant substantiel. » = l’enveloppele lieu est tributaire de ce qu’il enveloppe. (« champ de forces  enveloppant l’étant.»). le lieu n’est pas l’étant dont il est l’enveloppe= la limite intérieure du contenant. Il y a l’impossibilité du vide , pour Aristote la nature a horreur du vide. Physique IV d’Aristote. »

« Le lieu du matelot est dans le bateau, le bateau lui-même est dans la rivière, et la rivière est dans le lit de la rivière. » l’espace = la somme des lieux  (discontinuité).

« L’espace est comme le sensorium de Dieu »« lieu » (magom) était un des noms de Dieu. »origine judéo-chrétienne.

« Pour Newton, l’espace absolu est une nécessité logique et ontologique. Il s’agit en premier lieu d’un préréquisit nécessaire à la validité de la première loi du mouvement (…). » 

Contre Aristote: nous avons les atomistes. « L’univers ne saurait être dans un lieu« . « absurdité du topos » pour englober l’univers. Crescas selon le penseur juif c’est un  gigantesque vide immobile accueillant la matière. « L’espace est un infini, et n’est pas susceptible de mouvement. Par l’incorporation de la matière, le vide infini devient l’extension des corps physiques. » Max Jammer, Concepts d’espace, Une histoire des théories de l’espace en physique, Traduction Laurent Mayet et Ivahn Smadja, Vrin, 2008

Espace= cosmos/chaos.


 

l’espace de la carte=donne une image de la terre=une partie ou le tout=représentation=suppléer à un manque/une absence vision sensorielle= codification figurative=image graphique d’une portion terrestre=elle est fabriquée à partir de codes=Différence d’échelle+métrique+caractère spatiaux distincts.


 

« Il y a trois niveaux de relations à l’espace. (Berthoz): Il y a l’espace égocentré (corps percevant et corps vécu) et l’espace allocentré.

Résultat de recherche d'images pour "'espace égocentré"Résultat de recherche d'images pour "'espace égocentré"Figure 1 : Principaux plans et axes utilisés pour spécifier les
directions de déplacement et de rotations pour un sujet debout.
(D’après Paillard, 1971 ; Howard, 1982).

SlidePlayer.fr Les référentiels égocentrés.

 » toute observation dépend du référentiel choisi.En l’absence de référentiel, proposer l’existence de la position absolue d’un objet n’a pas de sens. »Perception visuelle de l’espace égocentré: Contribution différenciée des informations …

 

l’observation est possible quand l’espace est stable.

Qu’est-ce qu’un référentiel spatial? formalisme mathématique permettant l’observation des phénomènes.Un solide  invariant qui permet d’évaluer les positions des  autres solides.( référentiel   Galiléen).

l’axe-Z =la direction de la gravité

L’axe-Y est contenu dans le plan horizontal

. L’axe-X appartient au plan sagittal.

« Dans ce type de référentiel, l’espace est homogène et isotrope, le temps uniforme et le principe d’inertie vérifié. »

« La position spatiale d’un objet dans l’environnement est définie relativement à un ou des systèmes de coordonnées (Berthoz, 1997 ) associés à un référentiel unique pour une situation donnée (Wade, 1992).

« la perception spatiale d’un objet se fait à partir de deux types de référentiel :

1)Soit l’objet est situé par rapport à une référence externe au sujet »   (allocentré)=coordonnées externes au sujet. (Nord-Sud ;Latitude-Longitude) ou coordonnées unidimensionnelles (direction de la
boussole ; direction de la gravité.

ou

2) « Référé par rapport au sujet considéré ».(exocentré, égocentré)=tel objet est à ma droite…

Résultat de recherche d'images pour "â??allocentré"Image associéeRésultat de recherche d'images pour "'espace égocentré"

Il faut un repère stable: l’espace ou le corps.

 

1)Espace construit par le cerveau.

2) »le corps est lui même spatial. Il est à la fois sujet percevant et objet perçu. » (regardant et regardé)/,sujets percevant perçus. »

3) » l’espace vécu comme « l’ensemble des intentions, des croyances, des émotions et des actions que génère le sujet percevant ». subjectif. »

« L’hallucination est-elle une perception perçue ou une perception vécue? »

« L’espace n’est pas un concept extérieur au cerveau de l’homme, il est perçu et il est vécu. » Berthoz.

Il y a « trois types d’espace « 

Espace physique extérieur à moi. (perçu par des référentiels incarnés).

-Espace perçu conçu (espace cérébré). Espace construit par le cerveau. Ce n’est pas un espace faux,
illusoire. C’est un espace qui nous permet d’agir dans l’espace physique. le cerveau construit
des référentiels.

-Espace vécu (espace du corps propre). »

 

« l’illusion vient du fait que le cerveau considère que la chambre est symétrique, en dépit de la réalité physique, et il transforme plutôt la taille perçue de ces deux personnes pour la rendre compatible avec cette « hypothèse de symétrie » ». (p.143)

« Nous percevons à travers le corps. Le cerveau émet une hypothèse symétrique, il calcule. L’espace
vécu peut prendre des décisions contraires à celles prises par le cerveau. Le cerveau calcule l’espace
géométrique. Il calcule par rapport à l’objet extérieur (espace allo-centré). Mais il n’est pas séparé de
l’espace égocentré, vécu.

Résultat de recherche d'images pour "La chambre de Ames:"Résultat de recherche d'images pour "La chambre de Ames:"

FiGURES AMBIGUES

Chambre d’Ames avec damier, 3.
« Nous avons une perception homogène et unique de l’espace alors qu’en réalité, c’est une synthèse
d’une multitude de référentiels. » (Bergson/cubisme)/ passage du multiple à l’unique . Elle permet une perception homogène de l’espace.le cerveau reconstruit une perception unique et cohérente de l’espace. Il y a correspondance entre les différents traitements.(synthèse des capteurs) Berthoz . »Dans la perception de l’espace, nous avons à faire à une synthèse de l’espace. » Il fait une sélection des événements de la vie.
«Nous comprenons que le mouvement est nécessaire à la connaissance du monde, que la perception est un processus actif, utilisant ce que nous avons appelé avec Jacques Droulez des « mémoires dynamiques».Alain Berthoz.

« -un qui évalue les directions de la tête dans l’espace. Il exploite les informations visuelles.

-un second qui est une sorte de boussole neuronale. C’est un système qui analyse les
directions des objets.
-un troisième qui permet de situer dans l’environnement les objets et leurs propriétés.

La deuxième voie: la flexibilité des référentiels. « Le cerveau choisit des référentiels extrêmement
différents suivant les actions ». Il y a une variété de mécanismes.
Exemple: distinction entre le corporel, le péricorporel et le lointain.
L’espace d’action, de projection, de locomotion, de lointain… tous ces espaces fonctionnent en
même temps. Il y a une covariation des espaces dans l’action. Ils autorégulent les uns par rapport
aux autres. »
«J’ai par la perception la chose même, et non une représentation.» M.Ponty.
« Simondon = une théorie virtuelle de la perception de l’espace.
La perception de la distance… dans l’espace est multisensorielle…on surdétermine la
vision. Mais il ne faut pas oublie l’ouïe, le son, le toucher. « Il ne faudrait pas dire perception de la
distance, mais perception de la proximité, car pour la vivant dans le milieu c’est la proximité qui est
positive et qui correspond à une alerte ».
– La perception de l’espace est organisée par la perspective. On a inventé la perspective
picturale (dans l’art) pour reconstruire l’espace géométrique, la manière dont nous nous
représentons et percevons l’espace. La perspective n’est pas une reconstruction intellectuelle mais
le résultat du paradoxe binoculaire. Quand on est aveugle, on ne construit pas le même espace que
quand on est voyant. Ce sont les conditions du vivant qui définissent l’espace perçu, qui en
constituent les propriétés. L’espace est vivant et non objectif. »
« Il ne faut pas dire que notre corps est dans l’espace mais
qu’il habite l’espace »
« Mouvoir son corps, c’est viser à travers lui, les choses ». « Loin que mon corps ne soit pour moi qu’un fragment de l’espace, il n’y aurait pas d’espace pour moi si je n’avais pas de corps »
Le mouvement est la mise en action de l’espace. C’est l’activité de l’espace. On distingue une Spatialité de position et /une spatialité de situation.« Spatialité de position: le lieu, l’entendue, la localisation de mon corps dans l’espace.
Spatialité de situation: engagement du corps dans l’action; caractère dynamique du schéma corporel. »
Merleau-Ponty:Phénoménologie.

Cours du Professeur Bernard Andrieu : Le corps et l’espace

PDF]Le corps et l’espace – Spiral Connect

spiralconnect.univ-lyon1.fr/spiral-files/download?mode=inline&data=2178374


 

Abraham Moles: construction de l’espace

“coquille de l’être”

Espace proche/espace lointain        “ici/ailleurs”,“moi/les autres”.

 

Espace et liberté

Ici, je me sens libre…ici nous ne sommes pas libre.

circulez! espace de libre circulation

 » à un lieu nous sommes attachés comme à notre sécurité ; de l’espace, en revanche, nous rêvons comme à notre liberté. »Claude Hagège,  « Espace et cognition à la lumière des choix fait par les langues humaines », in Les espaces de l’homme, Odile Jacob, 2005, p. 242-243

l’espace  et séparation (discrimination sociale)

« L’espace de mouvement dans le domaine social est également déterminé par la région de l’interdit et par celle de l’impossible. Il y a une différence dans cette liberté de mouvement entre les différentes classes et conditions sociales, même si elles sont juridiquement égales. L’homme riche a généralement une plus grande liberté de mouvement en raison des moyens dont il dispose. Il peut prendre un train spécial ou un avion pour atteindre sa destination rapidement. De son côté, l’homme pauvre peut bien avoir légalement exactement les mêmes droits que le riche, mais ce qui est beaucoup plus important dans son cas, c’est le fait que sa dépendance sociale et la nécessité pour lui de subvenir aux besoins immédiats de la vie, comme sa nourriture quotidienne, restreint sa liberté de mouvement dans une plus large mesure. Cependant il ne faut pas oublier que nous avons affaire à la liberté de mouvement dans l’espace psychologique et que, dans certaines situations, la liberté de mouvement peut être extrêmement réduite pour n’importe quel homme. Dans tous les cas, la différence dans l’espace de libre circulation entre les personnes de différentes classes sociales entraîne des différences importantes dans le comportement. L’un des objectifs les plus importants de la politique intérieure comme de la politique étrangère est de changer/modifier l’espace de circulation d’une seule personne ou d’un groupe. Dans le même temps, il s’agit là d’un des moyens essentiels pour atteindre un objectif politique. Les luttes politiques ainsi que les luttes entre individus sont presque toujours des luttes portant sur la limite de l’espace de libre circulation. »Kurt Lewin, Principes de psychologie topologique, 1936, chapitre VI , tr . P.-J. Haution, Read Books, 2013, pp. 79-80

« Le monde change sans cesse, les présences deviennent des absences, les absences laissent parfois la place à des retours.(…)Considéré, en effet, par rapport à l’espace, nul changement n’est définitif.  L’espace est donc moins ce en quoi ont lieu les changements que ce par quoi je puis m’opposer à eux, et détruire l’effet d’un changement par un changement en sens contraire .Mais ce pouvoir est limité et, malgré mes efforts, quelque chose du changement demeure. Et c’est toujours considérer superficiellement un changement que le considérer par rapport à l’espace. Jamais il n’y a vraiment de retour à l’état initial, jamais ce qui a été déplacé n’est vraiment remis à sa place : le Paris que je retrouve à mon retour n’est pas tout à fait le Paris que j’avais quitté, moi-même je ne suis plus ce que j’étais, ne fût-ce que par l’effet de mes souvenirs de voyage. En un mot, tout changement possède un caractère irréductible et définitif: dans cette mesure, il est temporel. Le temps se manifeste à moi dans l’irréversibilité des changements: il est le caractère qu’ont les changements d’être irréversibles.

« Ferdinand AlquiéLe désir d’Éternité, 1943, PUF, 1987, p. 12-13

« Topographiquement le retour annule l’aller, mais chronologiquement il le prolonge et prend la suite. »Vladimir JankélévitchL’irréversible et la nostalgie, 1974, Champs essais, 2011, p. 33

 

Sujet « Tout change…tout se transforme »..ça ne change pas…ca demeure et sa demeurera ».

changement

irréversible

 Comment faire pour lutter contre le changement?

 

Orientation/déplacement

« S’orienter signifie au sens propre du mot : à partir d’une région donnée du ciel (nous divisons l’horizon en quatre régions) trouver les autres, notamment le levant. Si je vois le soleil dans le ciel et si je sais qu’il est à présent midi, je sais trouver le sud, l’ouest, le nord et l’est. J’ai nécessairement besoin, à cet effet, du sentiment d’une différence dans mon propre sujet, à savoir celle de ma droite et de ma gauche.

KantQue signifie s’orienter dans la pensée ?, 1786, Traduction J.-F. Poirier et F. Proust, Paris, GF, 1991, p. 57-58

 

Sujet : A distance/ ou  sans distance

Dimension psychosociologique des distances spatiales:Abolir les distances, est-ce une chimère ?qu’est-ce qu’une distance?

Thème: le labyrinthe

« le labyrinthe est angoissant dans la mesure où il est submergeant, où la Gestalt qu’il propose est trop complexe pour le récepteur humain. Il est rassurant, et esthétiquement séduisant, dans la mesure où celui qui le parcourt, ou en joue, sent bien que, de quelque façon, il le domine et par là qu’il peut s’en servir. »

S’isoler dans l’espace, dans cet espace…

je veut être seul dans cette espace mais nous sommes pleins

Créer un espace où vous pourrez vous isoler.Comment en étant entassez en grand nombre dans ce petit espace pourrons nous avoir notre espace à nous?

« Comment établir un taux de dispersion suffisamment grand entre les individus avec une densité nécessairement élevée dans un volume donné ? « .

 » Peut-on mettre le désert en conserve ? »

« le labyrinthe, désert en conserve, est l’artifice permettant à l’organisateur de l’Espace, éventuellement marchand d’Espace, d’entasser un grand nombre d’êtres dans un volume limité tout en leur réservant l’impression d’une solitude provisoire, en tout cas visuelle, puisque l’une des coquilles essentielles de l’homme est définie par le rayon vecteur de son regard. »Abraham Moles et Élisabeth RohmerPsychologie de l’espace, 1972, Casterman Poche, p. 153-155


 

« Cependant, l’espace et le lieu sont étroitement apparentés, non pas seulement parce que, dans une perspective physique et géographique, l’un découpe ses limites au sein de l’autre, mais aussi et surtout, dans la perspective des sciences humaines, et singulièrement de la linguistique, parce que l’homme leur fournit une commune définition, et la fournit dans ses langues par rapport à lui-même. L’espace n’existe que par rapport au pouvoir que l’homme possède de le mesurer, de le traverser, de le « maîtriser » (à des degrés évidemment divers), et ces relations que l’homme noue avec l’espace reçoivent des désignations dans toutes les langues. Quant au lieu, qu’il soit naturel ou construit, qu’il soit de dimensions réduites, comme une chambre, ou vastes, comme une montagne ou une forêt, il n’est rien en soi ; il est identifié comme lieu par le nom qu’il reçoit, que ce soit, en français par exemple, maison ou Paris ; il est identifié également par tout ce que le discours y investit de contenus culturels. »Claude Hagège,  « Espace et cognition à la lumière des choix fait par les langues humaines », in Les espaces de l’homme, Odile Jacob, 2005, p. 242-243


« chaque objet possède dans l’Univers une place, un « lieu » qui lui est propre « . pour Aristote

« La tendance au repos est en quelque sorte constitutive de la matière. Le mouvement, par contre, est conçu soit comme un retour à l’ordre (c’est ce qu’Aristote appelle mouvement naturel, car le corps y réalise sa tendance naturelle au repos en son lieu naturel), soit comme une rupture contre-nature de cet ordre qui ne peut être provoquée que de façon violente (et que pour cette raison Aristote appelle mouvement violent). Repos et mouvement sont donc conçus comme des notions contraires, s’excluant l’une l’autre : un même corps est soit au repos, soit en mouvement ; mais s’il est au repos, il l’est absolument.Le mouvement est une transformation qui affecte la nature intime du corps ; il n’est donc pas équivalent, pour un même corps, d’être au repos ou d’être en mouvement. De ce point de vue, le mouvement aristotélicien se compare tout à fait à ce que la physique moderne nomme un changement d’état et dont l’évaporation, passage, pour un même corps, de l’état liquide à l’état vapeur, constitue le prototype. Dans les deux cas, il y a passage d’un état physique à un autre : passage de l’état liquide à l’état gazeux dans le cas de la vaporisation ; passage de l’état de repos en un certain lieu à un état de repos dans un autre lieu, dans le cas du mouvement selon Aristote. Dans les deux cas, ce passage est corrélatif d’une modification de la structure interne du corps, modification qui doit être provoquée par un agent extérieur. »

Françoise BalibarGalilée, Newton lus par Einstein, PUF, Philosophies, 2002, p.13-14.

 

 Un corps est en mouvement seulement par rapport à un autre corps que nous supposons être en repos. C’est pourquoi nous pouvons l’attribuer à l’un ou à l’autre des deux corps, ad libitum. Tout mouvement est relatif.
[…]Alexandre Koyré, « Galilée et la révolution scientifique du XVIIe siècle », 1955, in Études d’histoire de la pensée scientifique, Gallimard, tel, 1985, p. 199-201.

Sujet: en mouvement

mouvement de la matière

« L’espace et le temps forment le cadre où s’insère toute réalité. Rien de réel ne peut être conçu si ce n’est sous les conditions de l’espace et du temps. « 

Sujet:sortir de l’espace


ESpace physique

Il y a deux types d’espace= est  un ordre des « coexistences » est  relatif= un schéma d’organisation , « schéma de connexion » de (relations).La structure spatiale= structure d’une fonction symbolique.( Cassirer)= » façon dont nous mettons un ordre de juxtaposition entre les choses lorsque nous découvrons le monde. » (Leibnitz)

https://www.memoireonline.com/10/13/7494/Elements-dune-philosophie-de-lespace-chez-Ernest-Cassirer.html

http://www.philo52.com/articles.php?lng=fr&pg=1587

Un espace avec les corps comme relation entre les corps  /corps en mouvements  sont unis au support.(localisation relative) lien entre corps et receptacle étendur. (Leibnitz). l’essence des corps n’est pas l’étendue.(matière divisible à l’infini), dynamique, coexistance. le mouvement est changement.l’espace =vérité d’un rapport.

et un espace indépendant des corps sans corps.(espace  isomorphe orienté).

Espace comme réceptacle des objets matériels (les corps s’y meuvent, y sont situés,s’y trouvent), le corps  n’est pas ce support (unique, indépendant, références communes,commun; distinct avec ses qualités spécifiques=physique classique=espace vide, isomorphe, homogène, condition du mouvement et de séparation (atomiste).réponse cinétique.L’espace est le lieu ou les chose se déplacent et se situent.(principe d’inertie).Le corps et son extension (Descartes)=la matière est « étendue » .Mesure locale du mouvement du corps.espace indéfini=euclidien =3D,longeur/largeur/profondeur.)Il n’ y a pas de séparation entre l’étendue et la substance matérielle? On mesure des coordonnées dans cet espace. (infini , immuable, absolu (Newton).Réceptacle immobile.,mais cause dans l’inertie des corps.=il est le rédréent absolu des corps qui se déplacent.(représentation nécessaire  à priori)Kant.(l’espace est constitutif de la subjectivité)= condition médiate des phénomènes /nous nous représentons les objets hors de nous (sens externe)/temps interne.

lieu =partie de cet espace qui reçoit les corps. l’espace possède toutes les figures possibles.

le mouvement du corps est défini par rapport à l’espace

Vs qualité locale (topologique des objets matériels  )Einstein

désigne l’extériorité physique (contexte physique et mathématique)

alter ego (temporalité).pensée de la relation entre le temps et l’espace.

https://www.persee.fr/doc/espat_0339-3267_1996_num_62_1_3987


Espace-temps  Pourquoi traiter les deux notions ensemble ?Qu’entend-on par l’ »espace » et par le « temps » ?

L’espace = lieu ou emplacement, voire d’interstice ou d’intervalle,déterminé , limité  par des repères, horizon ouvert. le propre des objets et d’avoir un place et d’en changer.

L’espace =infini , ce qui est au-delà de notre atmosphère.

Le temps, ordre des successifs+ irréversibilité=un ordre=un système de relation…

1) Le temps tel que les horloges le mesurent  .Aristote  » Le temps est nombre du mouvement  selon l’antérieur et le postérieur.  » (Physique 4, 11, 220a).

2) Le temps tel que nous en éprouvons la durée (Bergson) ,hétérogène et relatif.

3) Le temps tel que les calendriers le planifient. Durkheim « Un calendrier exprime le rythme de l’activité collective en même temps qu’il a pour fonction d’en assurer la régularité.  »

« L’espace n’est rien autre chose que la forme de tous les phénomènes des sens extérieurs, c’est-à-dire la condition subjective de la sensibilité sous laquelle seule nous est possible une intuition extérieure. » (E. KANT, Critique de la raison pure, PUF, 1944, pp. 58-59

 » Le temps n’est autre chose que la forme du sens interne, c’est-à-dire de l’intuition de nous-mêmes et de notre état intérieur.  » E. KANT, Critique de la raison Pure pp. 63-64).=appréhendé comme changeant.

« l’espace n’existe pas en dehors de l’activité par laquelle notre esprit se représente des objets en les disposant à distance les uns des autres. »Ainsi, voir un tableau noir, c’est voir qqch. que l’on situe dans une salle de classe, sur un mur à une certaine distance du sol, du plafond, de la fenêtre et de la porte… Otons le tableau, le mur, le plafond, le sol, la fenêtre et la porte et ou nous verrons encore quelque chose en relation de lieu avec d’autres choses ou nous ne verrons plus rien ! »

L’espace est une forme pas une chose. « il n’est rien du tout sans les corps que la possibilité d’en mettre « 

L’espace, ordre des simultanés

 « milieu homogène et illimité, défini par l’extériorité de ses parties (partes extra partes), dans lequel la perception externe situe les objets sensibles et leurs mouvements. »Ses propriétés:Euclidienne.(Il est en outre tri-dimensionnel (par un point on peut mener trois droites perpendiculaires entre elles et trois seulement) et homaloïdal (on peut y construire des figures semblables à toute échelle). »Kant conçoit donc l’espace comme une condition de possibilité de l’expérience. »

. Lagneau:  « L‘espace est la forme de ma puissance  » (, le temps la forme de mon impuissance »)

http://www.philonet.fr/cours/Epro/EspaTemp.html


 

« le sens du mouvement ».(capteurs) :Alain Berthoz

 » le temps ne coule pas, il est changement de relation », il est mouvement ; l’espace est abstrait à partir de relations constantes ou morceaux constants de mouvement

« Signification du temps : il ne coule pas, nulle part, il n’est la propriété d’aucun point, il est relation, il est changement de relation entre les points matériels dans l’espaceil est mouvement. »

« Signification de l’espace : il s’appuie sur des relations supposées invariables entre ses points constitutifs, exprimées par des fractions constantes de mouvements ou de déplacements, renvoyant au temps qui les permettent.

Espace et temps= »ce sont pile et face de la même pièce, ce sont les deux visages d’une même réalité. » »pensée de la relation ».

ce que nous observons est en mouvement, mais

 » les premiers points ne bougent « pas trop » par rapport aux seconds.  »

« partition  entre un ensemble de points de positions relatives stables, immobiles ou inva­riantes (les bornes ancrées sur les montagnes ; les extrémités de la règle) et un point, ou un ensemble de points, mobile(s) par rapport aux premiers : le soleil, les aiguilles de l’horloge, les grains de sable dans le sablier, les photons, etc. (nous pourrions rajouter les vagues de la mer, les nuages… ). »

« l’espace (ou les relations spatiales) est (sont) construit(es) sur des mouvements « arrêtés », ou infiniment lents, par rapport à d’autres mouvements qui nous permettent de construire le temps (les relations temporelles). »

« L’espace a son sens dans la connexion des différents points qui le constituent, ce qui fait apparaître le rôle des déplacements. Quel sens aurait-il comme collection de points sans lien les uns avec les autres ? »

« La géométrie est la description des phéno­mènes que nous appelons déplacements, c’est-à-dire des changements externes, qui sont compensés par des changements internes de notre corps mesurables par des capteurs vestibulaires. Cette géométrie est basée sur les corps solides : s’il n’y en avait pas dans la nature, souligne Poincaré, il n’y aurait pas de géo­métrie. » » la géométrie est la science des déplacements. »

« le temps ne coule pas, nulle part, il n’est la propriété d’aucun point, il est relation, il est changement de relation dans l’espace, il est mouve­ment. »

« Chaque fois qu’il y a relation nous dirons qu’il y a espace. »Chaque fois qu’il y a relation, nous dirons qu’il y a temps. » « De façon indissociable, toute relation à la fois sépare (espace) et relie (temps).  »

« Ce temps unique, c’est le temps de la physique (ou le temps habituel, on pourrait dire universel)…Ce temps unique est un simple repère extérieur aux choses. »

Référence électronique

Bernard Guy, « Penser ensemble le temps et l’espace », Philosophia Scientiæ [En ligne], 15-3 | 2011, mis en ligne le 01 octobre 2014, consulté le 02 juillet 2018. URL : http://journals.openedition.org/philosophiascientiae/684 ; DOI : 10.4000/philosophiascientiae.684

 

 » Grâce à J. J. Gibson, nous savons maintenant que le moindre mouvement nous apporte une information extrêmement riche et redondante sur la structure spatiale du monde physique.En effet, qu’il s’agisse de la lumière, du son, des vibrations ou des odeurs, la répartition des masses et la résistance solide à la force sont source d’informations dont la diffusion et l’interpénétration permettent, même à partir de points éloignés, de se faire une idée détaillée de la structure d’un endroit donné. L’information dont le cerveau peut disposer en une zone quelconque du champ d’observation est suffisante pour qu’il en tire une image ou un modèle détaillés des objets, de leur forme et des relations spatiales qu’ils entretiennent, sans que le sujet ait un « contact » physique direct avec autre chose qu’un infime échantillon des points inclus dans cette image. Toutefois, quelque riche et univoque que soit l’information sur la structure spatiale dont peut disposer un sujet qui observe des points éloignés, le processus d’assimilation perceptif est limité par les mécanismes physiologiques qui le régissent. C’est pourquoi nous ne sommes pas d’accord avec Gibson pour qui la perception des objets dans l’espace peut être comprise sans se référer à l’appareil cérébral et à la contribution de celui-ci dans la perception de  l’espace. En premier lieu, la perception étant le produit d’activités, elle provient de modifications spatiales et temporelles de l’influx sensoriel qui dépendent, en qualité et en quantité, de l’ampleur, du rythme, de la fréquence, et de la succession des activités. C’est pourquoi nous devons analyser les structures types que nous découvrons dans les activités qui accompagnent la perception de l’espace. Les dimensions de l’espace perçu sont liées aux dimensions de ces activités. En second lieu, l’appareil cérébral confère une unité à l’espace perçu. Beaucoup pensent que le simple fait de bouger une partie quelconque du corps, comme par exemple lorsqu’il y une rotation des yeux, nécessite une compensation pour que l’espace perçu soit stable par rapport au corps propre. De même, on considère que la locomotion suppose une compensation. On pense que cette compensation provient d’une décharge corollaire liée aux efférences. Cependant, les actions de déplacement de parties du corps (yeux, oreilles, mains) sont, tout comme les déplacements du corps lui-même, des mesures utilisées pour la détection de l’espace. Leur extension et leur durée d’exécution sont spécifiées dès le début par le cerveau, en rapport avec une image perceptive de l’espace extra-corporel. Contrairement aux changements de position du corps qui sont entièrement soumis au monde extérieur (comme lorsque, brusquement et sans s’y attendre, on est bousculé par un coup de vent ou par le tangage d’un bateau), ces actions de déplacement qui sont entièrement déterminées ne demandent aucune compensation, bien que des écarts mineurs puissent rendre nécessaire un ajustement par approximations successives, ajustement qui peut se faire au moyen d’un enchaînement des points d’observation de plus en plus proches du but. Ces actions de déplacement sont reliées en un espace cohérent et égocentrique, de nature neurologique.

Les actions déplacement sont de deux sortes :1) les déplacements continus qui sont régis (peut-être de manière intermittente) par des schémas de transformation élaborés dans le champ de réafférences qu’ils créent; 2) les déplacements balistiques, ou par saccades, qui se font d’un point à un autre, à l’intérieur de l’espace perçu.
Dans la construction initiale de l’espace dans un milieu inconnu, la fonction primaire est évidemment de nature continue, car il est nécessaire de choisir des points de référence à l’intérieur d’un espace dont les ambiguïtés ont été éliminées. Ces points de référence servent alors à une exploration par saccades, effectuée par divers appareils sensori-moteurs – les deux yeux, les dix doigts, les deux oreilles, la langue et les lèvres, etc. – qui agissent à l’unisson. Ces organes, permettent d’appréhender plus complètement et en détail la structure spatiale locale, à condition qu’ils soient dirigés et stabilisés pour permettre à leur fort pouvoir séparateur d’opérer en un seul point à la fois ou en un groupe de points.
Il s’ensuit que le sens de la durée, de même que le sens de la taille et de la distance, doit avoir son origine première dans les fonctions du cerveau génératrices d’actions et de réafférences, et que les aspects temps et distance de l’espace perçu sont issus des mêmes fonctions cérébrales.
Traditionnellement, on considère que l’espace et le temps sont deux propriétés distinctes du monde. Considérons l’espace métrique : quand nous mesurons une distance, comme c’est le cas en géographie ou en architecture nous prenons du temps pour aller et venir, mais nos mesures ne rendent pas compte de ce temps. Au contraire, la perception immédiate de l’espace est toujours une activité orientée temporellement. La seule manière de retenir une image spatiale qui puisse servir de référence et qui soit en dehors du temps consiste à éliminer mentalement le temps ; c’est le cas lorsqu’on repère le territoire d’un habitat ou qu’on reconnaît un objet particulier. L’indépendance par rapport à l’espace immédiat et à l’écoulement du temps suppose que l’on fasse abstraction d’un ensemble d’événements qui auraient pu être ou qui ont été liés à une action, anticipée ou déjà effectuée.
Nous avons une connaissance très insuffisante du mécanisme cérébral qui permet une telle abstraction. L’intelligence supérieure dépend entièrement de cette capacité et le siège des circuits nerveux qui en sont responsables doit se trouver dans les hémisphères cérébraux.
Pour nous résumer, l’espace perçu est une construction de l’esprit,au même titre que la musique, même s’il est utilisé comme un modèle de la réalité externe. Comme dans la musique, il y a dans la perception de la forme et dans la construction de l’environnement, à la fois un instrumentiste et un instrument. L’instrument (le monde physique) a sa structure inhérente et évolue selon ses propres lois ; le musicien impose ses propres rythmes et ses formes d’action.

La perception des relations spatiales est remarquable par son pouvoir d’extrapoler, à partir de fragments d’information pour constituer des ensembles, et par sa capacité à manier des phénomènes cinétiques pour en tirer des invariants. Des mélodies de lumière, de son, de force ou de température produites par des actions physiques, chacune avec sa forme et sa modalité, peuvent être regroupées ou anticipées comme des ensembles. Ces propriétés émanent de la structure du système cérébral responsable de la construction de l’espace.
Les différentes parties du corps agissent dans un espace unique pour explorer ou utiliser les objets et phénomènes qui le constituent. Le cerveau les intègre en un espace unifié. L’analyse des éléments particuliers qui constituent chaque point de l’espace permet de découvrir les détails, ce qui conduit à une infinie variété d’approches des objets. Pour réaliser cette analyse, il faut d’abord que les relations générales de l’espace et ses changements soient maîtrisés dans leur ensemble. »Jacques Paillard, « Traitement des informations spatiales », in De l’espace corporel à l’espace écologique, PUF, 1974, p. 66-69.

« la perception spatiale se constituant en contact direct, avec l’objet, tandis que l’image intervenant en son absence, l’espace perceptif se construit beaucoup plus rapidement que l’espace représentatif : il atteint même un niveau déjà projectif et, quasi métrique au moment où débute la représentation imagée, et où celle-ci en demeure à la construction, et en partie à la reconstruction, des rapports topologiques élémentaires. Il y a donc un décalage, et même de quelques années, entre les deux constructions perceptive et représentative, malgré l’analogie de leurs processus évolutifs, de telle sorte que, si l’on n’aperçoit pas la dualité des plans, on a l’illusion que l’élaboration de l’espace débute avec les formes euclidiennes simple ».(…)C’est à partir du moment où apparaît la fonction symbolique, c’est-à-dire où se différencient les « signifiants », sous forme de symboles (images) ou de signes (mots), que les « signifiés », sous forme de rapports préconceptuels ou conceptuels, que la représentation se surajoute à l’activité sensori-motrice. C’est à ce niveau que débute l’espace représentatif […] »

Jean Piaget et Bärbel InhelderLa représentation de l’espace chez l’enfant, PUF, 1972, p. 526-527.

 » Les rapports de coexistence, de proximité, d’exclusion et de juxtaposition dans l’espace ne sont en aucune manière simplement donnés en même temps que les sensations pures, la « matière » sensible qui s’ordonne dans l’espace. Ces rapports sont un résultat extrêmement complexe, et entièrement indirect de la pensée expérimentale. Quand nous attribuons aux choses dans l’espace une grandeur, une situation et un éloignement, nous n’exprimons pas un simple donné de la sensation. Nous insérons au contraire les données sensibles dans un système cohérent de corrélations qui s’avère en dernière analyse n’être rien d’autre que la corrélation pure du jugement. Toute articulation de l’espace suppose une articulation dans le jugement. Toutes les différences de place, de grandeur et de distance ne peuvent être saisies et établies que si chacune des impressions sensibles est justiciable chaque fois d’un jugement et reçoit une signification différente. L’analyse critique du problème de l’espace comme l’analyse psychologique ont éclairé cet état de fait e tous les côtés et l’ont fixé dans ses traits essentiels. Qu’on choisisse de l’exprimer avec Helmholtz par le concept de « syllogismes inconscients », ou qu’on abandonne cette expression, qui recèle de fait certaines ambiguïtés et certains dangers, il reste dans tous les cas un résultat qui est commun à la théorie transcendantale et à la théorie physiologique et psychologique, à savoir que la mise en place spatiale du monde de la perception, dans sa totalité et dans le détail, remonte à des actes d’identification, de différenciation, de comparaison et d’attribution qui sont, quant à leur forme fondamentale, de nature intellectuelle. Il faut que les impressions soient divisées et articulées par de tels actes, et qu’elles soient renvoyées à différentes couches de significations, pour que naisse pour nous, comme un reflet intuitif de cette stratification théorique des significations, l’articulation « dans » l’espace ; et cette « stratification » des impressions, telle qu’elle nous est décrite dans le détail par l’optique physiologique, ne serait pas elle-même possible si elle ne fondait à son tour sur un principe universel, un critère d’un emploi généralisé. Le passage du monde de l’impression sensible immédiate au monde médiatisé de la « représentation » intuitive, et singulièrement spatiale, n’est possible que si, dans le flux de la série toujours identique des impressions, les rapports constants que celles-ci entretiennent entre elles, et sous lesquels elles réapparaissent périodiquement, ne se constituaient pas progressivement en termes autonomes et s’ils ne se distinguaient pas ainsi de manière caractéristique des contenus sensibles instables qui ne cessent de varier d’un instant à l’autre. »Ernst CassirerLa philosophie des formes symboliques, Tome 2 : la pensée mythique, 1925, Les Éditions de Minuit, 1999, p. 50-51

« J’ai conscience d’un monde qui s’étend sans fin dans l’espace. Que veut dire : j’en ai conscience ? D’abord ceci : je le découvre par une intuition immédiate, j’en ai l’expérience. Par la vue, le toucher, l’ouïe, etc., selon les différents modes de la perception sensible, les choses corporelles sont simplement là pour moi, avec une distribution spatiale quelconque ; elles sont « présentes » au sens littéral ou figuré, que je leur accord ou non une attention particulière, que je m’en occupe ou non en les considérant, en pensant, sentant ou voulant. Les êtres animés également, tels les hommes, sont là pour moi de façon immédiate ; je les regarde, je les vois, je les entends approcher, je leur prends la main et parle avec eux ; je comprends immédiatement ce qu’ils se représentent et pensent, quels sentiments ils ressentent, ce qu’ils souhaitent ou veulent. De plus ils sont présents dans mon champ d’intuition, en tant que réalités, alors même que je ne leur prête pas attention. Mais il n’est pas nécessaire qu’ils se trouvent justement dans mon champ de perception, ni eux ni non plus les autres objets. Pour moi des objets réels sont là, porteurs de déterminations, plus ou moins connus, faisant corps avec les objets perçus effectivement, sans être eux-mêmes perçus, ni même présents de façon intuitive. le puis déplacer mon attention, la détacher de ce bureau que je viens de voir et d’observer attentivement, la porter, à travers la partie de la pièce que je ne voyais pas, derrière mon dos, vers la véranda, dans le jardin, vers les enfants sous la tonnelle, etc., vers tous les objets dont je « sais » justement qu’ils sont à telle ou telle place dans l’environnement immédiatement co-présent à ma conscience ; ce savoir d’ailleurs n’a rien de la pensée conceptuelle et il suffit de tourner l’attention vers ces objets, ne serait-ce que d’une façon partielle et le plus souvent très imparfaite, pour convertir ce savoir en une intuition claire.HusserlIdées directrices pour une phénoménologie, 1913, Deuxième section, Chapitre premier, § 27, trad. Paul Ricoeur, p. 48-49 de l’édition allemande, tel Gallimard, p. 87-89

« Les législations des différentes cultures conduisent en fait à discerner quatre types d’espace selon le type social de contrôle exercé :
1) Chez moi : Le lieu sur lequel j’exerce mon emprise, c’est le lieu privé par excellence.
2) Chez les autres : Espace assimilable au précédent mais qui s’en distingue par le fait qu’il n’est pas le mien et que j’y suis nécessairement sous l’emprise de quelqu’un d’autre  dont je reconnais implicitement la domination.
3) Lieux publics : Ces lieux n’appartiennent à personne mais ils appartiennent à tous, ils sont propriété de la puissance publique, émanation du social matérialisé par l’agent de police régnant dans la rue, sur la place, ou sur les routes. En tout lieu, je suis soit « chez moi », soit « chez les autres », soit chez « l’agent de police » : il y a toujours un titulaire de l’espace.
4) L’espace illimité : C’est le lieu où il n’y a personne, le no man’s land, le désert. Ces lieux n’appartiennent à personne et l’État n’y exerce pas son emprise. En l’absence de routes et de représentants du pouvoir, l’état y devient mythe concentré et lointain ne s’étendant guère au-delà des confins des zones habitées, où il reprend existence avec le macadam, l’éclairage, l’irrigation et la puissance publique. Ce dernier type d’espace fut le lieu de naissance d’un grand nombre de civilisations : l’être biologique a formé son humanité dans de tels espaces. Cette notion d’espace devient très perceptible dans beaucoup de civilisations musulmanes ou dans les civilisations implantées dans les espaces illimités. La possession par certains pays de réserves d’espace s’inscrit dans la psychologie et les institutions de ces pays, leur donnant un certain type de dynamisme spécifique (Brésil). »

 

Abraham Moles et Élisabeth RohmerPsychosociologie de l’espace, L’Harmattan, 1998, p. 46-47.

 

 


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