La dialectique de l’amour

Platon, Le Banquet

Dans le texte, Platon met en scène Diotime, une prêtresse, prophétesse qui aurait jadis instruit Socrate sur les choses de l’amour. Or, elle explique ce qu’est l’amour par la dialectique ascendante. Souvenons nous que dans le mythe de sa naissance, Éros nait le même jour qu’Aphrodite, déesse de la beauté. L’amant est sans cesse à la recherche du beau? Par une dialectique ascendante, en procédant par étape, il va trouver l’essence du beau. La dialectique est art du dialogue qui, d’hypothèse en d’hypothèse conduit à la manière des mathématiciens, à saisir l’idée ou définition d’une chose.

Voici le texte du Banquet. Discours de Diotime :

Celui qui veut atteindre à ce but par la vraie voie doit, dès son jeune âge, commencer par rechercher les beaux corps. Il doit, en outre, s’il est bien dirigé, n’en aimer qu’un seul, et dans celui qu’il aura choisi engendrer de beaux discours. Ensuite, il doit arriver à comprendre que la beauté qui se trouve dans un corps quelconque [210b] est soeur de la beauté qui se trouve dans tous les autres. En effet, s’il faut rechercher la beauté en général, ce serait une grande folie de ne pas croire que la beauté qui réside dans tous les corps est une et identique. Une fois pénétré de cette pensée, notre homme doit se montrer l’amant de tous les beaux corps et dépouiller, comme une petitesse méprisable, toute passion qui se concentrerait sur un seul. Après cela, il doit regarder la beauté de l’âme comme plus précieuse que celle du corps ; en sorte qu’une belle âme, même dans un corps dépourvu d’agréments, [210c] suffise pour attirer son amour et ses soins, et pour lui faire engendrer en elle les discours les plus propres à rendre la jeunesse meilleure. Par là il sera nécessairement amené à contempler la beauté qui se trouve dans les actions des hommes et dans les lois, à voir que cette beauté est partout identique à elle-même, et conséquemment à faire peu de cas de la beauté corporelle. Des actions des hommes il devra passer aux sciences, pour en contempler la beauté ; et alors, ayant une vue plus large du beau, il ne sera plus enchaîné comme un esclave [210d] dans l’étroit amour de la beauté d’un jeune garçon, d’un homme ou d’une seule action ; mais, lancé sur l’océan de la beauté, et repaissant ses yeux de ce spectacle, il enfantera avec une inépuisable fécondité les discours et les pensées les plus magnifiques de la philosophie, jusqu’à ce qu’ayant affermi et agrandi son esprit par cette sublime contemplation, il n’aperçoive plus qu’une science, celle du beau.

 

La dialectique se comprend ainsi

  • AMOUR d’un BEAU CORPS

Impressions sensibles, apparences, images, objets

  • AMOUR des BEAUX CORPS

Opinions droites (vraies mais non justifiées)

  • AMOUR d’une BELLE ÂME

Pensées discursives (raisonnements, démonstrations)

  • AMOUR des BELLES ÂMES : DU BEAU EN SOI

Intuition des essences, contemplation des Idées.

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