Exercice La religion un fait social

Durkheim analyse l’expérience religieuse comme un fait social. L’expérience religieuse, faite de croyances et de pratiques, s’inscrit nécessairement dans un phénomène collectif.
Les croyances proprement religieuses sont toujours communes à une collectivité déterminée qui fait profession d’y adhérer et de pratiquer les rites qui en sont solidaires. Elles ne sont pas seulement admises, à titre individuel, par tous les membres de cette collectivité ; mais elles sont la chose du groupe et elles en font l’unité. Les individus qui la composent se sentent liés les uns aux autres, par cela seul qu’ils ont une foi commune. Une société dont les membres sont unis parce qu’ils se représentent de la même manière le monde sacré et ses rapports avec le monde profane, et parce qu’ils traduisent cette représentation commune dans des pratiques identiques, c’est ce qu’on appelle une Église. Or, nous ne rencontrons pas, dans l’histoire, de religion sans Église. […]
Nous arrivons donc à la définition suivante : Une religion est un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, c’est-à-dire séparées, interdites, croyances et pratiques qui unissent en une même communauté morale, appelée Église, tous ceux qui y adhèrent. Le second élément qui prend ainsi place dans notre définition n’est pas moins essentiel que le premier ; car, en montrant que l’idée de religion est inséparable de l’idée d’Église, il fait pressentir que la religion doit être une chose éminemment collective.
Émile Durkheim, Les Formes élémentaires de la vie religieuse [1912], PUF, 1968, p. 60-65.

QUESTIONS

  1. Pourquoi selon Durkheim serait-il absurde de parler de religion individuelle ?
  2. Pourquoi la religion constitue-t-elle un phénomène social ? Relevez précisément les arguments du texte.