Une relation d’État à État

« La guerre n’est donc point une relation d’homme à homme, mais une relation d’État à État, dans laquelle les particuliers ne sont ennemis qu’accidentellement, non point comme hommes, ni même comme citoyens, mais comme soldats ; non point comme membres de la patrie, mais comme ses défenseurs. Enfin chaque État ne peut avoir pour ennemis que d’autres États, et non pas des hommes, attendu qu’entre choses de diverses natures on ne peut fixer aucun vrai rapport. » (J.-J. Rousseau, Du Contrat social, 1,4)
« … Il ne me semble pas hors de propos de montrer qu’il y a deux espèces de guerres. L’une procède de l’ambition des princes ou des républiques, qui cherchent à étendre leur empire. C’est ce que firent Alexandre le Grand et les Romains, et ce que font tous les jours les différentes puissances. Ces guerres sont périlleuses, mais elles ne chassent pas totalement les habitants d’une région. Car le vainqueur se suffit de la soumission des peuples ; il les laisse vivre le plus souvent sous leurs lois, et toujours dans leurs maisons et leurs biens. L’autre espèce de guerre, c’est quand un peuple entier, avec l’ensemble de ses familles, quitte un endroit, poussé par la faim ou par la guerre, et va chercher une nouvelle implantation et un nouveau pays, non pour le gouverner, mais pour s’en emparer totalement, en chasser ou en tuer les anciens habitants. Cette guerre est extrêmement cruelle et effrayante… » Machiavel, Discours, II, 8, p. 310.