Conseils de méthode dissertation

Brouillon
I- Comprendre le sujet :
II- Amasser de la matière
III- Problématiser
IV- Élaborer un programme de réflexion
V- Structurer sa dissertation
Annexes : fiche d’auto évaluation, échelle des notes et critères d’évaluation
I- Comprendre le sujet :
Il ne faut pas oublier que la dissertation est d’abord un exercice de compréhension : comment réfléchir et répondre
pertinemment à une question, si elle a été dès le départ mal comprise ? En terminale, un sujet de dissertation est
posé sous forme de question, qu’il va falloir commencer par interroger et par analyser avant d’aller plus loin.
Attention toutefois : analyser un sujet, ce n’est pas seulement définir ses termes un à un, c’est surtout voir comment
ils réagissent ensemble, les uns au contact des autres.
A- Une compréhension «
spontanée
» : Avant d’analyser en détails la question posée, il n’est pas inutile
d’y répondre spontanément, sans réellement réfléchir (comme on le fait dans la vie courante), et de noter
rapidement ce qui vient spontanément à l’esprit : comme ces idées sont spontanées, elle ne « reviendront » peut-
être pas pas quand on sera rentré « dans » le sujet, et il n’est pas impossible qu’elles ouvrent des pistes auxquelles
on ne pensera plus par la suite. Par contre, attention, c’est aussi à double tranchant : cette compréhension
« spontanée » est peut-être erronée, et il ne faut pas que cela donne des « oeillères » qui empêcheront d’analyser
correctement le sujet…
B- Une compréhension «réfléchie» : analysez la forme de la question (revoir vos notes sur les « classiques » peut-on, faut-il….) ainsi que son contenu.
Attention, chaque mot compte, et il ne faut rien oublier (attention aux adverbes, aux tournures « ne…que »… etc,
revoir vos notes)
1) Avant de « saucissonner » l’énoncer, faire un essai de compréhension globale de la question
2) Chercher les notions du programmes qui sont concernées, leur sens usuel et si besoin celui des expressions
utilisées dans la question posée
3) Chercher des synonymes, termes opposés, expressions courantes, où la notion analysée apparaît.
4) Chercher les classes d’objets auxquels la notion se rapporte. Exple : « Peut-on se libérer du passé ? », le
passé peut être celui de la société (réflexion sur l’histoire, etc…) ou celui de l’individu (l’enfance, d’où
réflexion sur la psychanalyse, la liberté, etc…).
5) Préciser, en recourant éventuellement et avec prudence à l’étymologie, le sens des termes, c’ est-à-dire
uniquement si cela apporte quelque chose que l’on aurait trouvé difficilement par d’autres moyens . Exple :
« A quelles conditions le dialogue est-il possible ? » : dia-logos=discours rationnel, ce qui exclut les références
au simple échange d’opinions, à la conversation amoureuse ou au bavardage.
6) Mobilisez vos connaissances philosophiques: références, éléments de cours, (notions, axes de réflexion)
7) Mobilisez votre culture générale
II- Amasser de la matière:
Il s’agit de procéder ici selon la méthode du « déversoir », c’est-à-dire qu’il s’agit d’une étape d’écriture libre et
inévitablement désordonnée pour réveiller la mémoire, faire apparaître des idées et des perspectives qu’on triera et
qu’on mettra en ordre plus tard. On peut procéder en divisant une feuille en deux colonnes:

d’un côté, tout ce qu’on sait sur le thème (points de cours, références, idées, exemples, sans se limiter aux
cours de philosophie), sans le développer, sous forme de tirets

d’un autre côté, ce que cela apporte au sujet (si c’est le cas)
III- Problématiser :
Rappel : une question n’est pas un problème en soi, et le « sujet » n’est donc pas le « problème » sur lequel il va falloir réfléchir. Le problème, c’ est ce qui fait qu’on ne peut pas répondre immédiatement à la question, ce qui fait
que la réponse n’est pas évidente, et une des manières les plus simples pour le mettre au jour est de montrer qu’il existe des réponses contradictoires à la question.

Posez-vous alors les questions suivantes :
1) Quelle est la réponse spontanée à cette question ? Il s’agit ici de partir de l’opinion commune, mais attention
à ne pas la réduire à une caricature qu’il serait trop facile de critiquer par la suite : il faut l’exposer de façon
honnête, et non exposer un avis que l’on vient juste d’inventer pour les besoins de la réflexion… Avant toute
analyse, qu’aurait-on tendance à répondre ? Quelle serait la réponse a priori évidente? Qu’est-ce que la
plupart des gens auraient tendance à répondre ?
2) Qu’est-ce qui peut justifier cette réponse ? Exemple ? Définition courante des termes ?
3) Quelles objections peut-on lui faire ? Un contre-exemple ?
4) À quelle autre réponse, opposée, est-on alors conduit ?
5) Peut-on elles aussi la justifier ? Comment ?
Au terme de l’analyse du sujet et du travail de problématisation, vous devez avoir compris qu’à la question qui vous
est posée plusieurs réponses semblent possibles, et vous devez être capable d’énoncer le problème auquel vous
êtes parvenu sous forme d’alternative (« … ou bien… »).
Vous serez alors en mesure dans les étapes suivantes :

de choisir la perspective que vous avez l’intention de défendre

de définir une progression pour y parvenir au terme de la réflexion.
IV- Elaborer un programme de réflexion :
Avant de choisir un « plan », il faut avoir une idée de la thèse que l’on veut défendre : de même que vous ne pouvez
pas vraiment choisir un des itinéraires proposés par votre GPS si vous ne connaissez pas votre destination, de
même, vous ne pouvez pas choisir votre itinéraire de réflexion tant que vous ne savez pas à quelle réponse vous
voulez parvenir. Il faut donc reprendre ici l’étape II pour l’approfondir et pour s’acheminer vers la réponse que l’on
souhaite faire à la question.

Puisqu’il s’agit de tenter de résoudre un problème, c’ est de lui qu’il faut partir : après le travail précédent, vous avez
dû arriver à une contradiction entre deux réponses au sujet, qui ont chacune des arguments mais qui ne peuvent
être vraies toutes les deux en mêmes temps, tout au moins sous le même point de vue et dans les mêmes
conditions.

Par conséquent, ces deux propositions peuvent constituer les deux premières solutions que l’on peut avancer pour
résoudre le problème -et en général elles formeront les deux premières parties du développement.
Il faut alors, pour chacune d’elle, préciser les arguments qui permettent de la soutenir, et d’expliquer dans quelles
conditions cette thèse est valable, en précisant notamment le sens qui est alors donné aux notions. En fonction de
tous les éléments, il va falloir les confronter et essayer de trancher -ce qui pourra se faire dans une troisième partie.
Aidez-vous de la démarche « SI… ALORS » : « SI » (on répond que…) « ALORS » (quel sens donne-t-on à la
question, aux notions, quels sont les arguments, les conséquences, les objections….)
Même si vous avez l’impression de déjà savoir ce que vous avez l’intention de répondre, il ne faut jamais préjuger
de la valeur de sa propre réponse et admettre que ce que l’on pense peut, après examen, s’avérer faux ou
incomplet.

Quand une réponse semble s’imposer comme la seule possible, il faut en partir et la questionner, la mettre en
difficulté, car il y a toujours le risque de se contenter d’arriver en fin de devoir à quelque chose que l’on avait d’abord
accepté, en se contentant de le justifier avec des lieux communs sans l’avoir vraiment examiné.
Autrement dit, il s’agit de situer la réflexion dans le cadre d’une discussion et d’arbitrer en mesurant la valeur des
arguments en présence pour essayer de trancher.
V- Structurer sa dissertation
:
A- Le
développement et la question du «
plan » : Dans la mesure où ce n’est pas votre réflexion qui doit
s’adapter à un plan préalable, mais où c’est le plan qui doit découler de votre réflexion, le meilleur plan sera donc le
vôtre, celui qui découlera de votre réflexion sur le sujet précis.

Il est recommandé de procéder de la façon suivante, quel que soit le « plan » choisi :
1) chaque partie du développement doit prendre le sujet dans son ensemble

et proposer une façon d’y
répondre, en passant de la moins solide à celle que l’on veut soutenir.
2)chaque partie du développement doit se dérouler en 3 temps :
1.présentation de l’hypothèse de réponse envisagée (chapeau introductif)
2.raisonnement en sa faveur (analyses, arguments, exemples, références), en plusieurs paragraphes
qui s’enchaînent selon une progression logique (pour s’y aider on peut se demander quel mot de
liaison mettre au début de chaque paragraphe)
3.conclusion-transition, qui précise en quoi ce qui précède apporte des éléments de réponse au sujet,
mais qui montre aussi pourquoi cela reste insuffisant, et qui justifie donc que l’on poursuive la
réflexion (sauf si c’est la dernière partie du développement : on passe à la conclusion).
Rappel des deux démarches présentées lors de la « méthodologie par l’exemple » : le plan par thèses et le plan par
approfondissements successifs, avec la possibilité de les combiner entre eux si la réflexion l’exige :
– Le plan par thèses
: Dans ce type de plan, les hypothèses de réponse au problème forment des thèses dont on
va faire le tour et examiner l’opposition pour arriver à la plus solide.
1ère partie : « A première vue, c’est A »

2è partie : « Non, ce n’est pas A, mais B »

3ème partie (éventuellement) : « Non, ce n’est pas B, c’est C »
Il s’agit ici de montrer comment une thèse, une fois développée, fait apparaître ses limites et conduit à passer à une
autre hypothèse pour répondre au problème.

Attention, dans le cas d’un plan en 2 parties de ne pas en arriver à :
1ère partie : « d’un côté on peut penser que ouii »

2e partie : « d’un autre côté on peut penser que non »
Il n’y aurait qu’une simple juxtaposition de thèses opposées, sans aucune progression, et les parties pourraient
même sans doute être inversées : il ne suffit pas de constater une contradiction, il faut tenter de la résoudre, sinon
on n’a pas dépassé le stade de l’introduction.

Une démarche en 2 parties, avec une progression dans la réflexion, prendra plutôt de la forme suivante :
1ère partie : « on pourrait à première vue penser que oui »
2e partie : « en réalité, ce n’est pas oui, c’est non »
– Le plan par approfondissements successifs : Dans ce type de plan, les hypothèses de réponse au problème
ne sont pas opposées mais on va les analyser afin de passer de la plus pauvre à la plus complète, de la plus
immédiate à la plus approfondie.
1ère partie : « A première vue, c’est A »

2è partie : « Mais ce n’est pas seulement A, c’est aussi B »
3ème partie (éventuellement) : « Mais ce n’est pas seulement A et B, c’est aussi C »
il s’agit ici de montrer que chaque thèse à une certaine valeur, mais qu’il importe de les hiérarchiser et de les
enchaîner afin d’arriver à la réponse la plus approfondie.
– Combinaison de ces deux types de plan : par exemple :
1ère partie : « A première vue, c’est A »

2ème partie : « Non, ce n’est pas A, mais B »

3ème partie : « Mais ce n’est pas seulement B, c’est aussi C »
Soit thèse, antithèse, approfondissement de l’antithèse.
B- L’introduction : L’introduction a pour principale fonction de mettre au jour le problème posé par le sujet,
et il s’agit donc pour l’essentiel de reprendre le travail du III.
En effet, il ne suffit pas pour justifier un problème en introduction d’écrire qu’il est « intéressant de se demander si » :
il faut montrer pourquoi ce problème se pose, et donc montrer que la question peut entraîner deux affirmations
contradictoires dont chacune, prise isolément, semble pouvoir se soutenir pour certaines raisons, mais qui ne
peuvent pas cohabiter ensemble.

Rappel de la démarche conseillée : « A car a, mais b donc B, par conséquent, A ou B ? »
1-partir d’une observation de la vie courante, de l’opinion commune, du sens courant des notions, etc…, bref,
de quelque chose qui conduit à une première réponse possible au sujet : même si c’est rapide, il faut que
cette réponse semble justifiée ( réponse A, car argument a )
2-opposer à cette première opinion quelque chose qui la remet en question (remarque « grain de sable ») :
un autre fait, un contre-exemple, un sens différent des notions, etc…, bref, quelque chose dont elle ne peut
rendre compte et qui suggère du coup une autre réponse possible à la question ( contre-argument b, donc
réponse B )
3-dégager le problème posé par la question du sujet, en le formulant sous forme d’alternative ( A ou B ?)
4-annoncer la démarche qui sera suivie pour tenter de résoudre ce problème
Attention à ne pas oublier qu’une introduction ne sert justement qu’à introduire, et qu’elle doit donc être assez
brève : elle ne doit ni être un début de développement ni empiéter sur la conclusion.
Mais attention pourtant à ne pas se contenter d’opposer deux réponses au sujet en écrivant que l’on peut penser
« A » mais que l’on peut peut « aussi » penser « B » sans les justifier.
La règle est donc celle du ni trop, ni trop peu :

– ni trop, car sinon vous êtes déjà dans le développement en train de chercher à résoudre le problème
– ni trop peu, car sinon le problème ne sera pas justifié
Si vous avez des difficultés à rédiger, vous pouvez toujours vous aider des formulations présentées lors de la
méthodologie par l’exemple :

– énoncer directement la question du sujet, suivie de « La réponse à cette question semble à première vue évidente.
En effet…. »

– « Toutefois, on peut remarquer que… »

– « Il est donc difficile, devant cette contradiction, de répondre à notre question. Autrement dit…. ou bien…. »
– annonce du plan
C- La conclusion : La conclusion ne peut se réduire à un simple résumé du devoir : elle est le moment où
l’on répond clairement au sujet, de façon explicite.
Attention aux conclusions « vagues », qui terminent le devoir par un simple propos général sur les notions du sujet (
le désir, la justice, etc…) au lieu de répondre à la question précise (même si le sujet portait sur le désir ou la justice,
la question était spécifique).

Attention aussi aux conclusions qui répondent à une question différente du sujet, même si elle en est proche.
Attention, enfin, aux conclusions relativistes (« ça dépend des cas », ou « à chacun son opinion sur ce sujet »), qui
sont à proscrire : le simple constat qu’il existe des différences n’est jamais suffisant, il faut comprendre pourquoi elle
existent, ce qui les fondent, et trancher (même s’il n’est pas à exclure que l’on puisse apporter quelques nuances).
On peut commencer par un rappel du problème (« notre problème était de savoir… »), suivi d’un bilan de la
réflexion (« dans un premier temps nous avons vu que… mais cela nous a conduit à voir que… » etc..) en terminant
par la réponse au sujet. (« ainsi, au terme de cette réflexion, à la question… (rappel du sujet) nous pouvons
répondre… »

Faut-il faire une « ouverture » en conclusion ? Cela est possible… mais déconseillé, car nombre de conclusions que
l’on croit terminer sur une « ouverture » ne font que poser une question que l’on aurait en réalité dû examiner dans
le développement… Une « ouverture » n’a rien de nécessaire, dans la mesure où il ne faut pas perdre de vue que
l’objectif d’une conclusion est de… conclure.

Pour terminer, la modestie pourrait conduire à penser qu’il vaut mieux éviter de conclure, car on ne saurait prétendre
avoir fait le tour de la question de manière exhaustive, mais ce n’est pas ce que l’on attend de vous. On ne vous
demande pas LA réponse qui mettrait un terme définitif à la réflexion sur le sujet, mais seulement celle à laquelle
vous êtes parvenus, avec le temps qui vous était imparti, au terme de cet exercice limité qu’est une dissertation…

Annexe 01
: Fiche d’auto évaluation
Compréhension et formulation du problème :
1- est-ce que j’ai montré que la question du sujet se pose et que l’on ne peut y répondre immédiatement de façon
évidente, en mettant au jour deux façons de voir les choses, apparemment justifiées mais contradictoires ?
2- est-ce que j’ai formulé le problème posé par le sujet sous forme d’alternative ?
3- est-ce que j’ai évité une annonce de plan caricaturale et inutile telle que « dans un premier temps pour verrons
que oui, puis dans un deuxième temps nous verrons que non » ?
Argumentation générale :
1- est-ce que l’ensemble de mon développement est construit sous la forme d’ une argumentation logiquement
structurée, avec des parties de développement qui s’enchaînent et qui suivent une progression pour établir des
réponses de plus en plus précises et approfondies au problème, en partant de la réponse la plus faible pour arriver à
la plus solide ?

2- est-ce que les parties de mon développement commencent par un « chapeau » et sont construites sous forme de
paragraphes ?

3- est-ce que ces paragraphes s’enchaînent pour former un raisonnement qui conduit à une réponse partielle au
problème à la fin de chaque partie ?

4- est-ce que j’ai fait des transitions entre les parties de mon développement, en formulant la réponse partielle à
laquelle on est parvenu et en relançant la discussion ?
Contenu et construction des moments de l’argumentation :
1- notions :
a- est-ce que j’ai défini les notions essentielles de façon claire et précise dans le contexte du sujet ?
b- est-ce que je les ai utilisées dans le sens qui a été défini et pas dans un autre ?
c- est-ce que j’ai progressivement approfondi l’analyse des notions pour en tirer des conclusions qui
ont fait avancer la réflexion ?

2- argumentation :
a- est-ce que j’ai présenté et analysé des exemples et/ou des théories d’auteurs de façon à les
intégrer logiquement à mon raisonnement et à en tirer des conclusion qui ont fait avancer la réflexion ?
b- est-ce que j’ai développé, explicité et argumenté mes idées de façon continue, en évitant les
remarques trop vagues, les allusions non explicitées, les contradiction, les ruptures logiques, les affirmations non
argumentées ?
Bilan de la réflexion :
1- est-ce que j’ai rappelé le problème qu’il s’agissait de traiter ?
2- est-ce que j’ai brièvement rappelé le chemin parcouru ?
3- est-ce que j’ai énoncé clairement la réponse à laquelle on aboutit ?
4- est-ce qu’elle répond précisément au sujet au lieu de répondre à un autre ou de rester générale (parler d’un
thème au lieu de répondre à un sujet précis) ?

5- est-ce qu’elle découle logiquement de l’argumentation du développement ?
Présentation :
1- est-ce que j’ai fait un effort au niveau de l’écriture (orthographe, grammaire, lisibilité) ?
2- est-ce que mes phrases sont claires et correctement construites, en évitant les phrases interminables ?
3- est-ce que j’ai fait un effort de mise en page (espace entre introduction et développement, entre les parties du
développement, entre le développement et la conclusion, alinéas devant les paragraphes au lieu de tout rédiger
sans jamais aller à la ligne) ?
Annexe 02
: les critères d’évaluation et l’échelle de notation (source : Eduscol)
« Ce qui est valorisé : une problématisation du sujet, une argumentation cohérente et progressive, l’analyse de
concepts (notions, distinctions) et d’exemples précisément étudiés, la mobilisation d’éléments de culture
philosophique au service du traitement du sujet, la capacité de la réflexion à entrer en dialogue avec elle-même.
De 0 à 5

Copie très insuffisante : inintelligible ; non structurée ; excessivement brève ; marquant un refus manifeste de faire
l’exercice.
De 6 à 9

Copie intelligible mais qui ne répond pas aux critères attestés de l’épreuve : propos excessivement général ou
restant sans rapport avec la question posée ; juxtaposition d’exemples sommaires ou anecdotiques ; accumulation
de lieux communs ; paraphrase plate ou simple répétition du texte ; récitation de cours sans traitement du sujet ;
copie qui aurait pu être rédigée au début de l’année, sans aucun cours de philosophie ou
connaissances acquises.
Pas moins de 10

Copie témoignant d’un réel effort de réflexion, et, même si le résultat n’est pas abouti, de traitement du sujet : effort
de problématisation ; effort de définition des notions ; examen de réponses possibles ; cohérence globale du propos
Pas moins de 12

Si, en plus, il y a mobilisation de références et d’exemples pertinents pour le sujet.
Pas moins de 14

Si, en plus, le raisonnement est construit, progressif, et que les affirmations posées sont rigoureusement justifiées.
Pas moins de 16

Si, en plus, la copie témoigne de la maîtrise de concepts philosophiques utiles pour le sujet (élaboration
conceptuelle relative aux notions ou aux repères), d’une démarche de recherche et du souci des enjeux de la
question, d’une précision dans l’utilisation d’une culture au service du traitement du sujet.
1. On fait usage de toute l’échelle des notes, de 0 à 20
2. Chaque « ligne du tableau » constitue un « palier » (il ne serait pas raisonnable de porter une note plus basse),
mais elle ne constitue pas un « plafond » (si certains éléments positifs le justifient, on peut porter une note plus
haute).

3. On réserve les notes les plus basses non pas à des copies simplement insuffisantes mais à des copies
véritablement déficientes.

4. Pour obtenir la note 20/20, une copie n’est pas tenue d’être « parfaite » : il suffit qu’elle représente ce qu’on peut
attendre de mieux d’un élève débutant en philosophie pour un nombre d’heures de cours donné. »

La dissertation
:
Synthèse des conseils de méthode donnés lors de la «

méthodologie par l’exemple
»
Mr Guérin, lycée Jean Jaurès
I- Comprendre le sujet :
II- Amasser de la matière
III- Problématiser
IV- Élaborer un programme de réflexion
V- Structurer sa dissertation
Annexes
: fiche d’auto évaluation, échelle des notes et critères d’évaluation
I- Comprendre le sujet
:
Il ne faut pas oublier que la dissertation est d’abord un exercice de compréhension : comment réfléchir et répondre
pertinemment à une question, si elle a été dès le départ mal comprise ? En terminale, un sujet de dissertation est
posé sous forme de question, qu’il va falloir commencer par interroger et par analyser avant d’aller plus loin.
Attention toutefois : analyser un sujet, ce n’est pas seulement définir ses termes un à un, c’est surtout voir comment
ils réagissent ensemble, les uns au contact des autres.
A- Une compréhension «
spontanée
» : Avant d’analyser en détails la question posée, il n’est pas inutile
d’y répondre spontanément, sans réellement réfléchir (comme on le fait dans la vie courante), et de noter
rapidement ce qui vient spontanément à l’esprit : comme ces idées sont spontanées, elle ne « reviendront » peut-
être pas pas quand on sera rentré « dans » le sujet, et il n’est pas impossible qu’elles ouvrent des pistes auxquelles
on ne pensera plus par la suite. Par contre, attention, c’est aussi à double tranchant : cette compréhension
« spontanée » est peut-être erronée, et il ne faut pas que cela donne des « oeillères » qui empêcheront d’analyser
correctement le sujet…
B- Une compréhension «
réfléchie
» : analysez la forme de la question (revoir vos notes sur les
« classiques » peut-on, faut-il….) ainsi que son contenu.
Attention, chaque mot compte, et il ne faut rien oublier (attention aux adverbes, aux tournures « ne…que »… etc,
revoir vos notes)
1) Avant de « saucissonner » l’énoncer, faire un essai de compréhension globale de la question
2) Chercher les notions du programmes qui sont concernées, leur sens usuel et si besoin celui des expressions
utilisées dans la question posée
3) Chercher des synonymes, termes opposés, expressions courantes, où la notion analysée apparaît.
4) Chercher les classes d’objets auxquels la notion se rapporte. Exple : « Peut-on se libérer du passé ? », le
passé peut être celui de la société (réflexion sur l’histoire, etc…) ou celui de l’individu (l’enfance, d’où
réflexion sur la psychanalyse, la liberté, etc…).
5) Préciser, en recourant éventuellement et avec prudence à l’étymologie, le sens des termes, c’ est-à-dire
uniquement si cela apporte quelque chose que l’on aurait trouvé difficilement par d’autres moyens . Exple :
« A quelles conditions le dialogue est-il possible ? » : dia-logos=discours rationnel, ce qui exclut les références
au simple échange d’opinions, à la conversation amoureuse ou au bavardage.
6) Mobilisez vos connaissances philosophiques: références, éléments de cours, (notions, axes de réflexion)
7) Mobilisez votre culture générale
II- Amasser de la matière
:
Il s’agit de procéder ici selon la méthode du « déversoir », c’est-à-dire qu’il s’agit d’une étape d’écriture libre et
inévitablement désordonnée pour réveiller la mémoire, faire apparaître des idées et des perspectives qu’on triera et
qu’on mettra en ordre plus tard. On peut procéder en divisant une feuille en deux colonnes :

d’un côté, tout ce qu’on sait sur le thème (points de cours, références, idées, exemples, sans se limiter aux
cours de philosophie), sans le développer, sous forme de tirets

d’un autre côté, ce que cela apporte au sujet (si c’est le cas)
III- Problématiser :
Rappel : une question n’est pas un problème en soi, et le « sujet » n’est donc pas le « problème » sur lequel il va
falloir réfléchir. Le problème, c’ est ce qui fait qu’on ne peut pas répondre immédiatement à la question, ce qui fait
que la réponse n’est pas évidente, et une des manières les plus simples pour le mettre au jour est de montrer qu’il
existe des réponses contradictoires à la question.

Posez-vous alors les questions suivantes :
1) Quelle est la réponse spontanée à cette question ? Il s’agit ici de partir de l’opinion commune, mais attention
à ne pas la réduire à une caricature qu’il serait trop facile de critiquer par la suite : il faut l’exposer de façon
honnête, et non exposer un avis que l’on vient juste d’inventer pour les besoins de la réflexion… Avant toute
analyse, qu’aurait-on tendance à répondre ? Quelle serait la réponse a priori évidente? Qu’est-ce que la
plupart des gens auraient tendance à répondre ?
2) Qu’est-ce qui peut justifier cette réponse ? Exemple ? Définition courante des termes ?
3) Quelles objections peut-on lui faire ? Un contre-exemple ?
4) À quelle autre réponse, opposée, est-on alors conduit ?
5) Peut-on elles aussi la justifier ? Comment ?
Au terme de l’analyse du sujet et du travail de problématisation, vous devez avoir compris qu’à la question qui vous
est posée plusieurs réponses semblent possibles, et vous devez être capable d’énoncer le problème auquel vous
êtes parvenu sous forme d’alternative (« … ou bien… »).
Vous serez alors en mesure dans les étapes suivantes :

de choisir la perspective que vous avez l’intention de défendre

de définir une progression pour y parvenir au terme de la réflexion.
IV- Elaborer un programme de réflexion :
Avant de choisir un « plan », il faut avoir une idée de la thèse que l’on veut défendre : de même que vous ne pouvez
pas vraiment choisir un des itinéraires proposés par votre GPS si vous ne connaissez pas votre destination, de
même, vous ne pouvez pas choisir votre itinéraire de réflexion tant que vous ne savez pas à quelle réponse vous
voulez parvenir. Il faut donc reprendre ici l’étape II pour l’approfondir et pour s’acheminer vers la réponse que l’on
souhaite faire à la question.

Puisqu’il s’agit de tenter de résoudre un problème, c’ est de lui qu’il faut partir : après le travail précédent, vous avez
dû arriver à une contradiction entre deux réponses au sujet, qui ont chacune des arguments mais qui ne peuvent
être vraies toutes les deux en mêmes temps, tout au moins sous le même point de vue et dans les mêmes
conditions.

Par conséquent, ces deux propositions peuvent constituer les deux premières solutions que l’on peut avancer pour
résoudre le problème -et en général elles formeront les deux premières parties du développement.
Il faut alors, pour chacune d’elle, préciser les arguments qui permettent de la soutenir, et d’expliquer dans quelles
conditions cette thèse est valable, en précisant notamment le sens qui est alors donné aux notions. En fonction de
tous les éléments, il va falloir les confronter et essayer de trancher -ce qui pourra se faire dans une troisième partie.
Aidez-vous de la démarche « SI… ALORS » : « SI » (on répond que…) « ALORS » (quel sens donne-t-on à la
question, aux notions, quels sont les arguments, les conséquences, les objections….)
Même si vous avez l’impression de déjà savoir ce que vous avez l’intention de répondre, il ne faut jamais préjuger
de la valeur de sa propre réponse et admettre que ce que l’on pense peut, après examen, s’avérer faux ou
incomplet.

Quand une réponse semble s’imposer comme la seule possible, il faut en partir et la questionner, la mettre en
difficulté, car il y a toujours le risque de se contenter d’arriver en fin de devoir à quelque chose que l’on avait d’abord
accepté, en se contentant de le justifier avec des lieux communs sans l’avoir vraiment examiné.
Autrement dit, il s’agit de situer la réflexion dans le cadre d’une discussion et d’arbitrer en mesurant la valeur des
arguments en présence pour essayer de trancher.
V- Structurer sa dissertation
:
A- Le
développement et la question du «
plan » : Dans la mesure où ce n’est pas votre réflexion qui doit
s’adapter à un plan préalable, mais où c’est le plan qui doit découler de votre réflexion, le meilleur plan sera donc le
vôtre, celui qui découlera de votre réflexion sur le sujet précis.

Il est recommandé de procéder de la façon suivante, quel que soit le « plan » choisi :
1) chaque partie du développement doit prendre le sujet dans son ensemble

et proposer une façon d’y
répondre, en passant de la moins solide à celle que l’on veut soutenir.
2)chaque partie du développement doit se dérouler en 3 temps :
1.présentation de l’hypothèse de réponse envisagée (chapeau introductif)
2.raisonnement en sa faveur (analyses, arguments, exemples, références), en plusieurs paragraphes
qui s’enchaînent selon une progression logique (pour s’y aider on peut se demander quel mot de
liaison mettre au début de chaque paragraphe)
3.conclusion-transition, qui précise en quoi ce qui précède apporte des éléments de réponse au sujet,
mais qui montre aussi pourquoi cela reste insuffisant, et qui justifie donc que l’on poursuive la
réflexion (sauf si c’est la dernière partie du développement : on passe à la conclusion).
Rappel des deux démarches présentées lors de la « méthodologie par l’exemple » : le plan par thèses et le plan par
approfondissements successifs, avec la possibilité de les combiner entre eux si la réflexion l’exige :
– Le plan par thèses
: Dans ce type de plan, les hypothèses de réponse au problème forment des thèses dont on
va faire le tour et examiner l’opposition pour arriver à la plus solide.
1ère partie : « A première vue, c’est A »

2è partie : « Non, ce n’est pas A, mais B »

3ème partie (éventuellement) : « Non, ce n’est pas B, c’est C »
Il s’agit ici de montrer comment une thèse, une fois développée, fait apparaître ses limites et conduit à passer à une
autre hypothèse pour répondre au problème.

Attention, dans le cas d’un plan en 2 parties de ne pas en arriver à :
1ère partie : « d’un côté on peut penser que ouii »

2e partie : « d’un autre côté on peut penser que non »
Il n’y aurait qu’une simple juxtaposition de thèses opposées, sans aucune progression, et les parties pourraient
même sans doute être inversées : il ne suffit pas de constater une contradiction, il faut tenter de la résoudre, sinon
on n’a pas dépassé le stade de l’introduction.

Une démarche en 2 parties, avec une progression dans la réflexion, prendra plutôt de la forme suivante :
1ère partie : « on pourrait à première vue penser que oui »
2e partie : « en réalité, ce n’est pas oui, c’est non »
– Le plan par approfondissements successifs : Dans ce type de plan, les hypothèses de réponse au problème
ne sont pas opposées mais on va les analyser afin de passer de la plus pauvre à la plus complète, de la plus
immédiate à la plus approfondie.
1ère partie : « A première vue, c’est A »

2è partie : « Mais ce n’est pas seulement A, c’est aussi B »
3ème partie (éventuellement) : « Mais ce n’est pas seulement A et B, c’est aussi C »
il s’agit ici de montrer que chaque thèse à une certaine valeur, mais qu’il importe de les hiérarchiser et de les
enchaîner afin d’arriver à la réponse la plus approfondie.
– Combinaison de ces deux types de plan : par exemple :
1ère partie : « A première vue, c’est A »

2ème partie : « Non, ce n’est pas A, mais B »

3ème partie : « Mais ce n’est pas seulement B, c’est aussi C »
Soit thèse, antithèse, approfondissement de l’antithèse.
B- L’introduction : L’introduction a pour principale fonction de mettre au jour le problème posé par le sujet,
et il s’agit donc pour l’essentiel de reprendre le travail du III.
En effet, il ne suffit pas pour justifier un problème en introduction d’écrire qu’il est « intéressant de se demander si » :
il faut montrer pourquoi ce problème se pose, et donc montrer que la question peut entraîner deux affirmations
contradictoires dont chacune, prise isolément, semble pouvoir se soutenir pour certaines raisons, mais qui ne
peuvent pas cohabiter ensemble.

Rappel de la démarche conseillée : « A car a, mais b donc B, par conséquent, A ou B ? »
1-partir d’une observation de la vie courante, de l’opinion commune, du sens courant des notions, etc…, bref,
de quelque chose qui conduit à une première réponse possible au sujet : même si c’est rapide, il faut que
cette réponse semble justifiée ( réponse A, car argument a )
2-opposer à cette première opinion quelque chose qui la remet en question (remarque « grain de sable ») :
un autre fait, un contre-exemple, un sens différent des notions, etc…, bref, quelque chose dont elle ne peut
rendre compte et qui suggère du coup une autre réponse possible à la question ( contre-argument b, donc
réponse B )
3-dégager le problème posé par la question du sujet, en le formulant sous forme d’alternative ( A ou B ?)
4-annoncer la démarche qui sera suivie pour tenter de résoudre ce problème
Attention à ne pas oublier qu’une introduction ne sert justement qu’à introduire, et qu’elle doit donc être assez
brève : elle ne doit ni être un début de développement ni empiéter sur la conclusion.
Mais attention pourtant à ne pas se contenter d’opposer deux réponses au sujet en écrivant que l’on peut penser
« A » mais que l’on peut peut « aussi » penser « B » sans les justifier.
La règle est donc celle du ni trop, ni trop peu :

– ni trop, car sinon vous êtes déjà dans le développement en train de chercher à résoudre le problème
– ni trop peu, car sinon le problème ne sera pas justifié
Si vous avez des difficultés à rédiger, vous pouvez toujours vous aider des formulations présentées lors de la
méthodologie par l’exemple :

– énoncer directement la question du sujet, suivie de « La réponse à cette question semble à première vue évidente.
En effet…. »

– « Toutefois, on peut remarquer que… »

– « Il est donc difficile, devant cette contradiction, de répondre à notre question. Autrement dit…. ou bien…. »
– annonce du plan
C- La conclusion : La conclusion ne peut se réduire à un simple résumé du devoir : elle est le moment où
l’on répond clairement au sujet, de façon explicite.
Attention aux conclusions « vagues », qui terminent le devoir par un simple propos général sur les notions du sujet (
le désir, la justice, etc…) au lieu de répondre à la question précise (même si le sujet portait sur le désir ou la justice,
la question était spécifique).

Attention aussi aux conclusions qui répondent à une question différente du sujet, même si elle en est proche.
Attention, enfin, aux conclusions relativistes (« ça dépend des cas », ou « à chacun son opinion sur ce sujet »), qui
sont à proscrire : le simple constat qu’il existe des différences n’est jamais suffisant, il faut comprendre pourquoi elle
existent, ce qui les fondent, et trancher (même s’il n’est pas à exclure que l’on puisse apporter quelques nuances).
On peut commencer par un rappel du problème (« notre problème était de savoir… »), suivi d’un bilan de la
réflexion (« dans un premier temps nous avons vu que… mais cela nous a conduit à voir que… » etc..) en terminant
par la réponse au sujet. (« ainsi, au terme de cette réflexion, à la question… (rappel du sujet) nous pouvons
répondre… »

Faut-il faire une « ouverture » en conclusion ? Cela est possible… mais déconseillé, car nombre de conclusions que
l’on croit terminer sur une « ouverture » ne font que poser une question que l’on aurait en réalité dû examiner dans
le développement… Une « ouverture » n’a rien de nécessaire, dans la mesure où il ne faut pas perdre de vue que
l’objectif d’une conclusion est de… conclure.

Pour terminer, la modestie pourrait conduire à penser qu’il vaut mieux éviter de conclure, car on ne saurait prétendre
avoir fait le tour de la question de manière exhaustive, mais ce n’est pas ce que l’on attend de vous. On ne vous
demande pas LA réponse qui mettrait un terme définitif à la réflexion sur le sujet, mais seulement celle à laquelle
vous êtes parvenus, avec le temps qui vous était imparti, au terme de cet exercice limité qu’est une dissertation…