Corrigé : La conscience de soi, Hegel

  • Les choses de la nature n’existent qu’immédiatement et d’une seule façon, tandis que l’homme, parce qu’il est esprit, a une double existence ; il existe d’une part au même titre que les choses de la nature, mais d’autre part il existe aussi pour soi, il se contemple, se représente à lui-même, se pense et n’est esprit que par cette activité qui constitue un être pour soi./
  • Cette conscience de soi, l’homme l’acquiert de deux manières : Primo, théoriquement, parce qu’il doit se pencher sur lui-même pour prendre conscience de tous les mouvements, replis et penchants du cœur humain et d’une façon générale se contempler, se représenter ce que la pensée peut lui assigner comme essence, enfin se reconnaître exclusivement aussi bien dans ce qu’il tire de son propre fond que dans les données qu’il reçoit de l’extérieur.\
  • Deuxièmement, l’homme se constitue pour soi par son activité pratique parce qu’il est poussé à se trouver lui-même, à se reconnaître lui-même dans ce qui lui est donné immédiatement, dans ce qui s’offre à lui extérieurement.
  • Il y parvient en changeant les choses extérieures, qu’il marque du sceau de son intériorité et dans lesquels il ne retrouve que ses propres déterminations.
  • L’homme agit ainsi, de par sa liberté de sujet, pour ôter au monde son caractère farouchement étranger et pour ne jouir des choses que parce qu’il y trouve une forme extérieure de sa propre réalité./
  • Ce besoin de modifier les choses extérieures est déjà inscrit dans les premiers penchants de l’enfant ; le petit garçon qui jette des pierres dans le torrent et admire les ronds qui se forment dans l’ eau, admire en fait une œuvre où il bénéficie du spectacle de sa propre activité.

HEGEL

l'enfant à la toupie

Lecture et Compréhension du texte :

On souligne le vocabulaire qui constitue le champ sémantique de deux thèmes :

Le thème de la conscience de soi

Le thème de tout ce qui est extérieur à l’homme

Explication détaillée des phrases :

  1. Tandis que permet d’opposer les choses de la nature à l’homme, parce qu’il a une double existence : l’homme est en même temps chose de la nature est esprit. D’une part, d’autre part explicite cette double existence. La simplicité  des choses naturelles s’opposent à l’esprit, la conscience est liée à la seule activité de penser ; en effet exister pour soi c’est pouvoir se représenter à soi-même que l’on est quelque chose.
  2. La conscience s’acquiert par deux moyens Primo explique le premier par la suite des deux points : une énumération dans le temps comme l’indique l’adverbe enfin . Ce premier mode d’acquisition de la conscience est théorique : c’est un acte d’introspection qui plonge le sujet dans la complexité de la vie intérieure, accède à l’idée de soi-même, et enfin à la compréhension de ce qu’il est lui-même.
  3. Deuxièmement, c’est la seconde manière d’acquérir la conscience de soi par un mouvement externe d’action dans le monde. Ce mouvement à l’origine de la construction de l’identité du sujet est opposé au premier, se reconnaître / se reconnaître lui-même . Ce second mode d’acquisition est pratique, le sujet peut se connaitre dans les données extérieures à lui-même.
  4. Explication de ce deuxième mouvement de la connaissance de soi. Le sens du mouvement du sujet vers le monde s’explique par “en changeant les choses extérieures”, c’est-à-dire une activité par laquelle l’homme transforme les données qu’il reçoit de l’extérieur. L’homme impose en effet ses propres déterminations , aux choses elles-mêmes, c’est-à-dire son image, ce qu’il est. C’est par là qu’il parvient à cette reconnaissance de soi.
  5. L’homme agit ainsi : La manifestation de la liberté s’explique parce que l’homme domine les choses naturelles et nie leur étrangeté. L’action sur le monde s’explique et éclaire le rapport de la conscience de soi avec l’extérieur: l’homme transforme le monde naturel, le rend humain et miroir de lui même parce que ce monde reflète ses propres capacités.
  6. L’exemple illustre le rapport de la reconnaissance de soi par l’enfant à ce “spectacle” extérieur de sa transformation du milieu.Le mouvement de modification du monde naturel est nécessaire, il est un besoin dont l’exemple relève l’intérêt en fait derrière l’inutilité apparente du jeu qui consiste à faire des ronds dans l’eau. La réflexion à lieu grâce au miroir qu’est le résultat de l’action.

Plan du texte :

“Les choses de la nature…être pour soi” phrase 1 : Comme toute chose, l’homme à une origine naturelle mais en même temps il est aussi esprit, c’est-à-dire pensée de soi-même.

“Cette conscience de soi…reçoit de l’extérieur” phrase 2 à 5 : Il y a deux mouvements liés mais distincts pour acquérir cette conscience de soi.

– l’homme doit se représenter lui-même par un acte d’identification interne

– l’homme doit se reconnaitre dans le résultat de son travail sur les choses de la nature phrase

“Ce besoin de modifier…de sa propre activité” phrase 6 : L’exemple du jeu enfantin explique comment se construit la propre conscience de soi.

Idée générale et problématique du texte :

L’homme ne peut pas être défini comme un être de la nature ni exclusivement par l’esprit. Il faut penser le rapport de l’homme à lui-même dans la reconnaissance à l’intérieur de lui comme dans les choses extérieures. Mais l’homme n’est pas une identité spontanée. Il doit conquérir dans le temps sa propre identité. La connaissance de soi ne suffit pas.  Il  doit transformer la nature pour être conscience de soi comme le montre l’exemple de l’enfant. Cette transformation de la nature c’est le jeu, le travail, l’art, c’est-à-dire ce qui est réalisé à l’extérieur des œuvres. Cette transformation effectuée permet à l’homme de se mirer lui-même et de se construire comme sujet libre, c’est- à-dire capable d’imposer sa marque aux choses extérieures. Le problème est celui de la liberté de la conscience : comment devient-on conscient de soi ? Est-ce seulement par l’intériorisation de soi-même telle que l’avait décrite Descartes  ou en comprenant notre puissance sur la nature ?

 

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