Vacance, Marcel paresse hors et dans le champ du travail et de l’art.

 

COMME L’ ARBRE VERDOIE, DUCHAMP PARESSE EN PARAISSANT.

« J’espère qu’un jour, on arrivera à vivre sans être obligé de travailler . »Marcel Duchamp

« Duchamp exprime un refus obstiné du travail, qu’il s’agisse du travail salarié ou du travail artistique. Il refuse de se soumettre aux fonctions, aux rôles et aux normes de la société capitaliste » Maurizio Lazzarato

« Faut-il réagir contre la paresse des voies ferrées entre deux passages de trains ? » Marcel Duchamp.

« Car la vie et le temps de l’homme ne sont pas par nature travail, ils sont : plaisir, discontinuité, fête, repos, besoins, hasards, appétits, violences, déprédations, etc… C’est toute cette énergie explosive, instantanée et discontinue que le capital doit transformer en une force de travail continue et continuellement offerte sur le marché. ? M.Foucault

« Or il y a des hommes rares qui préfèrent périr plutôt que de travailler sans que le travail leur procure de la joie: ils sont minutieux et difficiles à satisfaire, ils ne se contentent pas d’un gain abondant, lorsque le travail n’est pas lui-même le gain de tous les gains. De cette espèce d’hommes rares font partie les artistes et les contemplatifs de toute espèce, mais aussi ces désœuvrés qui passent leur vie à la chasse ou bien aux intrigues d’amour et aux aventures. Tous ceux-là cherchent le travail et la peine lorsqu’ils sont mêlés de plaisir, et le travail le plus difficile et le plus dur, si cela est nécessaire. Mais autrement ils sont d’une paresse décidée, quand même cette paresse devrait entrainer l’appauvrissement, le déshonneur, des dangers pour la santé et pour la vie. (Nietzsche, 2008, Livre premier – § 42)

« Dans un essai intitulé Laisser pisser le mérinos, Bernard Marcadé a fait apparaître l’insistance avec laquelle Duchamp a exprimé la vertu de toute vacance, « un rien faire » comme une forme d’agir. »

« Au fond, je n’ai rien fait depuis 1923, vous pouvez le dire. Est-ce qu’il faut faire un minimum de choses ? Vous savez comme le temps passe. Les guerres surviennent. Pour une raison ou pour une autre on ne travaille pas ». Marcel Duchamp cité in Bernard Marcadé, Laisser pisser le mérinos, Paris, L’Échoppe, 2006, p. 11.
 
« Je n’ai pas connu […] l’effort de produire, la peinture n’ayant pas été pour moi un déversoir, ou un besoin impérieux de m’exprimer. Je n’ai jamais eu cette espèce de besoin de dessiner le matin, le soir, tout le temps, de faire des croquis, etc » Marcel Duchamp.  Cf.: « Portrait de l’artiste en vacance » Pascale Borrel

 

LA PLUS SAGE DE NOS PASSIONS

« LA paresse mérite bien mieux l’élogieuse définition que s’est à lui-même accordée le peuple de Dieu, Israël. Elle est véritablement le sel de la terre. » Sans la paresse, la terre serait une autre Géhenne. Dans cette amère aventure de l’existence, l’homme trouve quelque répit en elle et grâce à elle. Dans cette amère aventure, qui ressemble au noir rocher de Sisyphe..L.e bain de la paresse dissipe mystérieusement nos soucis. Il loge à leur place, dans notre âme tout à coup détendue, la sérénité, le repos, la paix, une gerbe ineffable« Le repos de la paresse, a-t-il dit, est un baume secret de l’âme, qui suspend soudainement les plus ardentes poursuites… Elle est une béatitude qui nous console de toutes nos pertes et qui nous tient lieu de tous les biens. » « On s’est trompé, dit encore La Rochefoucauld, quand on a cru qu’il n’y avait que les violentes passions, comme l’ambition et l’amour, qui pussent triompher des autres. La paresse ne laisse pas d’en être souvent la maîtresse. » Que la paresse soit donc notre recours, notre pourvoi, notre défense, notre oasis. Comme elle nous aide à fuir les passions violentes, elle nous incline vers toutes les vertus paisibles, – l’expression est encore de La Rochefoucauld. Ces vertus paisibles où s’éprouve et s’apaise la délicatesse d’un coeur, et dont la paresse est à la fois le témoin et le guide, le garant, peut-être le principe.

LE BONHEUR PAR LA PARESSE L’OISIVETÉ MÈRE DE TOUS LES BIENS »
https://www.bmlisieux.com/curiosa/marsan02.htm

« Paroi parée de paresse de paroisse. »M.Duchamp (aphorisme de 1938-39).

« DEMANDE D’EMPLOI:  UN OISEAU OISIF CHERCHE NOISE EN SEINE-ET-OISE SUR LA PAROI PARREE DE PARESSE DE PAROISSE ». (M. Duchamp , note 252 et 256).

Duchamp était Paresseux. Non Duchamp paressant, paraissant paresseux, il paresse.

« Il n’y a de vraiment beau, écrit Gautier, que ce qui ne peut servir à rien ».

« L’endroit le plus utile d’une maison, ce sont les latrines » disait Gauthier.

Marcel Duchamp dans son atelier, Neuilly-sur-Seine, France par Henri Cartier-Bresson sur artnet7 choses à savoir sur Marcel Duchamp - Magazine ArtsperMarcel Duchamp, l'anartistePortrait de Marcel Duchamp en Rrose Sélavy (1921)

R. MUTT serait-t-il « bon à interner »?

« Et je me ris de tous les maîtres qui ne se moquent pas d’eux-mêmes?. »Nietzsche F., Le Gai Savoir, « La gaya scienza », Paris, Flammarion, 2007.

 

« les conduites de l’homme social [divisées par une] pathologie dualiste, en termes de normal et d’anormal, de sain et de morbide, que scinde en deux domaines irréductibles la simple formule : “Bon à interner. ”M. Foucault, Histoire de la folie, op. cit., p. 174.

« C’est dans une certaine expérience du travail que s’est formulée l’exigence, indissociablement économique et morale, de l’internement. Travail et oisiveté ont tracé dans le monde classique une ligne de partage qui s’est substitué à la grande exclusion de la lèpre?.M. Foucault, « Préface à la transgression » (1963), Dits et écrits, t. i, Paris, Gallimard, 1994,p. 239.

À « la vie sur active » de l’homme moderne, Duchamp préfère le retrait et la distance mutine. Taquin, il aime à plaisanter, surtout quant l’art devient une chose , « das sache », une affaire, une tache qu’il faut « prendre trop au sérieux ». Face aux objectifs, aux curieux qui l’interroge, il répond, toujours, par une pantomime, un pied de nez ou une mou distante. Entre deux silences, il joue les histrions, endosse l’habit de R.mutt. M.Duchamp cultive comme une forme de vie « la vis comica », ce goût pour la la plaisanterie, le rire, le joke, le mot et le trait d’esprit. Si comme  le souligne justement G.Debord « Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux. » dans le renversement constant que propose Duchamp, renversement au sens littéral et figuré le faux ne devient-il pas un moment du vrai?

Il n’exprime pas, il n’impose pas, il laisse au spectateur, au regardeur le choix de faire, le choix de dire. Marcel Duchamp cultive face à la notoriété, désormais établie, une forme de contemplation amusée et distraite, sur cet avatar du capitalisme  « la société du spectacle » . Quand toutes ces constellations médiatiques s’animent autour de lui dans les années 60, le brûlot contestataire de Guy Debord n’est pas loin ( 1967). Super star pop, Il pose de bon gré à côté de ses readymades, son grand verre, se met en spectacle. Duchamp n’est pas dupe sur ladite société, le système « spectaculaire-marchand » , l’emprise grandissante des médias et leur   » immense accumulation » d’images. Elle touche aussi le monde de la culture, Adorno l’avait diagnostiqué, il en joue, joue avec en déjoue les ressorts . La réplique est conçue comme « replay ». Il faut rejouer la scène originaire, comme les parties d’échec, peut-elle être rejouée?. Cette oeuvre symptomatique, tourne en boucle, se nourrit d’elle-même. Duchamp initiateur de l’art du détournement comme Dada et les surréalistes inspirera les situationnistes. Dans le dévoilement de la vérité, au détournement des objets succède ceux des auteurs. Dans sa thèse 30, G. Debord explique que  « plus [le spectateur] contemple, moins il vit ; plus il accepte de se reconnaître dans les images dominantes du besoin, moins il comprend sa propre existence et son propre désir. » La Société du spectacle, Paris, Buchet-Chastel, 1967, Gallimard, « Folio », 1996Thèse 30, ibid., p. 31.  Au spectateur succède le regardeur. Duchamp ,dans sa praxis anartistique, travaille à contre-temps du « temps-marchandise », « pseudo-cyclique » à travers sa célébration de la vie (sa délectation comme forme de vie esthétique et éthique) .« Dilettant » vient étymologiquement du verbe latin « dilettare », correspondant au français « se délecter ». Duchamp s’extrait du rythme dicté par l’activité économique.

 

Chaque geste n’est-il pas, comme les touches picturales, sorties du tube, de simples ready-made? L’art d’attitude, c’est savoir jouer avec son image se créer des identités, ses images hétéronormées et leur ambivalence dans la fluidité des espaces publicitaires. la comète warholienne s’annonce et notre modernité devient queer. Déjà depuis fontaines ne  le questionnait-il pas  déjà sous tous ces biais perceptifs.

ces effets de halo posés communément sur les choses et les être n’annonçait t-il pas la mort de l’auteur, du créateur du sujet, bien avant R.Barthes et M. Foucault ou l’uncreative d’un Kenneth Goldsmith (lui aussi poète dandy ). De Duchamp à Rrose, en passant par Picabia, l’art se fait collaboratif. L’acte créatif et inventif, devient flux, partage de désir , une forme de vie  communiste  et communautaire. Picabia peut bien faire la moustache de la Joconde et Duchamp la rectifiée en barbiche.

Il ne faut pas être dupe des soit disant partage universel que l’analytique du beau kantien clamait en ce temps des vertus cosmopolites et la possibilité tout comme la paix d’une seule « voix universelle ».Son regard d’éternel iconoclaste, l’âge avançant, n’a rien perdu des enfantillages dadaïstes d’autre fois. A tous ses détracteurs, ces cabotins de l’ Art, il rejoue ,à leur dépens ,comme un air de flûte cette comédia del arte . Qu’était devenue l’art? sinon une partie d’échec entre deux vacances.

Roland Barthes,  dilettant et Dandy comme Duchamp,  était pour sa part à son corps défendant un irréductible travailleur. Aurait-il comme à certaines avant-gardes reproché leur «complice de la bourgeoisie » par leur violence esthétiques et morales sans réelles forces  politiques. Non , Duchamp qui ne s’est jamais revendiqué d’un groupe ou d’un système qu’il soit dadaïste, surréaliste, préférant frayer  seul.

 

En 1992, dans un entretient dont la retranscription à un titre très évocateur, il lançais cette injonction « osons être paresseux » . Là où la paresse chez l’écrivain au travail ne venait chez lui que sous forme de petites dérives involontaires du corps , il regrettait de ne pas pouvoir se déprendre de cette maîtresse de tous les instants, activité de jouissance tout autant que de servitude qu’était celle de l’écrivain. Il aurait aimé avec la même latitude pouvoir comme le fera Duchamp de façon si libre et légère, célébrer « la paresse glorieuse ». Elan vital chez Duchamp, la paresse est un véritable art de vivre  » une forme de vie » artistique au sens d’un « styles de vie », une façon de dessiner les contours poreux de son existences et celle de l’art .( Il développe un  » Rapport au monde », une  » manières de percevoir » singulière face  à la naissance de la société  UNIDIMENSIONNELLE , uniformisation totalisante et conformiste comme « exploration de nouvelles formes de vie « possible au delà du moule malique. Estelle Ferrarese et Sandra Laugier décrivent la Démocratie comme le lieu propice pour le citoyen d’expérimenter de façon critique par de nouvelles formes, de nouvelles propositions de vie commune le  » cadre des idées possibles de la vie bonne. » La théorisation par Lafargue puis Russell de ce concept de Paresse et d’oisiveté, du  » bon usage du loisir » comme forme de civilisation et d’éducation »,  sous la lumière d’un  pamphlet contre la société du travail sanctifié, montre bien la dimension politique de ce concept . Ce n’est pas « l’euphorie dans le malheur », » cette  sublimation » déguisée, ce  principe de plaisir atrophié, nourrit des mimesis, « introjection mortifère et que propose la société marchande dont parlera Marcuse qui est ici proposée. « Se détendre, s’amuser, agir et consommer conformément à la publicité, aimer et haïr ce que les autres aiment ou haïssent, ce sont pour la plupart de faux besoins » .Le développement de la machine est malheureusement a contrario des espoirs du début de siècle devenu instrumentalisation des homme, conditionnement, réification. Mais Duchamp ne s’impliquant pas dans les grandes crises de son temps semble préférer cette à mise à l’écart, ce pied de nez, pas de côté de  l’art face au politique.  Mais n’est-il pas à sa façon révolutionnaire et politique même s’il n’affronte pas de front les problématiques sociétal préférant miner de l’intérieur et interroger tout le corps social à travers cette posture qui pourrait sembler  ? là ou derrière Lafargue et Russel se manifeste à travers le droit à ‘ »fainéanter et bombancer « des revendications d’ordre sociétales voire utopique , une volonté de renverser un ordre social, une société devenue barbare. le capitalisme n’ était-il pas à combattre justement car elle cultivait  au près des masses « une morale d’esclave »  Il ne faut plus  » persévérer dans notre bêtise indéfiniment » écrit Russell en (1932) Adorno  le définira comme ce lieu où « la vie ne vit pas. » (« organisation sociale de la vie biologique ») dira plus tard Foucault à propos du concept de « bio-politique ».Ce que propose Duchamp c’est de vivre mais aussi  propose à travers l’expérience artistique et ses « jeux de langage » ce que Wittgenstein nommerait « d’autres formes de vie » :décrire un objet en fonction de ce qu’on en voit, ou à partir de mesures que l’on prend » est pour lui une forme de vie. Comme il propose le ready-made comme expérience non plus esthétique mais anesthétique,  le spectateur comme un explorateur arrivant dans un pays étranger ne connaissant pas la langue, ne reconnait plus dans cette marginalité ce qui est « sa manière d’agir, de percevoir  de savoir communs tout à chacun,  système de référence partagés. L’interprétation  interprétons de cette langue lui est étrangère , celle d’un idôt ou d’un incensé d’autant plus quand il s’agit de logique. il y la primauté à la forme de vie du sensé (homo cartésien) sur le fou. Duchamp crée une faille dans « Ce qui doit être accepté, le donné ne l’est plus »dans tous les sens du terme. Au premier  » jeu de langage », qui a son ancrage dans une « manière d’agir commune à tous les hommes » il en propose un autre, celle du fou, puis de l’artiste du poète. « C’est dans le langage que les hommes s’accordent …une forme de vie » » Disait W. Dans ce désaccord doit naître  l’irruption d’une nouvelle forme de vie. De là naît la question de l’« autorité du sujet (prophète) que Duchamp dans un premier temps semble miner avec R.MUTT sur la communauté.

 

Bergson/Deleuze nous inciterait dans ce dualisme à repenser le dualisme apparent du faire et non faire, mal faire , du beau et du laid (comme pour l’être et le non être )comme simple négation et  limitation (oppositions et dégradation)mais comme  des concepts de nature différente.

 

. Duchamp avait-il l’attitude d’un sage derrière cette posture et ses ethos souvent déconcertante et loufoque pour le simple Lambda? Avait-il trouvé le secret de l’ataraxie? Etait-il épicurien, stoicien, zazen à sa façon, dans cette mise à l’écart distancielle avec les lourdeurs métaphysique et existentielles de son temps ces « formes de vie problématiques » que sont les crises de son temps. ( ce dasein, « angoissé et inquiet )? L’attitude de Duchamp nécessite que l’on distingue un certains nombre de termes.

Doit-on parler chez lui de paresse, d’oisiveté, de nonchalance, de détachement, de dilettantisme, de renoncement, de Dandisme, de retrait, de non-agir, d’indifférence, de pondération, de déprise, de disponibilité, de « déterritorialisation », de passivité active, de dérobade? Peut-on le rattacher à celui de neutralité de discrétion, pour lui permettre cette hypersensibilité du quotidien ?Le quotidien constatait Blanchot n’était-il pas ce qu’il y avait de plus difficile à découvrir » ce travail dans l’ inframince chez Marcel Duchamp n’était-il pas là , comparable à cette  volonté de construire une « diaphrologie » chez Quentin Jouret  , une science des nuances,  comme il y a le  dettaglio chez Daniel Arasse, la fadeur chez François Julien,  ou encore d’infraordinaire chez G. Pérec?

,  Il faut en premier lieur repenser la galaxie des terminologies qui gravitent autour du personnage, et retenir  la leçon de R.Barthes sur le caractère autoritaire  ( fasciste et dramatique) donc forcément forclos de tout usage des prédicats et adjectifs, ces jeux d’attribution que la syntaxe fait portée aux êtres êtres et aux choses (à l’artiste et l’art). La question socratique que pose L’ovni  Fontaine, ou l’eros double et féminin qui s’adonne à la  contemplation  n’est-elle pas une question ironiquement posée autour des notions de qualités, catégorie  qualifications, jurisdiction, attributions, identité,,sens unique,  conformité , conformité à une loi. préjugé , bref une logique de l’univocité, ?

L’attitude de Duchamp  se veut volontairement distancière dans ces jeu de fiction et miroir (médiatique) que Duchamp propose autour de sa propre identité. Avec Duchamp naît l’art d’attitude. (Barthes poserait certainement le mot « imago », « imaginaire ».  Duchamp est paresseux.?.. non comme l’arbre n’est pas vert mais verdoie, Duchamp Paresse. Il joue avec elle, la met en scène cette fameuse paresse de paroisse chrétienne, avec ironie et esprit libertaire. il s’y pose pour mieux révéler à tire d’aile sa véritable face épicurienne. Il semble vouloir nouer envers et endroit sur un même plan. Il s’étend en toute paresse comme les voies ferrées entre deux passages de train (train du modernisme?). Nous  aborderons donc les noms et non les attributs qui gravitent autour de la galaxie Duchamp et non duchampienne.

Comme le concept de Neutre n’est pas le nul, la renonciation mais une véritable ouverture, comme la Folie sous l’oeil aguerri d’Erasme puis de Foucault ne pouvait se résumer à une définition univoque évoluant selon le champ du discours et les épistèmé succesifs, la paresse et tout son lexique doit être réfléchis et repensés au delà de l’image d’Epinale, cette « Paroi de paresse de paroisse » avec laquelle l’anartiste aimait jouer. Il faut dépasser la vision naïve et stéréotypée, déconstruire les apparences la doxa  du « sens unique »,  du « lieu et sens commun » instituée comme » vérité » par la « moraline »-( ce mot dénote depuis Nietzsche une forme de conservatisme religieux et bourgeois, une morale dégradé teinté de culpabilité; aujourd’hui nous évoquerions le bien-pensant) pour cultiver  « L’esprit de paradoxe » cette complexion de vrai et de faux , les mouvements aberrants et  l’impensabilité d’un étant (le ready made) (Cf le concept de »paradoxe » chez Deleuze, la logique du sens) .La célèbre représentation de Bosh sur les 7 pêchés capitaux est le parfait exemple avec cette représentation judéo-chrétienne des actions humaines récriminées par l’oeil inquisiteur et omniscient de dieux. Construite peut être pour un publique friand d’imageries, le tableau pouvait devenir l’équivalent des vitraux d’églises. Il faut retourner le gant des choses, justement à contre-sens tout comme Friedrich Wilhelm Nietzsche dans la Naissance de la tragédie puis  le Gai Savoir parle du renversement des valeurs et discours Platoniciens et christique pour une philosophie des profondeurs, ou Deleuze avec son concept de  surface, et la figure animal de la tic, concevant  une  » forme de paradoxale logique parasitaire » (Diaro Gugliano)  » porter à exaspération » la crise de l’idéalisme et conception dialectique. Réévaluation , transvaluation, conversion radicale dont Platon en son temps fut aussi en son temps instigateur quitte à chasser Homère de la cité idéale. Au paradigmes précédents, Platon crée comme avant lui Aristophane une nouvelle « épistémè » rationnaliste. On pensera, également à l’ouvrage de  G.Bataille la part maudite avec son approche à rebrousse poile, audacieuse de l’économie à travers les concept de dépense et de richesse .

La Paresse - L'actualité de BéthanieLA PARESSE, détail des Sept Péchés capitaux, de Jérôme Bosch.

Roland Barthes dans son texte sur ce thème tient à distinguer plusieurs visages, typologie, construisant sous formes d’inventaires, une taxinomie de la notion de paresse.

Il y a, tout d’abord, celle qui prend les trait d’une « paresse honteuse » .  « Imposée  » de l’extérieur , elle peut devenir supplice, « ce supplice » qui pourrait s’appeler  « l’ennui ». Elle est une forme de léthargie doublement lymphatique et réactive. C’est la lenteur poussive de celui qui rechigne à faire les choses qu’on lui imposent. R.Barthes  retrouve cette attitude, cette humeur sur les bancs de l’école (mythologie scolaire de l’écolier ). Le sémiologue évoque, dans ce contexte, parfois si propice à la lassitude, une paresse proche de la présence absente: c’est  l’ »être là », du cancre. Ce sujet méprisé, amalgamé, étiqueté par les représentant du savoir comme ignorant et paresseux, est directement assigné à résidence sans autre possibilité de défense coincé entre entre le cancer et le chancre.. Il porte sur lui et en lui dans le regard du groupecette une marque distinctive d’ une singularité marginale (cacrinus, cancrum). Le cancre  est lent, tel un crabe il se déplaçant de guingois dans ce chemin tout tracé, normé de la réussite et de l’excellence. (Cet espace idéologique parfois « disciplinaire »,  se construit entre méritocratie républicaine et lieu de reproduction des classes comme un écosystème plus propice à l’éducation qu’aux apprentissages. Dans cet espace  tout  est balisée, construit autour  de l’éducateur omniscient (Le sachant) plutôt que de l’apprenant ( C’est ce que comme  dénonçait  Nietzsche puis Bachelard en leur temps). Où se situe l’incompétence? le philosophe des sciences  était   » frappé du fait que les professeurs de science, plus encore que les autres si c’est possible, ne comprenaient pas qu’on ne comprenne pas « . Il n’avaient pas suffisamment « creusés selon lui la psychologie de l’erreur, de l’ignorance et de l’irréflexion », formatés par une approche  pédagogique et conceptuelle  erronée de l’activité scientifique qu’ils sont sensés transmettre. Bien sure de Freinet à Rancière la pédagogie dans sa conception du rapport dialectique entre Enseignant et apprenant à bien évoluée pour dépasser une pédagogie fondée sur la mimésis et la division. (CF. Le Maître ignorant) »Il y a une façon d’enseigner les savoirs qui « divise le monde en deux » expliquait. Jacques Rancière.. La classe était traditionnellement le lieu d’une compétition homérique ( Thimothy Murphy) où peut s’y exercer par tradition l’agon  .(l’ Agôn pendant l’antiquité était une forme de forme de compétition ou de joute oratoire, c’était à qui aurait sa statue comme l’Athlète Pausanias. C’est à celui qui aura les meilleures places et les meilleures notes. (la situation actuelle mériterait que l’on y mette un bémole à l’ère du bolos) Le cancre n’est  ni dans l’un ni dans l’autre. Il n’a pas le droit au débat, au combat qui permettrait de façon dialectique et rhétorique de confronter le raisonnement juste et le raisonnement Injuste. Loin de l’énergie du  groupe , il relégué ou refugié dans l’inertie, hors jeu, hors du jeu du langage. Banni comme ignorant, il n’a pas le droit à la parole. La parole déjà à l’antiquité rappelle justement Roland Barthes dans son histoire de la rhétorique un enjeu de pouvoir tenu par les possédants et propriétaires. R. Barthes rappelle que dans la rhétorique au delà de son aspect fonctionnel depuis l’antiquité (judiciaire et politique) , il ne faut pas négliger sa fonctionnalité esthétique ( l’ekphrasis fragment d’une finalité sans fin ou le discours épidectique ( discours d’aparat) au delà  de la séduction, le charme du langage des sophistes à l’effectivité persuasive se construit aussi comme un langage qui doit susciter l’ admiration du publique. Face à la proposition de Duchamp…fontaine apparaît comme l’anti rhétorique par excellence. Dénoué de fonction esthétique, il s’affirme comme hors -jeu.

l’esprit agonistique conquiert aussi les banc des beaux-arts et l’esprit artistique, l’esprit d’école. Pensons au combat, au duel relaté dans le récit antique par Pline l’Ancien entre Parrhasios et zeuxis autour de la mimésis, la maîtrise des techniques de la feinte. Il est question de degré, de hauteur, de verticalité acquise par la vertu de l’organe dans une quête de perfection qui aurait les faveurs des dieux ( s’y cache t-il une rivalité avec les dieux?) Pour Raphaël Gomérieux (Le Mythe de « Zeuxis et Barnett Newman ») cet évènement célébré « a été considéré comme inaugurant l’Occident au même titre que la tragédie grecque ou que la géométrie euclidienne. » Il ne fut pas seulement dévolu au seul domaine des images: pensons au combats  (agôn) entre Socrate et Critobule à propos de la beauté dans les mémorables d’Aristophane, la vérité du lien amoureux et l’attitude vertueuse ( le gouvernent de soi ) ou l’économie (entre le maître et son disciple récalcitrant , imperméable à toute leçon,  à la paideia du maître). Pensons également à la compétition entre poètes. Xénophane de Colophon chercha la fin du VIe siècle à supplanter et dépasser la gloire du poète épique Homère (auteur des origines, celui  tout enseignant part). Cette fois-ci , il était question bien avant Socrate, d’agon autour de la vérité , de l’erreur ( attribution d’une ressemblance H/D) pour celui qui fut aussi philosophe contre les contes, les superstitions et les idées reçues de son temps.. Le poète critiquait, au nom d’un dieu unique et incorporelle (monothéisme théologique non dépourvu de contradictions au vers 1 et 2 pour D Babut) dans  parodie railleuse (CF.le recueil Silles), assez sévèrement Homère et Hésiode pour leur vision  « mensongère » des dieux devenus sous leur plume anthropomorphes . On se souvient de la célèbre tirade cinglante contre cette scorie où imaginant par l’absurde des animaux peintres représentant leur dieu à leur image : »les chevaux peindraient des figures de dieux pareilles à des chevaux, et les boeufs pareilles à des boeufs. » Homère et Hésiode ont attribué aux dieux tout ce qui chez les mortels provoque opprobre et honte : vols, adultères et tromperies réciproques. « (…) »Les mortels s’imaginent que les dieux sont engendrés comme eux et qu’ils ont des vêtements, une voix et un corps semblables aux leurs. »(Fragment 14). Faut-il voir  à travers cet confrontation avec Homère et les croyances religieuse populaire de son temps dans ses phrases un esprit polémique (polémos ) ou agonistique? Est-ce  justement cet agnosticime que Duchamp tente de dépasser 

 

des efforts assidus et la volonté de vaincre.

 

 Duchamp en cherchant à s’écarter du beau et du laid, de la performance du faire et en choisissant de ne rien faire, voire de ne plus rien faire . ( comme le sage zen il se place, là  assit au delà des  au bord du fleuve observant le polémos des mouvement et manifestes artistiques moderniste avec détachement? Il y a zeuxis, pharrasios et puis Duchamp…comme il eu le procès entre Socrate et les sophistes autour  (la virtuosité de la parole ) et   l’ignorance (ignorance affichée et feinte comme triomphe par la  ruse).

Yoko Ono, Cut Piece, performance, 1964, l’artiste affirme cet agôn affirmée contre l’extérieur (symbolique du polemos) dans le geste du cut.

Pourtant, dans la vie Duchamp, est passionné du jeux d’échec, et si  Cage, ne joue pas le jeu , il se met en colère. l’agon est présente chez Duchamp du jeu, du jeu comme joute d’esprit dans Les Jeux et les Hommes ,essai de Roger Caillois , il classifie 4 types de jeux :  « agôn » (la compétition), « alea » (le hasard), « mimicry » (l’imitation) et « ilinx » (le vertige) expliquait le sociologue. Ambivalent dans sa position l’on peut penser que l’urinoir exposé pourrait être de l’ordre du polémos (à tout le moins, c’est le ressenti de ceux qui y voit un acte de guerre esthétique, une provocation, une source de polémiques) Est-il  une « objection?: « ce qui est jeté devant nous, mis en avant et s’opposant à nous à la façon d’une objection » du même ordre que le geste qui se revendique de la paresse 

Ie cancre, figure de l’échec a selon R.Barthes perdu ses attributs ( réification du corps, chosification statique). Oublié, dans un environnement discipliné autour d’un savoir unique ( M. foucault), il est stigmatisé  comme un simple étudiant paresseux, là, perdu, exilés du mouvement des choses. Le cancre est comme « un motif grisâtre », plat, mat sans brillance, une « surface étale comme celui du mot, il « fait tapisserie », il se fond , s’effondre ou s’il se rebelle rencontre le coin. Il devient le contre modèle exemplaire. Comme pour le dicta du sens, des adjectifs et prédicats, l’écriture, la rhétorique (ce méta-langage discours sur le discours)  pour le sémiologue se construisent traditionnellement sur des classements,  enjeux de pouvoirs pour celui qui les possède ( propriété de la parole à travers l’acquisition technique , maîtrise, et éducation des passions par le langage ). la classe qui en porte bien son nom, par cette passion, reproduit conjointement  » ce découpage mental du monde ». C’est là dessus que va intervenir Duchamp et d’autres poètes, artistes qui vont  développer ce que Barthes nomme une  « rhétorique noire » faites de jeux sur le langage, de parodies, de calembours, d’ironie, d’humour, de non-sens et ce travail de sape iconoclaste à partir des schèmes, catégories et structures de la rhétorique esthétiques officielle. Car l’art cultive aussi une forme de rhétorique et de « Les Règles de l’Art » (Bourdieu) recettes, ses codes, prescriptions, sa sophistique. La fontaine de Duchamp comme le fut la peau peinte de Victorine Meurent, de  « Manet l’hérésiarque »   intervient au delà du caractère immoral et iconoclaste comme un écart de langage esthétique et plastique .C’est mal peint. La reconnaissance symbolique est dictée explique Bourdieu par les règles du bon goût (p. 179). Manet puis Duchamp sont les cancres dans leur classe, mais ils triomphent, ils en font une force? Le triomphe des indépendant, c’est d’avoir quitté la classe pour créer une autre type de classe, de nouvelles écoles (le modernisme), le salon des refusées , officieux et officiellement accepté Ils construisent une nouvelle notion de l’art , cette fois-ci plus élargie  pour « un nouvel « œil » « de nouveaux gestes de création. « ‘objet fontaine est comme un cancre mais « im-pertinent » au sens qu’en donne Barthes  se rebelle comme  une sorte de critobule qui ne respecterait pas la padaïa esthétique.  Il se révèle rétif, insoumis. C’est « imaginographe  » dont le déplacement, le glissement sémantique, la métaphore de l’urinoir à fontaine se joue du raté… Le Ready made sauf l’urinoir est un élément quotidien marqué par sa banalité, réduction , son invisibilité, son effacement, sa transparence, qui se veut art métamorphose mais qui échoue à être « métamorphiques » à faire basculer contrairement aux objets de Stringberg ou des surréaliste dans un monde en mutation à l’identité incertaine et mutante se dérobe.

ou pourra faire rentrer le réalisme et laideur,  la fin de la figuration, (abstraction,) la destruction de la représentation (cubisme, imagisme, vorticisme,), l’entrée du primitivisme, la naissance de l’anti-art (Dadaïste) jusqu’à la disparition de l’oeuvre -elle même (art conceptuel). Une nouvelle historiographie à remplacée la précédente. Cependant Duchamp introduit un au delà de l’histoire, un hors- champ sous la forme d’une fin plus radicale de l’art. Là où Manet selon Bourdieu crée un nouvel « œil pictural » en se servant du mode parodique pompeux des meilleurs élèves de la classe à l’époque, Duchamp détruit  l’ancien et le nouvel  « œil pictural ». Son indifférence rétienne au delà de se moquer seulement des pseudo savants de la rétines, bête comme un peintre, se place à distance de ces révolutionnaire de la représentation qui autrefois marginaux se font maître et disciples des ismes. Le surréalisme montrera bien comment se construit autour de manifeste des structure telles que l’école, avec son mentor, son maître Breton , sa doctrine sa ligne ,et ses excommunication..(le refus d’exposition par les cubiste de son nu descendant l’escalier, et son renoncement à la peinture manifeste la volonté nette de Duchamp  de ne pas se laisser enferme.  Au delà de faire le pître, l’idiot et le cancre, il sauter par la fenêtre pour  sortir vivre où sur les toits de la ville jouer une partie d’échec.Bourdieu dans sa conférence sur Manet, une  sociologie de la révolution symbolique, explique le scandale  et l’hilarité, l’ire des  critiques de l’époque pour qui l’ œuvre leur  apparaît comme une succession et une juxtaposition de « barbarismes »; une forme d’ l’incompétence  melée d’arrogance, Duchamp ne fera pas exception. L’art nouveau est « ce qui rompt un ordre symbolique, l’accord entre les structures cognitives et les structures sociales qui est au fondement de l’ordre social comme allant de soi » (p. 35).

(la lutte des classe n’est qu’une lecture de ce rapport sociétal fixée sur la notion de domination, mais dans le domaine artistique ,elle n’en est que la reproduction). le cancre, l’artiste, le chômeur, le pauvre, l’ouvrier, le chiffonnier, le saltinbanque, le travailleur, l’étranger…sont autant de figures qui peuvent selon le système et la structure sociétale se sentir déclassées.(remiser) Barthes constate qu’ il » est là, un point c’est tout » comme un tas » condamné à l’informe à l’inerte). Face au silence ,il est dans  » un point limite d’existence ».

Cependant nous pourrions  ajouter, qu’elle n’est pas ferme, parfois les pages de cahiers deviennent dans les marges un univers de créativité buissonnière où il peut se prendre à exister, créer (Guy Degrenne). La fenêtre comme le soulignait justement le photographe R.Doisneau qui su saisir et capter ses moments scolaires avec une grande acuité peut devenir exutoire à l’épaisseur du temps des pendules, « plaisir » pour « l’étoffe des songes  » ou l’évènement qui se propose une autre forme de paresse cette fois-ci jouissive et créative. Cet état de conscience passif peut prendre chez le « songeur » comme on l’ étudiera un peut plus loin a t-il avoir avec cette pleine réceptivité qui pourrait s’apparenter à une forme glorieuse et contemplative? G.Bachelard en 1960  dans « La Poétique de la rêverie »  explique  Jean-Claude DUMONCEL dans « L’Onirique: Quelle est l’étoffe des songes ? »distingue le rêve de la rêverie. le philosophe qui travailla ce thème à travers les quatre éléments expliquait justement qu’elle  » n’est pas un vide d’esprit » , mais pleine donation que l’on s’accorde » « l’être humain qui quitte les hommes jusqu’au fond de  ses rêveries regarde enfin les choses ». Paresser permettrait-il de mieux regarder, voire comme le suggère Bachelard permettre une nouvelle forme de cogito, d’expérience métaphysique? Dans le poème  cimetière marin, à la seconde Strophe Valery ne déclame t-il pas : »le songe est savoir »

« la rêverie est bien plutôt le don d’une heure qui connaît la plénitude de l’âme  .Elle est «  nourrie par les images de la douceur de vivre, par les illusions du bonheur », mais également désir d’ accès à l’arbre de notre destin. pp. 54-55) Elle serait donc comme témoigne Flaubert dans sa correspondance un voyage  où il l’esprit  vaque «  de pensées en pensées, comme une herbe desséchée sur un fleuve,(…) qui descend le courant flot à flot (Flaubert Correspondance., 1850, p. 281.) Vers quoi coule le songeur? l’immémorial?

ART&Cie: L'information scolaire - Robert Doisneau (1956)Les CP au musée: exposition Doisneau - Ecole primaire publique de PLUGUFFAN : petites informationsRetour à l'école avec Robert Doisneau – MUMMYSUPERHERO

Deleuzian sensation and unbounded consciousness in Anna & Corrina Bonshek’s Reverie I (2002)

 

Barthes dans son texte rapproche cette position  du cancre figé et assis dans cette fixité à  celle du Tao par cette forme de neutralité exempté à toute participation . Ce rapprochement avec le Boudhisme, la dialectique du zen et la neutralité est -il  audacieux ou pure confusions occidentale sur la nature et le sens de cette philosophie? La frontière est poreuse entre les deux, et l’interprétation du non agir, de laisser advenir propre à la philosophie de Lao Tseu par ,cet ethos de la non intervention, du non agir, peut être sujette à des mésinterprétations. (Mais chez Barthes spécialiste de l’empire des signe, des textes des philosophies orientales et mystiques, on peut douter qu’il vise à côté) Cependant ce rapprochement est intéressant quand on observe qu’un artiste comme Duchamp puis Filliou par la suite reprendront dans leur posture la figure du sage zen et celle du cancre. (pensons aux autoportrait et mise en scène diverses à la figure de l’idiotie). Ils cultiveront jusqu’au paradoxe, la pratique d’un faire qui par posture anticonformiste cultive sa remise en cause effective, celle de ses hiérarchies et du dépassement des valeurs esthétiques que la poésis véhicule:( au delà du beau et du laid, du bien fait, pas fait, mal fait, tous deux théorisent une une autre forme de créativité alternative qui laisse place 

Robert Filliou - 32 œuvres d'art - sculpture

Roland Barthes, Le Neutre Rachele Raus p. 212https://doi.org/10.4000/studifrancesi.36867

 

Roland Barthes, Le Neutre, Paris, Seuil, 2002

 

IL y a ,aussi, la paresse malheureuse « la paresse douloureuse » ou l’on » marine » « , marinade », dont la figure peut être celle du déprimé, du mélancolique, du ressentiment « , apatique, celle de ce que Nieztsche nommera les » force réactives » tournées vers le passée et la « rumination ».

IL y a La paresse de l’amoureux avec  « la passion amoureuse et « son petit coin de paresse » qui peut mener à l’anéantissement. Elle est constituée selon Barthes d’incessantes délibérations, indécisions.

Il y a la paresse du travailleur, du bon chrétien, du religieux qui se repose le dimanche, cette  une paresse ritualisée. Mais en -elle encore une?

Enfin, il y a la paresse  la « glorieuse »  et  solaire,  où  » ne rien faire »,  à la « forme d’une  philosophie. Celle-ci nous pourrions la rapprochée d’une forme d’  épicurisme,  d’une conscience zazen .  » regarder l’herbe pousser, «  faire de sa vie un dimanche », elle une forme de glissement dans le cours du temps, de suspension de lâcher prise .

Dans celle-ci  Barthes fait un rapprochement judicieux avec Proust et  la mémoire involontaire, cette rencontre comme l’expliquera Deleuze des lignes de temps qui permet entre le temps perdu, de retrouver à travers l’expérience de la madeleine (joie) ou la bottine (tristesse) l’interprétation de ces signes une forme d’éternité, l’essence des choses, l’expérience du « temps pur, l’accès à la vérité « (Deleuze-proust). Cette remontée libre implique évidemment une sorte de paresse..se laisser désagréger comme la madelaine par le souvenir ». Ce laisser surgir cette fois-ci que ne permet pas la mémoire volontaire. On peut penser à la même époque à « l’attention flottante » chez la cure psychanalytique.  

Il y a chez Proust le moment du lit, du vagabondage puis celui de l’écriture, activité, incessante, butineuse. Barthes rappelle tout le labeur que demande celui d’écrire, il faut se battre pour ne pas se laisser aller à la paresse…faire une oeuvre comme une robe pour une couturière. Mais dans ce moment sublime où survient l’éternité, Barthes rappelle tout le travail nécessaire pour Proust qui  à travers l’oeuvre d’art et par l’écriture, les signes

 

C’est ce que fera Paul Lafargue inspirateur de Duchamp dans son ouvrage militant « Le droit à la paresse » ou plus tard  » Eugène Marsan en  1926, dans son Éloge de la paresse ». Tout comme la Folie (chez Erasme) Chaque vertu ou vice a son avers, comme une médaille et demande une révision de son portrait. R. Barthes confirmait cette idée. « ce qu’il y a de terrible avec la paresse, c’est qu’elle peut être la chose la plus banale, la plus stéréotypée, la moins pensée du monde, comme elle peut être la mieux pensée. »

Il nous invite à la repenser comme dans les fragments du discours amoureux, il engage le lecteur dans cette thématique à réexaminer toute un lexique autour de la passion amoureuse. Pendant longtemps, ce mot dans la  vindicte moral et la réprobation sociale, le « sens commun », comme la notion de folie au temps d’ Erasme;  a souffert d’une mauvaise réputation, condamné à n’être comme la dépense, une  part maudite de la pensée. Avec Duchamp, comme l’écolier qui s’ennui, La paresse devient donc résistance, chaque geste du nom faire duchampien sont  tout autant de  « micro résistance au système . » La paresse peut être une réponse à cette répression, une tactique subjective pour en assumer l’ennui, en manifester la conscience et, d’une certaine façon, ainsi, la dialectiser. (Barthes, 1996, p. 1082-83) « la forme votive de la paresse, c’est finalement la liberté. »(Barthes, 1992,p. 1087)« Osons être paresseux» comme Duchamp mais en amateur. dans Le Grain de la voix. Entretiens  entre (1962-1980) Roland Barthes. Il suffit seulement comme le précisait Barthes « oser » comme oser penser par soi- même chez Kant .« Osons être paresseux» car celle-ci est une conquête .Roland Barthes lui même concède : je ne fais aucune place à la paresse dans sa vie et c’est là l’erreur, «  »je suis incapable de mettre de l’oisiveté dans ma vie et du loisir »… »Je n’y met que du travail ou de la paresse maussade ».

.

 

 Celle-ci, chez Duchamp est choisie, revendiquée, organisées (?) (faire de son emploi du temps) une création artistique. Elle permet au delà de son caractère provocateur, de plaisanterie goguenarde, qui a « coustume » de dire des mots pour rire face au sérieux et l’affairement de son époque, lui permet toute disponibilité pour la vraie vie, la liberté, l’expression du désir, ce désir spinosiste, nietszchéen, deleuzien d’affirmation des affects face aux passions tristes.  Si pour Spinoza le « désir est l’appétit accompagné de la conscience de lui-même » Dans l’antiquité  Foucault reprenant Pierre Hadot par une pratique quotidienne.  Les  » individus ont été amenés à porter attention à eux-mêmes, à se déchiffrer, à se reconnaître et à s’avouer comme sujets de désir »Foucault (M.), L’usage des plaisirs, Paris, Gallimard, 1984 ,p. 11-12.  Duchamp fait de sa vie, un « ’art de vivre » ( comme Epictète?) par une construction de soi , (« par le soucis de soi-même »). Il ne passe par un exercice quotidien  dans ce temps ou la paresse se nommait comme le rappelle Barthes Argos . Chez Duchamp elle ne qui serait pas cet  askésis, une forme d’ initiation qui permettrait de pouvoir gouverner dans les affaires dans la polis à partir de cette connaissance intime ce savoir sur soi. Cette prise de conscience tout de même effective est celle de ces ses propres désirs, un éveille constant et intensifié. Peut-on parler d’herméneutique de soi? Cette quasi conception phénoménologique du vivant à travers son corps qui se permet l’espace de l’écoute par le média de la  forme d’une pratique anartistique . Duchamp rappellera à ses interlocuteurs justement  que  » L’art n’est pas une pose devant un miroir. .. La peinture c’est marcher, courir, boire, manger, dormir et faire ses besoins. Vous aurez beau dire que je suis un dégueulasse, c’est tout ça ». « Faire de sa vie une œuvre » dirait Foucault, La frontière entre l’art et la vie a désormais disparu comme pu l’être celle de l’objet et de l’art avec le ready-made. Chez Marcel Duchamp, cette philosophie qui peut sembler provocatrice (certain pourraient le juger cette non activité comme luxe aristocratique de spartiate (Alexandride de Plutarque, « dilapidation » d’énergie non productive ). Faire usage volontairement du mot paresse perçu pour les autres comme de l’ordre de l’improductivité. Chez lui, elle devient  dans ce type de renversement de l’économie une force .Perdre  ne pas capitaliser est une forme de pouvoir disait Bataille.« John Cage se vante d’avoir introduit le silence dans la musique, moi je me targuais d’avoir célébré la paresse dans les arts »  explique Duchamp. Cette expression pourrait être à rapprocher avec celle de « dépense improductive » que développe G.Bataille dans « La part maudite » cette pensée de la  « perte pure » et sans profit  perdre un certain  temps pour en gagne .Comment ne pas voir dans la proposition du ready made Fontaine , ce geste que symbolise l’urinoir cet objet vile comparable  »  « au gros orteil »  photographié , au C comme crachat dans le dictionnaire critique, l’intérêt pour les déchets absence du faire esthétique et de la paresse l’affirmation et l’exposition subversive consumériste

  Tout comme Bataille décide de retourner la notion économique et conservatrice de capitalisation, de richesse, le mot paresse demande à être repensé, comme « l’usage des plaisirs » le sera chez Foucault et théorisé comme nouveau processus politique, système et droit sociétale .

« Car la vie et le temps de l’homme ne sont pas par nature travail, ils sont : plaisir, discontinuité, fête, repos, besoins, hasards, appétits, violences, déprédations, etc… C’est toute cette énergie explosive, instantanée et discontinue que le capital doit transformer en une force de travail continue et continuellement offerte sur le marché. ?[3

 

 

 le miroir colossal dans lequel l’homme se contemple enfin sous toutes les faces, se trouve littéralement admirable et s’abandonne à l’extase exprimée dans toutes les revues d’art ».Dans cet échange qui comme l’argent nécessite foi et croyance dans le pacte implicite qui ontologiquement , le spectateur se sent trahit, il ne se reconnait plus (brisure narcissique) et ne jouit plus. Dans cette économie symbolique, psychique seul « 

. Avec Duchamp, le musée n’est plus comme le définissait dans la  rubrique « Dictionnaire critique » Bataille en  1929

(numéro 4 de la revue les Cahiers Bataille)

 

DUCHAMP ET LE « REFUS DU TRAVAIL »

 

Même si Duchamp effectua des petits boulots, il se montra, tout au long de son existence – comme l’explique Maurizio Lazzarato dans son ouvrage « Marcel Duchamp et le refus du travail »- rétif à l’égard de cette figure du travailleur et du travail routinier comme « labor ». Il ne veut pas, malgré parfois la nécessité, être cet « homo  » domestiqué au  » tribulum ». Le travailleur moderne est attaché, « entravé » à ce « trabs »  source de sa « peine », de son tourment, sa torture (« tripaliare »). Il est évident que l’usage dans nos société judéo masochistes d’un cliché étymologique comme celui de l’outil tripalium et de l’enfantement après la chute comme travail a teinté son sens et champ lexical d’une coloration plutôt sombre. Cette foi dans l’origine doloriste du mot » occulte toute la partie positive que l’on pourrait attribuer à cette activité vitale. « lorsqu’on considère que la souffrance est une propriété du travail – la preuve : tripalium –, on laisse entendre qu’il y a là une fatalité, et qu’il n’y a donc rien à y faire, ce qui est faux. C’est pour combattre ce fatalisme qu’il est très important de toujours rappeler le caractère indissolublement anthropologique et social du travail. Pour cela, nul n’est besoin d’étymologie, mais de philosophie et de bon sens. » Il faudrait tout d’abord penser le travail, « l’être du travail ».

 Se référer au très bon article sur l’étymologie de ce mot:https://www.penserletravailautrement.fr/mf/2016/09/tripalium.html) 

 

. Le travail, il est vrai à l’époque moderne  avec « l’automatisation »  puis l’automation comme le constate H.Arendt fut pour « l’homo faber » originel  une forme de d’aliénation, une dépossession directe de son outil de travail.

Cependant comme le rappelle justement au delà du caractère moral voltairien   « le travail éloigne de nous trois grands maux, l’ennui, le vice, et le besoin », Gilles Deleuze , cette activité peut aussi devenir l’exercice de sa propre puissance, puissance de pensée et d’action. Mais de quelle forme de travail s’agit-il? ce lui de l’artisan, de l’artiste, du philosophe, de l’intellectuel? Il faut que le travaille devienne oeuvre et ou action que l’homme soit producteur de cette activité. Il faut également qu’il devienne ce que R. Barthes nommera  selon Claude Coste« une conscience de travail » dans son chapitre de Roland Barthes par Roland Barthes ou Le démon de la totalité, cette  juste recherche du « rapport au monde », d’un équilibre d’une appréhension de soi neutralisant toute représentation (celle de soi et de l’autre) explique Claude Coste . Libérer la pensée tout en neutralisant l’image, prendre du recul, de la distance, tel est ce que permet l’action du travail d’écrivain.(« recul propice à la création et à la lucidité . »

.Dans son bureau ou sa maison du pays Basque le sémiophilosphe se témoigne dans ce fragment de(« Migraines », RB, p. 113-114) de cette ambivalence qu’il entretien avec cette activité d’écrivain entre joie et douleur, migraine et angoisse solitaire  face à l’acte de création , cet éveil permanent, claire-voyance, conscience « hyperactive » qui lui laisse peu de temps pour » » l’aubade » et « la rêverie rousseauiste ». Elle peut parfois prendre parfois  les formes d’une malédiction  » je serais donc dans un rapport malheureux/amoureux avec mon travail ? Une manière de me diviser, de désirer mon travail et d’en avoir peur tout à la fois ? » Contrairement à Duchamp qui « ose la paresse », lui est conscient qu’il est difficile de se déprendre d’une activité intellectuelle de tous les instants. Comment se laisser aller? Barthes demeure vigilant

(Pensons à Proust et son activité d’écriture et sa perception d’écrivain qui comme la carte de Borges semble s’étendre sur la totalité de son  territoire (physique, psychique, vital). Pour Claude Coste, à la vue des archives de R.Barthes, il  » a beaucoup écrit, beaucoup travaillé.(peindre, écrire, classer…).

Roland Barthes par Roland Barthes ou Le démon de la totalité, Claude Costep. 35-54  https://doi.org/10.4000/recherchestravaux.372

 

 C’ est un mots et une des notions qu’étudiera  et problèmatrisera   H.Arendt à travers son triptyque sur l’activité dans son ouvrage  de 1958 The Human Condition pour définir l’essence de l’homme et du concept de  « vie active » et  « vie contemplative ».  » Je propose, précisait la philosophe, le terme « vita activa » pour désigner trois activités humaines fondamentales : le travail, l’œuvre et l’action. Elles sont fondamentales parce que chacune d’elles correspond aux conditions de base dans lesquelles la vie sur terre est donnée à l’homme. »  L’activité du travail contrairement aux deux autres activités est celle qui est la plus inhumaine et  proche de la nature ;  elle est conçue comme processus biologique du corps humain et de la vie elle-même. Cette activité est considérée, depuis la constitution de 1793, comme un droit pour chaque citoyen et un devoir  de la société moderne et républicaine -(cf. l’article 21, de  La déclaration des droits de l’homme et du citoyen: « la société doit la subsistance aux citoyen, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de travailler ».)  Elle permet la subsistance et conservation de chacun d’entre nous.

Marcel Duchamp ne voudra pas s’y soumettre préférant d’une part, s’y extraire, comme le fit avant lui de nombreux artistes saltinbanque, en choisissant comme le feront aussi se frères et sa soeur la vocation d’artiste à celle de notaire (profession du père)

L’artiste est celui qui transforme son travail en création, « processus »,  qui « oeuvre », « fabrique l’infini variété des objets » de ses mains et avec son talent  » et parfois fait disparaître le travail sous l’apparence de l’art. Le travail n’est pas exclut de la pratique artiste. On parlera de l’artiste au travail. Lorsque Deleuze collaborent, ils travaillent ensemble, travailler dans le champ d’un autre pour la production d’un livre et d’une pensée. Deleuze observant le cinéaste de la nouvelle vague J.L.Godard  affirme que « C’est un homme qui travaille beaucoup, alors forcément il est dans une solitude absolue »…mais dans la création sa solitude est  peuplée d’intercesseurs ». Là où le travail face à la machine peut isoler chacun par le morcellement des taches, cette notion de travail  à travers la sphère artistique comme création d’agencement met en oeuvre une activité plus autonome, où l’artiste est maître et possesseur de son activité. Quand Le poète Pound réalise ses Cantos, son perfectionnisme le pousse à un immense travail d’élaboration, de correction chez lui proche et chez les autres. Son niveau d’exigence étant extrême c’est presqu’un travail de polisseur, d’artisan. Même si depuis la renaissance l’artiste et l’artisan se sont détachés comme deux pratiques disjointes l’une accédant à une forme de libéralité tandis que l’autre par sa poésis demeurait dans le champ des arts mécaniques, un certains nombres de mouvement modernes se sont pourtant dans leur pratique réclamé de l’artisanat et en ont revendiqué la parenté. pensons par exemple à l’art and Craft ou au Bauhaus qui sous leur cathédrale conçoit à travers la notion d’art total, la pratique de l’art relevant encore de l’artisan.

« Toute activité exige un certain talent, une certaine qualification, le nettoyage et la cuisine autant que la littérature ou l’architecture. La distinction ne s’applique pas à des activités différentes, elle signale seulement des étapes et des qualités à l’intérieur de chacune d’elles. »H.Arendt

 

Contrairement à Heidegger qui s’appui de prime abord sur le verbe « être » , la philosophe préfère se polariser sur celui du « faire ».  l’homme serait tout d’abord dans son essence à définir comme un faire, une action qui se réalise dans le monde à travers ces activités que sont le travail, l’oeuvre et l’action.

Duchamp questionnera aussi de façon saillante à travers sa posture d’artiste, la place du travail dans l’activité artistique et créative , à travers une démarche qui posera au centre de son activité inactive le statut désormais problématique que l’on peut donner à la notion  « d’oeuvre »  non plus comme simple poésis (activité de fabrication, de disposition des choses , de construction à travers la monstration d’une capacité technique).

Un homme n’est véritablement que s’il paraît et il ne paraît que dans l’agir

Pour Hannah Arendt comme   » non-naturalité de l’existence humaine, et possibilité d’appartenance au monde à travers la création d’un monde artificiel d’objets dans son environnement proche ou lointain.

.En tant qu’anartiste, Duchamp veut se libérer du « fer » afin de cultiver seulement le bonheur d’être. Sur ce point le Duchamp à travers ce détachement et la focalisation sur la vie  elle-même dans son intensité. Cette position serai-elle   proche d’une forme de  « vie contemplative », de la « satisfaction » par le jeu de la conteplation telle que l’évoque Deleuze? .Là où les grandes révolutions (Marxistes) renverse les hiérarchies entre théorie et pratique adoptant la primeur  de praxis ( « action » focalisée sur un but  ) sur la contemplation et la théorie. Le choix de Duchamp n’est pas nouveau, il poursuit une tradition de la figure de l’artiste renaissant intellectus accédant dans son activité au statut d’art libéral.  Là où avec l’apparition du génie et la naissance de la figure de l’artiste permettait sous la destinée « du don naturel » , de « facultés productives » et de « dispositions innées » (« le  talent  » qui  guide et donne ses règles à la nature) , une forme d ‘élection démiurgique contre nature, qui a l’art de cacher l’effort de la poésis sous une grâce naturelle. La beauté comme un absolus’impose au yeux de chacun comme l’ évidence d’un évènement, une apparition lumineuse (pensons à Raphaël, L. De Vinci « On ne peut pas l’expliquer, il est là, c’est un fait  )

.H.Arendt montrera que l’artiste comme  « homo faber » qui n’est pas « un animal laboran » peut en faisant valoir l’exercice pratique de ses compétence devenir  » démiurge » , accéder à cette singularité du génie. Ce génie aucun labeur ne permet de l’acquérir, car pour Kant ,il est doué pour son art .Duchamp impose une autre forme de génie par ruse, qui ne sera plus une force naturelle une autre forme d’agir par résistance. Etre dans l’agir et non le faire mais par le dire , une forme de faire (performatif). le choix et l’énonciation  performative, c’est  une autre forme de démiurgie. Un génie dont le talent sera le logos, le producteur, devient producteur d’ idées, de concept, d’un monde :créateur. Création dans le sens d’ agir et mode de vie.(Deleuze) » La valeur d’une action (praxis), c’est l’inflexion ou l’orientation de l’activité elle-même : vivre est une praxis (la plus englobante qui soit). Ce qui en fait la valeur, c’est l’orientation interne du vivre : la vie « bonne », la vie « vertueuse ». On est donc, avec la praxis, dans le champ de l’éthique (décision d’habiter d’une manière sensée ce que l’on habite)? Peut-on voir dans l’attitude et la posture de Duchamp une approche de la vie bonne aristotéicienne?

 

 

. « Libéral », « Aristocratique » (?) dans « son geste Duchamp  pour Dalia Judovitz , »  cultive la paresse à la manière d’un dandy « , en tentant  » de se dégager, de dégager l’art du travail qui avait toujours été sa marque de servilité« . la notion de dandy et le geste aristocratique mérite d’être étudié de façon plus approfondi , ultérieurement. Cette vision utilitariste et uniquement vitale donnée à l’existence ordinaire, le fameux, il faut “gagner notre vie” » d’ H.Arendt ([1958], p. 177) même si l’artiste en cultiva le détachement, il ne put à certaine période en faire fit. la cinéaste , trop méconnue, Alice Guy-Blaché , ne pouvait comme  le poète T.S Eliot envisager le temps de création qu’après sa journée de travail. L’artiste, démunie doit  s’imposer  par nécessité de subsitance, ce compromis. Pour le poète anglais ce fut les premières années

 

selon le témoignage de son Ami Ezra Pound l’emploi de commis au service des transactions étrangères dans les caves de la banque Lloyd’s de 1917 à 1925 de 9h15 à 17h30 . Son style nouveau, ses poèmes  surprenant comme pour Pound dans l’oreille anglaise ou américaine fin de siècle, avec  son langage symboliste, imagiste, prosaïque et familier, plaçait de nombreux artistes face à la la part maudite de l’art: la précarité du crève la faim.

Les longues journées de travail, constate son ami américain, ne lui permettaient dans les seules deux semaines de vacances par an de pouvoir écrire et exploiter son immense talent. Là où E.pound pouvait trouver dans le travail de critique, dans divers revues, des tâches afférentes à ses goûts et un levier permettant dans la diffusion de ses idées nouvelles et modernistes, un temps libre lui permettant de réaliser cette vaste poéisis que fut Les Cantos. The Waste Land  demandait un tel travail, une telle énergie et du temps avec ses quatre cent trente-trois vers aussi accomplis, complexe et riches (langues, références, collages de citations, notes), « littérature à partir d’autre littérature », un tel effort d’exigence comme le sont les poèmes de son acolyte que les tâches de subsistances ne pouvait sembler pour  E.Pound qu’un lamentable  gâchis. La poésie est ‘pour Pound explique Serge Fauchereau dans son ouvrage sur la poésie américaine ,un art qui demande beaucoup de travail et d’assiduité, à dire que cet art devait prendre conscience de lui-même. » Adepte de la perfection, n’hésitant pas à couper, purifier réduire ses poèmes et ceux des autres, cet art pour l’art demande un long travail de perfection.

Face à ce qui ne pouvait demeurer qu’un  « « passe-temps » il tenta  de lui trouver une rente régulière de le faire connaître comme il le fera pour Joyce à un plus large publique à sa juste valeur ( les revues auxquelles il participait ,Poetry, The Egoist et dans Blast  était comme le sera pour Duchamp The Blind, ou la presse ,un vecteur essentiel pour faire connaître et revendiquer les révolutions des mouvement artistiques nouveaux. Il fit appel au mécénat mais en vain. Par la suite devenu l’un des membres les plus influents de la maison d’édition Faber and Faber et connaissant le succès sa situation, TS. changera et acquerrera à Londres une influence sur la scène littéraire. Tout cela pour dire que la pratique artistique pose toujours à l’artiste moderne .

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Memo from T. S. Eliot’s colleagues at Lloyds Bank

Dans le système capitaliste bancaires, industriel et commercial dont la période de la révolution industrielle n’est contrairement au sens commun qu’une « une lente et continuelle transformation » (Schumpeter), de l’économie antique, le travail est devenu avec sa généralisation, sa contamination rapide en seul modèle universel de progrès, économie globalisée et mondialisée non plus à la taille d’un empire (effet loupe) le seul mode d’activité de production, un système économique construit autour de la simple répétition et duplication du même. Il fera dans les pays nordiques et anglo-saxon de la valeur travail avec le  développement de l’éthique protestante et catholique, (thèse de Weber contre Braudel) avec l’épargne et la discipline, une des vertus cardinales de la  société économique et collective. Le paresseux, le oisif, à l’ethos asocial et marginal serait donc un paria dans cette dynamique, ce flux incessant d’échange. Caton déjà dans l’antiquité fustigeait ceux qui gaspillaient leur temps à ne rien faire; comme l’on « gaspaille » le Blé,  l’on répend la paille » par manque de soucis d’économie, de soin et d’ordre. Ne pas prend soin de l’usage de son temps comme devait l’être toute activité productive  artistique traditionnelle  qui résultait d’une somme de travail et d’apprentissage, de maîtrise pour passer de l’informe à la forme, du laid au beau, de la puissance à l’acte.

Chez Duchamp l’activité artistique soutent des rapport d’accointance avec la question de l’économie: Si Duchamp s’intéresse à l’économie explique Dalia Judovitz ,  dans son ouvrage « Déplier Duchamp passage de l’art »: C’est parce que dans ce domaine la question de la valeur présente des problème analogue à ceux qu’il rencontrent dans le domaine artistique.

. Il ne produit rien, n’échange pas, à tout le moins quelque chose qui n’est pas monétaire, quantifiable, visible selon les critères de la valeur marchande et l’économie  esthétique. le choix des ready made en est symptomatique car l’anartiste pointe justement au delà du visible dans l’inframince et l’immatériel (pensons plus tard à Y .Klein en face de la scène vendant au prix de l’or, des zones  de sensibilité immatérielles cultivant cette notion de perte dont parle Bataille.) la valeur d’échange et d’économie que comporte l’expérience traditionnelle esthétique comme capitalisation. Capitalisation qui place l’artiste et le spectateur dans un système d’échange généralisé  des » étants » . »Marcel Duchamp de souligner L.Lazzarato, tente d’échapper à la marchandisation de l’art. Il privilégie la gratuité. » Mais ironie du sort , il ne peut échapper à ce cannibalisme du système marchand qui récupère tout étant artistique, même celui qui s’en détache. » Marcel Duchamp est d’ailleurs devenue une marchandise constate le philosophe sociologue, comme une autre, exposée, valorisée et digérée par le conformisme capitaliste. » Là ou le readymade Fontaine de Marcel Duchamp comme d’autre eu l’opportunité d’être perdu, les nouvelles répliques constitués en 1964 par la collaboration de marchand d’art firent entre malgré l’anartiste mais aussi avec un lucidité acceptation sur sur son inévitable destin  d’oeuvre d’art mêmes radicales ou modernismes à entrer  dans une forme de tradition nourri par l’écosystème marchand. Fontaine acheté par le centre Pompidou, avait un prix, et sa limitation dans la reproduction en faisait une version limitée et rare.

ARTS DOCUMENTS: Marcel DUCHAMPAS A READY-MADE : TZANCK You For The CHECKS | Madame Pickwick Art Blog

« CHÈQUE TZANCK » DE DUCHAMP

Marcel Duchamp et son « Chèque Tzanck » – 1919

. Duchamp refuse dans ce pays du taylorisme, fordisme et dans cette « ville-état », « ville capitale » de l’entreprenariat et  de la culture, ce diktat social qui impose une morale de la productivité et de l’invention «  toutes ces petites règles ,explique M.Lazzaro ,qui décident que vous n’aurez pas à manger si vous ne montrez pas de signes d’une activité ou d’une production, sous une forme ou une autre ». Entre prédestination, et morale, Duchamp se refuse mais il en aura le luxe grace au mécénat et autres subsides de cultiver une forme de temporalité sans prescripption un détachement,  sans prescription, une ethos assez  proche de l’ otium (qui permet contre le nég-otium, l’industria)  à loisir de s’adonner ( licere/se permettre) à un rythme de créativité soit lent ou très rapide à des activité intellectuelles et créatives… Duchamp goûtait à ce que Séneque considérait comme la vrai liberté, mais loin du caractère moral du penseur Latin qui conçoit l’otium  seulement comme  récompense, détente passagère, revers du négotum,  » un moment de pause à l’activité du labeur et productive (militaire ,agricole…) »le travail fût de temps à autre coupé par des délassements », « De même qu’il ne faut pas forcer un sol fertile fait de l’épuiser si on le fait produire sans arrêt) , le sommeil est, lui aussi, nécessaire pour restaurer nos forces », Duchamp loin de cette préoccupation des « devoirs concrets » romains, se placerait certainement plus dans l’évolution de ce mot vers celle de Cicéron et de l’épicurisme individualiste qui assimile ce temps de loisir dans une société ou l’esclavage palie comme chez les grecs pour le privilégié et citoyen, la nécessité de l’activité  servile. (J.M.André, Recherche sur l’otium romain) l’octium la tranquilité de l’existence (Pax tranquilitas évoque le paradis, « nature primitive  » pour Virgile, avant la chute ou l’ invention des arts et des techniques (artifice, mensonge ,ruse), l’arcadie pastorale et romantique avec ses patres, ) avec le culte des muses et la contemplation philosophique. Loin de toute considération politique. l’image décontracté, joyeuse que nous donnait Duchamp était la leçon sans bien sure les doctes d’un maître d’être libre. Faut-il y voir le zen dont parle Deleuze dans la logique de la sensation, celui qui se place ni en hauteur, ni en profondeur mais à la surface des choses .

« tum variæ veneres artes : labor omnia vicit
improbus
 et duris urgens in rebus egestas » 
Virgile, Géorgiques, Les Belles Lettres, Paris, 2003, p. 7.

« Alors sont apparues différentes techniques : le travail sur tout l’a emporté
trompeur
, et l’urgente nécessité, dans les conditions extrêmes. »Virgile (trad. Frédéric Boyer), Le souci de la terre, Paris, Gallimard, 2019, p. 66.

Nietzsche pourfendeur de cette modernité, dans ce nouvel Aurore capitaliste fustige la nouvelle religiosité attribuée au  travail, à l’argent, devenu « glorification », » bénédiction », infatigable discours » d’une propagande sécuritaire qui « bride », « entrave » chacun d’entre-nous dans son individualité. faisant fit  de  » nos désirs » profonds. ( Max Wéber, Walter Benjamin reprendront ultérieurement cette idée mystique du labeur qui dès l’origine a auréole l’apparition du travail  comme conséquence d’une chute, d’une punition mais aussi à travers les fondements moreaux de la pensée judéo-chrétienne et protestante (Cf.La naissance du capitalisme ). Que nous ôte cette activité qui comme le souligne le philosophe « consume une extraordinaire quantité de nervosité », si ce n’est que la soustraction de toute possibilité d’épanouissement psychique (réflexion, méditation, rêverie). L’activité à la chaine et parcellisée, standardisé, tayloriste, ne permet pas aux ouvriers de se réaliser et de prendre conscience de la transformation du réel que permet toute activité créatrice. Simone Weil faisant de décembre 1934 à août 1935, l’expérience, l’épreuve jusque dans sa chaire du travail en usine, de cette « extériorité », en sera un éclairant exemple. « Toutes les raisons extérieures […] sur lesquelles s’appuyaient pour moi le sentiment de ma dignité, le respect de moi-même ont été […] radicalement brisées sous le coup d’une contrainte brutale et quotidienne » (CO, p. 59). Elle relate, très bien dans son journal, à la fin de sa journée de labeur, ce sentiment de déshumanisation, de détresse spirituelle que procuraient les tâches avilissantes. Ce monde emblématique de notre modernité n’était que la scansion servile, harassante et abrutissante, du même sans possibilités d’apparition de la moindre parcelle de différence. Trop épuisée pour pensée, elle prend douloureusement conscience du caractère sournois et humiliant de cette oppression. Là où le travail de l’artisan témoignait d’une vision noble par la nécessité existentielle de rendre le monde familier, par une volonté affirmée et héroïque, celle de pouvoir laisser sa marque, de peupler le monde à travers des objets de son invention, le travailleur en usine atomisé, anomique, simple rouages de machines dans la fourmilière, se sent déposséder, étranger. Même si  Gabriel Tarde et Gilles Deleuze pourront percevoir dans cette activité une possibilité d’affirmation pour chacun de sa propre puissance émancipatrice,  les conditions brutales d’existence que produit cette nasse dans lequel chacun semble être emprisonné ne peut signifier pour cette masse laborieuse qu’enferment et  impuissance. Nourri par le ressentiment, l’ouvrier ne peut plus dans cette division du corps et des esprits selon Simone Weil exercer pleinement cette puissance républicaine en puissance dans tout corps social : penser et d’agir de concert la philosophe voyait dans cet état de la société en décomposition et asservit les causes de la naissance de certaines idéologies irrationnelles qui conduisent au totalitarisme. Un « l’impérialisme ouvrier » peut naître de telles situations. « L’organisation du travail en usine explique Robert Chenavier, dans son article  philosophie du travail, empêche l’esprit et le corps de se sentir chez eux dans le monde et interdit que soit renoué « le pacte originel de l’esprit avec l’univers » (R, p. 151). Comme le dévoile bien H. Arendt , dans son analyse de la condition de l’homme moderne, il ne fabrique plus un monde à travers l’oeuvre, l’ arraisonnement par la technique n’est qu’une illusion (M.Heidegger). Le  travail devenu labeur est  désormais sans  » œuvre ni  action ». Le travailleur demeure comme un Sisyphe rivé sur sa machine. Mais la philosophe, contrairement à Ezra Pound qui concevait la difficulté d’accès de toute poésie pour un large public, est peut-être, voeux pieux et utopique , consciente que la beauté peut encore sauver cette classe ouvrière ivre de liberté. Comment permettre ce détachement, ce passage de la « pesanteur et la grâce », la possibilité d’une formation de l’esprit critique, accéder à  » ce « statut supérieur de l’être », sinon par la découverte et la contemplation des oeuvres poétiques?. Pour elle l’approche de la culture antique était susceptible de permettre, a tout à chacune, de se réapproprier son corps et sa psyché meurtrie. Sur cet Ezra Pound féru de culture grec et latines, au-delà de son goût très fort pour la poésie des troubadours et chinoise, voyait dans la connaissance des oeuvres de Sophocle et d’Euripide, pendant les terribles moments de la guerre, une possibilité de repenser la situation historique, communauté d’âme, à travers la situation politique de l’Empire romain. Mais sa poésie volontairement obscure et cultivée et toute obscure et cultivée et toute nouvelle dans sa conception moderniste et provocatrice est d’un accès volontairement élitiste.

« Le beau est le seul critérium de valeur dans la vie humaine, Rappelle Simone Wei, Le seul qu’on puisse appliquer à tous les hommes. Sans quoi il ne reste que le bien-être… »Simone Weil, Œuvres complètes, Tome VI, volume 1, p. 221. Elle ajoute : »Le peuple a besoin de poésie comme de pain. Non pas la poésie enfermée dans les mots ; celle-là, par elle-même, ne peut lui être d’aucun usage. Il a besoin que la substance quotidienne de sa vie soit elle-même poésie?[17][17]in La condition ouvrière, pp. 360-361.. »Elle engage de façon salutaire l’idée d’une révolution qui permettrait de poétiser sa vie. Le beau, l’expérience esthétique, la rencontre des oeuvres grecques, telle Antigone, l’accès à l’idéal à travers les oeuvres ou l’expérience de l’écriture, pour Simone Weil pourraient révéler ce que la réalité pourrait être au-delà du déterminisme social « . la figure exemplaire d’Antigone se révoltant peut être un modèle de réflexion pour l’ouvrière. Ce voeux d’émancipation est-il possible dans le quotidien de ces masses asservies au seul Dieu du profit? Car il s’agit justement avec cet accès à l’art, « ces trésors du passé » de produire un véritable réenracinement », et pouvoir déchirer ce « voile opaque » que conditionne toute organisation sociale de ce type. (Marx en parlait déjà, mais il ne demeurait que dans le champ de l’économique). Comment rendre « le corps pénétrable à la pensée » (OC I, p. 384)? Comment « parvenir à faire entendre cette poésie à tous sans trahir ni appauvrir son contenu » ? Quelle peut être la transmission Telle est la difficulté que soulève Alexandre Massipe, dans son article « la beauté du travail ouvrier chez Simone Weil ». H.Arendt, cependant, alertait pour sa part que dans cette nouvelle société  du labeur s’adjoignait une autre aliénation créée par une société de plus en plus consumériste, les risques pour l’art n’était-il pas de tomber dans le pur divertissement, objet consommable parmi les autres, pressentiment que confirmera l’École de Francfort .Simone Weil refuse également les solutions de Lafargue ou Russel de diminution du travail par l’apport machinique qui placerait chacun face à « d’immenses plages de « loisirs », dans lesquelles la liberté serait livrée à la fantaisie ou à la consommation. » Face à la « désolation » que procure « l’étang ordinaire » et la raison technique dont parlait M. Heidegger comment ne pas voir dans ce surcroit de consommation une fuite à l’égard des angoisses, une volonté d’oubli pascalien des questions originaires d’ordre métaphysique. « Pourquoi y a-t-il l’étant que rien? »(Introduction à la métaphysique) M.Heidegger.Y a t-il possibilité même d’une conscience? Le Travailleur de Jùnger

Simon Weil pense que oui par l’art, une esthétisation de la vie, une possibilité d’accès à l’être, au sens, réhabiter le monde est possible à travers la découverte d’un poème marqué sa différence comme être pensant la différence entre l’Être et l’étant. L’homme n’est pas qu’un étant  parmi les étants. la chosification tenterait à rendre la frontière poreuse.

  • La beauté du travail ouvrier chez Simone Weil Alexandre Massipe ,Dans Le Philosophoire 2010/2 (n° 34), pages 80 à 92.La beauté du travail ouvrier chez Simone Weil | Cairn.info.https://www.cairn.info › revue-le-philosophoire-2010-2..

Duchamp n’est pas dans cette notion du beau qui sauve. Il se fait plus distant . Il choisit comme la laideur de s’en écarter. IL s’abstrait à tout travail, à cette « soumission consciente à la nécessité »au réel qui Simone Weil peut être une source spirituelle de liberté. Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front » (OC VI 1, p. 92).

mais conçoit tout de même une gestion du temps libre comme faisant parti d’une possibilité pour chacun de trouver son point créatif ou d’épanouissement.« La chose importante, c’est de vivre et d’avoir un comportement » explique Duchamp.

“Mon capital n’est pas l’argent, mais le temps” M.Duchamp ,cité par Maurizio Lazzarato.

Rappelons que dès l’antiquité, le travail ne pouvait être exercé par le citoyen. Loin de cette servilité, le citoyen pouvait s’adonner à une vie plus politique et contemplative.L’art chez Platon ,trop asservit par la représentation, trouvera à la renaissance son  caractère d’art libéral et de cosa mental. L’artiste nait en s’émancipant de l’artisan, de la terre pour rejoindre le philosophe.

« Le ready-made est une technique paresseuse, car il n’implique aucune virtuosité, aucun savoir-faire spécialisé, aucune activité de production, aucun travail des mains ».Maurizio Lazzarato

La reprise chez lui d’un modèle de production par moulage et duplication, sa volonté d’extraire du système marchand l’objet manufacturé, sa volonté de se tenir à l’écart de tout métier, est un pied de nez bien ironique et une façon de placer l’art désormais l’art dans la problématique d’une production sérielle envahissante à l’ère de la reproduction technique. Duchamp prend conscience qu’avec l’industrialisation et les nouveaux moyens de reproduction, l’objet d’art doit annexer de façon critique et élargit ce nouveau domaine qui contamine toute pratique artistique. L’industrie culturelle ne sera que la continuité dans  l’avènement d’une société de plus en plus rythmée par frénétique de la consommation.

« Prenez le maquis, disait-il , ne laissez croire à personne que vous êtes en train de travailler. « Duchamp est lecteur de Lafargue. Ce « Vice « de notre époque industrielle comme le nommait déjà F. Nietzsche  dans  Le Gai Savoir  a mauvaise presse. De Lafargue à Russel, l’on tentent de concevoir une alternative. On tente d’imaginer une société ou le loisir, le temps libre pourrait trouver sa place. Duchamp marcel ne sera pas  comme Suzanne, notaire . la vocation paternelle ne touchera aucun des enfants de la famille. Tous seront gagnés par le feu de l’art. Duchamp ne sera pas peintre, ses premières expériences modernistes sont rapidement  avortées. La modernité et les maintes révolutions de cette époque dans tous les domaines, nécessitent, comme E. Pound en poésie le préssent une nouvelle forme d’art.  Duchamp s’oppose à plus d’un titre, à la figure traditionnelle et dépassée des génies de l’optique ou celle romantique de l’artiste maudit,  cet « albatros » au « rêve océanique « dont les « ailes de géant empêchent » le moindre mouvement. A l’émotion, les peintres et poète préfèrent la sensation, lui Duchamp va un pas plus loin dans cette conquête d’un art neuf. Dépassant la peinture avant-gardiste encore fixée sur des problématiques optiques, il conçoit un art aoptique, pur concept éthéré dont il aurait abstraitement conçu d’en prélever toute  la part sensible.   tel Platon -Socrate philosophant la possibilité de sortir des ombres de la caverne, Duchamp propose de rencontrer l’idée de l’art.

 

 

https://www.canal-u.tv/video/fmsh/cheque_tzanck_de_duchamp.32157

  • Marcel Duchamp, la créativité contre le travail – Zones …HTTP://WWW.ZONES-SUBVERSIVES.COM › 2014/12 › MARCEL-…
« Marcel Duchamp tente d’échapper à la marchandisation de l’art. Il privilégie la gratuité. »
« Marcel Duchamp insiste sur la création comme processus de subjectivation. Dans toutes les activités humaines peut émerger une dimension créative »
 Marcel Duchamp est d’ailleurs devenue une marchandise comme une autre, exposée, valorisée et digérée par le conformisme capitaliste. »

 

  • Marcel Duchamp et le refus du travail – Maurizio Lazzarato.HTTPS://WWW.PLACEDESLIBRAIRES.FR › LIVRE › 97823509609…

« John Cage se vante d’avoir introduit le silence dans la musique, moi je me targuais d’avoir
célébré la paresse dans les arts » Duchamp , citation dans Marcel Duchamp et le refus du travail « Marx avait dit que les …HTTP://WWW.CIP-IDF.ORG › IMG › PDF › DUCHAMP_E

 

“En 1920 (…) j’ai voulu changer mon nom.”
(…)
Et c’est toujours à l’action paresseuse que Duchamp fait confiance, puisqu’elle fonctionne un opérateur de désidentification.

(…) l’introduction de l’action paresseuse dans un monde organisé autour de l’activité, ébranle jusqu’aux identités, notamment sexuelles.

Depuis l’antiquité, l’activité (…) est identifiée à l’homme. La femme est, au contraire, l’inactivité et la passivité incarnées.

« Après tout, le mot “art” signifie éthymologiquement “agir”, non pas “faire”, mais “agir”. »

Marcel Duchamp et le refus du travail .Lazzarato, Maurizio (1955-….) Edité par Les Prairies ordinaires. Paris – 2014

  • Marcel Duchamp et le refus du travail – Thomas Parisot

Portrait de l’artiste en vacance

Laisser pisser le mérinos / la paresse de Marcel Duchamp? la paresse de Marcel Duchamp?De Bernard Marcadé ?L’Echoppe

DÉFIER LA DÉCENCE, Leszek Brogowski, Joseph Delaplace, Joël Laurent

L’homme agissant

36Arendt discerne dans l’activité humaine un faire qui n’est pas fabricateur parce qu’il n’est pas tourné vers un objet ou un produit mais vers les autres. L’Antiquité le reconnaissait sous le terme de praxis et l’avait en vue dans la définition de l’homme comme « animal politique ». Il inclut l’activité de parler, qui est en direction d’autrui. Mais Arendt modifie le sens antique de la praxis. Pour les Anciens, l’homme était agissant pour accomplir sa nature ; pour elle, héritière en cela de la modernité, l’action et la parole sont à l’initiative de l’homme ; elles relèvent d’une faculté de commencer quelque chose, de déclencher des processus. Tout en étant à l’initiative de l’homme, l’action n’en répond pas moins à une condition dans la condition humaine, celle de la pluralité. Par définition parole et action ne sont possibles qu’au milieu des autres. En elles, l’homme se présente à chaque fois comme unique et pluriel. Celui qui agit n’est ni l’animal ni homo, mais un homme unique et pluriel. Dans la parole et l’action seulement, un homme véritablement humain est manifeste. Le travail et l’œuvre ne manifestent pas qui est homme. Seules la parole et l’action associées répondent à la question « qui est-ce ? ». Un homme n’est véritablement que s’il paraît et il ne paraît que dans l’agir. À la naissance, l’enfant paraît dans le monde mais sans manifester encore qui il est ; il le fera quand il sera en mesure de parler et d’agir publiquement. Dans la société moderne se constitue un espace social qui, à certains égards, est un espace public où les hommes se manifestent dans leurs fonctions en tant que travailleurs, en tant que compétents et performants dans telle ou telle activité spécialisée. Mais ils ne se manifestent véritablement qu’en agissant dans l’espace public politique et pas seulement social. Par l’action et la parole, le sujet est présent dans son paraître, mais non comme sujet présupposé de ce paraître. »

En langue grecque, praxis est un des noms d’action, correspondant au verbe prasso : « aller jusqu’au bout de », « traverser », puis « achever », « accomplir », et plus généralement « faire » et « agir ». Il apparaît à côté du terme pragma, plus concret, qui désigne une chose, « une affaire », et au pluriel ta pragmata : « les faits », « les affaires », « les choses de la vie » ; praxis, quant à lui, désigne plutôt « une action », « une entreprise », « une conduite ». Platon, déjà, utilisait le terme de praxis, mais celui-ci demeurait une espèce de poiésis bonne et utile, par exemple tailler des souliers constituait à ses yeux une praxis…Dès les premières pages de son Éthique à Nicomaque, Aristote lie l’emploi du terme praxis aux divers usages du verbe prattein, se distribuant selon deux usages génériques : d’un côté, connotant tout ce qui est de l’ordre de l’agir et de l’opération et qui s’oppose au genre de vie spéculatif ; de l’autre, les pratiques en tant que conduites valorisées. Dans le cadre du premier usage, lié à l’idée d’opération, se retrouvent les notions d’exercice, de répétition dans la durée d’une assiduité qui assure l’amélioration des résultats et le perfectionnement des capacités de l’agent ; en distinction avec la pure spéculation : « Puisque la fin n’est pas la connaissance, mais l’action?[3][3]Aristote, Éthique à Nicomaque, I, 1, 1095a 5-6, traduction Jean… », écrit-il. L’idée d’apprentissage accompagne ce sens, et ainsi praxis et prattein pourraient se traduire par application, exercice?[4][4]« Développement qui ne peut venir que de l’exercice assidu de…. Dans son lien à l’idée de conduites valorisées, praxis acquiert (deuxième sens) une dimension substantielle qui se distribue selon deux pôles : l’un proprement éthique, qui concerne la valeur des individus et de leur comportement ; un autre, politique?[5][5]La politique étant pour Aristote la discipline organisatrice ou…, c’est-à-dire relatif à la cité, concernant la façon dont les hommes agissent les uns avec les autres, et les uns sur les autres. Les deux faces du terme se rejoignant dans « l’idée de se faire soi-même, en agissant pour le bien commun, selon la vertu de phronésis (prudence, ou intelligence pratique)?[6][6]B. Cassin (sous la direction de), Vocabulaire européen des… ».

La praxis se présente donc comme une chose bipolaire : ancrée dans le concret, l’activité, le travail de l’homme dans le monde et marquant son agir d’une valeur éthique, orientée vers le bien commun. La praxis comporte bien deux dimensions distinctes : la théorie, la pratique. Mais allons plus loin, laissons cette distinction qu’Aristote n’a pas constituée en opposition. Comme l’explique Raymond Bénévent, « la fin de la praxis est une valeur?[7][7]R. Bénévent, « Pratique, praxis, analyse des pratiques », Les… » :

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