L’art, et la musique en particulier

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Demandez à un crapaud ce que c’est que la beauté, le grand beau, le to kalon. Il vous répondra que c’est sa crapaude avec deux gros yeux ronds sortant de sa petite tête, une gueule large et plate, un ventre jaune, un dos brun. Interrogez un nègre de Guinée ; le beau est pour lui une peau noire, huileuse, des yeux enfoncés, un nez épaté.

Interrogez le diable ; il vous dira que le beau est une paire de cornes, quatre griffes, et une queue. Consultez enfin les philosophes, ils vous répondront par du galimatias ; il leur faut quelque chose de conforme à l’archétype du beau en essence, au to kalon.

Voltaire, Dictionnaire philosophique, article Beau

L’étymologie du mot art renvoi au grec techné qui signifie la production, la fabrication, l’artifice. Pour les grecs il n’y a pas de différence entre les beaux-arts (exemples : sculpture, architecture, musique, peinture…) l ‘artisanat, les techniques et les savoir-faire (la médecine, art oratoire..)

Il y a un problème qui vient de l’étymologie du mot pour définir l’art. Le problème est la dénomination de l’art, cerner une définition, en raison de plusieurs difficultés :

  • l’étymologie du mot
  • l’histoire de l’art
  • la multiplicité des formes d’arts
  • la multiplicité des cultures

I/ Le problème est donc de reconnaître un statut à l’œuvre d’art. Deux difficultés pour répondre a cette problématique

1) la distinction de l’art et de la nature. (1/)

– S’agit-il d’une création ex nihilo (différent de démiurge), d’une œuvre sans copie ?

Cette distinction ne tient pas seulement aux notions de fabrication et création inspirée « de rien ».

Tout ce qui existe n’est que la copie d’une idée. L’idée est une réalité différente de la copie. Dans la République de Platon (livre X), l’artiste n’a pas droit de cité. Il est le pire ennemi des philosophes car il nous trompe par les images fabriquées, comme des ombres au fond de la caverne. En ce qui concerne la poesis, il s’agit d’une mauvaise imitation des idées qui viennent des dieux.

Pour les philosophes grecs, l’art n’est qu’une copie de la nature ou une tromperie, une imitation

2) La fabrication sans création (2/)

– Histoire et espace (culture). La prise en compte de diverses formes d’art viennent contredire la condamnation Platonicienne : l’art n’imite pas la nature. Cette dernière perd son caractère de modèle à contrefaire.

Pour les grecs, la création n’existe pas. La nature elle même est faite de matériaux, l’art est fabriqué et l’œuvre est faite pour être construite et déconstruite. L’œuvre a été fabriquée et non pas créée ; elle est comme tout objet éphémère, et n’a pas de caractère sacré. L’œuvre a un usage, une utilité.

II/ L’ambiguïté du mot art renvoie à l’homme qui est en charge de production ou de création c’est à dire l’artiste. Le problème est la reconnaissance du travail spécifique de l’artiste.

Jusqu’à la renaissance , il n’y a pas de reconnaissance de la personnalité de l’artiste ni de statut social . D’où deux difficultés :

1) L’artiste, l’artisan, l’ouvrier (3/)

– Première difficulté il faut distinguer l’artiste de l’artisan

2) Travail et inspiration (4/)

– il faut aussi reconnaitre son travail, son labeur, travail sur les matériaux mais aussi travail intellectuel, l’artiste pense ses œuvres (Léonard de Vinci : la peinture est « cosa mentale« ) et les élabore avec sueur.

– deuxièmement il faut définir ce que l’on nomme le génie.
( cf texte de Kant. )

III/ L’œuvre d’art suppose un spectateur : c’est le problème de la spécificité du jugement de goût.

Le jugement de goût se distingue du jugement de connaissance (–> le vrai, le juste) essentiellement parce qu’il a pour fondement la subjectivité.

Baumgarten, au XVIII° siècle, va parler d’une science du goût qu’il appelle esthétique. Esthesis —> 5 sens, la sensation.

Deux difficultés :

1°) La sensibilité et l’entendement permettent de juger (5/)

– Ce qui nous touche nous procure des émotions, ce qui n’est pas forcément source de plaisir. L’art n’est pas l’agréable. Au XVIII°, avec Kant, l’œuvre est « ce qui plaît » ; ce n’est en aucun cas « l’agréable ».

Esthésis = la sensation, les 5 sens. L’œuvre d’art touche, au sens sensible du terme. Une œuvre c’est avant tout ce qui nous touche, c’est ce que l’on goûte (avec les yeux, le toucher). L’art avant tout on le goûte !!!

2°) Le jugement de goût est universel (6/)

– La reconnaissance de jugement de goût universel , exemple « des goûts et des couleurs on ne discute pas » et pourtant on ne fait que ça ! Comment accorder la subjectivité du goût (c’est à dire de la sensation, des sentiments et imagination) à l’universalité d’un seul jugement ? Comment passer de la subjectivité de l’œuvre à l’universalité du jugement ?

Comment passer de « ça me plaît » à « c’est beau », la reconnaissance universelle (?).

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